C. L'ENTRETIEN PROGRAMME DES MATERIELS
1. Un niveau de disponibilité technique des équipements encore insatisfaisant mais en amélioration
L'essentiel des crédits d'entretien programmé du
matériel (EPM) est désormais regroupé au titre V (98,4 %
des autorisations de programme et 98,1 % des crédits de paiement).
Ces crédits permettent l'acquisition de l'ensemble des rechanges
indispensables au soutien des matériels terrestres et des
équipements de transmissions d'infrastructure, assuré par
l'armée de terre. Pour les matériels aériens, l'ensemble
des crédits d'entretien programmé figure au titre V la
majorité des opérations d'entretien moyen des appareils de
l'aviation légère de l'armée de terre étant
effectué chez l'industriel qui, en outre détient et gère
les « stocks d'état » destinés à
approvisionner les visites d'entretien moyen.
EVOLUTION DES CRÉDITS D'ENTRETIEN PROGRAMMÉ DES
MATÉRIELS DU TITRE V
EN 2001-2002
(en millions d'euros)
|
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
|||||
TITRE V |
||||||||||
55.21/23 : Matériels terrestres |
||||||||||
AP |
272,7 |
-5,8% |
225,5 |
-17,3% |
140,6 |
-37,7% |
201,1 |
+ 43,1% |
264,5 |
+ 31,5% |
CP |
242,7 |
-16,9% |
227,1 |
-6,4% |
215,6 |
-5,1% |
199,6 |
-7,4% |
207,2 |
+ 3,8% |
55.21/21 : Matériels aériens |
||||||||||
AP |
87,4 |
-11,2% |
86,1 |
-1,4% |
91,0 |
+ 5,7% |
98,9 |
+ 8,7% |
157,5 |
+ 59,2% |
CP |
75,5 |
-9,8% |
79,6 |
5,5% |
78,2 |
-1,7% |
79,3 |
+ 1,4% |
150,5 |
+ 89,8% |
55.21/22 : Matériels transmissions d'infrastructure |
||||||||||
AP |
11,9 |
1,3% |
9,0 |
-24,4% |
9,1 |
+ 1,7% |
9,3 |
+ 1,7% |
8,0 |
-14,3% |
CP |
6,6 |
-45,6% |
9,0 |
37,2% |
8,8 |
-1,7% |
7,6 |
-13,8% |
8,2 |
+ 7,2% |
TOTAL TITRE V |
||||||||||
AP |
372,0 |
-6,9% |
320,6 |
-13,8% |
240,7 |
-24,9% |
309,3 |
+ 28,5% |
430,0 |
+ 39,0% |
CP |
324,7 |
-16,3% |
315,7 |
-2,8% |
302,6 |
-4,2% |
286,5 |
-5,3% |
365,8 |
+ 27,7% |
La
hausse des dotations entre la loi de finances initiale 2001 et le projet de loi
de finances pour 2002 est due à la prise en charge de
la valorisation
de l'AMX 10 RC
, pour 13,72 millions d'euros de coûts directs et 10,67
millions d'euros de coûts indirects (sous-traitance de la
réparation de rechanges), et de
l'effort d'acquisition de rechanges
Leclerc
(12,2 millions d'euros de plus qu'en 2001). Ces variations à
la hausse sont en partie compensées par le retour à un niveau
enfin normal des autorisations de programme affectées au soutien des
autres parcs.
Cette augmentation de l'EPM s'accompagne d'une
action volontariste de
rationalisation et de maîtrise des coûts
menée par
l'armée de terre depuis plusieurs années. Des mesures
concrètes ont aussi été prises pour limiter le coût
de soutien des forces :
- espacement des visites périodiques des opérations d'entretien
majeurs ;
- diminution de certains potentiels,
- nouvelles modalités de stockage (stockage à air sec permettant
de conserver les matériels en état de service sous maintenance),
- mise en place d'un service d'intervention technique plus performant,
- développement de la maintenance préventive et réforme de
la politique de gestion...
