Projet de loi de finances pour 2000, adopté par l'Assemblée nationale, TOME IV - DEFENSE - NUCLEAIRE, ESPACE ET SERVICES COMMUNS
FAURE (Jean)
AVIS 92-TOME IV (1999-2000) - COMMISSION DES AFFAIRES ETRANGERES
Tableau comparatif au format Acrobat ( 247 Ko )Table des matières
- INTRODUCTION
-
CHAPITRE PREMIER -
LE NUCLÉAIRE, L'ESPACE ET LES SERVICES COMMUNS DANS LE BUDGET DE LA DÉFENSE POUR 2000- I. L'ÉVOLUTION D'ENSEMBLE DES CRÉDITS DE LA DÉFENSE : UN BUDGET DÉCEVANT EN RUPTURE AVEC LES ENGAGEMENTS PASSÉS
- II. L'ÉVOLUTION DES CRÉDITS DE L'ANCIENNE SECTION COMMUNE
-
CHAPITRE II -
LES QUESTIONS NUCLÉAIRES- I. UN ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL MOINS PROPICE AU DÉSARMEMENT NUCLÉAIRE
- II. LE DÉROULEMENT DES PROGRAMMES NUCLÉAIRES
- III. LES CRÉDITS DE LA DISSUASION NUCLÉAIRE
-
CHAPITRE III -
L'ESPACE ET LE RENSEIGNEMENT MILITAIRES- I. L'ESPACE MILITAIRE
- II. LE RENSEIGNEMENT : UNE AMÉLIORATION DES MOYENS QUI DOIT ÊTRE RENFORCÉE
-
CHAPITRE IV -
LES AUTRES ACTIONS COMMUNES- I. LA DÉLÉGATION GÉNÉRALE POUR L'ARMEMENT
- II. LE SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES
- III. LES AUTRES SERVICES COMMUNS
- EXAMEN EN COMMISSION
N° 92
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 25 novembre 1999.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME IV
DÉFENSE - NUCLÉAIRE, ESPACE ET
SERVICES COMMUNS
Par M. Jean FAURE,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Xavier de Villepin, président ; Serge Vinçon, Guy Penne, André Dulait, Charles-Henri de Cossé-Brissac, André Boyer, Mme Danielle Bidard-Reydet, vice-présidents ; MM. Michel Caldaguès, Daniel Goulet, Bertrand Delanoë, Pierre Biarnès, secrétaires ; Bertrand Auban, Jean-Michel Baylet, Jean-Luc Bécart, Daniel Bernardet, Didier Borotra, Jean-Guy Branger, Mme Paulette Brisepierre, M. Robert Calmejane, Mme Monique Cerisier-ben Guiga, MM. Marcel Debarge, Robert Del Picchia, Hubert Durand-Chastel, Mme Josette Durrieu, MM. Claude Estier, Hubert Falco, Jean Faure, Jean-Claude Gaudin, Philippe de Gaulle, Emmanuel Hamel, Roger Husson, Christian de La Malène, Philippe Madrelle, René Marquès, Paul Masson, Serge Mathieu, Pierre Mauroy, Jean-Luc Mélenchon, Mme Lucette Michaux-Chevry, MM. René Monory, Aymeri de Montesquiou, Paul d'Ornano, Charles Pasqua, Michel Pelchat, Alain Peyrefitte, Xavier Pintat, Bernard Plasait, Jean-Marie Poirier, Jean Puech, Yves Rispat, Gérard Roujas, André Rouvière.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
et
89
(annexes n°
s
43
et
44
) (1999-2000).
Lois de finances.
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Le présent rapport pour avis porte sur les crédits du budget du
ministère de la défense pour 2000 ne relevant ni des trois
armées ni de la gendarmerie, anciennement regroupés au sein de la
section commune.
Ces crédits se répartissent en cinq agrégats :
- la délégation générale pour l'armement (DGA),
agrégat au sein duquel sont comptabilisées les dépenses de
personnel et de fonctionnement propres de la DGA, ainsi que certains
crédits d'équipement concernant pour l'essentiel les forces
nucléaires et les études " amont ",
- le soutien interarmées, qui recouvre principalement le service de
santé et le service des essences des armées, ainsi que la
direction à l'information et à la communication du
ministère de la défense,
- le renseignement, regroupant les crédits de la direction
générale de la sécurité extérieure (DGSE) et
de la direction de la protection et de la sécurité de la
défense (DPSD),
- l'administration générale, couvrant les dépenses de
l'administration centrale, y compris, à partir de l'an prochain, celles
de l'administration des Anciens combattants, ainsi que les
rémunérations des personnels civils de la défense,
- enfin, l'Etat-major des armées, auquel sont affectés des
crédits d'équipement relevant des programmes spatiaux et
nucléaires.
Cet ensemble assez hétérogène représente à
lui seul plus du quart du budget de la défense hors pensions, et
s'élèvera en 2000 à 48,5 milliards de francs, soit
une légère progression imputable au transfert de crédits
en provenance du secrétariat d'Etat aux Anciens combattants.
Votre rapporteur décrira rapidement l'évolution d'ensemble des
crédits de l'ancienne section commune, en les replaçant dans le
contexte du budget de la défense pour 2000, avant de centrer son analyse
autour de quatre préoccupations principales :
- les questions nucléaires, marquées par la poursuite de la
modernisation de notre dissuasion dans un contexte budgétaire tendu en
raison de la rapide décrue des crédits consacrés au
nucléaire,
- l'espace et le renseignement, domaine reconnu crucial pour l'autonomie
stratégique mais dans lequel un budget en recul traduit l'absence totale
d'avancée sur les programmes spatiaux,
- la délégation générale pour l'armement, dont la
réforme se poursuit,
- le service de santé des armées, confronté à une
profonde restructuration, et les autres services communs.
CHAPITRE PREMIER -
LE NUCLÉAIRE, L'ESPACE ET LES
SERVICES COMMUNS DANS LE BUDGET DE LA DÉFENSE POUR 2000
Représentant plus du quart du budget de la
Défense,
hors pensions, les crédits de l'ancienne section commune
reflètent largement l'évolution d'ensemble des crédits des
armées qui connaîtront en 2000 une très
légère augmentation :
- avec près de 105 milliards de francs, les crédits du titre
III enregistreront une progression de 1 % ;
- alors que les crédits du titre V, qui se monteront à
82,9 milliards de francs, régressent de 3,5 %, en
contradiction avec l'engagement pris l'an passé de stabiliser les
crédits d'équipement durant les quatre dernières
années de la professionnalisation.
I. L'ÉVOLUTION D'ENSEMBLE DES CRÉDITS DE LA DÉFENSE : UN BUDGET DÉCEVANT EN RUPTURE AVEC LES ENGAGEMENTS PASSÉS
Contrairement aux engagements pris l'an passé par le gouvernement, le budget de la défense enregistrera l'an prochain une régression de plus de 1 %. Les crédits de rémunérations et de charges sociales, qui représentent à eux seuls près de 45 % de ce budget (hors pensions) progressant de 1,5 %, ce recul est lié à la diminution des moyens de fonctionement (- 0,9 %) et surtout des crédits d'équipement (- 3,5 %).
Evolution du budget de la défense (hors
pensions)
en
milliards de francs
|
1999 |
2000 |
% |
Rémunérations et charges sociales |
82,822 |
84,049 |
+ 1,5 |
Fonctionnement |
21,139 |
20,942 |
- 0,9 |
Total titre III |
103,961 |
104,991 |
+ 1,0 |
Titres V et VI |
86,000 |
82,952 |
- 3,5 |
Total |
189,961 |
187,944 |
- 1,1 |
Cette
évolution globale doit être appréciée assortie de
deux correctifs
:
- le
transfert au ministère de la défense de l'administration
des anciens combattants
se traduit par un
transfert de crédits de
l'ordre de 475 millions de francs au titre III
, dont 335 millions
de francs en rémunérations et charges sociales et
140 millions en crédits de fonctionnement,
- les crédits du titre VI comportent une
participation de la
défense à la recherche duale
à hauteur de
1,5
milliard de francs
, contre 900 millions de francs en 1999.
Hors transfert des crédits de l'administration des anciens
combattants
, les crédits du titre III ne progressent que de
0,5 %, avec une augmentation de 1,1 % des rémunérations
et charges sociales mais un
recul de 1,6 % des moyens de fonctionnement.
Hors contribution au budget civil de recherche et de développement
,
c'est-à-dire si l'on ne tient compte que des dotations effectivement
destinées au ministère de la défense,
les
crédits de paiement des titre V et VI régresseront de
4,3 %
:
S'agissant des autorisations de programme des titre V et VI, leur montant passe
de 86 à 87,5 milliards de francs (+ 1,7 %).
A. UN BUDGET CARACTÉRISÉ PAR LE NON-RESPECT DES ENGAGEMENTS, DES INSUFFISANCES PERSISTANTES ET DES INTERROGATIONS SUR NIVEAU DES AUTORISATIONS DE PROGRAMME
1. Le non-respect des engagements
Le
3
avril 1998
, à
Saint-Mandrier, le Premier ministre
déclarait
:
"
Afin de donner une visibilité sur le moyen terme, le
gouvernement retient une double orientation, caractérisée par la
stabilisation des ressources de la Défense, et l'obtention
d'économies compatibles avec la programmation en vigueur ".
Les crédits d'équipement de la Défense
s'élèveront ainsi à 85 milliards de francs constants
pour les quatre prochaines annuités, à mi-chemin entre le niveau
nominal de la programmation et le montant inscrit au budget 1998.
La stabilisation à ce niveau des crédits d'équipement
militaire impliquera et permettra un approfondissement des réformes en
cours et la poursuite, dans de bonnes conditions, de l'adaptation de notre
outil de défense.
"
Cet engagement était solennellement confirmé
devant les deux
assemblées
(6 novembre et 2 décembre 1998), lors de
la discussion budgétaire, par
le ministre de la défense
qui affirmait "
la volonté politique de poursuivre la
programmation de nos équipements de défense sur la base de
85 milliards de francs annuels, en francs constants 1998 "
afin
de rétablir "
une continuité et une visibilité de
la politique d'équipement militaire, qui est indispensable à tous
les partenaires et qui garantit la crédibilité de notre effort de
défense ".
Ces engagements, qui auraient exigé un
montant de crédits
d'équipements supérieur de 3,2 milliards de francs à
celui inscrit au projet de budget 2000
, ne seront donc pas
respectés, alors qu'ils constituaient la contrepartie de la
révision à la baisse de la loi de programmation
décidée à l'issue de la " revue de programmes ".
Votre rapporteur observe tout d'abord que
cette entorse aux engagements
passés ne se justifie nullement par une quelconque
détérioration du contexte économique et financier.
Bien au contraire, ce dernier s'est amélioré au point
d'autoriser certaines marges de manoeuvres budgétaires, ce qui
permettait, au minimum, le maintien des crédits d'équipement des
armées.
Il relève également que, selon les termes du ministre de la
défense (dossier de présentation du budget), "
si cette
enveloppe, complétée par les reports de la fin 1999, se
révèlent insuffisante, des crédits supplémentaires
seraient mobilisés dans la loi de finances rectificative 2000 ".
On peut toutefois s'interroger sur le montant des reports de la gestion
1999 après l'annulation de 9,3 milliards de francs
opérés sur les crédits d'équipement en 1999.
Enfin, il s'interroge sur la justification avancée par le gouvernement
à l'appui de la diminution des crédits d'équipements,
fondée sur la volonté de ne pas mobiliser inutilement en loi de
finances initiale des crédits de paiement qui ne pourraient être
consommés du fait de trop faibles engagements de dépenses sur les
exercices antérieurs. On peut en effet se demander si
les abattements
opérés
en loi de finances initiale ou par annulation de
crédits
tantôt sur les autorisations de programme, tantôt
sur les crédits de paiement
ne finissent pas par entretenir une
logique de réduction continue des moyens alloués à la
défense.
2. Des insuffisances persistantes
Après " l'encoche " de 1998 et la
très
forte compression des crédits de fonctionnement en 1999
, sous
l'effet d'une augmentation beaucoup plus rapide que prévu des
dépenses de rémunérations et de charges sociales, le
budget 2000 n'amorce qu'un très timide rattrapage, qui s'analyse surtout
comme un arrêt de la dégradation enregistrée ces deux
dernières années.
S'agissant des
moyens de fonctionnement
, ce budget se traduit par un
certain nombre de mesures nouvelles.
Les dotations de fonctionnement sont majorées d'un crédit de
215,7 milliards de francs pour le
renforcement du recours à la
sous-traitance
, mais cette mesure est gagée par la suppression de
1 600 emplois, dont 1 100 emplois de personnels civils, et s'analyse
donc comme un palliatif au sous-effectif, particulièrement en
appelés et en personnels civils, qui handicape la bonne marche de la
professionnalisation.
Un crédit supplémentaire de 70 millions de francs est ouvert
à titre d'ajustement de la dotation pour les produits pétroliers,
mais les hypothèses retenues sont très inférieures aux
actuels cours du baril et du dollar, laissant présager une insuffisance
de cette dotation.
Le projet de budget témoigne du
souci de relever certaines dotations
de fonctionnement
(120 millions de francs pour les dépenses
liées aux reconversions et aux restructurations, 50 millions de
francs pour la gendarmerie en zone rurale ou encore 186 millions de francs
correspondant à des ajustements recensés lors de la " revue
du titre III "), mais
cet effort n'est pas à la mesure du retard
à combler après les abattements considérables
opérés
en 1998 et 1999
. On observe par ailleurs que
parallèlement à ces mesures nouvelles, une nouvelle et forte
diminution sera opérée sur les crédits de fonctionnement
du service de santé (- 135 millions de francs), sensée
être compensée par les recettes provenant de l'activité
hospitalière alors que celles-ci diminueront en 2000.
Il convient de signaler que cette "
revue du titre III "
a
été opérée en début d'année par le
ministère de la défense. Cet exercice a mis en évidence
une
diminution des crédits de fonctionnement beaucoup plus rapide que
celle qui était programmée
, pesant sur la vie courante des
forces armées et contribuant à des
diminutions des niveaux
d'activité et d'entraînement.
Ces tensions n'ont été que partiellement amorties par les
conditions tarifaires favorables sur les produits pétroliers, dont les
effets sont aujourd'hui dissipés, et par le transfert progressif de
1,4 milliard de francs de crédits d'entretien programmé des
matériels du titre III au titre V, qui s'est effectué au
détriment des programmes.
Force est de constater que le
projet de budget pour 2000 n'a pris en compte
que très partiellement les besoins identifiés par la " revue
du titre III
" ne permettant par exemple qu'une légère
amélioration du taux d'activité, très inférieure au
relèvement qui avait été souhaité.
S'agissant des
dépenses en capital
, des crédits
d'entretien programmé des matériels, d'études et
développement ou d'infrastructure, sur lesquels des abattements
forfaitaires avaient été opérés dans le cadre de la
" revue de programmes ", demeurent
extrêmement
contraints
alors que sur le plan des programmes d'équipement, le
niveau des dotations ne semble aucunement prendre en compte un certain nombre
de
besoins relevés à l'issue du conflit du Kosovo
, ne
serait ce que le remplacement des drones détruits au cours des
opérations.
Alors même que le renforcement de l'effort européen de
défense constitue le coeur des déclarations relatives à
l'Europe de la défense, ce projet de budget illustre le décalage
entre les intentions et les actes et traduit un
nouveau recul de la
défense dans l'ordre des priorités gouvernementales.
3. Des interrogations sur le niveau des autorisations de programme
Si elles
évoluent conformément aux conclusions de la " revue de
programmes ", les dotations en autorisations de programme ne semblent pas
pour autant prendre pleinement en compte les besoins
générés par le recours aux commandes globales
pluriannuelles.
En effet, faute de dotation suffisante en loi de finances initiale, celles-ci
doivent en partie se financer sur un stock d'autorisations de programme
disponibles et non engagées qui tend d'année en année
à se réduire.
Les difficultés rencontrées cette année pour passer la
commande globale de 80 hélicoptères Tigre en a
apporté l'illustration.
Pour 2000, le niveau d'autorisations de programme ne permettra pas de passer
toutes les commandes globales envisagées, certaines devant donc
être décalées aux années suivantes.
Tel semble être le cas pour l'hélicoptère NH90, dont la
fabrication et l'industrialisation ne pourront être lancées en
2000.
Par ailleurs, la dotation d'autorisations de programmes prévue pour le
missile M51 ne s'élèvent qu'à 5 milliards de francs,
alors que la commande globale s'élèvera à 7 milliards
de francs, la différence devant être mobilisée sur des
autorisations de programmes antérieures.
B. L'ÉCART CROISSANT ENTRE LES RÉALISATIONS BUDGÉTAIRES ET LA LOI DE PROGRAMMATION
La
loi de programmation
avait prévu que
les crédits des
titres V et VI s'élèveraient sur les six années 1997-2002
à 86 milliards de francs constants
, exprimés en francs 1995.
Cette enveloppe qui représentait 516 milliards de francs 1995, soit
542 milliards de francs 1999, a subi au fil des années
trois
types d'amputations :
- dès les lois de finances initiales
, qui, sauf en 1997, sont
constamment inférieures à ce niveau,
- en cours d'exercice par les
annulations de crédits,
- et, enfin par l'inscription au budget d'équipement de
" charges indues "
non prévues, voire formellement
exclues, par la loi de programmation.
On peut évaluer à
plus de 64 milliards de francs
le
"
manque à gagner
" total pour le budget
d'équipement des armées,
sur la période 1997-2002
,
soit
près de 12 % de l'enveloppe totale
pour les 6
années.
Ces 64 milliards de francs se décomposent comme suit :
- "
l'encoche "
opérée en 1998 sur les
crédits d'équipement (
8,8 milliards de francs
),
- la révision à la baisse décidée après la
"
revue de programmes
"
(
- 19,1 milliards de
francs
étalés en 1999 à 2002),
-
la nouvelle " encoche " de 2000 (- 3,2 milliards de francs
par rapport à la " revue de programmes "),
- les annulations de crédits
intervenues depuis 1997
(-
21,7 milliards de francs
, dont 5 milliards de francs en
1997, 7,35 milliards de francs en 1998 et 9,35 milliards de francs en 1999),
dont une large partie a servi, en contradiction avec la loi de programmation,
à financer les opérations extérieures et les
recapitalisations de GIAT-Industries.
- les "
charges indues
" non prévues en programmation
(- 11,
4 milliards
de francs
), principalement un
prélèvement, formellement exclu par la loi, au titre du
budget
civil de recherche et développement
(500 millions de francs en 1998,
900 millions de francs en 1999 et 1 500 millions de francs en 2000) et
deux transferts de crédits d'entretien programmé des
matériels
du titre III au titre V (1 milliard de francs en 1997 et
400 millions de francs en 1999) qui se traduisent par une ponction globale de
près de 8,5 milliards de francs de 1997 à 2002.
Ce montant total suppose qu'en 2001 et 2002 les crédits
d'équipement augmenteront pour retrouver le niveau arrêté
à l'issue de la " revue de programme " et il ne pourrait que
s'alourdir si tel n'était pas le cas ou en fonction des
éventuelles annulations de crédits susceptibles d'intervenir en
2000, 2001 et 2002 et des nouvelles charges, telles que les contributions au
BCRD, venant grever le budget de la défense.
Certes, dans cet ensemble de mesures, il convient de faire un sort particulier
à certaines économies sans conséquences sur le calendrier
d'équipement décidées dans le cadre de la revue de
programmes, telles que le réaménagement de
l'échéancier de livraison du SNLE NG n° 4 et du missile M51.
Il n'en demeure pas moins que,
globalement, le niveau des ressources
allouées à l'équipement des armées sera
inférieur d'au moins 10 milliards de francs par an à celui
défini par la loi de programmation
. Ces montants sont à
rapprocher du coût d'acquisition de certains matériels tels que le
second porte-avions ou le satellite d'observation radar dont le financement est
aujourd'hui incertain.
