b) La polémique sur le thiomersal
Ces vaccins, notamment le DTC, ont été utilisés apparemment sans danger depuis plus de 60 ans et ont contribué à sauver des millions de vies, aucune manifestation indésirable n'ayant été attribuée au thiomersal, jusqu'à ce qu'une polémique surgisse à la fin des années 90, favorisée par la conjonction de trois facteurs.
La contestation est d'abord partie d'une note de l'Académie pédiatrique américaine , demandant le retrait du thiomersal dans les vaccins. Une demande qui s'appuyait sur le calcul des doses de mercure reçues par un enfant, vacciné au DTC (trois doses) et un vaccin anti-hépatite B. Selon ces calculs, un vaccin DTC représenterait un apport de mercure de 75 microgrammes d'éthylmercure, un vaccin anti-hépatite B, 112,5 microgrammes, soit un apport total, en cas de double vaccination, de 187,5 microgrammes. Un niveau important (37,5 ug/kg de poids pour un bébé de 6 kilos), et très supérieur aux recommandations internationales sur le méthylmercure situées entre 0,7 ug/kg et 3,3 ug/kg (valeurs fixées respectivement par l'EPA et l'OMS).
Cette opposition, à l'origine américaine, et internationale, est confirmée quelques mois plus tard en Europe et en France. Dans une recommandation du 8 juillet 2000, l'Agence européenne d'évaluation des médicaments et l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé souhaitant à leur tour que les vaccins contenant des composés de mercure ne soient plus utilisés chez les nourrissons et les jeunes enfants.
Ces recommandations interviennent dans un contexte troublé . D'une part, une autre polémique concerne la campagne de vaccinations de l'hépatite B en milieu scolaire. Le conservateur (thiomersal) n'est pas en cause, mais les effets possibles du vaccins sur le système nerveux sont discutés (le vaccin pouvant provoquer un processus de démyélinésation -la myéline étant une sorte de gaine entourant le système nerveux-). D'autre part, la période est caractérisée par des crises sanitaires répétées, développant dans l'opinion un réel sentiment d'inquiétude.
Enfin, les relais d'opinion -parlementaires, médias- s'interrogent, et parfois accusent : « à leur habitude, pour ne pas affoler les populations et pour continuer à écouler les stocks, les « autorités » n'ont rien dit ni expliqué aux consommateurs », peut-on lire dans la presse.
Cette polémique retombe à la fin de l'année 2000 après que le Gouvernement ait annoncé « qu'il jugeait utile de promouvoir l'utilisation, à titre de précaution, des vaccins ne contenant pas de thiomersal » (73 ( * )). Une décision en nuances, qui n'arrête ni ne condamne le thiomersal, mais qui opte, « par précaution » pour son retrait. Un choix politique qui tente de concilier les attentes d'une opinion publique traumatisée, et une réalité scientifique beaucoup moins tranchée. Dans le même temps, le gouvernement décide d'arrêter la vaccination obligatoire contre l'hépatite B et l'affaire paraît close.
* (73) Réponse du Ministère de la Santé (JO - Sénat 28.12.2000, p. 4.501) ) à une question écrite de M. José Balarello, sénateur (JO - Sénat 27.07.2000, p. 2.617)