III. LES NOUVEAUX BESOINS DE LA PROFESSIONNALISATION

La professionnalisation est une évolution majeure de nos forces. Elle organise la réduction des effectifs et la disparition des appelés. Ceux-ci doivent être partiellement remplacés dans les emplois qu'ils occupaient par des professionnels militaires et civils, selon les postes.

La Marine, dans ses choix, doit largement tenir compte du type de postes des appelés : très qualifiés, peu qualifiés, soutien des forces sans spécificités militaires. Elle doit aussi prendre en considération le fait que les appelés occupaient ces postes pour une durée brève. Ils avaient l'avantage d'apporter leur jeunesse et leur compétence aux unités dans lesquelles ils servaient, sans concurrencer dans l'avancement les militaires de carrière et engagés. Ce sont tous ces aspects qui ont conduit la Marine à développer de nouvelles formules d'engagement ou de participation à la Marine et à recruter un nombre important de civils.

A. DES FORMES RENOUVELÉES D'ENGAGEMENT DANS LA MARINE

On peut noter trois formes particulières d'engagement à servir, qui sont apparues ou ont été transformées du fait de la professionnalisation : le volontariat, les engagements contrats courts et la réserve nouvelle formule.

1. Le volontariat

La loi n° 97-1019 du 28 octobre 1997 portant réforme du service national a autorisé les jeunes Français, sans distinction de sexe , à servir dans les armées avec la qualité de volontaire. Un des objectifs importants de cette réforme est de renforcer le lien armées-nation, en facilitant la participation de jeunes citoyens à la défense. Les volontaires devront soit avoir effectué leur service national, soit avoir suivi la journée d'appel de préparation à la défense.

Leur recrutement a débuté en 1999 dans la Marine. Elle a accueilli 140 volontaires. En 2000, ce seront 299 volontaires supplémentaires qui seront recrutés. Leur nombre augmentera jusqu'en 2002 où il atteindra 1 775 . Ces jeunes participeront à toutes les missions de leurs unités et seront des militaires à part entière.

Ce volontariat s'adresse aux jeunes de 18 à 26 ans qui satisfont aux conditions d'aptitude exigées pour remplir des emplois militaires.

La durée de leur contrat est d'un an renouvelable jusqu'à quatre fois, soit cinq années maximum de volontariat. Ils n'ont normalement qu'une seule affectation sauf mutation dans l'intérêt du service. La solde et les avantages en nature atteignent un montant équivalant au SMIC et peuvent être complétés par les primes afférentes aux emplois tenus, comme tous les autres militaires.

Les volontaires occuperont dans la Marine des emplois principalement situés dans les forces. Cela permet d'accroître l'intérêt des emplois de volontaire en les affectant dans des postes similaires à ceux des personnels d'active et cela permet également de compléter les effectifs engagés pour assurer la professionnalisation des forces. Une formation initiale de quatre semaines est prévue. Le bataillon de marins-pompiers de Marseille recrutera aussi des volontaires.

La Marine a évalué le besoin en volontaires outre-mer à environ 400 postes, dont un peu plus d'un tiers devraient être recrutés localement. Par ailleurs, 800 postes embarqués sont prévus sur les SNLE, les frégates de surveillance les patrouilleurs, la Jeanne d'Arc et les bâtiments auxiliaires dans des emplois occupés actuellement par des appelés de toute spécialité. Les volontaires devraient être répartis en quatre grandes spécialités : maintenance et logistique, alimentation, service général, opération et navigation. 185 volontaires seraient affectés à la gendarmerie maritime.

En outre, 150 postes sont réservés aux " volontaires aspirants " dont le recrutement débutera en 2000. Pour assurer la publicité de ces emplois, des conférences seront organisées dans les écoles et autres universités et un site Internet fournira tous les renseignements utiles.

Les jeunes visés par ce volontariat sont ceux qui, auparavant, étaient candidats aux formules d'E.O.R. (élèves officiers de réserve) dans la Marine. Cette formule doit permettre à ces jeunes d'avoir une première expérience professionnelle originale au sein de la Marine. Elle doit aussi favoriser le rayonnement de la Marine dans la nation.

Ces volontaires devraient remplir des emplois dans les spécialités suivantes : chef de quart, fusilier, marin pompier, état-major et services, psychologie appliquée et commissaire.

