Projet de loi de finances pour 2000, TOME V - BUDGET ANNEXE DES PRESTATIONS SOCIALES AGRICOLES
BOYER (Louis)
AVIS 93-tome V (1999-2000) - Commission des Affaires sociales
Tableau comparatif au format Acrobat ( 172 Ko )Table des matières
- TRAVAUX DE LA COMMISSION
-
AVANT-PROPOS
- I. UN PREMIER BILAN DU BAPSA POUR 1999 : UN LÉGER DÉFICIT
-
II. LE PROJET DE BAPSA POUR 2000 : UNE NOUVELLE
MESURE DE REVALORISATION DES PETITES RETRAITES AGRICOLES
- A. DES DÉPENSES STABILISÉES MALGRÉ LA NOUVELLE MESURE DE REVALORISATION DES RETRAITES
- B. UNE CONTRIBUTION BUDGÉTAIRE EN FORTE RÉDUCTION
- C. UNE ARTICULATION DÉLICATE ENTRE LA LOI DE FINANCES ET LA LOI DE FINANCEMENT DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
-
III. LES PERSPECTIVES DU RÉGIME DES
EXPLOITANTS AGRICOLES : DEUX DÉFIS À RELEVER
- A. LA QUESTION DES RETRAITES RESTE CENTRALE
- B. LA MUTUALITÉ SOCIALE AGRICOLE POURSUIT SA MODERNISATION
-
ANNEXE
-
L'ACTION EXPÉRIMENTALE GROUPAMA-MSA " PARTENAIRES SANTÉ "
N° 93
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 25 novembre 1999.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires sociales (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME V
BUDGET ANNEXE
DES PRESTATIONS SOCIALES AGRICOLES
Par M. Louis BOYER,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Jean Delaneau, président ; Jacques Bimbenet, Louis Boyer, Mme Marie-Madeleine Dieulangard, MM. Guy Fischer, Jean-Louis Lorrain, Louis Souvet, vice-présidents ; Mme Annick Bocandé, MM. Charles Descours, Alain Gournac, Roland Huguet, secrétaires ; Henri d'Attilio, François Autain, Paul Blanc, Mme Nicole Borvo, MM. Jean-Pierre Cantegrit, Bernard Cazeau, Gilbert Chabroux, Jean Chérioux, Philippe Darniche, Christian Demuynck, Claude Domeizel, Jacques Dominati, Michel Esneu, Alfred Foy, Serge Franchis, Francis Giraud, Claude Huriet, André Jourdain, Philippe Labeyrie, Roger Lagorsse, Dominique Larifla, Henri Le Breton, Dominique Leclerc, Marcel Lesbros, Jacques Machet, Georges Mouly, Lucien Neuwirth, Philippe Nogrix, Mme Nelly Olin, MM. Lylian Payet, André Pourny, Mme Gisèle Printz, MM. Henri de Raincourt, Bernard Seillier, Martial Taugourdeau, Alain Vasselle, Paul Vergès, André Vezinhet, Jean-Pierre Vial, Guy Vissac.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
et
89
(annexe n°
42
)
(1999-2000).
Lois de finances.
TRAVAUX DE LA COMMISSION
Réunie le mercredi 24 novembre, sous la
présidence
de
M. Jean Delaneau, président,
la commission a
procédé à
l'examen du rapport pour avis de M.
Louis Boyer sur le projet de budget annexe des prestations sociales agricoles
pour 2000.
M. Louis Boyer, rapporteur pour avis,
a tout d'abord
présenté les grandes lignes du BAPSA pour 2000.
Il a observé que le BAPSA diminuait de 1,3 % par rapport à 1999.
Il a précisé que, compte tenu de la mesure de revalorisation des
retraites agricoles, adoptée par voie d'amendement à
l'Assemblée nationale, cette diminution n'était que de 0,2 %. Il
a ajouté que cette évolution structurelle s'expliquait pour des
raisons démographiques : les dépenses de prestations
familiales connaissent ainsi une évolution négative de 3 à
4 % par an ; les dépenses d'assurance maladie, maternité et
invalidité sont stables, la baisse des effectifs compensant
l'augmentation des dépenses de santé par tête. Il a
précisé que les dépenses d'assurance vieillesse, qui
représentent le principal poste de dépenses du BAPSA avec
50 milliards de francs, diminuaient, même en tenant compte de la
mesure de revalorisation des retraites agricoles. Il a souligné que
cette baisse s'expliquait par la diminution rapide des dépenses prises
en charge par le fonds de solidarité vieillesse (FSV).
Revenant sur la mesure de revalorisation des retraites les plus basses
proposée par le Gouvernement, il a expliqué qu'elle consistait
à ajouter 200 francs mensuels supplémentaires aux pensions
de retraite les plus basses des chefs d'exploitation retraités, des
veufs et veuves et des aides familiaux. Il a constaté que, pour les
chefs d'exploitation, l'objectif du minimum vieillesse pourrait être
atteint dès l'année prochaine.
Il a regretté que cette mesure n'ait pas été
présentée dès le projet de loi initial. Il a
indiqué que le Gouvernement faisait pourtant référence,
depuis deux ans, à un " plan pluriannuel " de revalorisation,
s'étendant sur l'ensemble de la législature.
Il a considéré que le financement de la mesure était
également critiquable. Il a expliqué que l'article 28 bis du
projet de loi de finances, en affectant un milliard de francs de la
contribution sociale de solidarité sur les sociétés (C3S)
au BAPSA, prévoyait de déroger explicitement à une
règle posée par la loi de financement de la
sécurité sociale pour 1999. Il a estimé qu'il était
tout à fait curieux de financer une dépense pérenne par
une recette exceptionnelle. Il a expliqué que la commission ne
s'était pas opposée à l'affectation des excédents
de C3S au FSV et à la perte par le BAPSA de cette recette
théorique. Il a rappelé que la C3S avait pour mission principale
de financer les régimes des non-salariés non agricoles, et que
ses excédents ne représentaient pas une ressource
illimitée. Il a estimé qu'il aurait été
préférable que le Gouvernement assume le coût de cette
mesure de revalorisation, en augmentant, à due concurrence, la
subvention d'équilibre.
Abordant les recettes du BAPSA, il a indiqué que les contributions
professionnelles -16,73 milliards de francs- subissaient une baisse de 1,35 %.
Il a précisé que cette baisse était apparente, car ces
contributions semblaient avoir été surévaluées pour
1999. Il a ajouté que la prévision ne prenait pas en compte le
relèvement du taux d'exonération de cotisations sociales pour les
jeunes agriculteurs, prévu par l'article 4 bis du projet de loi de
financement de la sécurité sociale pour 2000, adopté
conforme par les deux assemblées.
Il a indiqué que les prévisions de taxes affectées -28,5
milliards de francs- bénéficiaient de la croissance
économique. Il a considéré que les transferts des
organismes de protection sociale connaissaient une évolution
contrastée. Il a précisé que les versements du fonds de
solidarité vieillesse baissaient à un rythme très
important (- 26,7 %), ce qui rend compte de l'effort entrepris depuis cinq
ans pour revaloriser les retraites agricoles. Il a ajouté que les
transferts liés à la compensation démographique
étaient en progression de 3,8 % par rapport à la loi de
finances initiale pour 1999. Il a enfin précisé que les
contributions du budget général diminuaient de manière
très sensible, la subvention d'équilibre représentant
moins de 4 % des recettes du BAPSA en 2000.
M. Louis Boyer, rapporteur pour avis,
a souhaité évoquer
quatre questions relatives à la protection sociale agricole.
Il a tout d'abord indiqué que l'effort d'amélioration des
retraites agricoles devait être poursuivi. Il a précisé que
le rapport prévu à l'article 3 de la loi d'orientation agricole
du 9 juillet 1999, confié à M. Germinal Peiro,
député de la Dordogne, devait être rendu public très
prochainement. Il a ajouté que le rapport devait étudier
notamment les possibilités juridiques et financières de la
création d'un régime de retraite complémentaire
obligatoire. Il a précisé que les représentants du monde
agricole étaient désormais convaincus de la
nécessité de mettre en place ce " deuxième
pilier ".
Il a considéré qu'il était également devenu urgent
de simplifier les règles d'attribution des pensions, les revalorisations
successives et les modifications régulières du mode de calcul
ayant pour effet de rendre le système très complexe.
Il a ensuite abordé la question de la mise en place de la couverture
maladie universelle (CMU). Il a rappelé que les agriculteurs
étaient tenus, comme tous les non-salariés, de s'acquitter de
cotisations minimales. Il a expliqué qu'à même niveau de
revenu, une personne pouvait être couverte par la CMU et une autre,
ressortissante du régime agricole, pouvait être amenée
à s'acquitter de cotisations. Il a rappelé que la loi portant
création de la CMU avait rompu le lien entre le versement de cotisations
et le droit à prestations, sauf l'exception de " mauvaise
foi " du cotisant. Il a précisé que le régime de
protection sociale agricole comprendrait à la fois des agriculteurs
" déchus de droit ", réintégrés
après avoir prouvé leur bonne foi, et des assurés
s'étant toujours acquittés de leurs cotisations minimales. Il a
ajouté que les caisses de Mutualité sociale agricole se
trouvaient dans la même situation que l'ensemble des acteurs de la CMU,
c'est-à-dire dans le flou le plus complet, le Gouvernement n'ayant
toujours pas fait paraître les décrets d'application de cette loi.
Il a estimé que la question du financement à moyen terme du BAPSA
se posait. Il a indiqué que le régime agricole perdrait une
recette en 2001, la cotisation assise sur les polices d'assurance automobile
(379 millions de francs), qui sera désormais intégralement
affectée à la Caisse nationale d'assurance maladie des
travailleurs salariés (CNAMTS). Il a estimé que l'augmentation de
la part de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) affectée au BAPSA
ou l'augmentation de la subvention d'équilibre restaient les seules
possibilités à moyen terme pour financer le régime de
protection sociale des exploitants agricoles.
Il a rappelé que la Mutualité sociale agricole avait connu un
moment important, à travers l'élection, le 27 octobre dernier,
des 80.000 délégués communaux. Il a précisé
que la participation était relativement forte, entre 30 et 40 %, et du
même niveau que celle enregistrée lors des dernières
élections, en 1994. Il a estimé que le monde agricole restait
attaché à son régime, proche de ses assurés.
En conclusion, il a proposé à la commission de donner un avis
favorable à l'adoption du projet du BAPSA pour 2000.
M. Dominique Leclerc
a indiqué que les retraités agricoles
jugeaient insuffisante la dernière mesure de revalorisation
proposée par le Gouvernement, compte tenu de la bonne conjoncture
économique. Il a estimé que les retraités étaient
dans une situation très inégale, entre les régimes
spéciaux et le régime agricole.
M. Michel Esneu
s'est déclaré très
réservé sur le projet de BAPSA pour 2000, en raison de
l'insuffisance de la revalorisation des retraites agricoles.
M. Guy Fischer
a estimé que le Gouvernement actuel avait fait
plus, pour les retraites agricoles, en deux ans, que la
précédente majorité, en quatre ans. Il a insisté
sur la nécessité de relever le montant de l'ensemble des pensions
de retraite dans le monde agricole. Il s'est interrogé sur la mise en
place d'un régime de retraite complémentaire obligatoire. Il a
estimé que le rapporteur s'était félicité du
déroulement des élections de la MSA, alors que la majorité
sénatoriale venait de s'opposer, lors du débat en première
lecture du projet de loi de financement de la sécurité sociale,
à des amendements du groupe communiste républicain et citoyen
tendant à rétablir les élections dans le régime
général.
M. Bernard Cazeau
a déclaré approuver les orientations du
rapporteur pour avis. Il a indiqué qu'il convenait de ne pas remettre en
cause le principe contributif de l'assurance vieillesse. Il a indiqué
que l'objectif poursuivi par le plan pluriannuel de revalorisation était
d'amener les retraites agricoles les plus basses au montant du minimum
vieillesse. Il a expliqué que la promesse de pensions de retraite au
montant de 75 % du salaire minimum de croissance (SMIC), qui avait
été exprimée par toutes les tendances politiques, posait
un problème d'équité entre les salariés du
régime général et les exploitants agricoles.
M. Bernard Seillier
a approuvé les conclusions du rapporteur pour
avis. Il a remarqué que l'ancienne majorité avait conduit une
réforme très importante, en 1994, en permettant aux conjointes
d'agriculteurs de disposer d'une véritable pension de réversion.
En réponse aux différents intervenants,
M. Louis Boyer,
rapporteur pour avis,
a indiqué que le Gouvernement s'était
engagé à prendre deux nouvelles mesures de revalorisation en 2001
et 2002, pour un montant total de 3,2 milliards de francs en année
pleine. Il a considéré que les parlementaires devraient s'assurer
de la réalisation de ces engagements. Il a rappelé les efforts
entrepris depuis 1994, en estimant qu'une grande continuité pouvait
être observée, sous tous les Gouvernements. Il a estimé que
les exploitants agricoles avaient fait le choix, après la
deuxième guerre mondiale, de cotiser de manière
modérée, sur de petits revenus, ce qui expliquait la faiblesse du
montant des retraites agricoles d'aujourd'hui. Il a observé qu'un
salarié gagnant le SMIC ne touchait pas une pension de retraite
équivalente à 75 % du SMIC.
