II. DES RÉSULTATS SATISFAISANTS POUR LA SAISON 2000-2001
A. UNE PROGRESSION DU TOURISME POSITIVE
Malgré des perspectives difficiles, dues aux conséquences négatives du naufrage de l'Erika et des tempêtes survenues fin 1999, auxquelles se sont ajoutées des conditions climatiques estivales médiocres, le bilan de la saison touristique est encourageant. Il résulte, comme les années précédentes, d'une stabilité des déplacements touristiques des Français, mais d'une nouvelle forte progression de la clientèle étrangère .
1. Une stabilisation des déplacements touristiques des Français
En 2000,
les séjours diminuent légèrement (-0,3 %) et les
nuitées progressent modérément (+ 1,1 %) par rapport
à 1999.
La durée moyenne des séjours s'inscrit en hausse,
s'établissant à 5,77 nuits en 2000 contre 5,69 en 1999.
On note une progression -même s'ils restent encore limités- des
longs séjours des français (au moins quatre nuits) à
l'étranger, ce qui traduit le succès de la formule de voyage
« une semaine tout compris ».
La très grande majorité des déplacements des
français s'effectue encore en France et le littoral reste, en 2000,
l'espace le plus fréquenté (35 % des nuitées), alors
que les autres espaces enregistrent une baisse du nombre des nuitées
passées.
ÉVOLUTION DES NUITÉES PASSÉES SELON LES ESPACES EN
2000
(millions) |
Nombre de nuitées |
% 2000/1999 |
Littoral |
264 |
+ 3,1 |
Campagne |
219 |
- 3,5 |
Ville |
151 |
- 1,6 |
Montagne |
120 |
- 1,6 |
Source
: Direction du tourisme/Sofrès
Entre 1999 et 2000, il semble que la fréquentation de « l'Arc
Atlantique » a subi le contrecoup du naufrage de l'Erika, se
traduisant par des baisses assez sensibles -tant en nombre de séjours
que de nuitées passées- en Bretagne, dans les Pays-de-la-Loire et
en Basse-Normandie. En revanche, si les régions habituellement les plus
fréquentées maintiennent leurs performances, des régions
relativement peu fréquentées -Picardie, Bourgogne et
Franche-Comté enregistrent une progression assez forte de leur
clientèle touristique.
S'agissant du mode d'hébergement, le secteur marchand enregistre une
nouvelle progression, par rapport au secteur non marchand, et
l'hôtellerie enregistre la plus forte hausse (+ 6,4 %), annulant
ainsi la baisse significative constatée en 1999.
2. Le dynamisme de la demande étrangère
Avec
3,5 % de progression,
le nombre d'arrivées de touristes
étrangers est estimé à 75,5 millions en 2000
.
L'accroissement moyen annuel s'établit à 3,6 % de 1990 à
2000.
L'évolution de la fréquentation étrangère en France
présente un aspect contrasté suivant les zones
géographiques d'origine des personnes.
Pour l'Europe, marché le plus important de la France, avec une
progression de 3 % des arrivées en 2000, la moyenne a
été de 3,4 % entre 1991 et 2000, avec une augmentation
continue en provenance de l'Europe du Nord et de l'Ouest, et une reprise,
après une légère baisse au début des
années 90, du marché de l'Europe du Sud. Par ailleurs,
après une très forte croissance jusqu'en 1998, les marchés
en provenance de l'Europe centrale et de l'Est ont marqué un net
ralentissement.
La croissance des marchés lointains est particulièrement forte.
Avec des taux de 6,6 % à 9,6 % (10,4 % pour l'Amérique du
Nord) la progression des grandes zones est deux à trois fois
supérieure à celle de l'Europe, et retrouve ainsi sa part
relative de 1996.
Source
: Secrétariat d'Etat au tourisme
Sur les sept dernières années on constate :
- une progression constante de la part des marchés belge, et
surtout néerlandais et, dans une moindre mesure, de celui des
Etats-Unis ;
- à l'inverse, une diminution régulière de la part de
la clientèle espagnole et des pays nordiques ;
- une diminution jusqu'en 1996-1997 des parts des marchés
britannique, italien et japonais, puis un maintien après une
légère reprise ;
- enfin, une augmentation régulière de la part des
marchés allemand et suisse jusqu'en respectivement 1997 et 1996, suivie
d'une baisse tout aussi régulière.
