Projet de loi de finances pour 2002 - Tome XVI : Tourisme
GINESY (Charles)
AVIS 89 - TOME XVI (2001-2002) - COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES
Rapport au format Acrobat ( 146 Ko )Table des matières
- -PROPOS
-
CHAPITRE IER -
PANORAMA DE L'ACTIVITÉ TOURISTIQUE- I. LE MAINTIEN DES PERFORMANCES DE LA « DESTINATION FRANCE »
- II. DES RÉSULTATS SATISFAISANTS POUR LA SAISON 2000-2001
-
CHAPITRE II -
UN BUDGET DU TOURISME CONSOLIDÉ EN 2002- I. CONSOLIDER LA CAPACITÉ D'INTERVENTION DE L'ETAT DANS LE SECTEUR DU TOURISME
-
II. DÉVELOPPER L'ACCÈS AUX VACANCES POUR
TOUS ET PROMOUVOIR LE POTENTIEL TOURISTIQUE À L'ÉTRANGER
- A. L'ACCÈS AUX VACANCES POUR TOUS RESTE UNE PRIORITÉ DU GOUVERNEMENT
- B. DES INTERROGATIONS SUR LES MOYENS DE PROMOTION TOURISTIQUE
- III. PROMOUVOIR LE RÉÉQUILIBRAGE TERRITORIAL DE L'OFFRE ET DE LA FRÉQUENTATION TOURISTIQUE
- IV. DES ATTENTES FORTES EN FAVEUR DES INDUSTRIES TOURISTIQUES
- EXAMEN EN COMMISSION
N° 89
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2001-2002
Annexe au procès-verbal de la séance du 22 novembre 2001
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 2002 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME XVI
TOURISME
Par M. Charles GINÉSY,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Gérard Larcher, président ; Jean-Paul Emorine, Marcel Deneux, Gérard César, Pierre Hérisson, Jean-Marc Pastor, Mme Odette Terrade, vice-présidents ; MM. Bernard Joly, Jean-Paul Émin, Patrick Lassourd, Bernard Piras, secrétaires ; MM. Jean-Paul Alduy, Pierre André, Philippe Arnaud, Gérard Bailly, Bernard Barraux, Mme Marie-France Beaufils, MM. Michel Bécot, Jean-Pierre Bel, Jacques Bellanger, Jean Besson, Claude Biwer, Jean Bizet, Jean Boyer, Mme Yolande Boyer, MM. Dominique Braye, Marcel-Pierre Cleach, Yves Coquelle, Gérard Cornu, Roland Courtaud, Philippe Darniche, Gérard Delfau, Rodolphe Désiré, Yves Detraigne, Mme Evelyne Didier, MM. Michel Doublet, Paul Dubrule, Bernard Dussaut, André Ferrand, Hilaire Flandre, François Fortassin, Christian Gaudin, Mme Gisèle Gautier, MM. Alain Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot, Charles Guené, Mme Odette Herviaux, MM. Alain Journet, Joseph Kerguéris, Gérard Le Cam, Jean-François Le Grand, André Lejeune, Philippe Leroy, Jean-Yves Mano, Max Marest, René Monory, Paul Natali, Jean Pépin, Daniel Percheron, Ladislas Poniatowski, Jean-Pierre Raffarin, Daniel Raoul, Paul Raoult, Daniel Reiner, Charles Revet, Henri Revol, Roger Rinchet, Claude Saunier, Bruno Sido, Daniel Soulage, Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel, André Trillard, Jean-Pierre Vial.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème
législ.) :
3262
,
3320
à
3325
et T.A.
721
Sénat
:
86
et
87
(annexe n°
27
)
(2001-2002)
Lois de finances. |
-PROPOS
Mesdames, Messieurs,
L'examen des crédits consacrés au tourisme dans le projet de loi
de finances permet chaque année de présenter le bilan de
l'activité touristique en France.
Avec 75,6 millions d'arrivées touristiques en 2000, la France
maintient très largement sa position de première destination
mondiale, arrivant en tête de liste devant les Etats-Unis, l'Espagne ou
encore l'Italie. Les premiers résultats pour 2001 sont également
positifs et l'activité des entreprises du secteur est globalement
satisfaisante en 2000.
Néanmoins quelques chiffres et évolutions témoignent d'une
certaine fragilité de la croissance de ce secteur, qu'il convient de ne
pas perdre de vue à l'heure où la concurrence internationale
s'amplifie avec un succès certain.
- Ainsi, en termes de recettes, la France se classe toujours en
troisième position derrière les Etats-Unis et l'Espagne.
- En 2000, et contrairement à 1999, la croissance du nombre de
séjours effectués en France est presque deux fois
inférieure à la croissance mondiale ou européenne dans ce
secteur.
- Enfin, la vague d'attentats du 11 septembre dernier a et aura un impact
certain sur l'activité touristique, dont il faut tenir compte pour
proposer des mesures compensatoires éventuelles.
Dans ce contexte « fragilisé », les crédits
consacrés au tourisme dans le projet de loi de finances pour 2002
augmentent de 2,76 % pour être fixés à 73,89 millions
d'euros (484,7 millions de francs).
Au delà de cette consolidation des crédits, qui étaient en
forte augmentation les années précédentes, il convient de
se féliciter de la poursuite des orientations arrêtées par
le secrétariat d'Etat au tourisme.
En revanche, il convient de s'interroger sur les moyens et les
stratégies à mettre en oeuvre pour assurer la promotion de la
destination France à l'étranger. En outre, votre rapporteur pour
avis regrette que l'épineuse question de l'harmonisation des taux de TVA
n'ait pas avancé en 2001 et il reste très inquiet des effets
induits par la mise en oeuvre de la réduction du temps de travail dans
l'industrie touristique sans réflexion préalable ni plan global
d'accompagnement.
CHAPITRE IER -
PANORAMA DE L'ACTIVITÉ TOURISTIQUE
I. LE MAINTIEN DES PERFORMANCES DE LA « DESTINATION FRANCE »
A. LA PROGRESSION « EXCEPTIONNELLE » DES DÉPLACEMENTS TOURISTIQUES INTERNATIONAUX
La
progression du tourisme mondial en 2000 peut être qualifiée
d'exceptionnelle, selon l'Organisation mondiale du tourisme qui l'évalue
à 7,3 %, après une hausse de 4,10 % en 1999. Ceci
résulte principalement de la forte croissance mondiale et des nombreuses
manifestations liées au millésime particulier.
On estime à 697,6 millions le nombre de voyages effectués
en 2000 pour un volume de recettes estimé à 477,3 milliards
de dollars en augmentation de 4,9 %.
Pour le début de l'année 2001, on note un certain
ralentissement, largement imputable aux fluctuations de l'économie
américaine, et l'Organisation mondiale du tourisme prévoit une
croissance en volume du tourisme mondial de 4,1 % en 2001. Au-delà
de ces prévisions, il est encore difficile de mesurer l'impact, en
matière touristique, des attentats du 11 septembre 2001, mais il
sera loin d'être négligeable.
A plus long terme, -et sans tenir compte des événements
récents- les projections de l'Organisation mondiale du tourisme
traduisent trois grands mouvements :
- une croissance globale rapide du tourisme mondial, de l'ordre de
4,1 % par an ;
- l'émergence de régions encore peu visitées, telles
que le Moyen Orient, l'Asie, le Pacifique et l'Afrique ;
- l'augmentation relative de la part des voyages lointains, qui devrait
ainsi passer de 17,9 % en 1995 à 24,2 % en 2020.
B. LA FRANCE MAINTIENT SA POSITION DE LEADER EN MATIÈRE TOURISTIQUE
Avec 75,6 millions d'arrivées
touristiques en
2000
, la France maintient largement sa position de première
destination touristique internationale et représente, comme l'an
dernier, 10,8 % du marché mondial et 18,6 % du marché
européen. Elle reste ainsi largement en tête, en termes de
visiteurs, devant les Etats-Unis (50,9 millions d'arrivées),
l'Espagne (48,2 millions d'arrivées) ou encore l'Italie (41,2
millions d'arrivées).
Mais, contrairement à 1999, où la
progression
de la
clientèle étrangère en France (+ 4,3 %) avait
été plus forte que celle du tourisme mondial (+ 4,1 %)
et du tourisme européen (+ 2,3 %), les évolutions
constatées en 2000 sont inverses :
- tourisme étranger en France : + 3,5 % ;
- tourisme étranger en Europe : + 5,9 % ;
- tourisme étranger dans le monde : + 7,3 %.
ÉVOLUTION DU TOURISME INTERNATIONAL EN 2000
milliers d'arrivées |
2000 |
2000/1999 |
Part dans le monde |
Part en Europe |
FRANCE |
75.500 |
+ 3,5 % |
10,8 % |
18,6 % |
ESPAGNE |
48.201 |
+ 3,0 % |
6,9 % |
12,0 % |
ITALIE |
41.182 |
+ 12,8 % |
5,9 % |
10,2 % |
TOTAL EUROPE |
402.650 |
+ 5,9 % |
57,7 % |
100 % |
ETATS-UNIS |
50.891 |
+ 4,9 % |
7,3 % |
|
TOTAL MONDE |
697.600 |
+ 7,3 % |
100 % |
|
Source
: OMT
En ce qui concerne les recettes tirées du tourisme, la
France
pour la cinquième année consécutive
se
classe en troisième position,
après les Etats-Unis et
l'Espagne. C'est dans ce dernier pays que la part des recettes touristiques
dans le produit intérieur brut reste la plus élevée
(4,1 %), devant la France et l'Italie.
RECETTES DU TOURISME PAR PAYS EN 2000
(milliards de dollars)
Pays |
Recettes du tourisme international |
PIB 2000 |
% recettes/PIB |
Etats-Unis |
85,2 |
9.926,6 |
0,9 |
Espagne |
31,0 |
762,9 |
4,1 |
France |
29,9 |
1.403,3 |
2,1 |
Italie |
27,4 |
1.413,6 |
1,9 |
Royaume-Uni |
19,5 |
1.430,5 |
1,4 |
Source
: OMT, OCDE
Enfin, d'après les statistiques élaborées par la
Banque de France,
le solde excédentaire du poste
« voyages » de la balance des paiements a atteint
15,2 milliards d'euros
(99,5 milliards de francs) en 2000. Il est
en progression de 13,3 % par rapport à 1999.
Les
recettes
se sont élevées sur l'ensemble de
l'année 2000 à
32,8 milliards d'euros
(215,5 milliards de francs) contre 30 milliards d'euros
(196,6 milliards de francs) en 1999, soit une progression de 9,6 %.
De leur côté, les
dépenses
sont
estimées
à environ 17,7 milliards d'euros
(116,0 milliards de
francs), en progression de 6,6 % par rapport à 1999.
II. DES RÉSULTATS SATISFAISANTS POUR LA SAISON 2000-2001
A. UNE PROGRESSION DU TOURISME POSITIVE
Malgré des perspectives difficiles, dues aux conséquences négatives du naufrage de l'Erika et des tempêtes survenues fin 1999, auxquelles se sont ajoutées des conditions climatiques estivales médiocres, le bilan de la saison touristique est encourageant. Il résulte, comme les années précédentes, d'une stabilité des déplacements touristiques des Français, mais d'une nouvelle forte progression de la clientèle étrangère .
1. Une stabilisation des déplacements touristiques des Français
En 2000,
les séjours diminuent légèrement (-0,3 %) et les
nuitées progressent modérément (+ 1,1 %) par rapport
à 1999.