Il a considéré que le régime de protection sociale
agricole, en raison de son histoire et de sa structure inter-branches,
était dans une situation très différente de celle du
régime général.
A l'issue de ce débat, la commission a décidé de donner un
avis favorable
à
l'adoption du projet de BAPSA pour
2000
.
AVANT-PROPOS
Mesdames, Messieurs,
L'examen du projet de budget annexe des prestations sociales agricoles (BAPSA)
pour 2000 suppose non seulement de prendre en compte deux projets de loi (le
projet de loi de finances et le projet de loi de financement de la
sécurité sociale), mais également les effets de deux lois
votées récemment, la loi portant création de la couverture
maladie universelle et la loi d'orientation agricole.
Une fois de plus, l'opportunité de maintenir un " budget
annexe " en loi de finances est posée. L'existence d'un budget
annexe n'est une condition nécessaire ni de l'autonomie du régime
agricole géré par la Mutualité sociale agricole, ni de
l'existence d'une subvention de l'Etat à ce régime. Le monde
agricole est toutefois attaché à l'existence de ce budget annexe.
Ainsi toute réflexion sur l'évolution de la place du BAPSA devra
reposer sur une concertation étroite et la conviction partagée
qu'un changement de statut juridique ne signifie pas pour autant la suppression
du deuxième régime français de protection sociale. Il
importe également que la qualité de l'information actuellement
disponible sur les prestations sociales agricoles soit conservée
à l'occasion d'une intégration dans le projet de loi de
financement de la sécurité sociale. A cet égard, un
réexamen de la loi organique du 22 juillet 1996, souhaité par
votre commission, devrait permettre d'intégrer le BAPSA, de
manière protectrice, dans la loi de financement.
Le projet de BAPSA pour 2000 comporte une nouvelle mesure de revalorisation des
retraites agricoles les plus faibles, qui s'inscrit dans la suite des efforts
précédents.
Votre rapporteur déplore que le Gouvernement ait décidé,
une fois de plus, d'amender le projet de loi de finances au lieu de
prévoir cette disposition dans le texte initial du projet de loi. Cette
" méthode " est contradictoire avec le " plan pluriannuel
de revalorisation des plus petites pensions agricoles ", dont l'existence
a été affirmée à de nombreuses reprises par le
Gouvernement. Procéder par voie d'amendement a pour conséquence
une perte de lisibilité des documents budgétaires transmis au
Parlement.
Au-delà de ces considérations de forme, il reste à
déterminer les prochaines étapes de cette revalorisation.
La loi d'orientation agricole du 9 juillet 1999 avait prévu le
dépôt d'un rapport sur les retraites agricoles, qui devait
être déposé trois mois après sa promulgation.
Votre rapporteur regrette que ce rapport n'ait pas été
déposé en temps utile ; sa lecture aurait certainement
éclairé le Parlement pour le vote du BAPSA pour 2000.
I. UN PREMIER BILAN DU BAPSA POUR 1999 : UN LÉGER DÉFICIT
A. L'EXÉCUTION DU BAPSA POUR 1998 ET LES ESTIMATIONS 1999
1. L'exécution du BAPSA pour 1998 : un équilibre fragile
a) Une année marquée par le transfert CSG/cotisations maladie
Pour le
régime agricole, la réforme de la contribution sociale
généralisée (CSG) n'est pas intervenue dans une
période très heureuse, puisqu'une réforme des cotisations
sociales venait de s'achever, visant notamment à permettre la
comparaison de l'effort contributif des agriculteurs par rapport aux autres
catégories socioprofessionnelles.
L'opération de substitution (augmentation du taux de la CSG et baisse du
taux de cotisations maladie) ne permet pas une comparaison aussi directe.
La CSG perçue sur les revenus agricoles est assise sur la même
assiette que les cotisations, mais majorée du montant de ces mêmes
cotisations, tandis que l'assiette de la CSG pour les salariés est
constituée par le salaire brut, diminué de 5 %. Ainsi, l'assiette
CSG porte sur 62,6 milliards de francs en 1998, alors que l'assiette des
cotisations maladie agricoles porte sur 49,2 milliards de francs. Elle est
supérieure d'environ 27 %. Pour calculer un taux de baisse des
cotisations maladie assurant la parité de gain de pouvoir d'achat entre
agriculteurs et salariés en 1998, il aurait fallu multiplier le taux de
baisse prévu par le Gouvernement pour les salariés du
régime général (4,75 points), par le rapport des
assiettes (127/95
1(
*
)
). Le résultat de ce
calcul donne un chiffre compris entre 6,3 et 6,4.
Le Gouvernement a accordé une baisse de 5,5 points des cotisations
maladie aux
agriculteurs actifs
, en compensation de l'augmentation de la
CSG déductible de 4,1 points.
Taux de cotisations en 1998 et en 1999
|
Taux technique |
Complémentaire |
Global |
AMEXA |
8,13 % |
2,71 % |
10,84 % |
Veuvage |
0,10 % |
- |
0,10 % |
AVA sous plafond |
8,445 % |
2,53 % |
10,975 % |
AVA déplafonnée |
1,29 % |
0,25 % |
1,54 % |
AVI |
3,20 % |
- |
3,20 % |
PFA |
4,36 % |
1,04 % |
5,40 % |
La
parité de pouvoir d'achat entre les salariés et les exploitants
agricoles n'a pas été respectée. Le gain
" global " pour ces derniers est estimé entre 0,3 % et
0,6 %, tandis qu'il se situerait pour les salariés au-delà
de 1 %.
La substitution a défavorisé les 300 exploitants les plus
aisés (revenus supérieurs à six fois le plafond de la
sécurité sociale), puisque la cotisation maladie est
plafonnée à hauteur de ce montant, tandis que la CSG n'est pas
plafonnée.
Tranches de revenu par an |
Equivalents en francs |
Effet |
< 800 SMIC |
< 30.328 francs |
très positif |
entre 800 SMIC et le plafond de la sécurité sociale |
entre 30.328 et 164.640 |
neutre |
entre le plafond et 6 fois le plafond de la sécurité sociale |
entre 164.640 et 987.840 |
positif |
> 6 fois le plafond de la sécurité sociale |
> 987.840 |
négatif |
33 % des exploitants ont un revenu inférieur
à
800 SMIC horaires (30.000 francs). Leur gain en pouvoir d'achat a
été important, puisque la cotisation maladie est calculée
sur la base de 800 SMIC, tandis que la CSG est calculée sur le revenu
réel.
La substitution n'a pas été tout à fait équitable,
puisque le gain est proportionnellement plus important pour les tranches hautes
de revenu (comprises entre le plafond de la sécurité sociale et
six fois ce plafond) que pour les tranches moyennes (revenus compris entre 800
SMIC et le plafond de la sécurité sociale).
Pour les
retraités
, la totalité des cotisations maladie,
soit 1,8 point de cotisations techniques et 1 point de cotisations
complémentaires, a été supprimée en compensation de
l'augmentation de 2,8 points de la CSG sur les revenus de remplacement, la
portant à 6,2 % pour les personnes imposées sur le revenu, 3,8 %
pour celles s'acquittant de la taxe d'habitation ou 0 % pour les personnes
non imposables.
Les retraités agricoles exonérés de CSG (une grande
majorité) sont ainsi gagnants, tandis que l'opération est neutre
pour les retraités soumis au taux réduit de CSG (3,8 %).
Par ailleurs,
un certain nombre d'agriculteurs bénéficiant
d'un allégement de cotisations sociales ont perdu cet avantage
différentiel
:
- jeunes agriculteurs ;
- pluriactifs agriculteurs à titre secondaire ;
- agriculteurs à titre principal ayant des activités
accessoires ;
- préretraités agricoles ;
- retraités agricoles bénéficiant de prestations
maladie d'un autre régime ou poursuivant l'exploitation agricole sur
plus d'1/2 surface minimum d'installation (SMI) ;
- conjoints retraités bénéficiant de la seule
retraite forfaitaire ;
- retraités titulaires de majorations de pension pour enfants.
b) Des résultats fragiles
Les
dépenses du BAPSA pour 1998 s'élèvent à 88
milliards de francs
, dont 33,8 milliards de francs de prestations
maladie-maternité-invalidité, 48,7 milliards de francs de
prestations vieillesse et d'assurance veuvage et 4,1 milliards de francs de
prestations familiales.
Ces dépenses sont inférieures de 140 millions de francs au
montant inscrit en loi de finances, principalement en raison de dépenses
d'assurance vieillesse moins élevées que prévu.
Les dépenses du BAPSA en 1998
(en millions de francs)
|
Crédits initiaux |
Dépenses réelles |
Intérêts dus |
220.000 |
171.265 |
Moyens des services (dont restitution TVA) |
4.954.070 |
6.231.285 |
Prestations maladie-maternité-invalidité |
33.755.930 |
33.811.314 |
Assurance veuvage |
12.000 |
12.510 |
Etalement cotisations sociales |
110.000 |
109.941 |
Contribution à la modernisation de l'assurance maladie |
100.000 |
9.644 |
Prestations familiales |
4.085.000 |
4.076.304 |
Prestations vieillesse |
49.041.000 |
48.661.556 |
Contribution étudiants-PAM |
765.000 |
758.999 |
Total hors restitutions TVA |
88.180.000 |
88.041.136 |
Les
recettes du BAPSA pour 1998
s'élèvent à
88 milliards de francs, soit un montant inférieur aux
prévisions de 180 millions de francs.
Le financement professionnel apporte 15,9 milliards de francs au BAPSA en
1998, soit un montant inférieur de 383 millions de francs à
celui prévu en loi de finances initiale.
Le versement de la compensation démographique est supérieur de
873 millions de francs à celui inscrit en loi de finances initiale.
Le rendement des recettes affectées est supérieur de 1,14
milliard de francs. En conséquence, la subvention d'équilibre de
l'Etat a été diminuée de 827 millions de francs.
Les recettes du BAPSA en 1998
(en millions de francs)
|
Loi de finances |
Recettes réalisées |
Cotisations |
16.276.000 |
15.892.895 |
Taxes |
31.037.000 |
32.177.061 |
Compensation démographique |
32.467.000 |
33.339.742 |
Contribution CNAF |
1.565.000 |
1.445.000 |
Subvention budget général |
7.806.000 |
6.979.000 |
FSV |
3.266.000 |
3.245.604 |
FSI |
108.000 |
104.746 |
AAH |
518.000 |
518.000 |
Autres recettes |
142.455 |
142.455 |
Total (taxes nettes) |
88.180.000 |
88.002.821 |
Au total, l'exécution du BAPSA 1998 se solde par un déficit de 38 millions de francs. Le montant en jeu est infime, rapporté aux masses considérées. Mais l'année 1998 était une année exceptionnelle de croissance des recettes. Comme 1997 s'était traduit par un déficit de l'ordre de 500 millions de francs, il aurait été plus logique d'assurer un excédent, en ne diminuant pas autant la subvention d'équilibre de l'Etat. L a trésorerie du BAPSA aurait connu ainsi une amélioration sensible.
2. Les prévisions de réalisations du BAPSA pour 1999 : des recettes et des dépenses en baisse
Les prévisions de réalisation du BAPSA pour 1999 laissent escompter des recettes nettement moins importantes, mais également des dépenses moins élevées que prévu.
Estimation des dépenses du BAPSA 1999
(en millions de francs)
|
1999 LFI |
1999 (estimations) |
Assurance maladie, maternité, invalidité |
33.794 |
33.657 |
Modernisation assurance maladie |
100 |
100 |
Assurance veuvage |
12 |
12 |
Prestations familiales |
3.948 |
4.122 |
Assurance vieillesse |
50.281 |
49.656 |
Etudiants et praticiens |
750 |
781 |
Etalement et prise en charge de cotisations |
100 |
100 |
Intérêts |
220 |
220 |
TOTAL |
89.162 |
88.646 |
L'évolution des dépenses d'assurance maladie
recouvre
des évolutions de sens contraire :
- une révision à la hausse des soins de ville imputables aux
prescriptions ;
- une prévision de régularisation de dotation globale
hospitalière (DGH) plus forte au profit du BAPSA ;
- une révision à la hausse du poste médico-social et une
révision à la baisse des dépenses relatives aux
établissements hospitaliers hors DGH.
Les moindres dépenses constatées en assurance vieillesse
s'expliquent par la surestimation des dépenses liées au minimum
vieillesse. S'agissant de dépenses compensées par le Fonds de
solidarité vieillesse, l'effet de cette surestimation est neutre.
Les recettes seraient inférieures aux prévisions de près
d'un milliard de francs.
Estimation des recettes du BAPSA 1999
(en millions de francs)
|
1999 LFI |
1999 (estimations) |
Financement professionnel |
16.955 |
16.369 |
Taxes |
28.586 |
27.972 |
Sécurité sociale |
38.212 |
38.492 |
Etat |
5.359 |
5.359 |
Recettes diverses |
50 |
50 |
TOTAL |
89.162 |
88.242 |
L'évolution du financement professionnel est particulièrement intéressante.
