c) ... alors que le coût de leur formation est à leur charge
La faiblesse de la rémunération des personnels pédagogiques occasionnels des centres de vacances et de loisirs est d'autant plus choquante que le coût des formations BAFA et BAFD est supporté par les stagiaires.
Il est en moyenne de 1.000 euros pour une formation BAFA en internat (la solution la plus fréquente), dont 570 euros pour la session de formation générale et 430 euros pour la session d'approfondissement. Le coût moyen d'un BAFD en internat est de 1.300 euros, dont 750 euros pour la session générale et 550 euros pour la session de perfectionnement. Ces chiffres varient d'une association à l'autre selon les coûts de revient réels de chaque session.
Le ministère de la jeunesse, des sports et de la vie associative accorde cependant des bourses. Elles se sont élevées en 2004 à 2,88 millions d'euros 22 ( * ) .
En 2004, 12.509 des 53.261 stagiaires BAFA ont bénéficié d'une bourse, de 305 euros maximum, destinée en priorité aux demandeurs d'emplois non indemnisés, aux bénéficiaires du RMI, aux lycéens et étudiants boursiers et aux candidats dont les parents ne sont pas imposables.
916 des 3.725 stagiaires BAFD ont bénéficié d'une bourse de 500 euros maximum. Les demandes de bourses BAFD sont prioritaires, eu égard à la pénurie constatée de directeurs de centres de vacances et de loisirs et à la nouvelle réglementation concernant l'encadrement des activités en centres de vacances et de loisirs.
En outre, les caisses d'allocations familiales versent à tous les candidats au BAFA une aide de 91 euros. Certains conseils généraux versent également des aides BAFA, ce qui contribue aux inégalités entre départements, voire entre communes selon les aides accordées localement.
Le coût de ces formations, assurées par des associations qui emploient également ces personnes, a été très critiqué. Il sert en effet également de moyen de financement à ces organismes. Rappelons qu'en vertu de l'annexe II, la rémunération journalière moyenne d'un animateur est de 15 euros et celle d'un directeur de 30 euros. Cette formation n'est donc souvent amortie qu'à l'issue d'une période supérieure à deux mois , sans compter les stages pratiques effectués pendant la formation et non rémunérés. Or, les stagiaires en formation représentent près du tiers des animateurs en centres de vacances.
De plus, comme le soulignait le Conseil économique et social en 2000 23 ( * ) , si jusque dans les années soixante-dix, la quasi-totalité des animateurs était des étudiants, majoritairement issus des classes moyennes, les équipes de direction étant souvent constituées d'instituteurs, ces personnes tirant leurs moyens de subsistance d'autres sources de revenus et leur couverture sociale étant garantie par ailleurs, les militants de la cause de l'éducation populaire sont aujourd'hui moins nombreux. De plus en plus de personnes sans emploi sont attirées par ce qui est souvent devenu un métier, en particulier dans les CLSH, qui fonctionnent à longueur d'année. Nombre de ces animateurs dits occasionnels sont soit des professionnels, dont c'est l'activité principale, voire unique, soit des jeunes qui s'inscrivent dans une démarche de professionnalisation, obligés, s'ils veulent travailler, de subir ce statut de sous-salarié pendant les vacances, et même parfois pendant l'année scolaire. La CGT souligne ainsi que l'annexe II de la convention collective de l'animation a pratiquement exclu les professionnels des postes d'animateurs des centres de vacances, en raison de la différence de coût pour les associations.
Si l'on peut certes considérer qu'il s'agit d'une expérience unique de socialisation et de prise de responsabilité, cette situation n'en demeure pas moins précaire et une réintégration dans le droit du travail s'impose. Les gestionnaires de centres de vacances et de loisirs en sont d'ailleurs les premiers conscients, confrontés à une multiplication des contentieux.
* 22 Dotation inscrite sur le chapitre 43-90, article 90.
* 23 Avis du 28 juin 2000 du Conseil économique et social sur l'accueil des jeunes dans les centres de vacances et de loisirs.