II. POUR UNE POLITIQUE FRANCOPHONE MODERNE

A. DES CRÉDITS TENDUS POUR UNE POLITIQUE DE PROMOTION DU FRANÇAIS ET DE LA DIVERSITÉ LINGUISTIQUE QUI SE VEUT MALGRÉ TOUT AMBITIEUSE

D'un montant de 23,4 millions d'euros en 2011, les crédits de la promotion du français et de la diversité culturelle devraient s'établir, en 2012, à 21,6 millions d'euros , soit une diminution de près de 8 %.

En 2012, le nouvel opérateur, l'Institut français, sera, en vertu de la loi du 27 juillet 2010, le principal acteur de la promotion de la culture française, en particulier dans les domaines de la promotion de la langue et de son enseignement dans les établissements culturels. Afin de mettre en oeuvre les priorités de la politique de promotion du français à l'étranger, l'Institut français devra s'appuyer sur notre réseau culturel à l'étranger (SCAC des ambassades, instituts et centres culturels français à l'étranger, alliances françaises) ainsi que sur d'autres partenaires tels que l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), la chaîne multilatérale francophone TV5 Monde ou encore le Centre international d'études pédagogiques (CIEP).

À l'occasion de l'ouverture des États généraux de la promotion du français dans le monde en octobre 2011, M. Alain Juppé, ministre d'État, ministre des affaires étrangères et européennes, a déclaré que « nous devons porter une attention toute particulière aux pays du monde arabe engagés dans un mouvement de transition vers la démocratie et où les jeunes sont les premiers acteurs du changement ». Dans cette logique, il a appelé à la mise en place par l'Institut français d'un programme spécial qui associerait formation au français et enseignement professionnel, « voire enseignement sur la construction de l'État de droit et de la démocratie ». Il s'est également prononcé en faveur de la mise en place, y compris dans les pays arabes non francophones, de bourses destinées à des jeunes qui n'auraient pas les moyens d'étudier au sein d'un lycée français à l'étranger.

Des stratégies régionales ont été élaborées afin de cibler nos priorités en fonction des zones concernées :

- en Europe : puisque l'élargissement européen représente un défi pour le maintien du statut du français comme langue de travail de l'Union européenne, donc pour sa place de grande langue de communication internationale, le ministère des affaires étrangères y soutient un ambitieux plan de formation destiné aux fonctionnaires et diplomates appelés à travailler à Bruxelles ou en relation avec l'Union européenne, en particulier parmi les membres récents de l'Union européenne. Le ministère encourage en particulier la généralisation de l'apprentissage de deux langues vivantes dans les systèmes éducatifs nationaux, et soutient tous les dispositifs d'excellence, parmi lesquels les classes bilingues francophones, dont les effectifs augmentent rapidement ;

- en Afrique francophone, au Maghreb et au Proche-Orient : il s'agit de l'ensemble géopolitique clef en termes d'enjeux stratégiques pour la francophonie. En effet, le continent africain fait l'objet, depuis le début de ce nouveau millénaire, d'un intérêt économique et politique grandissant en raison de ses ressources naturelles et de sa démographie. En conséquence, les pays francophones de l'Afrique de l'Ouest, en tant que composantes de cette montée en puissance, s'imposent comme une force d'attraction pour ceux de l'Afrique de l'Est qui prennent conscience de l'importance du français. Le Maghreb et le Machrek (Orient arabe), tant pour des raisons historiques que de dynamique interne, participent pleinement à cet intérêt pour l'Afrique, valorisant l'impact de notre langue sur le continent et bien au-delà ;

- au sein des grands pays émergents (Mexique, Brésil, Inde, Chine, Indonésie, Afrique du Sud, etc.) : le français y est une langue de culture et de différenciation. Notre investissement linguistique, ciblé dans les secteurs d'expertise, vise à positionner la France à moyen et long termes auprès des futurs décideurs économiques et politiques ;

- en Asie : à l'exception de la péninsule indochinoise, qui fait l'objet de projets spécifiques, le français n'y est pas une langue d'héritage, mais de spécialisation et de différenciation. Cette région est la cible de stratégies orientées autour de la conquête de nouveaux publics et de l'expertise. Nos actions positionnent l'offre de français au sein des établissements d'élite, de façon à créer des viviers nationaux de hauts cadres francophones. Les établissements d'enseignement du français (instituts et centres culturels français, alliances françaises) développent les cours propres à mobiliser de nouveaux publics, notamment à destination des professionnels et des entreprises (français sur objectifs spécifiques). Notre coopération porte sur la valorisation de l'enseignement de notre langue au niveau secondaire, de façon à favoriser la mobilité étudiante, et la promotion des certifications en langue française. Enfin, de nombreuses coopérations voient le jour à la demande des pays partenaires, qui sollicitent l'expertise de la France dans les domaines de l'innovation scientifique et technique (formation des élites locales) ou de la réforme de leurs systèmes éducatifs nationaux (introduction d'une seconde langue vivante, création de corps d'inspection, etc.) ;

- en Océanie : longtemps oubliée, cette zone connaît une implication renforcée articulée autour de deux axes. D'une part, la conquête de nouveaux publics, notamment en Nouvelle-Zélande et en Australie, mais aussi dans les îles voisines, où la maîtrise d'une seconde langue est un enjeu émergent sur le marché du travail. D'autre part, les dynamiques de régionalisation, autour de la Nouvelle-Zélande, en quête d'une visibilité extérieure accrue, de la Nouvelle-Calédonie, dont l'autonomie grandissante se traduit par un fort activisme régional, et du Vanuatu, qui a fait le choix du trilinguisme bislama-français-anglais, permettent de diffuser le français comme langue régionale.

Les fonds de solidarité prioritaire (FSP) entrant dans la politique francophone bilatérale de la France en 2011 sont :

- des nouveaux projets FSP-pays adoptés en juin 2011 : Liban (1 million d'euros), Sud-Soudan (700 000 euros) et Burundi (300 000 euros) ;

- le FSP mobilisateur (2007-2010 - 5,5 millions d'euros) qui comportait trois composantes pour la relance du français (pays en zone de solidarité prioritaire) et qui a été prolongé jusqu'en mars 2012.

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