PJ loi de finances pour 1998
HYEST (Jean-Jacques)
AVIS 71 (98-99), TOME VIII - COMMISSION DES LOIS
Table des matières
- LES CONCLUSIONS DE LA COMMISSION DES LOIS
-
INTRODUCTION
- I. LES CRÉDITS CONSACRÉS AUX TERRITOIRES D'OUTRE-MER
-
II. LA SITUATION DE CHAQUE TERRITOIRE
- A. LA NOUVELLE-CALÉDONIE
- B. LA POLYNÉSIE FRANÇAISE
- C. WALLIS ET FUTUNA
- D. LES TERRES AUSTRALES ET ANTARCTIQUES FRANÇAISES (T.A.A.F.)
- III. LA PRÉSERVATION DES INTÉRÊTS PROPRES DES TERRITOIRES D'OUTRE-MER SUR LE PLAN NORMATIF
N° 71
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 19 novembre 1998.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d'administration générale (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME VIII
TERRITOIRES D'OUTRE-MER
Par M. Jean-Jacques HYEST,
Sénateur.
(1)
Cette commission est composée de :
MM.
Jacques
Larché,
président
; René-Georges Laurin, Mme Dinah
Derycke, MM. Pierre Fauchon, Charles Jolibois, Georges Othily, Michel Duffour,
vice-présidents
; Patrice Gélard, Jean-Pierre Schosteck,
Jacques Mahéas, Jean-Jacques Hyest,
secrétaires
;
Nicolas About, Guy Allouche, Jean-Paul Amoudry, Robert Badinter, José
Balarello, Jean-Pierre Bel, Christian Bonnet, Robert Bret, Guy-Pierre Cabanel,
Charles Ceccaldi-Raynaud, Marcel Charmant, Raymond Courrière,
Jean-Patrick Courtois, Charles de Cuttoli, Luc Dejoie, Jean-Paul Delevoye,
Gérard Deriot, Gaston Flosse, Yves Fréville, René Garrec,
Paul Girod, Daniel Hoeffel, Jean-François Humbert, Pierre Jarlier,
Lucien Lanier, François Marc, Mme Lucette Michaux-Chevry, MM. Jacques
Peyrat, Jean-Claude Peyronnet, Henri de Richemont, Simon Sutour, Alex
Türk, Maurice Ulrich.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1078
,
1111
à
1116
et T.A.
193
.
Sénat
:
65
et
66
(annexe n°
34
)
(1998-1999).
Lois de finances.
LES CONCLUSIONS DE LA COMMISSION DES LOIS
Réunie le 18 novembre 1998 sous la présidence de
M.
Jacques Larché, président, la commission des Lois a
examiné, sur le rapport de M. Jean-Jacques Hyest
, les
crédits consacrés aux territoires d'outre-mer par le projet de
loi de finances pour 1999.
Après avoir rappelé les principaux axes de l'effort
budgétaire consenti en faveur des territoires d'outre-mer dans le projet
de loi de finances pour 1999, M. Jean-Jacques Hyest a présenté
l'évolution politique et institutionnelle de ces collectivités au
cours de l'année écoulée ainsi qu'un bilan de
l'application des lois et des réformes normatives les concernant.
La commission des Lois a émis un avis favorable à l'adoption des
crédits consacrés aux territoires d'outre-mer par le projet de
loi de finances pour 1999, aux montants proposés par la commission des
Finances.
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Comme chaque année, votre commission des Lois saisit l'occasion de
l'examen du budget du ministère de l'outre-mer pour dresser un bilan de
la situation des territoires d'outre-mer et réaffirmer d'une part, son
profond attachement à la protection des intérêts propres de
ces collectivités au sein de la République et, d'autre part, la
nécessité d'actualiser le droit qui y est applicable afin de
faire bénéficier les citoyens résidant dans ces
territoires des avancées législatives adoptées pour la
métropole.
L'année 1998 a ouvert une période de transition au cours de
laquelle ces collectivités sont appelées à connaître
d'importantes mutations statutaires et économiques vers davantage
d'autonomie. Sous l'angle institutionnel, la Nouvelle-Calédonie a ouvert
la voie avec la conclusion de l'Accord de Nouméa qui, approuvé
massivement lors de la consultation du 8 novembre, se traduira par l'adoption
d'un nouveau statut dans les mois à venir à la suite de la
révision constitutionnelle intervenue au mois de juillet dernier. Une
nouvelle modification de la Constitution pourrait être demandée
pour favoriser l'évolution institutionnelle de la Polynésie
française. Du point de vue économique, les améliorations
conjoncturelles enregistrées depuis 1997 en Polynésie ont
commencé à créer les conditions d'une reconversion
après la fermeture définitive du Centre d'expérimentation
du Pacifique, et en Nouvelle-Calédonie la conclusion de l'accord minier
a rendu envisageable l'implantation d'une usine métallurgique en
province nord.
Continuant à suivre avec une vigilante attention l'ensemble de ces
évolutions dont elle souhaite ardemment qu'elles favorisent un
développement équilibré de ces collectivités, votre
commission tient à saluer, à l'occasion de ce rapport, le travail
accompli pendant de nombreuses années par notre excellent
collègue, M. Jean-Marie Girault, en faveur des territoires d'outre-mer.
Après avoir retracé les grandes lignes de l'effort financier
consenti par l'État au bénéfice de ces
collectivités (I), le présent avis présentera la situation
politique et institutionnelle de chacune d'elles (II) ainsi que les
réformes normatives contribuant à la préservation de leurs
intérêts spécifiques (III).
I. LES CRÉDITS CONSACRÉS AUX TERRITOIRES D'OUTRE-MER
A. L'ÉVOLUTION DES CRÉDITS
Selon le
jaune annexé au projet de loi de finances pour 1999, les crédits
alloués aux territoires d'outre-mer
dans le budget de
l'État
au titre des dépenses ordinaires et des crédits
de paiement (y compris les crédits non répartis et le coût
de gestion des services métropolitains) s'élèvent au total
à 10,753 milliards de francs, contre 10,716 milliards de francs dans le
budget initial pour 1998, soit une très légère progression
de 0,34%.
Les crédits consacrés aux territoires d'outre-mer
dans le
budget du ministère de l'outre-mer
s'élèvent à
1,035 milliards de francs, soit près de 18,5% du montant global de ce
budget. La forte progression de l'ordre de 7 % qui caractérise le
budget de l'outre-mer pour 1999 bénéficie aux seuls
départements d'outre-mer, le champ d'intervention de l'État dans
les territoires d'outre-mer étant plus restreint, notamment en
matière d'emploi et de logement. La part des crédits
alloués aux territoires d'outre-mer dans ce budget subit même une
baisse de 4,8 % qui s'explique pour l'essentiel par la non reconduction de la
subvention versée à la Polynésie française au titre
du fonds intercommunal de péréquation (FIP) : ce
mécanisme, expirant au 31 décembre 1998, devra être
reconduit par un collectif budgétaire après l'adoption du projet
de loi organique relatif au régime communal polynésien.
Cette part des crédits du budget du ministère de l'outre-mer
bénéficiant aux territoires d'outre-mer ne représente que
9,6 % de l'effort global consenti par le budget de l'État en faveur de
ces collectivités. Quatre autres ministères, en effet,
contribuent fortement à cet effort : le ministère de
l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie (42,8 %,
l'essentiel de l'effort concernant l'enseignement scolaire), le
ministère de la défense (15,6 %), le ministère de
l'économie, des finances et de l'industrie (13 %) et le ministère
de l'intérieur (7,8 %). La contribution du ministère de la
justice s'élève quant à elle à 1,73 %, en
très légère progression par rapport à 1998 :
l'intégration des agents territoriaux du service pénitentiaire de
la Polynésie française dans le cadre des corps à statut
d'Etat devrait être achevée en 1999.
Dans le budget du ministère de l'outre-mer, les crédits
consacrés aux territoires d'outre-mer sont, depuis la révision de
la nomenclature en 1996, répartis sous trois agrégats :
• L'agrégat
Administration générale
regroupe
les crédits consacrés aux moyens de fonctionnement et au parc
immobilier de l'administration centrale et des services
déconcentrés du ministère de l'outre-mer, à la
formation des agents, à l'action sociale, à l'assistance et
à la solidarité en faveur des victimes de calamités
naturelles. Les crédits figurant sous cet agrégat
s'élèvent pour 1999 à 327,902 millions de francs, soit une
progression de 2,89 % par rapport au projet de loi de finances initiale
pour 1998.
• L'agrégat
Collectivités locales
regroupe les
subventions aux budgets locaux des territoires d'outre-mer et les subventions
à la section décentralisée du FIDES (Fonds
d'investissement pour le développement économique et social). Les
crédits qui y sont inscrits, s'élevant à 61,425 millions
de francs pour 1999, diminuent de près de moitié. Cette forte
régression résulte de la non reconduction, dans
l'immédiat, de la subvention qui avait été allouée
en 1998 à la Polynésie française pour alimenter le FIP :
en effet, la loi du 5 février 1994 d'orientation pour le
développement de la Polynésie française n'a prévu
que jusqu'en 1998 le versement de cette subvention qui correspond à la
prise en charge par l'État des deux quinzième de la quote-part
des ressources fiscales reversées par le territoire aux communes.
