Projet de loi de finances pour 1999
ROBERT (Jean-Jacques)
AVIS 68 (98-99), Tome VIII - COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES
Table des matières
- INTRODUCTION
-
CHAPITRE PREMIER -
L'ACTIVITÉ DES PME, DU COMMERCE
ET DE L'ARTISANAT EN 1997 ET 1998 -
CHAPITRE II -
LA POLITIQUE EN FAVEUR DES PME, DU COMMERCE
ET DE L'ARTISANAT
-
I. LES EVOLUTIONS FAVORABLES
- A. LA POURSUITE DE LA POLITIQUE DE SIMPLIFICATION DES FORMALITÉS ADMINISTRATIVES
- B. LA PRISE EN COMPTE DE L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE DANS LA POLITIQUE DE SOUTIEN AU PME, AU COMMERCE ET A L'ARTISANAT
- C. LES INTERVENTIONS DE LA BANQUE DE DÉVELOPPEMENT DES PME (BDPME)
-
II. LES MOTIFS D'INTERROGATION
- A. LES ORIENTATIONS DE LA RÉFORME ANNONCÉE DU CODE DES MARCHÉS PUBLICS
- B. L'AVENIR DES SCHÉMAS DE DÉVELOPPEMENT COMMERCIAL
- C. LES CONSÉQUENCES DU PASSAGE À LA MONNAIE UNIQUE POUR LES PME
- D. LES OBJECTIFS DE LA RÉFORME DE LA JUSTICE COMMERCIALE
- E. L'OPPORTUNITÉ D'UNE RÉGLEMENTATION DES COMMERCES DE LOCATION AVEC OPTION D'ACHAT
- III. LES MOTIFS DE RESERVE
-
I. LES EVOLUTIONS FAVORABLES
-
CHAPITRE III -
LE BUDGET DES PME, DU COMMERCE ET DE L'ARTISANAT POUR 1999- I. LES CRÉDITS DE LA POLITIQUE EN FAVEUR DES PME, DU COMMERCE ET DE L'ARTISANAT POUR 1999 SONT MAINTENUS AU NIVEAU ADOPTÉ POUR 1998
-
II. LES MESURES FISCALES VISANT LES PME INSCRITES DANS LE PROJET DE LOI DE
FINANCES POUR 1999
- A. LA RÉFORME DE LA TAXE PROFESSIONNELLE
- B. LA RÉDUCTION DES DROITS DE MUTATION À TITRE GRATUIT
- C. UNE EXTENSION DU RÉGIME FISCAL APPLICABLE AUX MICRO-ENTREPRISES
- D. DES DISPOSITIONS EN FAVEUR DES ENTREPRISES INNOVANTES ET DE LA CREATION D'ENTREPRISES
- E. L'ÉLARGISSEMENT DE LA TAXE SUR LES BUREAUX D'ILE-DE-FRANCE AUX LOCAUX COMMERCIAUX ET AUX LOCAUX DE STOCKAGE
N° 68
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 19 novembre 1998.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME VIII
PME - COMMERCE ET ARTISANAT
Par M. Jean-Jacques ROBERT,
Sénateur.
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Jean François-Poncet,
président
; Philippe François, Jean Huchon,
Jean-François Le Grand, Jean-Pierre Raffarin, Jean-Marc Pastor, Pierre
Lefebvre,
vice-présidents
; Georges Berchet, Jean-Paul Emorine,
Léon Fatous, Louis Moinard,
secrétaires
; Louis
Althapé, Pierre André, Philippe Arnaud, Mme Janine Bardou, MM.
Bernard Barraux, Michel Bécot, Jacques Bellanger, Jean Besson, Jean
Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer, Mme Yolande Boyer, MM. Dominique Braye,
Gérard César, Marcel-Pierre Cleach, Gérard Cornu, Roland
Courtaud, Désiré Debavelaere, Gérard Delfau, Marcel
Deneux, Rodolphe Désiré, Michel Doublet, Xavier Dugoin, Bernard
Dussaut
,
Jean-Paul Emin, André Ferrand, Hilaire Flandre, Alain
Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Serge Godard,
Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis,
MM. Pierre Hérisson, Rémi Herment, Bernard Joly, Alain
Journet, Gérard Larcher, Patrick Lassourd, Edmond Lauret, Gérard
Le Cam, André Lejeune, Guy Lemaire, Kléber Malécot, Louis
Mercier, Bernard Murat, Paul Natali, Jean Pépin, Daniel Percheron,
Bernard Piras, Jean-Pierre Plancade, Ladislas Poniatowski, Paul Raoult,
Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Henri Revol, Roger Rinchet, Jean-Jacques
Robert, Josselin de Rohan, Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette
Terrade, MM. Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel, Henri Weber.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1078
,
1111
à
1116
et T.A.
193
.
Sénat
:
65
et
66
(annexe n°
13
)
(1998-1999).
Lois de finances. |
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Les crédits consacrés aux petites et moyennes entreprises, au
commerce et à l'artisanat pour 1999 sont maintenus au niveau
adopté pour 1998. Cette reconduction d'un budget, au demeurant
très modeste, s'accompagne d'une continuité dans la politique
menée depuis plusieurs années.
Si ce budget permet de financer des actions utiles, notamment en matière
de formation et d'aménagement du territoire, la politique en faveur des
PME, du commerce et de l'artisanat ne se résume cependant pas aux
crédits qui lui sont consacrés.
Le développement des PME passe avant tout par un allégement
réel des charges financières et des contraintes administratives
qui pèsent sur l'activité des entreprises et de leurs
responsables.
C'est dans cet état d'esprit que votre rapporteur pour avis a
abordé l'examen du présent budget qui a reçu un avis
favorable à son adoption par la commission des Affaires
économiques
CHAPITRE PREMIER -
L'ACTIVITÉ DES PME, DU
COMMERCE
ET DE L'ARTISANAT EN 1997 ET 1998
I. LE COMMERCE : UNE ÉVOLUTION POSITIVE
A. UNE CROISSANCE PLUS SOUTENUE DE L'ACTIVITÉ
1. Le commerce de détail
a) L'évolution de l'activité
En 1997,
dans un contexte économique favorable, la consommation
commercialisable
1(
*
)
, qui représente le
déterminant essentiel de l'activité du commerce de détail,
s'est accrue en volume de 1,8 %. Elle a ainsi
bénéficié de l'amélioration du pouvoir d'achat des
ménages.
Dans ce contexte, la croissance du chiffre d'affaires du commerce de
détail a été en volume de + 2,2 % en 1997,
contre + 1,8 % en 1996.
Evolution du chiffre d'affaires en volume (en %) |
|||
Activités |
1995 |
1996 |
1997 |
Commerce de détail et artisanat commercial |
+ 2,0 |
+ 1,8 |
+ 2,2 |
Commerce de gros (hors intermédiaires du commerce) |
+ 4,2 |
+ 2,5 |
+ 5,5 |
Commerce et réparation automobile |
+ 2,4 |
+ 4,3 |
- 4,0 |
Source
: INSEE - comptes du commerce
A l'exception du commerce d'alimentation générale de
proximité, tous les secteurs ont contribué à la croissance
de l'activité :
Le commerce spécialisé et artisanal de l'alimentation a
maintenu, en 1997, son activité après plusieurs années de
décroissance.
La situation des boucheries-charcuteries s'est, en particulier,
améliorée, + 1,0 % contre - 2,3 % en 1996 et
- 4,1 % en 1995. Leur chiffre d'affaires en volume n'a toutefois pas
augmenté autant que la consommation de viande, qui a repris après
la chute de 1996 consécutive à la crise de la vache folle.
Une moindre décroissance de l'activité des commerces
d'alimentation générale de proximité.
L'activité des petites surfaces d'alimentation générale
continue de décliner (- 1,4 %), mais à un rythme plus
ralenti depuis déjà deux ans.
Un maintien de la croissance de l'activité des grandes surfaces
alimentaires
La meilleure tenue de la consommation des ménages a également
profité aux grandes surfaces à prédominance alimentaire,
dont le volume du chiffre d'affaires a crû de + 3,4 % en 1997,
contre + 3,1 % en 1996.
Cette croissance a cependant été contenue par un ralentissement
de l'extension de la surface du parc des hypermarchés.
Une bonne tenue du commerce non alimentaire
Amorcée en 1995, la reprise de la croissance de l'activité des
commerces spécialisés non alimentaires se poursuit avec une
progression de + 2,2 % comme en 1996.
Les spécialistes de l'habillement ont enregistré en 1997 une
nouvelle progression de + 4 % en volume, après
+ 1,4 % en 1996 et plusieurs années de décroissance ou
de stagnation.
Au sein des commerces d'équipement du foyer, celui des produits
électroménagers a, en particulier, bénéficié
de l'engouement des ménages pour les nouveaux produits en
téléphonie et en micro-informatique.
En revanche, les autres secteurs du meuble et des petits équipements
régressent. En conséquence, le volume du chiffre d'affaires de
l'ensemble des commerces d'équipement du foyer n'augmente en 1997 que de
+ 2,1 %.
Les secteurs de l'aménagement de l'habitat et ceux de la parfumerie, des
loisirs et des sports connaissent une croissance respective de
+ 1,6 % et + 3,1 %.
b) L'évolution des parts de marché des différentes formes de commerce de détail
En 1997,
la part de marché de l'ensemble du commerce de détail et de
l'artisanat à caractère commercial représente 83,2 %
des produits commercialisables, les autres ventes étant
réalisées par le commerce et la réparation automobile, par
les grossistes, les prestataires de services et les producteurs.
Sur l'ensemble des produits commercialisables, les grandes surfaces
continuent à gagner des parts de marché ; elles ont vendu, en
1997, un tiers des produits commercialisables.
Les magasins non alimentaires spécialisés représentent un
peu plus du quart des ventes.
Sur le marché des produits alimentaires, les grandes surfaces
d'alimentation générale détiennent, en 1997, 58,7 %
des parts de marché, soit 0,5 point de plus qu'en 1996.
PARTS
DE MARCHÉ - ENSEMBLE DES PRODUITS COMMERCIALISABLES
(hors véhicules automobiles)
(en %)
Formes de vente |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Alimentation spécialisée, artisanat commercial et petites surfaces d'alimentation générale |
13,2 |
12,9 |
12,2 |
11,6 |
11,2 |
11,0 |
Grandes surfaces d'alimentation générale |
33,3 |
31,3 |
32,1 |
32,3 |
32,8 |
33,3 |
Supermarchés |
13,1 |
13,3 |
13,2 |
13,3 |
13,5 |
13,6 |
Magasins populaires |
0,8 |
0,6 |
0,6 |
0,6 |
0,6 |
0,6 |
Hypermarchés |
16,4 |
17,4 |
18,3 |
18,4 |
18,7 |
19,1 |
Grands magasins autres magasins non alimentaires non spécialisés |
1,8 |
1,6 |
1,6 |
1,5 |
1,5 |
1,5 |
Pharmacies et commerces. d'articles médicaux et orthopédiques |
5,4 |
5,8 |
5,7 |
5,7 |
5,7 |
5,7 |
Vente par correspondance |
2,1 |
2,1 |
2,1 |
2,0 |
2,0 |
2,0 |
Autres (automates, marchés) |
2,3 |
2,1 |
2,1 |
2,1 |
2,0 |
2,0 |
Réparation d'articles personnels et domestiques 2( * ) |
0,6 |
0,6 |
0,6 |
0,6 |
0,5 |
0,5 |
ENSEMBLE COMMERCE DE DETAIL ET ARTISANAT A CARACTERE COMMERCIAL |
84,4 |
84,6 |
83,9 |
83,1 |
83,1 |
83,2 |
Ventes au détail du commerce automobile 3( * ) |
9,8 |
9,6 |
10,0 |
10,7 |
10,8 |
10,8 |
Autres ventes au détail 4( * ) |
5,9 |
5,8 |
6,1 |
6,1 |
6,0 |
6,1 |
ENSEMBLE DES VENTES AU DETAIL ET REPARATION EN % |
100 |
100 |
100 |
100 |
100 |
100 |
ENSEMBLE DES VENTES AU DETAIL ET REPARATIONS EN MILLIARDS DE FRANCS TTC |
2 150 |
2 170 |
2 203 |
2 270 |
2 328 |
2 391 |
Source
: INSEE - Comptes du commerce
Cette progression reflète la croissance de la part des
hypermarchés, qui représentent désormais plus de 31 %
du total des ventes au détail de produits alimentaires.
Les parts de marché de l'ensemble des autres commerces
régressent. Les commerces spécialisés et l'artisanat
commercial représentent 19,8 % du marché, contre 20,2 % en
1996. Les petites surfaces d'alimentation générale
détiennent 8,9 % du marché des produits alimentaires, contre
9,2 % en 1996.Au sein des commerces d'équipement du foyer, celui des
produits électroménagers a en particulier
bénéficié de l'engagement des ménages pour les
nouveaux produits, téléphonie et micro-informatique.
En revanche, les autres secteurs du meuble et des petits équipements
régressent. En conséquence, le volume du chiffre d'affaires de
l'ensemble des commerces d'équipement du foyer n'augmente en 1997 que de
+ 2,1 % en 1996.
Les secteurs de l'aménagement de l'habitat, dont le bricolage, les
jardineries et les commerces des secteurs de la parfumerie, des loisirs et des
sports connaissent une croissance respective de + 1,6 % et
+ 3,1 %.
c) L'évolution des parts de marché des différentes formes de commerce de détail
La part
de marché de l'ensemble du commerce de détail et de l'artisanat
à caractère commercial représente 83,2 % des produits
commercialisables, les autres ventes étant réalisées par
le commerce et la réparation automobile, par les grossistes, les
prestataires de services et les producteurs.