La montée en puissance des effectifs est ainsi programmée :

 

2000

2001

2002

Annuité

68

72

10

Cumul

68

140

150

2. Les " engagés contrat court marine " (ECCM)

Dans le cadre de la professionnalisation, et ce depuis 1997, la Marine a choisi de remplacer une partie des appelés par du personnel engagé pour une courte durée. Cette filière, mise en place à la suite de la signature d'un accord cadre avec la délégation interministérielle à l'insertion des jeunes (DIIJ) le 3 juillet 1996, doit permettre d'offrir une première expérience professionnelle et une formation à des jeunes de 18 à 22 ans . Elle doit également permettre à la Marine de fournir des emplois demandant peu de qualifications et qui offrent, dans la Marine, peu de perspectives de carrière sur le long terme. Les jeunes concluent un contrat de deux ans, non renouvelable , durant lequel ils ont le même statut et les mêmes rémunérations que les engagés de longue durée.

Trois types d'emplois sont proposés :

- la manutention aéronautique (MANAE), c'est-à-dire manoeuvrier de pont d'envol pour les aéronefs embarqués ;

- le service général (SERGE), soit des postes d'exécution et de service à bord des bâtiments de combat ;

- la protection défense (PRODE), qui correspond au contrôle et à la surveillance des bases à terre.

Cette nouvelle formule connaît depuis 1997 un important développement. Le nombre des jeunes recrutés selon cette formule est passé de 670 en 1997, à 930 en 1998 puis 910 en 1999. En 2002, le flux devrait être de 1 100 personnes. Ce sont, en fait, 2 510 jeunes qui ont été concernés entre 1997 et 1999. 760 ont été affectés dans la filière protection défense, 1 200 dans des fonctions de service général et, enfin, 550 pour la manutention aéronautique.

Le bilan de cette formule reste contrasté . Tout d'abord, la Marine ne parvient pas à satisfaire tous ses besoins dans les spécialités de manutention aéronautique (- 21 %) et surtout pour la protection et la sûreté des bases (- 46 %). Ces déficits sont en grande partie dus au fort taux d'attrition dans les six mois suivant l'incorporation. En effet, même s'il diminue, il reste très important (42 % dans la spécialité PRODE et 34 % pour celle de MANAE). Mais par contre, le nombre de candidats par poste est en augmentation. On est passé de 1 candidat par poste en 1997 à 2 en 1998 et même 2,3 pour les filières service général et manutention aéronautique. En outre, un meilleur taux de sélection favorise une meilleure adaptation des recrues au milieu militaire et seule une minorité pose des difficultés.

Il faut d'ailleurs noter que 135 de ces " ECCM " ont servi à bord du Foch durant l'opération au Kosovo. 86 étaient affectés à la manutention des aéronefs sur le pont d'envol, 40 dans des services courants du bord et une dizaine étaient affectés à la sécurité, à la satisfaction générale du commandement qui n'a déploré que quelques défections.

Depuis 1999 et la fin des premiers contrats d'engagement, se pose la question de leur reconversion et de leur réinsertion . La Marine collabore pour cela avec les missions locales d'insertion (MLI) qui sont spécialisées dans le conseil des jeunes. Pour les aider, la Marine leur délivre un " livret de compétences " destiné à leur employeur civil et qui garantit le niveau de formation et d'expérience du jeune. La Marine se soucie également de favoriser leur reconversion. Elle a, par exemple, conclu le 24 février 1999, un accord avec la police nationale pour faciliter leur recrutement. Celle-ci leur proposera des contrats d'une durée de cinq ans avec une formation. Ils pourront ensuite intégrer la police nationale. Les premiers engagés ayant quitté la Marine en mars 1999, il est aujourd'hui trop tôt pour faire un bilan de leur réinsertion.

3. La nouvelle réserve

La suspension de l'appel sous les drapeaux et la professionnalisation des armées s'accompagnent d'une réforme de la réserve militaire . En effet, après 2002, en raison de la suspension de l'appel sous les drapeaux, la réserve, qui est actuellement alimentée par les jeunes issus du service national, ne pourra plus fonctionner comme avant. Il était également nécessaire de réformer son organisation et son emploi pour les intégrer dans le concept d'emploi de forces professionnalisées.

En effet, il n'était plus possible ni utile de continuer à gérer une réserve forte de plus de 110 000 hommes dans la Marine, dont le rappel devait être fait par tranches dans une perspective de montée en puissance progressive vers la mobilisation générale. Aujourd'hui, il est, au contraire, nécessaire d'avoir une réserve moins nombreuse (6 500 hommes en 2002) dont la formation et la disponibilité seront accrues.