La durée moyenne des séjours s'inscrit en hausse,
s'établissant à 5,77 nuits en 2000 contre 5,69 en 1999.
On note une progression -même s'ils restent encore limités- des
longs séjours des français (au moins quatre nuits) à
l'étranger, ce qui traduit le succès de la formule de voyage
« une semaine tout compris ».
La très grande majorité des déplacements des
français s'effectue encore en France et le littoral reste, en 2000,
l'espace le plus fréquenté (35 % des nuitées), alors
que les autres espaces enregistrent une baisse du nombre des nuitées
passées.
ÉVOLUTION DES NUITÉES PASSÉES SELON LES ESPACES EN
2000
(millions) |
Nombre de nuitées |
% 2000/1999 |
Littoral |
264 |
+ 3,1 |
Campagne |
219 |
- 3,5 |
Ville |
151 |
- 1,6 |
Montagne |
120 |
- 1,6 |
Source
: Direction du tourisme/Sofrès
Entre 1999 et 2000, il semble que la fréquentation de « l'Arc
Atlantique » a subi le contrecoup du naufrage de l'Erika, se
traduisant par des baisses assez sensibles -tant en nombre de séjours
que de nuitées passées- en Bretagne, dans les Pays-de-la-Loire et
en Basse-Normandie. En revanche, si les régions habituellement les plus
fréquentées maintiennent leurs performances, des régions
relativement peu fréquentées -Picardie, Bourgogne et
Franche-Comté enregistrent une progression assez forte de leur
clientèle touristique.
S'agissant du mode d'hébergement, le secteur marchand enregistre une
nouvelle progression, par rapport au secteur non marchand, et
l'hôtellerie enregistre la plus forte hausse (+ 6,4 %), annulant
ainsi la baisse significative constatée en 1999.
2. Le dynamisme de la demande étrangère
Avec
3,5 % de progression,
le nombre d'arrivées de touristes
étrangers est estimé à 75,5 millions en 2000
.
L'accroissement moyen annuel s'établit à 3,6 % de 1990 à
2000.
L'évolution de la fréquentation étrangère en France
présente un aspect contrasté suivant les zones
géographiques d'origine des personnes.
Pour l'Europe, marché le plus important de la France, avec une
progression de 3 % des arrivées en 2000, la moyenne a
été de 3,4 % entre 1991 et 2000, avec une augmentation
continue en provenance de l'Europe du Nord et de l'Ouest, et une reprise,
après une légère baisse au début des
années 90, du marché de l'Europe du Sud. Par ailleurs,
après une très forte croissance jusqu'en 1998, les marchés
en provenance de l'Europe centrale et de l'Est ont marqué un net
ralentissement.
La croissance des marchés lointains est particulièrement forte.
Avec des taux de 6,6 % à 9,6 % (10,4 % pour l'Amérique du
Nord) la progression des grandes zones est deux à trois fois
supérieure à celle de l'Europe, et retrouve ainsi sa part
relative de 1996.
Source
: Secrétariat d'Etat au tourisme
Sur les sept dernières années on constate :
- une progression constante de la part des marchés belge, et
surtout néerlandais et, dans une moindre mesure, de celui des
Etats-Unis ;
- à l'inverse, une diminution régulière de la part de
la clientèle espagnole et des pays nordiques ;
- une diminution jusqu'en 1996-1997 des parts des marchés
britannique, italien et japonais, puis un maintien après une
légère reprise ;
- enfin, une augmentation régulière de la part des
marchés allemand et suisse jusqu'en respectivement 1997 et 1996, suivie
d'une baisse tout aussi régulière.
B. LES PREMIÈRES ESTIMATIONS DE LA SAISON 2001
1. Un bilan très contrasté s'agissant de la saison de sports d'hiver
La saison de sports d'hiver 2000-2001 se
caractérise
par de très forts contrastes
:
- contrastes climatiques entre certains massifs très bien pourvus
en neige (notamment une bonne part des Alpes du Sud) et d'autres marqués
par une pluie abondante (Jura, Vosges, ...) ;
- contraste entre les grandes stations qui ont, pour la plupart,
enregistré une forte hausse de leur chiffre d'affaires, et des stations
de moyenne montagne qui ont connu de sérieuses difficultés ;
- contraste, dans les massifs peu enneigés, entre des taux de
fréquentation touristique satisfaisants, et un nombre de journées
skieurs en forte baisse.
En effet, le tourisme hivernal, même en
station, n'est pas parfaitement représenté par la seule
activité des remontées mécaniques ou du foyer de ski de
fond
.
La fréquentation touristique des Français à la montagne
apparaît en légère baisse d'octobre 2000 à
mars 2001, par rapport à la saison 1999-2000. La même
diminution se constate, s'agissant des séjours liés à la
pratique des sports d'hiver.
Compte tenu des conditions climatiques, ce sont les stations de moyenne
montagne, et donc situées dans les massifs des Vosges et du Jura, qui
enregistrent les plus mauvais résultats
en ce qui concerne le bilan
des remontées mécaniques, même si la fréquentation
des hébergements est restée stable.
En ce qui concerne
l'activité des remontées
mécaniques
, la répartition du chiffre d'affaires entre
massifs fait ressortir la
prédominance des Alpes
, qui s'est
accrue en 2000-2001, représentant désormais
91,7% du chiffre
d'affaires total
. Il convient également de souligner la forte
concentration du chiffre d'affaires sur un nombre restreint
d'exploitations : ainsi, en 2000-2001, 33 stations ont
généré 75 % du chiffre d'affaires.
S'agissant de l'activité de ski de fond
, le faible enneigement
à basse altitude a touché l'ensemble des massifs
et la
recette de la redevance nationale, évaluée à
6,8 millions d'euros est
en diminution de 27 %,
atteignant son
plus bas niveau depuis l'hiver 1992-1993. Mis à part les très
grandes stations situées souvent à très haute altitude,
l'ensemble des sites, quelle que soit leur taille, ont enregistré des
baisses importantes de leur chiffre d'affaires.
2. Un niveau d'activité élevé pour l'été 2001
Les premières estimations pour
l'été
2001 confirment la progression continue de l'activité touristique
,
qui fait suite aux très bons résultats enregistrés au
cours de « l'avant-saison ». Ceci résulte notamment
de l'impact des 35 heures et des bonnes conditions climatiques
constatées en juin.
Globalement, cette tendance est essentiellement due à la forte
croissance de la fréquentation étrangère (+12,3 %),
alors que la fréquentation française reste stable.
Ces résultats positifs restent
, comme l'an dernier,
contrastés géographiquement
et ce sont les régions
les plus fréquentées qui enregistrent les plus fortes
progressions (région Provence-Alpes-Côte d'Azur +3,5 % et
Paris +4 %). Par ailleurs, il apparaît que la zone de l'Arc
Atlantique retrouve le niveau de sa fréquentation avant le naufrage de
l'Erika.
Enfin, la tendance, constatée depuis trois ans, au raccourcissement
de la durée des séjours, à l'étalement des vacances
sur l'ensemble de l'année et à l'augmentation des
réservations de dernière minute se confirme cette année,
70 % des offices de tourisme faisant état de cette évolution
marquante.
C. L'ACTIVITÉ DES ENTREPRISES DU SECTEUR DU TOURISME EST SATISFAISANTE EN 2000
En 2000, le secteur de l'hôtellerie a
réalisé environ 185 millions de nuitées
, en
hausse de 2,20 %, la hausse étant plus élevée pour la
clientèle étrangère.
Le taux d'occupation moyen des chambres est de 60 % en 2000, en
progression par rapport à 1999, mais les meilleurs résultats sont
enregistrés d'un côté, par les hôtels
4 étoiles et luxe (+5,6 %) et, de l'autre, par les
hôtels non classés (+7,3 %).
Contrairement aux résultats très positifs
enregistrés en 1999,
l'hôtellerie de plein air accuse une
baisse de 6 % en 2000
, avec 93,6 millions de nuitées, mais
la comparaison avec les résultats des cinq dernières
années permet de relativiser l'impact de cette diminution.
Très logiquement, les régions victimes du naufrage de l'Erika
enregistrent de mauvais résultats. On note, en revanche, une
amélioration de la fréquentation dans les régions
méditerranéennes, ainsi que dans l'Est et en Picardie. Enfin, la
clientèle française est en augmentation dans les zones rurales.
L'industrie du voyage enregistre de très bons résultats
en 2000, le chiffre d'affaires global des agences de voyage ayant
progressé de 11,7 %
pour s'établir à
10,8 milliards d'euros. Les ventes de voyages à forfait ont
progressé de 13,9 % en 2000 mais le chiffre d'affaires des agences
provient pour 73,4 % de l'activité billetterie, qui soutient très
largement la progression du chiffre d'affaires du secteur depuis 1990.
La restauration collective enregistre globalement une hausse de
6,7 % par rapport à 1999 avec 30,49 milliards d'euros de
ventes
.
S'agissant de la restauration collective, la croissance s'est poursuivie en
2000 (+6,1 % en 2000 après +7,8 % en 1999).
La restauration traditionnelle (hors fast food et cantines) enregistre une
progression de 5,4 % de son chiffre d'affaires -équivalente
à celle de 1999-.
La hausse du chiffre d'affaires est plus importante pour les restaurants que
pour les hôtels-restaurants et, géographiquement, elle reste plus
soutenue en Ile-de-France qu'en province, même si l'écart de
croissance s'est réduit.
D. PREMIÈRES ESTIMATIONS DE L'IMPACT DES ATTENTATS DU 11 SEPTEMBRE 2001 SUR L'ACTIVITÉ TOURISTIQUE
Depuis
les attentats terroristes du 11 septembre, la France enregistre 35
à 40 % d'annulations de séjours de touristes
étrangers, révèle une enquête du Syndicat national
des agents de voyages (SNAV) menée auprès de
sociétés françaises spécialisées dans la
réception de touristes étrangers dans le pays.
Selon les premières estimations du SNAV, arrêtées au
8 octobre, les séjours des Américains sont en chute de
91 %, ceux des Canadiens de 85 % et ceux des Japonais de 80 %.
Les touristes d'autres nationalités comme les Britanniques ou les
Scandinaves affichent également leurs réticences à
voyager. Pour les mois à venir, un recul de 25 % est
également établi sur les demandes de séjours, selon ce
sondage.
Quant aux Français eux-mêmes, ils se déplacent nettement
moins à l'étranger : les ventes de billets d'avion ont
reculé de 28 à 35 %, tandis que la commercialisation de
forfaits touristiques a chuté d'environ 40 %. Les destinations les
plus touchées par cette baisse sont, très naturellement, les
Etats-Unis et, le Canada (-28 % à -35 %).
Le SNAV évalue entre 4.000 et 6.000 le nombre de licenciements
techniques qui pourraient intervenir dans le secteur des agences de voyage, sur
un total de 32.000 emplois.
Source
: Syndicat national des agents de voyage.
L'ensemble des professionnels du secteur du tourisme fait état des
mêmes effets sur leur activité, notamment dans
l'hôtellerie-restauration.
La situation a d'ailleurs été qualifiée de
« préoccupante » par le Gouvernement, compte tenu
des risques pesant sur l'emploi, voire même sur la situation
financière de certains établissements.
CHAPITRE II -
UN BUDGET DU TOURISME CONSOLIDÉ EN
2002
Après avoir progressé de 7,4 % en 2000 et de
12 % en 2001, le budget du tourisme est consolidé dans le projet de
loi de finances pour 2002.