Estimation des recettes de cotisations BAPSA 1999
(en millions de francs)
|
1999 LFI |
1999 (estimations) |
Cotisations |
12.263 |
11.740 |
Allocations familiales (PFA) |
2.071 |
2.025 |
Retraite forfaitaire (AVI) |
1.666 |
1.625 |
Retraite proportionnelle (AVA) |
4.283 |
3.971 |
Maladie (AMEXA) |
4.182 |
4.058 |
Assurance veuvage |
47 |
47 |
Assurance personnelle |
1 |
1 |
DOM |
13 |
13 |
CSG maladie |
4.428 |
4.393 |
Cotisations de solidarité |
264 |
236 |
TOTAL |
16.955 |
16.369 |
Les
cotisations sont en retrait, en raison principalement de la surestimation des
cotisations de retraite proportionnelle. La loi de finances initiale pour 1999
avait anticipé une application des dispositions de la loi d'orientation
agricole.
Au total, les prévisions d'exécution du BAPSA pour 1999
laissent apparaître un déficit de 400 millions de francs.
B. UNE ANNÉE MARQUÉE PAR L'ADOPTION DE LA LOI D'ORIENTATION AGRICOLE ET DE LA LOI PORTANT CRÉATION DE LA COUVERTURE MALADIE UNIVERSELLE
1. L'enrichissement du volet social de la loi d'orientation agricole
Même si le Gouvernement n'a pas souhaité que des
objectifs de long terme soient définis par le projet de loi, notamment
en matière de revalorisation des retraites agricoles, la discussion
parlementaire a permis d'enrichir le volet social, d'abord à
l'Assemblée nationale, et ensuite au Sénat.
Votre commission s'était saisie du projet de loi pour avis
2(
*
)
.
Titre
II - Exploitations et personnes -
Chapitre III Statut des conjoints
travaillant dans les exploitations ou les entreprises et des retraités
agricoles non salariés
(en
italiques : les articles introduits à l'initiative du Sénat)
Article 25 - Statut de conjoint collaborateur d'exploitation ou d'entreprise
agricole
Article 26 - Application aux conjoints d'associé d'une exploitation ou
d'une entreprise de cultures marines (Assemblée nationale)
Article 27 - Droit à la retraite forfaitaire pour les conjoints
collaborateurs
Article 28 - Droits à la retraite proportionnelle pour les conjoints
collaborateurs
Article 29 - Cotisations
Article 30 - Attribution gratuite de points de retraite proportionnelle
Article 31 - Niveau minimum des pensions de réversion
Article 32 - Baisse de 50 % à 30 % de l'actif pris en compte pour le
recours sur succession
Article 33 - Allocation de remplacement totale
Article 34 - Nouveau mécanisme de calcul des cotisations des jeunes
installés
Articles 35 et 36 - Droit de créance
Article 37 - Insaisissabilité et incessibilité des
allocations, pensions et rentes des régimes d'assurance vieillesse.
Par ailleurs, deux rapports ont été prévus :
- le premier, à l'article 3, sur les retraites agricoles. Confié
à M. Germinal Peiro, député de la Dordogne, ce
rapport devrait être disponible très prochainement ; il a
d'ores et déjà été remis à M. Jean Glavany,
ministre de l'agriculture et de la pêche, qui en a fait état lors
de la discussion du BAPSA à l'Assemblée nationale ;
- le second, à l'article 141, sur les charges fiscales et sociales des
exploitants agricoles. Ce rapport a été confié à
Mme Béatrice Marre et M. Jérôme Cahuzac,
députés. M. Jérôme Cahuzac est plus
spécialement chargé du volet social.
2. Les interrogations de la couverture maladie universelle
La loi n° 99-641 du 27 juillet 1999 portant création d'une couverture maladie universelle a des conséquences sur le régime agricole.
a) La question de l'équité
Une cotisation minimale d'assurance maladie est due, quel que soit le revenu de l'agriculteur ou la superficie de l'exploitation.
|
Montant cotisation annuelle |
Exploitations inférieures à 1,5 S.M.I. |
800 SMIC |
Exploitations entre 1,5 et 3,5 SMI |
800 SMIC + majoration modulée |
Exploitations au-delà de 3,5 SMI |
800 SMIC +majoration fixe |
Exploitants bénéficiant du RMI |
200 SMIC |
De plus,
les chefs d'exploitation à titre principal et exerçant une
activité salariée ou non salariée non agricole
bénéficient d'une réduction de 10 % de leurs cotisations
en maladie lorsque celles-ci sont calculées sur l'assiette minimum de
800 SMIC.
Environ 200.000 exploitants agricoles acquittent la cotisation minimale
d'assurance maladie et bénéficient ainsi, pour une charge
mensuelle inférieure à 300 francs, de l'ensemble des prestations.
La conséquence est ainsi la suivante : des personnes
bénéficiant des mêmes revenus, l'une active, l'autre
inactive, seront soumises à des règles distinctes. L'exploitant
agricole devra s'acquitter de la cotisation minimale tandis que l'inactif ne
paiera pas de cotisations et bénéficiera néanmoins d'une
couverture complète, comprise dans " le panier de soins " pris
en charge par la CPAM ou la mutuelle.
Dans sa décision n°99-416 DC du 23 juillet 1999, le Conseil
constitutionnel a considéré qu'il n'y avait pas de remise en
cause du principe d'égalité :
" Considérant, par ailleurs, que le législateur s'est
fixé pour objectif, selon les termes de l'article L. 380-1
précité, d'offrir une couverture de base aux personnes n'ayant "
droit à aucun autre titre aux prestations en nature d'un régime
d'assurance maladie et maternité " ; que le principe
d'égalité ne saurait imposer au législateur, lorsqu'il
s'efforce, comme en l'espèce, de réduire les disparités de
traitement en matière de protection sociale, de remédier
concomitamment à l'ensemble des disparités existantes ; que la
différence de traitement dénoncée par les
requérants entre les nouveaux bénéficiaires de la
couverture maladie universelle et les personnes qui, déjà
assujetties à un régime d'assurance maladie, restent
obligées, à revenu équivalent, de verser des cotisations,
est inhérente aux modalités selon lesquelles s'est
progressivement développée l'assurance maladie en France ainsi
qu'à la diversité corrélative des régimes, que la
loi déférée ne remet pas en cause. "
De plus, à partir du 1er janvier 2000, date d'entrée en vigueur
de la loi portant création de la couverture maladie universelle, le lien
entre versement des cotisations et bénéfice des prestations en
nature des assurances maladie et maternité est rompu.
En conséquence, les dispositions du code rural liant le versement des
prestations au paiement des cotisations ont été
abrogées ; seule demeure la suspension du versement des prestations
en nature de l'assurance maladie,
" lorsqu'elle est le fait de la
mauvaise foi du bénéficiaire "
(art. 6,
paragraphe III, de la loi du 27 juillet 1999).
Les agriculteurs " déchus de droit " pourront être ainsi
réintégrés, lorsque leur bonne foi sera établie. Le
régime de protection sociale agricole comprendra alors les exploitants
s'étant toujours acquittés de leurs cotisations minimales et des
exploitants ne versant plus de telles cotisations depuis, parfois, un certain
nombre d'années.
A tout le moins, une réflexion sur l'avenir des cotisations minimales
devrait être engagée.
b) La question de la gestion des assurés
Les assurés de la couverture maladie universelle sont pris en charge, pour leur couverture de base, par les caisses primaires d'assurance maladie (CPAM). Néanmoins, pour des raisons de simplicité, le législateur a explicitement prévu que les personnes affiliées au régime de l'assurance personnelle au 1er janvier 2000 par l'intermédiaire des caisses de MSA, puissent rester dans ce régime.
L'article 19, paragraphe II, de la Loi no 99-641 du 27
juillet
1999
portant création d'une couverture maladie universelle
II. -
Les personnes relevant des dispositions de l'article L. 380-1 du code de la
sécurité sociale, affiliées au régime de
l'assurance personnelle à la date d'entrée en vigueur de la
présente loi, dont les prestations d'assurance maladie et
maternité sont servies par un organisme de protection sociale agricole
au titre de sa participation à la gestion de l'assurance personnelle,
continuent de bénéficier du service de ces prestations. Le
service de ces prestations, ainsi que le recouvrement de la cotisation
définie à l'article L. 380-2 du code de la sécurité
sociale si elle est due, sont assurés par cet organisme pour le compte
du régime général dans des conditions définies par
décret en Conseil d'Etat.
En revanche, les personnes qui bénéficieront de la couverture
maladie universelle à compter du 1er janvier 2000, et qui ne
bénéficiaient pas auparavant du régime de l'assurance
personnelle, seront affiliées aux caisses primaires d'assurance maladie.
La logique de cette répartition administrative n'apparaît pas
clairement.
En ce qui concerne la couverture du risque complémentaire, les caisses
de Mutualité sociale se retrouvent dans la même situation que les
caisses primaires d'assurance maladie. Elles sont tenues de prendre en charge
les personnes relevant de la CMU, à la différence des
institutions de prévoyance, des organismes mutualistes et des
sociétés d'assurance, qui peuvent décider de ne pas
prendre en compte ces assurés, moyennant le paiement d'une contribution.
Les caisses de MSA seront remboursées par le fonds de financement de la
protection complémentaire de la couverture universelle du risque
maladie, établissement public créé par l'article 27 de la
loi du 27 juillet 1999. Mais ce remboursement risque fort d'être
tardif ; en conséquence, la charge de trésorerie sur les
caisses de MSA risque d'être bien réelle.
Les décrets de mise en place de la CMU ne sont pas encore publiés
alors que la réforme doit entrer en vigueur au 1
er
janvier
2000, c'est-à-dire dans moins d'un mois.
De même que l'ensemble des acteurs de la CMU, les caisses de MSA sont
dans l'expectative.
II. LE PROJET DE BAPSA POUR 2000 : UNE NOUVELLE MESURE DE REVALORISATION DES PETITES RETRAITES AGRICOLES
Le budget annexe des prestations sociales agricoles (BAPSA) s'élève dans le projet de loi de finances pour 2000 -après amendement gouvernemental adopté par l'Assemblée nationale, majorant de 1,2 milliard de francs les crédits- à 89,181 milliards de francs , soit une quasi-stabilité par rapport à 1999. Le projet de loi de finances faisait apparaître une baisse i nitiale de 1,32 %.
A. DES DÉPENSES STABILISÉES MALGRÉ LA NOUVELLE MESURE DE REVALORISATION DES RETRAITES
Les dépenses du BAPSA s'établissent comme suit :
Les dépenses du BAPSA
(en millions de francs)
|
|
1999
|
2000 PLF révisé |
Evolution en % |
Titre IV |
Interventions publiques |
|
|
|
46-01 |
Assurance maladie (AMEXA) |
33.286 |
33.341 |
0,17 |
46-02 |
Invalidité |
453 |
418 |
- 7,73 |
46-03 |
Remplacement |
55 |
100 |
81,82 |
46-07 |
Contribution à la modernisation de l'assurance maladie |
100 |
100 |
0 |
46-04 |
Assurance veuvage |
12 |
12 |
0 |
46-05 |
Etalement et prise en charge des cotisations sociales |
100 |
90 |
- 10 |
46-92 |
Prestations familiales |
3.948 |
3.801 |
- 3,72 |
46-96 |
Assurance vieillesse (AVA) |
50.285 |
50.291 |
0,01 |
46-97 |
Etudiants et praticiens |
750 |
798 |
6,40 |
Titre I |
Intérêts |
173 |
230 |
35,29 |
Total général hors restitution de TVA |
89.162 |
89.181 |
+ 0,02 |
1. Les prestations d'assurance vieillesse restent stables malgré les mesures de revalorisation des retraites agricoles
Les
prestations d'assurance vieillesse représentent, avec un montant de
50,291
milliards de francs
, le principal poste de
dépenses. Elles augmentent très légèrement, compte
tenu de la mesure de revalorisation introduite à l'Assemblée
nationale.
L'évolution est différente selon les prestations contributives ou
non.
a) Les retraites contributives
Les
retraites proprement dites (retraites forfaitaires et retraites
proportionnelles, pensions de réversion) progressent de 1,9 % par
rapport à celles prévues dans le BAPSA de 1999, malgré la
légère diminution prévisible du nombre de retraités.
Trois mesures expliquent l'augmentation des dépenses d'assurance
vieillesse en 2000 :
1. L'application en année pleine de la mesure votée en
loi de finances initiale pour 1999
; cette mesure
inclut
également un dispositif d'harmonisation des carrières pour le
calcul de la majoration des pensions, au titre des périodes accomplies
en tant qu'aide familial. Environ 20.000 retraités seraient
concernés.
2. Une mesure significative de relèvement des retraites les plus
faibles introduite par le projet de loi.
Cette mesure entraînerait un
coût de 1,2 milliard de francs en 2000 (1,6 milliard de francs en
année pleine). Elle permettrait, pour les agriculteurs ayant
cotisé 150 trimestres dans le régime, d'augmenter de
manière importante le montant minimum mensuel perçu.
