B. L'AUGMENTATION STRUCTURELLE DE LA DÉLINQUANCE JUVÉNILE
En dépit de cette activité importante, la protection judiciaire de la jeunesse doit aujourd'hui faire face à une augmentation de la délinquance juvénile que semblent révéler plusieurs indices :
- l'augmentation du nombre de jeunes pris en charge (+ 3,5 %) qui était de 125 538 au 31 décembre 1992 ;
- l'augmentation du nombre de mineurs incarcérés au 1er janvier, passés de 513 en 1994 à 533 en 1995. On observera cependant que cette évolution est intégralement due à l'augmentation de la détention provisoire, le nombre de mineurs condamnés incarcérés étant passé de 133 à 130 ;
- l'augmentation du nombre de mineurs délinquants ayant fait l'objet d'une décision de justice par les juridictions de la jeunesse : 51 933 en 1993 contre 50 400 en 1990. Selon un rapport récent du syndicat des Commissaires et Hauts fonctionnaires de la police nationale, alors que l'année 1994 a marqué un coup d'arrêt à la délinquance générale, la délinquance des mineurs s'est accrue de 16,80 % ; la tendance se serait accentuée en 1995 puisque, au premier semestre, les mineurs ont représenté 20,33 % des personnes interprétées contre 17,28 % en 1994.
En outre, les mineurs sont impliqués dans des agissements particulièrement graves tels que les vols à main-armée (pour lesquels 28 % des personnes mises en cause sont des mineurs) ou les vols avec violences (pour lesquels 37 % des mis en cause sont mineurs).
Les causes de cette évolution inquiétante sont multiples : sentiment d'exclusion lié à un chômage qui frappe avant tout les jeunes, lacunes du système d'éducation et perte des repères sociaux sont fréquemment considérés comme des facteurs essentiels.
Le rapport précité du syndicat des commissaires et haut fonctionnaires de la police nationale a mis en avant un autre facteur primordial d'augmentation de la délinquance juvénile : la large impunité dont bénéficient, de fait, les mineurs auteurs d'infractions pénales.