Les moyens de paiements augmentent de 2,76 % pour être
fixés à 73,89 millions d'euros (484,7 millions de
francs).
Il convient de souligner qu'en 2001, comme les années
précédentes, le Parlement avait majoré de
2,38 millions d'euros les moyens de paiement inscrits au budget du
tourisme.
PROJET
DE LOI DE FINANCES POUR 2002
RÉPARTITION DES CRÉDITS
millions d'euros (millions de francs)
Nature des crédits |
PLF 2001 |
BV 2001 |
PLF 2002 |
% PLF 2002/2001 |
Titre III - Moyens des services |
21,1
|
21,16
|
22,42
|
+4,73 |
Titre IV - Interventions publiques |
44
|
44,73
|
44,51
|
+1,01 |
TOTAL DEPENSES ORDINAIRES |
65,1
|
65,89
|
66,93
|
+1,21 |
Titre VI - Subv. d'investissements |
|
|
|
|
- autorisations de programmes |
13,6
|
15,17
|
14,03
|
+3,16 |
- crédits de paiements |
6,8
|
8,39
|
6,96
|
+2,35 |
TOTAL DO + CP |
71,9
|
74,28
|
73,89
|
+2,76 |
Contrairement au budget de l'année
précédente,
ce sont les coûts de fonctionnement qui enregistrent la plus forte
progression.
A travers la loi de finances pour 2002, sont ainsi confirmées les
orientations stratégiques fixées depuis cinq ans dans le
domaine du tourisme : le tourisme comme outil d'aménagement du
territoire et de développement local, le développement de
l'accès aux vacances pour tous et le renforcement de la capacité
d'intervention de l'Etat en matière touristique.
I. CONSOLIDER LA CAPACITÉ D'INTERVENTION DE L'ETAT DANS LE SECTEUR DU TOURISME
A. L'AUGMENTATION DES MOYENS DE L'ADMINISTRATION CENTRALE
Les
crédits du titre III sont fixés à 22,42 millions
d'euros, en progression de 4,73 %.
Au-delà d'une stabilisation des effectifs budgétaires à
leur niveau de 2001, les crédits de personnel augmentent de 7 % en
raison essentiellement des mesures de réaménagement indiciaire et
indemnitaire des postes budgétaires.
Cette progression autorise également la revalorisation des
indemnités de résidence des agents des bureaux à
l'étranger ainsi que la mise en oeuvre du futur statut des
délégués régionaux au tourisme.
En outre, la progression de 5 % des moyens de fonctionnement de
l'administration centrale doit permettre, outre la rénovation de locaux,
la mise en place de moyens informatiques, notamment sur le plan comptable. En
revanche, les moyens de fonctionnement des délégations
régionales au tourisme sont simplement reconduits.
B. LE MAINTIEN DES CRÉDITS CONSACRÉS À LA CAPACITÉ D'EXPERTISE PUBLIQUE
1. La reconduction des crédits d'étude et d'information statistique
Dans le projet de loi de finances pour 2002, la dotation pour les études est simplement reconduite à hauteur de 2,08 millions d'euros contre 2,09 millions d'euros en 1999, pour poursuivre la réalisation de l'enquête aux frontières. Dans le prolongement de celle-ci doit être mis en place un dispositif permanent d'observation des flux des touristes non-résidents, indispensable -compte tenu du passage à l'euro- pour l'établissement du poste « voyages » de la balance des paiement.
2. Les moyens d'expertise
Le développement de la capacité d'expertise publique en matière de tourisme est confié à l'Agence française de l'ingénierie touristique (AFIT), groupement d'intérêt public créé par arrêté du 16 mars 1993 pour une durée de six ans et dont le renouvellement pour une durée identique a fait l'objet de l'arrêté du 19 février 1999. Cette structure, associant neuf ministères concernés par le tourisme, des établissements publics de l'Etat, des représentants des collectivités territoriales, différentes structures publiques et privées concernées par le tourisme ainsi que des entreprises, exerce sa mission d'ingénierie en amont des opérateurs comme assistant ou commanditaire. Il sous-traite l'ingénierie des études nécessaires à des experts et bureaux privés.
ACTIONS MENÉES PAR L'AFIT
1 -
Etablissement et tenue à jour d'un panorama de l'offre touristique
française. Ce panorama permet d'éclairer les opérateurs
publics et privés sur les différents segments qui composent
l'offre française, qu'il s'agisse de la qualité de cette offre et
de son organisation, de ses marchés actuels ou futurs, et de ses
potentialités de développement.
2 - Identifier, stabiliser, améliorer, diffuser les savoir-faire en
particulier dans les domaines suivants :
. définition et conduite des politiques territoriales (projets de
station, schémas départementaux et régionaux, politiques
de pays, routes touristiques,...) ;
. conduite de politiques de filières ;
. développement des démarches qualité ;
. amélioration des processus de commercialisation du tourisme
(organisation, marques et labels, informatique touristique, ...) ;
. mise au point de projets, financements, montages...
3 - Participer à des opérations, en jouant dans la phase amont
des projets le rôle d'assistant à commanditaire, qui peut dans
certains cas se traduire par une délégation pour la conduite de
certaines études ou expertises.
En outre, l'AFIT participe à la politique internationale du
ministère en contribuant à l'export d'ingénierie et de
savoir-faire français à l'étranger.
Source
: Secrétariat d'Etat au tourisme
Dans le projet de loi de finances pour 2002,
les crédits
affectés à l'AFIT sont reconduits à un niveau identique
à celui de 1999
, soit 1,94 millions d'euros. Ces moyens
financiers intègrent, comme l'an dernier, la compensation du coût
net de l'assujettissement de l'agence au paiement de la TVA.
II. DÉVELOPPER L'ACCÈS AUX VACANCES POUR TOUS ET PROMOUVOIR LE POTENTIEL TOURISTIQUE À L'ÉTRANGER
A. L'ACCÈS AUX VACANCES POUR TOUS RESTE UNE PRIORITÉ DU GOUVERNEMENT
Depuis
1997, de multiples initiatives participent d'une véritable politique
sociale du tourisme. Ainsi, le principe du droit aux vacances pour tous a
été inscrit dans la loi n° 98-657 du
29 juillet 1998 d'orientation relative à la lutte contre les
exclusions.
Des crédits budgétaires en progression constante accompagnent
cet axe majeur du secrétariat d'Etat au tourisme.
1. Une progression soutenue des crédits budgétaires d'intervention
Les
crédits inscrits au chapitre 44-01 au titre du soutien au secteur
associatif augmentent de 12,1 % par rapport au projet de loi de finances
pour
2001 et ils sont fixés à 2,82 millions d'euros
.
Ils avaient progressé de 39,8 % en 2001 par rapport à 2000.
Ils doivent financer :
- les moyens de fonctionnement et d'intervention du groupement
d'intérêt public (GIP) « Bourse Solidarité
Vacances », créé le 15 novembre 1999, dont
l'objet est de mobiliser les moyens d'accueil et de transport à
destination des populations défavorisées, dans le cadre de la
lutte contre l'exclusion. Après une première campagne, en 1999,
qui a bénéficié à environ 1.200 personnes
partant en vacances pour la première fois, en 2000, 15.000 offres
de séjours sur plus de 300 destinations ont
bénéficié à 12.000 personnes.
En 2001,
près de 20.000 offres de séjours ont été
collectées sur 400 destinations
.
L'ACTION DE LA BOURSE SOLIDARITÉ VACANCES EN
2001
LES
CHIFFRES CLÉS
L'offre
19.983 offres de séjours ou de loisirs ont été
collectées auprès de 34 professionnels du tourisme.
- offres comités d'entreprises 7 024 35,00 %
- offres privées 3 386 17,00 %
- offres tourisme associatif 5 528 27,50 %
- loisirs 1 525 8,00 %
- offres collectivités 2 520 13,50 %
61,37 % de ces offres se situent en période de vacances scolaires.
Elles concernent 398 destinations.
La demande
Pour 37 % des personnes, il s'agit d'un premier départ en vacances.
L'écart moyen des départs pour les autres personnes est de
4 ans. Un bon nombre de foyers ne sont pas partis en vacances depuis plus
de 10 ans ou depuis le mariage ou l'arrivée d'enfants dans la
famille.
Les familles
Données statistiques, population globale : 3.222 familles se
sont inscrites depuis le début de l'année, représentant
12.951 personnes. 41 % sont des familles vivant en couple, 49 %
sont des familles monoparentales, 10 % sont des personnes
« isolées ». Les revenus correspondent à un
revenu moyen mensuel de 1.340 francs par personne. L'âge moyen des
enfants est de 9 ans, et celui des adultes de 37,5 ans.
Coût moyen du séjour : 250,00 francs à
700,00 francs la semaine.
Source
: Secrétariat d'Etat au tourisme
Avec un budget de 1,41 million d'euros (9,22 millions de francs)
dont 1,22 million d'euros (8 millions de francs) en provenance du
secrétariat d'Etat au tourisme
, l'année 2002 connaîtra
un nouveau développement des opérations du GIP, grâce
à l'action conjuguée des partenaires professionnels (entreprises
de tourisme privé et associatif, SNCF, Air France, RATP, parcs de
loisirs, ...) et des acteurs sociaux (Secours populaire, Secours Catholique,
ATD Quart Monde, ...), ainsi que des collectivités locales :
- les conventions d'objectifs que l'Etat signe avec les associations de
tourisme social pour consolider et relayer son action en faveur, notamment, de
l'insertion sociale des jeunes et des familles en difficulté ;
- les actions en faveur des personnes handicapées, dans le cadre de
la campagne nationale qui leur est consacrée, mise en place par la
secrétaire d'Etat au tourisme depuis 1998.
Les trois premières campagnes ont favorisé l'émergence de
services et produits touristiques réellement ouverts à tous qui
résultent de la mobilisation de l'ensemble des acteurs de la
filière.
Sur la base des recommandations formulées en 2000 par le Conseil
national du tourisme, un label « tourisme et handicap » a
été officiellement mis en place le 4 mai 2001. Ce label
veut remédier à la faiblesse des informations sur
l'accessibilité pour les personnes handicapées des sites et des
équipements touristiques, culturels et de loisirs qui constitue un
obstacle majeur au départ en vacances des personnes handicapées.
Ce label a donc un double objectif :
- apporter à la clientèle handicapée une information
fiable sur l'accessibilité des sites et des équipements
touristiques ;
- développer l'offre touristique adaptée et favoriser
l'émergence de produits et de services touristiques réellement
ouverts à tous, tout en garantissant à chacun un maximum
d'autonomie.
Il s'agit d'un label national, attribué dans chaque région par
une instance composée à parité de représentants du
monde du tourisme et de représentants des associations de personnes
handicapées et dont le fonctionnement est assuré par les
délégations régionales au tourisme.
La demande de labellisation reste une démarche volontaire des
professionnels qui souhaitent s'engager sur un accueil de qualité et des
équipements accessibles aux personnes handicapées.
Les informations recueillies sur l'accessibilité pour les quatre types
de handicaps des équipements touristiques seront diffusées dans
tous les documents descriptifs tant généraux que
spécialisés.
Enfin, une commission nationale, animée par l'association
« Tourisme et handicaps » qui réunit des
représentants des personnes handicapées et des professionnels du
tourisme est chargée d'assurer le suivi du dispositif ainsi mis en place.
Votre rapporteur pour avis se félicite du lancement de ce label,
soulignant qu'il résulte d'une collaboration fructueuse entre les
associations de personnes handicapées, les professionnels et
l'administration du tourisme.
