II. LE PROJET DE BAPSA POUR 2000 : UNE NOUVELLE MESURE DE REVALORISATION DES PETITES RETRAITES AGRICOLES
Le budget annexe des prestations sociales agricoles (BAPSA) s'élève dans le projet de loi de finances pour 2000 -après amendement gouvernemental adopté par l'Assemblée nationale, majorant de 1,2 milliard de francs les crédits- à 89,181 milliards de francs , soit une quasi-stabilité par rapport à 1999. Le projet de loi de finances faisait apparaître une baisse i nitiale de 1,32 %.
A. DES DÉPENSES STABILISÉES MALGRÉ LA NOUVELLE MESURE DE REVALORISATION DES RETRAITES
Les dépenses du BAPSA s'établissent comme suit :
Les dépenses du BAPSA
(en millions de francs)
|
|
1999
|
2000 PLF révisé |
Evolution en % |
Titre IV |
Interventions publiques |
|
|
|
46-01 |
Assurance maladie (AMEXA) |
33.286 |
33.341 |
0,17 |
46-02 |
Invalidité |
453 |
418 |
- 7,73 |
46-03 |
Remplacement |
55 |
100 |
81,82 |
46-07 |
Contribution à la modernisation de l'assurance maladie |
100 |
100 |
0 |
46-04 |
Assurance veuvage |
12 |
12 |
0 |
46-05 |
Etalement et prise en charge des cotisations sociales |
100 |
90 |
- 10 |
46-92 |
Prestations familiales |
3.948 |
3.801 |
- 3,72 |
46-96 |
Assurance vieillesse (AVA) |
50.285 |
50.291 |
0,01 |
46-97 |
Etudiants et praticiens |
750 |
798 |
6,40 |
Titre I |
Intérêts |
173 |
230 |
35,29 |
Total général hors restitution de TVA |
89.162 |
89.181 |
+ 0,02 |
1. Les prestations d'assurance vieillesse restent stables malgré les mesures de revalorisation des retraites agricoles
Les
prestations d'assurance vieillesse représentent, avec un montant de
50,291
milliards de francs
, le principal poste de
dépenses. Elles augmentent très légèrement, compte
tenu de la mesure de revalorisation introduite à l'Assemblée
nationale.
L'évolution est différente selon les prestations contributives ou
non.
a) Les retraites contributives
Les
retraites proprement dites (retraites forfaitaires et retraites
proportionnelles, pensions de réversion) progressent de 1,9 % par
rapport à celles prévues dans le BAPSA de 1999, malgré la
légère diminution prévisible du nombre de retraités.
Trois mesures expliquent l'augmentation des dépenses d'assurance
vieillesse en 2000 :
1. L'application en année pleine de la mesure votée en
loi de finances initiale pour 1999
; cette mesure
inclut
également un dispositif d'harmonisation des carrières pour le
calcul de la majoration des pensions, au titre des périodes accomplies
en tant qu'aide familial. Environ 20.000 retraités seraient
concernés.
2. Une mesure significative de relèvement des retraites les plus
faibles introduite par le projet de loi.
Cette mesure entraînerait un
coût de 1,2 milliard de francs en 2000 (1,6 milliard de francs en
année pleine). Elle permettrait, pour les agriculteurs ayant
cotisé 150 trimestres dans le régime, d'augmenter de
manière importante le montant minimum mensuel perçu.
La mesure de revalorisation des retraites agricoles du BAPSA pour 2000
|
Augmentation mensuelle |
Montant minimum mensuel
|
Chefs d'exploitation |
200,00 |
3.200,00 |
Veufs et veuves |
200,00 |
3.000,00 |
Aides familiaux et/ou carrière mixte-seuls |
200,00 |
2.700,00 |
Aides familiaux et/ou carrière mixte-mariés |
200,00 |
2.400,00 |
Cette nouvelle mesure de revalorisation vient à la suite d'un effort continu depuis 1994.
La
revalorisation des petites retraites des non-salariés agricoles :
un
effort continu depuis 1994
La loi
du 18 janvier 1994 (décret d'application n° 94-714 du
18 août 1994)
a permis la prise en compte pour le calcul de la
retraite proportionnelle des chefs d'exploitation, de tout ou partie des
années pendant lesquelles ils ont été aides familiaux, ces
années donnant lieu à l'attribution de points de retraite
gratuits. Pour les exploitants déjà retraités avant 1994,
la carrière a été reconstituée fictivement ; pour
ceux retraités à compter de 1994, le nombre de points gratuits
est calculé en fonction de leur carrière réelle. Pour en
bénéficier, l'intéressé doit justifier d'un minimum
de 17,5 années de chef d'exploitation et de 32,5 années
de non-salarié agricole.
