D. L'ENSEIGNEMENT DE L'ART DRAMATIQUE

Le ministère de la culture contribue à la formation de futurs professionnels en soutenant les écoles spécialisées et les classe d'art dramatique des conservatoires mais favorise également l'accès du plus grand nombre à la pratique de l'art dramatique à travers l'action qu'il conduit en direction des publics scolaires et l'encouragement prodigué à la pratique amateur.

• La formation professionnelle

Plusieurs actions contribuent à cette mission.

- L'initiation

La première qui relève de l'initiation s'inscrit dans le cadre scolaire et revêt plusieurs formes.

En première et terminale, les élèves inscrits en section littéraire peuvent recevoir un enseignement obligatoire de 5 heures par semaine en art dramatique (L3 Théâtre). Certains établissements proposent également des options facultatives de 3 heures par semaine.

Par ailleurs, le ministère concourt également à la mise en place progressive des ateliers d'expression artistique dans tous les lycées. Ces ateliers, qui ne s'adressent pas seulement aux élèves suivant des enseignements obligatoires ou optionnels, sont animés par des intervenants extérieurs encadrés par des enseignants et donnent lieu à des conventions ou des jumelages avec des théâtres.

Les ateliers ou les enseignements sont assurés par des intervenants extérieurs, encadrés par des enseignants. Leurs interventions s'inscrivent dans le cadre de conventions ou de jumelages et leur rémunération est prise en charge conjointement par les ministères chargés de la culture et de l'éducation nationale.

Concernant l'option obligatoire « théâtre » en série littéraire L3 Théâtre, 120 établissements dispensent cet enseignement. Depuis la création de ces classes en 1985, l'Etat accorde une subvention de 5 030 euros par an et par classe concernée pour financer la rémunération des équipes artistiques.

En 2002, le ministère de la culture et de la communication a, d'une part, consolidé l'existence de classes à option obligatoire en définissant un plan sur trois ans de réactualisation de la subvention destinée aux partenaires artistiques et a, d'autre part, soutenu leur développement en finançant l'ouverture de quelques classes dans les DOM-TOM. Le montant des crédits réservés en 2002 à l'enseignement du théâtre en lycée s'est élevé à 2 101 921 euros, dont 204 191 euros de mesures nouvelles, soit une augmentation de près de 10 %.

En 2003, afin de mettre en oeuvre la deuxième année du plan et d'honorer ainsi l'engagement du ministère de la culture en faveur de l'enseignement obligatoire du théâtre au lycée, des mesures nouvelles à hauteur de 183 000 euros devraient être déployées.

- La formation

Peu structuré, l'enseignement de l'art dramatique est essentiellement assuré par les collectivités territoriales à travers le réseau des conservatoires nationaux de région (CNR), des écoles nationales de musique de danse et d'art dramatique (ENM) mais également celui des écoles municipales agréées (ENMDT). Il apparaît comme l'un des moins développés des enseignements artistiques.

Ce constat a été consacré par la charte de l'enseignement artistique spécialisé en danse, musique et théâtre publiée par le ministère de la culture et de la communication en janvier 2001. Ce texte a en effet souligné l'inégale répartition sur le territoire des moyens de formation consacrés à la discipline théâtrale et a réaffirmé la volonté de l'Etat de renforcer sa place au sein du réseau public des établissements d'enseignement artistique dont il assure le contrôle pédagogique.

Rédigé conformément aux principes dégagés par la charte, le schéma d'orientation pédagogique et d'organisation de l'enseignement initial du théâtre dans les établissements d'enseignement artistique a été publié en 2002. Ce schéma rappelle l'importance de l'existence de cet enseignement au sein des établissements contrôlés par l'Etat.

Bien que l'ouverture de classes d'art dramatique relève de l'initiative des collectivités territoriales il convient de souligner que, lors de la définition de nouveaux projets d'établissement, l'Etat négocie systématiquement la mise en place de cet enseignement.

