D. LA TRÈS FRAGILE STABILISATION DU NOMBRE DE SUICIDES

Face à l'augmentation alarmante du nombre de suicides constatée en 2008, le garde des sceaux avait réuni une commission d'experts présidée par le professeur Albrand, chargée de procéder à une évaluation du dispositif de lutte contre les suicides en milieu carcéral. Dans le prolongement des recommandations formulées par cette commission, un plan d'actions articulé autour de cinq orientations avait été arrêté :

- la formation du personnel pénitentiaire au risque suicidaire ;

- l'application de mesures particulières pour les détenus les plus fragiles avec la mise en oeuvre de matériel adapté (cellule de protection d'urgence ou sécurisées, mise à disposition de couvertures indéchirables, interphones ...) ;

- l' amélioration des conditions de détention dans les quartiers disciplinaires (développement de l'accès au téléphone, mise à disposition de postes radio ...) ;

- le développement des activités en détention ;

- la mise en oeuvre de certaines expérimentations telles que la présence de « codétenus de soutien » ou le développement de la « vidéoprotection ».

Ce plan d'actions fait l'objet d'un suivi régulier par un groupe de pilotage national coprésidé par le directeur de l'administration pénitentiaire et le professeur Terra. En outre, une mission de prévention et de lutte contre le suicide en milieu carcéral a été créée à la fin de l'année 2009 au sein de la direction de l'administration pénitentiaire.

Quel bilan peut-on dresser au terme de deux années d'application de ce plan ?

Aujourd'hui, la totalité des établissements pénitentiaires dispose d'une dotation de protection d'urgence. Trente deux d'entre eux (au 1 er août 2011) ont mis en place une cellule de protection.

L'expérimentation des codétenus de soutien au sein de quatre établissements fait l'objet d'une évaluation scientifique par une équipe de chercheurs indépendants.

En 2010, le nombre de suicides s'est stabilisé à un niveau élevé - 121 contre 122 en 2009- soit un taux de 18 pour 10.000 personnes écrouées, l'un des plus élevés d'Europe. Après une augmentation très préoccupante des actes suicidaires (suicide et tentatives de suicide) en 2009, (2.714 actes contre 1.808 en 2008 soit une hausse de 50 %), le nombre d'actes a légèrement baissé en 2010 - 2.355 . Cet infléchissement fragile devra impérativement se confirmer au cours des prochaines années.

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