II. L'ÉVOLUTION DES CRÉDITS DE L'ANCIENNE SECTION COMMUNE
A. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
Pour 2000, les crédits de l'ancienne section commune se monteront à 48,521 milliards de francs , soit une progression de 0,3 % par rapport à 1999. Leur part dans l'ensemble du budget de la défense (hors pensions) s'élève à 25,8 %.
Evolution des crédits de l'ancienne section commune
(en millions de francs)
|
1999 |
2000 |
% |
TITRE III |
24 302 |
24 606 |
+ 1,3 % |
DGA |
4 779 |
2 829 |
- 40,8 % |
Soutien interarmées |
2 116 |
1 987 |
- 6,1 % |
Renseignement |
856 |
895 |
+ 4,5 % |
Administration générale |
16 046 |
18 387 |
+ 14,6 % |
Etat-major des armées |
265 |
508 |
+ 91,5 % |
TITRES V ET VI |
24 082 |
23 915 |
- 0,7 % |
DGA |
11 623 |
11 694 |
+ 0,6 % |
Soutien interarmées |
1 132 |
1 149 |
+ 1,5 % |
Renseignement |
667 |
680 |
+ 2 % |
Administration générale |
824 |
791 |
- 4,0 % |
Etat-major des armées |
9 836 |
9 600 |
- 2,4 % |
TOTAL |
48 383 |
48 521 |
+ 0,3 % |
DGA |
16 401 |
14 523 |
- 11,5 % |
Soutien interarmées |
3 248 |
3 136 |
- 3,4 % |
Renseignement |
1 522 |
1 575 |
+ 3,4 % |
Administration générale |
16 869 |
19 178 |
+ 13,7 % |
Etat-major des armées |
10 101 |
10 108 |
+ 0,1 % |
Les
dépenses ordinaires
s'établissent à
24,6
milliards de francs
, soit 1,3 % de plus qu'en 1999. Cette progression
est imputable aux crédits de rémunérations et de charges
sociales, qui s'élèvent à 19,4 milliards de francs,
soit 2,7 % de plus qu'en 1999, alors que les dépenses de
fonctionnement courant, avec 5,2 milliards de francs, diminuent de
3,8 %.
Les
dépenses en capital
des titres V et VI reculent de
0,7 %, passant de 24,1 milliards de francs en 1999 à
23,9 milliards de francs pour 2000
.
B. ÉVOLUTIONPAR AGRÉGAT
La présentation par agrégat permet de mieux cerner les caractéristiques d'évolution des crédits de l'ancienne section commune.
1. La délégation générale pour l'armement (DGA)
Les crédits regroupés sous l'agrégat DGA s'élèvent à 14,5 milliards de francs contre 16,4 milliards de francs en 1999, soit une diminution de plus de 11 % essentiellement liée à une modification du périmètre, la rémunération des personnels civils affectés à la DGA étant désormais inscrite en totalité à l'agrégat administration générale. Les dépenses ordinaires s'établissent à 2,8 milliards de francs (- 40,8 %) alors que les dépenses en capital se montent à 11,7 milliards de francs, niveau légèrement supérieur à celui de l'an passé.
Evolution des crédits de la DGA
(en millions
de
francs)
|
1999 |
2000 |
% |
Rémunération et charges sociales |
2 861,235 |
972,389 |
- 66,0 % |
Fonctionnement courant |
1 917,878 |
1 856,783 |
- 3,2 % |
Total dépenses ordinaires |
4 779,113 |
2 829,172 |
- 40,8 % |
Titre V |
10 083,400 |
9 538,190 |
- 5 ,4 % |
Titre VI |
1 539,100 |
2 155,680 |
+ 40,1 % |
Total dépenses en capital |
11 622,500 |
11 693,870 |
+ 0,6 % |
TOTAL |
16 401,613 |
14 523,042 |
11,5 % |
S'agissant des rémunérations et charges sociales,
l'agrégat ne regroupe plus que les personnels militaires de la DGA, dont
l'effectif passera de 3 708 en 1999 à 3 472 en 2000.
Parallèlement, l'effectif des personnels civils passera de 15 334
à 14 409 personnes.
Les dépenses de fonctionnement courant, fortement comprimées l'an
passé, régresseront de 3,2 %.
La stabilité des dépenses en capital masque des évolutions
contrastées :
- une diminution de 5,4 % des crédits d'études,
d'équipement et d'infrastructure inscrit au titre V,
- une forte augmentation des crédits du titre VI imputable à une
nouvelle contribution de la Défense à la recherche duale,
à hauteur de 1,5 milliard de francs, contre 900 millions de
francs l'an passé.
Rappelons qu'en contradiction flagrante avec la loi de programmation militaire
1997-2002 qui excluait que la contribution du ministère au budget civil
de recherche et de développement (BCRD) soit imputée sur
l'enveloppe des moyens alloués à la défense, cette
contribution au BCRD est allée en augmentant au fil des années,
passant de 500 millions de francs en 1998 à 900 millions de francs
en 1999 pour atteindre 1,5 milliard de francs en 2000. Elle s'est
directement répercutée sur les moyens affectés aux
dépenses d'équipement.
Cette situation est d'autant plus contestable qu'elle pèse sur un budget
d'équipement réduit, inférieur aux objectifs de la loi de
programmation, et que les crédits ainsi transférés
à la recherche civile, en particulier au Centre national d'études
spatiales, ne produisent pratiquement aucune retombée pour la
défense.
2. Le soutien interarmées
Les crédits regroupés sous l'agrégat " soutien interarmées " représentent 3,1 milliards de francs pour 2000, soit un recul de 3,4 % par rapport à 1999.
Evolution des crédits consacrés aux
" soutiens
interarmées "
(en millions de francs)
|
1999 |
2000 |
% |
Rémunération et charges sociales |
1 459,210 |
1 445,300 |
- 1,0 % |
Fonctionnement |
656,508 |
541,482 |
- 17,5 % |
Total dépenses ordinaires |
2 115,718 |
1 986,782 |
- 6,1 % |
Titre V |
470,000 |
457,780 |
- 2,6 % |
Titre VI |
662,000 |
691,690 |
+ 4,5 % |
Total dépenses en capital |
1 132,000 |
1 149,470 |
+ 1,5 % |
TOTAL |
3 247,718 |
3 136,252 |
- 3,4 % |
Cet
agrégat regroupe uniquement :
.
le
budget de service de santé des armées
, qui se
monte à 1,68 milliard de F, soit une
diminution de 8,5 %
imputable pour l'essentiel à la très forte réduction cette
année encore des crédits de fonctionnement du service
(- 36 %). Cette réduction intervient alors que les ressources
extrabudgétaires liées à l'activité
hospitalière du service, rattachées en cours d'exercice de
crédits de fonds de concours, seront elles-mêmes en diminution.
.
le
budget du service des essences
, qui s'élève
à 564 millions de F, soit un niveau sensiblement équivalent
à celui de l'an passé.
.
le budget (hors frais de personnels) de la nouvelle
Direction
à l'information et à la communication (DICOD
), qui
succède au SIRPA. Il se montera à 74,3 millions de F, soit 22,7 %
de plus qu'en 1999,
.
les
dépense d'équipement culturel et social
inscrites au titre VI, qui passent de 662 à 691 millions de F, cette
rubrique couvrant essentiellement la
subvention versée par l'Etat au
territoire de Polynésie française
en application de la
convention pour le renforcement de son autonomie économique qui garantit
au territoire pendant dix ans le maintien de flux financiers compensant la
fermeture du centre d'expérimentation du Pacifique.
3. Le renseignement
Avec 1,57 milliard de F , les crédits inscrits sous l'agrégat "Renseignement" progressent de 3,4 %. Les dépenses ordinaires s'élèvent à 894 millions de F, soit 4,5 % de plus qu'en 1999 alors que les dépenses en capital augmentent de 2 % et atteignent 680 millions de F.
Evolution des crédits consacrés au
renseignement
(en millions de F)
|
1999 |
2000 |
% |
Rémunérations et charges sociales |
651,816 |
690,733 |
+ 6,0 |
Fonctionnement courant |
204,011 |
203,956 |
- |
Total dépenses ordinaires |
855,827 |
894,689 |
+ 4,5 |
Titre V |
667,000 |
680,000 |
+ 2,0 |
Titre VI |
- |
|
- |
Total dépenses en capital |
667,000 |
680,000 |
+ 2,0 |
Total |
1 522,827 |
1 574,689 |
+ 3,4 |
Cet agrégat regroupe uniquement le budget de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), qui atteint 1,5 milliard de F, ainsi que les crédits de fonctionnement et d'équipement de la Direction de protection et de sécurité de la défense, qui se montent à 70 millions de F.
4. L'administration générale
Les dépenses d'administration générale (hors pensions) atteignent 19,2 milliards de francs , soit une progression de 13,7 % par rapport à 1999, liée pour une large part à un changement de périmètre, l'agrégat regroupant désormais les personnels civils affectés à la DGA, ainsi que les charges de rémunération et de fonctionnement de l'administration centrale du secrétariat d'Etat aux Anciens combattants.
Evolution des crédits d'administration
générale
(en millions de francs)
|
1999 |
2000 |
% |
Rémunérations et charges sociales |
13 970,116 |
16 340,534 |
+ 17,0 |
Fonctionnement courant |
2 075,822 |
2 046,869 |
- 1,4 |
Total dépenses ordinaires |
16 045,938 |
18 387,403 |
+ 14,6 |
Titre V |
608,000 |
558,040 |
- 8,2 |
Titre VI |
216,000 |
232,654 |
+ 7,7 |
Total dépenses en capital |
824,000 |
790,694 |
- 4,0 |
Total |
16 869,938 |
19 178,097 |
+ 13,7 |
L'impact
de l'intégration de l'administration des Anciens combattants se monte
à 495 millions de francs de crédits, dont
474,7 millions de francs sur le titre III et 20,3 millions de francs
sur le titre V.
Au titre des autres dépenses, on peut noter :
.
une augmentation des dépenses de personnel liées aux
restructurations, notamment les mesures de dégagement des cadres
relevant de l'administration générale (personnels civils), la
dotation atteignant 600 millions de francs (+ 8,7 %),
.
une réduction de 12,2 % de l'indemnité
compensatrice accordée à la SNCF, qui passe de 1
173 millions de francs en 1999 à 1 029 millions de francs
en 2000,
.
une légère progression des dotations du Fonds pour les
restructurations de la défense (FRED), qui passent de 202 à 206,7
millions de francs (+ 2,4 %)
5. L'Etat-major des armées
Les crédits regroupés sous l'agrégat " Etat-major des armées " créé en 1999, s'élèvent à 10,1 milliards de francs , soit 2,3 % de moins qu'en 1999, dont 508 millions de francs au titre des dépenses ordinaires (+ 0,5 %) et 9,6 milliards de francs au titre des dépenses en capital (- 2,4 %).
Evolution des crédits consacrés à
l'Etat-major des armées
(en millions de francs)
|
1999 |
2000 |
% |
Rémunérations et charges sociales |
- |
- |
- |
Fonctionnement |
505,309 |
507,981 |
+ 0,5 % |
Total dépenses ordinaires |
505,309 |
507,981 |
+ 0,5 % |
Titre V |
9 836,000 |
9 600,226 |
- 2,4 % |
Titre VI |
- |
- |
- |
Total dépenses en capital |
9 836,000 |
9 600,226 |
- 2,4 % |
Total |
10 341,309 |
10 108,207 |
- 2,3 % |
La
légère augmentation des dépenses de fonctionnement traduit
une progression des moyens de la direction du renseignement militaire (DRM) et
des organismes interarmées, alors que les dépenses de
fonctionnement des états-majors interarmées outre-mer diminuent.
Les crédits d'équipement inscrits au titre V concernent
essentiellement l'espace et les systèmes d'information et de
communication (2 953 millions de francs dont 1 112 millions de
francs pour le programme Hélios II et 304 millions de francs pour
le programme Syracuse III), et les forces nucléaires
(5 718 millions de francs dont 1 980 millions de francs
pour le programme M 51, 1 784 millions de francs pour les missiles
stratégiques et 1 609 millions de francs
transférés au Commissariat à l'énergie atomique au
titre des charges nucléaires).
CHAPITRE II -
LES QUESTIONS
NUCLÉAIRES
Au cours
des années 1998 et 1999, les crédits consacrés à la
dissuasion nucléaire ont été affectés plus que
d'autres par les abattements opérés sur les crédits
d'équipement de la défense, leur part diminuant dans un titre V
lui-même réduit par rapport aux objectifs de la loi de
programmation nucléaire.
S'agissant des crédits de paiement, cette tendance se confirme dans le
projet de budget 2000 puisqu'ils régressent de 4,6 % et
s'établissent à 15,8 milliards de francs.
Avec 18,4 milliards de francs, soit 38 % de plus que l'an passé,
les autorisations de programme s'inscrivent en revanche en net redressement,
après deux années de très forte diminution. Cette
augmentation est liée, sans toutefois la couvrir en totalité,
à la commande globale, l'année prochaine, de deux ans de
développement du missile M51.
Le déroulement des programmes nucléaires continuera donc à
s'opérer dans un contexte budgétaire tendu, à l'heure
où la modernisation de notre force de dissuasion paraît plus que
jamais impérative, compte tenu d'un environnement international moins
favorable au désarmement nucléaire et toujours marqué par
la persistance des risques liés à la prolifération.
I. UN ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL MOINS PROPICE AU DÉSARMEMENT NUCLÉAIRE
Les deux
années qui viennent de s'écouler ont été
marquées par une série d'événements plutôt
négatifs au regard des objectifs de désarmement nucléaire
et de lutte contre la prolifération.
Les négociations internationales, qu'elles soient multilatérales
ou bilatérales russo-américaines semblent aujourd'hui au point
mort alors que l'entrée en vigueur du traité d'interdiction
complète des essais nucléaires est compromise.
Les initiatives américaines relatives à la défense
antimissiles relancent les interrogations sur une reprise de la course aux
armements.
Le regain d'activité constaté sur les programmes
nucléaires militaires et les missiles balistiques dans certains pays,
notamment sur le continent asiatique, constitue incontestablement un facteur
d'inquiétude et de risque pour l'avenir.
A. L'AFFAIBLISSEMENT DES INSTRUMENTS INTERNATIONAUX DE DÉSARMEMENT NUCLÉAIRE ET DE NON PROLIFÉRATION
La période récente n'a enregistré aucun progrès, bien au contraire, des instruments internationaux de désarmement et de non prolifération nucléaire.
1. L'entrée en vigueur du traité d'interdiction complète des essais nucléaires compromise
Comme on
pouvait s'y attendre, la condition requise pour l'entrée en vigueur du
traité d'interdiction complète des essais nucléaires,
à savoir sa ratification par les 44 Etats membres de la
Conférence du désarmement possédant des capacités
nucléaires de recherche ou de production d'énergie, n'est
toujours pas remplie.
L'Inde, le Pakistan et la Corée du Nord demeurent les trois seuls Etats,
parmi les 44 dont la ratification est requise, à n'avoir pas
signé le traité.
Après la campagne d'essais nucléaires du printemps 1998, une
certaine évolution était perceptible en Inde et au Pakistan, mais
celle-ci a été gelée par les changements politiques
intérieurs dans ces deux pays et par le conflit qui les a opposés
au Cachemire.
Quant à la Corée du Nord, si elle s'est peu exprimée sur
le sujet, elle semble toujours aussi déterminée dans son refus de
signer le traité.
A ce premier facteur de blocage vient s'ajouter le refus du Sénat
américain, le 13 octobre dernier, de ratifier le traité.
Il s'agit là à l'évidence d'un coup très rude pour
l'avenir du traité. En effet, quelles que soient les motivations
réelles qui ont influé sur ce vote, il compromet gravement les
perspectives d'entrée en vigueur d'un régime d'interdiction
complète des essais nucléaires, et ce pour trois raisons :
- le traité ne peut entrer en vigueur sans la ratification des
Etats-Unis,
- le refus américain pourrait entraîner celui d'autres Etats
signataires qui n'avaient pas ratifié le texte et qui pourront notamment
s'appuyer sur les arguments développés à Washington quant
à l'absence de fiabilité du système de surveillance ou aux
impératifs de sécurité nationale,
- enfin, face à un régime d'interdiction hypothétique,
certains Etats pourraient être tentés de reprendre les essais
nucléaires.
2. Les négociations sur un traité d'interdiction de production des matières fissiles enlisées
La
négociation d'un traité universel, vérifiable et non
discriminatoire d'interdiction de production de matières fissiles pour
les armes nucléaires
(fissile material cut-off treaty ou
" cut-off ")
, correspondait à un engagement politique pris
en 1995 lors de la prorogation du traité de non-prolifération.
Bien qu'inscrite à l'ordre du jour de la Conférence du
désarmement, cette négociation n'a toujours pas pu
démarrer, faute d'accord sur le mandat de négociation.
Des divergences sont en effet apparues, notamment entre les puissances
nucléaires reconnues et le groupe des pays non alignés, sur la
prise en compte ou non des stocks de matières fissiles
déjà constituées, les Etats-Unis, la France et le
Royaume-Uni souhaitant l'ouverture d'une négociation selon les termes du
mandat Shannon, agréé en 1995, qui n'inclut pas les stocks de
matières fissiles.
Par ailleurs, plusieurs Etats souhaitent lier l'ouverture de la
négociation à la création d'enceintes
multilatérales sur le désarmement nucléaire et sur la
course aux armements dans l'espace.
3. Le blocage du processus russo-américain START
La
poursuite de la mise en oeuvre des accords américano-russes START de
réduction des arsenaux stratégiques reste toujours suspendue
à la ratification par la Douma russe de l'accord START II,
déjà ratifié par le Congrès américain en
1996.
Rappelons que l'accord START I, signé en 1991, avait prévu de
ramener en sept ans les arsenaux stratégiques des deux pays à
6 000 têtes nucléaires. Ces objectifs sont en passe
d'être atteints puisque, de source officielle, le nombre de têtes
nucléaires au début de l'année s'établissait
à 6 454 pour la Russie et 6 227 pour les Etats-Unis, l'objectif de
6 000 têtes étant envisagé pour 2001.
Signé en 1993, l'accord START II prévoit une nouvelle
réduction, de l'ordre de la moitié par rapport à START I,
du nombre d'armes stratégiques. Le retard pris dans la ratification de
START II a d'ores et déjà entraîné une modification
du calendrier lors du sommet d'Helsinki en mars 1997. Les
échéances de mise en oeuvre ont été
reculées. La première phase, au cours de laquelle le plafond du
nombre total de têtes déployées doit être
ramené à 4 250, s'achèverait en 2004, la seconde
phase s'achevant en 2007 avec un abaissement des plafonds à 3 000
têtes pour la Russie et à 3 500 pour les Etats-Unis.
Toutefois, les deux pays se sont engagés à désactiver
avant le 31 décembre 2003 l'ensemble des têtes
nucléaires des missiles stratégiques devant être
éliminés avant la fin 2007.
L'examen de START II par la Douma russe a été repoussé
à maintes reprises, en dernier lieu à la suite du conflit du
Kosovo, et semble encore moins à l'ordre du jour à la suite de
l'attitude des Etats-Unis sur le traité d'interdiction complète
des essais et surtout sur la question de la défense anti-missiles.
Bien évidemment, le blocage de START II handicape la négociation
d'un nouvel accord START III destiné à fixer le niveau des
arsenaux à un total, pour chaque partie, de 2 000 à
2 500 têtes nucléaires déployées sur des
vecteurs stratégiques.
4. Le traité ABM en question
Signé en 1972 par l'URSS et les Etats-Unis, puis
ratifié, après la dissolution de l'URSS par la Russie, l'Ukraine,
la Biélorussie et le Kazakhstan, le traité ABM (
Anti-balistic
missile
) limite les capacités des systèmes antimissiles des
pays signataires afin d'éviter une course aux armements et la tentation
pour le pays le moins bien protégé de procéder à
une frappe nucléaire en premier. Il est à ce titre
considéré comme un élément fondamental de
l'équilibre stratégique entre les deux pays.