• L'agrégat
Développement économique et
social
regroupe les moyens d'intervention et les crédits
d'investissement du ministère de l'outre-mer destinés à la
mise en oeuvre de la politique de l'emploi, du logement social et du
développement économique, dans le cadre des contrats de plan et
des conventions de développement. Les crédits consacrés au
financement de ces actions s'élèvent pour 1999 à 600,978
millions de francs, en légère diminution de 0,76 % par rapport
à 1998. Cette baisse s'explique essentiellement par la réduction
du montant de la subvention allouée à l'agence de
développement de la culture canaque, du fait de l'achèvement du
Centre culturel Jean-Marie Tjibaou
1(
*
)
, et
à une diminution des crédits affectés à la section
générale du fonds d'investissement pour le développement
économique et social (FIDES).
B. LA RÉPARTITION DES CRÉDITS ENTRE LES TERRITOIRES
La
répartition des crédits entre les quatre territoires dans le
budget de l'outre-mer, conformément aux données inscrites dans le
jaune, indique le montant des dépenses ordinaires et des crédits
de paiement affectés à chacun, hors crédits non
répartis (7,469 millions de francs en 1998 ramenés à 3,403
dans le projet de loi de finances pour 1999) et crédits correspondant au
coût de gestion des services métropolitains (53,288 millions de
francs en loi de finances initiale pour 1998 contre 54,141 pour 1999).
Plus de 61 % des crédits du budget de l'outre-mer vont à la
Nouvelle-Calédonie, seule collectivité d'outre-mer à avoir
échappé à la mesure d'étalement des contrats de
plan sur une année supplémentaire et 28 % de ces mêmes
crédits bénéficient à la Polynésie
française.
AFFECTATION DES CRÉDITS DU MINISTÈRE DE
L'OUTRE-MER
(hors crédits non répartis et coût de gestion des
services métropolitains)
Territoire |
1998 |
1999 |
Nouvelle-Calédonie |
597,028 |
599,290 |
Polynésie française |
326,787 |
275,180 |
Wallis-et-Futuna |
44,166 |
44,792 |
T.A.A.F. |
58,921 |
57,988 |
TOTAL |
1.026,902 |
977,250 |
(en millions de francs)
VENTILATION PAR TERRITOIRE DE L'EFFORT BUDGÉTAIRE GLOBAL CONSACRÉ AUX TERRITOIRES D'OUTRE-MER (hors crédits non répartis et coût de gestion des services métropolitains)
Territoire |
1998 |
1999 |
Nouvelle-Calédonie |
4.860,448 |
4.855,941 |
Polynésie française |
5.255,748 |
5.290,233 |
Wallis-et-Futuna |
352,510 |
356,877 |
T.A.A.F. |
95,862 |
94,842 |
TOTAL |
10.564,568 |
10.597,893 |
(en millions de francs)
Comme les années précédentes, l'effort consenti par l'ensemble des ministères en faveur des territoires d'outre-mer bénéficie en premier lieu à la Polynésie française.
II. LA SITUATION DE CHAQUE TERRITOIRE
A. LA NOUVELLE-CALÉDONIE
L'année 1998 constitue une année charnière pour la Nouvelle-Calédonie : la reprise des négociations politiques entre les partenaires signataires des accords de Matignon-Oudinot, suspendues depuis le printemps 1996, a permis d'aboutir à une solution consensuelle permettant d'éviter un " référendum couperet " qui s'est concrétisée par la conclusion de l'Accord de Nouméa, signé le 5 mai 1998. A la suite de cet accord, une révision de la Constitution a été adoptée par le Parlement, réuni en Congrès à Versailles le 6 juillet, qui fait de la Nouvelle-Calédonie une collectivité sui generis . N'appartenant plus à la catégorie juridique des territoires d'outre-mer, la Nouvelle-Calédonie se verra bientôt dotée d'un nouveau statut qui sera examiné par le Parlement en fin d'année et au début de l'année prochaine.
1. De la reprise des négociations politiques à l'Accord de Nouméa
Le FLNKS
(Front de libération nationale kanak socialiste) avait, le
19 avril 1996
, provoqué la
suspension des
négociations politiques sur l'avenir institutionnel du territoire
entamées la veille, trois de ses quatre composantes posant comme
préalable à la reprise des discussions le règlement du
dossier relatif à l'accès à la ressource minière en
vue de la création d'une usine de traitement du nickel dans la province
nord.
FLNKS et RPCR (Rassemblement pour la Calédonie dans la
République) défendaient alors des positions diamétralement
opposées concernant l'avenir de la Nouvelle-Calédonie, le premier
demandant une solution négociée consacrant l'existence d'un
État associé dès 1998, le second étant favorable
à une émancipation dans le cadre de la République
française avec une prolongation des accords de Matignon permettant
d'éviter l'intervention d'un référendum-couperet en 1998.
Afin de lever ce
préalable minier
, M. Lionel Jospin, Premier
ministre, nommait, le 9 juillet 1997, M. Philippe Essig comme médiateur
pour rechercher une issue à ce dossier. Ce dernier devait, le 1er
novembre 1997, remettre son rapport proposant un projet d'accord sur
l'échange de massifs miniers et la réalisation d'une usine
métallurgique en province nord. Au terme de près de deux ans de
négociations,
les " accords de Bercy "
étaient
signés, le
1er février 1998
, le groupe Eramet,
détenu en majorité par l'État, et la société
SMSP (Société minière du sud Pacifique) convenant d'un
échange de gisements permettant d'envisager la construction de l'usine
du nord.
Les négociations sur l'avenir institutionnel de la
Nouvelle-Calédonie ont ainsi pu reprendre le 24 février 1998
.
Après plusieurs semaines de discussions, un accord a été
trouvé le 21 avril 1998 :
l'Accord de Nouméa, signé
conjointement par l'ensemble des partenaires le 5 mai 1998
lors du
déplacement du Premier ministre en Nouvelle-Calédonie. Cet accord
a consacré la solution consensuelle appelée de leurs voeux par
l'ensemble des partenaires afin d'éviter le référendum
d'autodétermination prévu par l'article 2 de la loi statutaire du
9 novembre 1988.
Pour autant, les négociations longues et délicates menées
depuis 1996 n'ont pas été sans
incidences sur la vie politique
locale
.
Au mois de novembre 1997, MM. François Burck, président de
l'Union calédonienne (UC), et Léopold Jorédié,
président de l'assemblée de la province nord, rejoignant la
position prise par le Palika, l'une des composantes du FLNKS, ont
contesté que le règlement du dossier minier soit
présenté comme un préalable à la reprise des
négociations politiques par le front indépendantiste. Le FLNKS a
alors connu d'importantes dissensions : un comité de coordination des
indépendantistes (CCI) auxquels ont adhéré plusieurs
dirigeants du mouvement indépendantiste tels que MM. François
Burck, Léopold Jorédié, Raphaël Mapou
(vice-président du Palika) ou encore Nidoïsh Naisseline
(président de la province des Iles) s'est créé le
26 décembre 1997 en vue de poursuivre les négociations
politiques sans attendre la levée du préalable minier. Le
congrès du FLNKS, repoussé à plusieurs reprises, s'est
enfin tenu le 14 février 1998 : à cette occasion, son
président, M. Roch Wamytan, a été reconduit et le front
indépendantiste a accueilli dans ses rangs une nouvelle composante, le
Rassemblement démocratique océanien (RDO).
En dépit de la conclusion de l'Accord de Nouméa,
une
restructuration des forces politiques
s'est opérée. Les
dissidents du FLNKS ont créé, le 30 mai 1998, un nouveau
parti, la Fédération des comités de coordination des
indépendantistes (FCCI), présidé par M. Raphaël
Mapou. Une dissidence a également frappé l'UNCT (Une
Nouvelle-Calédonie pour tous), parti anti-indépendantiste
fondé en 1995 par M. Didier Leroux pour "
proposer une
alternative non indépendantiste à la toute-puissance du
RPCR
" : troisième force politique calédonienne avec 6
élus sur 54 au congrès du territoire, trois d'entre eux ont
créé le 29 mai 1998 un nouveau parti, dénommé
" Renouveau ".
Cette recomposition du paysage politique calédonien a abouti à
d'importantes modifications au sein du
bureau du congrès du
territoire
. M. Simon Loueckhote (RPCR), Sénateur de la
Nouvelle-Calédonie, a succédé à M. Harold
Martin (RPCR) à la présidence du congrès. Le nouveau
bureau du congrès ne comporte plus d'élu membre du FLNKS alors
que ce mouvement détenait auparavant trois vice-présidences. Sur
les huit postes de vice-président du bureau élu le 2 juin 1998,
cinq sont membres du RPCR et les trois autres, élus avec les voix du
RPCR, appartenant respectivement au FDIL (Front de Développement des
Îles Loyauté), à Renouveau et à la FCCI.
2. L'Accord de Nouméa et la révision de la Constitution
L'accord de Nouméa
, conclu le 21 avril 1998 et
signé par l'ensemble des partenaires lors du déplacement du
Premier ministre à Nouméa le 5 mai 1998, se compose d'un
préambule et d'un document d'orientation.
Le préambule
retrace les circonstances historiques de
l'appropriation de la Nouvelle-Calédonie par la France. Reconnaissant
"
les ombres de la période coloniale
" mais
également ses apports, il affirme la nécessité de
"
poser les bases d'une citoyenneté de la
Nouvelle-Calédonie
" permettant "
la refondation d'un
contrat social entre toutes les communautés
" pour
l'affirmation d'un "
destin commun
". Il indique que la
solution négociée "
définit pour vingt
années l'organisation politique de la Nouvelle-Calédonie et les
modalités de son émancipation
", l'équilibre
institutionnel imaginé traduisant une nouvelle étape vers une
éventuelle émancipation et la question de l'accès à
la souveraineté devant être soumise, au terme de la
période, à l'approbation des populations
intéressées. Il précise que la Nouvelle-Calédonie
continuera à bénéficier, pendant ces vingt ans, de l'aide
de l'État.
