B. LES DOTATIONS CONSACRÉES AUX FORCES NUCLÉAIRES EN 2000
Les dotations consacrées aux forces nucléaires pour 2000 sont essentiellement regroupées au sein du chapitre 51-71. Elles sont réparties entre quatre gouverneurs de crédits : l'Etat-major des armées, la délégation générale pour l'armement, la Marine et l'armée de l'Air, une partie conséquente de ces crédits étant cependant transférée au Commissariat à l'énergie atomique.
Evolution des dotations consacrées aux forces nucléaires
|
AP 1999 |
AP 2000 |
% |
CP 1999 |
CP 2000 |
% |
Armée de l'air |
805 |
505 |
- 37,3 |
823 |
796 |
- 3,2 |
Marine |
3252 |
3 523 |
+ 8,3 |
4 130 |
3 852 |
- 6,7 |
dont programme SNLE-NG |
1105 |
1 485 |
+ 34,4 |
2 199 |
1 771 |
- 19,5 |
FOST Hors SNLE |
2147 |
1 902 |
- 11,4 |
1 928 |
1 967 |
+ 2,0 |
DGA |
5933 |
5 661 |
- 4,6 |
6 023 |
5 488 |
- 8,9 |
dont armement et propulsion nucléaires |
5 332 |
5 419 |
- 2,0 |
5 494 |
5 181 |
- 5,7 |
Etat-major des armées |
3 340 |
8 733 |
+ 161,5 |
5 648 |
5 718 |
+ 1,2 |
dont charges nucléaires |
1 512 |
1 581 |
+ 4,6 |
1 487 |
1 609 |
+ 8,2 |
missiles stratégiques |
1 593 |
1 876 |
+ 17,8 |
2 130 |
1 784 |
- 16,2 |
Programme M51 |
0 |
5 054 |
- |
1 450 |
1 980 |
+ 36,6 |
Total |
13 336 |
18 422 |
+ 38,1 |
16 623 |
15 854 |
- 4,6 |
1. Les crédits transférés au Commissariat à l'énergie atomique
Les
crédits transférés au Commissariat à
l'énergie atomique (CEA) sont destinés à financer trois
types de missions :
-
la conception, la fabrication et la maintenance des armes,
qui
constituent l'essentiel de l'activité militaire du CEA et comportent la
production de la tête nucléaire TN75 équipant les SNLE-NG,
le maintien en condition opérationnelle des têtes équipant
la FOST et la composante aéroportée, le retrait des têtes
de la composante sol-sol et des TN71 des SNLE de génération
actuelle, le développement des futures têtes nucléaires
océanique et aéroportée et enfin le développement
de la simulation et des grands équipements associés (laser
mégajoule, machine radiographique AIRIX),
- la
fourniture de matières
et surtout l'assainissement et le
démantèlement des anciennes usines de production de
matières fissiles de Marcoule et Pierrelatte.
- la mise au point des
systèmes de propulsion nucléaire
équipant les sous-marins et le porte-avions nucléaires.
Globalement, les crédits transférés au CEA en 2000
s'élèveront à 7 milliards de francs, les
crédits affectés aux missions "armes" et "matières"
étant gérés par la Direction des applications militaires
(DAM), dont le budget avoisinera 6,3 milliards de francs, soit 1,1 % de plus
que le budget voté de 1999.
a) Le budget de la direction des applications militaires du CEA pour les missions " armes " et " matières "
On
rappellera que la loi de programmation prévoyait pour la période
1997-2002 un transfert annuel de l'ordre de 6,4 milliards de francs au
profit de la DAM, soit environ un total de 39 milliards de francs sur la
durée de la programmation.
Au cours de
l'exercice 1998
,
" l'encoche "
pratiquée sur la subvention " armes " et
" matières " du CEA a été
supérieure
à 500 millions de francs.
La
" revue de
programmes "
a quant à elle arrêté de
nouvelles
économies représentant, pour la DAM, 1,3 milliard de francs
de 1999 à 2002, portant à environ 2 milliards de francs les
abattements opérés sur le budget total alloué aux missions
" armes " et " matières " sur la période
1997-2002.
Pour
2000
, la dotation allouée aux missions " armes "
et " matières " correspond globalement au montant attendu,
soit
6 282 millions de francs (+ 1,1 %).