Les essais effectués par les Etats-Unis dans le cadre d'un programme
anti-missiles de défense du territoire national
(National missile
defense - NMD)
, illustrés par la réussite, le 3 octobre
dernier, de l'interception dans l'espace d'un missile intercontinental,
conduisent bien entendu à poser la question d'une révision du
traité ABM qui serait nécessaire si les autorités
américaines décidaient finalement d'autoriser le
déploiement d'un nombre d'intercepteurs beaucoup plus important que
celui envisagé par le traité, sur une pluralité de sites.
Rappelons que les initiatives américaines résultent de la
perception nouvelle de la menace directe que pouvait faire peser sur le
territoire des Etats-Unis par l'intermédiaire de missiles balistiques un
Etat proliférant ou un tir accidentel ou non autorisé.
Le programme NMD, qui repose sur des missiles de défense, des satellites
de surveillance avancée et des radars au sol, a été
conforté par l'adoption à la quasi unanimité du
Sénat le 17 mars dernier du "
Missile defense act "
demandant qu'un système de défense antimissiles du territoire
américain soit déployé " aussitôt que
techniquement possible ". L'administration a toutefois obtenu l'inclusion
d'un amendement stipulant que le déploiement de la NMD ne devait pas
nuire aux négociations de désarmement avec la Russie.
Celle-ci invoque en effet très fermement le risque de rupture des
équilibres stratégiques qui résulterait d'une
révision du traité ABM et a fortiori d'un retrait
unilatéral des Etats-Unis.
Le programme NMD suscite également des inquiétudes chez les
alliés des Etats-Unis, qui craignent un " découplage "
entre leur protection face à la menace balistique et celle du territoire
américain. D'autre part, il pourrait encourager la volonté des
puissances nucléaires de maintenir la capacité dissuasive de
leur arsenal, ou celle d'autres pays de se doter d'une telle capacité,
et relancer ainsi une course aux armements nucléaires.
B. LES RISQUES ACCRUS DE PROLIFÉRATION NUCLÉAIRE ET BALISTIQUE
Le regain d'activité sur les programmes nucléaires constaté dans certains pays et la multiplication des expérimentations balistiques augmentent les facteurs de risque en Asie et au Moyen-Orient.
1. L'Asie, théâtre d'une nouvelle course aux armements ?
En
matière de prolifération nucléaire ou balistique, les
signes inquiétants provenant du continent asiatique se sont
multipliés au cours des derniers mois.
Après les essais nucléaires du mois de mai 1998, qui ont
confirmé ses capacités de production de matières
nucléaires et de réalisation d'armes et au cours desquels au
moins deux engins d'énergie significative ont été
testés, l'
Inde
semble déterminée à
développer un arsenal complet dont la finalité principale est la
dissuasion vis-à-vis de la Chine. Elle poursuit la réalisation
d'un ambitieux programme de mise au point de missiles balistiques avec le
Prithvi et surtout l'Agni, missile stratégique à propulsion
solide capable d'emporter une charge de l'ordre d'une tonne sur une distance de
2500 kilomètres. C'est la dernière version de ce missile, l'Agni
-2, qui a été testée en vol le 11 avril dernier.
Le
Pakistan
, qui a lui aussi fait la démonstration de sa
capacité nucléaire militaire en procédant en mai 1998
à des expérimentations souterraines, entreprend la
réalisation de têtes pour missiles et a testé au mois
d'avril, peu après le tir indien, un missile balistique Ghauri, mis au
point avec l'aide de la Corée du Nord, d'une portée
théorique de 1500 kilomètres pour une charge utile de 700 kg,
ainsi qu'un missile à carburant solide Shaheen, inspiré
semble-t-il d'une technologie chinoise, d'une portée théorique de
750 km pour une charge utile d'une tonne.
Le gel des activités nucléaires militaires nord-coréennes,
prévu par l'accord cadre signé avec les Etats-Unis en 1994
demeure toujours sujet à interrogations, l'Agence internationale de
l'énergie atomique n'étant pas en mesure de vérifier les
déclarations des autorités de Pyongyang et d'acccéder aux
combustibles stockés pour juger de l'état du programme
d'accès au plutonium. En revanche, la
Corée du Nord
est
incontestablement devenue en quelques années l'un des acteurs majeurs de
la prolifération balistique dans le monde, particulièrement en
direction du Moyen-Orient. La Corée du Nord développerait
actuellement deux types de missiles balistiques Taepo-Dong dont la
portée pourrait être respectivement de 2000 et 3500 km, un essai
ayant été effectué pendant l'été 1998. Il
faut par ailleurs rappeler que la Corée du Nord n'a pas
adhéré à la convention d'interdiction des armes chimiques
et dispose de sites de production d'agents chimiques et de munitions chimiques.
Ces évolutions se produisent en Asie alors que parallèlement,
la Chine constitue la seule puissance nucléaire reconnue à ne
pas réduire son arsenal nucléaire
mais au contraire à
le développer, quantitativement et surtout qualitativement. La Chine
détiendrait aujourd'hui environ 300 têtes stratégiques
auxquelles s'ajouteraient 150 têtes tactiques non
déployées, ces chiffres étant toutefois contestés
par certain experts qui évoquent des quantités beaucoup plus
importantes. Presque exclusivement basé au sol, cet arsenal repose
notamment sur des missiles stratégiques de type Dongfong d'une
portée de 10.000 km.
Ce contexte relance l'actualité des
système de défense
anti missiles de théâtre
(Theater missile defense - TMD)
que les Etats-Unis pourraient proposer de livrer au Japon ou à
Taïwan, le développement de tels systèmes pouvant
lui-même apparaître comme une incitation à améliorer
les capacités balistiques existantes et à encourager la course
aux armements.
2. La prolifération balistique au Moyen-Orient et autour du bassin méditerranéen
Alors
qu'une nouvelle crise s'est déclarée au sujet du contrôle
du désarmement irakien, les signes de prolifération balistique au
Moyen-Orient et autour du bassin méditerranéen demeurent
visibles. Les transferts de technologie touchant aux missiles balistiques et
aux armes de destruction massive en provenance de Corée du Nord ont
notamment bénéficié à l'Iran, à la Syrie et
à la Libye.
L'Iran a ainsi testé en juillet 1998 un missile Shahab- 3 fruit d'une
coopération avec Pyongyang.
Cette situation illustre l'insuffisance du régime actuel de
contrôle de la technologie des missiles, le code de bonne conduite ne
liant que 24 Etats.
II. LE DÉROULEMENT DES PROGRAMMES NUCLÉAIRES
L'abandon de la composante sol-sol, la fermeture des usines de
production de matière fissile militaire, l'arrêt définitif
des essais nucléaires et le démantèlement des sites
d'expérimentation, la réduction du volume et de la posture
d'alerte des composantes sous-marine et aéroportée ont
entraîné une forte contraction en très peu d'années
de notre force de dissuasion nucléaire, ajustée au nouveau
contexte stratégique "
dans le strict respect des principes de
suffisance et de crédibilité
", selon les termes de la
loi de programmation.
L'évolution de l'environnement international, moins favorable au
désarmement nucléaire et marqué par la montée des
risques liées à la prolifération impose que soit
menés à bien les deux objectifs assignés à nos
programmes nucléaires :
- la modernisation et le renouvellement des composantes sous-marine et
aéroportée,
- la réussite du programme de simulation indispensable, et l'absence
d'essais en vraie grandeur, à la fiabilité et à la
sûreté des armes futures.
A. LA MODERNISATION ET LE RENOUVELLEMENT DES COMPOSANTES SOUS-MARINE ET AÉROPORTÉE
1. La Force océanique stratégique
Les
objectifs assignés à la force océanique stratégique
arrêtés par la loi de programmation prévoient :
- la réalisation de 4 sous-marins lanceurs d'engins de nouvelle
génération (SNLE-NG) appelés à prendre la suite des
SNLE actuels et caractérisés notamment par une
invulnérabilité accrue du fait de leur discrétion
acoustique,
- le remplacement du missile balistique M 4 en service sur les SNLE actuels par
le missile M 45 doté d'une tête nucléaire nouvelle, la TN
75,
- puis à échéance plus lointaine, le remplacement du M 45
par un missile plus performant, le M 51 équipé dans un premier
temps (2008) de la TN 75 puis, en 2015, de la nouvelle tête
océanique (TNO)
La force océanique stratégique se compose aujourd'hui de 4
bâtiments, nombre considéré comme le minimum indispensable
pour assurer, compte tenu des cycles d'entretien, la permanence à la mer
de 2 bâtiments si nécessaire, et ce afin de parer la
neutralisation éventuelle de l'un d'entre eux.
Le premier SNLE-NG, le Triomphant, est entré en service début
1997. Le deuxième, le Téméraire, devrait être admis
au service actif en décembre prochain. L'admission au service actif des
deux derniers SNLE-NG est prévue à l'été 2004 pour
le Vigilant et à l'été 2008 pour le SNLE-NG n° 4.
S'agissant des missiles balistiques, le SNLE-NG le Triomphant a
été équipé dès son admission au service
actif du missile M 45 et de la tête nucléaire TN 75 de
capacité de pénétration améliorée. Il en ira
de même pour le Téméraire et pour le Vigilant. Le dernier
SNLE de génération actuelle, l'Inflexible, qui devrait demeurer
en service jusqu'à l'été 2006, sera adapté en vue
d'être capable d'emporter le missile M 45.
A partir de 2008, la FOST sera dotée d'un nouveau missile, le missile M
51, dont la portée avec un chargement complet en têtes
nucléaires sera de 6 000 km, contre 4 000 km pour le M 45, ce qui
permettra d'augmenter les zones de patrouille. Les missiles M 51 seront
équipés dans un premier temps de la tête nucléaire
TN 75 et des aides à la pénétration du missile M45, puis,
à partir de 2015, de la nouvelle tête nucléaire
océanique (TNO) et d'un nouveau système d'aide à la
pénétration.
Rappelons qu'à la suite de la revue de programme, la durée du
développement du missile M 51 a été réduite de
manière à pouvoir équiper directement le SNLE-NG n°
4. Cet aménagement du calendrier a entraîné une
économie globale de l'ordre de 5,5 milliards de francs sur les
programmes SNLE-NG, M 45 et M 51 et imposera une optimisation des essais du M
51.
2. La composante aéroportée
La
composante aéroportée de notre force de dissuasion constitue le
complément nécessaire de la composante sous-marine et se
caractérise par une mobilité et une souplesse d'emploi permettant
de diversifier les modes de pénétration. Mise en oeuvre depuis le
sol ou depuis le porte-avions, elle peut contribuer de manière plus
visible à l'exercice de la dissuasion.
La composante aéroportée repose sur trois escadrons de Mirage
2000-N de l'armée de l'air et sur les Super-Etendard modernisés
de l'aéronavale, qui emportent le missile air sol moyenne portée
(ASMP), dont la portée varie de 3000 km en haute altitude à 80 km
en basse altitude et qui est équipé de la tête
nucléaire TN 81.
La composante aéroportée sera entièrement
renouvelée à partir de 2007 par l'entrée en service des
Rafale Marine et Air, le remplacement de l'ASMP par l'ASMP
amélioré (ASMP-A) et le remplacement de la TN 81 par la nouvelle
tête nucléaire aéroportée (TNA).
Les tête nucléaires TN 81 commenceront à être
retirées du service en 2007 pour être remplacées par les
TNA.
La livraison du vecteur ASMP-A devrait intervenir à partir de 2008, le
lancement du stade de réalisation étant prévu en 2000. Il
bénéficiera du vecteur à stratoréacteur VESTA dont
le développement est commun avec le missile antinavires futur (ANF).
L'ASMP-A se caractérisera par une portée et une capacité
de pénétration des défenses nettement supérieures
à celles de l'ASMP.
Enfin, la mise en service de la flottille des Rafale marine interviendra en
2008, tout comme le premier escadron de Rafale air, le deuxième escadron
étant mis en service en 2010 et le troisième en 2012.
B. LE PROGRAMME DE SIMULATION
La mise en oeuvre du programme de simulation constitue le second impératif pour notre force de dissuasion car il conditionne la garantie de la fiabilité et de la sûreté des armes futures.
1. Les enjeux du programme de simulation
De
l'ensemble des puissances nucléaires reconnues, la France se
caractérise par le fait d'avoir à la fois renoncé
juridiquement aux essais nucléaires en ratifiant le traité
d'interdiction complète des essais nucléaires et renoncé
matériellement et de manière irréversible à sa
capacité d'effectuer de tels essais en démantelant les
installations du Centre d'expérimentations du Pacifique.
Le programme de simulation apparaît dans ce contexte comme indispensable
à la garantie de la fiabilité et de la sûreté des
armes futures, c'est-à-dire de celles qui remplaceront les armes
actuelles sans avoir pu bénéficier des essais en vraie grandeur.
Votre rapporteur souhaite ici rappeler les
principaux enjeux de la
simulation
:
- les armes subissent des phénomènes de vieillissement des
charges qu'il importe de surveiller et dont il faut mesurer les incidences pour
y remédier. En l'absence d'essais, la simulation permettra
d'évaluer les conséquences du vieillissement des charges et
contribuera au maintien de la durée de vie des armes actuelles, telle
qu'elle est prévue jusqu'à leur remplacement ;
- les têtes nucléaires appelées à remplacer les
charges actuelles seront définies à partir des concepts
"robustes" testés lors de la dernière campagne d'essais, avec des
modifications limitées par rapport aux engins testés. Mais seule
la simulation permettra de garantir la fiabilité et la
sûreté de ces charges nouvelles, garantie sans laquelle la
dissuasion perdrait une grande part de sa crédibilité.
- enfin, à plus long terme, les concepteurs des armes qui assureront le
renouvellement appartiendront à une génération n'ayant pas
été confrontée aux essais en grandeur réelle.
Au-delà des données recueillies lors de ces essais, la simulation
leur fournira des calculateurs et des moyens expérimentaux
adaptés (la machine radiographique AIRIX et le laser Mégajoule)
leur permettant de confronter leurs calculs à l'expérience.
C'est à cette triple nécessité que répond le
programme de simulation.
2. La mise en oeuvre du programme de simulation
La mise
en oeuvre du programme de simulation repose sur de
puissants moyens de
simulation numérique
fournis par des ordinateurs beaucoup plus
performants que ceux actuellement en service, et sur des
installations
expérimentales
permettant de valider les modèles physiques
décrivant les phénomènes essentiels du fonctionnement des
armes nucléaires : la machine radiographique AIRIX pour la visualisation
détaillée du comportement dynamique de l'arme, et le laser
Mégajoule pour l'étude des phénomènes physiques,
notamment thermonucléaires.
La
machine radiographique AIRIX
, située à Moronvilliers
dans la Marne, sera vouée à l'analyse de la dynamique des
matériaux et elle permettra d'étudier le fonctionnement non
nucléaire des armes, à l'aide d'expériences au cours
desquelles les matériaux nucléaires sont remplacés par des
matériaux inertes. Elle sera opérationnelle en fin d'année
et succédera à l'actuelle machine GREC.
Projet de plus grande ampleur, le
laser Mégajoule
qui sera
installé au Barp, en Gironde, est pour sa part destiné à
l'étude du domaine thermonucléaire. Il permettra de
déclencher une combustion thermonucléaire sur une très
petite quantité de matière et de mesurer ainsi les processus
physiques élémentaires. Le développement du projet doit
s'effectuer en plusieurs étapes, avec tout d'abord la construction d'une
ligne d'intégration laser (LIL) qui devra valider et qualifier la
définition de la chaîne laser de base du laser Mégajoule.
Le calendrier du programme de simulation a été
arrêté en fonction de plusieurs critères : d'une part, la
relève des équipes de concepteurs actuels par des équipes
n'ayant pas connu les essais nucléaires, qui implique la mise à
disposition de ces dernières de moyens de simulation, et d'autre part
les échéances de remplacement des charges nucléaires
actuelles.
L'infrastructure de l'installation d'AIRIX est aujourd'hui achevée, la
machine radiographique étant en phase de fabrication. Sa mise en
service, avec un premier tir de démonstration, devrait intervenir fin
1999.
En ce qui concerne le laser Mégajoule, les principales phases de ce
calendrier sont :
- fin 1998 : achèvement de l'infrastructure de la ligne
d'intégration laser
- 2001 : mise en service de la ligne d'intégration laser
- 2006 : premières expériences sur le laser Mégajoule avec
un tiers des faisceaux
- 2010 : premières expériences sur le laser Mégajoule avec
la totalité des faisceaux.
Il convient également de rappeler que l'étude du laser
Mégajoule bénéficie d'échanges et de
coopérations techniques conduites avec le laboratoire Lawrence de
Livermore, les Etats-Unis réalisant pour leur propre programme de
simulation un projet similaire, le National Ignition Facility (NIF).
L'ensemble du programme de mise en place de moyens de simulation
représente un coût global de 15 milliards de francs, dont 9,5
milliards de francs d'investissements et 5,5 milliards de francs de
sous-traitance d'études et de développement.
Sur la période 1997-2002, les moyens prévus par la loi de
programmation (actualisés en francs 1998) représentent 11
milliards de francs, incluant le coût du millier d'agents du CEA
travaillant sur le programme et le développement, et la fabrication des
moyens de simulation.
Votre rapporteur croit devoir souligner une nouvelle fois que la contrepartie
indispensable aux engagements internationaux souscrits par la France et
à ses initiatives unilatérales, réside dans le respect
scrupuleux des enveloppes financières allouées à la
simulation par la dernière loi de programmation militaire.
III. LES CRÉDITS DE LA DISSUASION NUCLÉAIRE
La
révision de la posture nucléaire de la France devait logiquement
se traduire par une diminution des ressources consacrées à la
dissuasion nucléaire. Cette décrue, largement entamée au
début de la décennie, devrait se poursuivre tout au long de la
programmation, le part du budget de la défense consacrée aux
forces nucléaires devant s'établir, en 2002, à moins de
20 % du titre V, contre 31,4 % en 1990 et 21,9 % en 1996.
Du fait d'un décrochage beaucoup plus rapide que prévu, ce niveau
a été atteint dès 1999, les crédits du
nucléaire ayant alors atteint un niveau historiquement bas.
A. L'ÉVOLUTION GÉNÉRALE : UN NIVEAU DE CRÉDITS HISTORIQUEMENT BAS
Les
dotations consacrées à la dissuasion nucléaire en 2000
s'élèvent à 18,4 milliards de francs d'autorisations
de programme (+ 38,1 % par rapport à 1999) et à
15,8 milliards de francs en crédits de paiement
(- 4,6 %).
S'agissant des autorisations de programme, la forte
augmentation succède à deux années de très forte
réduction (- 17,9 % en 1998 et - 19,2 % en 1999), la dotation
ayant été ramenée à 13,3 milliards de francs
l'an passé. La dotation prévue en 2000 restera en tout
état de cause inférieure à celle de 1997. En ce qui
concerne les crédits de paiement, leur diminution confirme
l'érosion continue constatée depuis 1990, l'année 1998
ayant toutefois marqué un net décrochage.
Le tableau ci-dessous illustre la décrue très rapide des
crédits du nucléaire au cours des 10 dernières
années. Il est exprimé en francs courants, mais si l'on tient
compte de l'érosion monétaire, c'est-à-dire si l'on
raisonne en francs constants, on constate que dès 1998, les
crédits de paiement inscrits dans les lois de finances initiales ont
atteint un niveau inférieur de moitié à celui de 1992.
Évolution des dotations consacrées au nucléaire depuis 1988 dans les lois de finances initiales (en millions de francs courants)
|
Autorisations de programme |
% du titre V |
Crédits de paiement |
% du titre V |
1988 |
30 350 |
28,7 |
30 546 |
33,6 |
1989 |
33 122 |
29,6 |
31 528 |
32,2 |
1990 |
31 320 |
27,0 |
32 089 |
31,4 |
1991 |
31 333 |
27,0 |
31 066 |
30,1 |
1992 |
26 186 |
25,5 |
29 896 |
29,0 |
1993 |
21 824 |
21,2 |
26 447 |
25,7 |
1994 |
20 502 |
22,0 |
21 677 |
22,8 |
1995 |
19 464 |
20,5 |
20 745 |
21,9 |
1996 |
18 479 |
20,8 |
19 452 |
21,9 |
1997 |
20 116 |
22,7 |
19 149 |
21,6 |
1998 |
16 508 |
20,4 |
16 628 |
20,5 |
1999 |
13 336 |
15,5 |
16 624 |
19,3 |
2000 |
18 423 |
21,1 |
15 855 |
19,1 |
Dès 1998, les crédits inscrits en loi de finances
initiale ont nettement décroché par rapport à la loi de
programmation.