Ainsi, la nouvelle loi sur les réserves, adoptée définitivement le 13 octobre dernier, institue une réserve composée d'abord de volontaires . La gestion et le rappel des réservistes seront individualisés. Les affections seront établies en fonction des besoins effectifs. La nouvelle réserve est composée de deux ensembles : réserve opérationnelle et réserve citoyenne . La première, forte de 6 500 hommes, doit apporter un complément de forces dans les crises aux forces d'active, tandis que la seconde aura un rôle déterminant dans l'entretien du lien Marine-Nation. Ce rôle sera d'autant plus important que les forces seront concentrées dans quelques ports et seront éloignées d'une grande partie du territoire.

L'effort financier sera surtout porté sur la réserve opérationnelle . Il faut, en effet, en assurer la formation et l'entraînement, car ce sont ces hommes qui, affectés en fonction de leurs qualifications, pourraient être rappelés si besoin. L'augmentation des besoins budgétaires est donc importante malgré la forte diminution des effectifs. La loi de programmation militaire prévoit que le budget global (toutes forces armées) passe de 253 millions de francs en 1997 à 584 millions en 2002 (coût RCS et fonctionnement). Pour la Marine, le budget des réserves est passé de 27,7 millions de francs en 1998 à 32 millions en 1999 et devrait être porté à 39 millions en 2002.

Le principe de l'intégration des réservistes dans les forces d'active,
au lieu de les maintenir séparés, élargit l'éventail des emplois qui leur sont accessibles. Toutefois, dans la Marine, les emplois prévus concernent principalement le soutien des forces. Il n'est pas actuellement prévu de postes embarqués, les armements des bâtiments étant conçus dès le temps de paix pour des situations de combat.

Les réservistes de la Marine devraient donc apporter leur concours dans les domaines suivants (chiffres prévisionnels) :

- renforts de spécialistes en états-majors (520 postes) ;

- opérations/forces (530 postes) ;

- soutien (890 postes) ;

- protection défense et intégration progressive dans des unités d'active spécialisées (3 000 postes) ;

- collaboration à la direction du personnel de la Marine pour le recrutement et la reconversion (50 postes) ;

- journées d'appel de préparation à la défense (JAPD) et préparations militaires Marine rénovées (PMM) (570 postes) ;

- formation et instruction (340 postes).

Actuellement, la Marine poursuit un important effort d'actualisation de ses fichiers pour mettre en place et gérer individuellement la nouvelle réserve. Parallèlement, elle poursuit et précise l'inventaire de ses besoins et les affectations effectives des réservistes.

Ces nouveaux réservistes seront, dans le futur, majoritairement des volontaires qui n'auront pas fait le service militaire. C'est pourquoi la Marine met en oeuvre des préparations militaires rénovées à leur intention et prévoit de les former pendant 10 jours par an environ pendant une année ou deux pour qu'ils puissent remplir leurs emplois militaires.

Par ailleurs, la Marine souhaite assurer un meilleur taux d'activité à l'ensemble des réservistes de la réserve opérationnelle. En effet, actuellement pour les réservistes actifs, soit un peu plus de 11 000 personnes, le taux d'activité est inférieur à 8 jours par an (7,4 pour les officiers, 6,2 pour les sous-officiers et 5 jours pour les militaires du rang).

Activité des réservistes dans la Marine en 1999


 

Officiers

Officiers mariniers

Quartiers maîtres et matelots

Nombre moyen de jours

Nombre d'hommes

Total des jours

Nombre d'hommes

Total des jours

Nombre d'hommes

Total des jours

5

2 209

11 045

3 743

18 175

5 024

25 120

18

104

1 872

135

2 430

2

36

45

21

945

20

900

-

-

70

16

1 120

3

210

-

-

90

28

2 520

21

1 890

-

-

Totaux

2 378

17 502

3 922

24 145

5 026

25 156

B. LA DÉLICATE AUGMENTATION DU PERSONNEL CIVIL

Votre rapporteur souhaite rappeler cette année encore combien la question du recrutement du personnel civil revêt pour la Marine une importance capitale.

Dans la Marine plus que dans les autres armées, la professionnalisation repose largement sur le recours accru à du personnel civil. En effet, plus de la moitié des postes civils créés dans les armées sur la période de programmation le seront dans la Marine . Celle-ci verra son effectif civil augmenter de près de 80 % contre 12,6 % en moyenne dans l'ensemble des armées. Les effectifs civils passeront de 6 495 en 1996 à 10 563 en 2002 , pour représenter 19 % des effectifs contre 9 % à l'époque. En 2000, 556 postes budgétaires seront créés.