Ainsi, on peut rappeler que l'ensemble de la profession touristique, par le
biais de ses sept principales fédérations, a adhéré
à cette démarche en signant la charge nationale
« Tourisme et Handicap ».
2. L'application du nouveau régime des chèques-vacances
a) Des correctifs à mettre en oeuvre pour la loi n° 99-584 du 12 juillet 1999
La
loi n° 99-584 du 12 juillet 1999 modifiant l'ordonnance du
26 mars 1982 portant création du chèque-vacances vise
à faciliter, par un dispositif adapté, l'accès aux
vacances des salariés des PME-PMI.
L'accès des salariés aux chèques-vacances est
conditionné par un niveau de ressources dont l'assiette a
été actualisée. Auparavant, seuls les salariés dont
l'impôt était inférieur à un certain seuil
(11.450 francs en 1998) pouvaient faire l'acquisition de
chèques-vacances. La loi retient désormais le revenu du foyer
fiscal, afin de refléter la situation réelle des personnes et des
familles. Le revenu du foyer fiscal ne doit pas, pour l'année 2001,
excéder 13.624 euros (89.370 francs) pour la première
part de quotient familial, majoré de 3.107 euros
(20.380 francs) par demi-part supplémentaire.
Mais, les premières évaluations portant sur ce nouveau mode de
prise en compte des ressources des salariés semblent montrer que
ce
seuil du revenu fiscal de référence est fixé trop bas, ne
permettant pas de faire bénéficier suffisamment de
salariés aux revenus moyens du dispositif des
chèques-vacances
. Ceci concernerait principalement les foyers
à revenus moyens avec enfants.
Selon les estimations faites par l'Agence nationale des
chèques-vacances :
- 50 % des salariés des PME-PMI déjà
contactées sur la mise en place des chèques-vacances sont exclus
du dispositif ;
- 20 % des salariés des entreprises déjà
clientes ont été exclus ;
- 30 % des agents de la fonction publique ne peuvent plus
bénéficier du nouveau dispositif.
L'impact sur l'activité de l'agence est estimé à
44,2 millions d'euros (290 millions de francs). La comparaison avec
l'ancien système fait apparaître que, si dès la
première part, le revenu de référence retenu correspond
à une cotisation IRPP inférieure de 12,9 % à l'ancien
plafond, cet écart s'accroît avec l'augmentation du nombre de
parts pour atteindre 22,3 % pour un foyer totalisant 4 parts (cas d'un
couple avec trois enfants).
Votre rapporteur pour avis dénonce les effets pénalisants de
ce nouveau dispositif, notamment pour les familles
. Il souhaite que soit
très rapidement menée une étude plus précise pour
que des correctifs puissent être apportés aux règles de
prise en compte du niveau de ressources ouvrant droit au bénéfice
des chèques-vacances.
L'extension du champ d'application de la loi au secteur des
PME-PMI
prend en compte la diversité des entreprises
concernées, leur dispersion sur le territoire national et le souci
d'éviter la multiplication de contraintes administratives et
financières.
Il est ainsi prévu que le montant de la contribution de l'employeur et
les modalités de son attribution fassent l'objet :
- soit d'un accord collectif de branche au niveau national,
régional ou local,
- soit d'un accord collectif de travail regroupant au plan local ou
départemental professionnel ou interprofessionnel, les entreprises
occupant moins de cinquante salariés ;
- soit d'un accord d'entreprise conclu avec un ou plusieurs
délégués du personnel désignés comme
délégués syndicaux ou avec plusieurs salariés
mandatés par des organisations syndicales.
En 2000, 140 conventions ont été signées dans le
secteur des PME et des discussions sont en cours, au niveau national, avec la
CAPEB dans le secteur du bâtiment, ou encore l'Union professionnelle
artisanale.
De plus, la loi élargit les possibilités d'utilisation
des chèques-vacances au territoire européen
. Elle
prévoit qu'ils pourront être remis en paiement des dépenses
effectuées sur le territoire des Etats membres de l'Union
européenne aux prestataires qui auront signé une convention avec
l'Agence nationale pour les chèques-vacances.
A ce stade, des conventions de partenariat sont en cours de négociation
entre l'Italie et la France, et entre l'INATEL au Portugal et l'ANCV en France.
Ces perspectives devraient pouvoir s'élargir à d'autres pays de
l'Union, l'application de cette mesure étant rendue plus facile par
l'arrivée de l'euro.
Enfin, il convient de signaler que
l'organisation de l'Agence nationale pour
les chèques-vacances a été réformée par le
décret n° 2001-62 du 22 janvier 2001
. Ses
instances décisionnelles ont été
réorganisées pour répondre au nouveau développement
de son activité généré par les dispositions de la
loi de 1999. Les fonctions de président du conseil d'administration et
de directeur général, qui depuis 1992 étaient
confiées à une même personne, ont été
disjointes, ce qui est plus conforme aux règles d'organisation d'un
établissement public industriel et commercial.
b) Le bilan d'activité de l'Agence nationale des chèques-vacances
Le
chiffre d'affaires de l'Agence nationale pour les chèques-vacances a
atteint 682,4 millions d'euros en 2000
contre 646,4 millions
d'euros en 1999, soit une
progression de 5,6 %
. Le résultat
net comptable pour 2000 s'est élevé à 8,9 millions
d'euros, soit plus du double de l'exercice précédent, en raison
de la progression des produits financiers.
Les excédents de gestion de l'exercice 1999, distribuables sous forme de
subventions aux équipements de tourisme et de loisirs à vocation
sociale ainsi qu'aux actions contribuant à l'application des politiques
sociales du tourisme, ont fait l'objet d'une première répartition
par le conseil d'administration du 15 juin 2001 : il a
été décidé d'attribuer 3,77 millions d'euros
(24,72 millions de francs) à des équipements de tourisme et
244.000 euros (1,6 million de francs) à des actions de
solidarité.
De 1994 à 1999, 19,73 millions d'euros (129,46 millions de
francs) ont été ainsi attribués aux hébergements du
tourisme social selon la répartition suivante :
- villages de vacances 27 %
- maisons familiales 27 %
- campings 25 %
- auberges de jeunesse/CIS 5 %
- centres sportifs 3 %
- hôtels 7 %
- autres 6 %
Enfin, en application de l'ordonnance de 1982, qui prévoit que la
contre-valeur des chèques-vacances périmés est
affectée au bénéfice de catégories sociales
défavorisées, l'ANCV a attribué en 2000 aux organismes
sociaux ou associations caritatives une dotation de 1,113 million d'euros
sous forme de bourses vacances et 17.000 personnes ont pu ainsi
bénéficier de chèques-vacances sous forme de bourse.
3. La relance de la politique de réhabilitation du parc immobilier du tourisme social
Depuis 1990, le programme en faveur des
hébergements touristiques à caractère social et familial a
été engagé avec, comme objectif, d'assurer la
rénovation de la moitié de la capacité d'accueil en
villages et maisons familiales de vacances gérés par les
associations agréées.
Sur la période 1990/2001, près de 110.000 lits ont
bénéficié de ce programme (environ 10.000 lits par
an) pour un montant d'intervention de l'Etat de 46,49 millions d'euros
(environ 2 milliards de francs), à travers la programmation de
565 opérations.
37,5 % des villages de vacances financés sur cette ligne se
trouvent en zone rurale, et ceux situés sur le littoral et en montagne
représentent respectivement 32 % et 30 %.
Sur la période 1990/2001, le ministère chargé du tourisme
est intervenu en moyenne à hauteur de 16 %, les régions de
10 %, les départements de 8,5 %, auxquels il convient
d'ajouter les crédits européens (6 %). En moyenne, l'apport
en fonds propres s'est élevé à 44 %.
La circulaire du 25 mars 1998 a permis de relancer ce programme
de réhabilitation avec comme objectifs :
- le renforcement de la fonction sociale des équipements
aidés ;
- la prise en compte des politiques d'aménagement du territoire et
de développement local ;
- une meilleure concertation avec les associations et
fédérations du secteur, tant au niveau national que
déconcentré.
Ainsi, les aides ont été étendues aux hébergements
à destination de clientèles jeunes ou très sociales.
Dans la loi de finances pour 2001, 3,7 millions d'euros
(24,3 milliards de francs) en autorisations de programmes et
2,4 millions d'euros (13,41 milliards de francs) de crédits de
paiement ont permis la programmation de 37 opérations de
rénovation, représentant 8.000 lits touristiques et
27,89 millions d'euros (183 millions de francs) de travaux.
En 2002, le Gouvernement a décidé de poursuivre cet
effort en faveur de l'hébergement touristique à caractère
social et familial.
Ce programme intitulé « programme de consolidation de
l'équipement du tourisme social » s'inscrit dans la
continuité du plan patrimoine. Sa fonction sociale reste prioritaire
dans la mesure où il participe toujours à l'élargissement
du droit aux vacances pour tous et il met l'accent sur l'accueil des personnes
en situation de handicap.
Ainsi, le Comité interministériel d'aménagement et de
développement du territoire (CIADT) du 9 juillet 2001 a
approuvé le « programme de consolidation de
l'équipement du tourisme social », mettant en avant le
rôle essentiel du tourisme associatif dans l'aménagement du
territoire. Il affecte 27,44 millions d'euros (180 millions de
francs) de crédits sur la période 2001/2006),
complétés par 9,14 millions d'euros (60 millions de
francs) du Fonds national d'aménagement et de développement du
territoire (FNADT) pour conforter la restructuration des équipements de
tourisme social situés dans les zones rurales et de moyenne montagne.
Le nouveau programme vise à atténuer le
déséquilibre dans la répartition spatiale des
équipements touristiques en prenant en compte de façon
marquée les équipements situés en moyenne montagne et en
zone rurale.
Dans le projet de loi de finances pour 2002,
le montant des
autorisations de programme est porté à 4,2 millions d'euros
(27 millions de francs) en progression de 11,2 % par rapport à
2001
, et les crédits de paiement atteignent 2,15 millions
d'euros (14,1 millions de francs) soit une hausse de 4,8 %.
Votre rapporteur pour avis se félicite vivement de la poursuite du
programme de rénovation du parc immobilier du tourisme social
.
L'an dernier, il avait relevé que 400 établissements
devaient encore faire l'objet d'une réhabilitation avec un besoin de
financement estimé à 45,7 millions d'euros.
B. DES INTERROGATIONS SUR LES MOYENS DE PROMOTION TOURISTIQUE
1. Bilan d'activité de « Maison de la France »
En
2001, le budget (hors taxes) de Maison de la France s'élevait à
51,32 millions d'euros (336,6 millions de francs) et les sources de
financement se sont ainsi réparties :
- Etat 45,2 %
- Régions (CRT et autres partenaires) 13,1 %
- Autres institutionnels et partenaires locaux 13,0 %
- Privés 22,3 %
- Divers 6,4 %
Sur la base d'un audit d'organisation réalisé par le
cabinet KPMG, trois axes structurants ont servi à la
réorganisation de Maison de la France en 2000 et 2001. Il s'est agit
de :
- renforcer les fonctions marketing par le regroupement de l'ensemble des
fonctions opérationnelles dans une nouvelle direction intitulée
« marketing et partenariats » ;
- restructurer l'emploi des nouvelles technologies :
En 2000, le site Internet de Maison de la France
« Franceguide.com » a reçu près de
700.000 visiteurs qui ont lu plus de 13 millions de pages, soit une
progression de 250 % par rapport à 1999. Une quatrième langue
-l'italien- s'est ajoutée au français, à l'anglais et
à l'allemand, chaque adhérent disposant d'une page
régulièrement mise à jour avec un lien vers son propre
site Internet.