Au cours de l'exercice 1998, le nucléaire a contribué pour plus
du quart à " l'encoche " opérée dans les
crédits de Défense. Un abattement supérieur à
2 milliards de francs avait été opéré, avec
les conséquences suivantes :
- pour la FOST, le décalage d'un an du 3e SNLE-NG, l'étalement de
l'adaptation opérationnelle des SNLE de génération
actuelle ainsi qu'une réduction des travaux et rechanges, un moratoire
d'un an sur le programme d'adaptation des SNLE-NG au missile M 51 et sur le
développement du missile lui-même,
- pour la direction des applications nucléaires du CEA, le
ralentissement des opérations de démantèlement de l'usine
de production d'uranium enrichi de Pierrelatte et de la
récupération des matières nucléaires, la
réduction des programmes de recherche-amont et des programmes de
simulation effectués avec les matériels actuels, ainsi que le
décalage d'un certain nombre d'expérimentations
(non-nucléaires) liées à la mise au point des charges de
renouvellement.
Une
réduction de crédits supplémentaire
représentant pour les quatre annuités restant à courir de
la loi de programmation, une
économie globale de 3,4 milliards
de francs
a été décidée dans le cadre de la
revue de programmes. Cet abattement représente près de 5 %
de l'enveloppe prévue en programmation pour ces quatre annuités,
ce qui ajouté à "l'encoche" pratiquée en 1998 aboutirait
à réduire de 5 % par rapport à la loi sur l'ensemble
de la période 1997-2002, les crédits consacrés au
nucléaire.
L'essentiel des économies a été obtenu par une
optimisation des programmes SNLE-NG et M 51
, dont les calendriers ont
été aménagés de manière à se
rejoindre en 2008, le 4e SNLE-NG étant directement équipé
du M 51, soit deux ans avant la date prévue.
L'anticipation de la livraison du M 51 doit permettre plusieurs types
d'économies :
- le programme d'adaptation des SNLE-NG au M 51 se limitera à 3
bâtiments et non à 4, puisque le 4e sous-marin recevra directement
le M 51,
- le retrait deux ans avant l'échéance normale des missiles M 45
et de la TN 71 permettra également d'importants gains financiers, par
exemple en évitant le remplacement pour cause de vieillissement des
propulseurs à poudre d'une partie des missiles.
L'économie ainsi réalisée sur la composante
océanique de la dissuasion se monterait, d'ici 2015, à 5,5
milliards de francs se décomposant comme suit :
- 2,4 milliards de francs liés à la simplification du
développement et de l'industrialisation du M 51,
- 1,2 milliard de francs sur la construction du 4e SNLE-NG, 1,5 milliards
de francs étant obtenu grâce à l'abandon du programme
d'adaptation au M 51 alors que parallèlement le coût de
construction sera majoré de 300 millions de francs,
- 1,9 milliard de francs obtenu par le retrait anticipé de missiles M 45
et de la TN 71.
La " revue de programmes " s'est également traduite par une
réduction supplémentaire imposée aux crédits de
maintien en condition opérationnelle
et surtout une
diminution de
20 % des crédits d'études amont
consacrées
à la dissuasion.
B. LES DOTATIONS CONSACRÉES AUX FORCES NUCLÉAIRES EN 2000
Les dotations consacrées aux forces nucléaires pour 2000 sont essentiellement regroupées au sein du chapitre 51-71. Elles sont réparties entre quatre gouverneurs de crédits : l'Etat-major des armées, la délégation générale pour l'armement, la Marine et l'armée de l'Air, une partie conséquente de ces crédits étant cependant transférée au Commissariat à l'énergie atomique.
Evolution des dotations consacrées aux forces nucléaires
|
AP 1999 |
AP 2000 |
% |
CP 1999 |
CP 2000 |
% |
Armée de l'air |
805 |
505 |
- 37,3 |
823 |
796 |
- 3,2 |
Marine |
3252 |
3 523 |
+ 8,3 |
4 130 |
3 852 |
- 6,7 |
dont programme SNLE-NG |
1105 |
1 485 |
+ 34,4 |
2 199 |
1 771 |
- 19,5 |
FOST Hors SNLE |
2147 |
1 902 |
- 11,4 |
1 928 |
1 967 |
+ 2,0 |
DGA |
5933 |
5 661 |
- 4,6 |
6 023 |
5 488 |
- 8,9 |
dont armement et propulsion nucléaires |
5 332 |
5 419 |
- 2,0 |
5 494 |
5 181 |
- 5,7 |
Etat-major des armées |
3 340 |
8 733 |
+ 161,5 |
5 648 |
5 718 |
+ 1,2 |
dont charges nucléaires |
1 512 |
1 581 |
+ 4,6 |
1 487 |
1 609 |
+ 8,2 |
missiles stratégiques |
1 593 |
1 876 |
+ 17,8 |
2 130 |
1 784 |
- 16,2 |
Programme M51 |
0 |
5 054 |
- |
1 450 |
1 980 |
+ 36,6 |
Total |
13 336 |
18 422 |
+ 38,1 |
16 623 |
15 854 |
- 4,6 |
1. Les crédits transférés au Commissariat à l'énergie atomique
Les
crédits transférés au Commissariat à
l'énergie atomique (CEA) sont destinés à financer trois
types de missions :
-
la conception, la fabrication et la maintenance des armes,
qui
constituent l'essentiel de l'activité militaire du CEA et comportent la
production de la tête nucléaire TN75 équipant les SNLE-NG,
le maintien en condition opérationnelle des têtes équipant
la FOST et la composante aéroportée, le retrait des têtes
de la composante sol-sol et des TN71 des SNLE de génération
actuelle, le développement des futures têtes nucléaires
océanique et aéroportée et enfin le développement
de la simulation et des grands équipements associés (laser
mégajoule, machine radiographique AIRIX),
- la
fourniture de matières
et surtout l'assainissement et le
démantèlement des anciennes usines de production de
matières fissiles de Marcoule et Pierrelatte.
- la mise au point des
systèmes de propulsion nucléaire
équipant les sous-marins et le porte-avions nucléaires.
Globalement, les crédits transférés au CEA en 2000
s'élèveront à 7 milliards de francs, les
crédits affectés aux missions "armes" et "matières"
étant gérés par la Direction des applications militaires
(DAM), dont le budget avoisinera 6,3 milliards de francs, soit 1,1 % de plus
que le budget voté de 1999.
a) Le budget de la direction des applications militaires du CEA pour les missions " armes " et " matières "
On
rappellera que la loi de programmation prévoyait pour la période
1997-2002 un transfert annuel de l'ordre de 6,4 milliards de francs au
profit de la DAM, soit environ un total de 39 milliards de francs sur la
durée de la programmation.
Au cours de
l'exercice 1998
,
" l'encoche "
pratiquée sur la subvention " armes " et
" matières " du CEA a été
supérieure
à 500 millions de francs.
La
" revue de
programmes "
a quant à elle arrêté de
nouvelles
économies représentant, pour la DAM, 1,3 milliard de francs
de 1999 à 2002, portant à environ 2 milliards de francs les
abattements opérés sur le budget total alloué aux missions
" armes " et " matières " sur la période
1997-2002.
Pour
2000
, la dotation allouée aux missions " armes "
et " matières " correspond globalement au montant attendu,
soit
6 282 millions de francs (+ 1,1 %).
Votre rapporteur tient à signaler une nouvelle fois que bien qu'inscrite
au titre V du budget de la Défense, la subvention versée à
la DAM est destinée pour une large part (environ 50 %), à
couvrir les dépenses de personnel et de fonctionnement, le CEA ne
disposant à ce titre d'aucun crédit au titre III, comme cela est
prévu pour ses activités de recherche civile.
La DAM a entrepris depuis 1996 une
profonde restructuration
destinée à ramener ses effectifs de 5 700 agents en 1996
à 4 500 en 2000. Cette réduction d'effectifs de 1 200
postes a essentiellement concerné les sites de la région
parisienne, les centres de Vaujours, Monthléry et en tout dernier lieu
Limeil étant fermés, les activités étant
regroupées en Ile de France sur le seul site de Bruyères le
Chatel. Plus de la moitié des agents seront désormais
répartis sur les trois centres de province (Valduc, Le Ripault et le
Barp).
Le coût total de cette restructuration, qui a impliqué
plus de
2000 mobilités
, est évalué à 750 millions
de francs, mais l'économie réalisée, qui était
déjà de 200 millions de francs en 1998, atteindra 350
millions de francs à partir de l'an prochain.
S'agissant des activités de la DAM, la répartition de son budget
en 1999 était la suivante :
- 39 % pour le programme de simulation et la réalisation des
investissements associés (machine radiographique AIRIX et laser
mégajoule),
- 27 % pour la réalisation des programmes d'armes
- 17 % pour les activités de démantèlement et
d'assainissement des usines de production de la vallée du Rhône,
- 13 % pour la production de matières.
Les abattements opérés sur le budget de la DAM depuis 1998 n'ont
pas remis en cause les moyens affectés aux programme de simulation qui
bénéficie d'une priorité afin de respecter les
échéances fixées. Ils ont été en partie
absorbés par
la forte diminution des coûts de personnel et des
frais généraux
. Ils ont en revanche imposé un
étalement des programmes d'assainissement
ainsi que des
choix
draconiens pour les programmes de
développements
technologiques
.
b) Les programmes relatifs à la propulsion navale
Le CEA
s'est vu confier un rôle important dans le domaine de la
propulsion
navale nucléaire
, centrée dans un premier temps sur la Force
océanique stratégique puis étendue aux sous-marins
nucléaires d'attaque (SNA) et au porte-avions nucléaire Charles
de Gaulle.
Les crédits relatifs à la propulsion nucléaire sont
gérés par un
service mixte
, le
Service technique mixte
des chaudières nucléaires de propulsion navale (STXN)
regroupant, outre le CEA, la Délégation générale
pour l'armement et l'état-major de la Marine.
Outre les activités relatives aux SNLE, aux SNLE-NG, aux SNA et au
porte-avions, il convient de mentionner
le programme de réacteur
à essais
(RES)
destiné à remplacer, au centre
d'études nucléaires de Cadarache l'actuel réacteur
d'essais (réacteur de nouvelle génération : RNG), qui
arrivera en fin de vie à l'horizon 2004.
Parmi les activités relatives à la propulsion navale
nucléaire militaire, les missions suivantes nécessitent de
disposer d'un réacteur à terre :
- le développement de nouveaux composants pour les chaufferies futures,
dont, en premier lieu, la chaufferie du sous-marin d'attaque futur
Barracuda ;
- la qualification des combustibles nucléaires ;
- la qualification des évolutions techniques des chaufferies
nucléaires en service, évolutions rendues nécessaires par
l'expérience acquise lors de l'exploitation,
- la formation générale des personnels chargés de la
conduite ou de la maintenance avec une approche concrète de la physique
d'un réacteur en application des cours théoriques reçus
à l'Ecole des applications militaires de l'énergie atomique
(EAMEA) de Cherbourg.
Le réacteur RNG constitue l'une des installations d'essais relatives
à la propulsion nucléaire navale qui sont implantées sur
le site de Cadarache et qui contribuent aux quatre missions
évoquées. Depuis leur création, ces installations ont
été mises à niveau progressivement, non seulement pour les
adapter aux nouveaux besoins mais aussi pour en améliorer la
sûreté au fur et à mesure des progrès intervenus
dans le domaine. Au cours des dernières années, certaines de ces
installations ont révélé les limites de leurs
capacités à recevoir de telles adaptations. Leur obsolescence
prochaine nécessite leur remplacement au cours de la prochaine
décennie.
La concomitance de ces travaux avec le remplacement du réacteur RNG et
la nécessaire association de ces installations pour satisfaire le besoin
ont conduit à élargir l'objet du programme RES pour y inclure ces
travaux complémentaires et assurer la cohérence de l'ensemble de
l'opération et la nécessaire permanence des fonctions à
remplir.
Sa réalisation contribuera par ailleurs au maintien de la
compétence en propulsion navale nucléaire du CEA et des
industriels associés (Technicatome et l'établissement d'Indret de
la DCN). En effet, ce projet assurera la continuité d'activité
dans la période qui séparera les deux programmes de
bâtiment à propulsion nucléaire, le porte-avions
Charles-de-Gaulle et le sous-marin nucléaire d'attaque de nouvelle
génération Barracuda.
Le RES sera un réacteur de type intégré, comme les
réacteurs précédents. Sa puissance sera comparable
à celle du RNG. Aussi, le programme RES comprend, pour une estimation
globale objective voisine de 4 116 millions de francs 1999 :
- le remplacement du RNG, qui reste la composante principale du programme aux
plans technique et financier, et de ses servitudes, parmi lesquelles la piscine
de stockage des éléments combustibles irradiés ;
- le renouvellement des installations d'essais neutroniques et d'expertise des
éléments combustibles ;
- la mise à niveau des installations de formation et d'essais non
nucléaires associées.
Le RES doit être mis en service en 2006, date cohérente avec la
qualification des principaux composants de la chaufferie du Barracuda, dont
l'admission au service actif du premier exemplaire est prévue vers 2010.
Par ailleurs, la mise en service du RES permettra la continuité des
prestations actuellement fournies par le RNG, arrivant en fin de vie à
cette échéance.
Pour 2000, le programme RES se verra attribuer des dotations
représentant 191 millions de francs en autorisations de programme et
226 millions de francs en crédits de paiement, crédits en
diminution notable par rapport à 1999.
Le respect des
échéances nécessitera un relèvement significatif
des crédits
puisqu'une dépense annuelle de l'ordre de
550 millions de francs serait nécessaire de 2001 à 2005.
2. Les crédits consacrés à la force océanique stratégique et à la composante aéroportée
Les
crédits affectés à la
Force océanique
stratégique
, qui relèvent de la Marine,
s'élèveront à
3,85 milliards de francs
pour 2000,
soit une diminution de 6,7 % et seront principalement consacrés à
la poursuite du
programme de construction des SNLE-NG
, qui absorbera
1,8 milliard de francs
de crédits de paiement en 2000. Les
crédits d'entretien programmé du matériel de la FOST
seront pratiquement identiques à ceux de 1999, à savoir
près de 1,2 milliard de francs.
Les autorisations de programme progresseront pour leur part de 8,1 % et
s'élèveront à 3,5 milliards de francs, la dotation
d'autorisations de programme consacré à la construction des
SNLE-NG passant de 1,1 à 1,48 milliard de francs.
Les crédits relevant de l'
Armée de l'Air
et
consacrés au nucléaire se monteront à 796 millions de
francs en 2000, contre 823 millions de francs en 1999. Ces crédits sont
essentiellement consacrés à la maintenance et à
l'adaptation des appareils de la force aérienne stratégique et de
leurs systèmes de transmission, en particulier les Mirage 2000-N. Le
retrait anticipé du système de transmission ASTARTE ne
générera d'économies qu'en 2001.
En ce qui concerne
les systèmes d'armes
(hors têtes
nucléaires), les crédits prévus en 2000 au titre du
missile M45 s'élèvent à 107 millions de francs alors
qu'une
dotation de près de 2 milliards de francs est
prévue pour le développement du M51
et un crédit de
399 millions de francs pour l'ASMP amélioré et
l'opération VESTA.
S'agissant du programme M51,
la commande globale d'une tranche de deux
années de développement
, représentant 7 milliards
de francs, est prévue en 2000 mais la dotation en autorisations de
programme ne sera que de 5,05 milliards de francs,
près de
2 milliards de francs devant être trouvés sur les
autorisations de programme disponibles.
Les
crédits d'études-amont de la DGA
consacrés au
nucléaire s'élèvent pour leur part à 305 millions
de francs, soit
15,3 % de francs de moins que l'an passé,
ce
recul intervenant alors que la " revue de programmes " avait
déjà abouti à une
réduction de 20 %
de
ces dotations de 1999 à 2002.
CHAPITRE III -
L'ESPACE ET LE RENSEIGNEMENT
MILITAIRES
Le
rôle majeur de la maîtrise de l'information dans la gestion des
crises et la nécessité de disposer de capacités autonomes
viennent d'être illustrés lors du conflit au Kosovo, en
particulier en ce qui concerne le choix des cibles et l'évaluation des
dommages.
La France s'est distinguée des autres pays européens par sa
contribution significative au recueil du renseignement, grâce à
une panoplie diversifiée de moyens complémentaires, bien plus
importants que lors de la guerre du Golfe. Ces progrès ne sauraient
occulter le constat global de la forte disproportion entre ces capacités
et celles des Etats-Unis, ces derniers disposant, dans la maîtrise de
l'information, d'une incontestable suprématie qui conforte leur
rôle dominant dans la gestion des crises.
L'un des enseignements majeurs de ce conflit est bien la
nécessité pour notre pays de poursuivre cet effort dans les
domaines des systèmes d'information, de communication et de
renseignement, effort qu'il est également nécessaire d'inscrire
dans une volonté européenne plus large.
Votre rapporteur se limitera ici à l'analyse des moyens ne relevant pas
des trois armées, dans le domaine des programmes spatiaux et du
renseignement.
Si le budget 2000 confirme une certaine priorité reconnue au
renseignement, par une progression de ses moyens humains et financiers, il
s'avère extrêmement décevant sur les programmes spatiaux
pour lesquels l'absence actuelle de volonté politique européenne
conduit à remettre profondément en cause les objectifs de la loi
de programmation.
I. L'ESPACE MILITAIRE
Le
conflit du Kosovo a une nouvelle fois démontré l'importance des
équipements spatiaux militaires dans la conduite des crises.
Le recueil du renseignement repose sur une panoplie de moyens
complémentaires dans lesquels les moyens spatiaux d'observation jouent
un rôle déterminant, même si l'apport de l'observation
aérienne, de l'écoute électromagnétique et du
renseignement humain demeure indispensable. Ils ont largement
conditionné l'accès à l'information concernant le choix
des cibles et l'évaluation des dommages, s'avérant ainsi plus que
jamais indissociables de toute capacité de décision autonome.
Dans le domaine des télécommunications, les moyens spatiaux
jouent également un rôle primordial.
Le conflit a illustré le déséquilibre entre les
capacités américaines, couvrant une gamme étendue
d'équipements en nombre important, et celles des alliés
européens, essentiellement limitées aux équipement
français.
Plusieurs responsables politiques et militaires français ont
déclaré que ce déséquilibre avait
entraîné, chez nos partenaires européens, une prise de
conscience sur la nécessité de se doter de moyens propres. Mais
cette prise de conscience tarde à se manifester dans les faits, la
coopération spatiale militaire européenne semblant toujours
enlisée.
Dans ce contexte, le programme spatial militaire français doit se
trouver révisé à la baisse et le recul, cette année
encore, des dotations budgétaires consacrées à l'espace
semble consacrer l'abandon des ambitions affichées dans la loi de
programmation.
A. LA FAIBLESSE DES CAPACITÉS EUROPÉENNES
1. Une écrasante supériorité américaine
La
suprématie américaine dans le domaine spatial militaire repose
sur une large gamme d'équipements (satellites radars et optiques,
satellites d'écoute, satellites météo et système de
navigation GPS) et sur le nombre de chacun de ces types de matériel, ce
qui permet de multiplier les zones observées et d'assurer un
présence permanente sur les objectifs.
Les Etats-Unis disposent en effet de trois satellites d'observation optique
Keyhole et de deux satellites d'observation radar Lacrosse. Ils
possèdent également près d'une quinzaine de satellites
d'écoute électromagnétique et des constellations de
satellites de surveillance des océans.