Par ailleurs, l'expérimentation menée actuellement en Nord-Pas-de-Calais, en Rhône-Alpes et en Haute-Normandie dans le cadre des protocoles de décentralisation prend en compte la question de l'enseignement de l'art dramatique. Destinés à clarifier les compétences respectives des collectivités territoriales dans le domaine de l'enseignement spécialisé, les protocoles ont aussi pour objet d'améliorer le service public de l'enseignement. L'ouverture à de nouvelles disciplines, dont l'art dramatique, relève de cet objectif.

Cet effort se justifie compte tenu de l'inégale répartition de cet enseignement sur le territoire national. Au total, c'est près de 3 000 élèves qui suivent une formation en art dramatique : 820 dans les CNR, plus d'un millier dans les écoles nationales et autant dans les EMA. En Ile-de-France, 31 % des établissements contrôlés dispensent cet enseignement dont l'ensemble des CNR de cette région à l'exception de ceux d'Aubervilliers, de Boulogne-Billancourt et de Paris. Par contre, l'offre d'enseignement en théâtre est très insuffisante en Rhône-Alpes (4 écoles seulement sur 38 établissements contrôlés) et presque inexistante (un seul établissement par région) en Aquitaine, Auvergne, Basse-Normandie, Bourgogne, Corse, Languedoc-Roussillon, Lorraine et Poitou-Charentes.

Au delà de cet effort de généralisation, le ministère souhaite accorder, une attention spécifique aux formations pré-professionnelles. On rappellera que l'enseignement en art dramatique dispensé dans les 26 CNR n'est pas directement lié à la formation du comédien. Seule une minorité de leurs élèves se dirigera vers une carrière professionnelle. Cependant, afin de prendre en compte leurs besoins, le schéma d'orientation pédagogique propose la création, à titre expérimental, d'un cycle d'orientation professionnelle destiné à un petit nombre d'élèves. Ce cycle sera sanctionné par un diplôme d'études théâtrales (DET).

Concernant les crédits attribués à l'enseignement du théâtre dispensé par les établissements relevant des collectivités territoriales, on rappellera que l'Etat accorde des subventions globales qui alimentent le budget des CNR et des écoles nationales de musique, de danse et d'art dramatique. La part réservée au fonctionnement des classes d'art dramatique ne peut donc être isolée.

Cependant, on peut relever qu'en 2002, le ministère de la culture et de la communication a apporté un financement spécifique pour la mise en place des cycles d'orientation professionnelle à hauteur de 22 867 euros par projet dans quatre sites : CNR de Grenoble (Rhône-Alpes), CNR de Poitiers (Poitou-Charentes), ENMDT d'Avignon (PACA) et réseau des écoles de la région Pays-de-la-Loire. En 2003, cette expérience doit se poursuivre sur trois sites supplémentaires : en Ile-de-France (ENMDT de Val-Maubuée), en Rhône-Alpes (CNR de Lyon) et en région Centre (CNR de Tours et ENMDT d'Orléans). Une enveloppe de 68 602 euros est prévue en conséquence.

• L'enseignement supérieur du théâtre est principalement assuré par deux écoles nationales, le conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris et l'école du théâtre national de Strasbourg. Cette dernière dispense également une formation destinée aux techniciens du spectacle (régisseurs, décorateurs, scénographes).

D'autres enseignements à caractère professionnel sont cofinancés par l'Etat et les collectivités locales, par voie de convention. Il s'agit :

- des ateliers dramatiques des centres dramatiques nationaux de Rennes et de Saint-Étienne ;

- des classes professionnelles des départements d'art dramatique des conservatoires nationaux de région de Bordeaux et de Montpellier ;

- des écoles du théâtre national de Bretagne et de la comédie de Saint-Etienne ;

- de l'école régionale d'acteurs de Cannes ;

- et d'organismes divers comme l'école supérieure de la marionnette.

