II. PROGRAMME 822 : TÉLÉVISION
Ce programme est consacré aux ressources publiques allouées à :
- France Télévisions qui voit sa dotation progresser de 2,5 % en 2007. Celle-ci s'élèvera à 1 879,52 millions d'euros .
- Arte France qui voit sa dotation progresser de 2,8 % en 2007. Celle-ci s'élèvera à 209,92 millions d'euros .
1. France Télévisions
En juillet 2005, M. Patrick de Carolis a été nommé président du Groupe France Télévisions jusqu'en 2010 par le Conseil supérieur de l'audiovisuel. Dès sa prise de fonctions, le nouveau président a émis la volonté de renforcer le rôle de la holding dans ses fonctions de coordination des filiales du groupe et a fixé de nouvelles orientations générales.
LES NOUVELLES ORIENTATIONS
GÉNÉRALES
- passer d'un « patriotisme de chaîne » à un « patriotisme de groupe » ; - relancer le soutien à la production et à la création dans tous les genres télévisuels ; - créer une nouvelle dynamique en faveur de la culture et de l'innovation ; - proposer une programmation plus audacieuse et plus respectueuse du public ; - développer le rayonnement international du groupe. |
Bien que l'année 2005 ait été une année de transition, votre rapporteur vous propose d'analyser les évolutions constatées sur les différentes antennes du groupe France Télévisions.
a) 2005 : une année de transition
L'année 2005 a constitué une année de transition pour France Télévisions, marquée par un changement de direction mais aussi par le lancement de la télévision numérique terrestre.
(1) Les débuts réussis de la TNT
Le démarrage de ce nouveau mode de diffusion est d'abord une réussite pour France Télévisions, puisque c'est le groupe public qui a le plus soutenu ce projet dans sa phase de mise en place, en 2004 et 2005.
De plus, le groupe a su y placer cinq de ses chaînes 27 ( * ) dont trois nouveaux services (cf. encadré ci-dessous).
LES « NOUVEAUX SERVICES DE FRANCE TÉLÉVISIONS SUR LA TNT Le lancement de France 4 Après une préparation débutée dès 2004, France 4 s'est substituée à la chaîne Festival pour démarrer sur le canal 14 de la TNT. Les derniers mois avaient été consacrés à l'établissement du cahier des charges, à la finalisation du projet éditorial, à la production de l'habillage et à la confection de la grille. La diffusion 24 h sur 24 de France 5 Cette décision, qui s'est traduite par la mise en place d'une nouvelle programmation de soirée, a généré une réflexion approfondie aboutissant à la diffusion de documentaires inédits et de magazines nouveaux, des concepts différents d'émissions, des rendez-vous originaux le soir ou le week-end. Le souci des dirigeants était de conserver, pour la chaîne, le niveau d'audience qui était le sien, antérieurement, lorsqu'elle diffusait en partage avec Arte, sur le canal hertzien. 28 ( * ) Le démarrage de la chaîne « Gulli » Le groupe Lagardère et France Télévisions se sont associés pour la création d'une chaîne gratuite « Gulliver » destinée aux enfants. Sa diffusion a débuté sur la TNT le 18 novembre 2005. Elle est complémentaire de France 2, France 3 et France 5 qui continueront à diffuser leurs programmes destinés à la jeunesse. S'agissant d'un projet de diversification, « Gulli » ne bénéficie pas de ressources publiques. En revanche, cette nouvelle chaîne va générer des investissements pour le secteur de la production. |
(2) L'audience des chaînes
Le tableau ci-dessous retrace l'évolution entre 2004 et 2005 des parts d'audience moyennes annuelles des chaînes, mesurées sur la totalité de la journée, du lundi au dimanche.
PARTS D'AUDIENCE
TF1 |
F2 |
F3 |
F5 |
FTV |
Canal |
M6 |
Arte |
Autres TV |
|
2004 |
31,8 |
20,5 |
15,2 |
6,7 |
42,4 |
3,8 |
12,5 |
3,7 |
11,1 |
2005 |
32,3 |
19,8 |
14,7 |
6,9 |
41,4 |
3,6 |
12,6 |
3,4 |
12,1 |
Bien que dans des proportions différentes, les principales chaînes concurrentes des services de France Télévisions (TF1 et M6) ont à nouveau vu progresser leurs parts d'audience en 2005. Mais à cette inquiétude s'ajoute désormais la part de plus en plus importante que prennent les autres télévisions (13,2 % en janvier 2006 contre 11,7 % en janvier 2005).
