II. ... QUI POSE LA QUESTION DE L'EFFICACITÉ DE LA DÉPENSE
A. DES RÉSULTATS QUI DEMEURENT MITIGÉS AUX ÉVALUATIONS NATIONALES
Pour le ministre de l'éducation nationale, « l'investissement majeur sur les REP (réseaux d'éducation prioritaire) porte ses fruits », si l'on s'en tient aux résultats des évaluations nationales. En CP, les écarts entre les élèves scolarisés en REP+ et ceux du secteur public hors éducation prioritaire retrouvent globalement leur niveau de 2019 en français et se réduisent en mathématiques.
En 6e - soit la génération rentrée au CP en 2017, année du début du dédoublement des classes de CP en REP+ -, les performances des élèves en français ont augmenté de 6,7 points par rapport à celles observées à la rentrée 2017 et de 4,1 points en mathématiques. Selon les informations transmises par le ministère, ces progrès sont fortement tirés par les résultats en éducation prioritaire. Les élèves scolarisés en REP+ ont « le plus progressé en français ».
Mais, derrière ce satisfecit gouvernemental, des questions se posent : tous secteurs de scolarisation confondus, la DEPP observe dans les évaluations de CE1 une légère baisse globale des résultats en français par rapport à 2019. Celle-ci est plus fortement marquée dans la compréhension d'un texte lu seul, la compréhension écrite de phrase et la lecture à voix haute de mots.
Par ailleurs, si le ministre se félicite d'un écart qui se stabilise en CE1 entre élèves scolarisés en éducation prioritaire et ceux scolarisés hors éducation prioritaire, le rapporteur note pour sa part que deux années en classe dédoublée (en grande section, et en CP), n'ont pas permis une réduction de celui-ci.
Les évaluations de CM1 présentent également des résultats contrastés :
Source : DEPP, évaluations 2023, repères CM1, premiers résultats novembre 2023
En français, 45 % des élèves ont des difficultés pour lire un texte à voix haute ou identifier des éléments basiques de grammaire (relation sujet-verbe), un tiers a des difficultés pour comprendre un texte lu seul.
En mathématiques, la moitié seulement maitrise le calcul. Surtout, et alors que la génération d'élèves de CM1 en REP et REP+ ont bénéficié de classes dédoublées depuis le CP (en 2020), les écarts dans la maîtrise des compétences restent importants. Ils sont en français de 14 à 20 points entre les élèves de REP+ et les élèves scolarisés dans le public hors éducation prioritaire. En mathématiques, ces écarts varient entre 5 et 24 points.
· L'évaluation de quatrième, révélatrice d'un collège en recul
Pour la première fois, se sont tenues des évaluations en classe de 4ème. Selon le ministre, « le risque, si on ne fait rien, c'est que notre collège tombe en panne ». Pour le rapporteur, il n'est plus question de risque : le collège est déjà en panne, voire recule. Ainsi, un élève sur quatre n'a pas le niveau de lecture attendu à la fin du CM2. Par ailleurs, comme l'a indiqué Gabriel Attal lors de son audition devant le Sénat, « un peu plus de la moitié des élèves ne lisent pas convenablement, et en mathématiques, plus de la moitié ne maîtrisent pas la résolution des problèmes et la géométrie ».
Le collège n'arrive plus à assurer la maîtrise des savoirs fondamentaux pour une part importante d'élèves : 25 % des candidats au brevet des collèges obtiennent moins de 4/20 en mathématiques. Cette note est d'ailleurs celle la plus distribuée.
Les tests de positionnement de début de seconde confirment cette panne du collège : au lycée professionnel, deux élèves sur trois en mathématiques et un élève sur quatre en français ont une maitrise insuffisante des compétences attendues. En lycée général et technologique, ce sont deux élèves sur dix qui ont une maîtrise insuffisante des compétences attendues en mathématiques.