Le document d'orientation
, qui constitue le second volet de l'accord,
définit les principes de l'organisation politique et sociale de la
Nouvelle-Calédonie pour les vingt prochaines années.
Il traite tout d'abord, sous différents aspects, de l'identité
kanak : statut civil coutumier, droit coutumier et structures
coutumières, création d'un Sénat coutumier, promotion du
patrimoine culturel kanak, régime foncier des terres coutumières,
signes identitaires.
Une nouvelle organisation institutionnelle est ensuite définie, l'accord
reconnaissant une citoyenneté de la Nouvelle-Calédonie,
traduction d'une communauté de destin et fondement des restrictions
apportées au corps électoral et à l'accès à
l'emploi local. A côté du congrès, assemblée
délibérante de la Nouvelle-Calédonie et émanation
des assemblées de provinces, et du Sénat coutumier, le pouvoir
exécutif est exercé par un gouvernement collégial. Les
actes les plus importants du congrès, dénommés
"
lois du pays
", pourront être soumis, avant leur
promulgation, au contrôle du Conseil constitutionnel. Les transferts de
compétences de l'État vers la Nouvelle-Calédonie sont
organisés : seules les compétences régaliennes telles que
la justice, l'ordre public, le défense, la monnaie et les affaires
étrangères seront exercées par l'État
jusqu'à l'expiration de la période de vingt ans.
L'Accord de Nouméa prévoit en outre de mettre à la
disposition de la Nouvelle-Calédonie les moyens de son
émancipation en matière économique, sociale et culturelle.
Le processus de mise en oeuvre de l'Accord de Nouméa a
immédiatement été engagé : un projet de loi
constitutionnelle a ainsi été soumis au Parlement avant
l'été
2(
*
)
. La
loi
constitutionnelle n° 98-610 du 20 juillet 1998 relative à la
Nouvelle-Calédonie
a été adoptée à une
très large majorité lors du congrès de Versailles du 6
juillet. Elle a rétabli un titre XIII dans la Constitution
intitulé " Dispositions transitoires relatives à la
Nouvelle-Calédonie ".
L'article 76 inséré dans ce titre XIII prévoit que seront
appelées à se prononcer avant le 31 décembre 1998 sur les
dispositions de l'accord signé à Nouméa le 5 mai 1998 et
que seront admises à participer au scrutin les personnes remplissant les
conditions fixées à l'article 2 de la loi du 9 novembre 1988
(justifier de dix ans de résidence continue sur le territoire).
En vue de cette
consultation
, dont la date a été
fixée au
8 novembre
, une commission de contrôle de
l'organisation et du déroulement de la consultation, constituée
de quatre magistrats, a habilité neuf partis politiques à
participer à la campagne électorale officiellement ouverte le 19
octobre. Cinq formations ont milité en faveur du " oui " : le
RPCR, le FLNKS, le LKS (parti de Libération Kanak Socialiste), la FCCI
et Renouveau. Trois ont appelé à voter " non " :
l'UNCT, le Front national et le Mouvement pour la France (MPF), le parti
Développer Ensemble pour Construire l'Avenir (DECA) restant
partagé. Sur les 106.706 électeurs inscrits sur les listes
électorales (65.401 résidant en province sud, 25.660 en province
nord et 15.645 dans la province des îles), le
taux de
participation
s'est élevé à
74,23
%
,
soit onze points de plus qu'au référendum de 1988 sur les accords
de Matignon. Les électeurs calédoniens ont massivement
approuvé l'accord de Nouméa, le "
oui
" ayant
recueilli
71,87 %
des voix. Alors qu'en 1988 six communes, dont
Nouméa, avaient exprimé un vote de rejet, le " oui "
est cette fois majoritaire dans chacune des trente-trois communes. Ces
résultats recouvrent cependant une
disparité de situations
entre les trois provinces
: le taux de participation, de plus de 80 % en
province sud et dépassant 73 % en province nord n'a pas atteint 50 %
dans la province des îles ; par ailleurs, si le " oui " obtient
près de 87 % en province nord et plus de 95 % dans la province des
îles, où la population est majoritairement d'origine
mélanésienne, le " non " recueille 37 % en
province sud.
A la suite de cette consultation, le projet de loi organique définissant
le nouveau statut de la Nouvelle-Calédonie doit être adopté
en conseil des ministres le 25 novembre et déposé sur le bureau
du Parlement avant la fin de l'année pour une mise en place des
institutions au milieu de l'année 1999.
3. La poursuite du rééquilibrage économique entre les provinces
a) La poursuite de la politique contractuelle
L'article 85 de la loi référendaire du 9
novembre 1988
portant dispositions statutaires et préparatoires à
l'autodétermination de la Nouvelle-Calédonie dispose que
des
contrats de développement déterminent les actions à
engager
pour atteindre un certains nombre d'objectifs :
Favoriser un
rééquilibrage du territoire par rapport à
l'agglomération chef-lieu et améliorer les infrastructures pour
permettre le désenclavement des populations isolées. L'effort
devra porter, d'une part, sur l'aménagement des voies routières
transversales et la réalisation des équipements, y compris
portuaires, nécessaires au développement d'un centre urbain dans
la province nord, d'autre part, sur le renforcement des infrastructures
communales et provinciales d'adduction d'eau, d'assainissement, de
communication et de distribution électrique
. Pour atteindre ces
objectifs et en application de l'article 84 de la loi précitée,
des conventions et des contrats de développement ont été
conclus entre, d'une part, l'État et le territoire, et d'autre part,
l'État et chacune des trois provinces.
Après une série de contrats couvrant la période 1990-1992,
de nouveaux contrats ont été conclus pour la période
1993-1997 : une convention de développement entre l'État et le
territoire en date du 8 juin 1993 et trois contrats entre l'État et les
provinces en date du 4 février 1993. Le montant total des aides
contractualisées pour cette dernière période
s'élève à 3,9 milliards de francs, dont 1,65
milliards de francs représentant la contribution de l'État,
1,07 milliards de francs étant imputés sur le budget du
secrétariat d'État à l'outre-mer. Au 31 décembre
1997, 68% des crédits de l'État avaient été
engagés et 50% des paiements avaient été effectués.
Les trois contrats de développement État-provinces
représentent un montant de 2,603 milliards de francs dont 1,426
milliards, soit 55 %, sont à la charge de l'État et 1.177
milliards, soit 45 %, sont assumés par les provinces.
La convention
État-territoire
correspond quant à elle à un montant
de 520 millions de francs, dont 47 % à la charge de l'État.
La mise en oeuvre des contrats de développement des provinces est
cependant freinée, la province nord éprouvant des
difficultés à mobiliser ses propres fonds, les opérations
relatives au logement ayant pris du retard en province sud et la
complexité des problèmes fonciers ralentissant l'avancée
des projets dans la province des îles.
En
1998
, il a été décidé de
prolonger
d'une année la durée des contrats de développement
,
soit une participation supplémentaire de l'État de
318 millions de francs. Une
nouvelle prorogation
sera
décidée
pour 1999
, une nouvelle génération
de contrats devant débuter en 2000 aux termes de l'Accord de
Nouméa. Le point 4.2 de cet accord prévoit en effet que
"
des contrats de développement pluriannuels seront conclus avec
l'État
", susceptibles de "
concerner la
Nouvelle-Calédonie, les provinces et les communes
" et tendant
à "
accroître l'autonomie et la diversification
économiques
".
b) L'aide globale de l'État à la Nouvelle-Calédonie et le bilan des accords de Matignon
Sur la
période
1989-1998
, soit en dix ans,
le montant cumulé
des dotations inscrites au chapitre du budget de l'outre-mer intitulé
"
Actions diverses pour le développement de la
Nouvelle-Calédonie
" a atteint 3,625 milliards de francs
en autorisations de programme et 3,134 milliards de francs en
crédits de paiement
.
Si ce chapitre constitue la base budgétaire de mise en oeuvre des
accords de Matignon pour le financement des aides aux dépenses de
fonctionnement et d'investissement, il ne couvre qu'environ
10% de l'effort
global consenti par l'État sur la période, soit environ 35
milliards de francs
, hors pensions civiles et dépenses militaires.
Sur ce montant, 28 milliards de francs correspondent à des
dépenses non spécifiques de l'État (10 milliards :
exercice par l'État de ses attributions propres, en matière
d'enseignement notamment ; 17 milliards : traitements des fonctionnaires de
l'État ; 6 milliards : dépenses de fonctionnement ; 2 milliards :
dépenses d'investissement ; 3 milliards: DGE et DGF versées aux
communes). Restent donc 7 milliards qui représentent l'aide
apportée aux institutions de la Nouvelle-Calédonie et s'ajoutent
à l'aide supplémentaire liée à la mise en oeuvre
des accords de Matignon.
Il convient de préciser que
les aides ont été
affectées plus que proportionnellement (60%) à la province nord
et à la province des îles qui ne regroupent que le tiers de la
population
. Pour ces deux provinces, on estime que les accords de Matignon
ont conduit au moins à tripler l'aide par personne.