En régressant à nouveau, de 42,4 à 41,4, les chaînes du groupe public auront globalement perdu, depuis 2000 (44 %), 2,6 % de leur part d'audience et semblent seules faire les frais de la progression inexorable des thématiques et autres télévisions qui, ces chiffres le montrent, ne progressent pas seulement grâce à la TNT.
(3) Le palmarès des émissions diffusées
Le palmarès des émissions diffusées en 2005, fait à nouveau apparaître l'écrasante supériorité de TF1 sur toutes ses rivales. Mesurés sur les cinq plus grands succès, les résultats d'audience de la chaîne privée sont tous largement supérieurs au meilleur score de France 2.
Comme déjà noté pour l'audience, M6 talonne France 3 et n'est définitivement plus « la petite chaîne qui monte », mais une rivale directe et d'envergure pour les deux chaînes premium de France Télévisions. M6 ambitionne de se donner les moyens d'une vraie crédibilité sur l'information pour devenir une généraliste à part entière.
Les scores de France 3 sont finalement très voisins de ceux de M6, la chaîne publique se créditant néanmoins d'un excellent résultat avec un coût de revient très faible par téléspectateur lors de la diffusion du film « Pale Rider ».
La préparation des grilles de rentrée 2006 et les mouvements d'animateurs entre les chaînes ont démontré la rivalité croissante entre les diffuseurs et l'intensification de la course à l'audience pour les prochains mois. Cette lutte sera particulièrement rude entre TF1 et M6 qui disposent déjà des moyens financiers les plus considérables. Mais cette situation n'est pas surprenante quand on sait qu'à compter de janvier 2007, il y aura sur le marché les moyens de financement supplémentaires énormes fournis par les annonceurs des secteurs jusqu'alors interdits de publicité.
(4) Les grilles de programmes
Le coût de grille consolidé du groupe s'élève à 1,76 milliard d'euros et progresse de 3,3 %. Cette hausse est due principalement à la forte progression de France 4 et de France 5, liée au lancement de la TNT.
• L'information
France Télévisions a consacré beaucoup de moyens à ce secteur : 559,3 millions d'euros en 2005, soit 31,8 % de son coût de grille, et 2 479 journalistes correspondant à environ 30 % de son effectif permanent total (398 à France 2, 1 593 à France 3, 15 à France 5 et 473 à RFO).
Votre rapporteur tient à souligner que TF1 n'emploie que 589 journalistes pour assurer le service de l'information de la chaîne et de sa filiale LCI. Mais l'offre d'information est beaucoup forte sur France Télévisions : 9 157 heures de diffusion dont 1 526 heures sur France 2 et 7 631 sur France 3, contre 950 heures sur TF1.
France Télévisions traite quotidiennement l'information internationale, nationale, régionale et locale : « Télématin », JT de 13 heures, de 20 heures et de la nuit sur France 2 ; « Euronews », le 12-14, le 19-20, le « Soir 3 » sur France 3 ; journaux des stations sur RFO repris en outre à 11 h 50 sur France 3.
Des magazines de débats, d'investigations et de reportages complètent cette offre d'actualité : « Envoyé spécial », « Question ouverte » et « Complément d'enquête » sur France 2 ; « France Europe Express » et « Pièces à conviction » sur France 3 ; « C dans l'air » et « Ripostes » sur France 5. Cette longue liste répond à des impératifs de service public et comportent des émissions sérieuses pour un public averti.
En termes d'audience enfin, France 2 enregistre de bons succès avec la tranche du matin, grâce à une opposition faible, mais éprouve les plus grandes difficultés pour son édition de 13 heures, en dépit de nombreux changements de présentateurs depuis 15 ans, face au journal de TF1. Elle se maintient à un niveau honorable pour l'édition de 20 heures.
France 3, par contre, assure de bons niveaux d'audience, sans plus progresser, pour ses éditions de 12-13 heures, de 19-20 heures et du « Soir 3 », cela malgré le changement, en début de saison, de la présentatrice de « Soir 3 ».
• Le sport
En 2005, le budget global du service des sports a été de l'ordre de 150 millions d'euros à France Télévisions.
Une centaine de disciplines sont diffusées même si pour la plupart, les temps d'antenne sont très réduits. Par contre, le rugby (Tournoi des 6 nations, Coupe d'Europe, Championnat de France), le tennis (Tournoi de Roland Garros, Coupe Davis, Fed Cup), le cyclisme (Tour de France, grandes classiques, championnats du monde), l'athlétisme (Championnats du Monde, Championnats d'Europe, meetings nationaux), le football (Coupe de la ligue) et les Jeux olympiques (hiver et été) sont traditionnellement bien représentés. Ils participent à l'image que souhaite afficher les diffuseurs du groupe : des chaînes qui se complètent en relatant des événements majeurs, populaires et rassembleurs concernant tous les publics.
