L'AVENIR DE L'AUDIOVISUEL PUBLIC MARQUÉ PAR LA RECHERCHE DE MUTUALISATIONS

II. L'AVENIR DE L'AUDIOVISUEL PUBLIC MARQUÉ PAR LA RECHERCHE DE MUTUALISATIONS

A. LE RENFORCEMENT DES MUTUALISATIONS SE FAIT ATTENDRE

Votre rapporteur pour avis a déjà eu l'occasion de regretter l'absence de coordination entre les différents COM des sociétés de l'audiovisuel public. Ce besoin de mutualisations a pourtant été mis en évidence par le rapport du groupe de travail sur l'avenir de France Télévisions coordonné par Marc Schwartz en février 2015. Celui-ci avait insisté sur la nécessité « de mieux coordonner les stratégies des groupes publics, notamment dans les domaines de l'information, du numérique, de la couverture des grands événements ou de la formation des personnels » . La mise en commun de moyens doit permettre à la fois de générer des économies et de dégager des marges de manoeuvre pour permettre d'améliorer l'offre de programmes sur l'ensemble des supports.

Suite au rapport Schwartz, un comité stratégique de l'audiovisuel public a été mis en place. Il s'est réuni le 21 octobre 2015 pour évoquer, en particulier, la nécessité de mieux coordonner les actions pour renforcer la cybersécurité suite à l'attaque qui a frappé TV5 Monde en avril 2015 et lancer un projet d'offre publique d'information en continu commun à France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l'INA.

Votre rapporteur pour avis ne peut que regretter que le comité stratégique de l'audiovisuel public ne se soit pas réuni depuis l'automne 2015. Cette absence ne peut que confirmer le caractère non prioritaire des mutualisations dans l'audiovisuel public, ce qui est regrettable.

B. L'EXPÉRIENCE DE LA CHAÎNE FRANCEINFO CONSTITUE NÉANMOINS UN PRÉCÉDENT INTÉRESSANT

La présidente de France Télévisions a longtemps évoqué l'idée de lancer une nouvelle offre d'information, uniquement sur Internet, pour répondre au développement des nouveaux usages, notamment mobiles. Une nouvelle offre complète a été lancée le 1 er septembre 2016. Elle s'appuie sur la radio, une nouvelle application commune à Radio France et France Télévisions ainsi qu'une véritable chaîne de télévision dotée d'une fréquence hertzienne sur la TNT (canal 27) et diffusée par les principaux réseaux des opérateurs de télécommunication. À l'occasion de ce lancement, les habillages de la radio ont été revus et harmonisés de telle façon qu'une identité commune aux trois médias soit constituée.

Cette nouvelle offre d'information associe quatre sociétés de l'audiovisuel public : France Télévisions, Radio France, France Médias Monde ainsi que l'INA. Chacune de ces sociétés fournit des contenus qui peuvent être spécifiques (module, magazine, duplex...) qui, assemblés, permettent de constituer la grille de programme. Toutefois, c'est France Télévisions qui porte le projet et sa présidente qui en assume la responsabilité éditoriale, des conventions ayant été signées avec les autres sociétés pour définir les modalités de leur participation.

Cette organisation « souple » a permis de lancer le projet en un an, ce qui correspond à un délai relativement court pour une entreprise aussi complexe. Chacun des partenaires a proposé d'apporter son savoir-faire : l'INA en préparant des séquences extraites de ses archives, France Médias Monde en mettant à disposition son signal en français, la nuit, plusieurs magazines ainsi que des duplex sur les questions internationales tandis que Radio France a pris en charge, en particulier, l'interview du matin et les rappels de titres. L'absence de publicité - que votre rapporteur pour avis salue - et la multiplication des animations donnent à cette offre une « allure » particulière, plus proche d'un site comme YouTube que d'une chaîne de télévision, selon un dirigeant d'un groupe de télévision auditionné par votre rapporteur pour avis.

En revanche, la multiplication des formats donne également le sentiment que cette antenne manque d'unité et peine à conserver l'attention du téléspectateur en raison du style assez décousu qui résulte de la priorité donnée à des formats détachés de l'actualité « chaude ». Une modification de la grille est cependant prévue d'ici quelques semaines afin de renforcer sa cohérence et réduire cette difficulté.

En termes de moyens, la présidente de France Télévisions a expliqué à votre rapporteur pour avis qu'il n'existait pas à proprement parler de « rédaction » de la chaîne Franceinfo. Les effectifs dédiés devraient, à terme, être composés pour moitié de personnels redéployés et de recrutements. Compte tenu des délais très courts pour préparer le lancement de la chaîne, des CDD ont été conclus qui devraient être remplacés par des emplois permanents.

Après un effet « découverte » constaté lors du lancement, l'audience de la chaîne reste pour le moment assez faible. France Télévisions ne publie pas de chiffres au motif que le coût des études de Médiamétrie serait prohibitif compte tenu du budget de la chaîne (environ 1,5 million d'euros). Les résultats sont cependant plus satisfaisants sur Internet où l'application Franceinfo se classe maintenant en 4 e position derrière Le Figaro , Le Monde et L'internaute .

La direction de France Télévisions estime que la valorisation de l'application mobile en prolongement des différentes éditions d'information du groupe constitue une priorité. Elle se félicite en particulier que 60 % des 3,9 millions de vidéos vues l'aient été sur mobile et que l'audience du site soit 10 % supérieur à ce qu'étaient les audiences cumulées des sites de FranceTV Info et France Info.

Plan d'affaires prévisionnel de Franceinfo

(en milliers d'euros)

NB : Le coût net groupe inclut le coût net pour FTV des partenariats avec l'INA et FMM.

Source : France Télévisions

En termes de coût, le plan d'affaires prévoit qu'en 2017 le coût net pour le groupe France Télévisions sera de 15,8 millions d'euros. L'augmentation des redéploiements de personnels, à partir de 2018, devrait permettre d'abaisser le coût total. Votre rapporteur pour avis estime que le coût de cette nouvelle chaîne reste contenu grâce aux mutualisations. Il sera particulièrement attentif dans les mois qui viennent à l'évolution des contenus, qui, selon lui, doivent privilégier la rigueur, le sérieux et la neutralité.

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