La mesure de revalorisation des retraites agricoles du BAPSA pour 2000
|
Augmentation mensuelle |
Montant minimum mensuel
|
Chefs d'exploitation |
200,00 |
3.200,00 |
Veufs et veuves |
200,00 |
3.000,00 |
Aides familiaux et/ou carrière mixte-seuls |
200,00 |
2.700,00 |
Aides familiaux et/ou carrière mixte-mariés |
200,00 |
2.400,00 |
Cette nouvelle mesure de revalorisation vient à la suite d'un effort continu depuis 1994.
La
revalorisation des petites retraites des non-salariés agricoles :
un
effort continu depuis 1994
La loi
du 18 janvier 1994 (décret d'application n° 94-714 du
18 août 1994)
a permis la prise en compte pour le calcul de la
retraite proportionnelle des chefs d'exploitation, de tout ou partie des
années pendant lesquelles ils ont été aides familiaux, ces
années donnant lieu à l'attribution de points de retraite
gratuits. Pour les exploitants déjà retraités avant 1994,
la carrière a été reconstituée fictivement ; pour
ceux retraités à compter de 1994, le nombre de points gratuits
est calculé en fonction de leur carrière réelle. Pour en
bénéficier, l'intéressé doit justifier d'un minimum
de 17,5 années de chef d'exploitation et de 32,5 années
de non-salarié agricole.
Le décret n° 95-289 du 15 mars 1995 portant
application de l'article 71 de la loi de modernisation agricole
a
rendu possible le cumul des droits propres et des droits dérivés
pour les veufs et les veuves. L'interdiction de cumul a été
levée par tiers sur trois ans de 1995 à 1997 : la retraite
personnelle peut ainsi être cumulée avec une pension de
réversion correspondant à 54 % de la retraite
proportionnelle du décédé et d'un tiers de la retraite
forfaitaire dudit décédé en 1995, des deux tiers en 1996,
et de la totalité à partir de 1997. Quant aux veufs et veuves
déjà titulaires d'une pension de réversion avant 1995 et
s'étant acquis des droits à une retraite personnelle, ils
bénéficient d'une majoration forfaitaire de 6.000 francs
mise en place par tiers sur trois ans de 1995 à 1997.
La loi de finances pour 1997
a instauré un ensemble de mesures
concernant les chefs d'exploitation, et les autres actifs, conjoints et aides
familiaux (
décret d'application n° 97-163 du
24 février 1997
). Une majoration forfaitaire de
1.000 francs en 1997 et de 1.500 francs à compter de 1998 a
été accordée aux conjoints, aides familiaux et chefs
d'exploitation ayant une carrière courte (moins de 17,5 ans),
à condition d'avoir liquidé leur retraite avant 1998 et de
justifier d'un minimum de 32,5 années de non-salarié
agricole.
Pour les chefs d'exploitation à carrière longue, retraités
avant 1997, des majorations de points ont été accordées
pour les bénéficiaires justifiant de retraite d'au moins
32,5 années d'activité non salariée agricole, dont au
moins 17,5 années en tant que chef d'exploitation. Pour les chefs
d'exploitation retraités depuis 1997, des majorations de points de
retraite ont été attribuées aux intéressés
justifiant de 37,5 années, tous régimes confondus et
17,5 années de chef ou assimilé.
La loi de finances pour 1998
a complété les dispositifs
précédents en relevant la retraite des conjoints, aides familiaux
et chefs d'exploitation ayant une carrière courte, à condition
d'avoir liquidé leur retraite avant 1998 et de justifier d'un minimum de
32,5 années de non-salarié agricole (
décret
d'application n° 98-125 du 3 mars 1998
). La majoration des
conjoints et aides familiaux est fixée à 5.100 francs par an.
La loi de finances pour 1999
a relevé le montant minimum des
retraites agricoles à 3.000 francs pour les chefs d'exploitation,
à 2.800 francs pour les veufs et veuves, à 2.500 francs pour les
aides seuls, à 2.200 francs pour les aides mariés.
La loi d'orientation agricole du 9 juillet 1999
intègre une
nouvelle mesure de revalorisation des avantages vieillesse servis aux
conjoints, aux aides familiaux et les chefs d'exploitation à
carrière courte. Une majoration gratuite de points de retraite
proportionnelle, permettant de prolonger l'effort consenti aux aides familiaux
retraités avant 1998 est accordée aux aides familiaux
retraités à compter du 1
er
janvier 1998 et
justifiant d'un minimum de 32,5 années d'activité non
salariée agricole et d'un maximum de 17,5 années de chef
d'exploitation.
3. L'application des dispositions figurant dans le projet de loi
d'orientation agricole.
Ces dispositions permettent l'attribution gratuite
de points de retraite proportionnelle aux conjoints et aides familiaux qui
prennent leur retraite à compter du 1
er
janvier 1998, ce
qui bénéficierait en 2000, à environ 32.000 nouveaux
retraités, pour un coût évalué à
131 millions de francs.
b) Les prestations non contributives
Ces
prestations sont remboursées au régime par le Fonds de
solidarité vieillesse (FSV) : chiffrées à 2,652
milliards de francs par la LFI 1999, elles s'établissent dans le PLF
2000 à 1,936 milliard de francs, soit une baisse importante de 27 %.
L'effet net des mesures de revalorisation est ainsi nettement inférieur
à l'effet brut : il est nécessaire de retrancher les
économies réalisées sur les dépenses de minimum
vieillesse.
Effort brut et effort net des mesures de revalorisation 1994 - 1999
|
1998 |
1999 |
2000 |
|||
|
BRUT |
NET |
BRUT |
NET |
BRUT |
NET |
Mesure petites retraites 1994 |
461 |
323 |
445 |
312 |
431 |
302 |
Mesures " veuves " loi de modernisation 1994 |
2.619 |
1.929 |
2.668 |
1.991 |
2.700 |
2.020 |
Loi de finances 1997 |
602 |
486 |
760 |
614 |
820 |
645 |
Loi de finances 1998 |
760 |
680 |
1.022 |
858 |
1.022 |
858 |
Loi de finances 1999 + art. 30 LOA |
|
|
1.331 |
1.119 |
1.778 |
1.358 |
TOTAL |
4.462 |
3.418 |
5.926 |
4.894 |
6.751 |
5.183 |
2. Les dépenses d'assurance maladie sont maîtrisées
Les
dépenses d'assurance maladie maternité et
invalidité
sont évaluées pour 2000, à
33,859 milliards de francs
, soit un montant quasiment identique
à celui inscrit en loi de finances pour 1999.
Cette faible évolution s'explique à la fois par une meilleure
maîtrise des dépenses dans le régime agricole que dans le
régime général, et par une baisse du nombre d'assujettis.
De plus, la contribution du BAPSA au déficit de l'assurance personnelle
(210 millions de francs en 1999) disparaît en 2000, en raison de
l'application de la loi portant création de la couverture maladie
universelle.
Dépenses maladie - maternité - invalidité du régime agricole
|
LFI 1999 |
LFI 2000 |
Evolution en % |
Total Soins de ville + établissements sanitaires hors DGH |
19.155 |
19.284 |
+ 0,67 |
DGH y compris régularisations |
13.464 |
13.590 |
+ 0,94 |
DOM |
457 |
467 |
+ 10,00 |
Assurance personnelle |
210 |
0 |
- 100,00 |
Pension d'invalidité |
453 |
418 |
- 7,73 |
Allocation de remplacement |
55 |
100 |
+ 81,82 |
TOTAL |
33.756 |
33.794 |
+ 0,11 |
DGH : Dotation Globale Hospitalière
L'augmentation de l'allocation de remplacement est liée à
l'article 33 de la loi d'orientation agricole qui prévoit que la prise
en charge est désormais totale.
En effet, seule une femme sur trois en agriculture sollicite le
bénéfice de l'allocation de remplacement en cas de
maternité. Cette situation, préoccupante en termes de
santé publique, est due notamment au surcoût restant à la
charge de l'exploitante. La suppression du ticket modérateur,
actuellement de 10 %, doit permettre un recours plus large à la
formule de remplacement, qui s'applique aussi bien pour les conjointes
participant aux travaux que pour celles qui ont le statut
d'associé ou de
co-exploitant.
3. Les dépenses de prestations familiales décroissent en raison de la baisse du nombre de bénéficiaires
Les
dépenses de prestations familiales, évaluées à
3,801 milliards de francs, continuent leur décroissance
(- 3,72 % par rapport à l'an dernier) en raison de la
poursuite de la baisse du nombre de bénéficiaires (entre - 2
et - 7 % selon les prestations).
Cette diminution des effectifs de bénéficiaires de prestations
familiales provient essentiellement :
- de la diminution de la population agricole ;
- du vieillissement de cette même population ;
- de l'augmentation du célibat dans le milieu agricole.
Effectifs de familles bénéficiaires de prestations familiales
Type de prestations |
1998 |
1999 |
2000 |
Evolution
|
Allocations familiales |
102.037
|
97.649 |
93.450 |
- 4,3 % |
Complément familial |
24.717 |
23.778 |
22.827 |
- 4,0 % |
Allocation soutien familial |
3.318 |
3.252 |
3.183 |
- 2,1 % |
Allocation d'éducation spéciale |
1.982 |
1.982 |
1.982 |
0 % |
Allocation aux adultes handicapés |
20.052 |
18.448 |
17.370 |
- 5,8 % |
Allocation de logement à caractère familial |
17.521 |
16.995 |
16.655 |
- 2,0 % |
Allocation parentale d'éducation |
7.659 |
7.238 |
6.832 |
- 5,6 % |
Allocation de rentrée scolaire
|
135.848 |
135.848 |
127.697 |
- 6,0 % |
AJE-APJE " longue " + " courte " |
15.578 |
14.565 |
13.604 |
- 6,6 % |
APL |
48.476 |
47.991 |
47.751 |
- 0,5 % |
Source : ministère de l'Agriculture
(*) en tenant compte de la mise sous condition de ressources des allocations
familiales
Enfin, des crédits de 90 millions de francs sont prévus pour
financer les étalements et les prises en charge partielles des
cotisations pour les exploitants en difficulté (110 millions en
1998 et 100 millions de francs en 1999). Cette enveloppe avait
été créée pour accompagner la réforme d
es cotisations,
lancée en 1990.
B. UNE CONTRIBUTION BUDGÉTAIRE EN FORTE RÉDUCTION
Le
financement du BAPSA peut se décomposer en quatre agrégats :
1- cotisations professionnelles ;
2- taxes affectées ;
3- ressources provenant de la sécurité sociale ;
4- contributions budgétaires.
Une présentation du BAPSA par agrégat permet d'apprécier
la structure très particulière de financement du régime.
Evolution relative de la structure de financement du BAPSA
Comptes agrégés |
Structure 1998 |
Structure 1999 |
Structure 2000 |
Cotisations professionnelles |
18,47% |
19,02% |
18,76 % |
Taxes |
29,64% |
30,94% |
32,20 % |
C3S |
0,00 % |
1,12 % |
1,12 % |
Sécurité sociale + FSV |
42,32 % |
42,74 % |
43,28 % |
Etat |
9,57 % |
6,13 % |
4,55 % |
Recettes diverses |
0,00% |
0,06% |
0,09 % |
Total |
100,00% |
100,00% |
100,00 % |
Sur la période récente, la bonne tenue des recettes provenant des taxes affectées, et une évolution du mécanisme de compensation démographique favorable au régime agricole permet à l'Etat de réduire de manière très sensible la subvention d'équilibre.
Evolution 2000/1999 des diverses sources de financement du BAPSA
Comptes agrégés |
1999 PLF |
2000 |
Evolution |
Cotisations professionnelles |
16.955 |
16.726 |
- 1,35 % |
Taxes |
27.586 |
28.719 |
4,11 % |
C3S |
1.000 |
1.000 |
0,00 % |
Sécurité sociale + FSV |
38.105 |
38.601 |
1,28 % |
Etat |
5.466 |
4.055 |
- 25,81 % |
Recettes diverses |
50 |
80 |
60,00 % |
Total |
89.162 |
89.181 |
+ 0,02 % |
1. Le recul des contributions professionnelles
A partir
de 1990, la réforme des cotisations sociales des non-salariés
agricoles a progressivement substitué l'assiette " revenu
professionnel " (sur les trois dernières années) à
l'assiette " revenu cadastral ". Cette réforme s'est
achevée en 1996. Les cotisations professionnelles sont, par
définition, davantage sensibles à l'évolution du revenu
agricole. La mise en place de la réforme a eu pour conséquence
une baisse du financement professionnel en 1994 et 1995, prenant en compte les
années défavorables (1991, 1992 et 1993). En conséquence,
elles augmentent à nouveau depuis 1996, le revenu agricole ayant
fortement progressé en 1994 et en 1995.
La nouvelle base 1995 de la comptabilité agricole a remplacé le
" revenu brut agricole " (RBA) par le " résultat
agricole ", qui correspond à la valeur ajoutée nette du
coût des facteurs, c'est-à-dire subventions incluses et
impôts liés à la production déduits. Les
" exploitations " ont été remplacées par les
" unités de travail totales " (UTAT). La différence
tient à une moindre baisse du nombre d'UTAT, et des résultats
agricoles moyens par UTAT moins élevés.