Toutefois, votre rapporteur estime que faute de moyens financiers supplémentaires et compte tenu des ambitions manifestées depuis quelque temps par la concurrence (Canal +, TF1 et M6), cette situation ne saurait durer. France Télévisions pourrait se trouver, rapidement, dans l'impossibilité de renouveler ses contrats majeurs pour se contenter des disciplines sportives moins fédératrices 29 ( * ) .
• La fiction
La fiction continue à s'affirmer comme le genre télévisuel préféré des Français. Même si les succès de TF1 continuent à s'imposer, avec des résultats d'audience avoisinant encore les 9 millions de téléspectateurs, certaines fictions du service public ont obtenu des résultats satisfaisants, aux alentours de 7 millions de téléspectateurs, avec des héros citoyens comme « Le tuteur » ou « Madame le Proviseur » sur France 2, des héros populaires et récurrents comme « Louis la brocante », « Le Camarguais », « Fabien Cosma » et « Blandine l'insoumise » pour France 3.
Les deux diffuseurs publics ont aussi poursuivi une production d'oeuvres historiques de prestige comme « Le grand Charles », « Sartre, l'âge des passions », « Les rois maudits » et « La Pompadour » sur France 2, « Tropiques amers », fiction en costumes traitant du problème de l'esclavage, sur France 3. Toutes ces productions ont nécessité des moyens considérables pour des résultats variables en diffusion : plutôt bons pour « Le grand Charles » mais décevants pour « Sartre, l'âge des passions » et « Les rois maudits ».
• Le documentaire
Le documentaire est resté, en 2005, la marque de fabrique du service public et de France Télévisions : France 5 tout particulièrement qui lui consacre plus de 30 cases hebdomadaires, mais aussi France 3 dans ses programmes du week-end. Les thèmes abordés témoignent d'une grande diversité puisqu'ils concernent pratiquement tous les genres : société, politique, histoire, santé, culture, nature et découverte.
Pour 2006, les nouvelles équipes dirigeantes poursuivront justement dans cette même voie avec un budget atteignant 79 millions d'euros. France 2 va davantage s'investir en proposant un documentaire par mois, en première partie de soirée, consacré à l'histoire et aux sciences.
• L'animation
France Télévisions a investi, via ses chaînes et ses filiales, 50 millions d'euros dans la production d'oeuvres d'animation françaises en 2005. En élargissant sa programmation à tous les formats du genre, c'est France 3 qui a fait le plus d'efforts avec 26,9 millions d'euros, dont 17,9 dans des coproductions. La chaîne souhaite aussi renforcer son partenariat avec les producteurs d'animation puis les associer davantage aux filiales de diversification du groupe et contribuer au développement des produits dérivés souhaité par le président du groupe.
Depuis le second semestre 2005, le groupe a poursuivi l'harmonisation de ses programmations et des publics visés, France 2 se concentrant sur les 11-18 ans, France 3 sur les 6-12 ans et France 5 sur les préscolaires.
Enfin, France Télévisions, par l'intermédiaire de la filiale France 2 Cinéma, s'est engagée dans la préparation de deux longs métrages d'animation : « Brendan ou le secret de Kells » de Fabrice Zidowski et « Le magicien d'Oz » de John Borman.
* 27 France 2, France 3, France 4, France 5 et Gulli.
* 28 Comme France 4, France 5 fait l'objet d'un développement spécifique situé à la suite de ce rapport.
* 29 D'autant plus qu'il faut compter avec l'explosion actuelle des droits télévisés : le « Mondial » de football ne coûtait que 15 millions d'euros 1978 mais coûtera 1380 millions d'euros aux télévisions du monde en 2006, dont 135 aux télévisions françaises et 120 millions d'euros pour les diffusions sur mobiles et internet. En outre, les mécanismes inflationnistes (FIFA vendeuse unique, modes divers de diffusion comme le direct ou le différé, en intégralité ou en différé, gratuit ou payant) orienteront encore à la hausse les prix des prochaines éditions. Ainsi, TF1 a signé un contrat de 250 millions d'euros pour 2010 et 2014, soit 50 % de plus que pour 2002 et 2006. Mais le « pompon » est détenu par les chaînes de télévision nord-américaines qui ont acheté ces mêmes épreuves 355 millions d'euros, soit une hausse de 944 % ! Rien que pour 2010, la FIFA estime que sa ressource mondiale sera de 3 milliards d'euros, soit bien plus que le cumul de tous les droits de tous les « Mondials » qu'elle a déjà organisés.