Cette période de dix ans a permis d'obtenir
des résultats
significatifs en matière de rééquilibrage du
territoire
. D'importants équipements ont été
réalisés : construction des bâtiments nécessaires
aux services administratifs de chaque province ; création et
modernisation d'hôpitaux et de dispensaires ; construction de
collèges, de lycées et de bâtiments universitaires
permettant d'améliorer les conditions de scolarisation sur l'ensemble du
territoire ; amélioration des dessertes entre les provinces, en
particulier des liaisons routières entre les côtes Est et Ouest du
" caillou ". Certaines zones restent cependant à
désenclaver et l'électrification rurale doit être
parachevée.
Si le taux d'occupation des fonctions d'encadrement administratif par des
personnes originaires de la Nouvelle-Calédonie a bien progressé,
un effort de rattrapage demeure nécessaire pour les cadres techniques
supérieurs des collectivités. Il en est de même en
matière de services rendus à la population (seuls deux
médecins mélanésiens exercent à ce jour en
Nouvelle-Calédonie).
En outre, peu d'entreprises sont implantées hors du grand Nouméa
car les freins restent importants (faible densité de la clientèle
potentielle, coût des transports, obstacles culturels à la
mobilité de la main d'oeuvre). La création d'une usine
métallurgique en province nord à la suite de l'accord minier
intervenu entre Eramet et la SMSP est donc porteuse d'espoir pour parvenir au
rééquilibrage entre les provinces.
Plusieurs organismes
ont été créés en
Nouvelle-Calédonie pour contribuer à faire progresser ce
rééquilibrage. On peut en particulier citer
l'Agence de
développement rural et d'aménagement foncier
(ADRAF) et
l'Institut calédonien de participation
(ICAP), instaurés
par la loi référendaire du 9 novembre 1988. Sur les quelque 83
500 hectares attribués par l'ADRAF entre 1989 et 1996, 81,7% de ces
terres ont été accordés à des
mélanésiens. L'ICAP est quant à lui intervenu dans de
nombreux secteurs (agriculture, élevage, pêche, aquaculture,
artisanat, tourisme...) pour promouvoir les projets concourant au
rééquilibrage économique ; de 1989 à 1996, sur 209
opérations réalisées, 99 l'ont été en
province nord et 47 dans la province des îles.
Pour aider les provinces et le territoire à définir les
investissements productifs et à accompagner la réalisation des
projets de développement, un poste de
commissaire au
développement économique de la Nouvelle-Calédonie
a
par ailleurs été créé par un décret du 23
février 1995. Ce commissaire, nommé pour trois ans renouvelables,
est placé auprès du haut-commissaire de la République.
Pour accomplir sa tâche, il bénéficie du soutien de
l'ADECAL (Agence pour le Développement Économique de la
Nouvelle-Calédonie), association regroupant l'ensemble des
interlocuteurs politiques, économiques et sociaux
concernés.
B. LA POLYNÉSIE FRANÇAISE
1. Les évolutions institutionnelles et politiques
a) La mise en oeuvre du nouveau statut
Voici
désormais plus de deux ans que le
nouveau statut
, instauré
par
deux lois du 12 avril 1996
, l'une organique, l'autre simple
complétant la première, renforçant l'autonomie et
modernisant le fonctionnement des institutions de la Polynésie
française est entré en vigueur. Ses nouvelles dispositions
reçoivent progressivement leur pleine application.
Ainsi sont mises en oeuvre les
compétences élargies
dont
le
territoire
a été doté :
- en matière de
transports aériens internationaux
: le
président du gouvernement de la Polynésie française a
signé un accord avec l'Australie le 21 février 1997 pour
permettre le développement des relations aériennes
régionales et le conseil des ministres de la Polynésie
française a approuvé le 1er avril 1998 les programmes
d'exploitation et les tarifs proposés par les compagnies Quantas, AOM et
Air France ;
- dans le
domaine diplomatique
: en application de l'article 40 de la
loi organique du 12 avril 1996, le président du gouvernement de la
Polynésie française a signé les trois protocoles
additionnels au traité de Rarotonga établissant une zone exempte
d'armes nucléaires dans le Pacifique sud ;
- en matière de
domaine public maritime
: en application de
l'article 7 de la loi organique, l'assemblée de la Polynésie
française a adopté, le 20 février 1997, une
délibération réglementant l'exploitation des ressources de
la mer territoriale et de la zone économique exclusive ;
- la
commission paritaire de concertation
entre l'État, le
territoire et les communes instaurée par l'article 91 de la loi
organique, réunie pour la première fois le 29 août 1997, a
examiné une série de dossiers consacrés à
l'éducation, l'adduction d'eau, le traitement des déchets,
l'assainissement, la circulation routière et le développement des
archipels. Elle s'est réunie à nouveau les 14 et 26 novembre 1997
et le 25 juin 1998 pour débattre de l'alimentation en eau potable des
communes et des cantines scolaires ;
- en application de l'article 96 de la loi organique, le territoire a
signé le 28 janvier 1998 une convention d'assistance financière
avec la commune de Nuku Hiva aux Marquises pour la réalisation de
travaux d'adduction d'eau. Le territoire a par ailleurs créé une
délégation au développement des communes ayant pour objet
d'instruire les projets d'équipement des communes auxquels il apporte sa
participation financière ;
- en matière de
sécurité civile
, un groupe de
travail a été mis en place pour définir les
modalités de mise en oeuvre des dispositions statutaires concernant la
gestion des risques majeurs et des catastrophes naturelles et la coordination
des moyens ;
- concernant les deux procédures, l'une administrative (article 113),
l'autre juridictionnelle (article 114), prévoyant la
saisine pour
avis du Conseil d'État sur les actes soulevant une question de
répartition des compétences
, le décret n° 97-30
du 13 janvier 1997 a précisé les conditions d'application des
dispositions statutaires.
Trois dossiers ont depuis lors fait l'objet de la procédure de l'article
113 dans les matières suivantes : réglementation des jeux de
hasard proposés pendant la durée et dans l'enceinte des
fêtes foraines ou traditionnelles (compétence territoriale pour
fixer les règles applicables aux loteries autres que celles relatives au
contrôle de leur installation et de leur fonctionnement, qui
relèvent de la compétence de l'État), recherche et
constatation des infractions à la réglementation territoriale
pour la protection des végétaux (compétence de
l'État), création du service d'assistance et de
sécurité du territoire chargé d'une mission de police et
délivrance des autorisations de port d'arme aux agents de ce service
(compétence de l'État).
Quatre autres dossiers ont donné lieu à l'application de
l'article 114 à l'occasion de recours portés devant le tribunal
administratif de Papeete sur les sujets suivants : compétence du service
territorial des affaires sociales en matière d'adoption
(compétence territoriale), légalité des mesures de saisie
et d'exécution d'office opérées par les agents
habilités et assermentés du service d'hygiène et de
salubrité publiques dans le cadre d'une police sanitaire
(compétence de l'État), fixation du taux d'alcoolémie dans
le sang en matière de sécurité routière
(compétence de l'État), création de groupements
d'intérêt public (compétence de l'État).
L'ensemble du dispositif statutaire fonctionne de façon
satisfaisante
, permettant une meilleure sécurité juridique
dans la mise en oeuvre de la répartition des compétences et une
concertation plus efficace des différents acteurs en vue du
développement économique du territoire. En dépit du
caractère récent de ce nouveau statut renforçant
l'autonomie de la Polynésie française,
une nouvelle
évolution pourrait être demandée
au cours des prochains
mois dans le prolongement de ce qui a été adopté pour la
Nouvelle-Calédonie. Une telle éventualité est d'ailleurs
inscrite dans l'exposé des motifs du projet de loi constitutionnelle
relatif à la Nouvelle-Calédonie qui concluait : "
Une
démarche analogue pourra être suivie afin de favoriser
l'évolution institutionnelle d'autres territoires
d'outre-mer.
"
b) Le paysage politique polynésien
Le
renouvellement de l'assemblée de la Polynésie
française
intervenu le
12 mai 1996
, avait confirmé une
certaine bipolarisation du paysage politique polynésien, le Tahoeraa,
parti de M. Gaston Flosse, président du gouvernement de la
Polynésie française, ayant obtenu la majorité absolue avec
22 sièges sur les 41 composant l'assemblée (contre 18
précédemment) et le Tavini, parti indépendantiste
présidé par M. Oscar Temaru, ayant plus que doublé le
nombre de ses élus territoriaux en emportant 10 sièges (contre 4
auparavant).
Le tribunal administratif de Papeete a cependant annulé le
25 mars 1997 les opérations électorales dans deux des cinq
circonscriptions de la Polynésie française, celle des îles
Sous-le-Vent (8 conseillers) et celle des îles Marquises (3
conseillers).
Le Conseil d'État ayant confirmé en appel les
deux décisions d'annulation le 18 février 1998, un décret
du 5 mars a convoqué les électeurs de ces circonscriptions pour
un renouvellement partiel le 24 mai.
Aux Marquises, les trois conseillers dont l'élection avait
été invalidée (deux appartenant au Tahoeraa et un membre
du parti marquisien) ont été réélus. Aux îles
Sous-le-Vent, le Tahoeraa a remporté 6 des 8 sièges à
pourvoir, soit un gain d'un siège par rapport à 1996, le Tavini
obtenant 2 sièges. A l'issue de ce scrutin,
le Tahoeraa conserve la
majorité absolue à l'assemblée de la Polynésie
française
avec 25 sièges dont un apparenté.
M. Gaston Flosse
, président du gouvernement de la
Polynésie française et maire de Pirae, a par ailleurs
été
élu sénateur
de la Polynésie
française au mois de septembre, M. Daniel Millaud ne se
représentant pas.