Evolution des principales composantes du revenu agricole
(en %)
|
1996/1995 |
1997/1996 |
1998/1997 |
Résultat agricole (valeur) |
- 0,9 |
+ 2,4 |
+ 1,3 |
Nombre d'unités de travail totales (UTAT) |
- 2,4 |
- 2,5 |
- 2,5 |
RA moyen par UTAT en valeur courante |
+ 1,5 |
+ 5,0 |
+ 3,9 |
Prix du PIB |
+ 1,4 |
+ 1,4 |
+ 0,9 |
RA moyen par UTAT en valeur réelle |
+ 0,1 |
+ 3,6 |
+ 3,0 |
Source : INSEE - comptes de l'agriculture
Il ne subsiste plus aucune taxe sur les produits agricoles ; le
démantèlement des taxes supportées par les producteurs de
betteraves, céréales et oléagineux est parallèle
à la réforme des cotisations.
Les contributions professionnelles sont ainsi constituées en
totalité par les cotisations professionnelles, la CSG et les droits sur
les alcools reversés et la cotisation de solidarité. Elles
devraient représenter 16,7 milliards de francs en 2000, soit plus
de 18 % des recettes du BAPSA. Cette baisse de 1,35 % est beaucoup plus
marquée pour la CSG maladie et les droits sur les alcools que pour les
cotisations professionnelles
stricto sensu
.
Les contributions professionnelles
(en millions de francs)
|
1999 PLF |
2000 PLF |
Evolution |
Cotisations professionnelles |
16.955 |
16.726 |
- 1,35 % |
dont compensation CSG |
4.428 |
4.239 |
- 4,27 % |
dont cotisations |
12.527 |
12.474 |
- 0,32 % |
Le sous-total des cotisations donne le tableau suivant :
Les cotisations professionnelles
(en millions de francs)
|
1999 PLF |
2000 PLF |
Evolution |
Cotisations |
12.527 |
12.474 |
- 0,32 % |
Cotisations prestations familiales |
2.071 |
2.060 |
- 0,53 % |
Cotisations AVI (art. 1123 a et 1003-8 code rural) |
1.666 |
1.627 |
- 2,34 % |
Cotisations AVA (art. 1123 b et 1003-8 code rural) |
4.283 |
4.361 |
1,82 % |
Cotisations AMEXA |
4.182 |
4.140 |
- 1,00 % |
Cotisations d'assurance veuvage |
47 |
49 |
4,26 % |
Cotisations d'assurance volontaire et personnelle |
1 |
1 |
0,00 % |
Cotisations acquittées dans les DOM |
13 |
13 |
0,00 % |
Cotisations de solidarité |
264 |
236 |
- 10,61 % |
Les
cotisations connaissent une variation inégale ; les cotisations AVA
(retraite proportionnelle) progressent de 1,82 %, par rapport à une base
qui avait été surestimée
(cf. ci-dessus)
.
Le BAPSA ne retrace pas l'ensemble de l'effort contributif des exploitants
agricoles :
1) Le BAPSA ne prend pas en compte les cotisations
complémentaires ;
Il convient de rappeler que le BAPSA ne retrace pas véritablement la
contribution des non-salariés agricoles au financement de leur
régime, puisqu'il ne prend pas en compte les cotisations dites
" complémentaires ", dues au titre de la gestion et de
l'action sanitaire et sociale des caisses de mutualité sociale agricole.
Ces cotisations complémentaires représenteraient un montant de
3,1 milliards de francs en 2000.
2) Le BAPSA prend en revanche en compte les cotisations de
solidarité, qui ne sont pas génératrices de droit.
Elles visent respectivement :
- les personnes affiliées à un autre régime mettant
en valeur une exploitation agricole comprise entre 2 ou 3 hectares et la
moitié de la surface minimale d'installation ;
- les associés non exploitants de sociétés
agricoles ;
- les travailleurs indépendants mettant par ailleurs en valeur,
à titre secondaire, une exploitation supérieure à la
moitié de la surface minimum d'installation (SMI).
Le projet de loi de finances pour 2000 évalue à 236 millions de
francs le rendement de ces cotisations de solidarité.
2. La progression des taxes affectées
Les
recettes de taxes, principalement celles de TVA, ont été
évaluées à 28,7 milliards de francs pour 2000, soit une
augmentation de 4,11 % (32,2 % des recettes).
La cotisation additionnelle à la taxe foncière sur le
non-bâti a été supprimée par la loi de finances pour
1999.
Le Gouvernement a présenté à l'Assemblée nationale
un amendement conduisant à une " réestimation " de 200
millions de francs de la TVA affectée au BAPSA. Cette TVA apparaît
désormais davantage conforme avec la prévision globale.
Il n'en demeure pas moins que cette " réestimation " est tout
à fait étonnante : comment peut-on expliquer que la
prévision de départ du BAPSA n'était pas conforme à
la prévision globale ?
Les taxes affectées au BAPSA
(en millions de francs)
|
1999 |
PLF 2000 |
Evolution |
Taxe sur les farines |
341 |
344 |
0,88% |
Taxe sur les tabacs |
479 |
483 |
0,89% |
Taxe sur les corps gras alimentaires |
659 |
665 |
0,91% |
Prélèvement sur le droit de consommation sur les alcools |
117 |
118 |
0,85% |
Cotisations assises sur les polices d'assurance automobile |
376 |
379 |
0,80% |
Cotisation incluse dans la taxe sur la valeur ajoutée |
30.799 |
32.241 |
4,03% |
Restitutions de TVA |
-5.185 |
- 5.511 |
6,29% |
TVA après restitution |
25.614 |
26.730 |
4,36% |
Total taxes |
27.586 |
28.719 |
4,11% |
3. L'évolution contrastée des transferts des organismes de sécurité sociale
Ces transferts comprennent à la fois la compensation démographique, la contribution de la CNAF et les versements du FSV et du FSI. Le FSV est un " organisme concourant au financement des régimes obligatoires de base de sécurité sociale " . Tous les régimes bénéficient ainsi du Fonds de solidarité vieillesse (FSV), qui prend en charge les avantages non contributifs. Le régime agricole est un bénéficiaire important du FSV en raison de la faiblesse des pensions d'assurance vieillesse.
Versements des organismes de sécurité sociale
(en millions de francs)
|
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Evolution |
Versements compensation |
34.001 |
35.302 |
3,83% |
Contribution CNAF |
1.400 |
1.318 |
- 5,86% |
Versements FSV |
2.704 |
1.981 |
- 26,74% |
Total |
38.105 |
38.601 |
1,28 % |
Les
transferts de compensation démographique
sont estimés
à 35,3 milliards de francs, en progression de 3,83 % par rapport
à la loi de finances pour 1999 (% des recettes).
Ces transferts se divisent entre compensation maladie (7 milliards de francs)
et compensation vieillesse (28 milliards de francs).
Compte tenu de l'intégration financière de la branche famille,
la CNAF verse au BAPSA une contribution couvrant la différence entre
les cotisations familiales des exploitants et les prestations familiales dont
ils bénéficient
(hors bourses et allocations aux adultes
handicapés). Le déclin rapide et continu de cette contribution
depuis 1995 s'explique donc tout à la fois par la bonne tenue des
cotisations, corrélées à l'évolution du revenu
agricole, et la diminution des prestations versées, du fait de la baisse
des effectifs de bénéficiaires.
Les remboursements du fonds de solidarité vieillesse
baissent
à un rythme très important (- 26,7 %).
Le financement des majorations pour enfants du régime agricole par le
FSV, qui représentent 2.167 millions de francs, n'est pas pris en compte
dans le budget annexe. Dans ces conditions, les 1.981 millions de francs
proposés pour 1999 correspondent essentiellement au financement du
minimum vieillesse pour les exploitants agricoles. La diminution très
importante des dépenses liées au minimum vieillesse rend compte
de l'effort entrepris depuis cinq ans pour revaloriser les retraites agricoles
: ces dépenses représentaient encore 4.402 millions de
francs en 1995.
La poursuite du recul des transferts du FSV s'explique également par le
renouvellement des générations de retraités agricoles, les
" jeunes " retraités ayant en principe acquis plus de points
de retraite que leurs aînés.
4. La diminution très sensible des contributions du budget général
Les évolutions des précédentes ressources expliquent le recul de la subvention du budget de l'Etat.
Etat |
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Evolution
|
Remboursement AAH |
456 |
422 |
- 7,46% |
Versements FSI |
107 |
96 |
- 10,28 % |
Subvention d'équilibre |
4.903 |
3.537 |
- 27,86% |
Total |
5.466 |
4.055 |
- 25,81% |
La subvention d'équilibre représente désormais 4 % des recettes du BAPSA.
C. UNE ARTICULATION DÉLICATE ENTRE LA LOI DE FINANCES ET LA LOI DE FINANCEMENT DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
1. Le Gouvernement recourt à l'affectation dérogatoire d'un milliard de francs de C3S pour financer une dépense pérenne
Selon
l'article 2 de la loi de financement de la sécurité sociale pour
1999, le BAPSA devait définitivement perdre une de ses recettes, la C3S.
En effet, la loi de financement de la sécurité sociale avait
prévu d'attribuer les excédents de C3S au FSV pour financer le
" fonds de réserve " des retraites. Le BAPSA devait disposer,
pour une dernière fois en 1999, de 1 milliard de francs, afin de
financer une mesure de revalorisation des retraites.
Votre commission s'était montrée favorable, à l'occasion
de la discussion du projet de loi de financement de la sécurité
sociale pour 1999, à une règle simple d'affectation des
excédents de C3S.
Certes, la C3S est acquittée par les sociétés agricoles,
à condition que le chiffre d'affaires dépasse 5 millions de
francs. Le montant acquitté par les sociétés agricoles est
évalué à 500 millions de francs. Il n'était donc
pas " illogique " que le régime des exploitants agricoles
bénéficiât de cette ressource.
Pour autant, votre commission ne s'était pas opposée à ce
que le BAPSA perde cette source de financement, qui s'était
avérée " virtuelle ", à l'exception du
précédent fâcheux des années 1992-1993. Le
régime des exploitants agricoles en avait alors profité, à
l'occasion d'un tour de passe-passe budgétaire consistant à
réduire le déficit budgétaire par un
" siphonnage "
3(
*
)
des réserves
de C3S en sa faveur .
Votre rapporteur expliquait toutefois, dans son avis au projet de loi de
finances pour 1999, que
" financer une mesure de revalorisation des
retraites (c'est-à-dire une dépense pérenne) par
l'affectation d'une ressource exceptionnelle n'est pas de bonne
gestion "
.
Or, par l'amendement adopté à l'Assemblée nationale
à l'initiative du Gouvernement, le BAPSA devrait
bénéficier, en 2000, d'un
nouveau versement au titre de la
contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S)
,
(cf. art. 28 bis du projet de loi de finances pour 2000).
Cet article, qui déroge à une règle établie par une
loi de financement de la sécurité sociale
, concernant une
recette
affectée aux organismes de sécurité sociale
(CANAM, ORGANIC, CANCAVA, FSV) n'a aucune raison d'être
présent en loi de finances. Il pénalisera de 1 milliard de francs
le FSV, qui perdrait déjà 5,6 milliards de francs de droits sur
les alcools, affecté au
" fonds de financement de la
réforme des cotisations patronales "
.
2. Les dispositions du projet de loi de financement de la sécurité sociale ne sont pas prises en compte par le BAPSA
a) Les dispositions du texte initial du projet de loi de financement de la sécurité sociale
Le BAPSA
2000 a été construit sans prendre en considération
l'incidence -il est vrai très modérée- des mesures du
projet de loi de financement :
- l'article 5 prévoit un nouveau mécanisme de répartition
de la CSG maladie et des droits sur les alcools : d'après les
informations communiquées par la Direction de la sécurité
sociale, le régime agricole bénéficierait de 62 millions
de francs supplémentaires ;
- les articles 7 et 11 accordent un " coup de pouce " aux prestations
familiales (+ 20 millions de francs pour le régime agricole) et aux
pensions de retraite (+ 90 millions de francs).
Par ailleurs, le Gouvernement a annoncé une revalorisation de 1 % du
minimum vieillesse, à l'occasion du vote à l'Assemblée
nationale de l'objectif de dépenses de l'article 27 (+ 20 millions de
francs pour le régime agricole).
En définitive, les dépenses du BAPSA seraient
sous-évaluées de 130 millions de francs, en dehors
même de la mesure de revalorisation.
S'agissant, pour les articles 5, 7 et 11 de dispositions connues dès le
22 septembre 1999, date de la conférence de presse de Mme Martine Aubry,
ministre de l'emploi et de la solidarité sur l'avant-projet de loi de
financement de la sécurité sociale pour 2000, il est
légitime de s'étonner que ces mesures n'aient pas
été prises en compte.
b) L'amendement au PLFSS relatif à l'exonération " jeunes agriculteurs "
Le
projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2000
comprend un article 4 bis, visant à majorer le taux d'exonération
de cotisations sociales dont bénéficient les jeunes agriculteurs.