Dans le domaine des télécommunications spatiales, ils
possèdent 16 satellites opérationnels, deux grands programmes
militaires étant en cours de réalisation : le programme UHF
Follow-on, qui à terme comportera 10 satellites, et le programme
Milstar, prévu pour 6 satellites.
Enfin, les Etats-Unis bénéficient avec le GPS d'un système
complet de navigation par satellite.
Compte tenu du coût important que représenterait le renouvellement
complet de cet ensemble de moyens constitué dans les années 1980,
la politique américaine s'oriente désormais davantage vers une
approche duale, en vue de conserver des moyens militaires spécifiques
pour les transmissions stratégiques ou le renseignement et de s'appuyer
sur des moyens civils dans les autres domaines. Le transfert à des
organismes civils de la gestion des satellites militaires de
météorologie, l'utilisation des systèmes de
télécommunications Iridium ou Globalstar et de l'imagerie
diffusée par les satellites civils d'observation vont dans ce sens. Au
cours de l'année 1999, le lancement de trois satellites commerciaux
optiques de haute résolution (de l'ordre d'un mètre) est
prévu.
2. L'échec des coopérations européennes
Parmi
les nations européennes, seule la France s'est engagée dans un
programme spatial militaire significatif.
Le
Royaume-Uni
s'est essentiellement consacré aux
télécommunications spatiales, avec le programme Skynet IV qui,
à terme, sera constitué de 6 satellites.
Les Britanniques se
sont toutefois retirés du programme Trimilsatcom,
qui devait
être conduit en coopération avec la France et l'Allemagne en vue
d'élaborer un système successeur, et s'oriente vers un programme
Skynet V.
L'
Allemagne
est pour sa part en discussion avec la France pour
participer à une coopération sur le système de
télécommunications
Syracuse III
. Elle ne
s'associerait cependant que dans la deuxième phase du programme pour le
lancement du deuxième satellite en 2006, le débat
budgétaire en cours prévoyant de surcroît de retarder la
décision définitive. Par ailleurs, les intentions allemandes de
participer aux programmes de satellites d'observation qui s'étaient
manifestées, en décembre 1995, lors du sommet franco-allemand de
Baden Baden, n'ont pas été suivies d'effets,
l'Allemagne ayant
renoncé à participer au programme Hélios II et, surtout,
à s'engager dans le programme d'observation radar Horus
, dont elle
devait assurer la majorité du financement.
L'Italie et l'Espagne
avaient participé, à hauteur
respectivement de 14 % et 7 % au programme du satellite d'observation
optique Hélios I, mais
l'Espagne n'a pas voulu s'engager dans
Hélios II
, préférant lancer son propre programme
national Ishtar de petit satellite d'observation optique. Quant à
l'Italie, une loi-cadre votée par le Parlement envisage un projet dual
Cosmo-Skymed (4 satellites radar et 3 satellites optiques), en cours
d'étude par l'agence spatiale italienne et Alenia Spazio, qui,
initialement dédié à la télédétection
civile, pourrait aussi faire l'objet d'une application militaire.
C'est donc désormais vers l'Italie que se situe, pour la France, la
seule perspective concrète de coopération sur les programmes
spatiaux militaires d'observation. Encore s'agit-il d'une perspective
limitée puisque la vocation du projet italien est essentiellement civile.
On aurait pu penser que les enseignements et la crise du Kosovo, au cours de
laquelle la France a pu faire valoir sa capacité à disposer,
grâce à Hélios, d'une certaine marge d'appréciation,
conduiraient nos partenaires européens à prendre conscience de la
nécessité de se doter de moyens propres, afin de ne pas
rééditer une situation dans laquelle la supériorité
des moyens américains d'acquisition d'images conduirait à donner
un rôle prépondérant aux Etats-Unis dans le choix des
objectifs et l'évaluation des dommages. Il semblerait que cette prise de
conscience soit encore loin d'être généralisée,
puisqu'elle ne se manifeste par aucune avancée concrète de la
coopération européenne.
B. L'AVANCEMENT DU PROGRAMME SPATIAL FRANÇAIS
1. Le programme spatial de télécommunication
Avec 4
satellites en orbite et des stations sol mises en service entre 1992 et 1997,
le programme Syracuse II
couvre les principaux besoins des armées
en télécommunication vers les théâtres
d'opérations extérieures.
Le quatrième satellite, lancé en 1996, a fait objet d'actions de
complément afin de
prolonger sa durée de vie jusqu'à la
mi-2005
, date à laquelle devra impérativement entrer en
service un système successeur.
Du fait du retrait britannique du programme Trimilsatcom et de la
volonté allemande de retarder ses engagements,
la France doit faire
face seule
, du moins dans un premier temps,
à la mise au point de
ce système successeur Syracuse III
. Rappelons que ce programme doit
assurer la continuité du service tout en assurant une zone de couverture
plus large, en augmentant le nombre et le type de stations et en
améliorant la capacité de résistance à la guerre
électronique. La composante spatiale serait de trois ou quatre
satellites, selon les hypothèses de coopération, le nombre de
stations au sol étant de l'ordre de 400.
Les difficultés de la coopération européenne conduisent
à envisager
deux phases de réalisation
:
- une
première étape exclusivement sous maîtrise
nationale
en vue de mettre en orbite un premier satellite en 2003 ;
- une
seconde étape en coopération franco-allemande
pour
compléter la constellation à partir de la fin 2006.
Une telle solution conduirait toutefois à une réévaluation
du coût du programme pour la France, celui-ci ayant été
chiffré de 13 milliards de francs en 1997 sur la base d'une
coopération trilatérale.
2. Le programme spatial d'observation
Le
système d'observation optique Hélios I est en service depuis 1995
et bénéficiera, en cette fin d'année,
du lancement du
second satellite Hélios I-B
, ce qui permettra d'accroître la
cadence de renouvellement des images.
La poursuite du programme doit s'effectuer dans deux directions :
- assurer la continuité du système Hélios I par le
système Hélios II doté de la capacité infrarouge
permettant l'observation de nuit ;
- compléter ses capacités d'observation optique par un
système d'observation radar capable d'opérer par tout temps.
Comme il a été indiqué précédemment,
toutes les hypothèses de coopération européenne sur le
programme Hélios II
, avec l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne ou encore
la Belgique,
ont échoué,
si bien que
la France
devra
certainement, sauf évolution nouvelle,
financer seule ce
programme
estimé, au coût des facteurs de 1996, à 14
milliards de francs. Le premier satellite devrait être prêt au
lancement en juin 2003 et le second fin 2004.
L'abandon du programme Horus
, dont l'Allemagne devait supporter 60 % du
financement, laisse entière la question de l'acquisition de
capacité d'observation radar.
Les conditions météorologiques au cours de la campagne du Kosovo
ont fortement limité la contribution d'Hélios I à
l'acquisition d'images, puisqu'il ne peut opérer que de jour et par
temps clair. Ce handicap est très pénalisant sur les
théâtres du centre et de l'est de l'Europe. L'intérêt
de disposer d'une capacité d'imagerie radar est, de ce point de vue,
confirmé.
Les progrès technologiques semblent aujourd'hui permettre d'envisager
les réalisations de satellites radar de performances équivalant
à celles d'Horus, mais plus petits et moins coûteux. Aussi
l'abandon d'Horus ne ferme-t-il pas toute perspective d'acquisition de
capacités d'observation radar à l'horizon 2008, à
condition que l'intérêt de nos partenaires italiens et allemands
soit relancé.
Votre rapporteur souhaite par ailleurs relever, dans le prolongement des
observations effectuées par la commission des affaires
étrangères et de la défense à l'issue du conflit du
Kosovo, qu'il sera indispensable, au-delà de la réalisation de
systèmes satellitaires, de renforcer considérablement les moyens
d'exploitation des images, qu'il s'agisse des liaisons permettant la
transmission d'informations en temps réel, des stations
déployables sur le théâtre ou du renforcement des
capacités de traitement et de fusion.
C. LE BUDGET SPATIAL MILITAIRE
1. L'abandon des objectifs de la loi de programmation
La loi
de programmation avait alloué au budget spatial militaire une enveloppe
de 20,7 milliards de francs sur la période 1997-2002, soit environ
une moyenne de 3,5 milliards de francs par an pendant six ans,
représentant environ 4 % de l'effort d'équipement de la
défense.
D'année en année, les budgets successifs ont consacré
l'abandon de ces objectifs.
Evolution des crédits de paiement consacrés
à l'espace
en loi de finances initiale
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
CP en millions de francs courants |
4 085 |
3 298 |
3 112 |
2 707 |
2 294 |
Evolution par rapport à l'année précédente |
+ 0,7 % |
- 19,3 %- |
- 5,6 % |
- 13 ,0 % |
- 15,3 % |
Part dans les dépenses en capital |
4,6 % |
3,7 % |
3,8 % |
3,1 % |
2,8 % |
Le
tableau ci-dessus illustre
l'effondrement des crédits
consacrés à l'espace, qui diminuent pratiquement de moitié
en francs constants en l'espace de quatre années.
Leur part dans le budget de l'équipement de la défense, voisine
de 4 % en début de programmation, n'est plus que de 2,8 % dans
le budget 2000.
Cette chute traduit en partie les décisions prises lors de la revue des
programmes : décalage de lancement d'Hélios II, abandon du
programme Horus et du programme de surveillance de l'espace.
2. Les crédits consacrés à l'espace dans le budget 2000
Les
dotations consacrées à l'espace dans le budget 2000
s'établissent à 2 294 millions de francs en
crédits de paiement et à 2 071 millions de francs en
autorisations de programme. Il s'agit, par rapport à la loi de finances
initiale pour 1999, d'un
recul de 15,3 % des crédits de paiement
et de 23,8 % des autorisations de programme.
Le programme Hélios II absorbe à lui seul près de la
moitié de ces crédits. La répartition des crédits
de paiement entre les différents programmes est la suivante :
- Programme SYRACUSE II 267 millions de francs
- Programme SYRACUSE III 307 millions de francs
- Programme HELIOS I 320 millions de francs
- Programme HELIOS II 1 112 millions de francs
II. LE RENSEIGNEMENT : UNE AMÉLIORATION DES MOYENS QUI DOIT ÊTRE RENFORCÉE
Reconnu
comme domaine prioritaire par le livre blanc sur la défense et la loi de
programmation, la capacité à acquérir et traiter le
renseignement apparaît comme l'une des clés de l'autonomie
stratégique, tout particulièrement dan le contexte international
actuel marqué par l'implication croissante de notre pays dans la
prévention et le règlement des crises.
Comme l'a souligné le président Xavier de Villepin dans le
rapport effectué au nom de notre commission des affaires
étrangères, de la défense et des forces armées sur
les premiers enseignements du conflit du Kosovo, notre pays a
réalisé en la matière
d'importants progrès
depuis la guerre du Golfe
au cours de laquelle nos insuffisances
étaient apparues, même si ces progrès peuvent
paraître encore trop limités au regard des objectifs
assignés en matière de capacité à gérer les
crises.
Le budget de la défense pour 2000, comme celui de l'an passé,
poursuit l'effort
d'amélioration des moyens humains et financiers des
services de renseignement.
Votre rapporteur doit également relever que la question de
l'implication du Parlement dans le domaine du renseignement
, qui lui
tient particulièrement à coeur, a trouvé au cours de cette
année 1999 un écho grandissant. Plusieurs
propositions de
loi
ont été déposées au Sénat par nos
collègues Nicolas About (n° 492, 1998-1999) et Serge Vinçon
(n° 236, 1998-1999), alors que la commission de la Défense
nationale de l'Assemblée Nationale a examiné le 23 novembre
dernier une proposition de loi relative à l'instauration de
délégations parlementaires pour le renseignement.
Sans vouloir entrer dans le détail de ces propositions de loi, qui
dépassent le cadre du projet de loi de finances, on peut simplement
souligner qu'avec un certain nombre de variantes, elles s'accordent toutes sur
l'idée de créer une représentation parlementaire
restreinte habilitée à entendre les responsables des services de
renseignement et à recevoir des rapports périodiques sur leurs
activités, tout en étant liées par des règles de
confidentialité.
Ces propositions de loi rejoignent donc tout
à fait l'esprit des propositions avancées après plusieurs
années par votre rapporteur
(cf. avis n° 80, Tome IV,
1995-1996, pages 81, 82 et 98) et qui répondaient à un souci
essentiel :
conforter une activité reconnue à juste titre
comme
prioritaire
en trouvant les moyens, alors que la faiblesse de
la " culture du renseignement " dans notre pays est souvent
dénoncée, de mieux faire prendre en compte, au sein du Parlement,
le rôle du renseignement, en instaurant un climat de confiance entre la
représentation nationale et des services essentiels pour la
sécurité de notre pays.
A. L'ÉVOLUTION DES CAPACITÉS FRANÇAISES DANS LE DOMAINE DU RENSEIGNEMENT
1. La contribution française au recueil de renseignement lors du conflit du Kosovo
Votre
rapporteur rappellera ici les données déjà
développées dans le rapport d'information précité
présenté par la commission des affaires étrangères,
de la défense et des forces armées en juin dernier.
Au cours des opérations du Kosovo, la France a déployé un
ensemble important de moyens de recueil de renseignement :
. en matière d'imagerie, le satellite d'observation optique
Hélios I et, sur le théâtre, le radar Horizon de
surveillance des mouvements terrestres, emporté par des
hélicoptères Cougar, le Mirage F1CR et le Mirage IV P de
l'armée de l'air, l'Etendard IV P de l'aéronautique navale et les
drones CL 289 et Crécerelle,
.
en matière de recherche électromagnétique, le
Transall C 160 Gabriel et le Mirage F1CR doté du pod Astac, les
sous-marins nucléaires d'attaque de la Marine nationale,
positionnés près des côtes yougoslaves et des
détachements avancés de transmission des éléments
.
en matière de recherche humaine, le recueil d'information par
des unités spécialisées auprès de
réfugiés.
Ces différents moyens, qui témoignaient d'une amélioration
notable depuis la guerre du Golfe, ont contribué à l'autonomie de
décision des autorités françaises, en particulier dans le
choix des cibles et l'évaluation des dommages.
Toutefois, des limitations ont été rencontrées, que ce
soit par exemple dans les systèmes d'information et de communication
sécurisés et à haut débit ou dans la
capacité d'observation tous temps ainsi que dans les moyens
complémentaires d'observation.
2. Les différents équipements consacrés au renseignement
Votre
rapporteur souhaiterait ici brièvement présenter les
différents moyens mis en oeuvre pour le recueil et l'exploitation du
renseignement, qui dépassent très largement ceux dont disposent
les services de renseignement au sens strict.
En effet, en dehors du domaine du
renseignement stratégique
,
relevant du satellite d'observation Helios I, les armées disposent de
différents équipements conçus pour le renseignement de
théâtre.
S'agissant du
renseignement
d'origine électromagnétique,
on peut mentionner la livraison, prévue en 2000, du SARIGUE-NG
(Système aéroporté de recueil d'information de guerre
électronique-nouvelle génération), destiné à
succéder à l'actuel DC8 SARIGUE, le transfert du Berry,
retiré du service cette année, au
Bougainville
du
MINREM (
Moyen interarmées navalisé de recherche
électromagnétique) dont les capacités seront
actualisées d'ici 2005, la rénovation du Transall Gabriel, et la
constitution d'un nouveau détachement avancé des transmissions.
Pour le
renseignement d'origine image
, il est procédé
à l'expérimentation du drone HUNTER de construction
israélienne, dont l'endurance est supérieure à
24 heures et qui pourrait également être utilisé pour
la désignation d'objectif laser alors qu'est envisagée
l'amélioration des capacités de reconnaissance des avions de
combat (pod PRESTO).
B. L'ÉVOLUTION DES MOYENS BUDGÉTAIRES CONSACRÉS AU RENSEIGNEMENT
Après un recul en 1998, et une forte progression en 1999, les crédits regroupés dans l'agrégat " Renseignement " progresseront de 3,4 % en 2000.
Evolution des crédits de l'agrégat " Renseignement "
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2000/1999 |
Personnel |
574,8 |
602,4 |
651,8 |
690,7 |
+ 6 % |
Fonctionnement |
214,1 |
203,6 |
204,0 |
204,0 |
- |
Titre III |
788,9 |
806,0 |
855,8 |
894,7 |
+ 4,5% |
Titre V |
651,0 |
561,0 |
667,0 |
680,0 |
+ 2,0 % |
TOTAL |
1 439,9 |
1 367,0 |
1 522,8 |
1 574,7 |
+ 3,4 % |
Le
budget 2000 se traduira par une
hausse de 6 % des dépenses de
rémunérations et charges sociales
, liée à
l'augmentation des effectifs, par une
stabilité des crédits de
fonctionnement
et par une
poursuite de l'augmentation des crédits
d'équipement.
Depuis 1997, l'agrégat
" renseignement " aura connu une augmentation globale de 9 %.
Ces données ne traduisent cependant qu'imparfaitement l'évolution
des moyens consacrés au renseignement puisqu'ils ne recouvrent que la
rémunération des effectifs civils de la DGSE, son fonctionnement
courant et ses crédits d'équipement, ainsi que les crédits
de fonctionnement (hors rémunération des personnels) et
d'équipement de la Direction de la protection et de la
sécurité de la défense (DPSD).
Elles n'englobent pas les effectifs militaires de la DGSE, ni le budget de la
Direction du renseignement militaire, ni les programmes d'équipement
relevant de l'Etat-major des armées. Elles ne couvrent pas davantage les
moyens de renseignement propres à chaque armée.
1. La direction générale de la sécurité extérieure
Chargée, selon les termes du décret n°
82-306 du
2 avril 1982 qui a procédé à sa création,
"de
rechercher et d'exploiter les renseignements intéressant la
sécurité de la France, ainsi que de détecter et
d'entraver, hors du territoire national, les activités d'espionnage
dirigées contre les intérêts français afin d'en
prévenir les conséquences",
la DGSE voit ses moyens à
nouveau augmentés par le budget 2000.
En ce qui concerne ses
effectifs
, les évolutions suivantes sont
enregistrées :
- la DGSE bénéficiera de la
création de 87 postes de
civils
. Ceux-ci, qui se montaient à 2 647 agents en 1997 atteindront
2 884 agents en 2000, pour un objectif de 3 063 agents en 2002,
- les effectifs militaires diminueront légèrement, passant de 1
434 à 1 395 hommes (dont 150 militaires du Service technique de
recherche avancée, directement rattachés à la DGSE depuis
le ler juillet 1999). Les effectifs militaires devraient
légèrement diminuer pour atteindre 1 384 postes en 2002.
Au total,
les effectifs civils et militaires de la DGSE
(seuls les
civils étant rémunérés sur le budget de cette
dernière)
passent de 4 231 à 4 279
agents de 1999 à
2000, cette progression étant appelée à se poursuivre,
principalement par le biais de
recrutement de civils
, au cours des trois
années suivantes, l'objectif à l'horizon 2002 étant un
effectif de 4 447 agents.
Il faut ajouter que la question de la rénovation des statuts
particuliers des différents corps de fonctionnaires de la DGSE, qui
n'exigeait pas moins de 12 décrets, est en voie de règlement,
seuls restant à mettre au point certains décrets relatifs aux
corps de catégorie A.
Sur le plan budgétaire, les
crédits de la DGSE
atteindront
1,66 milliard de F (+ 3,9 %)
et
évolueront comme suit :
- les dépenses de
rémunérations et de charges sociales
s'élèveront à
850,7 millions de francs
en 2000,
soit 6 % de plus qu'en 1999 du fait de la création de 87 postes civils
et de l'application de l'accord salarial de la fonction publique,
- les
crédits de fonctionnement courant
sont stabilisés et
se monteront à
159,9 millions de francs
(- 0,1 %),
c'est-à-dire à un niveau inférieur d'environ 5 %
à ceux de 1997. L'absence de relèvement de cette dotation a
imposé de renoncer à certaines actions en matière de
renouvellement de matériel informatique , de mobilier et de formation
des personnels.