2. Le décollage de l'économie polynésienne et les concours financiers de l'État
a) Une situation économique encourageante
Après la
fermeture définitive des deux sites
d'essais nucléaires de Mururoa et Fangataufa
intervenue
au cours
de l'été 1998
, la source de transferts financiers que
constituait le fonctionnement du Centre d'expérimentation du Pacifique
(CEP) (versements au budget du territoire correspondant aux taxes de nature
douanière frappant les matériels introduits en Polynésie ;
commandes passées à des entreprises locales ; emplois
procurés à des personnels locaux bénéficiant
souvent, de ce fait, d'une formation professionnelle ; retombées, pour
l'économie locale, des rémunérations versées aux
personnels d'origine métropolitaine résidant temporairement en
Polynésie) est désormais tarie. Entre les mois de juillet 1966 et
juillet 1995, la France aura effectué 193 essais nucléaires dont
137 essais souterrains. A la suite de l'arrêt complet annoncé le
29 janvier 1996, la France a été, avec la Grande-Bretagne, le
premier pays doté d'armes nucléaires à ratifier le
traité d'interdiction.
Les autorités polynésiennes ont dès lors entrepris, avec
le concours de l'État, d'élaborer un plan stratégique de
développement et de diversification de l'économie.
Concernant les
activités tournées vers l'exportation
,
l'effort porte essentiellement sur les produits de la mer. La production et la
commercialisation de
la perle noire
sont ainsi en croissance continue :
premier poste à l'exportation, les revenus procurés à la
Polynésie par cette activité ont plus que triplé entre
1991 et 1997.
La pêche hauturière
se développe
également mais l'insuffisance des infrastructures portuaires et de fret
aérien constituent des freins sérieux à son
développement. L'Institut d'Émission d'Outre-mer (IEOM) souligne
cependant "
la naissance
d'une véritable industrie locale
d'exportation de poissons frais et congelés
" en indiquant que
la Polynésie a exporté au cours des neuf premiers mois de
l'année 1997 712 tonnes de poissons, soit autant que pendant les cinq
dernières années. Dans le secteur agricole, la recherche d'une
valorisation des
productions traditionnelles
telles que le
coprah
et le
monoï
doit être complétée par des
productions nouvelles
(fruits, jus de fruits, fleurs).
Le
" nono "
en particulier, fruit polynésien destiné
à la fabrication d'un poisson vitaminé et
diététique, est très apprécié des
Américains dont la demande ne cesse de croître.
L'IEOM note par ailleurs une
reprise de l'activité touristique
(augmentation de 35% du taux de fréquentation de la petite
hôtellerie et des pensions de famille)
et du secteur du bâtiment
et des travaux publics
. Avec la fin des essais nucléaires et
grâce à l'amélioration du parc hôtelier et des
capacités de transports intérieurs, 180.000 visiteurs ont
séjourné sur le territoire en 1997. Il souligne également
les bons résultats obtenus par les exportations polynésiennes qui
ont augmenté de 16% en volume et de 34% en valeur.
b) Le soutien financier de l'État lié à la fermeture du Centre d'Expérimentation du Pacifique (C.E.P.)
L'arrêt définitif des essais nucléaires en
janvier 1996 et la fermeture du C.E.P. ayant mis un terme aux transferts
financiers induits, le principe d'une compensation financière devant
permettre à l'économie polynésienne d'organiser sa
reconversion a été décidé et une
convention pour
le renforcement de l'autonomie économique de la Polynésie
française
a été signée le
25 juillet
1996
entre le Premier ministre et le président du gouvernement de la
Polynésie française, fixant à
990 millions de
francs
le montant du
versement annuel
devant
bénéficier
pendant dix ans
au territoire. Cette somme se
décompose en trois enveloppes, la somme forfaitaire annuelle
étant répartie de la façon suivante pour 1997 :
- le versement compensatoire des pertes de recettes douanières
résultant de la fermeture du C.E.P. atteint 223,52 millions de francs ;
- la deuxième enveloppe, tendant à compenser la disparition de
l'activité de formation que le centre dispensait aux personnels
recrutés au titre du service militaire adapté (SMA),
s'élève à 57,3 millions de francs ;
- les dépenses induites par la fermeture du CEP
(démantèlement des installations, indemnités de
départ octroyées au personnel qui avait été
recruté localement ...) ont atteint 552 millions de francs en 1997.
Vient s'y ajouter une somme de 157,3 millions de francs correspondant au solde
de la compensation, consacrée à l'alimentation d'un fonds de
reconversion d'aide à la création et au développement
d'activités pourvoyeuses d'emplois, en particulier dans les domaines du
tourisme, de l'agriculture et du logement.
Un
comité de gestion du fonds de reconversion
,
co-présidé par le haut-commissaire et le président du
gouvernement de la Polynésie française, a été mis
en place le 15 juillet 1997 et
un délégué au
développement économique et social de la Polynésie
française
a été nommé.
En outre, un
programme stratégique pour le renforcement de
l'autonomie économique polynésienne
a été
établi par le territoire en concertation avec l'État et
publié au Journal officiel du territoire le 11 août 1997. Il
repose sur cinq grandes orientations : créer un environnement
macro-économique favorable au développement du secteur productif
; développer les infrastructures nécessaires à la mise en
oeuvre et au fonctionnement de ce secteur ; maintenir une cohésion
sociale en répondant au défi du chômage et de la
pénurie d'habitat social ; assurer la cohérence des actions
menées par le territoire et les communes ; garantir les conditions d'un
développement géographique équilibré dans
l'ensemble des archipels.
L'ensemble des mesures, arrêtées d'un commun accord entre
l'État et le territoire, doivent permettre d'organiser la mutation
économique de la Polynésie française. Les premières
actions envisagées sont : l'aménagement du port de pêche de
Papeete, l'assainissement de Moorea, le réaménagement du port et
du centre ville d'Uturoa à Raiatea, l'assainissement de Bora-Bora,
l'aménagement d'aéroports à Ravaivae et Rapa aux
Australes, l'extension des aéroports d'Hiva-Oa et de Ua Pou aux
Marquises, le développement d'une base de pêche aux Marquises et
l'amélioration de la route reliant l'aéroport de Terre
déserte à Taiohae à Nuku-Hiva.
c) La poursuite de la politique contractuelle
Le
dispositif contractuel relatif à la Polynésie française
résulte du
contrat de développement du 2 mai 1994
, conclu
entre l'État et le territoire en application de l'article 8 de la loi
n° 94-99 du 5 février 1994 d'orientation pour le
développement économique, social et culturel de la
Polynésie française, et du contrat de ville concernant la zone
urbaine de Papeete conclu le 30 août 1994 et inclu dans le contrat de
développement. La durée d'exécution de ces contrats a
été portée de cinq à six ans en vertu de la
décision d'étalement sur une année supplémentaire
de l'ensemble des engagements pluriannuels de l'État intervenue au cours
de l'été 1997.
Ce contrat de développement s'articule autour de
trois programmes
d'intervention d'un coût total sur la période de 3.012 millions de
francs
, dont 1.507 millions de francs à la charge de l'État
(683 millions de francs sur le budget du secrétariat d'État
à l'outre-mer) : le développement économique, en
particulier dans les domaines du tourisme, de l'agriculture et de la formation
professionnelle ; l'équipement du territoire et le désenclavement
des archipels ; l'insertion sociale.
Au 31 décembre 1997, le taux d'engagement financier s'élevait
à 59,5%. La relative faiblesse de ce taux est due, en partie, au retard
pris sur les opérations concernant le logement social. Selon les
informations délivrées par le secrétariat à
l'outre-mer, les problèmes techniques à l'origine de ce retard
auraient été résolus en 1998. Des discussions devraient
s'engager cette année pour l'élaboration d'un nouveau contrat de
développement.
C. WALLIS ET FUTUNA
1. La situation institutionnelle et politique
Ce
territoire demeure régi par la loi n° 61-814 du 29 juillet 1961,
modifiée successivement par les lois du 29 décembre 1971, du 26
juin 1973, du 18 octobre 1978 et par la loi organique du 20 février 1995.
Alors qu'au début des années 1980 avait été
évoquée la possibilité d'une révision de ce statut,
ces velléités sont restées sans lendemain. Bien que le
président de l'assemblée territoriale ait proposé aux
élus, lors de son déplacement à Paris au mois de juin 1996
et après consultation des autorités coutumières et
religieuses, d'engager une réflexion sur les réformes à
envisager, la question statutaire n'a pas été abordée lors
de la mission effectuée par une délégation de
l'assemblée territoriale en novembre 1996 ni lors de la campagne
électorale organisée pour le renouvellement de cette
assemblée en mars 1997.
A l'occasion de sa
visite à Wallis-et-Futuna du 6 au 9 mai 1998
,
M. Jean-Jack Queyranne, secrétaire d'État à
l'outre-mer
, a rappelé lors de la séance solennelle à
l'assemblée territoriale qu'il y avait lieu de réfléchir
ensemble à l'avenir du territoire dans le respect de la tradition et de
la coutume. Il a précisé que le Gouvernement se tenait à
l'écoute des propositions qui pourraient être faites afin de
confier aux élus une plus grande responsabilité dans les choix
concernant cet avenir et dans l'exécution des décisions prises
par l'assemblée territoriale.