Cet article 4 bis résulte d'un article additionnel adopté par
l'Assemblée nationale en première lecture, à l'initiative
de M. Jérôme Cahuzac, rapporteur pour avis de la commission des
Finances.
Il a été adopté sans modifications par le Sénat en
première lecture le 17 novembre 1999.
Les jeunes agriculteurs bénéficient depuis 1985 d'un
mécanisme d'exonération de cotisations sociales, dont
l'intérêt a été diminué par la substitution
CSG/cotisations maladie intervenue en 1998.
Exonération de cotisations jeunes agriculteurs
Depuis
1985, les jeunes agriculteurs bénéficient, sous certaines
conditions, d'exonérations partielles de cotisations sociales : 50
% pour la première année, 40 % pour la seconde et 20 % pour la
troisième.
Cette exonération ne peut pas, toutefois, dépasser un montant
maximum.
Les conditions sont :
- exercer une activité d'exploitant à titre principal ou
exclusif, et par conséquent bénéficier de l'AMEXA ;
- diriger une exploitation supérieure ou égale aux ¾ de
la SMI ou, si la superficie est inférieure, justifier d'une
décision d'attribution de la dotation aux jeunes agriculteurs ;
- être âgé de 21 ans au moins (sauf lorsque le jeune
agriculteur doit reprendre l'exploitation, du fait de la cessation
définitive de l'activité de l'un de ses deux parents, chef
d'exploitation, résultant du décès ou d'une
invalidité réduisant d'au moins 66,66 % sa capacité
d'exercice de la profession agricole) et de 35 ans au plus au moment de
l'affiliation, l'âge de 35 ans pouvant être reculé dans
certaines conditions.
L'exonération ne concerne ni la CSG ni la CRDS.
Le montant moyen de l'exonération a baissé de 2,5 % entre 1996 et
1997 et de 13,9 % entre 1998 et 1999.
Montant moyen de l'exonération
pour les jeunes
agriculteurs
(en francs)
1996 |
1997 |
1998 |
6.785 |
6.618 |
5.698 |
Source : d'après tableau CCMSA/statistiques
L'" avantage comparatif ", par rapport à un exploitant non
bénéficiaire de l'exonération, demeure moins important
qu'avant la substitution.
Le Sénat avait adopté, au cours de la discussion du projet de loi
de financement de la sécurité sociale pour 1998, un amendement
permettant de prendre en compte la situation des jeunes agriculteurs. Cet
amendement n'avait pas été retenu par l'Assemblée
nationale.
Le premier alinéa définit les conditions générales
de l'exonération de cotisations accordée aux jeunes agriculteurs,
en relevant notamment la limite d'âge de 35 à 40 ans, un
décret déterminant les dérogations pouvant être
apportées à ces limites d'âge.
Le second alinéa précise le taux d'exonération : 65 %
la première année (au lieu de 50 %), 55 % la seconde année
(au lieu de 40 %) et 35 % la troisième année (au lieu de 20 %).
Votre rapporteur souhaite rappeler qu'à l'occasion de la discussion de
la loi d'orientation agricole, M. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis,
avait proposé un amendement quasiment identique
4(
*
)
, adopté par le Sénat, sur avis
défavorable du Gouvernement. M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture
et de la pêche, indiquait ainsi
5(
*
)
:
" Une modification des taux relève du domaine
réglementaire et non du domaine de la loi. Enfin, le fait d'introduire
une telle modification dans la loi nécessiterait une nouvelle loi pour
modifier à nouveau ultérieurement les taux. Il ne me paraît
pas de bonne méthode de rigidifier ainsi le système ! ".
Cette disposition n'avait finalement pas été retenue dans le
texte définitif de la loi d'orientation agricole. On peut dès
lors s'interroger sur la méthode consistant à refuser une telle
disposition dans le cadre naturel que constituait la loi d'orientation
agricole, pour l'accepter ensuite lors de la discussion du projet de loi de
financement de la sécurité sociale pour 2000, moins de neuf mois
après.
Sur le fond, la baisse de 5,5 points de cotisations maladie, intervenue
à partir du 1
er
janvier 1998, en compensation de
l'augmentation de 4,1 points de CSG, a eu pour conséquence de
réduire l'avantage relatif dont bénéficient les jeunes
agriculteurs par rapport aux autres catégories d'exploitants. En effet,
la CSG ne fait pas l'objet d'exonérations.
La majoration des taux d'exonérations vise simplement à revenir
à la situation antérieure à 1998. Au moment où le
Gouvernement déclare vouloir favoriser l'installation des jeunes
agriculteurs, il apparaît utile de diminuer leurs charges sociales.
S'agissant d'un dispositif d'exonérations d'importance, il
apparaît logique que le législateur en détermine
lui-même les taux.
Le coût de cet amendement a été chiffré à 100
millions par Mme Martine Aubry, qui a demandé à
l'Assemblée nationale de modifier en conséquence les
prévisions de recettes par catégorie de l'article 6 du projet de
loi de financement de la sécurité sociale.
S'agissant d'un article adopté conforme par les deux Assemblées,
il peut apparaître logique que le Gouvernement procède à
une coordination, à l'occasion de l'examen du projet de loi de finances
par le Sénat, en diminuant les recettes de cotisations de 100 millions
de francs, et en augmentant à due concurrence la subvention
d'équilibre.
III. LES PERSPECTIVES DU RÉGIME DES EXPLOITANTS AGRICOLES : DEUX DÉFIS À RELEVER
A. LA QUESTION DES RETRAITES RESTE CENTRALE
1. Continuer l'effort de revalorisation des retraites agricoles sans remettre en cause l'équité
Le
montant minimal des retraites agricoles n'atteint pas encore le minimum
vieillesse.
Cette situation explique la volonté affichée depuis 1993 par les
gouvernements de relever le niveau minimum des retraites agricoles. Le
Gouvernement actuel a annoncé un " plan pluriannuel "
correspondant à la législature (1997-2002). Comme la loi
d'orientation agricole ne contenait initialement aucune disposition relative
à un échéancier de revalorisation des retraites agricoles,
un article prévoyant un rapport sur les retraites agricoles a finalement
été adopté.
Le
rapport sur les retraites agricoles prévu par la loi d'orientation
agricole
Article 3
" Le Gouvernement déposera, sur le bureau des
Assemblées, dans un délai de trois mois à compter de la
publication de la présente loi, un rapport décrivant,
catégorie par catégorie, l'évolution qu'il compte imprimer
aux retraites agricoles au cours de la période du 30 juin 1997 au 30
juin 2002. Un développement particulier sera consacré aux mesures
envisagées au cours de cette période, avec un effort plus
important à son début, pour revaloriser les plus faibles pensions.
" Il étudiera les possibilités juridiques et
financières de la création d'un régime de retraite
complémentaire obligatoire pour les non-salariés exerçant
les professions énumérées à l'article 1060 du code
rural, à l'exception des artisans ruraux.
" Ce rapport présentera les modalités de financement des
différentes mesures proposées."
M. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis, avait été à
l'origine de l'introduction du deuxième et du troisième
alinéas.
L'objectif d'amener les retraites les plus basses au minimum vieillesse, pour
les agriculteurs ayant cotisé 150 trimestres, apparaît un
impératif. Le montant minimal pour les chefs d'exploitation est
désormais de 3.200 francs, à comparer aux 3.540,41 francs
par mois du minimum vieillesse pour une personne seule.
Le coût de cet objectif serait de 2,5 milliards de francs (en sus de
la revalorisation prévue pour 2000). Il s'agit d'un coût brut,
puisque -par définition- les versements du FSV seraient fortement
réduits.
Cet objectif pourrait être atteint en 2002, si l'effort annuel
constaté depuis 1994 se poursuit au même rythme.
Au-delà, l'objectif généreux de parvenir à des
pensions égales à 75 % du SMIC pose des problèmes de
principe.
Tout d'abord, sur les 2,1 millions de bénéficiaires d'une pension
de retraite agricole au 1
er
janvier 1997, seules 622.000 personnes
avaient validé 150 trimestres ou plus en tant que
non-salariés agricoles (carrière complète) et 265.000 de
130 (32 années et demie) à 149 trimestres. Plus d'1,2 million de
personnes touchent ainsi une retraite du régime agricole, alors que,
soit elles n'ont que marginalement ou brièvement exercé une
activité agricole et perçoivent une pension d'un autre
régime (les " polypensionnés "), soit elles ont
travaillé toute leur vie et exclusivement dans l'agriculture, mais n'ont
commencé à cotiser que très tardivement : il en est
ainsi, aujourd'hui, des veuves et des conjointes les plus âgées.
Un polypensionné du régime agricole ne reçoit de ce
régime que 29 % du montant global de ses avantages vieillesse.
Améliorer la situation de l'ensemble des personnes ayant moins de
32,5 années de cotisations reviendrait à donner des
avantages indus aux polypensionnés.
Le " ciblage " de mesures favorables aux titulaires de très
faibles pensions de retraite agricole, et ne touchant pas d'autres avantages
vieillesse, est difficile à mettre en oeuvre.
L'objectif de pensions égales à 75 % du SMIC ne pourrait
ainsi s'appliquer qu'aux chefs d'exploitation ayant validé 150
trimestres. Mais cet objectif reviendrait à verser des pensions de
retraite nettement supérieures à celles de salariés ayant
cotisé sur un revenu équivalant au SMIC. Un nombre important de
retraités agricoles bénéficierait d'une retraite à
un montant supérieur à leurs revenus d'activité. De
manière générale, la détermination d'un minimum de
retraite fixé par rapport au SMIC soulève un problème qui
concerne l'ensemble des régimes sociaux.
Certes, en période de croissance économique, la mesure
proposée par le Gouvernement peut apparaître insuffisante. Mais le
Gouvernement se réfère à un plan pluriannuel de
revalorisation qui comprend encore deux étapes chiffrées à
1,6 milliard de francs chacune. Ce plan devrait permettre de porter, au 30
juin 2002, la pension des chefs d'exploitation et des veuves au minimum
vieillesse et la pension des aides familiaux et des conjoints au minimum
vieillesse des conjoints, soit 2.800 francs par mois
6(
*
)
.
Votre rapporteur est favorable à l'objectif de relever les retraites
agricoles les plus basses au montant du minimum vieillesse. Il constate que
l'objectif consistant à parvenir à 75 % du SMIC pose des
problèmes qui dépassent largement le cadre du seul régime
agricole.
2. Simplifier les règles de calcul des pensions de retraite
Votre
rapporteur se fait ici le relais des " acteurs " du
système : le régime de protection sociale agricole et les
assurés eux-mêmes. La MSA souligne, avec inquiétude, la
complexité croissante des règles. Revalorisations successives,
modifications régulières du mode de calcul font que le
système est devenu d'une complexité telle que les
bénéficiaires n'en perçoivent plus la logique.
Elle souhaite aujourd'hui que soit entamée une véritable
réflexion visant à simplifier l'ensemble pour davantage de
lisibilité.
Votre commission avait souhaité que cette démarche soit
intégrée dans le rapport sur les retraites déposé
par le Gouvernement. L'Assemblée nationale n'a malheureusement pas
retenu cet axe d'effort, qui était pourtant susceptible de faire
l'unanimité.
Votre rapporteur réaffirme l'urgence et l'importance de la
simplification ; la complexité des règles est coûteuse
sur le plan de la gestion administrative (formation des personnels ;
adaptation incessante des systèmes informatiques) et pénalisante
sur le plan humain : comment peut-on expliquer rationnellement à
tel ou tel assuré qu'il ne peut prétendre à une
revalorisation, en raison d'un départ en retraite avant la date d'en
trée en vigueur du dispositif ?
3. Instaurer un régime complémentaire obligatoire
A
l'occasion d'un colloque sur les retraites agricoles, organisé le
12 octobre 1998 à l'Assemblée nationale, Mme Jeannette Gros,
présidente de la Caisse centrale de la Mutualité sociale agricole
(CCMSA), s'est prononcée pour le principe d'un régime de retraite
complémentaire obligatoire.
Le congrès de la FNSEA a approuvé, le 18 mars 1999, le projet de
création d'un régime complémentaire obligatoire.
Le rapport démographique du régime (cotisants/retraités)
ne devrait guère se dégrader au cours des vingt prochaines
années (il devrait passer de 0,4 à 0,37), contrairement aux
rapports démographiques prévus dans le régime
général et les régimes spéciaux. En effet, le
nombre de retraités agricoles devrait diminuer dans les dix prochaines
années : pour le régime agricole, le choc
démographique a déjà eu lieu.
Evolution du nombre de retraités agricoles
|
1977 |
1987 |
1997 |
2007 |
en millions |
1,8 |
1,8 |
2,1 |
1,8 |
Le
rapport cotisants sur retraités ne se dégradera plus à
l'avenir, mais restera très déséquilibré pendant de
nombreuses années encore. Cette situation ne peut être
surmontée que grâce aux transferts au titre de la compensation
démographique. Les besoins de financement diminueront cependant au fur
et à mesure de la diminution du nombre de retraités, qui sera
divisé par deux d'ici 2040.