- le développement du programme informatique unifié (PIU)
s'est poursuivi pour moderniser la fonction d'information du grand public et
traiter deux millions de demandes par an.
- un projet de mail-center unique centralisant les envois de documentation
pour la zone Atlantique est en cours de réalisation.
- élargir le rôle des zones à travers le regroupement
de l'ensemble des marchés extérieurs en quatre zones
géographiques. Il s'agit de développer de meilleures synergies
internes, tout en favorisant les économies d'échelle. Les quatre
zones ainsi créées sont la zone Europe Atlantique, la zone Europe
Continentale, la zone Amérique et la zone Asie.
En 2001, outre la poursuite de la politique de réorganisation
initiée en 2000, des actions de communication ciblées ont
été menées tant sur les principaux marchés
étrangers qu'en France. Sur les marchés étrangers, les
opérations de communication ont eu pour objectif de toucher des
clientèles à haut pouvoir d'achat.
En direction de la clientèle française, le choix s'est
porté vers des campagnes thématiques ou régionales.
Enfin, la nouvelle campagne « Bonjour 2001 »,
confiée à Maison de la France, a eu pour objectifs
d'intégrer l'accueil à la promotion, d'obtenir un
véritable engagement des professionnels, d'élargir la campagne
à d'autres réseaux, de lui donner un vrai contenu grand public,
d'étendre la campagne à l'étranger et de bâtir une
opération à long terme. Concrètement un nouveau logo a
été utilisé, avec une accroche plus pérenne :
« en France, le sourire vient du coeur ». Le lancement de
la campagne, comportant des affiches déclinées par région,
est intervenu plus tôt dans la saison. La campagne, relayée sur le
site franceguide.com, a comporté le lancement d'une bourse aux
innovations et la publication de quatre lettres d'information annuelles. A
l'étranger, la campagne a été déclinée dans
le cadre des actions de promotion menées, et le prix du meilleur accueil
a été créé sous forme d'un jeu se déroulant
dans les 26 régions, permettant aux touristes de gagner
trois prix par région, à partir de l'envoi de cartes
postales sélectionnant les meilleurs accueils.
Les moyens mis en oeuvre mettent fortement l'accent sur le recours aux
nouvelles technologies, qui ont ainsi bénéficié de moyens
matériels et humains plus importants.
La priorité a été donnée à la modernisation
du site Internet, désormais accessible en six langues et comportant
des rubriques thématiques spécifiques, comme celle
consacrée aux jeunes, la mise en ligne des campagnes et des
études. Grâce à la nouvelle configuration du site, le
nombre de visites a considérablement augmenté et devrait
atteindre 6 millions cette année.
De nombreuses opérations ont été mises en place en
direction des professionnels et de la presse, des actions nouvelles ont
été menées sur certains marchés étrangers
comme la participation au salon de la croisière
« Seatrade » à Miami, ou la participation au salon
UITT à Kiev, Maison de la France organisant, ou participant à
l'organisation de, plus de 2.000 opérations.
La politique « produits » a été
développée et s'est notamment concrétisée par la
création d'un club « nature » regroupant les
professionnels de ce secteur, de telle sorte que plus de 400 partenaires
participent aujourd'hui à la mise ne oeuvre de cette politique, au sein
notamment de 14 clubs ou groupes de travail thématiques qu mettent en
place des actions de promotion spécifiques.
Source
: Secrétariat d'Etat au tourisme
2. Des incertitudes pour l'avenir de Maison de la France
Dans le projet de loi de finances pour 2002, les
crédits budgétaires consacrés à Maison de la France
sont simplement reconduits par rapport à 2001 pour être
fixés à 27,44 millions d'euros (180 millions de
francs).
Ces crédits correspondent à la subvention de
fonctionnement de Maison de la France (13,9 millions d'euros), à la
participation de l'Etat aux actions menées en partenariat
(12,55 millions d'euros) et aux actions de promotion en France
(0,99 million d'euros).
Globalement, la contribution de l'Etat finance 50 % du budget de
fonctionnement de Maison de la France, et environ 45 % des actions de
promotion de la France à l'étranger.
Comme les années précédents, votre rapporteur pour avis
regrette que l'objectif de maîtrise des dépenses publiques ne
permette pas de dégager des ressources supplémentaires pour
Maison de la France, d'autant plus que l'effort de promotion touristique
mené par la France reste modeste par rapport à celui consenti par
nos principaux concurrents.
En dépit de l'extrême difficulté à établir
des comparaisons avec les pays étrangers, force est de constater que la
France mobilise moins de moyens financiers que d'autres pour assurer sa
promotion touristique. Ainsi, et quelque soit le critère de comparaison
retenu, l'Espagne arrive le plus souvent en tête en matière de
promotion touristique. Celle-ci est financée très largement par
les communautés autonomes qui disposent de moyens très
importants. En outre, le Turespana, organisme public autonome commercial
rattaché au Secrétariat d'Etat au commerce, au tourisme et aux
PME, a consacré 41,16 millions d'euros, sur ses fonds propres
à la promotion du tourisme espagnol sur les marchés
internationaux.
L'analyse des ressources dont dispose Maison de la France fait ressortir
également
la faible croissance du produit des cotisations des
adhérents
, qui s'élevait à
1,52 million
d'euros en 2000
, contre 1,33 million d'euros en 1996.
Cette faible progression traduit, en partie, les limites du système de
partenariat, analysées par notre collègue Mme Marie-Claude
Beaudeau dans son rapport d'information sur le GIE « Maison de la
France »
1(
*
)
.
A travers un bilan très détaillé de l'activité de
« Maison de la France », l'auteur du rapport plaide pour la
nécessaire consolidation des ressources de cet organisme, voire la
recherche de nouveaux financements. S'agissant des recettes tirées du
partenariat, le rapport note que l'objectif, affiché en juin 1999,
d'atteindre « 2000 adhérents en 2001 », ne sera pas
tenu. Il se fait également l'écho d'appréciations parfois
sévères émises par les adhérents sur la
qualité des prestations fournies par Maison de la France.
Au-delà de ces critiques, le rapport souligne les problèmes de
gestion inhérents à
l'hétérogénéité des partenaires de Maison de
la France.
En effet, les attentes ne sont pas identiques selon qu'il s'agit
d'institutionnels ou d'opérateurs commerciaux et elles diffèrent
également profondément selon la taille des opérateurs. De
plus, il convient, pour Maison de la France, d'arbitrer entre une promotion
coordonnée de l'image de la France à l'extérieur et le
souhait exprimé par beaucoup d'adhérents de mieux faire
apparaître les spécificités régionales et le
caractère multiforme de l'offre touristique.
Parallèlement à la nécessaire amélioration des
outils permettant de mieux gérer les adhérents, Maison de la
France devra résoudre les difficultés évoquées
ci-dessus afin de renforcer durablement le système du partenariat.
Le rapport souligne, enfin, la nécessité
« incontournable » que représente le
développement du réseau Internet de Maison de la France.
A plus court terme, on peut s'interroger sur
la
nécessité pour Maison de la France de tenir compte de l'impact
des attentats du 11 septembre 2001 pour définir sa
stratégie en 2002
. Ainsi, compte tenu de la probable -et sans doute
temporaire- désaffection pour le transport aérien, il
conviendrait d'accentuer les efforts de promotion de la destination France sur
les marchés de proximité, à savoir l'Europe, en prenant en
compte deux types de marchés. Concernant les grands marchés
émetteurs traditionnels, il faudrait cibler des clientèles
spécifiques par des offres thématiques définies en
concertation avec les régions touristiques intéressées.
S'agissant des marchés émergents, notamment l'Europe de l'Est, il
s'agirait par une communication de notoriété, assortie d'un large
éventail de propositions de produits à tarifs attractifs,
d'attirer un pourcentage de nouveaux clients séduits par de courts
séjours européens.
III. PROMOUVOIR LE RÉÉQUILIBRAGE TERRITORIAL DE L'OFFRE ET DE LA FRÉQUENTATION TOURISTIQUE
A. L'IMPORTANCE DU VOLET TOURISME DANS LES CONTRATS DE PLAN ETAT-RÉGIONS POUR 2000-2006
L'importance du tourisme comme vecteur incontournable
de
l'aménagement du territoire est pris en compte dans la mise en oeuvre de
la loi n° 99-533 du 25 juin 1999 d'orientation pour
l'aménagement et le développement durable.
Les choix stratégiques qui fondent la politique contractuelle de l'Etat
pour les vingt ans à venir se sont récemment traduits par
des objectifs énoncés dans neuf schémas de services
collectifs. Ces schémas, fruits d'une longue concertation menés
avec les collectivités territoriales et les acteurs économiques
locaux, puis examinés en mai 2001 par les délégations
à l'aménagement du territoire de l'Assemblée nationale et
du Sénat, doivent être prochainement adoptés par
décret.
Le secteur du tourisme est plus précisément pris en compte
dans :
-
le schéma des services collectifs culturels
qui
précise « les objectifs de l'intervention de l'Etat pour
favoriser l'accès aux biens, aux services et aux pratiques culturelles
et artistiques sur l'ensemble du territoire ». La convention
signée entre le secrétariat d'Etat au tourisme et le
ministère de la culture en est une anticipation ;
-
le schéma des services collectifs des espaces naturels et
ruraux
qui « définit les conditions d'une gestion
patrimoniale des espaces ruraux dans le respect de leur vocation à
multifonctionnalité productive, écologique et
récréative... ». L'objectif de ce schéma est de
promouvoir le développement des espaces naturels et ruraux à
travers leurs fonctions économique, sociale et environnementale.
Après avoir identifié dix objectifs stratégiques, le
schéma distingue cinq grandes catégories de services
collectifs fournis par les espaces naturels et ruraux liées :
- aux ressources naturelles ;
- à la biodiversité ;
- aux « aménités » ;
- à la prévention des risques naturels ;
- aux productions agricoles et forestières dans leur dimension
multifonctionnelle.
Le tourisme est essentiellement concerné par les services relatifs
aux « aménités »
, qui fondent
l'attractivité de nombreux territoires et sont la base de leurs
activités touristiques et de loisirs. Indirectement, il
bénéficie aussi de la prévention des risques naturels dans
la mesure où elle vise à sécuriser notamment les
activités de loisirs de pleine nature.
L'activité touristique, parfois génératrice de
dégradations des milieux qui la supportent, est avant tout
envisagée comme un facteur de développement économique et
comme un facteur de valorisation des territoires par la mise en oeuvre d'un
tourisme durable.
Dans l'avis rendu par la Délégation du Sénat à
l'aménagement et au développement durable du territoire
2(
*
)
,
M. Alain Vasselle, rapporteur du schéma des
services collectifs culturels, a déploré le manque d'ambition du
document en matière de patrimoine alors que celui-ci est un
élément essentiel de la richesse touristique de la France
. Il
a ainsi regretté l'absence d'estimation financière et de
programmation sur la nécessaire réhabilitation ou, à tout
le moins, mise en valeur de ce patrimoine.
S'agissant de la production d'aménités par les espaces naturels
et ruraux,
M. Roger Besse, rapporteur pour la délégation
a souligné que le tourisme vert en était une composante
importante. Mais là encore, il a déploré l'absence de
propositions sur les moyens financiers à dégager pour favoriser
ce tourisme durable
. Il a également relevé que le
schéma ne traitait pas des difficultés liées à
l'ouverture des espaces naturels et ruraux au public ainsi qu'à
l'aménagement de ces espaces.