Au début du mois de
juin 1998
, une
délégation
d'une dizaine de chefs coutumiers conduite par deux des trois rois de
Wallis-et-Futuna
, a effectué un
séjour à Paris
de deux semaines au cours desquelles elle a été reçue
successivement par le Président de la République, le Premier
ministre et le secrétaire d'État à l'outre-mer. La
délégation a fait part de sa vive inquiétude
suscitée par la conclusion de l'accord de Nouméa, la
Nouvelle-Calédonie abritant une importante communauté wallisienne
et futunienne (plus de 17.000 personnes), plus nombreuse que celle
résidant à Wallis-et-Futuna (quelque 15.000 personnes)
3(
*
)
. Les entretiens ont également porté sur
les perspectives de développement économique du territoire, le
secteur de la pêche notamment. Le Premier ministre a rappelé le 11
juin que la communauté wallisienne et futunienne implantée en
Nouvelle-Calédonie avaient les mêmes droits que tous les citoyens
français et que les deux collectivités pourraient passer des
conventions pour régler les modalités de leur coopération.
Lors du
renouvellement de l'assemblée territoriale
intervenu
le 16 mars 1997
, le scrutin avait été marqué
par une forte participation (87,21 % de votants sur 7.645 inscrits). 12 des 20
membres composant l'assemblée avaient été reconduits pour
cinq ans, le RPR emportant une majorité de 14 sièges sur 20, soit
cinq de plus qu'aux précédentes élections, les 6 autres
revenant aux candidats socialistes et divers gauche. M. Victor Brial (RPR),
originaire de Futuna, avait été élu président de
l'assemblée territoriale avant d'être élu
député de Wallis-et-Futuna en juin 1997.
Cependant, le conseil du contentieux administratif, juge de l'élection,
saisi de contestations des opérations électorales, a
annulé les élections dans quatre circonscriptions sur cinq. Le
Conseil d'État, saisi en appel, a statué le 8 juillet 1998,
confirmant les décisions d'annulation pour les circonscriptions d'Alo (4
sièges), de (3 sièges) et de Hahake (4 sièges). Il a en
revanche validé les élections de la circonscription de Mua (6
sièges). Des
élections
partielles
ont ainsi
été organisées le 6 septembre 1998 afin de
pourvoir 11
des 20 sièges de l'assemblée territoriale
. Ces
élections partielles, pour lesquelles le taux de participation s'est
élevé à 84,77%, ont reconduit une majorité de
droite à l'assemblée territoriale (11 sièges sur 20). La
nouveauté de ce scrutin consistait dans la présence, parmi les
dix-huit listes qui s'affrontaient, de deux listes exclusivement
constituées de responsables coutumiers.
Concernant la
représentation du territoire de Wallis-et-Futuna au
Sénat
, M. Basile Tui (UDF) avait succédé à
M. Sosefo Makape Papilio, sénateur depuis 1971
décédé le 5 avril 1998. Lors du renouvellement triennal du
27 septembre dernier, les vingt-et-un grands électeurs ont élu au
deuxième tour
M. Robert Laufoaulu
, frère de l'ordre du
Sacré-Coeur qui dirige l'enseignement catholique local. Cette
désignation témoigne de l'influence très forte de la
religion catholique dans les deux îles. L'élection de M. Robert
Laufoaulu fait cependant à ce jour l'objet d'un recours en annulation
devant le Conseil constitutionnel.
2. La politique contractuelle de développement
Si dans
les territoires d'outre-mer les infrastructures relèvent
généralement de la compétence locale, l'importance des
besoins en matière de désenclavement interne et externe à
Wallis-et-Futuna a été reconnue par l'État qui s'est
engagé à participer à leur financement, pour l'essentiel
dans un cadre contractuel.
Un contrat de plan
associant l'État et le territoire,
signé le
14 novembre 1994
s'articule ainsi autour de quatre
objectifs essentiels : l'éducation et le développement du sport,
l'emploi et la formation professionnelle, les infrastructures, l'environnement.
Ce contrat couvrant la période 1994-1998 doit contribuer au
développement du territoire à hauteur de
72,6 millions de
francs
, dont 58 à la charge de l'État (18,15 millions de
francs sur le budget du secrétariat d'État à l'outre-mer),
soit près de 80 %.
Sur ces 58 millions de francs de crédits d'État
contractualisés, le taux d'engagement était de 69% au 31
décembre 1997. A cette date, les paiements par rapport aux engagements
étaient exécutés à hauteur de 81%.
La
convention de développement économique et
social
, signée le
2 mars 1995
entre l'État et le
territoire, prévoit un effort complémentaire de l'État sur
cinq ans (1995-2000) de quelque
159 millions de francs
(dont 60 sur le
budget du secrétariat d'État à l'outre-mer). Cette
nouvelle source de financement doit permettre d'amplifier certaines
opérations inscrites au contrat de plan telles que la création
d'équipements scolaires et sportifs et l'amélioration des
infrastructures routières et des réseaux d'eau potable. Elle a en
outre permis de contractualiser à hauteur de 30 millions de francs le
financement des chantiers de développement local.
Sur les 159 millions de francs de crédits d'État inscrits, 89%
étaient engagés au 31 décembre 1997. Les paiements par
rapport aux engagements sont exécutés à 95%.
Le contrat de plan et la convention de développement qui le
complète ont connu les conséquences de l'étalement
budgétaire sur une année supplémentaire appliqué
à l'ensemble des contrats de plan par la loi de finances pour 1997.
Hormis les dotations octroyées au territoire dans le cadre des
conventions précitées, l'État verse chaque année
à Wallis-et-Futuna une
subvention d'équilibre
qui,
destinée initialement à compenser le déficit
résultant des dessertes aériennes, finance désormais les
dépenses générales du budget territorial, lequel est
à 95% un budget de fonctionnement. Depuis 1995, cette subvention de
fonctionnement était en constante diminution. Après avoir subi
une régression de près de 40% de 1997 à 1998, cette
subvention connaît une forte hausse de 109% dans le projet de loi de
finances pour 1999 (3,32 millions de francs).
D. LES TERRES AUSTRALES ET ANTARCTIQUES FRANÇAISES (T.A.A.F.)
1. Un territoire d'outre-mer jouissant d'un statut international original
Érigées en territoire d'outre-mer par la loi
n° 55-1052 du 6 août 1955
, les Terres australes et antarctiques
françaises sont placées sous l'autorité d'un
administrateur supérieur, actuellement Mme Brigitte Girardin qui a
succédé à M. Pierre Lise au mois de mars 1998.
L'administrateur supérieur, délégué du
Gouvernement, est chargé de coordonner les actions menées par
l'ensemble des administrations et organismes intervenant sur le territoire
(défense, recherche, agriculture et pêche ...). Il est
assisté par un conseil consultatif composé de sept membres
nommés pour cinq ans par arrêté du secrétaire
d'État à l'outre-mer sur proposition des ministres
intéressés. C'est ainsi que notre excellent collègue, M.
Lucien Lanier, président du groupe d'étude sénatorial sur
l'Arctique, l'Antarctique et les Terres australes, a été
nommé membre de ce conseil consultatif par arrêté du 23
juin 1998.
Par décret du Premier ministre en date du 16 mars 1996,
le
siège de l'administration des T.A.A.F.
, jusque-là
situé dans le 17ème arrondissement de Paris, a été
transféré à Saint-Pierre de la Réunion
afin
de réduire les délais et les distances entre les services
administratifs et le territoire.
Cette délocalisation nécessite la construction d'un
bâtiment destiné à abriter les effectifs de cette
administration. Un projet initial avait prévu la construction d'un
bâtiment neuf de 750 mètres carrés pour un montant de
13 millions de francs. Un nouveau projet, moins onéreux, a depuis
lors été arrêté : la maîtrise d'oeuvre vient
d'être lancée et l'achèvement des travaux est prévu
pour le début de l'an 2000.
Les TA.A.F. comprennent la Terre Adélie et les îles Kerguelen,
Crozet, Amsterdam et Saint-Paul. Le territoire est divisé en quatre
districts, l'un en Antarctique, la Terre Adélie où est
implantée la base scientifique de Dumont d'Urville, les trois autres
constituant les terres australes.
L'Antarctique jouit d'un statut particulier : les 14 millions de
kilomètres carrés du continent sont partagés entre des
secteurs qui, à l'exception d'une seule zone représentant moins
de 20 % de la superficie totale, font l'objet de revendications de
souveraineté de la part des États dits États
possessionnés.
Les parties au
Traité de l'Antarctique
signé à
Washington le 1er décembre 1959, qui étaient initialement au
nombre de douze, sont aujourd'hui quarante trois et une quarantaine sont
parties consultatives. Le traité organise, dans l'intérêt
de la coopération scientifique, la démilitarisation et la
dénucléarisation de la zone située au sud du 60ème
parallèle et un régime de gestion en commun ; il instaure un gel
des revendications territoriales.
Dans le cadre du Traité, les parties consultatives ont approuvé
en juin 1988 à Wellington la convention sur la réglementation des
activités relatives aux ressources minérales de l'Antarctique.
Cette convention n'a cependant été ratifiée que par seize
États signataires du Traité, dont la France et l'Australie. Un
protocole au traité de l'Antarctique relatif à la protection
de l'environnement
a été
signé le 4 octobre
1991 à Madrid
; il qualifie l'Antarctique de
réserve
naturelle, de paix et de science
. Sa ratification par la France a
été autorisée par la loi du 18 décembre 1992. Son
entrée en
vigueur
, subordonnée à sa
ratification par au moins vingt-six pays, est effective depuis le
14 janvier
1998
, le Japon l'ayant ratifié au mois de décembre 1997
après la Russie et les États-Unis. Outre l'interdiction des
forages pétroliers et des exploitations minières au cours des
cinquante prochaines années, ce protocole interdit de nombreuses autres
activités risquant de menacer la vie sauvage.
