2. Une diversification économique difficile
Depuis quatorze ans, l'archipel s'est engagé sur la voie de la diversification économique, avec des résultats en demi-teinte. La situation économique demeure difficile, notamment en raison de la fragilité de l'industrie de transformation des produits de la pêche, et l'équilibre dépend étroitement de la commande publique et des transferts publics.
Les actions de diversification pour dynamiser le secteur de la pêche avaient conduit au développement d'une filière axée sur le crabe des neiges. Malgré les aléas sur les captures et la commercialisation, cette filière pouvait s'avérer lucrative. Jugée prometteuse il y a quelques années, elle est désormais analysée avec prudence.
D'importantes commandes publiques ont permis la mise à niveau des infrastructures au cours des dernières années, ce qui a stimulé le secteur du BTP, devenu indispensable pour contenir le chômage et maintenir l'activité économique.
Ainsi, l'activité dans le secteur du BTP a été particulièrement vigoureuse en 2007, comme en témoigne la hausse de 36,4 % des importations de ciment. La commande publique a été soutenue, avec notamment la reconstruction du barrage du Goéland, les travaux du quai Léonce Dupont, l'aménagement du centre du bourg de Saint-Pierre, la construction du nouvel hôpital, ainsi que de 12 logements pour la gendarmerie.
Parallèlement, les efforts se sont poursuivis pour pérenniser les initiatives d'aquaculture , en butte toutefois à de nombreuses difficultés techniques et financières.
Ainsi, l'activité aquacole se développe laborieusement avec l'entreprise EDC (exploitation de coquilles), créée en 2001 par des investisseurs privés locaux.
Des difficultés imprévues et la révision de certains postulats de base sur les données d'exploitation ont conduit à revoir les objectifs de production, entraînant des retards importants par rapport au calendrier initial. A ce jour, seules quelques tonnes ont été commercialisées, alors que l'objectif initial portait sur une production annuelle de 150 tonnes de noix. EDC espère néanmoins la commercialisation de 40 tonnes de noix en 2008. Les différentes phases du processus d'exploitation doivent encore être confortées techniquement.
Il existe par ailleurs un projet de grossissement de morue en cage, ainsi qu'un projet d'élevage de moules. Mais ces deux projets en sont encore au stade expérimental.
Votre rapporteur souligne que les pouvoirs publics ont accompagné dès l'origine ces projets aquacoles.
Ainsi, le contrat de développement prévoit un financement de 3,6 millions d'euros (répartis à parts égales entre l'Etat et la collectivité) en faveur de la filière aquacole pour la période 2007- 2013. Il a été acté en 2008 une accélération du financement de l'Etat qui s'effectuera sur une période de 4 ans au lieu de 5, selon le rythme de 400 000 euros en 2008 puis 300 000 euros en 2009 et en 2010. Par ailleurs, il est prévu que l'Etat verse une aide complémentaire à hauteur de 300 000 euros par an en faveur de la société EDC.
A cet égard, si votre rapporteur se félicite du soutien apporté par l'Etat, il rappelle que les aides publiques doivent être accordées avec discernement et viser des projets fiables, dont l'aboutissement peut être raisonnablement assuré. S'agissant de l'entreprise EDC, il observe que les résultats tangibles se font attendre, malgré plusieurs années de soutien conséquent. Il souligne que la pérennité de la filière aquacole à Saint-Pierre-et-Miquelon peut également être assurée par un appui scientifique et technique aux entrepreneurs 27 ( * ) .
L'Etat apporte également un appui technique à la filière aquacole dans le cadre du programme sectoriel 2007-2010 de l'ODEADOM (office de développement de l'économie agricole des DOM).
En 2007, l'économie de Saint-Pierre-et-Miquelon a bénéficié d'une conjoncture mitigée. Dans le sillage de 2006, l'archipel a connu une consommation des ménages et un investissement des entreprises soutenus. L'année a cependant été marquée par une inflation relativement forte, un marché de l'emploi défavorablement orienté et un creusement du déficit commercial.
Le bilan du secteur de la pêche apparaît positif, après une année 2006 contrastée. Les volumes débarqués par la pêche artisanale ont augmenté de 27,1 % par rapport à la campagne précédente. Le conseil consultatif des pêches franco-canadien a maintenu le TAC (taux admissible de capture) 2007-2008 de pêche à la morue dans l'archipel. Ce taux autorisé s'élève donc à 15,6 % de 13 000 tonnes, soit 2 028 tonnes.
S'agissant du tourisme, la fréquentation de l'archipel a diminué de 2,3 %. Au total, 24 797 passagers sont entrés dans l'archipel, dont 32 % d'étrangers.
Saint-Pierre-et-Miquelon a participé pour la première fois aux Bourses France 2007 organisées en mars au Canada. L'objectif de cette réunion était de mieux faire connaître l'archipel par les professionnels du voyage et de cibler les besoins de la clientèle, afin d'apporter les améliorations nécessaires (infrastructures, activités proposées, hébergements, etc.).
Cette démarche s'inscrit dans le cadre de la mise en oeuvre du plan de développement touristique réalisé fin 2006 par le Comité régional du tourisme.
* 27 Le programme aquacole pour la période 2007-2009 prévoit d'ailleurs un renforcement de l'expertise locale par l'embauche d'un ingénieur aquacole, mis à la disposition de la délégation locale d'IFREMER (mesure mise en place en septembre 2007), et un accompagnement scientifique de l'Institut par la mise à disposition d'un expert senior. En outre, des études particulières sont menées, telles une cartographie des fonds marins et une étude hydrologique. Elles permettront de déterminer les conditions opératoires de semis et de vérifier l'état des animaux sur le fond marin par contrôle vidéo (la campagne de suivi vidéo débutera en 2008, l'exploitation des données devant prendre environ un an). Des progrès indéniables ont été effectués dans la connaissance des multiples paramètres (courantologie, stratification thermique, nature des substrats...) qui affectent la croissance des coquilles.