La politique d'aide au développement touristique,
déjà mise en oeuvre au cours du précédent contrat
de plan 1994-1999, se poursuit -en disposant de moyens renforcés-
à travers les nouveaux contrats de plan Etat-régions
signés pour 2000-2006.
Cette politique a pour objectif le renforcement de l'attractivité et de
la compétitivité des grandes zones touristiques, dans un contexte
de concurrence internationale accrue, mais également de favoriser
l'essor de zones où l'activité touristique est plus
récente, mais, indispensable au maintien du dynamisme économique
local.
Ainsi les volets territoriaux des contrats de plan permettent
d'intégrer des modèles d'actions concourant au
développement local. La mise en oeuvre de ces actions passe par la
contractualisation.
L'enveloppe globale consacrée par le secrétariat d'Etat au
tourisme
a été fixée à 120,13 millions
d'euros (788 millions de francs) auxquels s'ajoutent 16,62millions d'euros
(109 millions de francs) en faveur du financement des volets tourisme des
conventions interrégionales de massif (Alpes, Massif central,
Pyrénées, Jura, Vosges) soit un
montant total de
136,75 millions d'euros (897 millions de francs)
.
De plus, on peut rappeler que le CIADT du 18 mai 2000 a
décidé d'abonder cette enveloppe au titre des avenants
« intempéries » pour un total de 64,03 millions
d'euros (420 millions de francs). Au total, le montant des interventions
du secrétariat d'Etat au tourisme pour les contrats de plan
s'élèvera à 200,78 millions d'euros
(1,317 milliard de francs)
soit un quadruplement par rapport à
la précédente génération de contrats
.
Dans le projet de loi de finances pour 2002, le montant des moyens
d'engagements
est simplement reconduit par rapport à 2001
. Il
s'élève à 9,15 millions d'euros (60 millions de
francs) au titre des interventions publiques et à 9,91 millions
d'euros (65 millions de francs) s'agissant des subventions
d'investissements.
En trois ans (2000, 2001 et 2002), 47,98 millions d'euros
(314,73 millions de francs) auront été affectés aux
contrats de plan. Il convient de souligner que
ce total représente
48 % seulement de la dotation théorique nécessaire pour
respecter un rythme annuel moyen de versement des dotations budgétaires
attachées aux contrats de plan
.
Ceci s'explique par la montée en puissance des projets
nécessairement lente au démarrage,
mais, dans les trois
prochaines années, le niveau des dotations annuelles devra être
sensiblement relevé afin que l'Etat respecte les engagements qu'il a
pris vis-à-vis des régions
.
B. LE SOUTIEN À L'IMMOBILIER TOURISTIQUE COMME VECTEUR D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
Depuis plusieurs années, votre rapporteur pour avis
souligne tout l'intérêt d'une politique ambitieuse en
matière de réhabilitation de l'immobilier de tourisme, dès
lors que cette politique s'inscrit dans une démarche
d'aménagement du territoire.
A ce titre, il convient donc de se féliciter de la mise en place du
nouveau programme de consolidation de l'équipement du tourisme social.
En effet, sur les 1.500 installations recensées à travers la
France, près de la moitié sont situées en zone rurale ou
en moyenne montagne.
1. L'expérimentation en sites-pilotes du village résidentiel touristique
Il
convient également de saluer la mise en oeuvre sur le terrain des
opérations de réhabilitation de l'immobilier de tourisme.
L'année dernière, votre rapporteur pour avis avait
évoqué, pour les dénoncer, les retards accumulés
par l'administration dans la mise en oeuvre du dispositif voté dans la
loi de finances pour 1999
3(
*
)
, complétant
l'article 261 D du code général des impôts, pour
autoriser la déductibilité de la TVA sur les travaux
d'investissements réalisés sur des meublés situés
dans des villages résidentiels de tourisme (VRT).
On doit à la seule ténacité des parlementaires
l'adoption dans la loi relative à la solidarité et au
renouvellement urbains
4(
*
)
du dispositif
définissant les caractéristiques des opérations de
réhabilitation de l'immobilier de tourisme, permettant ainsi
l'entrée en vigueur effective du dispositif.
Par ailleurs, le décret n° 2001-343 du 19 avril 2001
et l'arrêté du 19 juillet 2001 précisent, d'une
part, les conditions d'application de l'article 261 D du code
général des impôts s'agissant de l'imposition à la
TVA des prestations d'hébergement fournies dans les villages
résidentiels de tourisme et, d'autre part, les normes et
procédures de classement.
Le cadre d'intervention est désormais en place, le concept de village
résidentiel de tourisme supposant que les trois conditions suivantes
soient réunies :
- l'opération de réhabilitation et de commercialisation doit
être réalisée par un exploitant unique, enregistrant dans
ses comptes et sous sa responsabilité les mouvements de perception et
déduction de la TVA ;
- les propriétaires doivent conclure avec l'exploitant un contrat
de location d'au moins neuf ans ;
- un classement rigoureux permettant d'identifier un produit
d'hébergement et des prestations touristiques est effectué par le
Préfet conformément à la réglementation prise par
le ministre chargé du tourisme.
Afin de lancer la mise en oeuvre de ce dispositif sur le terrain, le
secrétariat d'Etat au tourisme, la DATAR et la Caisse des
dépôts et consignations ont décidé de signer une
convention d'une durée de deux ans visant à engager des
opérations pilotes qui concerneront une dizaine de sites répartis
sur les espaces à potentiel touristique vieillissant (stations de
montagne, thermales et littorales).
L'objectif, sur le plan national, est de préciser les actions qui seront
menées prioritairement dans le cadre des dispositifs prévus pour
la réhabilitation de l'hébergement touristique, ORIL et VRT, et
de faciliter la mise en place d'une méthodologie adaptée à
plusieurs opérations.
Sur le plan financier, il convient de souligner tout l'intérêt des
mesures adoptées en octobre 2001 concernant la gestion des prêts
PASS-travaux distribués par l'Union d'économie sociale du
logement.
Dans le cadre d'une ORIL, les réhabilitations pourront
bénéficier d'un prêt PASS-Travaux, au taux de 1,5 %,
pour un montant maximum de 40.000 euros (262.380 francs).
MÉTHODOLOGIE DE L'EXPÉRIMENTATION DU VRT
Au
niveau local, des études-diagnostics et des expertises
d'ingénierie financière et immobilière, de marketing et
d'impact sur le développement urbain et sur l'économie
résidentielle, seront réalisées dans le but de
définir le périmètre, l'économie
générale et les actions à développer dans le cadre
de l'ORIL.
Pour la DATAR et le secrétariat d'État au tourisme, cette
expérimentation s'inscrit entre deux autres réflexions
menées en partenariat, à savoir les suites à donner au
rapport moyenne montagne présenté au Conseil National de la
Montagne du 5 février 2001 et l'étude conduite sur la
définition et la reconnaissance des friches touristiques.
Pour la Caisse des dépôts et consignations, il s'agit, dans le
cadre de sa mission d'intérêt général pour le compte
des collectivités territoriales et aux côtés des pouvoirs
publics, d'expérimenter un nouveau mode opératoire et d'apporter
sa contribution à la mise en place d'éventuels nouveaux outils.
Parallèlement, il s'agira de permettre aux collectivités
territoriales de définir leur projet de station et d'apporter une aide
au financement de ces mesures de requalification de la station et de
l'hébergement touristique, et de les assister dans la mise en oeuvre
juridique et technique de ces nouvelles dispositions.
Les dix sites retenus seront connus fin 2001, après une large
concertation entre les signataires de la convention et les associations
d'élus.
Le secrétariat national de la démarche sera assuré par
l'Agence française de l'ingénierie touristique.
Le coût d'une telle opération a été
évaluée par l'AFIT à 660 KF en moyenne par station, dont
le financement sera assuré :
- pour un tiers par l'Etat (Direction du tourisme et DATAR) ;
- pour un tiers par la Caisse des dépôts et consignations ;
- pour un tiers par les collectivités locales.
Source
: Secrétariat d'Etat au tourisme
2. L'application du dispositif Périssol aux résidences de tourisme
Grâce encore à une initiative
parlementaire, la
loi de finances pour 1998 prévoit un dispositif d'aide à
l'investissement touristique s'inscrivant dans le cadre de la politique
d'aménagement du territoire défendue par le Gouvernement.
Ainsi, l'investissement locatif dans les résidences de tourisme
situées dans des zones de revitalisation rurale et réalisé
entre le 1
er
janvier 1999 et le 31 décembre
2002 ouvre droit, à la demande de l'investisseur, à une
réduction d'impôt sur le revenu.
DISPOSITIF EN FAVEUR DE L'INVESTISSEMENT LOCATIF
DANS LES
RÉSIDENCES DE TOURISME
- Acquisition de logement neuf ou en l'état futur
d'achèvement :
Cette réduction d'impôt est calculée sur le prix de revient
de ces logements dans la limite de 250 000F pour une personne
célibataire, veuve ou divorcée et de 500 000F pour un couple
marié. Son taux est de 15%. Il ne peut être opéré
qu'une seule réduction d'impôt à la fois et elle est
répartie sur quatre années maximum. Elle est accordée au
titre de l'année d'achèvement du logement ou de son acquisition
si elle est postérieure et imputée sur l'impôt dû au
titre de cette même année à raison du quart des limites de
37 500F ou 75 000F, puis, le cas échéant, pour le solde, les
trois années suivantes dans les mêmes conditions.
Le propriétaire doit s'engager à louer le logement nu pendant au
moins neuf ans à l'exploitant de la résidence de tourisme. Cette
location doit prendre effet dans le mois qui suit la date d'achèvement
de l'immeuble ou de son acquisition si elle est postérieure.
- Dépenses de reconstruction, d'agrandissement, de grosses
réparations ou d'amélioration :
La réduction est calculée, au taux de 10%, sur le montant des
travaux de reconstruction, d'agrandissement, de grosses réparations et
d'amélioration, à l'exclusion de ceux qui constituent des charges
déductibles des revenus fonciers en application de l'article 31 du code
général des impôts, réalisés à
l'occasion de l'opération. Elle est accordée au titre de
l'année d'achèvement des travaux. Les travaux doivent avoir
nécessité l'obtention d'un permis de construire.
La location doit prendre effet dans le délai d'un mois après
réalisation des travaux.
- Logement d'une société non soumise à l'impôt
sur les sociétés :
Le porteur de parts, qui s'engage à conserver la totalité de ses
titres jusqu'à l'expiration du délai de location de neuf ans,
bénéficie des mêmes réductions d'impôt que
pour une acquisition.
Source
: Secrétariat d'Etat au tourisme
La loi de finances pour 2001, dans ses articles 78 et 79, a
modifié les dispositions ci-dessus, prévues à l'article
199 decies E du code général des impôts par les
dispositions suivantes :
- relèvement du plafond du prix de revient des logements à
300.000 francs pour un célibataire et 600.000 francs pour un
couple marié ;
- de même les limites de la réduction d'impôt dû
au titre de l'année d'achèvement du logement ou de son
acquisition sont portées respectivement de 37.500 francs ou
75.000 francs à 45.000 francs et 90.000 francs ;
- élargissement des zones concernées (zones de
revitalisation rurale) aux zones rurales inscrites sur la liste pour la France
des zones concernées par l'objectif 2.
