2. La répartition des sortants du système éducatif selon le diplôme possédé ou par niveau de formation
On rappellera que le nombre des sortants du système éducatif est évalué à partir des statistiques scolaires et des enquêtes annuelles sur l'emploi de l'INSEE. Les statistiques sur les sortants de formation initiale sont des approximations : pour une catégorie donnée (niveau de formation ou diplôme obtenu), les variations de moins de 10 000 sont peu significatives. Ces estimations sont un peu différentes des précédentes, puisqu'elles tiennent compte des résultats du recensement général de population de 1999 et que les apprentis ont été mieux comptabilisés à partir des enquêtes sur l'emploi.
a) La répartition des sortants selon le diplôme possédé : un seuil incompressible de 100 000 sorties « sans diplômes »
Les jeunes sortant de formation initiale sont plus nombreux ces dernières années qu'au début des années 90 : la stabilisation de la durée des études, a entraîné une augmentation des flux de sortants du système éducatif depuis 1994, alors même que les générations correspondantes sont moins nombreuses.
Les jeunes qui achèvent actuellement leurs études ont reçu une meilleure formation que leurs prédécesseurs du début des années 1990 : près de la moitié des sortants ont poursuivi des études supérieures, contre 4 sur 10 en 1990. Environ 140 000 sortants ont terminé leur formation initiale en classe terminale d'un cycle long du secondaire et environ 200 000 au niveau du CAP (niveau V). Les sortants sont aussi plus diplômés : en 2000, plus de 150 000 jeunes ont achevé leurs études diplômés des grandes écoles et des cycles supérieurs des universités, contre 87 000 en 1990 et 45 000 environ en 1980.
S'ils sont deux fois moins nombreux qu'au début des années 1980, environ 100 000 jeunes sortent encore de formation initiale sans avoir obtenu de diplôme.
RÉPARTITION DES SORTANTS DE FORMATION INITIALE SELON LE DIPLÔME POSSÉDÉ (en milliers)
Diplôme obtenu |
1980 |
1990 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Aucun diplôme |
202 |
137 |
96 |
107 |
102 |
103 |
94 |
Brevet seul |
80 |
62 |
56 |
42 |
54 |
55 |
67 |
CAP BEP ou équivalent |
220 |
144 |
130 |
137 |
130 |
146 |
148 |
Baccalauréat général |
81 |
50 |
78 |
81 |
86 |
74 |
99 |
Baccalauréat technologique, |
32 |
65 |
92 |
103 |
93 |
103 |
88 |
professionnel et assimilés |
|||||||
BTS, DUT et équivalents |
29 |
61 |
89 |
94 |
95 |
89 |
91 |
DEUG, Paramédical et social |
36 |
36 |
33 |
32 |
43 |
36 |
32 |
Licences, DEA, doctorats, diplômes de grandes écoles |
45 |
87 |
154 |
156 |
146 |
162 |
151 |
Total des sortants de formation initiale |
725 |
642 |
728 |
752 |
749 |
768 |
760 |
Proportion de sortants sans diplôme |
28 % |
21 % |
13 % |
14 % |
14 % |
13 % |
12 % |
Source : enquêtes sur l'emploi (INSEE)
b) La répartition des sortants par niveau de formation : un seuil incompressible de 60 000 sorties sans qualification
Les estimations résultant des statistiques scolaires et des enquêtes générales auprès des ménages, chiffrent aux environs de 56 000 l'ensemble des sorties « sans qualification » en deçà du niveau du CAP. Les jeunes concernés représentent chaque année environ 7 à 8 % des sortants, depuis 1994. Ces jeunes éprouvent des difficultés particulièrement aiguës pour trouver un emploi, alors que la loi d'orientation de 1989 avait pour objectif, il convient de le rappeler, la disparition totale de ces sorties à ce niveau.
Les sorties « sans qualification » visent des élèves qui ont arrêté leurs études au moins un an avant une seconde générale ou technologique et avant leur inscription en année terminale d'un CAP ou d'un BEP.