Ce personnel est affecté dans des emplois à terre dans lesquels les compétences ou les contraintes spécifiques n'imposent pas de faire appel à du personnel militaire. Le choix de faire appel au personnel civil pour compenser le départ des appelés à terre a également été fait pour préserver les équilibres actuels au sein du personnel d'active, satisfaisants au plan du recrutement et des cursus de carrière. En effet, l'utilisation de jeunes marins d'active dans des postes à terre aurait nui aux perspectives de carrière et à l'attractivité des emplois, l'embarquement restant évidemment la mission et le souhait des jeunes qui s'engagent.

1. Le tarissement des ralliements en provenance de la DGA-DCN

Durant les deux premières années de la professionnalisation (1997-1998), la création de postes civils au sein de la Marine devait essentiellement permettre le reclassement des personnels ouvriers de la Délégation générale pour l'armement (DGA) et plus spécifiquement de la direction des constructions navales (DCN).

Or comme nous l'avions souligné dans le rapport de l'an dernier, le ralliement des personnels de la DGA n'a pas donné totale satisfaction. En effet, si au cours de l'année 1997 plus de 750 mutations en provenance de la DCN ont pu être réalisées, le flux s'est tari en 1998. Seuls 183 ralliements, sur 350 prévus, ont été réalisés en 1998. En 1999 , la décrue des ralliements s'est poursuivie et ne représente plus qu'une part marginale des postes civils pourvus dans la Marine. Ces ralliements s'élèvent à 58 personnes au 1 er juillet 1999.

Toutefois, en provenance de l'ensemble de la DGA , les ralliements sont plus importants. Au 1 er juillet 1999, on dénombrait 293 ralliements . Si ceux-ci se poursuivaient au même rythme, ils pourraient atteindre un total de 440 ralliements fin 1999.

Ces faibles ralliements sont la cause d'un important déficit en personnels civils dans la Marine.

2. Le déficit en personnels civils se résorbe lentement

La mutation de personnels en provenance de la DGA-DCN s'est heurtée à des problèmes de mobilité géographique et d'incompatibilité de compétences.

Les mutations de personnel en provenance de la DCN dans les unités de la Marine correspondent à des ralliements de proximité, quand un port militaire abrite un établissement de la DCN. Par contre, Paris souffre de son éloignement géographique, de la différence de coût de la vie et des faibles restructurations de la DCN en Ile-de-France. On s'aperçoit ainsi que dans les cas où il y a une forte proximité et d'importantes restructurations, les mutations vers la Marine sont très nombreuses, jusqu'aux deux tiers des postes à professionnaliser ; c'est le cas à Lorient par exemple.

 

Nombre de postes*

Ralliements effectifs DCN

Taux d'occupation des postes par des personnels issus de la DCN au 30.6

Cherbourg

306

171

55,9 %

Brest

1 250

656

52,5 %

Lorient

372

236

63,4 %

Toulon

1 187

584

49,2 %

Paris

548

122

22,3 %

Total

3 663

1 769

48,3 %

*postes professionnalisés ou à professionnaliser sur l'ensemble de la loi de programmation militaire

En revanche, les mutations en direction de Paris sont jusqu'à présent peu nombreuses (122) et représentent moins d'un quart des postes à pourvoir.

A ces difficultés d'ordre géographique, il faut ajouter l'incompatibilité entre les compétences des ouvriers des arsenaux et les besoins en personnel civil de la Marine. Celle-ci professionnalise des postes correspondant à des emplois d'entretien ou de restauration qui sont peu attractifs et éloignés des qualifications des personnels à reconvertir. Le changement est trop important pour un personnel souvent relativement âgé, et qui peut bénéficier de mesures sociales de dégagement des cadres au-delà de 52 ans.

Le reclassement des sureffectifs de la DCN dans la Marine a ainsi rapidement montré ses limites. Le flux insuffisant de volontaires pour travailler dans la Marine a provoqué de graves difficultés dans la gestion des personnels et la conduite de la professionnalisation. Ces difficultés ne peuvent être rapidement résolues en raison de l'interdiction de procéder à des recrutements extérieurs palliatifs en 1997 et 1998. Le déficit en personnel civil a ainsi dépassé 12 % en 1998 . Les vacances de postes restent encore très importantes. En 1999 , elles devraient s'élever à 8,5 % des effectifs, soit 765 postes non pourvus. En 2000 , la résorption du déficit devrait se poursuivre. Elle ne devrait plus être à la fin de l'année que de 6,8 %.

