B. DES CONSÉQUENCES À MOYEN TERME SUR L'INVESTISSEMENT ?
À plusieurs reprises, le gouvernement a invité les universités à mobiliser « les réserves en fond de roulement qui dorment ». Au contraire, les représentants des universités ont dénoncé ce « mythe du milliard d'euros des fonds de roulement disponibles », soulignant que « 80 % de ces sommes étaient engagées ».
En 2022, une vingtaine d'universités étaient en déficit au lieu de trois ou quatre les années précédentes. Michel Deneken, président de l'union des dix grandes universités françaises (Udice), a indiqué que les deux tiers des budgets des établissements de l'Udice sont en déficit cette année.
C'est à très court terme leur autonomie qui est en jeu : en cas de vote d'un budget initial déficitaire deux années consécutives, l'établissement risque une reprise en main par un administrateur provisoire nommé par le recteur. Certes, la ministre a demandé aux rectorats de faire preuve de bienveillance dans le contrôle de légalité des budgets en déficit. Mais d'une part il ne s'agit pas, de l'avis même des présidents d'université, d'une gestion financière sereine. D'autre part, nul ne sait pendant combien de temps le ministère va tolérer ces déficits. Dans ces conditions, l'abaissement de la réserve prudentielle de 30 à 15 jours de fonctionnement permet certes de rendre mobilisables des crédits au sein du fonds de roulement, mais s'apparente davantage à « une fuite en avant ».
À plus long terme, certains présidents d'université font désormais part de leurs inquiétudes en termes d'offres de formation impactées par ces contraintes budgétaires, à l'heure où le gouvernement leur demande d'en développer pour répondre notamment aux besoins des métiers en tension et d'avenir.
À trop puiser dans les fonds de roulement, le risque est désormais réel pour certaines universités de devoir différer des projets d'investissement, ou encore de revoir le périmètre de leurs missions. C'est également de l'attractivité des universités dont il est question, alors que des postes ne sont déjà pas pourvus et que près de la moitié des cadres supérieurs des universités vont partir à la retraite d'ici 2033.