- les
crédits d'équipement diminuent de 8,3 %
et
passent de 482 à 442 millions de francs, alors que les
crédits
d'infrastructure
s'élèveront quant à eux à
213 millions de francs,
soit
une augmentation de 35,5 %.
L'extension des locaux du siège de la DGSE sur le site de la caserne
Mortier, qui lui a été transféré en 1997, absorbera
44 % des autorisations de programme relatives aux infrastructures.
Votre rapporteur rappelle enfin que le budget de la DGSE tel qu'il est
présenté n'inclut pas les crédits provenant des fonds
spéciaux provenant des services du Premier ministre, et dont l'objet est
de financer certaines activités opérationnelles. Le
contrôle de l'utilisation de ces fonds est assuré d'une part par
les services financiers de la DGSE elle-même et d'autre part par une
commission spéciale de vérification composée de hauts
magistrats de la Cour des comptes et du Conseil d'Etat.
2. La direction du renseignement militaire (DRM)
La DRM a
été créée peu après la guerre du Golfe, en
1992, pour planifier, coordonner et conduire la recherche et l'exploitation du
renseignement militaire.
La loi de programmation a prévu un renforcement progressif des effectifs
de la DRM qui doivent augmenter d'environ 20 % sur la période pour
atteindre près de 2 000 agents en 2002.
Actuellement, les effectifs de la DRM se répartissent comme suit :
- environ 700 personnes relevant de l'administration centrale et
réparties entre Paris et la base de soutien à vocation
interarmées de Creil,
- près de 350 personnes travaillant au sein du
pôle de
renseignement
, situé à Creil et rattaché à la
DRM, qui comporte 3 organismes : le centre de formation et
d'interprétation interarmées de l'imagerie (CF3I) qui emploie 191
personnes, le centre de formation et d'exploitation des émissions
électromagnétiques (CF3E) qui emploie 144 personnes et
l'unité interarmées Hélios qui emploie 16 personnes.
- environ 300 personnes relevant de l'école interarmées du
renseignement et des études linguistiques de Strasbourg.
- près de 300 personnes réparties dans les détachements
avancés de transmissions installés en Afrique et outre-mer et
chargés de procéder à des interceptions.
L'augmentation des effectifs
d'ici 2002 visera un renforcement de la
sous-direction "armements-prolifération" et des personnels
affectés au renseignement d'origine électromagnétique, que
ce soit à Creil au CF3E ou dans les détachements avancés
de transmissions qui devraient bénéficier de la création
de 2 stations nouvelles en zone Antilles-Guyane et en Nouvelle-Calédonie.
En ce qui concerne les
moyens techniques
dont dispose la DRM,
l'accroissement des moyens d'exploitation du
renseignement d'origine
image
passe par la poursuite du programme d'observation spatiale
Hélios et par la réalisation, au-delà de 2002, de la
capacité "image" sur le DC8 Sarigue-NG, qui devrait permettre de
réaliser depuis cet appareil des prises d'images photographiques de
résolution très précise.
En matière d'
écoute électromagnétique
, le
DC8 Sarigue-NG devrait également prendre le relais en 2000 du
système aéroporté actuel et accroître les
capacités de recueil de renseignements d'origine
électromagnétique. La DRM est également concernée
par le programme Minrem qui prévoit le transfert sur le Bougainville des
moyens d'écoute actuellement embarqués sur le Berry et leur
modernisation en vue de les adapter aux signaux provenant d'émetteurs de
la nouvelle génération.
Les
crédits de la DRM
(hors rémunérations et
charges sociales) après une forte hausse en 1999 (+ 25,6 %)
accuseront une baisse de 11,6 % en 2000, passant de 103 à 91
millions de francs.
Les crédits de fonctionnement s'élèveront à 40
millions de francs, soit 4 millions de francs de plus que l'an
passé correspondant au transfert des crédits relatifs aux
détachements avancés des transmissions, qui relèveront de
l'état-major des armées.
Les crédits d'équipement qui avaient progressé de
près de 46 % l'an passé, s'élèveront à
51 millions de francs contre 67 millions de francs en 1999. Sur ce montant, une
dotation sera notamment destinée au
projet Sirius
qui vise
à optimiser la gestion et l'exploitation des moyens de recherche
électromagnétique.
3. La direction de la protection et de la sécurité de la défense (DPSD)
La DPSD
est chargée d'assurer les responsabilités incombant au
ministère de la défense en matière de protection et de
sécurité du personnel, des informations, des matériels et
des installations sensibles. Ses attributions couvrent notamment la
prévention et la recherche des atteintes à la défense
nationale.
Les crédits dévolus à la DPSD (hors
rémunérations et charges sociales) se monteront pour 2000
à
69,6 millions de francs
, soit une diminution de 3,4 % par
rapport à 1999.
Les crédits de fonctionnement courant, qui avaient diminué de 5 %
en 1998, sont maintenus à un niveau identique, soit 44 millions de
francs.
Les crédits d'équipement (fabrications et infrastructures) se
monteront à 25,6 millions de francs, soit 2,4 millions de francs de
moins qu'en 1999.
La loi de programmation a prévu une diminution d'environ 10 % des
effectifs de la DPSD de 1997 à 2002. Dans cette optique, ceux-ci
passeront de 1 560 à 1 543 de 1999 à 2000. L'an prochain, 60
postes d'appelés seront supprimés (100 au lieu de 160), ainsi que
6 postes d'officiers et 16 postes de sous-officiers. Environ la moitié
des postes d'appelés seront remplacés par des postes de
militaires du rang engagés, qui passeront de 40 à 68. En outre 37
postes de personnels civils seront créés (329 postes en 2000).
La plupart des tâches dévolues aux appelés du contingent
seront redistribuées soit par un recours à la sous-traitance
(sécurité des installations, restauration, entretien des locaux),
soit par la mise en place de moyens techniques automatisés
(caméras, alarmes) assurant les fonctions de surveillance. Cette
politique nécessitera une augmentation des moyens de fonctionnement.
CHAPITRE IV -
LES AUTRES ACTIONS COMMUNES
I. LA DÉLÉGATION GÉNÉRALE POUR L'ARMEMENT
Les
crédits relevant de l'agrégat Délégation
générale pour l'armement (DGA) s'élèvent à
14,5 milliards de francs pour 2000 et ont fait l'objet d'une importante
modification de périmètre, la rémunération des
personnels civils de la DGA relevant désormais de l'agrégat
" administration générale ". On ne saurait toutefois se
limiter à cette stricte approche budgétaire, le rôle de la
DGA s'étendant très au-delà de la gestion des
crédits qui lui sont spécifiquement attribués. La DGA, au
travers des programmes d'armement dont elle suit le déroulement, est en
effet appelée à gérer environ 80 % de l'ensemble des
crédits d'équipement de la Défense.
L'amélioration de l'efficacité de la DGA, avec pour objectif la
diminution de son coût de fonctionnement et du coût d'acquisition
des équipements est au coeur de la profonde réforme
engagée depuis 2 ans.
Votre rapporteur fera le point sur les premiers résultats obtenus, avant
d'évoquer l'évolution des structures industrielles et des centres
d'expertise et d'essais relevant de la DGA puis de commenter l'évolution
des crédits pour 2000.
A. L'ÉVOLUTION DE LA GESTION DES PROGRAMMES D'ÉQUIPEMENT PAR LA DGA
La profonde réorganisation de la DGA se poursuit en 1998, avec la mise en oeuvre de nouvelles méthodes destinées à réduire le coût des programmes d'armement et une implication accrue dans la réalisation d'une Europe de l'armement.
1. La mise en oeuvre des nouvelles méthodes d'acquisition
La DGA
s'est engagée dans une action volontariste de diminution du coût
des programmes d'armement, l'objectif s'échelonnant, selon les
programmes, entre 30 % d'économies pour ceux entrant en phase de
faisabilé et si possible jusqu'à 10 % pour ceux
déjà en phase de production.
Les 85 programmes d'armement placés sous contrôle de gestion, qui
représentaient, en 1996, un montant prévisible de
540 milliards de francs de dépenses, ont d'ores et
déjà donné lieu, d'après le
délégué général pour l'armement, à
50 milliards de francs d'économies, soit 9,6 % de leur
coût initial, ces réductions de coût s'étalant bien
entendu sur toute la durée de ces programmes, c'est-à-dire, pour
certains d'entre eux, au-delà de 2010.
Parmi les méthodes utilisées, la DGA cite la modification des
stratégies d'acquisition
(comme pour le système principal
PAAMS du missile antiaérien pour frégate pour lequel
l'élargissement de la coopération au Royaume-Uni a
entraîné une réduction du devis de 11,5 %, ou pour les
missiles Aster communs avec ceux de la famille sol air futurs, dont la
série a été allongée), et
l'optimisation des
programmes
(opération " Minos " d'aménagement des
calendriers du SNLE-NG n° 4 et du missile M51, programme Rubis de la
gendarmerie).
Le développement des
commandes pluriannuelles globales
,
permettant d'engager plusieurs tranches de fabrication ou plusieurs
annuités de développement, ont également permis des
réductions de devis de la part des industriels en contrepartie d'un
engagement à plus long terme de l'Etat.
Cette procédure a été inaugurée
en 1997 pour
cinq programmes
: le missile de croisière air-sol Apache
antipiste ; le missile air-air Mica ; la torpille franco-italienne MU
90 ; le missile de croisière air-sol Scalp EG et le
développement du statoréacteur VESTA.
Ces cinq commandes globales auraient permis d'obtenir une économie de
l'ordre de 10 %.
Pour
1998
, la procédure des commandes globales a concerné
six programmes
: le système de combat de la frégate
Horizon (PAAMS), les moyens de transmission des bases aériennes (MTBA),
les moyens de transmission des garnisons de l'armée de terre (MTGT), les
chars et dépanneurs Leclerc ainsi que le missile stratégique M51.
L'économie obtenue pour ces six programmes est estimée à
un peu plus de 6 %.
En
1999, deux commandes globales
ont été passées
pour 28 avions Rafale et 80 hélicoptères Tigre,
l'économie étant estimée à 10 %.
Les commandes pluriannuelles globales en 1998 et 1999
Matériel |
Volume de la commande |
Montant
|
MTBA |
18 systèmes fixes d'équipement des bases aériennes et 6 systèmes déployables |
1 400 |
PAAMS |
5 années de développement |
1 100 |
Dépanneur Leclerc |
15 dépanneurs |
700 |
Missile M51 |
Deux années de développement |
3 800 |
MTGT |
99 systèmes de transmission des garnisons de l'armée de terre. |
500 |
Char Leclerc |
88 chars (regroupant des commandes de 1997 et 1998) |
5 000 |
Rafale |
28 avions de combat |
9 600 |
Tigre |
80 hélicoptères de combat |
12 700 |
Pourraient intervenir
d'ici la fin 1999
les commandes
globales relatives à la modernisation des chasseurs de mines tripartites
(CMT) et à la réalisation du missile anti-navires futur (ANF).
Sont prévues
en 2000
des commandes globales du
missile
antichar AC3GMP, du missile ASMP et du missile AASM,
ainsi qu'une
deuxième commande pour le M51, le MICA et le MTBA.
Votre rapporteur ne peut que se féliciter de cette extension de la
procédure des commandes globales pluriannuelles tout en
s'inquiétant de constater un
risque évident de tension sur les
autorisations de programme
, le choix ayant été fait de
privilégier la mobilisation des autorisations de programme disponibles,
afin d'en résorber le stock, à la mise en place d'autorisations
de programmes nouvelles.
Ce parti pris trouve ses limites comme en témoignent les
difficultés rencontrées par l'armée de terre pour la
passation de la commande globale de 80 hélicoptères Tigre,
qui a imposé la désaffectation d'autorisations de programme
attribuées à d'autres programmes majeurs.
2. La gestion par la DGA des crédits d'équipement des armées
Au cours
des trois dernières années, les conditions de gestion, par la
DGA, des crédits d'équipement des armées, a fortement
évolué, en raison de la réforme de la DGA elle-même,
de la modification de la nomenclature budgétaire, de la
généralisation de la comptabilité spéciale des
investissements, de l'intervention d'un contrôle financier
déconcentré comme dans les ministères civils et de la
restructuration des opérations budgétaires en opérations
budgétaires d'investissement.
Malgré ces nombreux changements, les conditions de la gestion des
crédits, marquée il y a encore trois ans par de fort reports de
charges et des intérêts moratoires, s'est améliorée.
Evolution des crédits d'équipement
gérés par la DGA
(en milliards de francs)
Exercice |
Ressources disponibles |
Paiement |
Taxe de consommation |
1995 |
64,7 |
58 |
89,6 % |
1996 |
63,9 |
61,5 |
96,2 % |
1997 |
64,2 |
61 |
95,0 % |
1998 |
57,5 |
55,2 |
96,0 % |
Quant aux intérêts moratoires, leur montant, qui s'élevait à 707 millions de francs en 1996, n'était plus que de 278 millions de francs en 1998 et 52 millions de francs pour les 6 premiers mois de 1999.
3. L'implication de la DGA dans l'édification de l'Europe de l'armement
La DGA
s'est fortement impliquée dans la création, en 1996, de
l'Organisation conjointe de coopération en matière d'armement
(OCCAR)
par la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Italie, qui est
destinée à rationaliser, par des méthodes plus efficaces
et des objectifs de réduction des coûts, la gestion des programmes
en coopération.
Notre commission des affaires étrangères et de la défense
a eu l'occasion, lors de l'examen par le Sénat du projet de loi
autorisant la ratification de la convention du 9 septembre 1998 qui donne
à l'OCCAR la personnalité juridique, de souligner toute
l'importance de cette avancée (cf. rapport n° 44, 1999-2000 de M.
Jean-Guy Branger).
Dès que les processus de ratification seront achevés, l'OCCAR,
à laquelle pourraient se joindre les Pays-Bas, se verra enfin
dotée, après trois années d'attente et des incertitudes
sur son futur statut,
d'une personnalité juridique internationale
lui permettant de mettre en oeuvre ses principes d'acquisition.
Plusieurs programmes sont déjà intégrés à
l'OCCAR, mais l'avenir de l'organisation et sa capacité à donner
un nouvel élan à une coopération porteuse de certaines
désillusions, dépendra bien entendu des programmes nouveaux qui
pourraient leur être confiés.
Parallèlement, la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Italie,
l'Espagne et la Suède, c'est-à-dire les six principaux pays
européens producteurs d'armement, ont signé le 6 juillet 1998 une
lettre d'intention sur les restructurations des industries de
défense
, dont l'objet est de préparer l'édiction de
règles communes, dont certaines pourraient faire l'objet d'un accord
international, afin de mettre en place un environnement approprié au
nouveau paysage européen de l'industrie d'armement.
La sécurité des approvisionnements, les transferts de
matériels entre pays, la politique d'exportation ou encore
l'harmonisation des efforts de recherche et de développement sont au
coeur de ce travail indispensable pour accompagner l'évolution en cours
des industries de défense et l'émergence de véritables
entreprises européennes d'armement.
B. L'ÉVOLUTION DES CENTRES D'EXPERTISE ET D'ESSAIS ET DES STRUCTURES INDUSTRIELLES DE LA DGA
La DGA a entrepris une délicate adaptation de ses activités industrielles, d'expertise et d'essais, qui se traduit par une forte déflation des effectifs, et qui est dominée par la question de l'avenir de la Direction des constructions navales (DCN).
1. Les centres d'expertise et d'essais
Créée en 1997, la Direction des centres
d'expertise et
d'essais, qui constitue désormais, en terme d'effectifs, la principale
direction de la DGA dans sa partie étatique, regroupe
20 centres de
recherche et d'études, d'évaluation, d'expertise et d'essais
qui dépendaient jusqu'alors de diverses directions.
Cette nouvelle organisation met en relief la mission assignée aux
centres d'expertise et d'essais, qui est celle de jouer le rôle de
prestataire de service au profit des autres directions de la DGA, mais aussi de
développer une activité commerciale d'expertise auprès de
clients extérieurs.
Par son poids en termes d'effectifs, la Direction des centres d'expertise et
d'essais se situe au coeur de l'effort entrepris par la DGA pour réduire
son coût de fonctionnement.
Dans ce cadre, plusieurs orientations ont été retenues :
- développer la "culture du client", généraliser la
contractualisation et renforcer la présence auprès des services
de programmes de la DGA,
- fournir des prestations globales et développer des pôles
d'excellence,
- élargir la clientèle au delà du ministère de la
Défense afin de mieux rentabiliser les moyens d'essais et de s'exercer
à la concurrence : le
"chiffre d'affaires" de diversification
a
atteint 119 millions de francs en 1997, 202 millions de francs en 1998 et sera
proche de 275 millions de francs en 1999
, l'objectif étant
d'atteindre 500 millions de francs en 2002.
L'analyse prévisionnelle de l'activité des centres d'expertise et
d'essais pour la période couverte par la loi de programmation a fait
apparaître une
diminution d'environ 20 % de l'activité pour les
besoins de la défense française
, baisse qui atteindrait 30 %
dans le secteur de l'aéronautique, alors que parallèlement
s'ouvrira de plus en plus, du fait du développement des programmes de
coopération, une
concurrence de plus en plus affirmée entre
les 150 centres d'expertise et d'essai existant en Europe
. Ce contexte
s'accompagne également d'une évolution des techniques, les essais
étant souvent remplacés par des simulations moins consommatrices
de main-d'oeuvre , et par une maîtrise d'oeuvre croissante des
industriels sur les systèmes d'armes.
La DGA a donc entrepris une
forte réduction des effectifs
de la
direction des centres d'expertise et d'essais qui passeront de 12 000
personnes début 1997 à 9 700 personnes fin 1999. Cette diminution
doit se poursuivre pour atteindre un niveau de près de 9 000
personnes en 2002.
Cette évolution sera normalement réalisée sans fermeture
de site, compte tenu notamment des investissements qui y ont été
réalisés, à l'exception du centre d'essais en vol de
Brétigny, qui disparaîtra en 1999 et dont les activités
seront répartis dans les centres d'Istres et de Cazaux.
Votre rapporteur avait évoqué l'an passé le
projet de
passage sous compte de commerce
des centres d'expertise et d'essais, qui a
été étudié au regard de la possibilité de
faciliter l'évolution de leur mode de gestion vers les pratiques
d'entreprises.
Ce passage en compte de commerce n'est plus envisagé
aujourd'hui, et les quatre derniers établissements de la DCE encore
dans le périmètre comptable du compte de commerce de la DGN
devraient rejoindre la zone budgétaire en 2001.
2. Le service de la maintenance aéronautique
Les
trois ateliers industriels de l'aéronautique de la DGA,
spécialisés dans la maintenance aéronautique militaire,
sont regroupés depuis 1997 au sein du service de la maintenance
aéronautique, directement rattaché au
délégué général pour l'armement.
Ils prennent en charge les activités de maintenance qui ne peuvent
être effectuées au sein des armées elles-mêmes,
à l'exclusion de celles qui en raison de leur complexité sont
directement confiées aux constructeurs.
L'atelier de Bordeaux est spécialisé dans la réparation
des moteurs d'aéronefs, celui de Clermont-Ferrand dans la maintenance et
la réparation d'aéronefs et d'équipements des
armées de l'air et de terre, et celui de Cuers-Pierrefeu, dans la
maintenance et la réparation d'aéronefs et d'équipements
de l'aéronautique navale.
Ces activités sont gérées sous
compte de commerce.
Au 31 décembre 1998, les effectifs des trois ateliers industriels de
l'aéronautique, qui étaient de 3 600 personnes en 1997, avaient
été ramenés à 3 327 personnes, dont 1 243
à Clermont-Ferrand 1 102, à Bordeaux et 982 à
Cuers-Pierrefeu.
Leur plan de charge devrait s'établir, pour 2000, à un niveau
légèrement inférieur à celui de 1999, mais
supérieur à celui de 1998.
3. La Direction des constructions navales : l'urgence d'une profonde évolution
L'adaptation de la Direction des constructions navales (DCN),
demeure la principale source de difficulté et d'inquiétude pour
l'avenir au sein de la DGA.
Votre rapporteur souhaite tout d'abord rappeler les données essentielles
des contraintes qui s'imposent aujourd'hui à la DCN.