Le décret n° 95-289 du 15 mars 1995 portant
application de l'article 71 de la loi de modernisation agricole
a
rendu possible le cumul des droits propres et des droits dérivés
pour les veufs et les veuves. L'interdiction de cumul a été
levée par tiers sur trois ans de 1995 à 1997 : la retraite
personnelle peut ainsi être cumulée avec une pension de
réversion correspondant à 54 % de la retraite
proportionnelle du décédé et d'un tiers de la retraite
forfaitaire dudit décédé en 1995, des deux tiers en 1996,
et de la totalité à partir de 1997. Quant aux veufs et veuves
déjà titulaires d'une pension de réversion avant 1995 et
s'étant acquis des droits à une retraite personnelle, ils
bénéficient d'une majoration forfaitaire de 6.000 francs
mise en place par tiers sur trois ans de 1995 à 1997.
La loi de finances pour 1997
a instauré un ensemble de mesures
concernant les chefs d'exploitation, et les autres actifs, conjoints et aides
familiaux (
décret d'application n° 97-163 du
24 février 1997
). Une majoration forfaitaire de
1.000 francs en 1997 et de 1.500 francs à compter de 1998 a
été accordée aux conjoints, aides familiaux et chefs
d'exploitation ayant une carrière courte (moins de 17,5 ans),
à condition d'avoir liquidé leur retraite avant 1998 et de
justifier d'un minimum de 32,5 années de non-salarié
agricole.
Pour les chefs d'exploitation à carrière longue, retraités
avant 1997, des majorations de points ont été accordées
pour les bénéficiaires justifiant de retraite d'au moins
32,5 années d'activité non salariée agricole, dont au
moins 17,5 années en tant que chef d'exploitation. Pour les chefs
d'exploitation retraités depuis 1997, des majorations de points de
retraite ont été attribuées aux intéressés
justifiant de 37,5 années, tous régimes confondus et
17,5 années de chef ou assimilé.
La loi de finances pour 1998
a complété les dispositifs
précédents en relevant la retraite des conjoints, aides familiaux
et chefs d'exploitation ayant une carrière courte, à condition
d'avoir liquidé leur retraite avant 1998 et de justifier d'un minimum de
32,5 années de non-salarié agricole (
décret
d'application n° 98-125 du 3 mars 1998
). La majoration des
conjoints et aides familiaux est fixée à 5.100 francs par an.
La loi de finances pour 1999
a relevé le montant minimum des
retraites agricoles à 3.000 francs pour les chefs d'exploitation,
à 2.800 francs pour les veufs et veuves, à 2.500 francs pour les
aides seuls, à 2.200 francs pour les aides mariés.
La loi d'orientation agricole du 9 juillet 1999
intègre une
nouvelle mesure de revalorisation des avantages vieillesse servis aux
conjoints, aux aides familiaux et les chefs d'exploitation à
carrière courte. Une majoration gratuite de points de retraite
proportionnelle, permettant de prolonger l'effort consenti aux aides familiaux
retraités avant 1998 est accordée aux aides familiaux
retraités à compter du 1
er
janvier 1998 et
justifiant d'un minimum de 32,5 années d'activité non
salariée agricole et d'un maximum de 17,5 années de chef
d'exploitation.
3. L'application des dispositions figurant dans le projet de loi
d'orientation agricole.
Ces dispositions permettent l'attribution gratuite
de points de retraite proportionnelle aux conjoints et aides familiaux qui
prennent leur retraite à compter du 1
er
janvier 1998, ce
qui bénéficierait en 2000, à environ 32.000 nouveaux
retraités, pour un coût évalué à
131 millions de francs.
b) Les prestations non contributives
Ces
prestations sont remboursées au régime par le Fonds de
solidarité vieillesse (FSV) : chiffrées à 2,652
milliards de francs par la LFI 1999, elles s'établissent dans le PLF
2000 à 1,936 milliard de francs, soit une baisse importante de 27 %.
L'effet net des mesures de revalorisation est ainsi nettement inférieur
à l'effet brut : il est nécessaire de retrancher les
économies réalisées sur les dépenses de minimum
vieillesse.