B. LES PREMIÈRES ESTIMATIONS DE LA SAISON 2001
1. Un bilan très contrasté s'agissant de la saison de sports d'hiver
La saison de sports d'hiver 2000-2001 se
caractérise
par de très forts contrastes
:
- contrastes climatiques entre certains massifs très bien pourvus
en neige (notamment une bonne part des Alpes du Sud) et d'autres marqués
par une pluie abondante (Jura, Vosges, ...) ;
- contraste entre les grandes stations qui ont, pour la plupart,
enregistré une forte hausse de leur chiffre d'affaires, et des stations
de moyenne montagne qui ont connu de sérieuses difficultés ;
- contraste, dans les massifs peu enneigés, entre des taux de
fréquentation touristique satisfaisants, et un nombre de journées
skieurs en forte baisse.
En effet, le tourisme hivernal, même en
station, n'est pas parfaitement représenté par la seule
activité des remontées mécaniques ou du foyer de ski de
fond
.
La fréquentation touristique des Français à la montagne
apparaît en légère baisse d'octobre 2000 à
mars 2001, par rapport à la saison 1999-2000. La même
diminution se constate, s'agissant des séjours liés à la
pratique des sports d'hiver.
Compte tenu des conditions climatiques, ce sont les stations de moyenne
montagne, et donc situées dans les massifs des Vosges et du Jura, qui
enregistrent les plus mauvais résultats
en ce qui concerne le bilan
des remontées mécaniques, même si la fréquentation
des hébergements est restée stable.
En ce qui concerne
l'activité des remontées
mécaniques
, la répartition du chiffre d'affaires entre
massifs fait ressortir la
prédominance des Alpes
, qui s'est
accrue en 2000-2001, représentant désormais
91,7% du chiffre
d'affaires total
. Il convient également de souligner la forte
concentration du chiffre d'affaires sur un nombre restreint
d'exploitations : ainsi, en 2000-2001, 33 stations ont
généré 75 % du chiffre d'affaires.
S'agissant de l'activité de ski de fond
, le faible enneigement
à basse altitude a touché l'ensemble des massifs
et la
recette de la redevance nationale, évaluée à
6,8 millions d'euros est
en diminution de 27 %,
atteignant son
plus bas niveau depuis l'hiver 1992-1993. Mis à part les très
grandes stations situées souvent à très haute altitude,
l'ensemble des sites, quelle que soit leur taille, ont enregistré des
baisses importantes de leur chiffre d'affaires.
2. Un niveau d'activité élevé pour l'été 2001
Les premières estimations pour
l'été
2001 confirment la progression continue de l'activité touristique
,
qui fait suite aux très bons résultats enregistrés au
cours de « l'avant-saison ». Ceci résulte notamment
de l'impact des 35 heures et des bonnes conditions climatiques
constatées en juin.
Globalement, cette tendance est essentiellement due à la forte
croissance de la fréquentation étrangère (+12,3 %),
alors que la fréquentation française reste stable.
Ces résultats positifs restent
, comme l'an dernier,
contrastés géographiquement
et ce sont les régions
les plus fréquentées qui enregistrent les plus fortes
progressions (région Provence-Alpes-Côte d'Azur +3,5 % et
Paris +4 %). Par ailleurs, il apparaît que la zone de l'Arc
Atlantique retrouve le niveau de sa fréquentation avant le naufrage de
l'Erika.
Enfin, la tendance, constatée depuis trois ans, au raccourcissement
de la durée des séjours, à l'étalement des vacances
sur l'ensemble de l'année et à l'augmentation des
réservations de dernière minute se confirme cette année,
70 % des offices de tourisme faisant état de cette évolution
marquante.