Cependant
ces dispositions
dans le cadre budgétaire actuel et
celui prévisible à moyen terme
n'empêcheront pas l'EPM
d'être très contraint
, et ceci notamment pour les motifs
suivants :
-
l'augmentation du coût de soutien unitaire
lié à
l'arrivée de nouveaux matériels (à titre d'exemple, on
estime à 0,15 million d'euros le coût unitaire moyen d'entretien
d'un char Leclerc en début de vie, contre 0,09 million d'euros pour un
AMX 30 B2) ;
- le
vieillissement des parcs
, notamment AMX 10 P, 10 RC et VAB
entraînant une augmentation du coût de soutien avec un budget
constant, et impliquant de nouvelles opérations de revalorisation ;
- le
coût de la revalorisation
de certains matériels pesant
directement sur l'EPM Terre ;
-
l'apparition de charges nouvelles
: opérations
extérieures, protection de l'environnement, contrainte de
désamiantage, etc...
2. Evolution de la disponibilité technique opérationnelle des équipements de l'armée de terre
La
disponibilité technique opérationnelle (DTO) correspond au
rapport, exprimé en pourcentage, du nombre de matériels qui ont
la capacité d'assurer les fonctions opérationnelles pour
lesquelles ils ont été conçus, au nombre de
matériels en service.
La DTO des équipements de l'armée de terre s'est
dégradée progressivement jusqu'au dernier trimestre
2000
: sur les 15 parcs de matériels majeurs servant
d'indicateurs, seulement 2 remplissaient l'objectif de DTO en décembre
2000 : les matériels de franchissement du Génie, et les
hélicoptères COUGAR.
Après une phase de stabilisation au cours du 1er trimestre 2001,
la
situation montre une tendance à l'amélioration
. En effet, fin
juin 2001, sur 21 parcs, 5 parcs atteignaient l'objectif, et 8 parcs
étaient en amélioration, comme le montre le tableau
ci-dessous :
EVOLUTION DE LA DTO DE JANVIER À JUIN 2001 POUR LES
PARCS
|
|||||||
Parcs |
Janvier 2001 |
Février 2001 |
Mars 2001 |
Avril 2001 |
Mai 2001 |
Juin 2001 |
Objectif |
VLTT P4 D |
79 % |
80 % |
81 % |
81 % |
82 % |
81 % |
Atteint |
VBL* |
73 % |
73 % |
75 % |
76 % |
77 % |
79 % |
Amélioration |
VAB tous types* |
76 % |
75 % |
74 % |
72 % |
73 % |
76 % |
Amélioration |
VAB PC |
76 % |
77 % |
76 % |
76 % |
78 % |
80 % |
Atteint |
AMX 10 P |
65 % |
65 % |
67 % |
67 % |
66 % |
62 % |
Non atteint |
ERC 90* |
68 % |
64 % |
67 % |
62 % |
61 % |
65 % |
Amélioration |
AMX 10RC* |
41 % |
17 % |
19 % |
0 % |
20 % |
30 % |
Amélioration |
AMX 30 B2* |
61 % |
56 % |
63 % |
64 % |
62 % |
63 % |
Non atteint |
LECLERC* T3;T4;T5 |
Toutes
tranches
|
Toutes
tranches
|
Toutes
tranches
|
33 % |
33 % |
33 % |
Non atteint |
LECLERC* T6;T7 |
35 % |
35 % |
35 % |
Non atteint |
|||
TRF1* |
79 % |
66 % |
73 % |
76 % |
75 % |
77 % |
Amélioration |
AMX 30 AUF1* |
60 % |
59 % |
59 % |
60 % |
60 % |
56 % |
Non atteint |
LRM* |
70 % |
74 % |
75 % |
81 % |
74 % |
81 % |
Atteint |
ROLAND* |
67 % |
68 % |
65 % |
57 % |
64 % |
59 % |
Non atteint |
Génie organisation* |
59 % |
59 % |
60 % |
62 % |
63 % |
66 % |
Amélioration |
EMAD 1( * ) |
36 % |
48 % |
43 % |
47 % |
47 % |
58 % |
Amélioration |
EBG |
30 % |
26 % |
40 % |
42 % |
44 % |
52 % |
Amélioration |
Génie franchissement* |
92 % |
92 % |
91 % |
90 % |
89 % |
91 % |
Atteint |
GAZELLE* |
67 % |
68 % |
72 % |
73 % |
73 % |
70 % |
Atteint |
PUMA* |
51 % |
54 % |
59 % |
66 % |
61 % |
61 % |
Non atteint |
COUGAR* |
66 % |
65 % |
49 % |
64 % |
60 % |
61 % |
Non atteint |
*
Total des existants hors opérations Trident, Salamandre et Epervier
.
