CONCLUSION
Les crédits qui viennent d'être examinés tendent à satisfaire, dans les meilleures conditions économiques et écologiques, les besoins énergétiques de l'industrie et à aider celle-ci à se moderniser pour profiter du développement de nouveaux domaines d'activité et s'adapter, dans les secteurs traditionnels, aux mutations qui se produisent.
La façon dont sont attribuées et utilisées les aides compte finalement, autant, si ce n'est plus, que leur montant.
C'est la raison pour laquelle l'appréciation des crédits de l'industrie est si difficile.
On constate, sur ce plan, à la fois un progrès dans la conception de leurs critères de distribution et d'utilisation, mais une grande difficulté d'évaluer l'efficacité des dépenses.
La subvention coexiste désormais avec d'autres formes d'aides (l'avance remboursable, l'apport de fonds propres). Une logique de projet faisant appel à une programmation des dépenses, cofinancées, dans le cadre de conventions, par de multiples partenaires, se substitue progressivement à la logique de guichet qui a longtemps prévalu. Les crédits sont, le plus souvent, gérés de façon déconcentrée, là où les besoins peuvent être le mieux appréciés et les crédits le plus efficacement utilisés.
Mais, du fait même de cette évolution, pourtant positive, l'impact des dépenses, qui devrait pouvoir être mesuré en fonction de leur effet de levier et du nombre d'emplois créés, devient de plus en plus difficile à évaluer.
Pour faire progresser l'industrie, l'évolution des mentalités importe peut-être davantage que les crédits qui lui sont consacrés.
Il nous faut notamment nous habituer à anticiper les changements et les restructurations nécessaires au lieu de les subir, ce qui a été trop souvent le cas dans le passé (notamment pour la sidérurgie). Nous devons également apprendre à accepter les évolutions inéluctables (comme la libéralisation de certains secteurs), en ne menant des combats d'arrière-garde que, si cela est nécessaire, pour mieux s'y adapter.
L'ouverture à la concurrence, avec trois ans d'avance, du marché de l'électricité en France, celle, réussie, du marché des télécommunications, démontrent nos capacités de réaction et d'adaptation.
Mais on ne peut, en revanche, à cet égard, qu'être consternés par les réactions provoquées, dans certaines composantes de la majorité plurielle, par la simple évocation par le Premier ministre du programme de réacteur nucléaire européen EPR.
L'énergie est, en effet, le domaine par excellence où les décisions doivent être prises le plus longtemps à l'avance. Il est d'ailleurs souhaitable, d'autre part, que nos industriels soient davantage associés aux efforts des organismes publics de recherche (CEA, ADEME...) en faveur de la promotion des technologies propres, de la pile à combustible ou des énergies renouvelables.
Trop compter sur l'Etat, rester divisés (comme dans l'industrie textile) constituent aussi des défauts français que l'octroi de crédits ne peut suffire à corriger.
Enfin, il convient de se persuader que l'innovation ne concerne pas que les activités nouvelles mais peut contribuer à enrayer, en préservant des emplois, le déclin de certaines activités (on pense aux chantiers navals). Sauf exception (l'extraction du charbon national en est une...) une activité industrielle n'est que rarement définitivement et totalement condamnée.