C. L'ACTIVITÉ DES ENTREPRISES DU SECTEUR DU TOURISME EST SATISFAISANTE EN 2000
En 2000, le secteur de l'hôtellerie a
réalisé environ 185 millions de nuitées
, en
hausse de 2,20 %, la hausse étant plus élevée pour la
clientèle étrangère.
Le taux d'occupation moyen des chambres est de 60 % en 2000, en
progression par rapport à 1999, mais les meilleurs résultats sont
enregistrés d'un côté, par les hôtels
4 étoiles et luxe (+5,6 %) et, de l'autre, par les
hôtels non classés (+7,3 %).
Contrairement aux résultats très positifs
enregistrés en 1999,
l'hôtellerie de plein air accuse une
baisse de 6 % en 2000
, avec 93,6 millions de nuitées, mais
la comparaison avec les résultats des cinq dernières
années permet de relativiser l'impact de cette diminution.
Très logiquement, les régions victimes du naufrage de l'Erika
enregistrent de mauvais résultats. On note, en revanche, une
amélioration de la fréquentation dans les régions
méditerranéennes, ainsi que dans l'Est et en Picardie. Enfin, la
clientèle française est en augmentation dans les zones rurales.
L'industrie du voyage enregistre de très bons résultats
en 2000, le chiffre d'affaires global des agences de voyage ayant
progressé de 11,7 %
pour s'établir à
10,8 milliards d'euros. Les ventes de voyages à forfait ont
progressé de 13,9 % en 2000 mais le chiffre d'affaires des agences
provient pour 73,4 % de l'activité billetterie, qui soutient très
largement la progression du chiffre d'affaires du secteur depuis 1990.
La restauration collective enregistre globalement une hausse de
6,7 % par rapport à 1999 avec 30,49 milliards d'euros de
ventes
.
S'agissant de la restauration collective, la croissance s'est poursuivie en
2000 (+6,1 % en 2000 après +7,8 % en 1999).
La restauration traditionnelle (hors fast food et cantines) enregistre une
progression de 5,4 % de son chiffre d'affaires -équivalente
à celle de 1999-.
La hausse du chiffre d'affaires est plus importante pour les restaurants que
pour les hôtels-restaurants et, géographiquement, elle reste plus
soutenue en Ile-de-France qu'en province, même si l'écart de
croissance s'est réduit.
D. PREMIÈRES ESTIMATIONS DE L'IMPACT DES ATTENTATS DU 11 SEPTEMBRE 2001 SUR L'ACTIVITÉ TOURISTIQUE
Depuis
les attentats terroristes du 11 septembre, la France enregistre 35
à 40 % d'annulations de séjours de touristes
étrangers, révèle une enquête du Syndicat national
des agents de voyages (SNAV) menée auprès de
sociétés françaises spécialisées dans la
réception de touristes étrangers dans le pays.
Selon les premières estimations du SNAV, arrêtées au
8 octobre, les séjours des Américains sont en chute de
91 %, ceux des Canadiens de 85 % et ceux des Japonais de 80 %.
Les touristes d'autres nationalités comme les Britanniques ou les
Scandinaves affichent également leurs réticences à
voyager. Pour les mois à venir, un recul de 25 % est
également établi sur les demandes de séjours, selon ce
sondage.
Quant aux Français eux-mêmes, ils se déplacent nettement
moins à l'étranger : les ventes de billets d'avion ont
reculé de 28 à 35 %, tandis que la commercialisation de
forfaits touristiques a chuté d'environ 40 %. Les destinations les
plus touchées par cette baisse sont, très naturellement, les
Etats-Unis et, le Canada (-28 % à -35 %).
Le SNAV évalue entre 4.000 et 6.000 le nombre de licenciements
techniques qui pourraient intervenir dans le secteur des agences de voyage, sur
un total de 32.000 emplois.
Source
: Syndicat national des agents de voyage.
L'ensemble des professionnels du secteur du tourisme fait état des
mêmes effets sur leur activité, notamment dans
l'hôtellerie-restauration.
La situation a d'ailleurs été qualifiée de
« préoccupante » par le Gouvernement, compte tenu
des risques pesant sur l'emploi, voire même sur la situation
financière de certains établissements.