2. Les prélèvements obligatoires ont pesé sur les revenus des agents

L'accélération de la croissance dépend étroitement de l'augmentation du revenu des agents qui, si elle ne suffit pas, contribue souvent à l'expliquer. Une telle accélération s'est produite entre 1997 et 1998. Le pouvoir d'achat du revenu disponible brut des ménages a progressé, passant d'un gain de 1,5 % en 1997 à un gain de 2,8 % sur 1998. L'excédent brut d'exploitation des entreprises est, quant à lui, passé de 16,4 à 16,8 points.

Toutefois, cette accélération des revenus des agents a été, en totalité, le résultat de facteurs économiques exogènes, la hausse des prélèvements obligatoires venant l'altérer.

L'accélération de la croissance et la désinflation en glissement, les prix à la consommation ont considérablement décéléré entre 1997 (+ 1,1 %) et 1998 (+ 0,3 %) ont constitué des facteurs naturels d'augmentation des revenus.

En revanche, l'augmentation des prélèvements obligatoires répondant à la volonté du gouvernement a constitué un facteur discrétionnaire amputant les revenus des agents économiques.

Effets des impôts et cotisations sociales sur le revenu disponible des ménages

(en %)

1997

1998

1999

- 0,3

- 1

- 1,2

3. La demande interne est, cependant, restée dynamique

Dans ce contexte, la demande intérieure hors stocks est restée dynamique même si ses composantes ont connu des évolutions contrastées.

Sa croissance s'est établie en 1998, comme en 1999, à 3,2 %.

La consommation des ménages , qui représente 53 % de l'ensemble, a fortement progressé en 1998 (+ 3,5 %) pour ralentir un peu en 1999 (+ 2,3 %). Les gains de pouvoir d'achat acquis en 1998, dont la moitié s'expliquent par la réduction du rythme de l'inflation, et la baisse importante du taux d'épargne des ménages passée de 16,1 à 15,7 % de leur revenu disponible entre 1997 et 1998, ont contribué à cette vigueur. Un certain ralentissement des gains de pouvoir d'achat, une légère augmentation du taux d'épargne des ménages et un arbitrage de l'emploi de leur revenu au profit de l'investissement permettent, à l'inverse, d'expliquer la modération du rythme de croissance de la consommation des ménages en 1999.

Ce dernier diagnostic mérite d'être affiné. Tout d'abord, il est notable que la moyenne de l'année 1999 conduit à occulter le dynamisme prolongé de la demande des ménages au cours de cette année. La relative modération de la progression moyenne de la consommation des ménages vient entièrement de l'accès de faiblesse constaté au premier trimestre 1999, le reste de l'année se traduisant par un regain de vigueur. En outre, la croissance de l'investissement des ménages a été particulièrement vive tout au long de l'année avec une augmentation de 8,2 % contre 3,6 % en 1998.

Par ailleurs, une observation de fond s'impose. Une importante évolution des comportements d'épargne des ménages semble être intervenue en 1998. Ainsi, l'accélération de leur pouvoir d'achat ne s'est pas traduite par une augmentation de leur taux d'épargne que les données économétriques traditionnelles permettaient d'escompter. Le gouvernement tend à attribuer ce dernier phénomène à un rétablissement des perspectives d'emplois qui aurait diminué l'épargne de précaution des ménages. Mais d'autres explications pourraient intervenir. Ce phénomène est en effet probablement dû, pour beaucoup, à l'assouplissement constant des conditions monétaires et au dynamisme concomitant des marchés financiers avec des perspectives d'enrichissement " auto-entretenu " qui s'y attachent. Ces données monétaires et ces effets de richesse ne doivent pas être oubliés à l'heure où les perspectives qui les entourent sont plus incertaines.

Il faut aussi mettre en évidence le rôle des modifications intervenues dans les anticipations des ménages quant au redressement des finances publiques. La qualification à l'euro obtenue grâce aux efforts des agents économiques orchestrés par les précédents gouvernements a notamment permis de réunir les conditions de la paix monétaire en Europe.

Ces changements de contexte ont puissamment agi sur les ménages mais également sur les entreprises. En effet, l'investissement des entreprises a, quant à lui, par la stabilité de son dynamisme, contredit leur comportement plus volatile observé en matière de stocks. L'accélération de leur investissement en 1998 (+ 8,3 % contre une baisse en 1997) ne s'est pas démentie en 1999 (+ 7,6 %).

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* *

Reposant sur le dynamisme de la demande intérieure, la croissance est demeurée soutenue en 1998 et en 1999. A la fin de cette dernière année, elle oscillait sur un rythme annuel autour de 4 %. Ce dynamisme avait convaincu les esprits du retour durable à une croissance très vive, ce dont, un temps, les prévisions du gouvernement pour 2000 ont pu largement témoigner.

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