c) Les effets de l'intoxication
Votre rapporteur ne peut que constater -pour le déplorer- un écart considérable entre le très grand nombre d'études sur les mesures de l'intoxication à travers une large batterie d'indicateurs (poissons, alimentation, cheveux, urine, sang...) et le très faible nombre d'études sur les effets de cette intoxication.
L'étude des effets de l'intoxication au mercure des populations amazoniennes se heurte, il est vrai, à de nombreuses difficultés.
La première difficulté est d'établir une relation de cause à effet entre intoxication au mercure et troubles . Les effets sont au départ peu manifestes et peu spécifiques (insomnies...). Cette difficulté intrinsèque est renforcée par le fait que ces populations sont sujettes à de nombreuses autres infections ou maladies d'origine virale ou bactérienne. D'autres facteurs peuvent intervenir : infections, malnutrition, alcoolisme, héritage génétique. L'exemple typique est la mise en évidence de la petite taille des populations. Il s'agit cependant d'une caractéristique connue de longue date des populations amérindiennes en général et il est certain que les facteurs génétiques y contribuent de façon déterminante.
Au total, l'exposition au mercure vient s'ajouter aux nombreuses vulnérabilités d'une population à la fois victime et condamnée.
La deuxième difficulté est d'établir des tests adaptés pour étudier les effets neurotoxiques . A l'évidence, les comparaisons par rapport aux enfants américains du même âge (l'anecdote a été rapportée en audition) paraissent totalement absurdes. Mais les tests habituellement utilisés pour ce type de population n'ont pas été meilleurs. « La batterie de tests prévus initialement était mal adaptée à la communauté amérindienne. A cause de la barrière de langage et de la timidité face à l'enquêteur, les instructions étaient souvent mal comprises ou mal acceptées».
L'étude réalisée par l'Institut de Veille Sanitaire n'apporte pas de conclusion déterminante. Aucun risque neurologique majeur n'a été observé chez les enfants (sauf deux retards à la marche), mais quelques signes neurologiques mineurs ont été observés. L'étude a mis en évidence des signes légers d'altération du développement neurologique ou neuro-psychologique de l'enfant pouvant être mis en relation avec l'exposition au méthylmercure. L'étude confirme surtout la première difficulté, déjà évoquée : « L'étude a permis d'évaluer la présence de caractéristiques médicales (paludisme), socioculturelles (alcoolisme) qui sont des facteurs de risques connus d'altération du développement de l'enfant ».