Cette période de stabilisation démographique semble favorable
à l'instauration d'un régime complémentaire obligatoire de
retraite par répartition.
Les différents régimes complémentaires
créés, chez les salariés comme chez les
non-salariés (CANCAVA et ORGANIC), reposent, en effet, sur le seul
effort des futurs bénéficiaires. S'il était
décidé d'en faire bénéficier les personnes
déjà retraitées, l'Etat pourrait contribuer à la
constitution du régime et à son financement,.
Des dispositions fiscales, dans le cadre d'une remise à plat de la
fiscalité agricole, seraient sans doute souhaitables. Par ailleurs, la
MSA pourrait dans les années à venir -par des efforts de gestion
soutenus- baisser les taux complémentaires.
Un régime de retraite complémentaire obligatoire par
répartition
n'est pas exclusif d'un effort individuel des
agriculteurs. Il faut toutefois préciser que la très grande
majorité des produits financiers présents sur le marché ne
semble pas correspondre à leurs besoins.
Les conclusions du rapport de M. Germinal Peiro sur les retraites sembleraient
aller dans le sens d'un régime de retrai
te
complémentaire obligatoire.
4. Assurer le financement à moyen terme du régime des exploitants agricoles
L'effort contributif des exploitants agricoles ne peut être augmenté. Le " ratio démographique " -c'est-à-dire le rapport cotisants actifs/bénéficiaires (retraités titulaires de droits propres de plus de 65 ans)- s'est dégradé de manière impressionnante depuis une vingtaine d'années :
Années |
1980 |
1985 |
1990 |
1995 |
1997 |
1998 |
1999 |
Ratio démographique |
1,24 |
1,05 |
0,73 |
0,48 |
0,44 |
0,41 |
0,40 |
D'autres ressources du BAPSA connaîtront une évolution négative. La compensation démographique sera ainsi affectée par la dégradation de la situation des régimes de retraite. Or, le BAPSA est le seul régime à bénéficier de la compensation généralisée du risque maladie (7,8 milliards de francs prévus au titre de l'année 2000). Il reçoit en outre 52,9 % des transferts issus de la compensation généralisée vieillesse.
Prévisions de transferts de compensation généralisée du risque vieillesse en 2000
|
Montant en millions de francs |
Régimes qui reçoivent |
Montant en millions de francs |
Régime général |
23.932,9 |
BAPSA |
27.381,2 |
Fonctionnaires |
12.666,2 |
Salariés agricoles |
13.984,7 |
CNRACL |
10.574,2 |
ORGANIC |
4.812,6 |
CNAVPL |
2.766,6 |
CANCAVA |
1.899,1 |
Autres régimes |
1.861,3 |
Autres régimes |
3.723,5 |
Total |
51.801,1 |
Total |
51.801,1 |
Source : d'après Commission des comptes de la
sécurité sociale, septembre 1999, p. 57.
L'évolution démographique conduit à une baisse
structurelle des dépenses. Dans les prochaines années, si la
bonne conjoncture économique se maintient, l'évolution
mécanique des taxes affectées peut suffire à assurer le
financement du BAPSA. Il n'en demeure pas moins que ce dernier sera
confronté à la perte de la cotisation sur les polices d'assurance
automobile (379 millions de francs) en 2001.
La subvention d'équilibre pourra être amenée à jouer
de nouveau un rôle important.
B. LA MUTUALITÉ SOCIALE AGRICOLE POURSUIT SA MODERNISATION
1. La convention d'objectifs et de gestion 1999-2001 représente un nouvel élan
La loi
d'orientation agricole comporte un titre particulier, le titre III,
consacré au fonctionnement des organismes de Mutualité sociale
agricole. Ce titre ne comprend pas moins de onze articles
7(
*
)
, dispositions certes techniques, mais permettant un
meilleur fonctionnement des caisses de MSA.
L'article 49 de la loi d'orientation agricole a modernisé le statut des
caisses de MSA, en prévoyant que les caisses sont constituées et
fonctionnent conformément aux prescriptions du Code de la
mutualité, sous réserve des dispositions du Code rural et du Code
de la sécurité sociale.
Le redressement de la Caisse centrale apparaît en bonne voie. Son retour
à l'équilibre financier en 2000 est possible. Son déficit
est de - 16,3 millions de francs en 1998 et - 8,8 millions
de francs en 1999. Cet effort important devra être poursuivi dans les
années qui viennent.
Un rapport annuel d'exécution de la convention d'objectifs et de gestion
a été transmis au ministre de l'agriculture le 14 septembre 1998.
L'adoption d'un nouveau règlement intérieur a permis au Conseil
d'administration de retrouver la plénitude de ses pouvoirs.
L'Etat et la CCMSA ont conclu, le 23 décembre 1998, une nouvelle
convention d'objectifs et de gestion pour la période 1999/2001. Un
projet avait été présenté de manière
très détaillée aux représentants des caisses de
MSA, aux différents partenaires (organisations professionnelles
agricoles, organismes de protection sociale) à l'occasion de
l'Assemblée générale de la CCMSA du 4 novembre 1998,
réunissant présidents, administrateurs et
délégués élus de toute la France (près de
450 participants).
Cette nouvelle convention d'objectifs et de gestion vise à assurer une
meilleure couverture sociale des ressortissants, à garantir les
conditions favorables à leur santé, à développer
l'action sanitaire et sociale, à améliorer le recouvrement des
cotisations et, dans le cadre d'une ouverture internationale, à partager
les expériences et le savoir-faire.
Elle vise également une meilleure efficacité du service aux
ressortissants du régime agricole avec un engagement de qualité
vis-à-vis d'eux tout en mobilisant les compétences internes et en
modernisant la gestion des caisses de MSA.
La déclinaison en contrats d'objectifs, conclus entre la CCMSA et
chacune des caisses départementales, prévue avant le
31 juillet 1999, connaît un certain retard. Sur 77 contrats qui
doivent être signés, 65 ont été remis, à la
mi-novembre, à la caisse centrale.
L'ensemble de ces 77 contrats devraient être signés d'ici la fin
de l'année.
Une évaluation de la mise en oeuvre de la convention d'objectifs et de
gestion a déjà été effectuée le 16 novembre
1999. Le comité d'évaluation établira un premier rapport
à l'automne 2000, suivi d'un second en juillet 2001.
Votre rapporteur souhaite insister sur deux points.
Premièrement, il est nécessaire que les caisses de
Mutualité sociale agricole participent à l'effort
d'accélération de la remise des comptes sociaux. Les comptes des
caisses de l'année n ne sont aujourd'hui centralisés par la
Caisse centrale qu'au mois de juillet de l'année n+1.
Deuxièmement, il est regrettable que le chantier de la
comptabilité analytique, qui devait être introduite dans les
caisses il y a déjà deux ans, ait connu un retard si important.
Les caisses ne devraient, en effet, passer à cette comptabilité
qu'à partir du 1
er
janvier 2000.
2. Les dépenses de gestion sont maîtrisées
Ces dépenses comprennent les charges administratives, les dépenses d'action sanitaire et sociale et les frais de contrôle médical.
Charges de gestion des caisses de MSA hors compensation et hors charges exceptionnelles
Années |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Charges |
7.349,4 |
7.260,4 |
7.433,0 |
7.626,6 |
7.773,13 |
Prestations |
133.076 |
136.271 |
137.219 |
139.407 |
144.818 |
Ratio charges/prestations |
5,5 % |
5,3 % |
5,4 % |
5,5 % |
5,3 % |
a) L'accord sur les 35 heures
Un
accord cadre sur la réduction du temps de travail a été
conclu le 15 décembre 1998. Il s'applique à l'ensemble des
caisses départementales et pluridépartementales de MSA ainsi
qu'à la CCMSA.
La MSA a été ainsi le seul régime de protection sociale
à conclure un accord 35 heures.
L'accord a été décliné en 77 accords locaux, dont
60 conclus dans le cadre du volet offensif de la loi du 13 juin 1998, 11 dans
le cadre du volet défensif de la loi, 1 dans le cadre des deux
volets offensif et défensif et 5 dans un cadre neutre,
c'est-à-dire sans recourir aux aides de l'Etat. La signature de ces
accords locaux doit permettre le maintien de 107 emplois et l'embauche de 794
personnes.
Il s'inscrit dans une hypothèse de forte modération
salariale : il prévoit notamment la suspension des augmentations
générales de salaires jusqu'au 31 décembre 2001 et le gel
de la prime d'ancienneté au niveau du 1
er
juillet 1999.
L'impact financier global devrait être en 1999 de l'ordre de
14,5 millions de francs.
Ce montant n'est pas disproportionné par rapport à d'autres
dépenses de gestion ; par exemple, le coût global du passage
à l'euro dans les caisses de MSA a été chiffré
à 4,9 millions de francs pour 1997, 1998 et 1999. La correction du bogue
de l'an 2000 à 40,1 millions de francs.
En revanche, l'effort de réduction des effectifs des caisses a
été stoppé.
Effectifs des caisses de MSA
Années |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Effectifs |
17.510 |
17.273 |
17.073 |
17.135 |
Le ratio effectifs des caisses/assurés est comparable au régime général.
b) La politique de regroupement des caisses
Les caisses de mutualité sociale agricole ont entamé, sans qu'il y ait de disposition législative l'imposant, une politique de regroupement des caisses.
Années |
1994 |
1995 |
1998 |
2000 |
Nombre de caisses |
85 |
82 |
81 |
78 |
Regroupements |
|
Aveyron-Tarn ;
|
Meurthe et Moselle -Vosges |
Bas-Rhin
- Haut-Rhin
|
Cette
politique ne donne pas nécessairement de meilleurs résultats de
gestion. La convention d'objectifs et de gestion prévoit que des
études préalables seront désormais faites avant des
opérations de fusion, et que des bilans réguliers sur les gains
obtenus seront effectués.
Par ailleurs, rien n'empêche les caisses de subsister, mais
d'opérer des mises en commun de moyens de fonctionnement :
équipes de direction, services techniques, contrôle
médical, etc.
Depuis l'article 48 de la loi d'orientation agricole n° 99-574 du
9 juillet 1999, les regroupements de caisses doivent avoir lieu dans le
cadre de la région administrative, sauf dérogation
accordée par le ministre de l'agriculture. Cette disposition a
été justifiée par l'importance du cadre régional
dans la politique d'assurance maladie : unions régionales des
caisses d'assurance maladie, agences régionales d'hospitalisation.
3. Le régime demeure proche de ses assurés
Le 27
octobre dernier, 3.500.000 personnes étaient appelées à
élire plus de 80.000 délégués qui les
représenteront jusqu'en 2004 auprès de la Mutualité
sociale agricole.
Le régime MSA reste, contrairement au régime
général, un régime de protection sociale élu par
ses assurés.
Le taux global de participation pour les trois collèges a
été de 33,4 % (35,5 % si l'on ne tient pas compte des
circonscriptions dans lesquelles aucun candidat ne se présentait).
Cette participation s'établirait pour le premier collège, celui
des exploitants non-employeurs de main-d'oeuvre, à 40 % ; pour le
deuxième collège, celui des salariés de l'agriculture,
à 25 % ; pour le troisième collège, celui des
exploitants employeurs de main-d'oeuvre, à 34 %.
La participation s'élève à un taux proche de celui
enregistré lors du précédent scrutin en 1994 (38 %).
Le processus électoral va désormais suivre son cours, selon le
principe pyramidal de la MSA, l'élection ayant lieu de la commune
(103.000 délégués) au sommet (25 membres du conseil
d'administration).
Les délégués communaux des premier et troisième
collèges sont en train de désigner les
délégués cantonaux qui formeront, avec les
délégués du deuxième collège, les
assemblées générales des caisses départementales ou
pluridépartementales de MSA. Cette assemblée
générale désignera ensuite les membres des conseils
d'administration avant la fin de l'année 1999 (plus de 2.000 membres).
Ce processus électoral trouvera son aboutissement le 4 février
2000 avec l'élection du Conseil d'administration central et du
Président national (25 membres).
4. La Mutualité sociale agricole mène une politique de santé innovante
La MSA
avait montré l'an dernier, en proposant les deux premiers réseaux
de soins expérimentaux
8(
*
)
agréés par la commission Soubie, qu'elle utilisait avec dynamisme
les possibilités ouvertes par l'ordonnance du 24 avril 1996 relative
à la maîtrise des dépenses de soins.
Le ministère de l'emploi et de la solidarité a donné enfin
son accord à l'action expérimentale de Groupama et de la MSA
" Groupes partenaires santé "
9(
*
)
, qui vise la maîtrise des dépenses de
santé dans certains cantons des départements de l'Allier, des
Côtes-d'Armor et des Pyrénées-Atlantiques, sur dix-huit
mois. Il s'agit d'un partenariat entre les médecins
généralistes, les patients relevant du régime agricole, la
MSA et la complémentaire santé Groupama. Les assurés
bénéficient de l'avance globale des frais, tandis que les
médecins travaillent en réseau pour établir des
diagnostics et les réponses médicales les plus efficaces.