Sur l'ensemble des produits commercialisables, les grandes surfaces
continuent à gagner des parts de marché ; elles ont vendu en 1998
un tiers des produits commercialisables.
Les magasins non alimentaires spécialisés représentent un
peu plus du quart des ventes.
Sur le marché des produits alimentaires, les grandes surfaces
d'alimentation générale détiennent 58,7 % des parts
de marché, soit 0,5 point de plus qu'en 1996. Cette progression
reflète la croissance de la part des hypermarchés, qui
représentent désormais plus de 31 % du total des ventes au
détail de produits alimentaires.
Les parts de marché de l'ensemble des autres commerces
régressent. Les commerces spécialisés et l'artisanat
commercial représentent 19,8 % du marché, contre 20,2 % en
1996. Les petites surfaces d'alimentation générale
détiennent 8,9 % du marché des produits alimentaires contre
9,2 % en 1996. La diminution de leur part de marchédécroissance a
cependant tendance à se ralentir.
PARTS
DE MARCHÉS - PRODUITS ALIMENTAIRES
(y compris tabac)
(en %)
Source : INSEE - Comptes du commerce
Sur le marché des produits non alimentaires, les grandes surfaces
détiennent 18,8 % du marché et ont progressé de
0,4 point entre 1996 et 1997. Les magasins non alimentaires
spécialisés se maintiennent à environ 41 %. Les
pharmacies détiennent près de 9 % du marché. Les
ventes au détail du commerce automobile, qui comprennent à la
fois les équipements automobiles et les motocycles, représentent
un sixième de l'ensemble des ventes de produits non alimentaires.
La part de marché de la vente par correspondance se maintient à
2 % depuis plus de cinq ans, 60 % de l'activité étant
concentrée dans le textile, les livres, les disques et les meubles.
La part de marché du téléachat reste en dessous de 1%,
avec un chiffre d'affaires de moins de 900 millions de francs.
La part de marché du commerce électronique est encore
très réduite, cette nouvelle forme de commerce ne progressant que
très lentement.
2. Le commerce de gros
L'année 1997 a été favorable au commerce
de
gros : ses ventes ont progressé de 5,5 % en volume, soit
3 points de plus que l'année précédente. Ce secteur a
bénéficié d'une nette reprise de l'industrie
manufacturière, après une année 1996 plutôt atone,
et d'un commerce extérieur très dynamique.
Tous les secteurs ont contribué à cette croissance. Le commerce
de biens d'équipement professionnel a été le plus
dynamique avec + 11,8 % en volume, suivi par les secteurs des
produits agricoles avec + 8,7 %, des biens de consommation non
alimentaires (+ 4,4 %), des biens intermédiaires
(+ 3,4 %) et des produits alimentaires (+ 2,1 %).
ÉVOLUTION DE L'ACTIVITÉ DANS LE COMMERCE DE
GROS
(ventes de marchandises HT en volume)
(taux de croissance en %)
TYPE DE PRODUIT |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Produits agricoles bruts |
3,7 |
-6,5 |
0,1 |
1,9 |
8,7 |
Produits alimentaires |
1,2 |
4,5 |
1,2 |
1,6 |
2,1 |
Biens de consommation non alimentaires |
0,9 |
0,8 |
3,1 |
1,1 |
4,4 |
Biens intermédiairesagricoles non agricoles |
-5,1 |
6,9 |
4,1 |
2,3 |
2,8 |
Biens d'équipement professionnel |
2,0 |
6,0 |
12,3 |
5,6 |
11,8 |
Ensemble du commerce de gros |
0,5 |
3,2 |
4,2 |
2,5 |
5,5 |
Source : INSEE - Comptes du commerce.
B. UNE PROGRESSION DES EFFECTIFS
Avec
600 .000 entreprises, le secteur du commerce occupe environ
3 millions de personnes, salariés et non salariés.
En 1997, l'emploi salarié a progressé de 1,1 %. Cette
progression recouvre des évolutions contrastées :
- une croissance de 2,7 % des emplois dans le commerce de
détail ;
- un recul de 1,7 % des effectifs du commerce et de la
réparation automobile ;
- une stagnation dans le secteur du commerce de gros.
EFFECTIFS SALARIÉS DU COMMERCE EN MOYENNE ANNUELLE
(milliers)
SECTEURS D'ACTIVITES |
1990 |
191 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
COMMERCE DE DETAIL |
|
|
|
|
|
|
|
|
Grandes surfaces à prédominance alimentaire |
309,8 |
333,0 |
356,5 |
372,2 |
379,9 |
389,4 |
397,5 |
nc |
Petites surfaces alimentaires spécialisées ou non |
203,8 |
186,8 |
161,3 |
144,3 |
142,2 |
134,3 |
129,0 |
nc |
Autres commerces de détail en magasin ou non, réparation |
718,2 |
711,0 |
698,1 |
690,6 |
696,3 |
722,6 |
748,0 |
nc |
Total commerce de détail |
1 231,7 |
1 230,8 |
1 215,9 |
1 207,0 |
1 218,4 |
1 246,3 |
1 274,4 |
1 295,7 |
COMMERCE DE GROS |
|
|
|
|
|
|
|
|
Total commerce de gros |
411,4 |
938,9 |
917,3 |
891,2 |
879,7 |
874,2 |
871,2 |
875,9 |
COMMERCE ET REPARATION AUTOMOBILE |
375,5 |
370,0 |
366,2 |
365,7 |
369,2 |
371,4 |
371,5 |
369,6 |
TOTAL COMMERCE |
2 548,5 |
2 539,6 |
2 499,2 |
2 463,7 |
2 467,1 |
2 492,0 |
2 517,1 |
2 541,2 |
Source INSEE, Emploi et division Commerce.
II. L'ARTISANAT : UN SECTEUR DYNAMIQUE OÙ LA CROISSANCE DE L'EMPLOI N'EST PAS ACQUISE FRAGILE
A. LA PLACE DE L'ARTISANAT DANS L'ÉCONOMIE FRANÇAISE
Le
secteur de l'artisanat représente environ 30 % des entreprises
françaises en activité en dehors de l'agriculture, 5,8 % de
la valeur ajoutée des branches marchandes de l'économie et
emploie 10,3 % de la population active. Au 1er janvier 1997, on recensait
823. 000 entreprises artisanales inscrites au Répertoire des
Métiers, dont 794 .000 en France métropolitaine.
Ces entreprises exercent leur activité dans des secteurs très
variés que l'on a coutume de regrouper en quatre grands groupes :
- l'artisanat du bâtiment qui représente 37 % des
inscrits au Répertoire ;
- les services (réparation, coiffure, taxi) : 31 % ;
- l'artisanat de production (métaux, textile, imprimerie, ...) :
19 % ;
- l'alimentation (boucherie, boulangerie, ...) 13,3 %.
B. L'EVOLUTION DU NOMBRE D'ENTREPRISES ARTISANALES
Après une progression de 1,3 % en 1994 et de 0,8 % en 1995, le
nombre d'entreprises artisanalesa a diminué de 0,5 % en 19975 comme
en 1996. On observe par ailleurs une baisse du nombre de propriétaires
exploitants au profit des sociétés. Celles-ci qui
représentaient seulement 7 % des inscrits en 1980, en constituent
près de 30 % en 1997. Cette évolution résulterait
d'une part des transformations d'entreprises individuelles en
sociétés, d'autre part, du désir des nouveaux
entrepreneurs de se constituer en société.
Cette évolution résulte en partie de la diminution du nombre de
créations d'entreprises dans ce secteur.
Le nombre d'entreprises artisanales créées en 1997 s'est, en
effet, élevé à 77.000, soit une baisse de 2,2 % par
rapport à l'année précédente. Les créations
ex-nihilo représentent 56,1 % du total des créations
eninitiatives de 1997, en recul de 3,8 % par rapport à 1996.
On observe, par ailleurs, une baisse du nombre des propriétaires
exploitants au profit des sociétés. Celles-ci, qui
représentaient seulement 7 % des inscrits en 1980, en constituent
près de 30 % en 1997. Cette évolution résulterait,
d'une part, des transformations d'entreprises individuelles en
sociétés et, d'autre part, du désir des nouveaux
entrepreneurs de se constituer en société.
C. UN SECTEUR OU LA PROGRESSION DE L'EMPLOI N'EST PAS ACQUISE
L'artisanat regroupe, tous secteurs confondus, 2,1 millions d'emplois
salariés et non salariés.
Les artisans non salariés (chefs d'entreprises individuelles, conjoints
et membres de la famille participant à l'entreprise) représentent
743 .000 personnes, soit environ 32 % des emplois dans
l'artisanat.
Le nombre de salariés du secteur s'élève, en 1997,
à 1,41 million de salariés, contre 1,42 million en 1996,
soit une diminution de 0,4 %.
III. L'ÉVOLUTION DE LA DÉMOGRAPHIE DES ENTREPRISES
A. UNE DIMINUTION DES CRÉATIONS D'ENTREPRISES COMMERCIALES ET ARTISANALES
Dans l'ensemble de l'économie, les créations d'entreprises ont diminué de 1,2 % en 1997. Les secteurs du commerce et de l'artisanat s'inscrivent dans cette tendance.
LES
CRÉATIONS D'ENTREPRISES COMMERCIALES
(ensemble des créations pures, reprises et réactivations)
de 1994 à 1997
SECTEUR D'ACTIVITE |
Nombre d'entreprises |
|||
(nomenclature NAF) |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Intermédiaire du commerce |
9 965 |
9 165 |
8 187 |
7 856 |
Commerce de gros (hors intermédiaires) |
16 475 |
14 843 |
14 304 |
13 629 |
COMMERCE DE GROS |
26 440 |
24 008 |
22 491 |
21 485 |
CD (1) à prédominance alimentaire, en magasin |
10 349 |
9 803 |
9 547 |
9 391 |
CD non alimentaire en magasins non spécialisés |
177 |
141 |
141 |
177 |
CD non alimentaire en magasins spécialisés |
25 538 |
22 237 |
21 598 |
21 726 |
Pharmacies et CD d'articles médicaux et d'orthopédie |
1 305 |
1 254 |
1 203 |
1 126 |
CD d'équipement de la personne |
4 923 |
4 629 |
4 204 |
4 240 |
CD d'équipement du foyer |
2 589 |
2 474 |
2 520 |
2 527 |
CD d'aménagement de l'habitat |
3 391 |
3 066 |
3 026 |
3 055 |
CD parfumeries, loisirs, sports |
4 469 |
4 123 |
3 929 |
3 996 |
CD hors magasin |
6 861 |
6 691 |
6 716 |
6 782 |
CD de produits divers (y compris occasion) |
19 011 |
18 819 |
17 260 |
16 355 |
Réparation d'articles personnels et domestiques |
2 178 |
2 015 |
1 908 |
1 775 |
COMMERCE DE DETAIL ET REPARATION |
55 253 |
53 015 |
50 454 |
49 424 |
COMMERCE ET REPARATION AUTOMOBILE |
8 235 |
7 663 |
7 462 |
7 353 |
TOTAL COMMERCE |
89 928 |
84 686 |
80 407 |
78 262 |
ENSEMBLE DE L'ECONOMIE |
282 871 |
273 942 |
275 331 |
272 119 |
(1)
CD : commerce de détail
Source
: INSEE - fichier SIRÈNE France
métropolitaine.
Les créations d'entreprises (créations pures, reprises et
réactivations réussies) dans le secteur du commerce de
détail et de la réparation automobile diminuent de 2 % en
1997, poursuivant la tendance observée ende 1996 (- ,1 %) et
1995 (-5,8 %). Le repli a été plus sensible dans le commerce
de gros (- 4,5 %) que dans le commerce de détail
(- 2 %).
Dans le secteur de l'artisanat, les créations d'entreprises diminuent
de 2,2 % par rapport à 1996.
Selon l'Observatoire des entreprises de la SCRL (groupe COFACE), qui ne prend
en compte que les créations d'entreprises ex-nihilo et reprises hors
réactivations, les créations d'entreprises dans les deux secteurs
auraient reculé de 11,2 % en glissement annuel de décembre
1996 à décembre 1997, poursuivant la tendance de 1996
(- 18,4 %).
B. UNE DIMINUTIONHAUSSE DU NOMBRE DE DÉFAILLANCES D'ENTREPRISES
En
1997, les défaillances d'entreprises diminuent de 39 %, passant
pour la première fois depuis 1993 sous la barre des 60
.000 défaillances.
Dans le secteur du commerce pris au sens large, on observe une diminution de
4,2 % du nombre de défaillances d'entreprises par rapport à
1996.
Dans le secteur de l'artisanat, le nombre de défaillances a
diminué de 1,2 % par rapport à 1996.
Le nombre de défaillances a ainsi diminué dans presque tous les
secteurs, notamment le textile (- 16 %) et les autres fabrications (-
10 %). Il continue de croître dans le bâtiment
(+ 1,9 %) et reste stable dans les secteurs du travail du bois et des
services.
CHAPITRE II -
LA POLITIQUE EN FAVEUR DES PME, DU
COMMERCE
ET DE L'ARTISANAT
La politique menée en faveur des PME, du commerce et de l'artisanat a connu cette année quelques évolutions favorables. De nombreux dossiers marquent le pas. D'autres constituent, pour votre commission, des motifs de contrariété.