La DCN est confrontée depuis trois ans à une
baisse
très importante (- 30 %) de son activité de construction
neuve
au profit de la Marine nationale, cette diminution, combinée
à un
tassement des activités d'entretien
des
bâtiments de la flotte, n'étant pas compensée par les
activités d'exportation, par nature fluctuantes et pour lesquelles, dans
un marché de plus en plus concurrentiel, se pose un problème
évident de compétitivité.
Face à cette situation difficile, la DCN, deuxième acteur de la
construction navale militaire dans le monde, reconnue pour sa haute
technicité, doit impérativement entreprendre une profonde
mutation si elle ne veut pas progressivement s'affaiblir. Il lui faut à
la fois
adapter ses effectifs à son plan de charge
, pour trouver
les conditions d'un équilibre économique, et
opérer sa
transformation
d'une administration qu'elle est toujours en une entreprise
compétitive.
Selon les informations fournies à votre rapporteur, le plan de charge
prévisible de la DCN évoluera d'ici 2000 comme l'indique le
tableau ci-dessous.
Evolution du plan de charge de la DCN
(en millions d'heures)
|
1998 |
1999
|
2000 (prévision) |
2001
|
Etudes et constructions neuves |
7 204 |
5 120 |
4 080 |
4 370 |
Entretien |
5 985 |
6 330 |
6 060 |
6 440 |
Export et divers |
5 399 |
7 090 |
4 640 |
3 920 |
Total |
18 588 |
18 540 |
14 780 |
14 730 |
Face
à ces perspectives très difficiles, la DCN a entrepris une
réduction de ses effectifs
, qui sont passés de
21 000
agents début 1997
à 17 500 début 1999, l'effectif
prévisionnel de la
fin 1999
étant de
16 300
, soit
1 200 postes de moins qu'en début d'année.
Cette réduction des effectifs a été obtenue par trois
types de mesures :
- le dégagement des cadres applicable aux ouvriers ayant atteint
l'âge de 55 ans et, depuis 1998, 52 ans (2 175 départs de 1997
à la mi-99),
- les départs volontaires indemnisés (408 départs),
- les mutations dans les armées et les services communs,
particulièrement la Marine (1 272 départs).
Ces mesures sont financées par un
fonds d'adaptation industrielle
imputé sur le titre V de la Marine. Elles ont représenté
411 millions de F en 1997 et 404 millions de F en 1998. Elles sont
estimées à 480 millions de F pour 1999 et pourraient atteindre
600 millions de F en 2000. Elles se décomposent comme suit :
- pensions, allocations différentielles et suppléments de
pensions pour des personnels dégagés des cadres,
- indemnités de départ volontaire, allocations chômage,
indemnités diverses d'aide à la création d'entreprises
pour les personnels ayant opté pour le départ volontaire,
- indemnités de mutation, de déménagement, frais de
formation et dépenses correspondant au maintien de la
rémunération pour les personnels volontaires pour une mutation.
En ce qui concerne les
mutations vers les armées
, les
candidatures se sont surtout manifestées la première année
et
dès 1998
,
les candidatures se sont taries.
En effet,
aux problèmes géographiques s'ajoutent ceux liés aux
profils des postes proposés par les armées, souvent peu
qualifiés puisque destinés à remplacer des appelés.
Enfin, il est probable que la perspective d'un départ anticipé
dès 52 ans a découragé un certain nombre de candidatures.
Seules
261 mutations ont été opérées hors de la
DGA en 1998 et 110 seulement au premier semestre 1999.
Ces éléments confirment que ces mesures, fondées sur le
volontariat sont insuffisantes pour atteindre les objectifs de réduction
d'effectif et permettre à la DCN de rallier au plus vite le format qui
la rendrait compétitive.
Rappelons que
l'objectif retenu vise un effectif de 12 500 agents
,
étant précisé que l'application des 35 heures
hebdomadaires pourrait conduire à réviser ce chiffre.
S'agissant de l'
évolution des structures de la DCN
, on doit bien
constater la modestie et le rythme prudent des changements opérés.
Cette évolution s'est pour l'instant limitée à la
séparation des activités industrielles des activités dites
" étatiques " de maîtrise d'ouvrage, qui relèvent
désormais du suivi des programmes navals. L'étape suivante
consiste à faire de la DCN un
service à compétence
nationale
, retiré du périmètre de la DGA et
rattaché directement au ministre de la Défense. Cette mesure ne
modifie en rien la nature de la DCN, qui demeure un service industriel de
l'Etat et n'emporte
aucune conséquence sur les modes de gestion
.
Elle ne présente donc, en elle-même, que peu
d'intérêt, si ce n'est qu'elle s'accompagne d'une
réorganisation de la DCN en trois branches (constructions neuves,
maintien en condition opérationnelle et systèmes de combat) et
surtout d'une
charte de gestion
, conclue entre le ministère de la
Défense et celui de l'Economie et des Finances, qui doit apporter des
assouplissements en matière de code des marchés publics, de
règles d'embauche, de règle de gestion et d'affectation du
résultat.
Votre rapporteur rappelle que la transformation du mode de gestion de la DCN,
en particulier au travers d'une logique de résultat et non plus de
coûts constatés et facturés à la Marine nationale,
constitue un enjeu essentiel, pour l'exportation tout d'abord mais aussi pour
le marché national. Une telle évolution n'est possible que si
parallèlement la DCN se voit autorisée à s'inspirer des
règles de fonctionnement d'une entreprise pour son action commerciale et
sa capacité d'autofinancement.
Il tient également à souligner
le handicap considérable
que constitue pour la DCN son statut actuel,
dans lequel sont confondues en
la personne de l'Etat les fonctions d'employeur, d'actionnaire et de client.
Pernicieux pour la gestion de la DCN, ce statut l'est aussi au plan
extérieur du fait de
l'incapacité actuelle de la DCN de
prendre part aux importantes restructurations industrielles
entreprises
dans le secteur de la construction navale marquées par la reprise du
GEC-Marconi par British Aerospace et par les regroupements en Allemagne,
notamment autour de HDW pour les sous-marins, qui a repris le Suédois
Kockums, alors que se préparent des privatisations en Espagne et en
Italie.
Tout en saluant l'effort entrepris par l'actuelle direction de la DCN dans le
cadre du plan d'entreprise présenté au printemps dernier, votre
rapporteur ne peut que marquer sa
très vive inquiétude
face au report à une échéance ultérieure de la
question de l'évolution du statut de la DCN, c'est-à-dire sa
transformation en établissement public industriel et commercial ou en
société nationale. Tout laisse à craindre en effet que
l'adaptation de la DCN risque de ne pas être suffisamment rapide pour
donner les meilleures chances de préparer son avenir dans un contexte de
concurrence accrue.
C. LE BUDGET DE LA DGA
S'élevant à 14,5 milliards de F pour 2000, l'agrégat " DGA " subit une importante modification de périmètre avec le transfert à l'agrégat " administration générale " des rémunérations et charges sociales de ses personnels civils.
1. L'évolution des crédits
Le
montant des crédits alloués à la DGA pour 2000
s'élève à
14,623 milliards de F
, contre 16,401
milliards de F dans le budget 1999.
Les
dépenses ordinaires
, dont le périmètre a
fortement évolué, s'élèvent à
2,829
milliards de F, soit une diminution de 40,8 %
par rapport à 1999.
Evolution des dépenses ordinaires de la DGA
(en
millions de F)
|
1999 |
2000 |
% |
Rémunérations et charges sociales |
2 861 |
972 |
- 66 |
Fonctionnement courant |
1 141 |
1 124 |
- 1,4 |
Subventions de fonctionnement |
750 |
711 |
- 5,2 |
Dépenses diverses |
27 |
27 |
- |
Total |
4 779 |
2 829 |
- 40,8 |
La
diminution des dépenses de rémunérations et charges
sociales correspond au transfert sur les crédits de la direction de la
fonction militaire et du personnel civil (DFP) du Secrétariat
général pour l'administration de l'ensemble des personnels civils
de la DGA, ce transfert étant effectif dès 1999 pour les
fonctionnaires titulaires et contractuels et prévu en 2000 pour les
ouvriers. Seuls sont désormais inclus dans l'agrégat DGA les
crédits de rémunération et charges sociales des personnels
militaires.
Les
dépenses de fonctionnement courant
connaîtront
après la très forte diminution (- 11 %) de 1999, une
nouvelle
réduction de crédits
.
Les
subventions de fonctionnement
diminueront de 5,2 %.
La subvention de fonctionnement à
l'Office national d'études
et de recherches aérospatiales (ONERA)
s'élève
à 346,2 millions de francs, soit 10,2 % de moins qu'en 1999. Elle
est complétée au titre VI par une participation de 123,3 millions
de francs (- 7,3 %) aux dépenses d'investissement et de 232,1 millions
de francs (- 6,2 %) aux dépenses d'études. Globalement, les
crédits affectés à l'ONERA s'élèveront
donc à 701,5 millions de francs, soit 8,4 % de moins qu'en 1999.
La subvention de fonctionnement à
l'Ecole polytechnique
s'élèvera à 270 millions de F (- 1,9 %), alors que la
subvention d'investissement se limitera à 25,8 millions de F, contre
40,5 millions de F en 1999.
Les subventions aux
écoles de la DGA
seront réduites :
89,1 millions de F pour le fonctionnement (- 0,3 %) et 59,2 millions de F pour
l'investissement (- 16,4 %).
Enfin, la participation aux dépenses de
l'Institut franco-allemand de
Saint-Louis,
imputée au titre VI, progressera de 5,4 % et
s'élèvera à 132,3 millions de F.
Les
crédits du titre V
de la DGA s'élèveront
à
9,5 milliards de F
, soit 5,4 % de moins qu'en 1999.
Outre les crédits transférés à la direction des
applications militaires du CEA, qui diminueront de 6 %, le principal poste de
dépenses du titre V est constitué des
études-amont
,
regroupées depuis 1998 sous la responsabilité de la DGA, qui
bénéficieront en 2000 de plus de
3 milliards de F
de
crédits, soit
2,7 % de moins qu'en 1999.
Les crédits d'infrastructure, qui se monteront à 1,18 milliard de
F, diminueront de 4 %.
Enfin, rappelons que sur le titre VI de la DGA est imputée une dotation
de 1,5 milliards de F, qui fait suite à celles de 500 millions de F et
de 900 millions de F respectivement inscrites en 1998 et 1999,
transférée au
budget civil de recherche et de
développement
, et ce en contradiction avec les dispositions de la
loi de programmation.
2. L'évolution des effectifs de la DGA
Le tableau suivant retrace l'évolution des effectifs budgétaires de la DGA de 1999 à 2000, en distinguant les personnels relevant du budget de l'Etat proprement dit, et ceux relevant des comptes de commerce.
|
Zone budgétaire 1999 |
Compte de commerce 1999 |
Total
|
Zone budgétaire 2000 |
Compte de commerce 2000 |
Total
|
Officiers |
2 521 |
850 |
3 371 |
2 437 |
851 |
3 288 |
Sous-officiers |
884 |
3 |
887 |
882 |
2 |
884 |
Volontaires |
0 |
0 |
0 |
50 |
0 |
50 |
Contingent |
303 |
22 |
325 |
103 |
22 |
125 |
Total militaires |
3 708 |
875 |
4 583 |
3 472 |
875 |
4 347 |
Titulaires |
6 049 |
3 186 |
9 235 |
5 573 |
3 286 |
8 859 |
Contractuels |
3 545 |
1 213 |
4 758 |
3 475 |
1 313 |
4 788 |
Ouvriers |
5 740 |
15 391 |
21 131 |
5 361 |
14 191 |
19 552 |
Total civils |
15 334 |
19 790 |
35 124 |
14 409 |
18 790 |
33 199 |
TOTAL GÉNÉRAL |
19 042 |
20 665 |
39 707 |
17 881 |
19 665 |
37 546 |
On
observera qu'en 2000, une
réduction globale de 2 161 postes
sera appliquée à la DGA, répartie de manière
pratiquement équivalente entre la zone budgétaire (- 1 161
postes) et les comptes de commerce (- 1 000 postes).
Cette déflation des effectifs touchera en priorité les personnels
ouvriers (- 1 579 postes), mais également les personnels civils non
ouvriers (- 346 postes), et les personnels militaires (- 236 postes,
dont 200 postes d'appelés).
Les
effectifs totaux
de la DGA sont passés de près de
44 000 agents en 1997 à 39 700 en 1999, pour être
rabaissés à
37 500 agents en 2000
.
La diminution s'effectue par l'exploitation de l'ensemble des
possibilités de départ basées sur le volontariat ou les
mesures d'âge : préretraites, départs volontaires
indemnisés, reclassements au sein d'autres administrations, mutations
vers les armées et services communs.
On peut également signaler que seront créés en 2000 les 50
premiers postes de volontaires (pour une cible finale de 300 en 2002)
destinés à des profils de poste de " haut niveau "
analogues à ceux occupés par les scientifiques du contingent.
3. La réduction du " coût d'intervention " de la DGA
La DGA a
pour objectif de réduire son " coût d'intervention ",
notion économique qui retrace le coût de ses structures
permanentes participant à son activité propre et des moyens mis
en oeuvre pour assurer leur fonctionnement.
Tel que calculé par la DGA, selon une méthode qui a
été affinée cette année, le coût
d'intervention s'établira à
6,8 milliards de F en 1999
,
soit une
diminution de 5 % par rapport à 1998 et de 15 % par rapport
à 1996
.
La DGA entend obtenir une
réduction de ces dépenses de l'ordre
de 30 %
sur la durée de la programmation grâce :
- à la
maîtrise des dépenses de
rémunérations et charges sociales
, liée à la
déflation des effectifs
, qui a déjà concerné
3 000 personnes en 3 ans
,
- à la
réduction des dépenses de fonctionnement
courant
(politique de rationalisation systématique du soutien par le
regroupement des moyens au sein d'un établissement central de soutien,
le resserrement des surfaces occupées, le redimensionnement du parc
informatique, l'adaptation de la politique d'achat), qui atteint
environ 30
% (600 millions de francs)
par rapport à 1996,
- au contrôle centralisé des
investissements
, afin
d'évaluer l'opportunité et le coût de toutes les
opérations significatives, étant précisé que le
flux des investissements techniques a diminué de 20 % (300 millions
de F)
depuis 1996.
II. LE SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES
Votre
rapporteur a souligné depuis trois ans l'ampleur, trop souvent
méconnue, des changements auxquels se trouve aujourd'hui
confronté le service de santé des armées, qui voit ses
missions prioritairement orientées vers le soutien des opérations
extérieures et procède à une profonde restructuration de
son organisation hospitalière, de plus en plus ouverte sur le secteur
civil, tout en devant remplacer une partie des médecins issus du
contingent qui contribuaient de manière essentielle à son
fonctionnement.
Durant cette phase très délicate de mutation, qui ne se
déroule pas sans difficultés, le service de santé voit
également son mode de financement évoluer, avec une forte
diminution de ses crédits budgétaires et une place accrue des
recettes tirées de l'activité hospitalière.
A. LA PROFESSIONNALISATION ET LA RÉORGANISATION DU SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES
Votre
rapporteur a effectué une analyse détaillée de la
réorganisation et de la professionnalisation du service de santé
dans le
rapport d'information
en date du 23 juin dernier
effectué au nom de la commission des affaires étrangères,
de la défense et des forces armées (le service de santé
des armées : les défis de la professionnalisation ;
document Sénat n° 458, 1998-1999). Il se limitera donc à
rappeler très succinctement les grandes lignes de cette analyse.
L'action du service de santé des armées s'inscrit aujourd'hui
dans un contexte à bien des égards très différent
de celui des dernières décennies :
- la suspension du service national va faire disparaître la charge
considérable liée à la sélection et au suivi
médical des appelés tout en privant le service de l'apport
très important fourni par les médecins du contingent,
- les missions du service apparaissent plus que jamais dominées par une
priorité -le soutien médical et chirurgical des forces
projetées- auquel il consacre une part croissante de ses moyens en
personnels et en matériels dans le cadre de nombreuses opérations
extérieures.
1. Des missions désormais centrées sur le soutien sanitaire des forces projetées
Sans
amoindrir les autres fonctions du service de santé des armées
(sélection médicale des engagés, formation et
entraînement, ravitaillement sanitaire, recherche médicale de
défense, secteur hospitalier), le soutien sanitaire des forces
projetées se voit reconnaître une priorité plus
affirmée et a largement conditionné les grands principes de la
réorganisation du service.
Les effectifs, le parc hospitalier et l'ensemble des moyens du service de
santé ont été réorganisés en fonction des
besoins prioritaires du soutien médical et chirurgical des forces
projetées.
Le service de santé constitue de fait une composante essentielle des
opérations extérieures au cours desquelles il a mis en oeuvre,
avec une efficacité et des résultats remarquables, sa conception
du traitement médical et chirurgical au plus près des combats,
grâce à des moyens performants et adaptés aux conditions de
l'engagement qui assurent aux blessés les meilleures conditions de
traitement et de préservation de leurs capacités fonctionnelles.
Cette participation aux opérations extérieures induit cependant
d'importants prélèvements en personnels, souvent
décidés sur préavis très court, qui se ressentent
sur les capacités courantes du service et notamment sur son
activité hospitalière.
2. La bonne marche de la professionnalisation se heurte aux difficultés de recrutement des médecins d'active
Compte
tenu du rôle que jouaient les appelés du contingent pourvus d'une
formation médicale ou paramédicale dans le fonctionnement du
service de santé, la professionnalisation impose une politique de
recrutement de médecins et de personnels paramédicaux civils et
militaires, ainsi que la création d'un corps de chirurgiens dentistes
d'active actuellement inexistant.
En raison de la durée des études médicales, seul un
recrutement immédiat de médecins déjà formés
était de nature à satisfaire les besoins
générés par la disparition du contingent. Ce recrutement
complémentaire se révèle pour le moment très
insuffisant puisqu'en 1998, seuls 15% des postes offerts ont pu être
pourvus. Cette situation inquiétante pourrait, si elle perdure,
fragiliser le service de santé et aggraver dans de notables proportions
un déficit déjà significatif en médecins d'active,
surtout au sein des forces.
L'étroitesse du vivier potentiel semble être la cause essentielle
des résultats décevants de ce recrutement complémentaire
de médecins pourtant indispensable. Outre un effort de communication,
sans doute conviendra-t-il de réfléchir au niveau des soldes de
médecins des armées, particulièrement en début de
carrière, afin de renforcer l'attractivité des postes offerts.
Le fort déficit en personnels civils, lié à des
départs massifs lors des restructurations et à
l'impossibilité de les remplacer en raison des contraintes
imposées au recrutement d'ouvriers et de fonctionnaires, est la seconde
source de difficultés dans la mise en oeuvre de la professionnalisation.
Elle crée, dans les hôpitaux des armées, des situations
tendues auxquelles pourrait seul remédier un nécessaire
assouplissement des conditions d'embauche.
La professionnalisation du service de santé s'accompagnera par ailleurs
d'une importante simplification et rationalisation des statuts des personnels
paramédicaux, l'actuelle mosaïque de statuts disparates
étant à terme remplacée par deux statuts, l'un pour les
militaires et l'autre pour les civils, inspirés de la fonction publique
hospitalière.
3. Une plus large ouverture des hôpitaux des armées au service public
L'ouverture très large des hôpitaux militaires
à
la clientèle civile est apparue indispensable pour soutenir
l'activité en temps de paix du parc hospitalier et pour maintenir
à leur haut niveau de compétence les équipes chirurgicales
du service, soumises à un degré élevé d'exigence
lorsqu'elles interviennent en opérations extérieures.
Cette activité non militaire contribue désormais de
manière prépondérante au financement du service,
puisqu'elle lui apporte près de 60 % de ses ressources
financières, les crédits budgétaires subissant dans le
même temps une érosion importante.