Effort brut et effort net des mesures de revalorisation 1994 - 1999
|
1998 |
1999 |
2000 |
|||
|
BRUT |
NET |
BRUT |
NET |
BRUT |
NET |
Mesure petites retraites 1994 |
461 |
323 |
445 |
312 |
431 |
302 |
Mesures " veuves " loi de modernisation 1994 |
2.619 |
1.929 |
2.668 |
1.991 |
2.700 |
2.020 |
Loi de finances 1997 |
602 |
486 |
760 |
614 |
820 |
645 |
Loi de finances 1998 |
760 |
680 |
1.022 |
858 |
1.022 |
858 |
Loi de finances 1999 + art. 30 LOA |
|
|
1.331 |
1.119 |
1.778 |
1.358 |
TOTAL |
4.462 |
3.418 |
5.926 |
4.894 |
6.751 |
5.183 |
2. Les dépenses d'assurance maladie sont maîtrisées
Les
dépenses d'assurance maladie maternité et
invalidité
sont évaluées pour 2000, à
33,859 milliards de francs
, soit un montant quasiment identique
à celui inscrit en loi de finances pour 1999.
Cette faible évolution s'explique à la fois par une meilleure
maîtrise des dépenses dans le régime agricole que dans le
régime général, et par une baisse du nombre d'assujettis.
De plus, la contribution du BAPSA au déficit de l'assurance personnelle
(210 millions de francs en 1999) disparaît en 2000, en raison de
l'application de la loi portant création de la couverture maladie
universelle.
Dépenses maladie - maternité - invalidité du régime agricole
|
LFI 1999 |
LFI 2000 |
Evolution en % |
Total Soins de ville + établissements sanitaires hors DGH |
19.155 |
19.284 |
+ 0,67 |
DGH y compris régularisations |
13.464 |
13.590 |
+ 0,94 |
DOM |
457 |
467 |
+ 10,00 |
Assurance personnelle |
210 |
0 |
- 100,00 |
Pension d'invalidité |
453 |
418 |
- 7,73 |
Allocation de remplacement |
55 |
100 |
+ 81,82 |
TOTAL |
33.756 |
33.794 |
+ 0,11 |
DGH : Dotation Globale Hospitalière
L'augmentation de l'allocation de remplacement est liée à
l'article 33 de la loi d'orientation agricole qui prévoit que la prise
en charge est désormais totale.
En effet, seule une femme sur trois en agriculture sollicite le
bénéfice de l'allocation de remplacement en cas de
maternité. Cette situation, préoccupante en termes de
santé publique, est due notamment au surcoût restant à la
charge de l'exploitante. La suppression du ticket modérateur,
actuellement de 10 %, doit permettre un recours plus large à la
formule de remplacement, qui s'applique aussi bien pour les conjointes
participant aux travaux que pour celles qui ont le statut
d'associé ou de
co-exploitant.
3. Les dépenses de prestations familiales décroissent en raison de la baisse du nombre de bénéficiaires
Les
dépenses de prestations familiales, évaluées à
3,801 milliards de francs, continuent leur décroissance
(- 3,72 % par rapport à l'an dernier) en raison de la
poursuite de la baisse du nombre de bénéficiaires (entre - 2
et - 7 % selon les prestations).
Cette diminution des effectifs de bénéficiaires de prestations
familiales provient essentiellement :
- de la diminution de la population agricole ;
- du vieillissement de cette même population ;
- de l'augmentation du célibat dans le milieu agricole.
Effectifs de familles bénéficiaires de prestations familiales
Type de prestations |
1998 |
1999 |
2000 |
Evolution
|
Allocations familiales |
102.037
|
97.649 |
93.450 |
- 4,3 % |
Complément familial |
24.717 |
23.778 |
22.827 |
- 4,0 % |
Allocation soutien familial |
3.318 |
3.252 |
3.183 |
- 2,1 % |
Allocation d'éducation spéciale |
1.982 |
1.982 |
1.982 |
0 % |
Allocation aux adultes handicapés |
20.052 |
18.448 |
17.370 |
- 5,8 % |
Allocation de logement à caractère familial |
17.521 |
16.995 |
16.655 |
- 2,0 % |
Allocation parentale d'éducation |
7.659 |
7.238 |
6.832 |
- 5,6 % |
Allocation de rentrée scolaire
|
135.848 |
135.848 |
127.697 |
- 6,0 % |
AJE-APJE " longue " + " courte " |
15.578 |
14.565 |
13.604 |
- 6,6 % |
APL |
48.476 |
47.991 |
47.751 |
- 0,5 % |
Source : ministère de l'Agriculture
(*) en tenant compte de la mise sous condition de ressources des allocations
familiales
Enfin, des crédits de 90 millions de francs sont prévus pour
financer les étalements et les prises en charge partielles des
cotisations pour les exploitants en difficulté (110 millions en
1998 et 100 millions de francs en 1999). Cette enveloppe avait
été créée pour accompagner la réforme d
es cotisations,
lancée en 1990.