I. LES EVOLUTIONS FAVORABLES
La poursuite de la politique de simplification administrative, la prise en compte de l'aménagement du territoire dans la politique de soutien au commerce et à l'artisanat et les interventions de la banque de développement des PME sont à souligner.
A. LA POURSUITE DE LA POLITIQUE DE SIMPLIFICATION DES FORMALITÉS ADMINISTRATIVES
Votre
commission se félicite de ce que le Gouvernement poursuive la politique
menée par le précédent Gouvernement en matière de
simplification administrative.
Les formalités administratives auxquelles sont actuellement assujetties
les entreprises constituent toujours pour les PME, commerçants et
artisans une charge excessive et un frein réel à l'emploi.
A la suite du rapport établi par M. Dominique Baert,
député du Nord, sur les formalités administratives pesant
sur les PME, Mme Marylise Lebranchu, secrétaire d'Etat aux petites
et moyennes entreprises, au commerce et à l'artisanat a
présenté, le 3 décembre 1997 en Conseil des
ministres, 37 mesures de simplification administrative en faveur des PME.
La loi du 2 juillet 1998 portant diverses dispositions d'ordre
économique et financier a traduit sur le plan législatif
plusieurs de ces mesures.
Il convient d'en rappeler les principales dispositions :
- une harmonisation de l'assiette des contributions dues par les
employeurs au titre de la formation professionnelle. Cette mesure
parachève le mouvement d'harmonisation des assiettes des cotisations
sociales engagé par la loi du 4 février 1995 portant
diverses dispositions d'ordre social ;
- la suppression de l'autorisation préalable en matière de
télétransmission de factures, qui devrait faciliter
l'accès des PME à ce procédé ;
- une harmonisation des dates de dépôt des principales
déclarations professionnelles au 30 avril (TVA, déclaration
de résultats, déclarations des taxes assises sur les salaires,
déclarations annuelles des honoraires, commissions de courtage...) ;
- un assouplissement des conditions d'option pour un régime réel
d'imposition ;
- la mise en place à titre expérimental d'un guichet unique
pour la gestion d'emplois occasionnels dans les secteurs du spectacle, du
bâtiment et des travaux publics, du tourisme, des hôtels, des
cafés et des restaurants. Cette mesure vise à simplifier les
modalités de gestion de ces emplois, en permettant aux entreprises
concernées de s'acquitter auprès d'un interlocuteur unique de
l'ensemble des formalités liées aux obligations sociales des
employeurs.
Votre rapporteur pour avis se félicite de cette mesure et espère
vivement qu'elle ne constitue qu'une première étape vers la
généralisation des guichets uniques pour les PME
;
- la suppression de la déclaration d'embauche et de licenciement
aux caisses primaires d'assurance maladie et de l'obligation du livre de
paie ;
- une harmonisation des règles d'inscription des créances
sociales au greffe du tribunal de commerce ou du tribunal de grande instance.
Parallèlement à ces dispositions législatives, le
Gouvernement a mis en oeuvre par voie réglementaire quelques-unes des
37 mesures annoncées dont :
- la simplification de la déclaration d'échange de biens
intracommunautaires qui est entrée en vigueur au
1er janvier 1998 ;
- la réduction des délais d'immatriculation des entreprises
à 24 heures;
- la généralisation de la déclaration unique d'embauche.
Votre commission se félicite de ces mesures qui s'inscrivent dans la
continuité de celles proposées dans le projet de loi portant
diverses mesures de simplification administrative, déposé le
23 mai 1997 par le précédent Gouvernement, qui n'avait
pu être examiné avant la dissolution.
Les mesures adoptées restent cependant modestes au regard des
dispositions de ce projet de loi et des conclusions du rapport Baert. Votre
commission regrette que le Gouvernement n'aille pas plus loin dans cette
démarche et notamment dans la voie de la simplification du bulletin de
paie.
B. LA PRISE EN COMPTE DE L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE DANS LA POLITIQUE DE SOUTIEN AU PME, AU COMMERCE ET A L'ARTISANAT
La
volonté d'assurer une meilleure prise en compte de l'aménagement
du territoire dans la politique de soutien au commerce et à l'artisanat
a conduit l'Etat à mettre en place, dans le cadre du Fonds
d'Intervention pour la Sauvegarde de l'Artisanat et du Commerce (FISAC), des
opérations appropriées pour chaque type d'espace ayant des
problèmes spécifiques.
Ainsi ont été mises en place depuis une dizaine d'années :
l'opération "1 000 Villages de France" pour les petites communes
rurales, les opérations de restructuration de l'artisanat et du commerce
(ORAC) pour les cantons ruraux, les opérations "Coeur de Pays" pour les
villes de moins de 30 000 habitants et "Centre 2 000" pour les
autres, les opérations en faveur des quartiers difficiles et les
opérations en faveur du commerce non sédentaire.
Votre commission se félicite de ce que le Gouvernement ait maintenu
ces opérations qui aident à la politique d'aménagement du
territoire, aussi bien en milieu rural que dans les zones urbaines en
difficulté.
1. Les opérations de revitalisation du commerce et de l'artisanat dans les zones rurales
a) Les opérations de restructuration du commerce et de l'artisanat
Les
opérations de restructuration du commerce et de l'artisanat (ORAC)
visent à amener les commerçants et artisans à moderniser
leurs locaux d'activité, à compléter leur formation,
à recourir au conseil et à mener des actions groupées dans
un petit bassin d'emploi de la taille d'au moins un canton ou dans des communes
de moins de 30 000 habitants.
Instituées par une circulaire du 28 juillet 1988, ces
opérations sont mises en oeuvre dans le cadre des contrats de plan
Etat-Région.
Dans le secteur du commerce, ces opérations sont réalisées
dans le cadre de bourgs et de leur " pays ". Elles consistent en
l'élaboration d'un diagnostic sur les besoins des entreprises, puis d'un
programme de réhabilitation du local de vente, de modernisation de
l'outil de travail, de formation ou de qualification de
l'intéressé.
Dans le secteur de l'artisanat, elles visent à développer des
petits bassins d'emplois dans les zones rurales et à associer les
artisans aux opérations d'aménagement urbain dont
bénéficient les commerçants.
De 1992 à 1998, 274 opérations de restructuration du commerce et
de l'artisanat ont été financées par le FISAC, pour un
montant de 155,8 millions de francs.
Un engagement financier des collectivités territoriales est la condition
de celui du FISAC. Ce dernier peut financer jusqu'à 50 % des
dépenses d'étude et d'animation, dans la limite de 500 000
francs. Il participe également à la modernisation des entreprises
et à la réhabilitation des locaux dans la limite de 20 % du
coût, avec un montant maximum de 40 000 francs par subvention. Lorsque le
bénéficiaire accepte de suivre une formation, ces chiffres sont
portés à 30 % et à 60 000 francs.
b) Les opérations " 1 000 villages de France "
Pour
limiter le déclin des commerces dans les villages, les pouvoirs publics
ont mis en place les opérations " 1 000 villages de
France ", qui favorisent la création de services minimaux, tant
publics que privés dans des communes de moins de
2 000 habitants.
L'objectif de cette action est l'ouverture d'un commerce multi-services
susceptible d'offrir des services ou des produits de première
nécessité, notamment en alimentation générale.
Cette activité peut aussi associer un certain nombre de services publics
ou privés (banque, poste, tirage de photocopies, tabac, journaux...).
Le commerce multi-services peut être doté d'un centre
télématique, d'un minitel, d'un télécopieur, d'un
photocopieur ou d'un lecteur de carte de paiement. Certains commerçants
agréés par les partenaires bancaires de l'opération
peuvent remettre à leurs clients des sommes en espèces. Un tel
projet présenté par la commune, ou avec son agrément, doit
être économiquement viable et ne pas porter préjudice au
commerce existant.
A la fin du 1er semestre 1998, 2 010 projets ont été aidés
pour une somme de 202,4 millions de francs, soit une subvention moyenne par
projet de 100 740 francs.
c) La réfection ou la création de halles et marchés
Pour
aider les municipalités dans leur effort de modernisation des
équipements de marchés : un dispositif de soutien public
à la réfection ou la création de halles et marchés
a été prévu.
Des aides financières peuvent être accordées, dans le cadre
du FISAC aux communes pour l'aménagement des halles et marchés.
Au 1er janvier 1998, plus de 226 opérations spécifiques ont
été réalisées, pour un engagement budgétaire
de plus de 67 millions de francs.
2. Les mesures destinées à rétablir les activités commerciales et artisanales dans les zones urbaines
Le Pacte de relance pour la ville mis en oeuvre par la loi du 14 novembre 1996 a prévu, d'une part, la création d'un établissement public spécifique afin de restructurer des espaces commerciaux et artisanaux et, d'autre part, un programme de prévention pour les commerçants et artisans des zones urbaines sensibles. Ces actions sont complétées par des opérations urbaines "Centre 2 000" et "Coeur de pays".
a) L'établissement public d'aménagement et de restructuration des espaces commerciaux et artisanaux (EPARECA)
L'établissement public d'aménagement et de
restructuration des espaces commerciaux et artisanaux (EPARECA),
créé par l'article 25 de la loi du 14 novembre 1996
doit permettre de favoriser l'aménagement et la restructuration des
espaces commerciaux et artisanaux dans les zones urbaines sensibles.
Il assure la maîtrise d'ouvrage d'opérations tendant à
créer, étendre, transformer ou reconvertir des surfaces
commerciales et artisanales situées dans ces zones. Il peut
acquérir des fonds ainsi que, par voie d'expropriation, des immeubles,
les céder ou confier leur gestion à des locataires
gérants. Il peut, en outre, passer des conventions avec les communes,
établissements publics ou syndicats mixtes concernés.
Un capital de 130 millions de francs lui a été alloué
pour 1997, par prélèvement sur l'excédent du produit de la
taxe d'aide au commerce et à l'artisanat.
Depuis sa création, il y a deux ans, l'EPARECA n'a guère eu
d'activité. Son premier conseil d'administration, dont votre rapporteur
pour avis est membre, s'est, en effet, réuni pour la première
fois le 2 septembre 1998. Le choix des premiers sites d'intervention devrait
cependant être effectué en décembre.
Compte tenu de la dotation annuelle de l'établissement, les
interventions de l'EPARECA devraient s'élever de 5 à 15 millions
de francs par opération dans une dizaine de centres commerciaux.
Votre rapporteur pour avis se félicite de ce que cet
établissement soit enfin entré dans une phase
opérationnelle, deux ans après sa
création.
b) Les opérations "Centre 2 000" et " Coeur de pays "
Afin de
réduire les déséquilibres commerciaux observés dans
certaines communes entre la périphérie et le centre-ville, les
pouvoirs publics ont mis en place des dispositifs pour mettre en valeur les
centres-ville.
Deux catégories d'opérations sont réalisables : "Centre 2
000" et "Coeur de pays". La première concerne les villes de plus de 30
000 habitants, la seconde les villes de moins de 30 000 habitants.
La formule est identique, à l'exception de la possibilité
supplémentaire offerte aux communes de moins de 30 000 habitants
d'acheter et d'aménager des locaux commerciaux avec le soutien financier
de l'Etat. On constate cependant que l'aspect " aménagement
urbain " est plus important dans les opérations "Coeur de Pays". A
l'inverse, les opérations "Centre 2 000" sont davantage orientées
vers la communication.
La différence réside cependant dans la possibilité
d'associer à des opérations "Coeur de pays" des dispositifs
d'aide directe aux investissements de modernisation des entreprises. Les
opérations "Coeur de pays" peuvent donc permettre d'agir indirectement
sur l'environnement de l'activité commerciale et directement sur les
entreprises elles-mêmes.
Depuis leur création, et jusqu'à juin 1998, 711 opérations
ont été ainsi financées pour un montant total de
subventions de 352 millions de francs.
c) Le programme de prévention pour les commerçants et artisans
Afin
d'améliorer la sécurité des commerçants, la
direction interministérielle à la ville et la direction du
commerce intérieur ont lancé le 3 janvier 1997 un appel à
projet qui porte sur les modalités de sécurisation des locaux
commerciaux, des équipements collectifs, ainsi que sur des mesures de
surveillance humaine et de prévention de la délinquance.
En 1998, 38 projets ont été sélectionnés,
poursuivant trois objectifs :
- remettre aux normes définies par les assureurs les équipements
de sécurité propres à chaque local ;
- doter les sites commerciaux d'une protection collective ;
- former les commerçants en matière de prévention et de
sécurité.
Ces projets devraient bénéficier d'une subvention globale de
16 millions de francs, dont 11 millions de francs au titre du FISAC.
Votre rapporteur pour avis se félicite de ces initiatives. Il
souhaiterait qu'elles favorisent également une meilleure prise en compte
des difficultés des commerçants dont les magasins ont
été, lors de manifestations autorisées sur la voie
publique, victime de casseurs. Si la responsabilité de l'Etat du fait
des attroupements et rassemblements peut être mise en jeu par les
victimes, dans la pratique les commerçants doivent effectuer des
formalités très lourdes, avec des délais très longs
avant d'être indemnisés. C'est pourquoi, il faut prévoir un
dispositif d'avance, comparable à ce qui est prévu en cas de
catastrophes naturelles, afin ces entreprises puissent sur le champ reprendre
leur activité normale.
3. Une politique à développer
Les
actions du secrétariat d'Etat aux PME, au commerce et à
l'artisanat peuvent être des éléments importants
d'aménagement du territoire, car le commerce joue un rôle
important dans l'animation des communes.
Votre commission engage en conséquence le Gouvernement à
poursuivre cette politique par une action territoriale en se donnant les moyens
d'aider la création d'entreprise dans les zones rurales et urbaines en
difficulté
.