La volonté du service de santé de participer au service public
hospitalier et le rapprochement avec le secteur hospitalier civil contribuent
à maintenir les hôpitaux militaires au meilleur niveau, mais votre
rapporteur estime qu'un point d'équilibre doit être défini
afin de préserver le caractère prioritaire des missions
militaires du service, de même qu'un équilibre devra être
trouvé entre crédits budgétaires et ressources externes,
ces dernières, aléatoires car dépendantes de
l'activité hospitalière, ne pouvant prendre une part trop
importante sans fragiliser le service et briser la cohérence qui a
jusqu'à présent prévalu dans sa réorganisation.
B. LE FINANCEMENT DU SERVICE DE SANTÉ : LA PART ACCRUE DES RESSOURCES EXTRA-BUDGÉTAIRES
De nouveau en recul pour 2000, le budget du service de santé voit ses crédits fortement réduits, la majorité du financement du service étant désormais assurée par les recettes de l'activité hospitalière.
1. Un nouveau recul du budget du service de santé en 1999
Le tableau ci-dessous retrace l'évolution des crédits du service de santé depuis 1997.
Evolution des crédits du service de
santé
(en millions de francs)
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2000/1999 |
Rémunérations et charges sociales |
1 286,559 |
1 185,942 |
1 203,200 |
1 179,491 |
- 2, % |
Fonctionnement courant |
753,239 |
556,309 |
365,381 |
239,506 |
- 34,4 % |
Total titre III |
2 039,7 |
1 742,251 |
1 568,581 |
1 418,997 |
- 9,5 % |
Equipement |
128,9 |
102,0 |
120,0 |
115,38 |
- 3,9 % |
Infrastructures |
154,0 |
139,0 |
154,0 |
151 |
- 1,9 % |
Total titre V |
282,89 |
241,0 |
274,0 |
266,38 |
- 2,8 % |
TOTAL |
2 322,688 |
1 983,251 |
1 842,581 |
1 685,377 |
- 8,5 % |
Le
budget connaîtra une
diminution de 8,5 % en 2000
, après
celles enregistrées en 1998 (- 14,6 %) et en 1999 (- 7,1 %),
ce qui conduit à sa
réduction de plus de 27 % depuis
1997
.
Les
dépenses ordinaires
, qui constituent l'essentiel de ce budget
diminueront de 9,5 % en 2000
, ce qui portera la réduction
à
30 % depuis 1997.
Cette évolution résulte de la
très forte
réduction des crédits de fonctionnement courant
qui sont
passés de 753 millions de francs en 1997 à 365 millions de francs
en 1999, puis à 239,5 millions de francs en 2000, dotation qui doit
notamment couvrir l'entretien et l'achat de matériels, le fonctionnement
et l'entretien immobilier ainsi que les dépenses d'alimentation.
Les dépenses de rémunérations et de charges sociales
diminuent pour leur part de 2 %.
On rappellera qu'en 1998, une mesure d'économie de 325 millions de
francs avait été appliquée aux dépenses ordinaires
du service de santé, dont 150 millions de francs sur les
rémunérations et charges sociales et 175 millions de francs sur
le fonctionnement courant, pour tenir compte des recettes externes de cessions
de prestations médicales, dont l'augmentation permet, par la
procédure de fonds de concours, de compléter les ressources du
service de santé.
En 1999, une
mesure d'économie
de même type de
160
millions de francs
a été appliquée seulement aux
crédits de fonctionnement courant
, est opérée avec
les mêmes justifications.
Pour 2000, ce seront à nouveau
135 millions de francs de
crédits de fonctionnement qui seront supprimés
, alors que,
pour la première fois depuis plusieurs années, les
prévisions de ressources hospitalières externes tablent sur une
diminution (- 2,3 %).
En ce qui concerne les
dépenses en capital,
elles se limitent
à 266,4 millions de francs pour 2000 soit une diminution de 2,8 %.
Les
dépenses d'équipement
s'élèveront
à 115 millions de francs (- 3,9 %) et les
dépenses
d'infrastructures
à 151 millions de francs (- 1,9 %).
2. Un financement qui repose désormais très majoritairement sur les crédits de fonds de concours
Le
financement du service de santé des armées repose sur deux
catégories de ressources :
- les
crédits budgétaires
provenant des titres III et V du
budget de la défense,
- les
produits d'un fonds de concours
qui regroupe les recettes des
services hospitaliers, tirées des prestations médicales
délivrées à leur clientèle, à l'exception
bien entendu de celles qui sont prises en charge par la défense
elle-même (soins consécutifs à une affection
contractée en service).
Le tableau ci-dessous retrace de 1995 à 1998 l'évolution des
parts respectives de chaque catégorie de ressources, et pour 1999 et
2000, le montant des crédits prévus en loi de finances initiale
et les prévisions de ressources externes.
Evolution des ressources du service de santé
(en millions de francs)
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Ressources budgétaires |
2 269,9 |
2 371,8 |
2 474,2 |
1 983,3 |
1 842,6 |
1 685,4 |
Ressources externes |
1 835,1 |
2 067,6 |
2 299,6 |
2 547,6 |
2 636* |
2 576* |
Part des ressources externes |
44,7 % |
46,6% |
48,2 % |
56,2 % |
58,9 % |
60,4 % |
Total |
4 105,01 |
4 439,4 |
4 773,8 |
4530,9 |
4 478,6 |
4 261,4 |
*Prévisions
Ce tableau montre
la progression sensible des recettes de cessions de
prestations médicales
au cours des dernières années,
et, du fait de la forte diminution des ressources budgétaires en 1998,
un
net accroissement de leur part dans le financement du service de
santé
, qui pour la première fois en 1998 dépassait 50
%, pour atteindre, si les prévisions se réalisent,
près
de 59 % en 1999.
Votre rapporteur a souligné au printemps dernier les implications d'une
telle évolution.
Les ressources externes ont un caractère aléatoire
,
lié au niveau de l'activité qui peut baisser pour des motifs
divers : fermeture d'un établissement, travaux ou restructurations
diminuant temporairement le potentiel d'un établissement, ralentissement
de l'activité des services en cas d'opération extérieure.
Ces ressources n'alimentent pas directement le budget du Service mais
transitent par un
fonds de concours
. Leur mise à disposition
effective dépend des conditions du rattachement des produits du fonds de
concours, variable d'une année sur l'autre. A cet égard,
le
rattachement tardif des fonds de concours peut créer des
difficultés
en début d'année, tout en empêchant
la consommation intégrale des crédits avant la clôture de
l'exercice budgétaire.
Enfin, le service de santé n'est totalement pas maître des tarifs
qu'il oppose aux organismes de sécurité sociale et le volume du
produit de l'activité remboursable, bien que modeste au regard de
l'ensemble des dépenses de l'assurance maladie, pourrait à
l'avenir être contraint par la politique de
maîtrise des
dépenses de santé,
même si,
jusqu'à
présent, la tarification militaire hospitalière est
demeurée en deçà des tarifs civils.
Certes, le rôle accru des recettes du fonds de concours peut renforcer la
motivation des équipes hospitalières, directement
intéressées à l'augmentation de l'activité, et a
grandement facilité la modernisation de l'équipement des
hôpitaux des armées.
A l'inverse, s'il prenait une part trop importante, il pourrait fragiliser le
service de santé en le rendant
trop dépendant de variations
conjoncturelles qui, s'agissant d'un parc hospitalier réduit
(9
hôpitaux et 3200 lits),
peuvent être d'autant plus fortes
.
Rappelons que le prélèvement d'équipes chirurgicales
appelées pour des opérations extérieures entraîne
immédiatement des ralentissements d'activité et donc de moindres
recettes. De même, s'il advenait qu'un soutien chirurgical lourd soit
nécessaire en cas d'engagement des forces donnant lieu à des
risques de pertes élevés, l'activité hospitalière
civile serait momentanément mise en sommeil, avec de lourdes
conséquences financières.
Les missions " régaliennes " que doit avant tout assurer le
service de santé ne sauraient être suspendues à de tels
aléas.
Aussi votre rapporteur regrette-t-il que le budget 2000 ne permette pas une
stabilisation des crédits budgétaires du service de
santé.
III. LES AUTRES SERVICES COMMUNS
A. LE SERVICE DES ESSENCES DES ARMÉES
Chargé du ravitaillement des forces en produits
pétroliers, le service des essences est un service interarmées
qui exerce son activité dans deux grands domaines :
- la cession de produits pétroliers aux armées et le soutien
logistique "carburants" des forces engagées en opérations
extérieures ou lors des manoeuvres et exercices.
- l'expertise dans son domaine de compétence technique
(définition des spécifications et homologation de produits
pétroliers nécessaires aux armées ; définition,
réalisation, gestion et soutien des matériels pétroliers ;
contrôle technique, notamment des véhicules de transport de
produits pétroliers).
Les crédits
du service des essences
progresseront de 0,7 % en
2000 et passeront de 560,4 à 564,3 millions de francs.
Les
dépenses de rémunérations et charges sociales
s'élèveront à 244,9 millions de francs, soit 4 % de
plus qu'en 1999.
Cette augmentation traduit la progression des effectifs militaires du service,
la suppression de 70 postes d'appelés étant compensée par
la création de 75 postes de militaires du rang engagés. La
diminution des effectifs de personnel civil (1 049 au lieu de 1 071) est quant
à elle sans incidence sur le budget du service, ces personnels
étant rémunérés par la direction de la fonction
militaire et du personnel civil.
Evolution des effectifs du service des essences
|
1999 |
2000 |
2002 |
MDR
engagés
|
703
|
778
|
850
|
Total |
1 853 |
1 826 |
1 859 |
Le
service des essences a retenu, en ce qui concerne ses personnels, une
priorité à la "militarisation
", une partie des postes de
personnels civils ouvriers et la totalité des postes d'appelés
étant transformés en postes de militaires du rang sous contrat,
et ce en vue de
disposer des effectifs militaires nécessaires au
soutien des forces en opérations extérieures
. Les effectifs
engagés par le service des essences sur les théâtres
d'opérations extérieures ont varié depuis 1990 de 70
à 100 personnes, avec des pointes à 170 personnes.
Les dépenses de fonctionnement courant s'établissent à 145
millions de francs, soit 0,8 % et plus qu'en 1999.
Les crédits d'équipements s'élèveront à 83,3
millions de francs (- 5 %) et les crédits d'infrastructure
à 91 millions de francs (- 2 %).
Cette réduction de crédits sur le titre V, conjuguée
à l'augmentation du nombre de véhicules pétroliers
engagés en opérations extérieures (22 % des
véhicules projetables du service), provoque
de fortes contraintes
qui, si elles perdurent, pourraient conduire à revoir le dimensionnement
des moyens pétroliers projetables et à retarder la mise en
conformité des installations.
Les
enseignements tirés des opérations extérieures
ont conduit le service à
redéfinir les matériels
dont il dispose. Dans certaines conditions d'emploi, les ensembles
"tracteurs/semi-remorque citerne" se sont révélés peu
adaptés. Le service des essences souhaite disposer de matériels
plus "rustiques" utilisables en métropole comme sur les
théâtres extérieurs, et interopérables avec les
armées alliées. Il est ainsi équipé depuis 1996 de
véhicules nouveaux : un avitailleur rustique, aérotransportable
avec remorque et un camion citerne à forte motricité et tous
chemins pouvant tracter une remorque, dont les derniers exemplaires seront
livrés en 1999. L'armée de terre devrait en outre obtenir
livraison au second semestre 1999 des véhicules citerne sur
châssis TRM aptes au ravitaillement des chars Leclerc et à
l'avitaillement des hélicoptères.
L'adaptation du service des essences entraîne également une
profonde réorganisation de ses infrastructures.
La totalité des dépôts situés en Allemagne a
été fermée, ainsi que certains sites de métropole,
notamment ceux de faible capacité ou ceux dont la mise en
conformité avec les règles de protection de l'environnement
s'avère trop coûteuse. Le service des essences privilégie
la rénovation de certains sites, dotés de plus grandes
capacités et mis à niveau, et si possible raccordés
à des moyens de transport massif (oléoduc, voie ferrée).
Les moyens sont regroupés autour de pôles fonctionnels :
- la base pétrolière interarmées de
Chalon-sur-Saône, pour la formation et l'entraînement des
personnels,
- un pôle de soutien technique par regroupement autour du magasin central
de Montereau des fonctions de réparation des matériels
exercées par les trois ateliers lourds du service.
Après une forte décroissance du niveau des stocks de carburants
en 1997, qui n'atteignaient plus le plancher fixé pour couvrir les
besoins " crise ", la brutale chute des cours et le bon niveau
relatif de la trésorerie ont été mis à profit pour
effectuer des achats en 1998. Depuis le début de l'année
1999 , la hausse continue du cours du brut a de nouveau
entraîné une mise en consommation des stocks de carburants.
B. LA DÉLÉGATION À L'INFORMATION ET À LA COMMUNICATION DE LA DÉFENSE (DICOD)
A
compter du mois de juillet 1998, la délégation à
l'information et à la communication de la Défense (DICOD) a
remplacé le service d'information et de relations publiques des
armées (SIRPA).
La direction en a été confiée à un civil, qui a
rang de directeur d'administration centrale, qui exerce en outre les fonctions
de porte-parole du ministère et qui est assisté d'un
délégué-adjoint issu pour sa part des rangs militaires.
Le
décret du 27 juillet 1998
portant création de la DICOD
précise ses attributions et indique notamment que l'action des
différents organismes d'information et de communication placés
sous l'autorité du chef de l'état-major des armées, du
délégué général pour l'armement, des chefs
d'état-major des trois armées et du directeur
général de la gendarmerie doit s'inscrire dans le cadre de la
politique générale définie par la DICOD.
Il précise également que
"lorsque, pour faire face à
une situation de crise, l'emploi opérationnel des forces est
envisagé ou décidé, l'information relative à cet
emploi est centralisée et conduite, selon les directives du ministre de
la défense, par la DICOD. Dans le cadre de ces directives, le chef
d'état-major des armées conçoit et conduit la
communication de l'ensemble de la chaîne opérationnelle et donne
des instructions à la DICOD"
.
Pour 2000, le
budget de la DICOD est en augmentation de 13,8 millions
de francs (+ 18,5 %)
et s'élèvera à 74,3 millions de
francs répartis comme suit :
- crédits de fonctionnement : 57,2 millions de francs (+
9,6 millions de francs), cette forte augmentation étant uniquement
due au regroupement sous la responsabilité de la DICOD de crédits
auparavant gérés par chaque armée pour les publications
militaires.
- équipement : 15,1 millions de francs (+ 5,1 millions de francs)
- infrastructure : 2 millions de francs (- 3 millions de francs).
Alors qu'en 1997 et 1998, l'effort avait été porté sur le
lancement de la construction du centre de consultation multimédias de
l'établissement cinématographique et photographique des
armées (ECPA), dont le gros oeuvre est désormais achevé,
une augmentation des crédits d'équipement doit désormais
permettre l'achat des matériels techniques nécessaires à
cette médiathèque.
EXAMEN EN COMMISSION
La
commission des affaires étrangères, de la défense et des
forces armées a examiné le présent avis au cours de sa
réunion du mercredi 10 novembre 1999.
A la suite de cet exposé, M. Christian de La Malène
a
déclaré partager les conclusions du rapporteur pour avis. Il a
souligné un décalage croissant entre les intentions relatives
à l'Europe de la défense ou les constats relatifs à la
persistance des menaces, par exemple en matière de prolifération
nucléaire, et l'absence de traduction concrète de ces intentions
dans des budgets en diminution régulière.
M. Xavier de Villepin, président
,
s'est interrogé sur la
signification profonde du rejet, par le Sénat américain, de la
ratification du traité d'interdiction complète des essais
nucléaires. Il s'est demandé si, au-delà de
considérations conjoncturelles de politique intérieure, il ne
fallait pas y voir un signe plus profond d'une volonté
américaine, face au constat du développement des capacités
nucléaires dans le monde, de mettre au point une nouvelle
génération d'équipements de défense leur permettant
de conserver une suprématie militaire.
M. Michel Caldaguès
a, lui aussi, estimé que dans la
mesure où la prolifération nucléaire ne paraissait pas
pouvoir être contenue, les Etats-Unis pourraient s'engager dans des
programmes leur permettant de préserver leur suprématie. Il a
considéré que cette évolution devait entraîner une
profonde réflexion sur notre propre stratégie de dissuasion
nucléaire.
M. Robert Del Picchia
a précisé qu'après
s'être engagés dans l'organisation du traité d'interdiction
complète des essais nucléaires installée à Vienne,
les Etats-Unis semblaient désormais prendre leurs distances avec cet
organisme chargé de la mise en oeuvre du traité.
*
La
commission a ensuite examiné l'ensemble des crédits du
ministère de la défense pour 2000, au cours de sa réunion
du mercredi 24 novembre 1999.
M. Guy Penne,
a d'abord remarqué qu'avec un effort de
défense représentant environ 2,5 % du produit intérieur
brut (PIB), comparable à celui du Royaume-Uni, la France se situait
à mi-chemin entre les Etats-Unis, qui consacrent 3,5 % de leur PIB
à la défense, et les autres pays européens, qui y
consacrent en moyenne 1,5 % de leur PIB. Il a donc estimé que,
malgré une diminution du même ordre de grandeur que celle
enregistrée dans les autres pays occidentaux depuis la chute du mur de
Berlin, le budget français d'équipement militaire, qui
était le deuxième en Europe, demeurait très significatif.
Il a ensuite évoqué les difficultés du ministère de
la défense à consommer la totalité des crédits
d'équipement dont il dispose et relevé que la rationalisation des
achats d'équipement permettait des économies sans réduire
le pouvoir d'achat des armées. Il a estimé que la
professionnalisation des armées présentait un coût plus
élevé qu'on ne l'avait envisagé lors du lancement de la
réforme. Enfin, il a souligné que le conflit du Kosovo avait mis
en évidence l'amélioration des capacités militaires
françaises par rapport à la guerre du Golfe, même si des
insuffisances perdurent en matière spatiale et de renseignement.
M. Serge Vinçon,
a rappelé qu'après s'être
engagé, à l'issue de la revue de programmes qu'il avait conduite,
à stabiliser les crédits d'équipement des armées
durant quatre ans, le Gouvernement rompait, dès la deuxième
année, cet engagement. Il a émis la crainte que la France ne
prenne un dangereux retard par rapport aux Etats-Unis, qui, après avoir
réorganisé leur défense et leur industrie d'armement,
relancent désormais leur effort financier en matière de
défense, particulièrement en matière de recherche et de
développement. Evoquant l'annulation supplémentaire de 5,3
milliards de francs de crédits d'équipement annoncée sur
le budget de la défense, il a déploré que des commandes
supplémentaires ne soient pas passées aux industriels alors que
ceux-ci auraient la capacité de produire davantage de matériels.
M. Paul Masson
,
approuvé par M. Xavier de Villepin,
président
,
a mis en doute, après les auditions des chefs
d'état-major par la commission, l'idée selon laquelle les
armées seraient limitées dans leurs capacités de
consommation de crédits.
M. Xavier de Villepin, président
,
a alors rappelé que les
crédits des titres V et VI étaient appelés à
diminuer de 3,2 milliards de francs par rapport aux conclusions de la
" revue de programmes " qui marquaient elles-mêmes une
économie de 5 milliards de francs par an par rapport aux
prévisions initiales de la loi de programmation. Il a estimé que
la situation économique et financière actuelle aurait permis de
préserver les crédits militaires. Il a par ailleurs
déploré que le projet de budget ne tienne pas compte des
leçons militaires du conflit du Kosovo et observé la
contradiction entre les discours sur la défense européenne et la
réalité des programmes conduits en coopération, qui
connaissent, pour beaucoup d'entre eux, d'importantes difficultés. Il a
alors appelé la commission à suivre l'avis défavorable
proposé par les rapporteurs pour avis.
M. Michel Caldaguès
a indiqué qu'il se rangeait à
cet avis défavorable.
M. Claude Estier
a en revanche précisé que le groupe
socialiste voterait le budget de la défense pour 2000.
La commission a alors émis un
avis défavorable sur l'ensemble
des crédits du ministère de la défense
inscrits dans
le projet de loi de finances pour 2000.