L'ensemble de ces dispositions sont applicables aux logements achevés ou
acquis à compter du 1er janvier 2001.
Enfin, il convient de se féliciter de la décision du
Gouvernement de proroger jusqu'en 2004 cette aide fiscale à
l'investissement en faveur des résidences de tourisme situées en
milieu rural.
Le décret élargissant le champ d'application du
dispositif devrait être publié très prochainement.
IV. DES ATTENTES FORTES EN FAVEUR DES INDUSTRIES TOURISTIQUES
A. DES MESURES LIMITÉES POUR L'EMPLOI DANS LE SECTEUR DU TOURISME
1. L'avenir en suspens des emplois jeunes
L'objectif poursuivi par le Gouvernement est de
pérenniser
les 6.500 emplois jeunes créés dans le secteur du tourisme,
en aidant à la consolidation des activités auxquelles ils
participent et en validant leurs références et compétences
professionnelles.
S'agissant de la consolidation des nouveaux service et des emplois jeunes
créés, plusieurs mesures vont être mises en place.
Trois mesures sont prévues à l'intention des
associations :
- pour permettre à certaines associations ayant créé
un ou plusieurs emplois-jeunes qui ont dégagé des ressources
d'exploitation de gérer de façon plus progressive la
consolidation de leur activité en les aidant financièrement plus
longtemps, il s'agit de différer, à sa demande, une partie du
versement de l'aide de l'Etat au-delà de la période initiale de
5 ans prévue dans la convention.
Le versement de ces aides différées interviendra pendant les
trois années qui suivent la période conventionnelle et sera
abondé d'une prime de 100.000 francs répartie sur ces trois
années supplémentaires. Cette mesure permet de porter de 5
à 8 années la durée globale de consolidation des
activités créées.
- par ailleurs, des conventions pluriannuelles seront signées pour
soutenir durablement les services qui répondent à des besoins
d'intérêt général et qui n'ont pu trouver
entièrement aujourd'hui les moyens de solvabilisation ; dans le
domaine du tourisme, il s'agit de projets portant sur le développement
des territoires ruraux en difficulté.
Pour cela, des conventions pluriannuelles sur trois ans pourront être
signées avec des associations, assurant le versement d'une aide moyenne
de 70.000 francs par an et par emploi.
- enfin, un groupe de travail a été chargé d'une
réflexion sur la faisabilité d'un dispositif, semblable au titre
emploi-service utilisé par les particuliers, afin de stimuler la demande
des usagers de service peu solvables.
En ce qui concerne la consolidation des emplois jeunes
créés par les collectivités locales, l'objectif premier
est de faciliter l'accès des jeunes à la fonction publique
territoriale, à travers la mise en place de plans de formation
territorialisés, le recrutement direct des jeunes les moins
qualifiés ou encore la création de concours de
« troisième voie » ouvert dès 2002 et
destinés en priorité aux emplois-jeunes.
Par ailleurs, certaines communes à faibles ressources et à fortes
charges pourront bénéficier d'aides spécifiques pour
maintenir les services de qualité et à forte valeur
ajoutée sociale qu'elles ont mis en oeuvre. Cette aide est
calculée sur une base de 50.000 francs par an et par emploi et
versée pendant trois ans.
Enfin, les mesures d'accompagnement du programme nouveaux
services-emplois-jeunes doivent aider à valoriser les acquis
professionnels et les compétences mises en oeuvre dans le cadre des
emplois-jeunes. Ceci nécessite des plans d'action et d'appui à la
professionnalisation à travers les plates-formes régionales, la
construction d'un plan de formation par filière et la recherche de
passerelles dans le secteur privé. On peut ainsi citer la convention
signée avec le groupe ACCOR pour l'embauche de 1.000 jeunes dans le
secteur du tourisme.
Malgré l'annonce de ces multiples dispositifs, votre rapporteur pour
avis reste sceptique sur les capacités du marché de travail
à absorber, dans des conditions satisfaisantes, ces jeunes qui ont
acquis des compétences réelles dans le domaine touristique.
2. Des premières mesures en faveur des travailleurs saisonniers
L'an dernier, votre rapporteur pour avis vous avait
présenté le détail du plan d'action du Gouvernement en
faveur des travailleurs saisonniers adopté le
9 février 2000.
Les mesures déclinées par ce plan concernent deux domaines
principaux, à savoir les questions liées au logement et celles
ayant trait à leurs droits sociaux, notamment la pérennisation
des contrats de travail, la représentation du personnel, l'accès
à la médecine du travail ou encore le droit à la formation
et à l'information.
Outre les dispositions déjà prises en 2000, concernant
l'assouplissement des règles d'octroi des aides au logement ou la
possibilité de sous-location par le biais des centres communaux d'action
sociale ou des associations agréés,
le programme de
création de 6.000 logements sur trois ans a connu un
début d'application en 2001
. Des études sont ainsi en cours,
dans les Alpes-Maritimes, en Corse et dans le Finistère et une bourse au
logement a été créée dans le Morbihan.
S'agissant des mesures à caractère social, un guide sur les
droits des saisonniers, édité par le secrétariat d'Etat au
tourisme, a été diffusé à plus de
100.000 exemplaires par le biais des ANPE, des directions au travail et
des délégations régionales au tourisme.
Par ailleurs, trois « maisons des saisonniers » ont
été mises en place en Ardèche, dans le Morbihan et en
Haute-Savoie dans lesquelles sont mises à disposition des informations
sur le logement, l'emploi et la formation. S'agissant de la
représentation des travailleurs saisonniers, une expérimentation
a été menée à Courchevel sur la mise en place d'un
délégué de site en lien avec les partenaires sociaux.
Enfin, les actions relatives à la qualification des travailleurs
saisonniers ou à l'amélioration des conditions de travail
pourront bénéficier d'aides au titre des contrats de plan
Etat-région et des expériences sont en cours en
Provence-Alpes-Côte-d'Azur et en Charente-Maritime.
En 2002, est prévue la création de maisons de saisonniers
en Aquitaine et en Provence-Alpes-Côte-d'Azur, et l'inspection
générale du tourisme devra faire le bilan de la mise en oeuvre du
plan gouvernemental. Enfin, il sera demandé aux préfets des
départements touristiques de mettre en place des commissions
départementales chargées de résoudre les problèmes
de logement des travailleurs saisonniers.
Dans le discours de clôture qu'il a prononcé le
17 octobre 2001 devant les Assises nationales du tourisme, le Premier
ministre a réaffirmé la volonté du Gouvernement
d'améliorer les conditions de travail des travailleurs saisonnier. Il a
confirmé, notamment, la mise en place, dès novembre 2001, d'un
plan d'action en faveur du logement des saisonniers, dans les
dix départements les plus concernés. Mis en oeuvre par les
préfets, en concertation avec l'ensemble des partenaires
concernés, ce plan doit aboutir à la mise à disposition de
logements supplémentaires dès la prochaine saison.
Sur le plan financier, il est ainsi prévu que l'Union d'économie
sociale du logement (UESL), qui gère les fonds du
1 % logement, puisse participer à des opérations de
logements locatifs sous condition de loyer et de ressources à
destination des travailleurs saisonniers.
B. POUR UNE MEILLEURE PRISE EN COMPTE DES DIFFICULTÉS DU SECTEUR DE L'HÔTELLERIE ET DE LA RESTAURATION
1. La réduction du temps de travail « dans l'impasse »
La
mise en oeuvre de la réduction du temps de travail dans le secteur de
l'hôtellerie
génère d'importantes difficultés
compte tenu de la spécificité de ce
secteur qui emploie plus
de 600.000 salariés dans près de 200.000 entreprises
dont la plupart ont moins de vingt salariés
. De plus, ce secteur
reste caractérisé par des contraintes d'horaires très
fortes, la réglementation actuelle autorisant 43 heures de travail
hebdomadaire.
Le 15 juin 2001, un accord de réduction du temps de travail
(RTT) a été signé par deux organisations professionnelles,
le syndicat français de l'hôtellerie et le syndicat national des
limonadiers, restaurateurs et hôteliers ainsi que par la CGT et la CFDT.
Mais l'extension de cet accord permettant de rendre obligatoire son application
à l'ensemble des entreprises du secteur a été
refusée en juillet 2001, puis en octobre 2002, par l'ensemble des
syndicats patronaux et les syndicats de salariés non professionnels.
L'entrée en vigueur de cet accord RTT est soumise à un accord des
partenaires sociaux sur le principe de son extension.
En tout état de cause, l'accord prévoit que le passage aux
35 heures se fera par étapes, à compter de sa date
d'application et jusqu'au 31 décembre 2003, en fonction de la
taille de l'entreprise et de la durée de travail pratiquée.
Cet accord se présente comme un avenant n° 1 à la
convention collective des hôtels, cafés, restaurants et comprend
cinq titres regroupant les principales mesures liées à la
réduction du temps de travail.
Contenu de l'accord sur la réduction du temps de
travail
du 15 juin 2001
LE
TITRE PREMIER
de l'avenant établit un calendrier de réduction
du temps de travail prévoyant différentes échéances
suivant l'effectif des entreprises et la durée du travail
appliquée à la date de signature de l'avenant.
1)
Entreprises appliquant une durée de 43 heures à la
date d'application du présent avenant ou ayant réduit le temps de
travail depuis le 13 juin 1998.
-
Entreprise de plus de 20 salariés
: à compter de la
date d'application du présent avenant, réduction à 41
heures puis réduction d'une heure par an du 1er janvier 2002 jusqu'au 31
décembre 2004, échéance des 35 heures.
-
Entreprise de 20 salariés et moins
: à compter du
1
er
janvier 2002, réduction à 41 heures
puis réduction de deux heures tous les deux ans du
1
er
janvier 2004 jusqu'au
31 décembre 2006, échéance de 35 heures.
2)
Entreprises appliquant une durée de 39 heures à la
date d'application du présent avenant, à l'exception de celles
ayant réduit le temps de travail depuis le 13 juin 1998
.
-
Entreprise de plus de 20 salariés
: à compter de la
date d'application du présent avenant, réduction à 38
heures puis réduction d'une heure par an du 1er janvier 2002 jusqu'au 31
décembre 2003 échéance des 35 heures.
-
Entreprise de 20 salariés et moins
: à compter du
1er janvier 2004, réduction à 37 heures puis à 35 heures
au 31 décembre 2005.
LE DEUXIEME TITRE
prévoit l'aménagement du temps de
travail consécutif à sa réduction, sur une base annuelle
ou saisonnière selon la formule de la
modulation
. Des
modalités différentes sont prévues suivant que
l'aménagement s'applique dans les entreprises de plus de 20
salariés ou dans les entreprises d'au plus 20 salariés. Ce titre
traite également de la
mise en place du cycle et de la
réduction du temps de travail par l'octroi de jours ou de
demi-journées de repos
. Enfin un dispositif
de compte
épargne temps est instauré
.
LE TROISIEME TITRE
traite du
temps de travail des cadres
avec une
définition pour chaque catégorie : cadres dirigeants, cadres
intégrés et autres cadres. Ce titre prévoit
également la définition et la mise en oeuvre de
conventions de
forfait
. Le forfait jour est prévu pour un maximum de 213 jours.
LE QUATRIEME TITRE
convient du
principe de maintien de la
rémunération à l'occasion de la RTT
avec la mise en
place d'un complément différentiel de salaire
intégré dans le salaire de base. Il prévoit
également la
suppression des modalités de calcul du salaire
spécifique au HCR dès lors que les entreprises entreront dans le
processus de réduction du temps de travail de droit commun
. Enfin,
une
grille de rémunération
horaire brute pour chacun des
cinq niveaux et trois échelons de la classification des emplois est
proposée dans le cadre de l'avenant RTT.
