B. UNE DÉVITALISATION DE LA FONDATION
Au cours de l'été 2018, votre rapporteur pour avis a mené des auditions consacrées au rapprochement Institut français/Fondation Alliance française, conjointement avec ses collègues rapporteurs pour avis de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, Robert Del Picchia et André Vallini.
À l'issue de ce cycle d'auditions, il estime que ce « rapprochement » cache en réalité une certaine « dévitalisation » de la Fondation . Certes, la Fondation ne disparaît pas, contrairement à ce qui avait pu être envisagé dans certains scenarii , mais :
- elle devrait être réduite à six ou huit équivalents temps plein d'ici la fin de l'année ;
- les postes de ses délégués régionaux seront supprimés ;
- les directeurs mis à disposition des alliances locales sont de moins en moins nombreux et il est probable que l'on s'achemine, année après année, vers leur disparition.
Alors que le Plan Langue française et Plurilinguisme prévoit qu'« à Paris, Institut français et Alliance seront réunis dans un même lieu pour renforcer les synergies des acteurs qui concourent à la langue française dans le monde », votre rapporteur reste très dubitatif sur ces hypothétiques synergies qui risquent d'être au final très limitées, en raison de la faiblesse des effectifs et compétences résiduels de la Fondation.
En outre, une certaine méfiance latente entre l'Institut et la Fondation demeure :
- les deux « partenaires » se parlent manifestement très peu ;
- l'Institut n'a embauché aucun des personnels dont la Fondation a dû se séparer ;
- la question des locaux est encore loin d'être réglée :
o les travaux d'aménagement du Boulevard Raspail en vue d'accueillir l'Institut pourraient durer deux ans et atteindre quinze à dix-huit millions d'euros, probablement à la charge de la Fondation mais sans visibilité à ce stade sur le loyer qu'elle pourrait réclamer en contrepartie à l'Institut ;
o de son côté, l'Institut pourrait être amené à rester un an de plus sur son site actuel 32 ( * ) , soit un an au-delà du bail initial, ce qui pourrait conduire à quelques douloureux surcoûts de fonctionnement.
Sur le terrain, les « concurrences » entre instituts et alliances auxquelles on avait pu assister il y a quelques années sont désormais résiduelles.
Les synergies entre Alliances françaises et instituts français vues par le ministère « La recherche de synergies avec le réseau des Alliances françaises est une préoccupation constante du ministère. Dans la majorité des pays, les deux réseaux sont complémentaires et permettent un maillage territorial efficient, les établissements à autonomie financière (EAF) et les Alliances françaises étant implantés dans des villes et sur des territoires distincts. C'est notamment le cas en Chine, en Inde, au Brésil, aux États-Unis, en Russie, en Espagne, en Italie et en Roumanie. Cette complémentarité fait l'objet d'adaptations permanentes. C'est ainsi qu'en 2013, l'antenne de l'EAF d'Italie à Venise a été fermée. L'Alliance française sur place reste active. Une disposition semblable a été prise en Slovaquie, à Koice, en 2014 et à Kharkiv en 2015. Dans les pays sans EAF, le réseau des Alliances constitue le relais de l`action linguistique et culturelle menée par nos postes (Australie, Venezuela, Thaïlande, Philippines, Irlande...). Dans certains postes à présence diplomatique (PPD), l'Alliance française peut agir comme opérateur du service de coopération et d'action culturelle (SCAC), c'est notamment le cas en Zambie avec l'Alliance française de Lusaka. Le chantier ouvert du rapprochement des têtes de réseau parisiennes, de l'Institut français et de la Fondation Alliance française, offre l'occasion, au cours des prochains mois et à partir de 2019, de mettre davantage en cohérence les réseaux de nos EAF et des Alliances françaises conventionnées, dans un but de rationalisation de nos moyens et de maximisation de notre influence . » Source : Réponse au questionnaire de votre rapporteur pour avis |
Pour votre rapporteur pour avis, il est peut-être temps de penser un schéma d'organisation-type qui pourrait être privilégié chaque fois que les circonstances locales le permettent. C'est ainsi qu'il préconise de maintenir un institut par pays, dans la capitale, et des alliances dans les territoires périphériques . Ce schéma permettrait de transformer certains instituts actuels en alliances, et ainsi de réaliser des économies. Mais ce schéma supposerait que l'institut central mutualise systématiquement ses actions et ses ressources au profit des alliances et qu'il constitue pour les alliances périphériques un véritable centre de ressources.
Les ambitions présidentielles pour le réseau des Alliances françaises Le Plan Langue française et Plurilinguisme prévoit que « l'État confirmera son soutien au réseau des alliances, dont le suivi se fera davantage au niveau local. L'expansion du réseau des alliances sera assuré à travers 10 ouvertures par an, à partir de 2019 ». Cet objectif ne devrait pas être trop difficile à atteindre : le rythme d'ouvertures s'établit, bon an, mal an, entre six et douze ouvertures d'alliances chaque année. Il s'agit toutefois d'un objectif sur lequel les pouvoirs publics n'ont que peu de mainmise : les ouvertures d'alliances françaises dépendent très largement d'initiatives locales. Source : Plan Langue française et Plurilinguisme |
Ouvertures et fermetures d'alliances françaises dans le monde
Source : Commission de la culture, de l'éducation et de la communication du Sénat, d'après les réponses au questionnaire budgétaire de votre rapporteur pour avis
D'une façon générale, tant l'Institut français, que les ambassades et les instituts français, doivent apprendre à travailler main dans la main avec le réseau des alliances françaises, sans froisser les susceptibilités locales et en faisant remonter les besoins et les demandes de ce réseau qui constitue une « pépite » pour notre pays et notre langue.
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Sous réserve de ces observations, votre rapporteur pour avis a recommandé à votre commission de la culture, de l'éducation et de la communication de donner un avis favorable à l'adoption des crédits du programme 185 - « Diplomatie culturelle et d'influence » au sein de la mission « Action extérieure de l'État » du projet de loi de finances pour 2019.
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La commission de la culture, de l'éducation et de la communication a émis un avis favorable à l'adoption des crédits du programme 185 - « Diplomatie culturelle et d'influence » de la mission « Action extérieure de l'État » du projet de loi de finances pour 2019.
* 32 Carré Suffren à Paris, qu'il a intégré fin 2011 pour une durée de neuf ans.