Jusqu'au milieu des années 1990, le contexte
géostratégique exigeait de disposer d'une DTO de 100 % pour
tous les parcs de matériels majeurs. En 1996, l'évolution de ce
contexte et la baisse corrélative des ressources budgétaires
consacrées à l'entretien programmé des matériels
(EPM) ont conduit l'armée de terre à limiter la DTO des parcs
majeurs à 80 % pour les matériels terrestres et à
70 % pour les matériels aériens. Cette volonté s'est
traduite par une baisse effective de la DTO à partir de l'année
1997 . De 1997 à 2000, la DTO de ces matériels a connu une
chute importante pour se stabiliser au cours du 1er semestre 2001 autour de 68
% pour les matériels terrestres (hors parcs Leclerc et AMX 10 RC) et de
60 % pour les matériels aériens ;
Cette chute a résulté à la fois :
- des difficultés, qui durent depuis plusieurs années,
dans
l'approvisionnement en pièces de rechange
(rupture de la
chaîne des approvisionnements, lourdeur de la réglementation en
matière d'acquisitions et de passations de marchés) ;
- des
réorganisations des unités et des formations du
matériel
;
- du
sous-effectif chronique en personnels civils de maintenance
;
- de
l'utilisation intensive des matériels
, notamment en
opérations extérieures (ex-Yougoslavie) : VBL, VAB, stations
satellitaires... ;
- de
l'âge important de certains équipements
pour lesquels
des rénovations sont en cours ou prévus.
3. Les facteurs du retour à l'équilibre
Un plan
d'action est mis en oeuvre depuis janvier 2000 pour redresser cet
été de fait. Dorénavant
tous les efforts convergent
pour que l'armée de terre retrouve un niveau de DTO suffisant
, pour
l'exécution de ses activités d'entraînement et la
réalisation de ses objectifs de préparation opérationnelle.
Par ailleurs, l'armée de terre a opéré une
rationalisation des organismes de soutien
des parcs de
matériels :
- la
SIMMAD
(structure intégrée de maintien en
condition opérationnelle des matériels aéronautiques de la
Défense), est devenue, à partir de 2001, l'unique
intermédiaire de l'armée de terre pour le
soutien du parc
aérien.
L'approvisionnement en rechanges devrait notablement
s'améliorer grâce à la passation, au dernier trimestre
2001, de contrats de maintien en condition opérationnelle (MCO) global
auprès des industriels. Ces contrats, négociés avec
Turboméca pour les moteurs et Eurocopter pour les cellules, rendent
responsables les industriels de la fourniture des rechanges pour un taux
d'activité et une période donnée.
- la
création de la SIMMT
(structure intégrée
de maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres
de la défense), équivalent de la SIMMAD pour les matériels
terrestres, devrait, dans le même esprit, garantir un niveau
d'approvisionnement satisfaisant pour l'armée de terre. Son
état-major, mis en place le 1er septembre 2001, va progressivement
monter en puissance jusqu'en septembre 2002.
Par ailleurs, d'autres mesures ont été prises pour redresser
à moyen terme la DTO des matériels terrestres de l'armée
de terre avec un retour à la normale prévu fin 2002 :
-
le renforcement de la filière approvisionnement,
un effort
ayant été fait, dès l'été 2001, sur la
ressource humaine dédiée à la fonction approvisionnement,
parallèlement à une optimisation de la structure d'achat et de
gestion ;
-
le renforcement de la capacité d'anticipation,
par
l'accélération de la mise en service des applications
approvisionnements du système d'information du matériel, qui
devrait améliorer l'évaluation à court, moyen et long
terme des besoins en rechanges et leur financement, et grâce à une
définition plus précise des stocks objectifs pour permettre de
planifier les recomplètements au juste besoin, tout en évitant
les ruptures.
Plusieurs parcs de matériels majeurs, hélicoptères et
blindés fortement sollicités en OPEX ont atteint à un
niveau de disponibilité inférieur de plus de dix à quinze
points par rapport à la norme.
Pour s'adapter aux contraintes budgétaires et mieux utiliser les
ressources allouées, le Matériel a dû diminuer ses stocks
et se rapprocher d'une gestion en flux tendus, notamment pour les rechanges.
Les objectifs de stocks de sécurité ne sont que partiellement
réalisés. Ils nécessiteront pour les adapter aux besoins
un financement supplémentaire.