 

1997

1998

1999

2000

effectifs budgétaires

7 258

8 156

9 017

9 602

vacances au 31/12

578

992

765*

657*

% des effectifs

7,9

12,1

8,5

6,8

*prévisions

3 - Les recrutements extérieurs et la sous-traitance

Pour faire face à ces très importantes vacances de postes qui affaiblissent le soutien des forces, la Marine a pu, fin 1998 puis en 1999, recruter des vacataires puis du personnel sur concours et développer la sous-traitance.

- Le recrutement de personnel extérieur s'est développé en 1999 . La Marine a accueilli 52 anciens sous-officiers au titre de la loi n° 70-2 du 2 janvier 1970 dans les corps de secrétaires administratifs (29) et de techniciens supérieurs des études et fabrication des armées (23).

Les besoins urgents de personnels dans les unités dans le domaine de l'alimentation ont pu être en partie satisfaits par la conclusion de 225 contrats de vacation dans l'attente des personnels issus des concours. La Marine bénéficiait d'une enveloppe totale de 45 000 jours.

Enfin, les recrutements sur concours se sont élevés à 658 postes dont 359 dans le domaine de l'alimentation (265 ouvriers professionnels et 124 maîtres-ouvriers). Mais un déficit important reste attendu dans certaines spécialités techniques.

- En outre, l'année 2000 marque un développement nouveau de la sous-traitance dans la Marine . Celle-ci n'est pas une chose nouvelle, 456,5 millions de francs y étaient déjà consacrés les années précédentes, notamment dans des missions de remorquage.

Ainsi en 1999, les opérations de sous-traitance par grandes catégories sont les suivantes :

- affrètement de bâtiments : 95,6 millions de francs ;

- opérations d'entretien et de soutien technique : 164,1 millions de francs ;

- formations des personnels en dehors des écoles de la Marine : 46,5 millions de francs ;

- réalisation de travaux et d'études : 20,1 millions de francs ;

- soutien des unités : 130,2 millions de francs.

Pourtant, face aux difficultés de recruter du personnel civil en compensation des départs d'appelés, la possibilité de faire appel à la sous-traitance avait été plusieurs fois évoquée sans que des actions d'envergure et les moyens financiers attenants ne soient mis en oeuvre. Jusqu'à présent, tout projet de sous-traitance se heurtait à l'insuffisance des moyens financiers. Il faut ajouter que son développement n'avait pas été envisagé par la loi de programmation. En outre, la sous-traitance ne pouvait être financée par le budget de la Marine puisque les personnels civils relèvent du budget des services communs. Ainsi, les " économies " ou les crédits non dépensés en raison des vacances de postes ne peuvent être réutilisés par la Marine en vue de financer des opérations de sous-traitance.

En 1998 et 1999, deux petites opérations de sous-traitance avaient pu, grâce à des crédits nouveaux, être entreprises. En 1998, 10 millions de francs avaient permis de financer la sous-traitance de l'alimentation du centre de transmission de Sainte-Assise en région parisienne. En 1999, les crédits de sous-traitance ont permis de concéder le bac effectuant la traversée de la rade de Toulon pour un bénéfice de 10 emplois seulement. Ces actions venaient s'ajouter aux opérations traditionnellement sous-traitées par la Marine : affrètement de navires, entretien immobilier et gardiennage d'emprises.

En 2000 , l'externalisation reçoit enfin une forte impulsion . Les crédits consacrés à la sous-traitance augmenteront de 95,6 millions de francs (chapitre 34-05 art. 94) en échange de la transformation réversible de 523 postes (373 postes d'ouvriers, 150 postes de civils).

Le développement de la sous-traitance devra tenir compte de deux éléments. D'une part, le recrutement, déjà opéré, de personnel civil limite l'externalisation. Sa généralisation dans certains domaines ne peut être envisagée qu'à long terme. D'autre part, à chaque fois devra être fait un calcul comparé des coûts et avantages de la sous-traitance.

L'externalisation pourrait particulièrement se développer dans le secteur de la formation. Les formations portant sur l'acquisition de compétences non spécifiques à la défense pourraient, à l'avenir, être confiées à des opérateurs extérieurs. Cette évolution sera sans doute accélérée par la disparition des appelés de haut niveau qui constituaient une part importante du corps professoral.

Les formations aéronautiques feront également l'objet d'une externalisation importante. L'évolution rapide de la matière et le coût du matériel de formation (simulateurs) incitent la Marine à trouver des prestataires de service compétents. Dès aujourd'hui, les contrôleurs aéronautiques sont formés à l'Ecole nationale de l'aviation civile (ENAC). La formation par des organismes civils et l'obtention de diplômes civils sont aussi des éléments qui devraient faciliter la réinsertion des personnels. Leurs compétences seront plus facilement reconnues.

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