C. FAIRE DU SERVICE CIVIQUE UN VÉRITABLE INSTRUMENT DE COHÉSION SOCIALE, EN L'ARTICULANT AVEC LES DISPOSITIFS D'INSERTION PROFESSIONNELLE
En matière de mixité sociale, le service civique enregistre des résultats encourageants même si des freins subsistent. En effet, les jeunes peu diplômés demeurent sous-représentés parmi les engagés de service civique ; la part des jeunes issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville demeure inférieure à l'objectif ; la part des jeunes handicapés reste faible.
De nombreuses actions visant à assurer une plus grande mixité du dispositif ont d'ores et déjà étaient mises en oeuvre par l'Agence du service civique : accompagnement des organismes, mise en place de programmes spécifiques à destination des publics les plus éloignés tels que le dispositif « décrocheur »... L'objectif est non seulement d'accroître la mixité sociale mais également d'améliorer l'accueil des volontaires handicapés, de donner une priorité aux territoires ultramarins et aux quartiers populaires (accueil de jeunes issus de zones urbaines sensibles et de jeunes effectuant des missions en territoires délaissés - zones urbaines sensibles, zones de revitalisation rurale,...), d'augmenter le taux de jeunes bénéficiant de la majoration sur critères sociaux et, enfin, de mobiliser le service civique dans la stratégie de lutte contre le décrochage scolaire.
Aussi l'agence s'est-elle fixé des objectifs incitatifs par public . En 2014, elle prévoit d'accueillir 5 000 décrocheurs en service civique, 25 % de jeunes issus de quartiers prioritaires, 10 % de jeunes bénéficiaires de la bourse sur critères sociaux et 6 % de jeunes en situation de handicap. Si les organismes d'accueil ne se verront pas imposer à proprement parler d'objectifs chiffrés, ces objectifs seront néanmoins examinés à l'occasion de l'instruction des demandes d'agréments.
Seulement 4 % à 5 % des engagés de service civique ont un niveau d'études inférieur au baccalauréat . Afin de réduire un tel écart, l'Agence du service entend renforcer sa coopération avec l'éducation nationale en sorte de mieux toucher les jeunes décrocheurs et de populariser auprès d'eux l'opportunité que représente le service civique. Ce sont généralement les associations territoriales qui accueillent le plus de jeunes en rupture ou en difficulté, même si de grandes organisations nationales, telles qu'Unis-Cité ou la Ligue de l'enseignement, pilotent leur intervention en faveur des jeunes les plus en détresse au niveau national et savent s'appuyer sur leurs réseaux pour décliner leurs actions au plus près des territoires.
En 2013, 48,1 % des volontaires de service civique étaient des demandeurs d'emploi au moment de démarrer leur mission, contre 33,4 % d'étudiants, 14 % d'inactifs (hors étudiants) et 4,5 % de salariés. Afin de réduire le nombre encore important de contrats de service civique rompus en cours d'exécution par de jeunes demandeurs d'emploi (qui représentent 50 % des jeunes qui commencent un service civique chaque année, même si cette proportion a tendance aujourd'hui à décroître), il convient de garantir une meilleure articulation du service civique avec les autres dispositifs d'insertion sociale et professionnelle à destination des jeunes les plus défavorisés , notamment les emplois d'avenir. Dans la mesure où il participe du renforcement de l'employabilité du volontaire, le service civique pourrait utilement être présenté comme un levier de préparation à des formations professionnalisantes . Certains élèves qui ambitionnent de préparer les concours de l'enseignement au sein des ÉSPÉ devraient ainsi être encouragés à effectuer un service civique dans les secteurs de l'animation et de la médiation éducatives, culturelles, sportives dans le cadre des nouveaux rythmes éducatifs.
Les jeunes qui ont effectué une mission de service civique ont en général un positionnement plus positif vis-à-vis du monde du travail, en particulier dans des secteurs tels que les métiers du social ou le travail associatif et collectif. L'Agence du service civique indique que, six mois après la fin de leur mission, 75 % des engagés de service civique se retrouvent en formation, qu'elle soit professionnalisante ou dans un cadre scolaire ou universitaire, et un tiers se retrouvent en emploi, parfois en apprentissage.
Lors de sa participation à une émission télévisée le 6 novembre 2014, le Président de la République a proposé de créer une nouvelle formule du service civique complémentaire du dispositif actuel, en recourant le cas échéant à une adoption par voie référendaire . Ce service civique à caractère universel ne serait pas obligatoire , et n'impliquerait donc pas le retour à une conscription citoyenne. Il offrirait l'occasion à tous les citoyens qui le souhaitent d'effectuer une mission d'intérêt général courte , de deux à trois mois, à titre gratuit et qui soit potentiellement valorisable dans le parcours académique, universitaire ou professionnel du volontaire et qui ouvre éventuellement le droit à une aide à l'obtention du permis de conduire. L'idée sous-tendant cette proposition vise à rénover en profondeur l'image de la jeunesse auprès du grand public, qui a encore trop tendance à stigmatiser une partie des jeunes comme désoeuvrés et désintéressés par les difficultés d'autrui. La terminologie de ce dispositif devra être étudiée de façon attentive, de façon à ne pas introduire de confusion entre le service civique universel et le service civique destiné aux jeunes de 16 à 25 ans qui donne droit à la perception d'une indemnité forfaitaire compensatrice.