B. REPENSER LE MÉTIER D'ENSEIGNANT EN LYCÉE PROFESSIONNEL

1. Des enseignants confrontés à de nombreuses difficultés pédagogiques

La refonte complète des parcours et des référentiels de CAP et de bac professionnel a considérablement accru les difficultés des professeurs de lycées professionnels.

Entre autres points d'achoppement de la réforme, il convient de souligner que le processus d'accompagnement personnalisé n'est pas adapté et ne permet pas de traiter la grande difficulté scolaire et les graves lacunes accumulées par les élèves.

Ce sont surtout la certification intermédiaire et le contrôle en cours de formation qui constituent les principaux écueils de la réforme. Ces dispositifs perturbent la progression pédagogique, démultiplient la charge de planification et d'organisation et rendent incertaine la fiabilité des évaluations.

Les organisations syndicales insistent également sur la progression de l'hétérogénéité des classes. C'est pour partie un effet de la multiplication des lycées des métiers intégrant l'apprentissage et la formation continue. C'est aussi lié à l'arrivée en seconde professionnelle d'une fraction d'élèves plus jeunes qui ont souvent un meilleur niveau scolaire dans les matières générales que par le passé. Ils auraient trouvé leur place naguère dans l'enseignement technologique, éventuellement général. Un déversement partiel des filières sciences et technologies industrielles (STI) vers les lycées professionnels demeure probable.

Les transformations du public scolarisé et le renouvellement des apports de la recherche aux pratiques pédagogiques rendent nécessaire la mise en oeuvre d'une politique ambitieuse de formation continue au sein de l'éducation nationale. Elle doit permettre d'offrir aux enseignants les ressources indispensables pour faire face aux exigences nouvelles et pour s'adapter tout au long de leur carrière.

2. Soutenir le recrutement des professeurs de lycée professionnel (PLP)

Les problèmes de recrutement et de formation des enseignants de lycée professionnel sont anciens, mais la mastérisation les a considérablement aggravés, malgré les aménagements prévus pour certaines disciplines professionnelles.

Les parcours appropriés de master dans les universités ont été mis en place très hâtivement et restent largement invisibles pour les candidats potentiels. Lors de son audition, le recteur de Reims a indiqué que dans son académie aucun étudiant ne s'était inscrit dans les parcours de formation menant aux concours de PLP.

Certaines filières de formation ferment car elles ne sont pas financièrement viables en l'état. La mise en place des Écoles supérieures du professorat et de l'éducation (ÉSPÉ) n'a absolument pas réglé le problème, tant les nouvelles structures demeurent pilotées par les unités de formation et de recherche (UFR) disciplinaires et ignorent la particularité de l'enseignement professionnel.

Certes, les niveaux de recrutement au concours de PLP externe pour les sessions 2013, 2014 exceptionnelle et 2014 de droit commun sont en hausse par rapport à la session 2012 et le nombre de postes offerts pour la session 2014 rénovée est porté à 1 460 postes.

Néanmoins, votre rapporteure pour avis déplore que le ministère de l'éducation nationale, pour des raisons d'économies budgétaires, propose des volumes de places aux concours externes inférieurs à celui offert en 2013. La mise en place de la rénovation de la voie professionnelle demande au contraire un effort particulier de ressources humaines.

Ce déficit n'est pas comblé par la vague de titularisation de contractuels précaires. Dans le cadre de la mise en oeuvre de la loi n° 2012-347 du 12 mars 2012 relative à l'accès à l'emploi titulaire et à l'amélioration des conditions d'emploi des agents contractuels dans la fonction publique, 1 214 lauréats des concours réservés ont été affectés à la rentrée 2013. Pour la session 2014, 1 051 postes sont offerts à l'examen professionnalisé réservé pour l'accès au corps de professeurs de lycée professionnel.

Évolution des postes aux concours de PLP

Source : Ministère de l'éducation nationale
Direction générale des ressources humaines (DGRH)

Dans les spécialités professionnelles pour lesquelles est levée la condition de master, les salariés concernés par une éventuelle reconversion sont très souvent éloignés de l'enseignement supérieur et leur préparation au concours semée d'embûches, d'autant que les procédures de validation des acquis de l'expérience demeurent lourdes à mettre en oeuvre.

Pour corriger l'attrition du vivier de professeurs des lycées professionnels, il conviendrait de s'appuyer sur plusieurs dispositifs en parallèle pour ouvrir de multiples voies d'accès aux métiers. En particulier, la mise en place de mécanismes de prérecrutement dès la licence apparaît indispensable pour sécuriser sur le long terme le recrutement de PLP, développer progressivement leurs aptitudes professionnelles et diversifier l'origine sociale du corps. Le financement des reconversions de salariés devrait être assoupli dans le cadre du prochain projet de loi relatif à la formation professionnelle.

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Tout en appelant à la prise en compte de ses critiques de fond et dans l'attente d'un engagement de l'éducation nationale en faveur d'une véritable revalorisation de la voie professionnelle, votre rapporteure pour avis émet un avis de sagesse sur l'adoption des crédits de l'enseignement professionnel au sein de la mission « Enseignement scolaire ».

TROISIÈME PARTIE - L'ENSEIGNEMENT AGRICOLE

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