Il aura fallu plus de deux ans pour que ce projet aboutisse.
Votre commission ne peut que se féliciter de ce dynamisme,
contrastant avec l'inertie du Gouvernement en la matière,
dénoncée par notre excellent collègue M. Charles
Descours à l'occasion de son rapport sur le projet de loi de financement
de la sécurité sociale en 1999
10(
*
)
, alors que l'ordonnance du 24 avril 1996 vise
à expérimenter de nouveaux modes d'exercice de la médecine
libérale, à la fois pour améliorer les soins et en
diminuer les coûts.
*
* *
Sous le bénéfice de ces observations, votre commission des Affaires sociales a émis un avis favorable à l'adoption du projet de BAPSA pour 2000.
ANNEXE
-
L'ACTION EXPÉRIMENTALE GROUPAMA-MSA
" PARTENAIRES SANTÉ "
Arrêtés du 30 septembre 1999 portant agrément d'une action expérimentale en application de l'article L. 162-31-1 du code de la sécurité sociale paru au Journal officiel du J.O. numéro 232 du 6 octobre 1999, p. 14791
La
ministre de l'emploi et de la solidarité et la secrétaire d'Etat
à la santé et à l'action sociale,
Vu le code de la sécurité sociale, notamment les articles L.
162-5, L. 162-31-1, R. 114-1 et R. 162-50-1 à R. 162-50-12 ;
Vu la saisine du conseil d'orientation des filières et réseaux de
soins par la Caisse centrale des assurances mutuelles agricoles du 18 septembre
1997 ;
Vu l'avis de la Caisse centrale de la mutualité sociale agricole du 12
mars 1998 ;
Vu l'avis du conseil d'orientation des filières et réseaux de
soins expérimentaux du 17 mars 1998 ;
Vu l'avis du comité interministériel de coordination en
matière de sécurité sociale du 20 juillet 1999,
Arrêtent :
Art. 1er
. - L'action expérimentale intitulée " GROUPAMA
Partenaires-Santé " et promue par la Caisse centrale des assurances
mutuelles agricoles, ci-après appelée " le promoteur ", avec la
Caisse centrale de mutualité sociale agricole, est agréée,
en application de l'article L. 162-31-1 susvisé, dans les conditions
fixées aux articles suivants et, en tant que de besoin, selon les
dispositions annexées au présent arrêté.
Art. 2.
- L'action expérimentale susmentionnée consiste
à engager, au plan local, une démarche collective visant à
associer, outre le promoteur et la mutualité sociale agricole, des
médecins généralistes conventionnés et des
assurés ou ayants droit volontaires, pour améliorer
l'efficacité du système de soins ambulatoires. Le dispositif vise
à promouvoir la qualité du service médical rendu, incluant
la prévention, par la mise en oeuvre de groupes de progrès. Il
comporte des droits et des obligations pour les médecins
généralistes et les assurés, définis dans le
présent arrêté et précisés, en tant que de
besoin, dans les documents figurant en annexes.
Art. 3.
- La gestion de l'action expérimentale sur chacun des
sites est assurée par une association à but non lucratif
régie par la loi du 1er juillet 1901, dénommée
" Association GROUPAMA Partenaires-Santé ".
Cette association est constituée pour la durée de l'action
expérimentale. Elle comprend des représentants des
médecins généralistes et les personnes couvertes en
assurance complémentaire maladie par le promoteur et affiliées
pour l'assurance maladie obligatoire auprès de la mutualité
sociale agricole. Les membres de l'association sont volontaires pour participer
à l'action expérimentale.
Art. 4.
- L'action expérimentale s'appuie sur les documents
suivants figurant en annexe :
1° Une convention type de gestion, à laquelle devront se conformer
sur chaque site mentionné à l'article 6 les conventions
passées entre la caisse régionale d'assurances mutuelles
agricoles et la caisse de mutualité sociale agricole compétentes
sur lesdits sites;
2° Une charte des médecins généralistes,
établissant les engagements de l'ensemble des parties,
dénommée " charte GROUPAMA-Partenaires-Santé " ;
3° Un acte d'adhésion des assurés ;
4° Un acte d'adhésion des professionnels.
Art. 5.
- Les droits et obligations des parties à
l'expérimentation sont définis dans les articles ci-après
ainsi que dans les documents contractuels annexés au présent
arrêté.
Art. 6.
- Le projet est proposé à l'ensemble des
assurés sociaux et ayants droit, ressortissants des régimes
d'assurance maladie des salariés et des non-salariés agricoles,
des départements de l'Allier, des Côtes-d'Armor et des
Pyrénées-Atlantiques, assurés par le promoteur pour leur
assurance maladie complémentaire et résidant dans les cantons
suivants :
Allier : cantons de Bourbon-l'Archambault, Cerilly, Chantelle, Ebreuil,
Hérisson, Jaligny-sur-Besbre, Lapalisse, Le Donjon, Le
Mayet-de-Montagne, Le Montet, Lurcy-Levis, Montmarault ;
Côtes-d'Armor : cantons de Broons, Collinée, Jugnon-les-Lacs, La
Chèze, Lamballe, Loudéac, Matignon, Merdrignac, Moncontour,
Pleuneuf-Val-André, Plouguenast ;
Pyrénées-Atlantiques : cantons de Bidache, Espelette, Hasparren,
Iholdy, Labastide-Clairence, Mauléon, Navarrenx, Orthez,
Saint-Etienne-de-Baïgorry, Saint-Jean-Pied-de-Port, Saint-Palais,
Salies-de-Béarn, Sauveterre-de-Béarn, Tardets.
Art. 7.
- L'agrément du présent projet est accordé
pour une durée de dix-huit mois à compter du 1er janvier 2000. Il
peut être retiré à tout moment dans les conditions
mentionnées à l'article R. 162-50-7 du code de la
sécurité sociale. Il peut être prorogé, à la
demande du promoteur, dans les conditions mentionnées au deuxième
alinéa de l'article R. 162-50-5 du même code.
Art. 8.
- Pour la mise en oeuvre de l'action expérimentale, il
est dérogé :
- au paiement direct mentionné à l'article L. 162-2 du code de la
sécurité sociale pour permettre la mise en oeuvre de la dispense
d'avance des frais mentionnée à l'article 10, celle-ci
correspondant à la fois à la part remboursable par la
mutualité sociale agricole et à la part prise en charge par le
promoteur en application du contrat d'assurance maladie complémentaire
souscrit par l'intéressé ;
- à la rémunération des médecins telle que
définie dans les conventions médicales, en application de
l'article L. 162-5 du code de la sécurité sociale, dans les
conditions définies à l'article 13.
Art. 9.
- L'action expérimentale susmentionnée est
proposée à tout assuré pour lui-même ou ses ayants
droit. Elle est mise en oeuvre sur la base du consentement individuel,
exprès et écrit de l'assuré et, le cas
échéant, de l'ayant droit ou de son représentant
légal. Lorsque l'ayant droit est âgé de seize ans dans
l'année au cours de laquelle sa participation est sollicitée, il
est réputé apte à formuler lui-même son consentement.
La signature de l'acte d'adhésion par le bénéficiaire vaut
expression de son consentement et adhésion à l'association de
gestion de l'action expérimentale.
Le consentement est donné pendant la période couverte par le
présent arrêté ; il est révocable à tout
moment par simple lettre adressée à l'association gestionnaire,
assortie des raisons pour lesquelles l'intéressé souhaite mettre
un terme à sa participation. L'intéressé ne
bénéficie alors plus des contreparties et avantages
résultant du dispositif.
Art. 10.
- En participant à la présente action
expérimentale, le bénéficiaire :
- est dispensé de l'avance des frais d'honoraires (consultations et
visites) du médecin généraliste qu'il a
désigné ou, le cas échéant, de son
remplaçant lorsque celui-ci, dans les conditions fixées à
l'article 11, adhère lui-même à l'action
expérimentale ;
- fait l'objet d'un suivi régulier et de conseils personnalisés,
dans le cadre d'une démarche de promotion de la santé ainsi que
d'actions de prévention mises en oeuvre par l'association GROUPAMA
Partenaires-Santé ;
- est destinataire d'une information régulière sur le
déroulement de l'action expérimentale.
Art. 11.
- En contrepartie des avantages fournis, le
bénéficiaire s'engage à :
- désigner, au moment de la signature de l'acte d'adhésion
susmentionné, le médecin généraliste participant
à l'expérimentation, qu'il aura choisi comme son médecin
généraliste régulier ;
- faire appel à ce médecin ou, en cas d'indisponibilité,
à un autre médecin membre de l'association GROUPAMA
Partenaires-Santé ;
- faire connaître, dans le cadre de l'évaluation de
l'expérimentation, son appréciation du service rendu, notamment
dans le cadre d'une enquête de satisfaction annuelle.
Art. 12.
- La participation à l'association GROUPAMA
Partenaires-Santé est proposée à tout médecin
généraliste conventionné volontaire souscrivant aux
objectifs du projet mentionnés à l'article 2 ci-dessus et
s'engageant à respecter la charte GROUPAMA Partenaires-Santé.
Elle est révocable à tout moment soit à l'initiative du
médecin, soit à l'initiative de l'association GROUPAMA
Partenaires-Santé dans des conditions précisées dans la
charte.
Art. 13.
- Le médecin généraliste adhérant
à l'association GROUPAMA Partenaires-Santé reçoit du
promoteur, pour la durée de l'action expérimentale, une
rémunération composée d'un montant fixe de 5 175 F. Cette
rémunération s'ajoute aux tarifs conventionnels perçus par
le médecin au titre de ses actes et consultations dans le cadre de la
réglementation en vigueur. Les modalités de versement de cette
rémunération spécifique sont fixées dans la charte
GROUPAMA Partenaires-Santé.
Art. 14.
- En contrepartie, le médecin généraliste
adhérent se conforme aux dispositions de la charte GROUPAMA
Partenaires-Santé, et notamment à :
- la participation active à des " groupes de progrès " visant
à établir, en cohérence avec les
référentiels nationaux, des principes communs de bonne pratique
préventive, diagnostique et thérapeutique, et plus
généralement à entretenir et perfectionner leurs
connaissances médicales ;
- la mise en pratique des protocoles ou des règles de bonne pratique
adoptées dans le cadre de ces groupes ;
- l'instauration d'un suivi global de l'état de santé des
bénéficiaires auxquels ils proposent les actions de
prévention préconisées par l'association GROUPAMA
Partenaires-Santé et la tenue à jour des instruments de suivi
médical du patient ;
- la participation active au processus d'évaluation, notamment au
recueil d'informations nécessaires.
Art. 15.
- Le promoteur s'engage à développer les
échanges d'informations électroniques entre les professionnels de
santé participant à l'action expérimentale et à
prendre toute mesure à cet effet, notamment pour assurer la
sécurité des informations transmises.
Art. 16.
- Le promoteur assure, en liaison avec la mutualité
sociale agricole, le pilotage de l'action expérimentale, son
organisation, le financement lui incombant, son suivi
médico-économique pendant la durée pour laquelle
l'agrément est accordé ainsi qu'une évaluation globale au
terme de l'expérimentation.
Art. 17.
- L'évaluation porte notamment sur la pertinence
médicale et économique de l'action expérimentale pour le
promoteur et la mutualité sociale agricole. Elle rend compte de
l'appréciation portée sur cette action par chaque partie
associée (régime de base, médecins,
bénéficiaires).
L'évaluation s'attache aux incidences éventuelles sur
l'activité des établissements de santé situés dans
la zone d'expérimentation.
Le promoteur adresse au conseil d'orientation des filières et
réseaux de soins expérimentaux et à la Caisse centrale de
mutualité sociale agricole le cahier des charges qui constituera le
cadre de l'évaluation et, avant le 1er septembre de chaque année,
un rapport d'étape de l'action en cours d'expérimentation.
Art. 18.
- Le directeur de la sécurité sociale, le
directeur général de la santé et le directeur des
hôpitaux sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de
l'exécution du présent arrêté, qui sera
publié au Journal officiel de la République
française.
1
Pour les salariés, la CSG porte
sur 95
% de l'assiette salariale.
2
Rapport n° 151 (1998-1999) de M. Dominique Leclerc.
3
Ce terme étant celui utilisé en 1992-1993 par le
secrétaire général de la Commission des comptes de la
sécurité sociale, qui était alors M. Jean Marmot.
4
Notre excellent collègue M. Leclerc n'était pas
aussi généreux que M. Cahuzac, car il ne prévoyait pas de
relever l'âge pour bénéficier de cette exonération.
5
JO Débats Sénat, séance du 27 janvier 1999.
6
Selon les déclarations de M. Jean Glavany, ministre de
l'agriculture et de la pêche, devant le Congrès national de la
fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles
(FNSEA) le 18 mars 1999.
7
Dont quatre ont été adoptés à
l'initiative de votre commission.
8
Dispositif expérimental de prévention et de soins
dentaires : " prophylaxie et soins dentaires chez l'enfant " et
réseau de soins gérontologiques.
9
Cf annexe.
10
Rapport n° 58 (1998-1999), tome I, p. 172.