Comme l'ont montré les auditions du groupe de travail de la commission
des affaires économiques intitulé " nouvelles entreprises et
territoires ", il importe aujourd'hui de renforcer l'efficacité des
instruments de soutien à la création d'entreprise en les
inscrivant dans le cadre d'une politique d'aménagement du territoire.
Une rationalisation et une simplification de ces dispositifs Il existe, en
effet, de nombreux dispositifs d'aide à la création d'entreprise,
dont l'efficacité est inégale et la cohérence pas toujours
assurée.
devraient s'accompagner d'une plus forte modulation des
aides en fonction des territoires.
A partir des zones de revitalisation rurale et des politiques
d'aménagement du territoire, il convient d'étudier les moyens de
renforcer la cohérence de ces instruments et de combiner une logique
d'aménagement du territoire, de soutien à la création
d'entreprise, d'allégements des charges fiscales et sociales et de
simplification administrative.
C. LES INTERVENTIONS DE LA BANQUE DE DÉVELOPPEMENT DES PME (BDPME)
Votre
commission se félicite également du soutien apporté par la
BDPME au développement des PME.
En 1997, pour sa première année d'activité, la BDPME a
participé à la mise en place de 40 milliards de francs de
financements à moyen et long terme en faveur de 36 000 entreprises. Ces
interventions représentent ainsi plus de 20 % du montant des
financements à moyen et long terme accordés aux PME par les
établissements de crédits.
En 1997, La BDPME a signé, 130 conventions de cofinancement, aux
côtés des banques, sous forme de prêts à moyen et
long terme de crédit immobilier et de crédit-bail mobilier, 150
conventions de garantie avec des établissements bancaires et des
organismes de fonds propres et 100 conventions de garanties
d'interventions en fonds propres.
Les concours de la BDPME ont porté sur la création d'entreprises,
la consolidation de jeunes entreprises, le renforcement des capitaux propres et
permanents des PME et le financement d'entreprises titulaires de commandes
publiques.
Les contrats de développement sont un succès. Produit
intermédiaire entre le prêt et les fonds propres, ce contrat,
consenti sans aucune garantie sur les actifs de l'entreprise et le patrimoine
du dirigeant, répond, en effet, aux besoins de renforcement des
structures financières des PME en forte croissance qui ne peuvent pas
encore accéder à des financements suffisants.
II. LES MOTIFS D'INTERROGATION
A côté de ces motifs de satisfaction, de très nombreuses mesures prises ou annoncées méritent des observations.
A. LES ORIENTATIONS DE LA RÉFORME ANNONCÉE DU CODE DES MARCHÉS PUBLICS
Nous
devons rappeler, cette année encore, les difficultés que
rencontrent les PME pour accéder aux marchés publics.
La clientèle publique représente pour les PME un enjeu
économique important. Les administrations publiques - l'Etat, les
collectivités locales, les établissements publics - consomment et
investissent chaque année plus de 700 milliards de francs, c'est
à dire environ 8% du PIB, pour des produits très divers. Or,
l'accès des PME à ces marchés publics est toujours trop
limité.
D'abord, la complexité croissante du droit des marchés publics
est un handicap pour nos PME, qui ne disposent pas de services juridiques et
techniques aussi étoffés que les grandes entreprises. Mais
surtout, la réticence des acheteurs publics à l'égard des
PME est inquiétante. Préférant la facilité, les
collectivités publiques organisent trop fréquemment les
procédures de passation des marchés de façon à
éviter la soumission des PME.
Cette situation conduit les PME à subir le comportement des grandes
entreprises qui compensent la faiblesse de leurs marges par une insupportable
pression sur les prix accordés aux PME sous-traitantes auxquelles elles
font appel.
Il faut ajouter que les collectivités publiques ne donnent pas l'exemple
en matière de délais de paiement. La dernière
enquête de la banque UFB-Locabail souligne, en effet, que le délai
moyen de paiement des collectivités publiques en 1998 (69 jours) est
supérieur au délai moyen global (67 jours) et en croissance par
rapport à 1997.
Le précédent Gouvernement avait déposé au Parlement
un projet de loi réformant le code des marchés publics, qui n'a
pu être examiné en raison de la dissolution de l'Assemblée
nationale. Aucune initiative concrète n'a été prise,
à ce jour, exceptée l'annonce d'un autre projet de loi sur ce
sujet.
Votre commission souligne la nécessité d'ouvrir très
largement la commande publique aux PME, d'encadrer les règles de la
sous-traitance et de réduire les délais de paiement des
collectivités publiques.
B. L'AVENIR DES SCHÉMAS DE DÉVELOPPEMENT COMMERCIAL
Votre
commission s'interroge également sur l'avenir des schémas
d'équipement commercial.
L'année dernière a été la première
année de pleine application de la loi du 5 juillet 1996, dite
" loi Raffarin ", qui a modifié le dispositif de la loi
d'orientation du commerce et de l'artisanat, dite " loi Royer ".
Cette réforme s'est articulée autour de quatre axes principaux :
- l'introduction de l'emploi et de l'environnement parmi les
critères d'examen des dossiers soumis aux commissions
départementales d'équipement commercial (CDEC) et à la
commission nationale d'équipement commercial (CNEC) ;
- l'extension du champ d'application de la loi, avec l'abaissement
à 300 m
2
du seuil de création ou d'extension des
surfaces commerciales, la soumission à autorisation des changements de
destination d'un commerce d'une surface supérieure à 2 000
m
2
, les créations et extensions d'hôtels et d'ensembles
de salles de cinéma dépassant certaines capacités, et
l'obligation d'une enquête publique pour les projets de plus de
6 000 m
2
de surface de vente ;
- la modification de la composition des commissions départementales
d'équipement commercial. Celles-ci comptent désormais six
membres, la décision d'autorisation n'étant accordée que
lorsque quatre membres ont voté favorablement ;
- le renforcement des sanctions en cas d'exploitation des surfaces
commerciales sans autorisation, afin de les rendre plus dissuasives ;
- la mise en place de schémas de développement commercial.
Si le bilan de la réforme du fonctionnement des commissions
d'équipement commercial est satisfaisant, l'avenir des schémas
d'équipement commercial est incertain .
1. Un bilan satisfaisant de la réforme sur l'activité des commissions d'équipement commercial
L'extension du champ d'application du régime
d'autorisation a naturellement engendré une augmentation du nombre de
dossiers soumis aux commissions d'équipement commercial
.
Ainsi, 1.757 projets ont été enregistrés par les
commissions départementales d'équipement commercial en 1997,
contre 760 en 1996 et 1.090 en 1995.
La réforme s'est également traduite par une diminution de la
surface moyenne des projets, qui passe de 1.579 m
2
en 1996
à 981 m
2
en 1997.
DOSSIERS EXAMINÉS PAR LES COMMISSIONS
DÉPARTEMENTALES
D'ÉQUIPEMENT COMMERCIAL
(1995-1997)
|
TOTAL DES DOSSIERS |
AUTORISATIONS |
REFUS |
TAUX D'AUTORISATION |
SURFACE MOYENNE DES PROJETS |
|||
|
Nombre |
surface en m² |
Nombre |
surface en m² |
Nombre |
surface en m² |
|
en m 2 |
1995 |
1090 |
1 901669 |
782 |
1 195827 |
308 |
705842 |
63 % |
1745 |
1996 |
760 |
1 200198 |
512 |
711583 |
248 |
488615 |
59 % |
1579 |
1997 |
1757 |
1 724266 |
1199 |
1 098494 |
558 |
625772 |
64 % |
981 |
Sur
1.757 décisions prises par les commissions départementales
d'équipement commercial en 1997, on recense 1.199 autorisations et
558 refus. Le pourcentage de projets autorisés a ainsi
augmenté de 59 % en 1996 à 64 % en 1997 ; 1.098.494
m
2
de surface de vente ont été autorisés,
contre 711 583 m
2
avant la réforme, soit un doublement
de la surface autorisée.
Par ailleurs, le nombre de recours diminue sensiblement. De ce fait, le
pourcentage des dossiers remontant à la Commission nationale
d'équipement commercial est passé de près de 40 % en
1996 à 14 % en 1997. Cette évolution s'explique en partie
par la diminution des recours déposés par les préfets (156
en 1996, contre 13 en 1997).
En tenant compte des décisions de la Commission nationale
d'équipement commercial, le bilan de l'année 1997 se
caractérise ainsi par une forte augmentation du taux global
d'autorisation qui passe, de 1996 à 1997, de 60 à 67 % pour le
nombre de projets et de 48% à 72 % pour la surface totale
autorisée.
Pour 1998, on observe au premier trimestre un quasi doublement du nombre de
dossiers soumis aux commissions départementales par rapport à la
période correspondante en 1997.
Dans ce contexte, il faut veiller à ce que la mise en oeuvre de la
réforme ne conduise pas à l'engorgement des commissions
départementales d'équipement commercial et à des
délais excessifs pour le traitement des dossiers.
2. Un avenir incertain pour les schémas de développement commercial
L'article 28 de la " loi Royer " prévoit
que
les commissions départementales d'équipement commercial (CDEC)
doivent prendre en compte les travaux des observatoires départementaux
d'équipement commercial (ODEC), pour statuer sur les demandes
d'autorisation d'implantation ou d'extension de surfaces commerciales.
Il dispose également que les observatoires départementaux
collectent les éléments nécessaires à
l'élaboration des schémas de développement commercial qui
sont élaborés et rendus publics dans des conditions fixées
par décret.
Cet article s'inspire ainsi de l'idée selon laquelle la maîtrise
de l'évolution des équipements commerciaux doit passer par
l'élaboration de schémas d'urbanisme commercial qui pourraient,
à terme, s'imposer aux commissions départementales
d'équipement commercial, et donc se substituer au dispositif actuel
d'autorisation au cas par cas.
La loi prévoit une phase expérimentale à l'issue de
laquelle le Gouvernement élabore un rapport sur la mise en place et le
contenu des schémas de développement commercial.
Déposé sur le bureau des assemblées le
12 février dernier, ce rapport écarte l'idée de leur
donner une valeur prescriptible, tout en insistant sur leur valeur
pédagogique
.
Ce rapport établi un bilan des expériences menées sur
31 sites pilotes. Il tend sur chaque à définir des objectifs
précis d'évolution des équipements commerciaux.
Ses principales conclusions sont les suivantes :
- l'élaboration technique d'un schéma nécessite le
recensement des équipements existants, des flux de consommation, et du
rapport entre l'offre et la demande ;
- le périmètre nécessaire au schéma de
développement commercial est variable selon les sites et doit être
laissé à l'appréciation de l'échelon local ;
- la portée du schéma de développement commercial
doit répondre à sa vocation d'aide aux décisions des
commissions départementales d'équipement commercial ;
- les expérimentations en cours montrent que l'élaboration
de ces schémas peut être l'occasion d'une concertation efficace
entre élus locaux et investisseurs privés ;
- il n'est pas possible de dégager au niveau national des
règles identiques applicables à des situations locales qui sont
tributaires de flux économiques changeants ;
- il n'est pas souhaitable de donner à ces schémas une
valeur obligatoire.
L'avenir des schémas d'urbanisme commercial est donc encore incertain.
Comme l'a confirmé la Secrétaire d'Etat aux petites et moyennes
entreprises, au commerce et a l'artisanat, une nouvelle réforme de la
loi Royer semble cependant exclue.
L'année qui vient devrait nous permettre de connaître la
position du secrétaire d'Etat sur ce sujet.
Soucieux d'une concurrence équilibrée entre toute les formes de
commerce, votre rapporteur pour avis souhaite également que le
Gouvernement remette au Parlement le rapport, prévu par l'article 15 de
la loi du 1er juillet 1996 sur la loyauté et l'équilibre des
relations commerciales, sur les associations en concurrence avec les
commerçants.
Il est également nécessaire d'évoquer le Projet de Loi
d'Orientation
à venir. Dans le cadre de nos départements ruraux, certaines de
ces dispositions doivent permettre le maintien d'activités artisanales
modestes en liaison avec l'activité agricole :
un peu à
l'image des " commerces multiservices " qui ne portent aucune
atteinte à une saine concurrence avec les professionnels.
Ainsi,
bénéficierons nous d'un atout de plus pour la revitalisation de
nos villages ruraux.
C. LES CONSÉQUENCES DU PASSAGE À LA MONNAIE UNIQUE POUR LES PME
Votre
commission s'interroge également sur les conséquences du passage
à la monnaie unique pour les PME et sur les mesures prises pour qu'elles
puissent aborder le passage à l'euro dans des conditions comparables
à celles des grandes entreprises.
L'introduction de l'euro affectera, en effet, l'ensemble des acteurs
économiques entre le 1
er
janvier 1999 et le
1
er
juillet 2002 :
- le 1
er
janvier 1999, l'euro deviendra monnaie unique. Le
franc sera défini par rapport à l'euro, en fonction d'un taux de
conversion irrévocable ;
- le 1
er
janvier 2002, les billets et les pièces en
euro seront mis en circulation et, parallèlement, les billets et les
pièces en francs seront progressivement retirés de la
circulation. Au 1
er
juillet 2002 au plus tard, les billets et
les pièces en francs auront été retirés.
Entre ces dates, les transactions en monnaie fiduciaire resteront en francs,
mais l'euro pourra déjà être utilisé sous forme
scripturale. Cette période transitoire devrait permettre aux entreprises
de passer progressivement à l'euro. Elles pourront, en effet, basculer
dès le 1
er
janvier 1999 la totalité de leurs
opérations en euros. Elles pourront notamment tenir leur
comptabilité, effectuer leurs déclarations fiscales, s'acquitter
du paiement de leurs charges sociales, impôts et taxes en euros.
