c) Les effets des plombs de chasse chez l'homme
Il n'existe aucune étude sur les chasseurs de gibiers d'eau. L'ingestion de plomb localisé dans le gibier d'eau n'est pas rare chez les chasseurs locaux, habitués de longue date à cette chasse. A titre anecdotique, on peut relever qu'à l'occasion d'une appendicectomie (ablation de l'appendice) d'un chasseur de Camargue, les chirurgiens avaient constaté la présence de cinquante plombs de chasse dans cette partie de l'intestin.
Il existe en revanche des cas de saturnisme avéré chez les fabricants de cartouches (quelques cas en Tchécoslovaquie). La stérilité peut également être affectée. Il n'y a pas d'étude sur les intoxications des chasseurs de gibiers d'eau, mais il n'est pas improbable que le risque existe dans certains cas. De même, des plombémies élevées ont été relevées chez les amateurs de tirs, notamment lorsque les tirs se déroulent dans des stands couverts.
L'information en direction des chasseurs de gibier d'eau doit être améliorée.
d) Les aires de jeux et le risque toxique
Les bois extérieurs sont traités avec une large panoplie de produits (CCA, créosote, PCP). Comme on l'a vu, les produits de traitements posent des problèmes d'élimination (en dégageant des dioxines ou de l'arsenic) mais le risque de relargage des métalloïdes tels que l'arsenic est infime au moment de leur utilisation car la plupart des usages ne se prête pas aux manipulations (poteaux, traverses...). Le seul cas qui mérite une extrême vigilance est celui des parcs à jeux
Sur les 400 000 m 3 de bois traité au CCA -chrome cuivre arsenic-, 10 à 20 000 concernent les bois des aires de jeux. Les effets des produits de type CCA ont été étudiés avec attention (66 ( * )) . L'enjeu était de déterminer quel est le risque encouru par les enfants jouant régulièrement dans les aires de jeux.... Une étude a été effectuée en deux temps.
La première étape a consisté à déterminer le taux de perte de matière active. Ce calcul est fait par un test de délavage qui mesure l'extraction de substances dangereuses après macération dans l'eau. Les résultats du test font apparaître que :
- les émissions d'oxydes d'arsenic sont de 2,5 à 15 fois inférieures aux émissions de sels d'arsenic ;
- plus le temps de fixation du produit est long, moins les pertes sont importantes. Les pertes sont trois fois moins importantes quand la durée de fixation est portée de 3 à 5 semaines.
- les pertes maximum ont lieu au premier délavage. Les taux d'émission se réduisent avec les expositions successives.
La seconde étape a consisté à déterminer les quantités transférées. Il faut auparavant observer que les aires de jeu ne peuvent être assimilées à des jouets. La fréquentation assidue ne commence pas avant 4-5 ans, et dure jusqu'à 10 ans, âge à partir duquel les enfants ne portent plus les doigts à la bouche. Les enfants ne jouent jamais sous la pluie et rarement sur des bancs humides au moment où l'émission éventuelle de substances est la plus importante.
Les hypothèses de calcul sont les suivantes :
- dose d'arsenic dans un produit de type CCA de 1 à 2 mg par m 2 ;
- fréquentation régulière trois fois par semaine, 1 heures 15 à chaque fois, six mois par an, entre 4 et 10 ans ;
- surface d'échange : deux doigts en bouche, soit 5 cm 2 , pendant 15 secondes 5 fois par jour.
En partant de ces hypothèses, l'exposition d'un enfant serait de 0,3 à 0,6 ug d'arsenic par jour, soit 0,9 à 1,8 ug d'arsenic par semaine.
Ces chiffres sont 200 fois inférieurs aux doses journalières et hebdomadaires tolérables. Les experts en toxicologie qui sont intervenus dans le cadre de cette étude ont conclu que les parcs à jeux ne présentent par conséquent aucun risque pour la santé des enfants.
Dans tous les cas, des mesures simples permettraient de limiter au maximum la lixiviation de l'arsenic : utiliser uniquement des formules de traitement avec oxydes à arsenic et non avec sels d'arsenic, imposer une durée minimale de fixation ou une fixation accélérée...
Si les bois traités des parcs à jeux ne présentent pratiquement aucun risque d'intoxication pour les enfants, il pourrait être utile d'apporter un élément supplémentaire de garantie sous la forme d'un label de qualité, qui supposerait que certaines conditions techniques ont été respectées au stade de la production (notamment la durée du temps de fixation).
* (66) Voir notamment « Acceptabilité des produits du type CCA dans les enceintes d'aires collectives de jeux » - mémoire de l'association française pour la préservation du bois - AFPB 8 avril 1997