2. Un trop grand nombre de logements précaires
En dépit d'une amélioration continue de la qualité du parc, le nombre des logements inconfortables ou surpeuplés reste encore élevé . Selon l'INSEE, il s'élevait à un million (4,3 % des résidences principales) et concernait 2,4 millions de personnes (3,5 % de la population) en 2002.
En 1954, plus de quatre logements sur dix n'avaient pas l'eau courante, seul un quart était équipé de toilettes privatives, et 10 % seulement disposaient d'une douche ou d'une baignoire. On ne dénombrait plus, en 2002, que 2,5 % de logements auxquels il manquait au moins l'un de ces trois éléments du confort sanitaire de base. Ces 769.000 logements étaient occupés par 1,3 million de personnes, soit 2,2 % de la population. Le rapport de MM. Patrick Doutreligne et Philippe Pelletier sur la sécurité des personnes dans leur logement, publié au mois d'octobre 2005 souligne que : « Le parc privé potentiellement indigne comprend, selon des estimations à dire d'expert, entre 400 et 600.000 logements avec une répartition à peu près égale entre locataires et propriétaires occupants, même s'il est vrai que cette situation est disparate entre secteurs urbains et secteurs ruraux. »
Le nombre de logements surpeuplés était de 374.000, soit 1,5 % du parc de résidences principales en 2002. Ils étaient occupés par 1,3 million de personnes, soit 2,2 % de la population. Toutefois, de 1992 à 2001, le nombre de logements surpeuplés a diminué de 28 %, le taux de surpeuplement est passé de 2,3 % à 1,5 % et la part des personnes concernées de 3,2 % à 2,2 % de la population.
Nombre de personnes ne disposent pas de leur propre logement . Entre 1996 et 2002, le nombre des personnes hébergées chez des tiers a augmenté de 5,3 %, passant de 924.000 à 973.000. Les titulaires de minima sociaux (23 % des hébergés sont des inactifs, 25 % des chômeurs) sont concernés au premier chef. L'hébergement collectif constitue une autre solution de repli, aggravant le manque de places dans ces structures. La hausse du nombre de places en hébergement d'urgence, qui s'élève à 90.000 contre 65.000 en 1990, n'a pas permis d'absorber la hausse de la demande (46 % des demandes non satisfaites). Enfin, l'hébergement temporaire dans des hôtels, campings, résidences sociales ou logements d'insertion, se développe depuis 15 ans, attirant le public traditionnel de l'action sociale mais également de nouvelles populations : jeunes à faible niveau de qualification, travailleurs précaires, chômeurs.
L'accroissement du contentieux locatif (95.575 en 1999, 111.107 en 2004) et, partant, des expulsions locatives (9.717 interventions effectives de la force publique en 2003 contre 4.753 en 1997) exerce une pression supplémentaire sur les faibles capacités d'hébergement. Cette évolution résulte des difficultés croissantes que rencontrent les ménages dans l'acquittement de leur loyer : 2,7 % des locataires (soit 289.000) déclarent être en situation d'impayé de loyer d'au moins deux mois, leur nombre étant nettement plus important dans le parc social (191.000) que dans le parc privé (98.000).