Conformément aux dispositions arrêtées lors du Conseil
européen de Madrid de décembre 1995, il n'y aura, pendant la
période transitoire, tant pour les entreprises que pour les
particuliers,
ni interdiction, ni obligation d'utiliser
l'euro.
1. Les implications de l'introduction de l'euro pour les PME, le commerce et l'artisanat
L'introduction de l'euro sera sans nul doute pour les PME une
contrainte technique mais également, si elles s'y préparent, une
opportunité commerciale.
•
Les conséquences fiscales et comptables du passage à
l'euro
Les entreprises devront, d'ici 2002, être en mesure d'établir
leurs comptes, d'assurer leurs obligations légales, d'effectuer leurs
déclarations sociales et fiscales en euro et de convertir leur capital
social en euro. Ces opérations exigeront des investissements
matériels importants, en matière informatique, ainsi que la
mobilisation et la formation du personnel.
Les modalités et la vitesse du passage des entreprises à l'euro
devraient être très variables. Certaines PME auront ainsi besoin
de tenir rapidement leur comptabilité en euro du fait de l'importance de
leurs relations avec l'étranger ou avec d'autres entreprises faisant, de
même, le choix de l'euro. En revanche, d'autres entreprises, dont
l'activité est essentiellement domestique et tournée vers le
public, souhaiteront vraisemblablement attendre l'introduction des
pièces et des billets.
•
Les conséquences de l'introduction de l'euro sur les
relations entre les entreprises et leurs partenaires
L'introduction de l'euro aura des répercussions sur l'ensemble des
relations entre les différents acteurs économiques, entreprises,
banques, salariés et consommateurs, ainsi que sur les contrats
existants, les systèmes de facturation et d'achat, la tarification et
les systèmes de paie.
Chaque acteur économique a la possibilité de choisir, pendant la
période transitoire, son rythme de passage à l'euro. Mais il doit
savoir qu'il rencontrera peut-être certaines difficultés.
Dans les relations avec les consommateurs, l'introduction de la monnaie unique
nécessitera, de la part des entreprises et en particulier des commerces,
un effort de communication sur l'évolution des prix et l'application des
règles légales de conversion et d'arrondi.
•
Le coût de l'introduction de la monnaie unique pour les PME
Le coût direct de l'introduction de l'euro est difficile à
estimer, car il sera variable selon la taille de l'entreprise et l'importance
de son activité internationale.
Dans certains secteurs comme le commerce de détail, la conversion
à l'euro des comptes de l'entreprise et le double affichage auront un
coût net que l'association Euroconcurrence estime entre 1,1 % et
1,8 % du chiffre d'affaires annuel.
•
Une opportunité commerciale à laquelle les PME doivent
se préparer
L'introduction de la monnaie unique devrait offrir aux PME un certain nombre
d'avantages : la suppression des risques de change, la réduction des
dépenses administratives relatives aux opérations commerciales en
devises étrangères, la concurrence accrue entre fournisseurs
soumis à la transparence des prix sur toute la zone euro.
Pour bénéficier du passage à l'euro, les PME devraient s'y
préparer. Or un récent sondage, mené par le CNPF
auprès de 400 entreprises de moins de 500 salariés,
montre que seulement 25 % des PME interrogées ont
déjà arrêté un plan de passage à l'euro.
2. Les pouvoirs publics doivent faciliter le passage des PME à l'euro
Les
entreprises devraient déterminer leur propre rythme de passage à
l'euro, en fonction de leurs contraintes ou de leur intérêt
commercial. Elles doivent disposer, pour mener au plus vite cette analyse,
d'une définition claire de leur environnement juridique et fiscal.
Pour tenir compte de cette contrainte, le Gouvernement a procédé
à une large concertation.
En octobre 1996, la direction du Trésor a demandé à
Jacques Creyssel, directeur général de la stratégie et des
études économiques du CNPF, et à Pierre Simon, directeur
général de l'Association française des
établissements de crédit et des entreprises d'investissement
(AFECEI), de constituer un groupe de travail sur les conséquences
pratiques du passage à l'euro pour les entreprises.
Le Gouvernement a soumis au Parlement, au sein du projet de loi portant
diverses dispositions d'ordre économique et financier, adopté le
2 juillet dernier, des dispositions techniques destinées à
adapter notre législation au passage à la monnaie unique. Parmi
ces dispositions, on notera :
- l'adaptation du code de commerce, afin d'autoriser
l'établissement des documents comptables en euro, dès le
1er janvier 1999 ;
- l'introduction, dans ce même code, des règles relatives aux
conversions et aux problèmes liés à l'utilisation des
arrondis ;
- une adaptation des règles applicables aux opérations
touchant le capital social des sociétés anonymes et des
sociétés à responsabilité limitée, dans le
but d'encourager leur conversion en euro pendant la période
transitoire ;
- la transposition du principe communautaire de la continuité
juridique des contrats affectés par le passage à l'euro.
Le ministère de l'économie et des finances a également
élaboré, dans le cadre du plan national de passage à
l'euro, une charte pour la préparation des petites et moyennes
entreprises à l'euro, signée par les principales organisations
professionnelles des secteurs du commerce, de l'artisanat et de la banque,
ainsi que par les chambres de commerce et d'industrie, les chambres des
métiers et les chambres d'agriculture. Par cette charte, les
professionnels s'engagent à se mobiliser en faveur de la
préparation à l'euro de l'ensemble des PME.
Il est prévu, dans ce cadre, qu'un " dossier euro " soit remis
à toutes les PME par leurs interlocuteurs quotidiens que sont leur
banquier, ou les chambres consulaires.
D. LES OBJECTIFS DE LA RÉFORME DE LA JUSTICE COMMERCIALE
Votre
rapporteur s'interroge sur les objectifs de la réforme annoncée
de la justice commerciale.
Le Conseil des ministres a, en effet, adopté, le 29 octobre dernier, un
programme de réforme de la justice commerciale, présenté
par le garde des sceaux et le ministre de l'économie, des finances et de
l'industrie.
Ce programme de réforme s'inscrit dans le prolongement des rapports de
la commission d'enquête parlementaire de l'Assemblée Nationale et
de la mission conjointe confiée aux inspections générales
des finances et des services judiciaires. Il est fondé sur de trois
axes : une réforme des tribunaux de commerce, une modification du
statut des professions liées au fonctionnement de la justice commerciale
et une réforme des lois du 1
er
mars 1984 sur la
prévention et du 25 janvier 1985 sur le traitement des
difficultés des entreprises.
Une réforme des tribunaux de commerce
Cette réforme concernerait la carte des tribunaux de commerce,
l'introduction de la mixité dans les formations de jugement et le statut
des juges consulaires.
La modification de la carte des tribunaux de commerce tendrait à adapter
le nombre et la localisation des tribunaux aux besoins économiques du
pays. Les propositions de la mission de réforme de la carte judiciaire,
créée à cet effet, devraient permettre de regrouper des
juridictions proches ou peu actives, afin que la nouvelle carte corresponde aux
bassins d'activité économique contemporains.
Le Gouvernement propose également d'introduire progressivement la
présence de juges professionnels dans les formations de jugement. Une
loi relative à la composition et au fonctionnement des tribunaux de
commerce serait présentée dans ce sens au cours du premier
trimestre 1999.
La mixité des formations de jugement devrait s'accompagner d'une
réforme du statut des juges consulaires. Dans cette perspective sont
envisagés :
- la création de nouvelles règles d'incompatibilité
et l'institution de dispositions visant à empêcher toute
interférence entre les fonctions juridictionnelles et l'exercice d'une
activité professionnelle ou d'un mandat judiciaire. Ce corps de
règles sera également applicable aux anciens juges consulaires ;
- l'obligation pour tous les juges consulaires de souscrire une
déclaration d'intérêt économique ;
- le renforcement des règles disciplinaires ;
- la mise en place d'une formation renforcée pour les juges
consulaires, organisée par l'Ecole Nationale de la Magistrature;
- la modification du régime électoral des juges consulaires
en vue de redéfinir le corps électoral, de renforcer la
participation.
Une réforme des professions liées au fonctionnement de la
justice commerciale
Le programme de réforme présenté par le garde des sceaux
souligne que la réglementation relative aux greffiers des tribunaux de
commerce, aux administrateurs judiciaires et aux mandataires judiciaires doit
être adaptée.
Il est proposé dans cette perspective que le contrôle des
greffiers des tribunaux de commerce, des administrateurs judiciaires et
mandataires judiciaires soit renforcé et leur tarif révisé.
En matière de tarifs, un projet de décret fixant la
rémunération allouée aux greffiers pour les prestations
fournies sur le réseau télématique a d'ores et
déjà été transmis au Conseil d'Etat. La
tarification nouvelle prévoit une baisse de 41 % de l'accès aux
données du registre du commerce par Minitel. La réforme du tarif
des administrateurs judiciaires et mandataires judiciaires tendrait
également à assurer un équilibre entre les prestations
effectuées et leur coût.
En matière de contrôle, une organisation nouvelle des
contrôles comprenant deux degrés serait mise en place : au premier
degré, le contrôle se ferait de manière systématique
et périodique à l'échelon local, par des professionnels
sous la direction du procureur général ; au second degré
interviendraient des missions d'inspection rattachées à
l'inspection générale des services judiciaires.
Une réforme des lois du 1er mars 1984 et du 25 janvier 1985 sur la
prévention et le traitement des difficultés des entreprises.
Le programme de réforme ne devrait pas remettre en cause les grands
principes posés par les lois du 1er mars 1984 sur la prévention
et du 25 janvier 1985 sur le redressement et la liquidation judiciaires. Il est
néanmoins proposé de rénover certaines dispositions pour
simplifier et accélérer les procédures.
Pour orienter plus vite le choix entre le redressement et la liquidation, un
premier bilan systématique de la situation de l'entreprise dans les
semaines qui suivent le début de la procédure serait
dressé. Il est également proposé d'introduire la
publicité des débats devant le tribunal de commerce, si l'une des
parties à la procédure ou les salariés en font la demande.
Les petites procédures devraient, enfin, faire l'objet d'une nouvelle
procédure de liquidation judiciaire fortement allégée et
accélérée. La mission de l'auxiliaire de justice
nommé par le tribunal serait limitée et sa
rémunération forfaitaire. Cette procédure devrait
concerner la moitié des 58000 procédures ouvertes annuellement.
L'ensemble de ces réformes représente un travail
législatif important. Le Gouvernement prévoit de soumettre au
Parlement dès 1999 les textes relatifs à la réforme des
tribunaux de commerce et au statut des juges consulaires.
Votre rapporteur pour avis attendra que ces projets de loi soient
déposés au Parlement et leurs dispositions
précisément arrêtées pour en juger.
Fondée sur le principe d'une justice des marchands rendue par les
marchands, dont l'origine remonte au moyen âge, la justice commerciale a
depuis des siècles fait ses preuves. Elle a su s'adapter à un
environnement juridique de plus en plus complexe parce qu'elle est
assurée par des juges consulaires, qui ont une connaissance
concrète du droit et des réalités économiques. La
justice commerciale n'est, d'ailleurs, pas la seule à
bénéficier de professionnels élus pour exercer des
fonctions juridictionnelles. Les prud'hommes et d'autres tribunaux
spécialisés ont, en effet, le même mode de
fonctionnement.
E. L'OPPORTUNITÉ D'UNE RÉGLEMENTATION DES COMMERCES DE LOCATION AVEC OPTION D'ACHAT
L'apparition en France d'une nouvelle forme de commerce
fondé
sur la location avec option d'achat a suscité, l'année
dernière, une vive polémique.
Destiné aux plus démunis, ce type de commerce offre
l'accès à la propriété de biens de consommation
durables, mais pour un coût total égal au double du prix de
l'achat comptant. En effet, le régime juridique de la location avec
option d'achat n'impose pas - contrairement à celui du crédit
à la consommation - de plafonnement du coût total pour le
consommateur.
Certains ont vu dans cette nouvelle forme de commerce une exploitation de la
pauvreté ou, parfois, le moyen -fort coûteux- pour certains
d'accéder à la propriété de biens dont ils
étaient jusqu'alors privés. En tout état de cause, il est
apparu utile d'assurer une meilleure protection de l'acheteur. C'est pourquoi
MM. Philippe Marini, Robert Calmejane et votre rapporteur pour
avis, d'une part, M. Louis Minetti, Mme Marie-Claude Beaudeau, Mme Odette
Terrade et plusieurs de leurs collègues du groupe communiste
républicain et citoyen, d'autre part, ont déposé des
propositions de loi tendant à imposer une limite au coût des
opérations de location avec option d'achat. Depuis, le magasin
" Crazy George's ", dont l'ouverture le 9 novembre 1997 à
Bobigny est à l'origine de cette polémique, a fermé ses
portes. Le débat est donc pour l'instant clos.
III. LES MOTIFS DE RESERVE
Certains dossiers sont pour votre commission des motifs de réserve. C'est le cas de la loi relative à l'abaissement de la durée légale de travail à 35 heures, de la complexité du bulletin de paie -qui reste encore une source importante de difficulté pour les petits entrepreneurs-, du développement insuffisant de la formation par alternance, mais aussi de dossiers plus sectoriels, telle que la suppression du commerce hors taxes intracommunautaire.
