CHAPITRE I -
LA QUATRIÈME ANNÉE DE LA
PROFESSIONNALISATION
Le
passage à l'armée professionnelle marque
une délicate
période d'adaptation qu'il faut mener à bien dans un contexte
budgétaire tendu.
Dans la Marine, la professionnalisation présente des aspects bien
particuliers liés à la fois aux spécificités de ses
activités, notamment à bord des bâtiments, et aux choix qui
ont été arrêtés par la loi de programmation.
La Marine a choisi de poursuivre
trois objectifs
:
-
maintenir un flux de recrutement stable
pour préserver la
pyramide des âges, le dynamisme des équipages et éviter les
variations brutales ;
-
préserver les carrières
des engagés de longue
durée ;
-
augmenter le taux d'encadrement
, qui était inférieur
à celui constaté dans les grandes marines occidentales.
Globalement, le mouvement de professionnalisation doit conduire à une
réduction de 20 % des effectifs de la Marine (- 13 414)
en
même temps qu'elle réduit de 20 % son format, passant de 100
à 80 bâtiments.
Effectifs militaires et civils évoluent
contradictoirement
. Les premiers connaissent une réduction de 30 %
(- 18 513), tandis que les seconds s'accroissent de 80 % (+ 5 099).
Evolution des effectifs de la Marine de 1996 à 2002
(loi de programmation 1997-2002)
|
1996 |
% |
2002 |
% |
Officiers |
4 844 |
6,9 |
4 961 |
8,8 |
Officiers mariniers |
32 530 |
46,6 |
30 136 |
53,4 |
Quartiers-maîtres et matelots engagés |
|
11,6 |
7 998 |
14,2 |
Appelés et volontaires |
17 906 |
25,6 |
1 775 |
3,1 |
Civils |
6 495 |
9,3 |
11 594 |
20,5 |
Total |
69 878 |
100 |
56 464 |
100 |
Le
remplacement des personnels appelés est assuré, d'une part,
grâce à des militaires engagés ou volontaires, ce qui
permet de professionnaliser les équipages des bâtiments. D'autre
part, à terre, la Marine fait appel à des civils pour les emplois
sans spécificité militaire. Ainsi les solutions diffèrent,
qu'il s'agisse des forces de projection et des unités navigantes ou des
soutiens dans les bases.
En outre, la Marine atteint ses objectifs de réduction d'effectifs en
faisant des gains de productivité (4 400 postes d'appelés), en
désarmant des bâtiments (3 600 postes) et en restructurant les
services de soutien (5 400 postes).
En l'an 2000, la Marine connaîtra à nouveau, et comme
prévu, une diminution de ses effectifs d'appelés, d'hommes du
rang engagés et un accroissement de son taux d'encadrement.
Si le
déroulement de la professionnalisation donne globalement satisfaction,
les nouveaux besoins en effectifs d'une Marine professionnalisée se
révèlent plus délicats à satisfaire.
I. L'ÉVOLUTION DES CRÉDITS DE RÉMUNÉRATIONS ET DE CHARGES SOCIALES (RCS) EN 2000
Le
budget consacré aux rémunérations et charges sociales dans
la Marine s'élèvera à
10 174 millions de francs en
2000
contre 10 264 millions de francs en 1999. Ces crédits sont donc
en
diminution de 90 millions de francs, soit une baisse de 0,88 % en francs
courants et d'environ 1,8 % en francs constants.
Il est toutefois utile de
comparer ces chiffres avec ceux de 1998. En effet, en 1998 le budget
consacré aux RCS était de 10 077 millions de francs. On constate
donc entre 1998 et 2000 une légère hausse en francs courants
d'environ 1 % (+ 97 millions de francs) et le mouvement inverse en francs
constants. L'annuité 2000 marque donc un retour vers les
évolutions de la loi de programmation et une
meilleure maîtrise
de ce qui avait pu paraître, en 1999, comme les surcoûts de la
professionnalisation.
En termes généraux, les principales évolutions
budgétaires pour 2000 sont marquées par une diminution des moyens
consacrés aux rémunérations principales des personnels
d'active et appelés, tandis que les moyens alloués aux
indemnités et à l'engagement de volontaires s'accroissent.
Ainsi, le chapitre 31-31-50, consacré aux rémunérations
principales des personnels en activité, connaît une baisse de 96,5
millions de francs (- 1,5 %), passant de 6 237,4 millions en 1999
à 6 140,9 millions en 2000.
De même, les moyens consacrés à la
rémunération des appelés (chapitre 31-41-30)
décroît de 61,9 millions de francs, soit une baisse de
42,6 %, et passe de 145,2 millions de francs en 1999 à 83,2
millions en 2000. Ces évolutions sont évidemment le pendant de
l'évolution des effectifs qui s'effectue dans les mêmes
proportions.
Il faut ajouter à ce mouvement de décrue, en relation
étroite avec la baisse des effectifs, la diminution du montant des
prestations sociales versées : - 7 millions de francs.
Par contre
,
le recrutement de volontaires supplémentaires a
appelé des crédits nouveaux en 2000
. Ils augmentent de 18,1
millions de francs pour atteindre
25,9 millions de francs
, soit plus du
triplement des crédits qui y étaient consacrés en 1999
(7,8 millions de francs).
S'y ajoutent des mesures de revalorisation indemnitaire liées à
la professionnalisation des forces et à l'application de l'accord
salarial de 1998 dans l'ensemble de la fonction publique ou pour les
militaires. Celles-ci, répertoriées au chapitre 31-32, articles
50 et 60, représenteront 53 millions de francs.
Enfin, en faisant le bilan dans le projet de loi de finances 2000 de toutes les
mesures nouvelles et de l'évolution des services votés,
l'évolution des effectifs explique une réduction des
crédits de 212 millions de francs, tandis que les différentes
mesures d'ajustement et de revalorisation entraînent une augmentation de
122 millions de francs.
Ainsi le budget consacré aux RCS reste assez stable ; la baisse
liée à la diminution des effectifs est limitée par le fait
que les appelés étaient peu rémunérés et
qu'ils sont partiellement remplacés par des personnels mieux
payés. Il faut également noter que les appelés
étaient numériquement et proportionnellement moins nombreux dans
la Marine que dans d'autres armées. La baisse de leur nombre est donc,
de ce fait, moins sensible. La diminution des effectifs engagés est
également lente sur les cinq années de la programmation. Il est
donc logique que les revalorisations et ajustements compensent en grande partie
l'économie liée à la baisse des effectifs.
Il est enfin important de souligner qu'en 2000
la situation des
crédits de rémunération et charges sociales sera
apurée des reports de charge de 1999 grâce au décret
d'avance de 560 millions de francs, dont 400 millions de francs pour les
rémunérations.
Sur cette somme, l'ISSE (indemnité
spéciale pour service à l'étranger) représente 150
millions de francs. Les surcoûts dus aux opérations du Kosovo ne
seront donc financés que sur le budget de 1999.