En 2002, le montant total des crédits consacrés par le ministère de la culture à l'enseignement dramatique spécialisé à vocation professionnelle s'élevait à 7,32 millions d'euros.

Ces crédits se répartissaient de la manière suivante :

- Conservatoire national supérieur d'art dramatique (hors bourses d'études et crédits d'équipement)


2 527 832 €

- École supérieure d'art dramatique du théâtre national de Strasbourg (hors bourses d'études)


943 659 €

- Autres établissements d'enseignement professionnel (hors bourses d'études)


818 651 €

- Bourses d'études attribuées aux élèves de ces établissements

381 122 €

- Ateliers de formation et de recherche des centres dramatiques nationaux

567 110 €

- Autres actions de formation continue

1 039 702 €

- Soutien aux dispositifs d'insertion professionnelle suivants : Jeune théâtre national (hors Institut nomade de formation à la mise en scène, désormais rattaché au Conservatoire national supérieur d'art dramatique) ; Association pour l'insertion professionnelle des jeunes artistes ; Académie théâtrale du théâtre de l'Union de Limoges





1 050 373 €

Ces crédits seront reconduits en 2003.

Les priorités retenues en 2003 sont les mêmes que celles affichées en 2002 ; en effet, cette année, n'ont encore pu être menées à bien ni la création d'un diplôme d'Etat comme il en existe déjà pour l'enseignement de la musique de la danse, ni la mise en place d'une nouvelle formation d'acteur en région Nord-Pas-de-Calais pas plus que la refonte du certificat d'aptitude aux fonctions de professeur d'art dramatique des écoles de musique contrôlées par l'Etat.

Compte tenu des retards accumulés en ce domaine, votre rapporteur ne peut qu'approuver l'effort engagé par le ministère pour accroître la cohérence du système de formation supérieure notamment afin d'adapter l'offre de formation aux besoins du secteur.

• La pratique amateur

Depuis 1998, le ministère de la culture s'est vu reconnaître une compétence en matière de soutien à la pratique amateur dans le domaine du théâtre, compétence jusque là attribuée pour des raisons historiques au ministère de la jeunesse et des sports.

Les circulaires du 15 et 28 juin 1999 ont défini la responsabilité spécifique du ministère de la culture qui vise essentiellement à offrir de manière équilibrée sur le territoire les ressources nécessaires à l'essor de ces pratiques.

Les états des lieux réalisés par les DRAC ont mis en évidence la richesse des initiatives en ce domaine : 15 états des lieux ont été engagés (10 dans le cadre régional et 5 dans le cadre départemental) et ont donné lieu à la signature de conventions.

Un effort de rapprochement a été engagé en direction des fédérations d'éducation populaire avec lesquelles des conventions triennales d'objectifs ont été signées en avril 2002.

C'est dans ce cadre que le partenariat avec plusieurs d'entre elles, qui mènent sur le terrain de nombreuses actions favorisant le dynamisme des pratiques théâtrales, a été poursuivi et élargi : la Ligue de l'enseignement, la Confédération nationale des foyers ruraux (FNFR), la Fédération des maisons de la jeunesse et de la culture (MJC) et les Centres d'entraînement aux méthodes d'éducation active (CEMEA) bénéficient d'un soutien financier pour la réalisation d'états des lieux et pour leurs actions d'accompagnement des pratiques.

Par ailleurs, la collaboration avec la Fédération nationale des compagnies de théâtre et d'animation (FNCTA) a été renforcée dans le cadre de la convention triennale d'objectifs signée en 2000. Un important recensement des ressources offertes par ce réseau associatif est élaboré, notamment dans le domaines de l'information et de l'accès au répertoire dramatique.

Enfin, a été poursuivi le rapprochement entre les services du ministère de la culture et ceux chargés de la jeunesse, qui relèvent désormais du ministère de l'éducation nationale. Un des objectifs communs aux deux ministères consiste dans la formation des personnels qui encadrent ces pratiques amateurs.

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