A. L'ABAISSEMENT DE LA DUREE LÉGALE DE TRAVAIL À 35 HEURES
Cette
année aura été marquée par l'adoption de la loi du
13 juin 1998 d'orientation et d'incitation, relative à la
réduction du temps de travail. Cette loi prévoit la
réduction de la durée légale du travail effectif des
salariés à trente-cinq heures par semaine, à compter du
1er janvier 2000 pour les entreprises de plus de 20 salariés,
et à compter du 1er janvier 2002 pour les entreprises plus petites.
Votre commission estime que cette mesure, en imposant une réduction
obligatoire et uniforme du temps de travail, ne permet pas de prendre en compte
la diversité des situations des entreprises et risque, en l'état,
d'être plus un frein à l'activité des PME qu'un moteur pour
l'emploi.
1. La réduction du temps de travail, telle qu'elle est définie, pourrait constituer un obstacle à l'activité des PME
Comme
l'a souligné le rapport de la commission d'enquête du Sénat
sur le passage aux trente-cinq heures
5(
*
)
,
grandes et petites entreprises ne sont pas dans une situation
d'égalité pour plusieurs raisons :
- d'une part, l'indivisibilité de l'emploi. Si, sur de grands
effectifs, il est possible de compenser les heures de travail perdues par des
embauches, cela est beaucoup plus difficile pour des petites unités. Les
quelques heures perdues risquent, en effet, de ne pas être
compensées, l'entreprise ne pouvant embaucher une personne suffisamment
polyvalente pour compléter, poste par poste, la durée du travail
nécessaire ;
- d'autre part, les gains de productivité, susceptibles de
compenser l'effet de la réduction du temps de travail, sont
réduits dans certains secteurs comme les commerces et les services, du
fait de la nature même des activités concernées ;
Dans ces conditions, l'application des 35 heures aux PME, en pesant sur
leur compétitivité, risque d'avoir
l'effet inverse
de
celui recherché.
Le comportement des PME depuis l'adoption de la loi est, à cet
égard, intéressant. Alors que le dispositif proposé est
assorti d'un système d'aide avantageux
qui permet aux entreprises,
qui s'engagent à augmenter leurs effectifs de 6 % par une
réduction du temps de travail de 10 % avant le 30 juin 1999,
de bénéficier d'un abattement de 9 000 francs par an et
par salarié pendant cinq ans,
un récent sondage
réalisé par UFB Locabail montre que seule une PME sur cinq est
prête à passer aux 35 heures avant le
1
er
janvier 2000.
2. Des aménagements indispensables pour atténuer les effets pervers d'une réduction autoritaire de la durée légale
Si la
réduction du temps de travail peut être une voie pour
réduire le chômage, elle ne doit être qu'une démarche
volontaire de l'entreprise, de façon à respecter ses horaires et
les contraintes de son environnement économique. En privilégiant
un dispositif autoritaire de réduction du temps de travail par rapport
à une démarche volontaire, le dispositif proposé risque
d'être contre-productif, à moins qu'un certain nombre
d'aménagements n'y soient apportés.
Depuis le vote de la loi, des négociations de branches sur la
réduction du temps de travail ont débouché sur des accords
dans plusieurs secteurs, dont la métallurgie, l'artisanat du
bâtiment et l'industrie sucrière.
Ces accords ont montré que la négociation collective était
susceptible d'introduire dans le dispositif des éléments de
flexibilité, notamment grâce à l'augmentation du contingent
d'heures supplémentaires, à la réduction des majorations
salariales pour les heures supplémentaires effectuées
au-delà de la durée légale et à l'annualisation du
temps de travail.
Dans cette perspective, votre commission souhaite que le Gouvernement
s'inspire de ces accords pour l'élaboration du projet de loi qui
devrait, en 1999, fixer le régime des heures supplémentaires et
le taux exact de leur majoration et n'impose pas aux entreprises de contraintes
supplémentaires, à contre-courant de leurs activités et de
leurs réussites économiques.
B. UN BULLETIN DE PAIE ENCORE TROP COMPLEXE
Votre
rapporteur pour avis regrette, cette année encore, que le Gouvernement
n'ait pas mis en oeuvre une réelle simplification du bulletin de paie
pour les petites et moyennes entreprises.
Il note également que quatre ans et demi après la promulgation de
la loi du 11 février 1994 relative à l'initiative et
à l'entreprise individuelle, le décret d'application de
l'article 32 de cette loi qui porte sur les formalités prescrites
en matière sociale reste à paraître.
Ce dispositif de simplification, qui permet de regrouper sur un support unique
l'ensemble des déclarations aux différents organismes sociaux et
d'appliquer une assiette commune pour le calcul de certaines cotisations
sociales, a déjà fait l'objet d'expérimentation, dont le
bilan est concluant.
Alors que les PME attendent avec impatience toutes mesures susceptibles de
supprimer les nombreuses formalités auxquelles elles sont soumises, il
faut que les organismes et administrations concernés passent les
conventions nécessaires pour faire avancer la situation.
Le jour où les entreprises, et notamment les plus petites d'entre
elles, pourront établir une seule déclaration, sur un seul
support, pour un seul destinataire et régler en un seul chèque
l'ensemble de leurs cotisations sociales, la France aura franchi un pas
important dans l'efficacité.
C. LE DÉVELOPPEMENT INSUFFISANT DE LA FORMATION EN ALTERNANCE
Le
rôle encore trop limité de la formation en alternance dans les
dispositifs d'insertion des jeunes est, pour votre rapporteur pour avis, un
motif d'insatisfaction et une source de perplexité.
Ce mode de formation est, en effet, d'une réelle efficacité.
Dans les secteurs de l'artisanat et du commerce, les contrats de qualification
et d'apprentissage conduisent dans 85 % des cas à l'embauche des jeunes
dans l'entreprise où ils ont effectué leur formation. Il s'agit
donc là d'un des dispositifs d'insertion des jeunes les plus performants
et les moins coûteux.
Or, en dépit de l'augmentation récente du nombre des contrats de
formation en alternance ce type de formation reste encore peu
développé.
Dans un contexte où plus de 500 000 personnes de moins de 25 ans sont au
chômage, cette situation rend votre rapporteur pour avis sensible
à ces dispositifs qui ont fait leurs preuves, mais sur des effectifs qui
pourraient être beaucoup plus étoffés.
Votre rapporteur pour avis regrette, à ce propos, la diminution des
crédits alloués aux contrats d'apprentissage, qui passent de 343
millions de francs en 1998 à 269 millions de francs pour 1999. Il
apparaît, en effet, injustifié de supprimer l'aide forfaitaire de
6 000 francs liée à l'embauche en contrat d'apprentissage aux
jeunes disposant d'une formation supérieure au CAP ou au BEP.
Il regrette, également que la formule " emploi jeune " ne soit
pas étendue, au-delà des collectivités publiques, à
la création d'emplois dans les secteurs du commerce et de l'artisanat ou
dans les petites entreprises, car il y a tout lieu de penser qu'au terme des
cinq ans, l'emploi serait confirmé par l'entreprise.
En tout état de cause, votre rapporteur pour avis souhaiterait que le
Gouvernement décide de faire de la formation par alternance dans le
commerce, l'artisanat et les PME, une priorité.
D. LA SUPPRESSION DU COMMERCE HORS TAXES INTRACOMMUNAUTAIRE
Dans la
perspective de l'instauration du Marché unique au sein de la
Communauté européenne le 31 janvier 1993, le Conseil des
Ministres européen a prévu, en 1991, la suppression du commerce
hors taxes intra-communautaires à compter du 30 juin 1999 et
inscrit ce délai dans la directive 91/680/CE du 16 décembre
1991.
La suppression des ventes hors taxes intracommunautaires touche un secteur
d'activité dont l'importance économique est souvent
méconnue. Le chiffre d'affaires du commerce hors taxes en Europe
s'élève, en effet, à 40 milliards de francs, dont
25 milliards pour le trafic intracommunautaire. Sur ces 25 milliards
de francs, le chiffre d'affaires des producteurs est estimé à
15 milliards, la marge brute des commerces étant de
10 milliards de francs.
En France, l'ensemble des ventes intracommunautaires hors taxes
représente environ 2 milliards de francs. La production de produits
vendus hors taxes, tels que les produits de luxe ou les alcools, est
estimée à 6 milliards de francs. Ainsi 41 % des produits
vendus en " duty-free " sont des produits français, d'une
qualité remarquable. Le commerce hors taxes est de ce fait un tremplin
à l'exportation de nombreuses PME françaises. Au total, la
suppression des ventes hors taxes concerne en France un chiffre d'affaires
global de 7 à 8 milliards de francs.
Jusqu'à présent, aucune mesure n'a été prise, tant
au niveau national qu'au niveau communautaire, pour préparer
l'entrée en application de la suppression des ventes hors taxes et en
limiter les conséquences économiques et sociales.
Le Conseil des ministres de l'économie et des finances de l'Union
européenne du 19 mars 1998 a confirmé
l'échéance du 30 juin 1999 et a repoussé la demande
soutenue, notamment par l'Allemagne et la France, d'une étude d'impact.
Dans ce contexte, le Premier ministre a confié à
M. André Capet, Député du Pas-de-Calais, une
mission d'évaluation des conséquences de cette mesure sur
l'activité économique des transporteurs, commerçants et
producteurs.
Ce rapport souligne que l'ampleur de l'impact dépendra, d'une part, de
l'attitude de la clientèle, et donc de la sensibilité de la
demande aux prix produits et de l'évolution de la demande de transport
et, d'autre part, de la capacité des producteurs, concédants et
concessionnaires à réduire leur marge.
Il estime à près de 10 000 le nombre d'emplois
susceptibles d'être supprimés. Il souligne que la mesure
d'abolition des ventes hors taxes touchera plus nettement les transporteurs
maritimes et leur environnement que les transporteurs aériens et les
producteurs.
Au niveau des transports aériens, il observe que l'établissement
public Aéroports de Paris (ADP) réalise deux tiers de ses
recettes commerciales, soit 700 millions de francs, grâce à
la vente hors taxes. Sur cette somme, la suppression du commerce hors taxes
intracommunautaire devrait entraîner une diminution de 130 millions
de francs.
En matière de transport maritime, l'impact le plus élevé
concerne les compagnies maritimes françaises du Transmanche. Pour ces
compagnies, qui réalisent près de 50 % de leur chiffre
d'affaires sur les ventes hors taxes, contre 10 à 15 % par la vente
de billets, l'abolition de la vente hors taxes devrait conduire à une
diminution de 60 % des ventes et donc à une augmentation importante
du prix du billet, autant de conséquences qui risquent de menacer la
rentabilité économique de ces compagnies.
L'effet induit sur l'économie locale d'une région comme
Calais, qui connaît un taux de chômage de plus de 20 %, serait
alors très préoccupant.
Le rapport de M. André Capet propose en conséquence
plusieurs types de solutions pour limiter les effets de la suppression du
commerces intracommunautaire hors taxes :
- une application progressive sur trois ans des droits d'accises
applicables aux tabacs et aux alcools, pour atteindre les minima fixés
par la réglementation européenne avec, éventuellement, une
harmonisation de ces minima. Dans cette perspective, seule la TVA
s'appliquerait pleinement à partir du premier juillet 1999. Les droits
d'accises, qui représentent en France environ 50 % du prix des
alcools et tabacs, feraient l'objet d'une nouvelle directive ;
- un renforcement des aides nationales et communautaires, afin
d'aider les aéroports, les ferries et les producteurs à s'adapter
à cette nouvelle situation.
Il semble aussi que les propositions présentées par l'association
professionnelle du commerce hors taxe nécessitent l'ouverture d'un
débat sur l'avenir du projet " Espace voyageur ", qui voudrait
" instaurer un nouveau concept juridique constitué par les
actuelles boutiques hors taxes et donc accessible aux seuls voyageurs munis
d'une carte d'embarquement. "
Votre commission, qui avait déjà évoqué le sujet
en 1997, estime qu'il importe d'éviter les conséquences sociales
et économiques de la suppression du commerce intracommunautaire hors
taxes et souhaiterait que le Gouvernement prenne des mesures dans ce
sens.
CHAPITRE III -
LE BUDGET DES PME, DU COMMERCE ET DE
L'ARTISANAT POUR 1999
I. LES CRÉDITS DE LA POLITIQUE EN FAVEUR DES PME, DU COMMERCE ET DE L'ARTISANAT POUR 1999 SONT MAINTENUS AU NIVEAU ADOPTÉ POUR 1998
A. LES CRÉDITS DU SECRÉTARIAT D'ÉTAT AUX PME, AU COMMERCE ET À L'ARTISANAT
Les
crédits inscrits au titre des PME, du commerce et de l'artisanat dans le
projet de loi de finances pour 1999 s'élèvent à
386,9 millions de francs (en dépenses ordinaires et crédits
de paiement), en diminution de 8,9 % par rapport à 1998.
Toutefois, compte tenu des modifications de la nomenclature budgétaire
-et en particulier du transfert de dépenses des titres III et V du
budget des PME, du commerce et de l'artisanat à celui des services
communs et finances- à structure constante,
ces crédits se
stabilisent à peu près au niveau de l'exercice
précédent, soit 425 millions de francs.
ÉVOLUTION DES CRÉDITS DU SECRÉTARIAT
D'ÉTAT AUX PME,
AU COMMERCE ET À L'ARTISANAT
(en millions de francs)
Nature des crédits |
LFI 1998 |
PLF 1999 |
Evolution en % |
Dépenses ordinaires |
401,6 |
358,4 |
-10,8 % |
Dépenses en capital |
23,1 |
28,5 |
+23,4 % |
TOTAL |
424,7 |
386,9 |
-8,9 % |
Dépenses transférées 1 |
|
38,3 |
|
Total à structure constante |
424,7 |
425,2 |
+0,1% |
Source
: PLF 1999
(1)
Dépenses transférées du
budget des PME, commerce et artisanat, au budget des services communs et
finances.
