D. LA RÉUNION : UNE LÉGÈRE AMÉLIORATION DE LA CONJONCTURE ÉCONOMIQUE
L'année 1995 a été marquée à la Réunion par une bonne tenue de la demande intérieure, alimentée par des revalorisations salariales importantes et par la reprise du crédit à la consommation. Cette conjoncture a surtout bénéficié au secteur commercial, et dans une moindre mesure à l'industrie agro-alimentaire locale. Pour le reste, les évolutions sectorielles sont restées mitigées. Les résultats encourageants de la campagne sucrière et de certaines filières animales ont contrasté avec la persistance de difficultés dans le secteur du bâtiment et des travaux publics et les problèmes récurrents des activités agricoles traditionnelles. De façon structurelle, la situation de l'emploi s'est encore dégradée et le nombre de bénéficiaires du revenu minimum d'insertion est demeuré à un niveau très élevé.
1. Les difficultés du marché de l'emploi
Dans un contexte pourtant caractérisé par une progression sensible des offres d'emploi, la situation du marché du travail ne s'est pas améliorée et le nombre de demandeurs d'emploi a atteint 88.842 personnes à la fin de l'année, soit un indicateur de chômage de 37,3 %. Toutefois, le chômage de longue durée et celui des jeunes de moins de 25 ans ont pu être contenus sous l'effet du renforcement du dispositif de lutte contre le chômage, en particulier grâce à la croissance significative des contrats emploi-solidarité signés ou renouvelés en 1995.
Après la forte augmentation enregistrée en 1994, le nombre d'allocataires du revenu minimum d'insertion s'est stabilisé autour de 48.500 personnes en 1995. Ce dispositif concerne de façon directe ou indirecte près de 20 % de la population du département.
2. L'amélioration du pouvoir d'achat
Fait majeur de l'année, les principaux salaires ont été revalorisés dans des proportions très importantes. Entre le 1er décembre 1994 et le 1er janvier 1996, le SMIC a été relevé de plus de 15 %, entraînant, par effet de diffusion, des négociations salariales dans la plupart des branches professionnelles du secteur privé. Dans le BTP, les rémunérations minimales ont été revalorisées de 4 % le 1er juin 1995, tandis que les salaires de la fonction publique ont enregistré un relèvement de 2,6 %. Au total, l'inflation ayant été limitée à 2 % le pouvoir d'achat des ménages s'est nettement redressé, favorisant une reprise significative de la consommation. Poursuivant la tendance observée en 1994, le marché du véhicule neuf s'est de nouveau développé (+11,1%), en s'appuyant largement sur le crédit à la consommation dont l'encours a notablement progressé. En revanche, l'investissement en logement a marqué le pas, comme en témoignent le ralentissement de l'encours des crédits à l'habitat pour les particuliers et le recul du nombre de permis de construire délivrés en 1995.
3. Une situation économique contrastée
Sur le plan agricole, le bilan de la campagne sucrière 1995-1996 est globalement positif, la production de canne et de sucre s'étant sensiblement redressée après deux années de baisses successives. La restructuration de l'outil industriel a été poursuivie. Par ailleurs, dans le cadre de la politique de diversification énergétique, la centrale thermique bagasse/charbon du Gol est entrée en fonctionnement dans le courant de l'année.
La situation des filières animales apparaît plus contrastée que les années précédentes. Si les productions laitières et avicoles continuent de se développer rapidement, la filière porcine a pâti d'une demande modérée dans un marché caractérisé par une légère surproduction, tandis que la filière bovine reste confrontée à la concurrence des produits importés.
La grande distribution alimentaire, dont l'essor est limité par la taille du marché et par une réglementation plus restrictive, a pleinement bénéficié de l'accroissement du pouvoir d'achat des ménages. Les principales enseignes se sont attachées à consolider leurs positions par des mouvements de concentration. Parallèlement, les petits commerces de centre-ville qui cherchent à s'adapter, se sont engagés, sous l'impulsion de la Chambre de commerce et d'industrie, dans un programme de modernisation.
L'activité du secteur du bâtiment et des travaux publics a été comparable à celle de l'année précédente, aucune reprise sensible du courant d'affaires n'ayant été enregistrée. L'absence de signes tangibles de relance a pesé sur les entreprises. La forte concurrence et les augmentations salariales ont conduit à de nombreuses défaillances d'entreprises et des nouvelles réductions d'effectifs employés.
Bien que moins rapide qu'en 1994, l'accroissement du trafic passagers enregistré à l'aéroport de la réunion Roland Garros continue de favoriser le développement de l'activité touristique. Cependant, l'évolution positive des flux ne bénéficie encore que partiellement à la fréquentation hôtelière.
Enfin, la situation financière des collectivités locales est dans l'ensemble satisfaisante, depuis que la mise en oeuvre des financements importants prévus au titre du Contrat de plan État-Région 1994-1999 a débuté.
SOLDE DES ÉCHANGES EXTÉRIEURS DEPUIS 1992