LE CINQUIEME TITRE
organise la
commission paritaire de suivi
conformément aux lois Aubry. Elle sera chargée d'étudier
et d'évaluer sur le plan national l'impact économique et social
de la réduction du temps de travail.
LE SIXIEME TITRE
définit le
temps partiel
et ses
modalités d'application dans la profession. Sont notamment
précisés les points relatifs aux heures complémentaires,
supplémentaires ainsi que le régime des coupures.
Source
: Secrétariat d'Etat au tourisme
.
Selon les informations transmises à votre rapporteur pour avis, le
Gouvernement a décidé, en cas d'extension de l'accord, d'aider
les entreprises afin de prendre en compte les spécificités de ce
secteur :
- par une
exonération
totale des charges sociales sur les
avantages en nature dont bénéficient les salariés du
secteur à compter du 1
er
juillet 2001. Cette mesure
concerne l'ensemble de ces entreprises avec un effet rétroactif au
1
er
janvier 2001 ;
- en s'engageant à aider ces entreprises à supprimer le
régime dérogatoire actuel de durée du travail
spécifique à ce secteur -selon des modalités en cours de
discussion- lorsqu'elles passeront de 39 heures à 35 heures ;
- en prenant un décret dès l'extension de l'accord qui
permettra l'accès aux aides prévues par la loi du
19 janvier 2000 ;
- en mettant en place à présent
un plan d'accompagnement
de cet accord
. Celui-ci sera élaboré avec les organisations
professionnelles signataires et associera les organisations syndicales ;
- des moyens vont être dégagés pour faire
connaître l'accord et aider les entreprises à l'appliquer.
Le refus opposé à deux reprises par l'ensemble de
l'interprofession et trois confédérations de salariés
illustre la difficulté à mettre en place, dans l'industrie du
tourisme, un mécanisme concerté de réduction du temps de
travail.
Le principal reproche opposé au contenu de l'accord signé en juin
2001 est d'imposer des contraintes insupportables à l'ensemble des
entreprises de l'hôtellerie et de la restauration. L'accord
pécherait par un « parisianisme » excessif qui ne
tiendrait pas compte des spécificités de la petite et moyenne
hôtellerie de province.
Votre rapporteur pour avis, soucieux de préserver l'environnement
économique et social de ce secteur, est préoccupé par cet
échec
. Il souhaite que la nomination récente d'un
médiateur, chargé de proposer une solution de conciliation,
permette d'aboutir à des propositions ne remettant pas en cause
l'activité même de ces entreprises de taille moyenne, dont
l'existence est indispensable au regard du développement local.
Il se déclare, pour ces raisons, très réservé sur
la capacité du secteur de l'hôtellerie et de la restauration
à absorber une réduction du temps de travail hebdomadaire de
huit heures, sur les quatre prochaines années.
En outre, s'agissant des engagements pris par le Gouvernement en faveur des
entreprises du secteur, en cas d'extension de l'accord et pour accompagner la
réduction du temps, la profession, dans son ensemble, est très
réservée sur ce qu'elle considère comme étant de
« simples promesses verbales ».
Elle rappelle ainsi que la mesure d'exonération des charges sociales
pesant sur les repas des salariés, votée fin 1997, pour
accompagner la convention collective nationale décidant le passage de
45 heures à 43 heures de travail hebdomadaire n'a fait l'objet
d'un texte d'application qu'en 2001. De plus, le décret du
13 juin 2001 ne prévoit la rétroactivité de la
mesure qu'au 1
er
janvier 2001, ce qui prive les
entreprises du bénéfice de cet allégement de charge pour
les années 1999 et 2000.
2. Le « serpent de mer » du dossier de la TVA à taux réduit dans le secteur de la restauration
S'agissant de l'application d'un taux réduit de la TVA
à l'ensemble de la restauration, permettant ainsi un alignement sur le
taux pratiqué pour la restauration rapide, aucune décision n'est
encore à l'ordre du jour.
Le Gouvernement considère en effet que la réglementation
européenne en vigueur à ce jour n'autorise pas à
appliquer, à la restauration commerciale, un taux de TVA autre que le
taux normal.
La directive de 1992 n'a, sur ce point, pas été modifiée
par la directive du 22 octobre 1999 relative aux services à forte
densité de main d'oeuvre, puisque la restauration ne figure pas sur la
liste des secteurs retenus pour appliquer une expérience de taux
réduit de TVA (annnexe K).
Toutefois, précise la réponse faite à votre rapporteur
pour avis, une évaluation de la directive du 22 octobre 1999 sera
effectuée en 2002, sur la base de rapports que devront présenter
les Etats membres avant le 1
er
octobre 2002. A cette occasion, la
question du taux de TVA appliqué à la restauration pourra
éventuellement faire l'objet d'un examen.
Par ailleurs, il est indiqué que le secteur de la restauration a
bénéficié, comme les autres secteurs, des baisses
d'impôts votées, et en particulier, de la suppression progressive
de la part salariale dans l'assiette de la taxe professionnelle et de la
réduction des cotisations patronales. Est également citée
la mesure d'exonération des charges sociales sur les avantages en nature
versés aux salariés mise en oeuvre par le décret du 13
juin 2001. Mais comme le soulignait votre rapporteur pour avis, cette mesure
qui aurait du être appliquée dès 1999 n'est effective que
depuis le 1
er
janvier 2001.
En outre, il convient de signaler que l'arrêt du 29 mars 2001 de la
cour de justice des communautés européennes va majorer les
montants de TVA acquittés par le secteur de la restauration. En effet,
la cour a considéré que la tolérance administrative
française autorisant, sous certaines conditions, l'exclusion de la base
d'imposition à la TVA des sommes perçues au titre du
« service », portait atteinte au principe de
neutralité fiscale et introduisait une distorsion de concurrence.
En conséquence, une instruction administrative du 15 juin 2001,
après avoir rappelé les conséquences de l'arrêt de
la CJCE du 29 mars 2001, précise que toutes les majorations de prix
réclamées à la clientèle au titre du
« service » doivent être comprises dans la base
d'imposition à la TVA de l'entreprise prestataire, qu'elles soient
centralisées par l'employeur ou perçues directement auprès
de la clientèle par les employés.
A compter du 1
er
octobre 2001, ces sommes sont donc soumises aux
mêmes règles de TVA que les prestations de services auxquelles
elles se rapportent, étant indiqué que les
« pourboires », usuellement laissés par le client,
ne sont pas concernés par ces nouvelles règles.
Votre rapporteur pour avis ne conteste pas le respect, par l'administration,
d'une décision de justice, mais il relève, en l'espèce,
que cela se traduit par un alourdissement de la fiscalité pesant sur le
secteur de la restauration.
3. L'attentisme gouvernemental face aux conséquences des attentats du 11 septembre 2001
Force est de constater que les professionnels du
tourisme
-dans leur ensemble- soulignent la diminution brutale de l'activité
économique dans leur secteur depuis le 11 septembre dernier.
Pour y faire face, et éviter autant que faire se peut de recourir
à des licenciements, ils ont élaboré des propositions
concrètes permettant de différer sans pénalité le
règlement des charges (taxes cotisations sociales, etc.) ou dispensant
du remboursement des aides publiques en cas de suspension du plan d'embauche
lié au 35 heures.
Pour l'instant, le Premier ministre s'est engagé sur l'examen au cas par
cas de la situation des entreprises les plus touchées, qui pourraient
obtenir le report de certaines échéances fiscales et sociales et
des mesures d'adaptation concernant le chômage partiel ou encore la
réduction du temps de travail. Il a également annoncé la
mise en place d'une mission confiée à l'inspection
générale du tourisme pour « mieux cerner les
besoins » et proposer « le cas
échéant » des mesures complémentaires.
Votre rapporteur pour avis considère qu'il convient de rester
très vigilant sur l'évolution, dans les prochains mois, de
l'activité économique des professionnels du tourisme
.
La fragilité structurelle de nombre d'entreprises du secteur
nécessitera sans doute l'adoption d'un plan de mesures d'urgence et
à moyen terme pour les aider à surmonter cette crise, dont il ne
faut pas négliger l'impact.
*
* *
La Commission des Affaires économiques, qui a examiné ce rapport le jeudi 8 novembre 2001, a donné un avis défavorable à l'adoption des crédits consacrés au tourisme dans le projet de loi de finances pour 2002.
EXAMEN EN COMMISSION
Au cours
de sa réunion du jeudi 8 novembre 2001, la commission a examiné
le rapport pour avis de M. Charles Ginésy sur les crédits
consacrés au tourisme dans le projet de loi de finances pour 2002.
Après que M. Max Marest, intervenant en remplacement de
M. Charles Ginsésy empêché, eut répondu
à M. Jean Boyer sur les axes déterminants du budget du
tourisme, M Jean-Claude Gaudin a fait valoir l'intérêt des
travaux menés par l'Agence française d'ingéniérie
touristique et souligné l'importance du volet tourisme dans les contrats
de plan. Soulignant l'intérêt d'une véritable politique de
commercialisation en matière de tourisme, il a regretté que les
comités régionaux ou départementaux du tourisme soient
parfois contraints de prendre en charge une partie du coût de cette
politique de commercialisation au niveau européen, alors que celui-ci
devrait être assumé par Maison de la France.
M. Paul Dubrule, tout en soulignant la progression de 50 % du budget du
tourisme depuis 1997, s'est interrogé sur l'efficacité
réelle d'un ministère ne « pesant » que 73,89 millions
d'euros. Il a déploré que le ministère n'ait rien pu
obtenir sur l'harmonisation des taux de TVA dans la restauration, qualifiant
« d'injuste » la situation faite à la restauration
traditionnelle. Soulignant le ralentissement de la progression du nombre de
touristes en France, il s'est inquiété de la
désorganisation probable du secteur de l'hôtellerie dans les
années à venir, en raison d'une mise en place à marche
forcée de la réduction du temps de travail. Il a jugé
désastreux que cette réforme ne tienne aucun compte des
spécificités du secteur, et ne s'accompagne pas d'un plan global,
notamment en matière de formation.
M. Gérard Larcher, président, après avoir
évoqué l'application au secteur de l'hôtellerie des mesures
d'assouplissement décidées par le Gouvernement en ce qui concerne
la réduction du temps de travail dans les PME, a relevé que les
contraintes imposées au secteur de l'hôtellerie allaient
pénaliser fortement l'hôtellerie indépendante,
menaçant la qualité des prestations offertes. Soulignant les
difficultés d'adaptation de la petite et moyenne hôtellerie,
déstabilisée par la mise en oeuvre des 35 heures, il n'a pas
exclu que les collectivités locales se trouvent, à terme,
sollicitées pour lui venir en aide.
A l'issue du débat, la commission a donné un avis
défavorable à l'adoption des crédits consacrés au
tourisme dans le projet de loi de finances pour 2002.
1
Rapport d'information n°9
(2001-2002)
par Mme Marie-Claude Beaudeau au nom de la Commission des Finances.
2
Avis de la Délégation à l'aménagement
et au développement durable du territoire n° 395 (2000-2001).
3
article 34 de la loi n° 98-1233 du
30 décembre 1998.
4
article 186 de la loi n°2000-1208 du
13 décembre 2000, insérant un
article L. 318-5 dans le code de l'urbanisme.