1. Les moyens des services
L'ensemble des emplois et des crédits de fonctionnement
du
secrétariat d'Etat aux petites et moyennes entreprises, du commerce et
de l'artisanat sont transférés sur le budget des services communs
du ministère de l'économie et des finances.
Sur ce budget, 38,08 millions de francs sont inscrits au titre de ce
transfert, soit une augmentation de 4 % par rapport au budget pour 1998. Ce
transfert correspond à l'intégration des services du commerce et
de l'artisanat dans une direction du commerce intérieur, de l'artisanat
et des services, au sein du ministère de l'économie et des
finances.
Le secrétaire d'Etat aux PME, au commerce et à l'artisanat a
indiqué devant votre commission que cette réforme permettra de
faire "
rentrer les préoccupations des PME parmi celles du
ministère de l'économie et des finances ".
Votre rapporteur pour avis souhaiterait qu'il en soit ainsi, mais se doit de
souligner les risques que fait courir l'intégration des services du
secrétariat d'Etat au sein du ministère de l'économie et
des finances à la politique en faveur des PME. Ce ministère a, en
effet, très souvent été un frein aux initiatives de
simplification ou de réduction de la fiscalité en faveur des PME.
2. Les aides au commerce et à l'artisanat
Hors
bonifications d'intérêts des prêts aux artisans, les
crédits d'intervention et d'investissement du budget du commerce et de
l'artisanat sont réduits de près de 1 %, passant de 238,1
à 235,9 millions de francs.
Cette évolution recouvre une baisse des crédits d'intervention et
une augmentation des crédits d'investissement. Le tableau ci-dessous
retrace la répartition par nature des dépenses du budget.
RÉPARTITION PAR NATURE DES DÉPENSES DU SECRÉTARIAT D'ÉTAT AUX PME, AU COMMERCE ET À L'ARTISANAT
(en millions de francs)
|
LFI 1998 |
PLF 1999 |
Evolution en % |
Moyens des services (titre III) |
36,6 |
0 |
-100 % 1 |
Interventions publiques (titre IV) |
365 |
358,4 |
-1,8 % |
dont |
|
|
|
Interventions en faveur du commerce et de l'artisanat |
215 |
202,4 |
-3,5 % |
Investissements (titre V) |
0,3 |
0 |
-100 % 1 |
Subventions d'équipement (titre VI) |
23,01 |
28,5 |
+23,9 % |
TOTAL |
425,07 |
386,9 |
-8,98 % |
Source
: PLF 1999
(1)
Transfert.
a) Une baisse des crédits d'intervention
Les
crédits d'intervention du titre IV qui représentent
53,6 % des crédits du secrétariat d'Etat
s'élèvent à 358,4 millions de francs, en diminution de
1,8 % par rapport au budget pour 1998.
Les crédits consacrés aux interventions en faveur du commerce et
de l'artisanat s'élèvent à 202,4 millions de francs,
en diminution de 3,5 % par rapport aux crédits correspondants pour
1998.
INTERVENTIONS PUBLIQUES (en millions de francs)
|
LFI
1998
|
PLF 1999 |
Evolution
|
Interventions en faveur de l'artisanat |
155,0 |
137,4 |
-11,3 % |
Interventions en faveur du commerce |
60,0 |
65 |
+ 8,3 % |
TOTAL |
215 |
202,4 |
-3,5 % |
Cette
diminution recouvre des évolutions contrastées :
-
une réduction de 11,3 % des moyens d'intervention en
faveur de l'artisanat,
qui s'élèvent à 137,4 millions
de francs contre 155 millions de francs en 1998. La baisse des
crédits alloués aux actions territoriales est la principale cause
de la régression des crédits de l'artisanat, les crédits
des aides à la formation et des aides à l'entreprise étant
stables. Cette diminution s'explique, comme en 1997, par un recentrage du
financement de l'animation économique des chambres des métiers
sur le FISAC ;
-
une augmentation de 8,3 % des dotations en faveur du
commerce,
qui s'élèvent à 65 millions de francs,
contre 60 millions de francs en 1998, sous l'effet d'une augmentation des
crédits consacrés à l'aide à la formation. Ces
moyens nouveaux devraient être consacrés à la
création de stages et à la prise en charge de la
rémunération des stagiaires.
b) Une légère progression des crédits d'investissement
Les
crédits d'investissement exprimés en crédits de paiement
s'élèvent à 28,5 millions de francs, en progression
de 23,4 % par rapport à 1998, après une augmentation de
138,9 % en 1998 et une baisse de 50,3 % en 1997.
Sur ce montant, 23,5 millions de francs de crédits de paiement
devraient être consacrés aux aides au commerce et à
l'artisanat dans les zones sensibles, prévues dans le cadre du XIe plan
Etat-Région, soit une augmentation de 17,5 % par rapport aux
crédits correspondants pour 1998.
Le Fonds d'aménagement des structures artisanales devrait
bénéficier des 5 millions restants, ce qui représente
un quasi-doublement des crédits de ce fonds.
c) Les prêts bonifiés aux artisans
Le
financement des entreprises par le biais des prêts bonifiés
constitue la troisième priorité d'action du ministère,
après la formation et les actions économiques et territoriales.
Destinés à financer l'installation et la mise aux normes des
entreprises artisanales, ces prêts bonifiés peuvent
également bénéficier, depuis un arrêté du
25 avril 1997, à l'alimentation de détail et à
la restauration traditionnelle.
En 1998, avec 150 millions de francs d'interventions budgétaires,
une enveloppe de 1,90 milliard de francs a été
distribuée aux entreprises au taux de 3,5 %. Pour 1999, les
crédits budgétaires s'élèvent à
151 millions de francs et devraient permettre de distribuer une enveloppe
de 2 milliards de francs.
B. LES RESSOURCES EXTRA-BUDGÉTAIRES CONSACRÉES AUX PME, AU COMMERCE ET À L'ARTISANAT
Les
crédits du secrétariat d'Etat aux PME, commerce et artisanat sont
complétés par les crédits du Fonds d'intervention pour la
sauvegarde de l'artisanat et du commerce (FISAC).
Alimenté par un prélèvement sur l'excédent du
produit de la taxe d'aide au commerce et à l'artisanat,
créé par la loi n° 72-657 du 13 juillet 1972, ce
fonds est destiné à préserver l'équilibre entre les
différentes formes de commerce et à maintenir des commerces et
des services de proximité.
La dotation du FISAC pour 1999 devrait s'élever à
400 millions comme en 1998, soit un montant comparable à celui du
budget du secrétariat d'Etat aux PME, au commerce et à
l'artisanat.
Les subventions attribuées par le FISAC permettent de financer une
vingtaine de catégories d'opérations. Plus de 50 % des
subventions sont cependant accordées à
quatre catégories d'opérations :
- les opérations de rénovation de halles et
marchés ;
- les opérations en faveur des quartiers sensibles ;
- les opérations de restructuration de l'artisanat et du commerce
(ORAC) ;
- les opérations " 1.000 villages de France " ;
Les opérations financées par le FISAC doivent, sauf exception,
être présentées et conduites par une collectivité
locale, un organisme public ou une association professionnelle et être
menées en concertation avec les différents partenaires
concernés.
Les décisions d'attribution des aides sont prises par le ministre, au vu
des avis émis par une commission, composée de
représentants des chambres consulaires, de professionnels du commerce et
de l'artisanat, et de maires.
Votre commission estime, depuis plusieurs années, qu'une partie des
attributions de cette commission devrait être déconcentrée
au niveau local, afin de réduire les délais d'attribution des
subventions. Elle s'interroge sur les raisons pour lesquelles le ministre
persiste à vouloir écarter cette solution.
C. L'EFFORT FINANCIER DES POUVOIRS PUBLICS EN FAVEUR DES PME
En
application de l'article 106 de la loi de finances pour 1996, voté
à l'initiative du Parlement, le projet de loi de finances pour 1999 doit
être assorti, d'une annexe -dite " jaune budgétaire "-, qui
retrace l'ensemble des efforts financiers de l'Etat en faveur des PME en 1998
et pour 1999.
Pour 1999, les aides budgétaires directes de l'ensemble des
ministères sont évaluées à 81,03 milliards de
francs.
Les budgets concernés sont, par ordre d'importance de leur intervention,
ceux de l'emploi et de la solidarité, de l'économie, des finances
et de l'industrie, de la recherche, de l'agriculture et de la pêche et de
l'aménagement du territoire.
Ces crédits sont complétés par les ressources
affectées du FISAC, des fonds locaux d'adaptation du commerce rural et
de nombreuses taxes parafiscales. Au total, en 1999, ces ressources se sont
élevées à 1,4 milliard de francs.
A ces crédits, il faut ajouter le concours des organismes consulaires,
financés par une imposition additionnelle à la taxe
professionnelle, pour les chambres de commerce et d'industrie et par une taxe
pour frais de chambre des métiers pour ces dernières. Les
chambres consulaires apportent un soutien important aux PME. Elles disposent
d'une gamme étendue de services pour soutenir le développement
des entreprises, dont votre rapporteur pour avis souhaite souligner la
qualité.
En outre, sont comptabilisées au sein de l'effort financier de l'Etat en
faveur des petites et moyennes entreprises, les dépenses fiscales qui
résultent des dispositions fiscales en faveur des PME. Leur montant pour
1999 est évalué à 14 milliards de francs.
II. LES MESURES FISCALES VISANT LES PME INSCRITES DANS LE PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1999
Le projet de loi de finances pour 1999 comporte plusieurs mesures fiscales visant des petites et moyennes entreprises. Parmi ces mesures, il faut relever une réforme de la taxe professionnelle, des dispositions relatives aux entreprises innovantes et à la création d'entreprise, une réduction des droits de mutation en cas de donation et un élargissement de la taxe sur les bureaux d'Ile-de-france aux locaux commerciaux et aux locaux de stockage.
A. LA RÉFORME DE LA TAXE PROFESSIONNELLE
Le
projet de loi de finances pour 1999 prévoit la suppression progressive
sur cinq ans de la part salariale de la taxe professionnelle, qui
représente 35 % de son assiette.
Jusqu'en 2003, les entreprises bénéficieraient d'un abattement
progressif sur le montant des bases taxables de :
- 100 000 francs de réduction par redevable et par
commune la première année, ce qui équivaut à ne pas
taxer 550 000 francs de salaires ;
- 300 000 francs pour la deuxième année, ce qui
équivaut à ne pas taxer 1 670 000 francs de
salaires ;
- et ce, jusqu'à la suppression totale de la part salaires la
cinquième année.
Cette réforme permettrait de supprimer, dès la première
année, la part salaires pour près de 70 % des
établissements redevables de la taxe au titre de la part salaires qui
sont principalement des PME. Elle bénéficierait à
l'ensemble des secteurs économiques et tout particulièrement aux
secteurs à forte intensité de main-d'oeuvre comme les services,
le bâtiment et le commerce.
Au total, la suppression de la part salaires de l'assiette de la taxe
professionnelle permettrait d'alléger les charges des entreprises de
11,8 milliards de francs. Toutefois, compte tenu des mesures annexes, leur gain
net s'élèverait à 7,2 milliards de francs.
Les pertes de recettes subies par les collectivités locales du fait de
cette réforme seraient compensées par le versement de dotations
budgétaires calculées en fonction des taux de taxe
professionnelle de 1998 et des bases de 1999. Entre 1999 et 2003, le montant de
la compensation sera obtenu en appliquant à la compensation de
l'année précédente l'indice d'évolution de la
dotation globale de fonctionnement, à laquelle elle sera
intégrée à compter de 2004.
La réforme se traduira cependant vraisemblablement par une perte de
ressources pour les collectivités locales
.
En effet, l'évolution de la masse salariale est nettement plus dynamique
que celle de la dotation globale de fonctionnement. En 1999, la première
progressera de 4,3 %, contre 2,78 % pour la seconde. Or le mode de compensation
choisi aurait dû garantir les ressources des collectivités locales
" franc pour franc ".
Votre rapporteur pour avis se félicite donc des conséquences
de cette réforme pour les entreprises et pour l'emploi, mais regrette
que le gouvernement ait profité de cette disposition pour limiter
l'autonomie des collectivités locales.
B. LA RÉDUCTION DES DROITS DE MUTATION À TITRE GRATUIT
Votre rapporteur pour avis se félicite également de la réduction des droits sur les donations anticipées d'entreprises. Le dispositif prévu par le projet de loi de finances, s'il ne résout pas toutes les difficultés, devrait néanmoins faciliter les opérations de transmission d'entreprises, qui demeurent des opérations très risquées.
1. La transmission d'entreprises, une opération encore très risquée
Chaque
année, plus de 5.000 PME, de plus de 9 salariés
changent de mains, mettant en jeu directement quelque 200.000 emplois. En
moyenne, un tiers de ces opérations conduisent à un
échec et à la cessation d'activité, c'est dire
l'importance des opérations de transmission dans l'évolution du
nombre de PME en France.
Une étude, réalisée en septembre 1998 par la BDPME sur
3.200 opérations, montre que près de 30 % des
opérations échouent dans les sept ans suivant la
transmission et plus de 20 % dans les cinq premières
années.