Votre rapporteur tient à signaler une nouvelle fois que bien qu'inscrite
au titre V du budget de la Défense, la subvention versée à
la DAM est destinée pour une large part (environ 50 %), à
couvrir les dépenses de personnel et de fonctionnement, le CEA ne
disposant à ce titre d'aucun crédit au titre III, comme cela est
prévu pour ses activités de recherche civile.
La DAM a entrepris depuis 1996 une
profonde restructuration
destinée à ramener ses effectifs de 5 700 agents en 1996
à 4 500 en 2000. Cette réduction d'effectifs de 1 200
postes a essentiellement concerné les sites de la région
parisienne, les centres de Vaujours, Monthléry et en tout dernier lieu
Limeil étant fermés, les activités étant
regroupées en Ile de France sur le seul site de Bruyères le
Chatel. Plus de la moitié des agents seront désormais
répartis sur les trois centres de province (Valduc, Le Ripault et le
Barp).
Le coût total de cette restructuration, qui a impliqué
plus de
2000 mobilités
, est évalué à 750 millions
de francs, mais l'économie réalisée, qui était
déjà de 200 millions de francs en 1998, atteindra 350
millions de francs à partir de l'an prochain.
S'agissant des activités de la DAM, la répartition de son budget
en 1999 était la suivante :
- 39 % pour le programme de simulation et la réalisation des
investissements associés (machine radiographique AIRIX et laser
mégajoule),
- 27 % pour la réalisation des programmes d'armes
- 17 % pour les activités de démantèlement et
d'assainissement des usines de production de la vallée du Rhône,
- 13 % pour la production de matières.
Les abattements opérés sur le budget de la DAM depuis 1998 n'ont
pas remis en cause les moyens affectés aux programme de simulation qui
bénéficie d'une priorité afin de respecter les
échéances fixées. Ils ont été en partie
absorbés par
la forte diminution des coûts de personnel et des
frais généraux
. Ils ont en revanche imposé un
étalement des programmes d'assainissement
ainsi que des
choix
draconiens pour les programmes de
développements
technologiques
.
b) Les programmes relatifs à la propulsion navale
Le CEA
s'est vu confier un rôle important dans le domaine de la
propulsion
navale nucléaire
, centrée dans un premier temps sur la Force
océanique stratégique puis étendue aux sous-marins
nucléaires d'attaque (SNA) et au porte-avions nucléaire Charles
de Gaulle.
Les crédits relatifs à la propulsion nucléaire sont
gérés par un
service mixte
, le
Service technique mixte
des chaudières nucléaires de propulsion navale (STXN)
regroupant, outre le CEA, la Délégation générale
pour l'armement et l'état-major de la Marine.
Outre les activités relatives aux SNLE, aux SNLE-NG, aux SNA et au
porte-avions, il convient de mentionner
le programme de réacteur
à essais
(RES)
destiné à remplacer, au centre
d'études nucléaires de Cadarache l'actuel réacteur
d'essais (réacteur de nouvelle génération : RNG), qui
arrivera en fin de vie à l'horizon 2004.
Parmi les activités relatives à la propulsion navale
nucléaire militaire, les missions suivantes nécessitent de
disposer d'un réacteur à terre :
- le développement de nouveaux composants pour les chaufferies futures,
dont, en premier lieu, la chaufferie du sous-marin d'attaque futur
Barracuda ;
- la qualification des combustibles nucléaires ;
- la qualification des évolutions techniques des chaufferies
nucléaires en service, évolutions rendues nécessaires par
l'expérience acquise lors de l'exploitation,
- la formation générale des personnels chargés de la
conduite ou de la maintenance avec une approche concrète de la physique
d'un réacteur en application des cours théoriques reçus
à l'Ecole des applications militaires de l'énergie atomique
(EAMEA) de Cherbourg.
Le réacteur RNG constitue l'une des installations d'essais relatives
à la propulsion nucléaire navale qui sont implantées sur
le site de Cadarache et qui contribuent aux quatre missions
évoquées. Depuis leur création, ces installations ont
été mises à niveau progressivement, non seulement pour les
adapter aux nouveaux besoins mais aussi pour en améliorer la
sûreté au fur et à mesure des progrès intervenus
dans le domaine. Au cours des dernières années, certaines de ces
installations ont révélé les limites de leurs
capacités à recevoir de telles adaptations. Leur obsolescence
prochaine nécessite leur remplacement au cours de la prochaine
décennie.
