C. UNE PRODUCTION FRAGILISÉE PAR L'INTENSIFICATION DE LA CONCURRENCE ÉTRANGÈRE

Depuis la mise en place de l'OCM, les bananes étrangères, en particulier les bananes d'Amérique latine, dites « bananes-dollars », sont beaucoup plus présentes sur le marché européen, grâce à un coût de production très faible (6 à 7 fois inférieur à celui des bananes antillaises qui, pour 50 %, correspond à des frais de main-d'oeuvre). Très compétitives , les bananes étrangères trouvent des débouchés importants dans les pays d'Europe du Nord et d'Europe centrale.

Cette concurrence, jointe à une libéralisation des échanges en Europe, a entraîné un sur-approvisionnement tendanciel du marché communautaire et une baisse continue des prix .

ÉVOLUTION DU PRIX DES BANANES ANTILLAISES

Prix
(€/kg net)

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

Martinique

0,64

0,73

0,57

0,50

0,61

0,67

0,52

0,47

0,59

0,49

0,44

Guadeloupe

0,61

0,66

nd

0,41(1)

0,61

0,69

0,48

0,45

0,60

0,46

0,45

(1) commercialisation à partir de mai 1996

Source : Ministère de l'outre-mer.

La chute des prix s'est particulièrement fait sentir en 1995-1996, puis en 1999-2000. Elle a de nouveau été sensible en 2002-2003, plongeant la filière bananière antillaise dans une crise aiguë.

Cette situation a pour conséquence une diminution du nombre des exploitations antillaises , dont la taille a eu tendance à croître (phénomène de concentration). Elle s'est également traduite par une dépendance croissante des planteurs par rapport aux soutiens publics , l'aide compensatoire, qui augmente à mesure de la baisse des prix, représentant entre 40 et 60 % de leur revenu.

Cependant, il convient de souligner que les Antilles sont pénalisées par le mode de calcul de cette aide , basé sur une moyenne communautaire des prix, qui aboutit à surcompenser les régions productrices les plus compétitives comme les Canaries et à sous-compenser les plus fragiles comme la Martinique et la Guadeloupe.

Les évolutions attendues ne sont malheureusement guère rassurantes : baisse du dollar, entrée dans l'Union européenne de pays majoritairement consommateurs de bananes des pays tiers, incertitude liée à la suppression fin 2005 du régime contingentaire, même si celle-ci devrait être compensée par une réévaluation des droits de douane...

Alors que sont annoncés d'ici la fin de l'année 2004 les résultats d'une évaluation de l'OCM conduite par la Commission européenne, votre rapporteur pour avis demande au Gouvernement une vigilance particulière sur ce dossier crucial pour les économies antillaises .

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