Parmi les facteurs d'échec ou de réussite des projets de
transmission d'entreprises, l'étude de la BDPME met au premier plan
des facteurs non financiers tels que :
- le contexte de la transmission : les transmissions mal, voire pas
préparées, consécutives par exemple à la
disparition du dirigeant, sont 1,5 fois plus risquées que celles
faisant suite à son départ en retraite ;
- la taille de l'entreprise rachetée : les risques d'échec
augmentent avec la taille de l'entreprise (avec une exception toutefois : les
entreprises de plus de 100 salariés reprises par des personnes
physiques extérieures à l'entreprise). Ainsi pour les repreneurs
personnes physiques salariées de l'entreprise, le taux d'échec
varie du simple au triple entre les entreprises de moins de
10 salariés et les entreprises employant de 50 à
99 personnes ;
- le type de repreneur : l'étude confirme que la proximité
avec l'entreprise reprise, l'expérience du secteur et la formation du ou
des repreneurs influencent significativement les perspectives de
réussite de la transmission. Lorsque le repreneur est salarié de
l'entreprise rachetée, les chances de réussite sont 1,5 fois
plus élevées que dans le cas inverse. De même, lorsqu'il
connaît déjà le secteur de l'entreprise, elles sont
1,8 fois plus élevées ;
- le nombre de repreneurs : les reprises par des personnes physiques sont
dans l'ensemble facilitées lorsque le nombre des repreneurs est
limité. Il s'agit là d'un des facteurs de risque commun avec la
création d'entreprises ;
- le maintien du cédant dans l'entreprise transmise : le
succès de la transmission semble favorisé quand le cédant
assure une transition.
La réussite d'une opération de transmission reste cependant
largement influencée par des facteurs financiers et en particulier par
la capacité de l'entreprise à supporter dans les années
qui la suivent, l'endettement et les charges financières liés au
financement de la reprise.
2. Une réduction générale des droits de mutation en cas de donation
Dans
ce contexte, on ne peut que se féliciter de la diminution des droits de
mutation à titre gratuit inscrite dans le projet de loi de finances pour
1999.
Afin d'inciter les contribuables à organiser, de leur vivant, la
transmission totale ou partielle de leur patrimoine, tout un ensemble de
mesures avait déjà été adopté dans les
années récentes :
- la réduction des taux applicables aux donations-partages
(35 % si le donateur est âgé de moins de 65 ans,
25 % s'il a entre 65 ans et moins de 75 ans) ;
- l'extension des réductions précitées aux donations
à un enfant unique ;
- l'institution d'une réduction des droits applicables à
toutes les autres donations, dont le taux varie en fonction de l'âge du
donateur (25 % si le donateur a moins de 65 ans, 15 % s'il a
entre 65 ans et moins de 75 ans) ;
- l'institution d'un abattement de 100.000 francs pour les donations
de grands-parents à petits-enfants.
En outre, à titre temporaire, l'ensemble des donations consenties entre
le 1er avril 1996 et le 31 décembre 1998, par les
donateurs âgés de 65 ans révolus et de moins de
75 ans, auront bénéficié des réductions de
droits applicables aux donations réalisées par les donateurs de
moins de 65 ans.
Le régime du paiement fractionné ou différé des
droits d'enregistrement a également été modifié,
avec la substitution de l'intérêt légal au taux
d'intérêt en vigueur, taux déjà lui-même
réduit de deux-tiers en cas de transmission d'entreprise.
Enfin, un régime temporaire d'évaluation des entreprises
prémunit le chef d'entreprise contre la remise en cause, par
l'administration fiscale, de l'évaluation de la société ou
de l'entreprise, dès lors qu'il s'engage à respecter un cahier
des charges. Cette mesure est applicable jusqu'au
31 décembre 1999, date à laquelle elle fera l'objet
d'un bilan.
Dans la continuité de la politique menée par les gouvernements
précédents, le Gouvernement propose dans le projet de loi de
finances pour 1999, une réduction générale des droits de
mutation dans deux cas de figure :
- pour les donations (mutations à titre gratuit). Elles sont en
principe soumises au même tarif d'enregistrement que les successions.
Toutefois, afin de favoriser les donations et de permettre, en particulier, aux
chefs d'entreprises de préparer la transmission de leur patrimoine, le
Gouvernement propose une réduction de 50 % des droits pour les
donations consenties avant 65 ans, et une réduction de 30 %
des droits pour les donations entre 65 et 75 ans ;
- pour les mutations à titre onéreux des immeubles
professionnels. Actuellement, celles-ci sont soumises à un droit
d'enregistrement de l'ordre de 18,20 %. Le tarif des cessions d'actions
est de 1 % plafonné à 20.000 francs par mutation et
celui de la cession des parts de SARL est de 4,80 %.
Le Gouvernement propose un taux général de
4,80
%
:
- pour les cessions de titres de sociétés, quelque soit leur
forme sociale, lorsque leur actif net est principalement composé
d'immeubles ;
- pour les cessions d'immeubles professionnels.
Cette unification du régime d'imposition des cessions de locaux
professionnels à 4,80 % fait disparaître une
inégalité de traitement, dont souffraient jusqu'à
présent les entreprises artisanales exploitées sous forme
personnelle.
C. UNE EXTENSION DU RÉGIME FISCAL APPLICABLE AUX MICRO-ENTREPRISES
Dans le
prolongement des mesures de simplification adoptées en 1998, le projet
de loi de finances prévoit une extension du
champ d'application
du régime fiscal simplifié applicable aux
micro-entreprises
.
Actuellement les entreprises dont le chiffre d'affaires annuel n'excède
pas 100 000 francs hors taxes bénéficient d'un régime
simplifié d'imposition dit des micro-entreprises, qui les dispense de
certaines formalités ou obligations déclaratives.
Le projet de loi de finances prévoit de relever le seuil d'application
du régime des micro-entreprises à :
- 500 000 francs hors taxes pour les entreprises d'achat et revente de
marchandises ou de fournitures de logement ;
- 175 000 francs hors taxes pour les autres entreprises prestataires de
services et les titulaires de revenus non commerciaux.
En outre, la franchise en base de taxe sur la valeur ajoutée qui permet
de dispenser les petits redevables de la déclaration et du paiement de
la taxe verrait sa limite d'application actuelle (100 000 francs hors T.V.A.)
alignée sur les nouvelles limites du régime des micro-entreprises
(500 000 francs et 175 00 francs).
Ainsi, le nouveau champ d'application du régime des micro-entreprises
recouvrirait les régimes du forfait et de l'évaluation
administrative. Il est donc proposé de supprimer ces deux régimes
dans le souci de ne pas multiplier artificiellement le nombre de régimes
d'imposition des petites entreprises.
Cette mesure concerne environ un demi-million d'entreprises qui seraient donc
exonérées de taxe sur la valeur ajoutée et
dispensées du dépôt d'une déclaration de
résultat.
Votre rapporteur pour avis se félicite de cette mesure qui devrait
favoriser la création d'entreprises. Il regrette, en revanche, qu'on ait
limité sa portée en étendant les cas où
l'administration fiscale pourra procéder à des évaluations
d'office.
Cette mesure est, en outre, accompagnée d'un allégement des
obligations déclaratives des redevables de la TVA.
Les redevables soumis au régime simplifié d'imposition,
c'est-à-dire les entreprises dont le chiffre d'affaires n'excède
pas 1,5 million de francs ou 5 millions de francs selon la nature de
l'activité exercée, doivent en principe déposer chaque
année quatre déclarations trimestrielles abrégées
accompagnées de versements provisionnels, puis une déclaration
récapitulative l'année suivante. La gestion de ce dispositif est
relativement lourde et complexe pour les petites entreprises.
Il est proposé d'instituer un nouveau régime de
déclaration et de paiement de la TVA pour les redevables soumis au
régime simplifié d'imposition. Dorénavant, ces redevables
déposeraient, au titre de chaque année ou exercice, une seule
déclaration qui déterminerait la taxe due au titre de la
période et le montant fixe des acomptes trimestriels pour la
période ultérieure. 1 154 000 entreprises
bénéficieraient de cette simplification. Ce sont donc, au total
7 240 000 déclarations qui devraient être
supprimées chaque année.
D. DES DISPOSITIONS EN FAVEUR DES ENTREPRISES INNOVANTES ET DE LA CREATION D'ENTREPRISES
En
matière de soutien aux entreprises innovantes et de création
d'entreprises, le projet de loi de finances pour 1999 propose plusieurs mesures
intéressantes :
- l'extension de la réduction d'impôt relative aux dons aux
personnes physiques qui participent au financement d'entreprises (article 3) ;
- l'extension aux sociétés créées depuis moins
de quinze ans (au lieu de sept actuellement) du report d'imposition des
plus-values de cessions de titres réinvestis en fonds propres des PME et
des bons de souscription des parts de créateurs d'entreprises ;
- la reconduction pour 5 ans du régime du crédit
d'impôt-recherche afin de permettre aux entreprises de mobiliser la
créance qu'elles détiennent sur l'Etat auprès d'un
organisme financier (article 64).
E. L'ÉLARGISSEMENT DE LA TAXE SUR LES BUREAUX D'ILE-DE-FRANCE AUX LOCAUX COMMERCIAUX ET AUX LOCAUX DE STOCKAGE
L'article 26 du projet de loi de finances pour 1999 a pour
objet
d'accroître les ressources du Fonds d'aménagement de la
région Ile-de-France (FARIF), en élargissant l'assiette de la
taxe sur les bureaux qui l'alimente aux locaux commerciaux et aux locaux de
stockage de plus de 300 m² afin de préserver la capacité de
l'Etat à financer les investissements d'infrastructure en Ile-de-France.
Votre rapporteur pour avis s'élève avec vigueur contre cette
mesure arbitraire qui n'a pour objet que de combler un besoin de financement de
l'Etat au détriment des commerçants.
Cette mesure risque, en effet, d'alourdir de façon excessive les charges
de la grande majorité des commerçants. La définition large
du local commercial retenue par le gouvernement et la prise en compte des "
réserves attenantes ", conduit à englober aussi bien les
commerces de détail que les grossistes, les hôtels que les grandes
surfaces, les commerces urbains que les entrepôts agricoles.
Alors même que la politique de l'aménagement tend à
préserver l'activité des commerces dans les zones
périurbaines, cette nouvelle taxe vient pénaliser l'ensemble des
activités de distribution, qui souffrent déjà d'une
taxation élevée.
Le choix d'étendre la taxe sur les bureaux aux commerces et aux
locaux de stockage est, par ailleurs, en contradiction avec la logique
même de cette taxe
. A l'origine,la taxe sur les bureaux tendait, en
effet, à inciter les entreprises à délocaliser leurs
sièges sociaux hors de la région Ile-de-France. Cette logique
n'est aucunement transposable aux commerces, hôtels, cafés ou
restaurants qui accueillent la clientèle locale. Contrairement aux
bureaux, les locaux commerciaux ne peuvent pas se délocaliser les
commerçants seront donc contraints de supporter une charge nouvelle, au
détriment d'éventuelles créations d'emplois.
Le dispositif de tarification en fonction du nombre de mètres
carrés est également économiquement injustifiable
.
Comme l'a elle même souligné Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat aux PME, au commerce et à l'artisanat, le 5
octobre dans le journal Les Echos
" la surface n'est pas une bonne
référence pour la distribution, tant les chiffres d'affaires au
mètre carré peuvent varier
".
Le coût de l'élargissement de cette taxe pour les entreprises
est, en outre, particulièrement élevé
. Cette mesure
devrait, en effet, se traduire par un prélèvement de 544 millions
de francs en 1999 et de 1.200 millions de francs en 2004. D'après des
chiffrages transmis à votre rapporteur pour avis, cela représente
pour nombre de commerces l'équivalent d'une augmentation de 5 à
10 % du montant des loyers acquittés par les entreprises de
distribution et de stockage.
Comme le souligne le rapporteur général de la commission des
finances : "
il est surprenant de constater que le gouvernement,
fraîchement converti aux vertus des allégements de charges,
reprenne aux entreprises d'Ile-de-france par la taxe FARIF les
bénéfices qu'elles auraient retiré de la suppression de la
part salaire de la taxe professionnelle
"
6(
*
)
.
La comparaison entre les effets respectifs des deux réformes permet non
seulement de mettre en lumière l'absence de cohérence de l'action
du gouvernement, mais également de prendre la mesure de l'importance de
la charge nouvelle imposée aux entreprises.
C'est pourquoi votre rapporteur pour avis a pris l'initiative de
déposer un amendement de suppression de l'article 26 du projet de loi de
finances.
*
* *
Suivant la proposition de son rapporteur pour avis, la commission des Affaires économiques a donné un avis favorable à l'adoption des crédits consacrés aux PME, au commerce et à l'artisanat, inscrits dans le projet de loi de finances pour 199
1
La consommation commercialisable
regroupe
tous les produits susceptibles d'être distribués par le commerce
deen détail.
2
Pour leurs ventes au détail et leurs prestations de
réparation.
3
A l'exclusion des ventes et réparations de véhicules
automobiles, y compris les ventes et réparations de motocycles.
4
Ventes au détail du commerce de gros et de divers
prestataires de services ainsi que ventes directes des producteurs.
5
Rapport n° 279 de la commission d'enquête
chargée de recueillir des éléments d'information sur les
conséquences financières, économiques et sociales de la
décision de réduire à trente-cinq heures la durée
hebdomadaire du travail.
6
Les conditions générales de l'équilibre
financier, Tomes II, rapport général fait au nom de la commission
des finances par M. Philippe Marini, rapporteur
général.