Les travaux de la 21ème conférence consultative du Traité
de l'Antarctique, tenue à Christchurch (Nouvelle-Zélande) du 19
au 30 mai 1997, avaient été consacrés à la
définition des mesures de protection de l'environnement dans la
région et en particulier à la responsabilité pour dommages
causés à cet environnement. Ils avaient cependant
été quelque peu occultés par la question du pillage du
légine, poisson antarctique à forte valeur commerciale.
La
22ème conférence
, qui s'est déroulée à
Tromsoe (Norvège) du 25 mai au 5 juin 1998, a abouti à la
décision de mettre en place une
commission spéciale pour
l'environnement
qui devra définir des règles de protection
spécifiques et présenter un rapport à la prochaine
conférence du Traité, en l'an 2000.
2. Une réflexion sur les missions et les moyens de ce territoire d'outre-mer
Un
groupe de réflexion
a été mis en place au mois
d'avril 1997 pour mener une analyse d'ensemble sur les missions et les moyens
impartis au territoire. Parmi les thèmes de réflexion figurent la
question du coût logistique et de la présence humaine dans les
bases implantées dans les Terres australes et antarctiques
françaises, l'utilisation du navire océanographique Marion
Dufresne II, les rapports avec le ministère de la défense et les
relations financières avec l'Institut français pour la recherche
et la technologie polaires (IFRTP).
Composé de quatre personnalités indépendantes (un membre
de l'inspection générale des finances, un membre de l'inspection
générale de l'administration, un contrôleur
général des armées et un représentant du monde
scientifique), ce groupe de travail a procédé à de
nombreuses auditions et a effectué un déplacement dans les Terres
australes au cours de l'été 1997. Il a remis son rapport au
secrétaire d'État à l'outre-mer au mois de février
1998. A la suite de ce rapport, des réunions interministérielles
devraient se tenir pour, notamment, clarifier les compétences et les
financements entre le territoire et l'IFRTP et envisager de nouvelles
modalités de gestion du Marion Dufresne II.
3. Les T.A.A.F., haut-lieu de la recherche scientifique
Les
T.A.A.F. constituent un lieu privilégié de la
recherche
scientifique
. Les recherches entreprises sont effectuées grâce
au soutien logistique de l'Institut Français pour la Recherche et la
Technologie Polaires (I.F.R.T.P.), groupement d'intérêt public
créé en 1992 dont sont membres, en particulier, le
ministère de l'outre-mer, le territoire des T.A.A.F., le
ministère de la recherche et le CNRS.
Les nombreux programmes pluriannuels mis en oeuvre concernent essentiellement
les sciences de l'univers (glaciologie, physico-chimie de l'atmosphère,
géologie, sismologie, magnétisme ...) et les sciences de la vie
(ornithologie, ichtyologie, écophysiologie, enzymologie ...). Dans les
îles sub-antarctiques françaises (Amsterdam, Saint-Paul, Crozet,
Kerguelen), sont menées des activités d'observation
géophysique ou de suivi des populations animales. En Terre
Adélie, sont menées des études sur le contenu en ozone de
la stratosphère et un dispositif de réception de données
satellitaires permettant d'améliorer la prévision
météorologique y a été installé. Outre la
desserte des T.A.A.F., le Marion Dufresne II, affrété 135 jours
par an, effectue des campagnes océanographiques dans le cadre de
programmes internationaux pour parfaire la connaissance de la structure des
fonds sous-marins en liaison avec l'évolution tectonique, recueillir
à l'aide de carottages de sédiments à grande profondeur
des informations sur l'évolution des climats passés et
étudier la circulation des océans et leurs échanges avec
l'atmosphère.
En mars 1993, un accord de coopération a été conclu entre
les deux instituts français et italien chargés des recherches
polaires pour construire sur le plateau antarctique, au lieu-dit Dôme C,
une base scientifique permanente,
la base Concordia
. Les recherches qui
doivent y être effectuées concerneront la géophysique
interne (mesure des variations du champ magnétique, tomographie du
manteau supérieur de la terre ...), la physique de l'atmosphère
(évolution du contenu en ozone de la stratosphère, mesure des gaz
à effet de serre) et l'astronomie. Par ailleurs, un
forage de la
calotte glaciaire
dont l'épaisseur à cet endroit est
d'environ 4.000 mètres, doit permettre d'obtenir des informations sur la
température et la composition de l'atmosphère au cours des quatre
ou cinq derniers cycles glaciaires. Le
programme EPICA
, soutenu par la
commission européenne, fait coopérer dix pays européens
à la réalisation de ce forage. La campagne d'été
1997-1998 a permis de mener à bien, sous la responsabilité
française, trois raids de transport de matériels : le site
devrait être opérationnel dès 1998-1999.
III. LA PRÉSERVATION DES INTÉRÊTS PROPRES DES TERRITOIRES D'OUTRE-MER SUR LE PLAN NORMATIF
Votre
commission des Lois procède traditionnellement à un examen
détaillé de l'application des lois concernant les territoires
d'outre-mer relevant de sa compétence au fond.
Elle estime en outre opportun de faire le point sur les réformes
législatives annoncées par le Gouvernement et sur les
évolutions du cadre juridique de l'association des pays et territoires
d'outre-mer (PTOM) à l'Union européenne.
A. L'APPLICATION DES LOIS RELATIVES AUX TERRITOIRES D'OUTRE-MER
En
1996
, outre deux lois du 12 avril, l'une organique, l'autre simple
complétant la première, portant statut d'autonomie de la
Polynésie française, pour lesquelles les décrets
d'application requis ont été pris, deux autres textes restent
partiellement appliqués. Il s'agit, d'une part, de l'ordonnance
n° 96-268 du 28 mars 1996 portant actualisation des dispositions de
procédure pénale dans les territoires d'outre-mer et à
Mayotte, ratifiée par la loi n° 96-1240 du 30 décembre
1996, et d'autre part de la loi n° 96-609 du 5 juillet 1996 portant
diverses dispositions relatives à l'outre-mer.
Alors qu'un décret n° 97-544 du 28 mai 1997 portant extension et
adaptation de la deuxième partie du code pénal dans les
territoires d'outre-mer et à Mayotte a été publié
le 30 mai 1997, pour assurer l'application de l'ordonnance n° 96-267 du 28
mars 1996 transposant le nouveau code pénal dans ces
collectivités,
le décret d'application de la seconde
ordonnance relative à l'actualisation de la procédure
pénale
est encore en cours d'élaboration.
En ce qui concerne la
loi n° 96-609 du 5 juillet 1996
portant
diverses dispositions relatives à l'outre-mer,
douze décrets
ont été publiés à ce jour, sept devant encore
être pris
. Sur ces douze décrets, neuf sont intervenus depuis
l'automne 1997.
Cinq articles prévoyant des mesures réglementaires d'application
restent encore non appliqués ou partiellement appliqués. Parmi
ces articles, l'article 14 relatif au statut de l'Université
française du Pacifique a été partiellement abrogé
par l'ordonnance n° 98-582 du 8 juillet 1998 relative au
régime de l'enseignement supérieur dans les territoires
d'outre-mer du Pacifique qui instaure un nouveau dispositif : il n'y a ainsi
plus lieu de prendre le décret qui était prévu à
cet article.
En 1997
, un seul texte concernant les territoires d'outre-mer a
été adopté par le Parlement : il s'agit de la
loi
organique
n° 97-1074 du 22 novembre 1997 relative à la
fiscalité applicable en Polynésie française
,
déclarée conforme à la Constitution par le Conseil
constitutionnel le 19 novembre 1997 (décision n° 97-390 DC).
Cette loi, ayant pour objet essentiel de valider la délibération
de l'assemblée de la Polynésie française du 8
décembre 1994 instituant sur ce territoire une contribution de
solidarité territoriale appelée CST 3, destinée à
financer le régime de protection sociale
généralisée, n'appelle pas de décrets d'application.
En 1998
, le Parlement a autorisé le Gouvernement, par une
loi
d'habilitation n° 98-145 du 6 mars 1998
, à prendre par
ordonnances les mesures législatives nécessaires à
l'actualisation et à l'adaptation du droit applicable outre-mer. Vingt
ordonnances ont été prises sur son fondement, couvrant les
dix-sept matières énumérées à l'article
premier de la loi du 6 mars précitée délimitant le
champ de l'habilitation. Ces ordonnances, prises avant la date butoir du 15
septembre 1998, ont été publiées au
Journal
Officiel
en quatre salves (27 juin, 11 juillet, 22 août et 4
septembre 1998). Elles font l'objet de quatre projets de loi de ratification
qui ont été déposés sur le bureau de
l'Assemblée nationale le 4 novembre 1998.
Au début de l'été, le Parlement, réuni en
Congrès à Versailles le 6 juillet 1998, a adopté le
projet de loi constitutionnelle relative à la Nouvelle-Calédonie
pour permettre l'élaboration d'un nouveau statut traduisant en termes
juridiques l'Accord de Nouméa du 5 mai 1998. Le décret
prévu par l'article 2 de la
loi constitutionnelle n° 98-610 du
20 juillet 1998 relative à la Nouvelle-Calédonie
pour
organiser la consultation référendaire du 8 novembre 1998
sur les dispositions de l'Accord de Nouméa a été
publié au Journal Officiel le 22 août (décret n°
98-733 du 20 août 1998 portant organisation de la consultation des
populations de la Nouvelle-Calédonie prévue par l'article 76 de
la Constitution). Ce décret a fait l'objet d'un recours devant le
Conseil d'État mais les conclusions aux fins d'annulation ont
été rejetées (arrêt Sarran, Levacher et autres du 30
octobre 1998).