RÉPARTITION DES SORTANTS DE FORMATION INITIALE PAR NIVEAU DE FORMATION
(en milliers)
Niveau de formation |
1990 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Non qualifiés (VI + Vbis) |
82 |
57 |
57 |
57 |
58 |
60 |
56 |
Niveau CAP BEP (V) |
216 |
194 |
179 |
188 |
187 |
206 |
207 |
Classes de terminales |
87 |
111 |
112 |
128 |
129 |
118 |
137 |
(IV secondaire) |
|||||||
Non diplômés du supérieur |
73 |
93 |
104 |
97 |
91 |
97 |
86 |
(IV supérieur) |
|||||||
Ensemble du « niveau IV » |
160 |
204 |
216 |
225 |
220 |
215 |
223 |
Diplômés de l'enseignement supérieur court (III) |
97 |
133 |
122 |
126 |
138 |
125 |
123 |
Diplômés de l'enseignement supérieur long (I-II) |
87 |
135 |
154 |
156 |
146 |
162 |
151 |
Total des sortants de formation initiale |
642 |
723 |
728 |
752 |
749 |
768 |
760 |
Proportion de sortants sans qualification |
13 % |
8% |
8% |
8% |
8% |
8% |
7% |
Sortants estimés à partir des effectifs inscrits |
663 |
729 |
768 |
777 |
785 |
777 |
786 |
- dont « sans qualification » VI - Vbis |
61 |
67 |
60 |
59 |
58 |
||
- dont niveau CAP/BEP (V) |
191 |
190 |
198 |
204 |
213 |
||
Proportion de sortants sans qualification |
8 % |
9 % |
8 % |
8 % |
7 % |
Source : enquêtes sur l'emploi (INSEE) et estimations à partir des statistiques scolaires (ministère de l'éducation nationale).
c) Le rapport du Haut comité éducation-économie
Malgré la « massification » du lycée constatée depuis une vingtaine d'années, l'objectif de la loi d'orientation de 1989 de conduire 80 % d'une génération au niveau baccalauréat n'est pas atteint, comme le constate le Haut comité dans son premier rapport d'activité rendu public en octobre 2002 : cette proportion est de l'ordre de 70 % et est même en légère baisse depuis 1995.
La part de sortants sans qualification stagne et se maintient à 8 % ; au total, 100 000 jeunes quitteraient chaque année le système éducatif sans diplôme. Ce constat est jugé d'autant plus alarmant que la demande de qualifications va continuer à croître « sous l'effet conjugué des évolutions technologiques et des exigences de qualité auxquelles les entreprises doivent répondre » : en 2010, les besoins des entreprises en personnels de niveau bac ou plus devrait se situer dans une fourchette comprise entre 66 % et 75 % d'une génération et les ouvriers non qualifiés ne représenteraient qu'entre 6 et 9 % de l'emploi total. Ce mouvement général d'élévation des qualifications ne doit pas masquer la permanence d'une forte différence des niveaux de diplômes souhaités par les entreprises pour accéder au premier niveau d'emploi. Certaines professions (industrie, secteur tertiaire) exigent au minimum le baccalauréat, mais d'autres (BTP, coiffure, restauration, artisanat) restent très attachées au CAP.
Afin de réduire les inégalités de formation initiale, le Haut comité propose de mettre en place un dispositif national de suivi des évaluations réalisées en primaire et au collège afin d'identifier précocement les difficultés scolaires. A la fin du collège, il convient de « passer d'une orientation subie à une orientation choisie » et la voie professionnelle doit être valorisée pour les élèves, les familles et les entreprises.
Le Haut comité se prononce également pour une préparation directe du bac pro en trois ans, au lieu de quatre (sans passer par le BEP). Il recommande aussi un élargissement du recrutement des enseignants de la voie professionnelle. Il suggère de créer des outils permettant de mieux suivre et évaluer les pratiques des entreprises. Concernant les sorties sans qualification, des actions et des moyens doivent être engagés « sur la base d'une discrimination positive en fonction de la situation de chaque académie », car de fortes disparités régionales peuvent être constatées : plus de la moitié des académies comptaient en 1998-1999 plus de 8 % de sortants sans qualification (10 % pour Amiens et 15 % en Corse), tandis que celles de Rennes, Nantes, Limoges et Toulouse en totalisaient moins de 5 %.
Enfin, les dispositifs d'insertion professionnelle devraient être « simplifiés et recentrés sur les jeunes en difficulté ».