La concomitance de ces travaux avec le remplacement du réacteur RNG et
la nécessaire association de ces installations pour satisfaire le besoin
ont conduit à élargir l'objet du programme RES pour y inclure ces
travaux complémentaires et assurer la cohérence de l'ensemble de
l'opération et la nécessaire permanence des fonctions à
remplir.
Sa réalisation contribuera par ailleurs au maintien de la
compétence en propulsion navale nucléaire du CEA et des
industriels associés (Technicatome et l'établissement d'Indret de
la DCN). En effet, ce projet assurera la continuité d'activité
dans la période qui séparera les deux programmes de
bâtiment à propulsion nucléaire, le porte-avions
Charles-de-Gaulle et le sous-marin nucléaire d'attaque de nouvelle
génération Barracuda.
Le RES sera un réacteur de type intégré, comme les
réacteurs précédents. Sa puissance sera comparable
à celle du RNG. Aussi, le programme RES comprend, pour une estimation
globale objective voisine de 4 116 millions de francs 1999 :
- le remplacement du RNG, qui reste la composante principale du programme aux
plans technique et financier, et de ses servitudes, parmi lesquelles la piscine
de stockage des éléments combustibles irradiés ;
- le renouvellement des installations d'essais neutroniques et d'expertise des
éléments combustibles ;
- la mise à niveau des installations de formation et d'essais non
nucléaires associées.
Le RES doit être mis en service en 2006, date cohérente avec la
qualification des principaux composants de la chaufferie du Barracuda, dont
l'admission au service actif du premier exemplaire est prévue vers 2010.
Par ailleurs, la mise en service du RES permettra la continuité des
prestations actuellement fournies par le RNG, arrivant en fin de vie à
cette échéance.
Pour 2000, le programme RES se verra attribuer des dotations
représentant 191 millions de francs en autorisations de programme et
226 millions de francs en crédits de paiement, crédits en
diminution notable par rapport à 1999.
Le respect des
échéances nécessitera un relèvement significatif
des crédits
puisqu'une dépense annuelle de l'ordre de
550 millions de francs serait nécessaire de 2001 à 2005.
2. Les crédits consacrés à la force océanique stratégique et à la composante aéroportée
Les
crédits affectés à la
Force océanique
stratégique
, qui relèvent de la Marine,
s'élèveront à
3,85 milliards de francs
pour 2000,
soit une diminution de 6,7 % et seront principalement consacrés à
la poursuite du
programme de construction des SNLE-NG
, qui absorbera
1,8 milliard de francs
de crédits de paiement en 2000. Les
crédits d'entretien programmé du matériel de la FOST
seront pratiquement identiques à ceux de 1999, à savoir
près de 1,2 milliard de francs.
Les autorisations de programme progresseront pour leur part de 8,1 % et
s'élèveront à 3,5 milliards de francs, la dotation
d'autorisations de programme consacré à la construction des
SNLE-NG passant de 1,1 à 1,48 milliard de francs.
Les crédits relevant de l'
Armée de l'Air
et
consacrés au nucléaire se monteront à 796 millions de
francs en 2000, contre 823 millions de francs en 1999. Ces crédits sont
essentiellement consacrés à la maintenance et à
l'adaptation des appareils de la force aérienne stratégique et de
leurs systèmes de transmission, en particulier les Mirage 2000-N. Le
retrait anticipé du système de transmission ASTARTE ne
générera d'économies qu'en 2001.
En ce qui concerne
les systèmes d'armes
(hors têtes
nucléaires), les crédits prévus en 2000 au titre du
missile M45 s'élèvent à 107 millions de francs alors
qu'une
dotation de près de 2 milliards de francs est
prévue pour le développement du M51
et un crédit de
399 millions de francs pour l'ASMP amélioré et
l'opération VESTA.
S'agissant du programme M51,
la commande globale d'une tranche de deux
années de développement
, représentant 7 milliards
de francs, est prévue en 2000 mais la dotation en autorisations de
programme ne sera que de 5,05 milliards de francs,
près de
2 milliards de francs devant être trouvés sur les
autorisations de programme disponibles.
Les
crédits d'études-amont de la DGA
consacrés au
nucléaire s'élèvent pour leur part à 305 millions
de francs, soit
15,3 % de francs de moins que l'an passé,
ce
recul intervenant alors que la " revue de programmes " avait
déjà abouti à une
réduction de 20 %
de
ces dotations de 1999 à 2002.