B. LES RÉFORMES ENVISAGÉES ET LES TRAVAUX DE CODIFICATION
Des
réformes statutaires d'importance sont annoncées.
Tout d'abord, à la suite de l'adoption de la loi constitutionnelle du
20 juillet 1998 relative à la Nouvelle-Calédonie et
l'approbation de l'Accord de Nouméa par les populations
intéressées le 8 novembre dernier, le
nouveau statut de la
Nouvelle-Calédonie
, comprenant une loi organique et une loi simple,
devrait être examiné par le Parlement avant le printemps. Ce
nouveau statut aura pour objet de traduire en termes juridiques l'Accord de
Nouméa, la Nouvelle-Calédonie ne pouvant d'ores et
déjà plus être classée dans la catégorie des
territoires d'outre-mer.
Par ailleurs, notre excellent collègue M. Gaston Flosse,
président du gouvernement de la Polynésie française, a
exprimé le souhait de voir son territoire bénéficier des
avancées statutaires adoptées pour la Nouvelle-Calédonie,
ce qui nécessiterait une nouvelle révision de la Constitution
suivie d'une modification du statut du 12 avril 1996.
Le programme législatif pour 1999 concernant les territoires d'outre-mer
devrait en outre intégrer l'examen du
projet de loi organique et du
projet de loi simple le complétant relatifs au régime communal
applicable dans le territoire de la Polynésie française
. Ces
deux textes, répondant à la nécessité de moderniser
l'institution communale, furent déposés au Sénat le 26 mai
1998 mais n'ont pas encore été inscrits à l'ordre du jour.
Cette réforme demeure cependant prioritaire dans la mesure où,
comme l'avait souligné nos excellents collègues MM. Lucien Lanier
et Guy Allouche dans leur rapport d'information établi au nom de votre
commission des Lois à la suite de la mission effectuée en
Polynésie française du 14 au 28 janvier 1996, les communes sont
appelées à jouer un rôle essentiel dans la perspective d'un
développement équilibré du territoire.
Il convient enfin de rappeler que les
vingt ordonnances
prises sur le
fondement de l'habilitation accordée au Gouvernement par la loi n°
98-145 du 6 mars 1998 en vue de l'actualisation et de l'adaptation du droit
applicable outre-mer font l'objet de
quatre projets de loi de
ratification
déposés depuis le 4 novembre, soit avant la date
butoir fixée au 15 novembre 1998 par l'article 2 de la loi
d'habilitation précitée. Le Gouvernement s'est engagé
à ce que ces projets de loi de ratification soient examinés en
séance publique. Au cours du débat au Sénat sur la loi
d'habilitation, le 5 février 1998, M. Jean-Jack Queyranne,
secrétaire d'Etat à l'outre-mer, a en effet déclaré
: "
En tout état de cause, votre assemblée sera
appelée à examiner la conformité des ordonnances aux
principes que je viens de rappeler lors de l'examen des lois de ratification.
En effet (...) chacune des ordonnances fera l'objet d'un projet de ratification
permettant au Parlement de retrouver la plénitude de ses
compétences.
"
Les travaux de
codification
des textes applicables dans les territoires
d'outre-mer progressent également, bien qu'à un rythme
relativement lent du fait de la complexité d'une telle tâche. Les
projets de code de la communication et du cinéma, le projet de code de
l'éducation et le projet de code de l'environnement ont
été déposés sur le bureau du Parlement mais ne sont
pas encore venus en discussion. Cinq autres codes sont en préparation :
le code électoral des territoires d'outre-mer et de Mayotte, le code de
la santé publique, le code du patrimoine, le code de la monnaie et du
crédit, le code de l'aide sociale et de la famille. Le ministère
de l'outre-mer a par ailleurs été associé à la
modification du code de justice militaire qui sera rendu applicable dans les
territoires d'outre-mer.
Les modalités d'organisation de ces travaux de codification ont
été modifiées à la fin de l'année 1997. Un
décret n° 97-894 du 2 octobre 1997 a
en effet
abrogé le décret n°89-704 du 28 septembre 1989
qui
avait "
provisoirement adjoint à la Commission supérieure
de codification (...) une commission chargée de recenser pour chacun des
territoires d'outre-mer l'ensemble des textes législatifs et
réglementaires applicables et de signaler au Premier ministre les
domaines dans lesquels il n'existe aucun texte
". Le décret du
2 octobre 1997 précité a cependant prévu, en contrepartie
de la
suppression
de cette
commission adjointe
, qu'
au
moins trois rapporteurs particuliers de la Commission supérieure
seraient "
chargés spécialement de la codification des
textes applicables dans les territoires d'outre-mer
", ladite
Commission étant désormais directement investie de la mission de
"
recenser les textes législatifs et réglementaires
applicables dans les territoires d'outre-mer, vérifier le champ
d'application des textes à codifier en ce qui concerne ces mêmes
territoires et signaler au Premier ministre les domaines pour lesquels il
semble souhaitable d'étendre à ces territoires les textes
applicables en métropole
".
C. LA PRÉSERVATION DES INTÉRÊTS SPÉCIFIQUES DES TERRITOIRES D'OUTRE-MER DANS LEURS LIENS AVEC L'UNION EUROPÉENNE
Les
territoires d'outre-mer ne sont pas partie intégrante de l'Union
européenne : en application de la quatrième partie du
traité de Rome, ils sont soumis à un régime
spécifique défini par la
décision d'association du
25 juillet 1991
, adoptée pour une durée de dix ans.
Après plus de trois ans de négociations, la
révision
à mi-parcours
de ce régime d'association a été
adoptée par le Conseil des ministres des affaires
étrangères le 24 novembre 1997 et est
entrée en vigueur
le 30 novembre 1997
. Cette révision n'a pas opéré de
modification de grande ampleur ; elle a simplement procédé
à l'
adaptation
du régime commercial
applicable aux
pays et territoires d'outre-mer (PTOM) et à la répartition de
l'enveloppe du VIIIème fonds européen de développement
(FED) entre les trois États concernés (France, Royaume-Uni et
Pays-Bas).
Le régime commercial nécessitait en effet des ajustements afin de
sauvegarder certaines productions communautaires : des contingents pour les
produits agricoles relevant d'une organisation commune de marché ont
ainsi été instaurés.
S'agissant de la
répartition des 115 millions d'écus d'aide
programmable alloués aux PTOM au titre du VIIIème FED
par le
Conseil européen de Cannes au mois de juin 1995, la France a obtenu une
enveloppe de 50,3 millions d'écus, soit une progression de 25 % par
rapport au VIIème FED. Les parts respectives revenant aux
différents territoires et collectivités d'outre-mer sont les
suivantes : 15,8 millions d'écus pour la Nouvelle-Calédonie, 14,1
pour la Polynésie française, 10 pour Mayotte, 6,4 pour
Wallis-et-Futuna et 4 pour Saint-Pierre-et-Miquelon.
Les PTOM français souhaitant une modernisation de leurs liens avec
l'Union européenne
afin de rompre, notamment, avec une trop grande
similitude avec le régime applicable aux États ACP, une
réflexion s'est engagée depuis 1994. A l'initiative de la France,
les chefs d'État et de Gouvernement ont adopté à
Amsterdam, le 17 juin 1997, une déclaration relative au régime
d'association des PTOM à l'Union européenne, qui doit être
annexée au prochain traité. Elle reconnaît
l'inadéquation du régime en vigueur aux enjeux de
développement des PTOM et invite le Conseil de l'Union à la
réexaminer en profondeur d'ici 1999.
Le Gouvernement a en outre déposé au début de
l'année 1997 auprès de la Commission européenne un
mémorandum développant ses propositions pour la définition
du nouveau régime d'association (élaboration d'un programme de
développement économique et social des PTOM par État
membre concerné, création d'un fonds particulier pour les PTOM
différent du FED). La Commission européenne devrait prendre
l'initiative d'un débat sur l'avenir des PTOM à la fin de cette
année.
*
Sous le bénéfice de l'ensemble de ces observations, votre commission des Lois a émis un avis favorable à l'adoption des crédits consacrés aux territoires d'outre-mer dans le projet de budget du ministère de l'Outre-mer, aux montants proposés par la commission des Finances.
1
Inauguré par M. Lionel Jospin,
Premier
ministre, le 4 mai 1998 et ouvert au public le 15 juin 1998, la construction du
Centre culturel Jean-Marie Tjibaou, conçu par l'architecte Renzo Piano
aura coûté 320 millions de francs. Son coût
prévisionnel de fonctionnement s'élève à
30 millions de francs par an.
2
Rapport n° 522 (1997-1998) fait au nom de la commission des
Lois par M. Jean-Marie Girault sur le projet de loi constitutionnelle relatif
à la Nouvelle-Calédonie.
3
En 1997, les flux migratoires à destination de la
Nouvelle-Calédonie se sont maintenus, témoignant de
l'inadéquation entre les aspirations des jeunes à occuper des
emplois qualifiés et les possibilités qui leur sont offertes
à Wallis-et-Futuna. De 1989 à 1996, dates des deux derniers
recensements, la population originaire de Wallis-et-Futuna résidant en
Nouvelle-Calédonie est passée de 14.186 à 17.763, soit un
accroissement de 3.577, tandis que sur la même période la
population de Wallis-et-Futuna n'augmentait que de 461 personnes.