I. UNE ÉVOLUTION GÉNÉRALE DES CRÉDITS DÉCEVANTE
Alors
que le budget de l'enseignement supérieur a quasiment été
multiplié par deux entre 1990 et 2002 (+ 96 % à
prix courants), la progression du projet de budget pour 2002 n'est que de
2,22 %, soit l'une des plus faibles enregistrée depuis plus
de quinze ans.
Si les dépenses ordinaires sont en augmentation de 3,95 %,
pour les crédits d'investissement, les autorisations de programme
progresseront de 18,63 % tandis que les crédits de paiement
se réduiront de 13,65 %, cet ajustement technique
résultant d'une prise en compte du rythme effectif des paiements des
travaux de construction.
EVOLUTION DU BUDGET DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
(en milliards d'euros)
LFI |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Montant total |
6,02 |
6,14 |
6,43 |
6,79 |
7,17 |
7,39 |
7,79 |
8,00 |
8,54 |
8,74 |
Augmentation en % |
+ 9,6 |
+ 1,9 |
+ 4,8 |
+ 8,3 |
+ 5,5 |
+ 3,1 |
+ 5,5 |
+ 2,6 |
+ 6,8 |
+ 2,2 |
Part en % du budget de l'enseignement supérieur dans le budget de l'éducation nationale |
14,0 |
13,8 |
13,9 |
14,0 |
14,5 |
14,5 |
14,6 |
14,5 |
14,4 |
14,2 |
En dépit de cette évolution générale décevante, les créations d'emplois et les dépenses de fonctionnement restent relativement soutenues, même si leur poids dans le total du budget est modeste.
A. LA CRÉATION DE 3 500 EMPLOIS
Dans le cadre du plan pluriannuel de recrutement, le projet de budget permet la création de 3 500 emplois supplémentaires, dont 2 000 au titre des engagements dudit plan, et 1 500 au titre de la résorption de l'emploi précaire.
1. Les emplois enseignants : un progrès par rapport à 2001
Les
crédits prévus permettront de créer à la
rentrée 2002, 1 000 emplois dont :
- 600 emplois d'enseignants-chercheurs, soit 243 professeurs
d'université ou équivalents et 357 maîtres de
conférences ;
- 100 emplois de professeurs agrégés ;
- 261 postes d'attachés temporaires d'enseignement et de recherche
(ATER) ;
- 39 assistants des disciplines médicales.
Le coût de la création des 700 emplois enseignants et
enseignants-chercheurs est de 9,740 millions d'euros, soit
63,89 millions de francs, celui des 39 emplois d'assistants des
disciplines médicales de 287 040 euros, soit
1,882 million de francs et celui des 261 ATER de 2,730 millions
d'euros, soit 17,908 millions de francs.
Pour mémoire, on rappellera que le nombre total d'enseignants du
supérieur est de 81 300 et que la loi de finances pour 2001
autorisait la création de 300 emplois de maîtres de
conférence et de 256 postes d'ATER.
EVOLUTION DES EMPLOIS BUDGÉTAIRES DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
(en milliers)
Rentrée |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2001 |
Enseignants |
64,5 |
68,0 |
69,1 |
70,2 |
72,8 |
74,2 |
77,1 |
78,6 |
79,8 |
80,3 |
81,3 |
IATOS |
44,8 |
46,0 |
46,1 |
47,0 |
48,4 |
47,0 |
51,3 |
52,2 |
52,8 |
53,8 |
54,8 |
Total |
109,3 |
114,0 |
115,2 |
117,2 |
121,2 |
121,2 |
128,4 |
130,8 |
132,6 |
134,1 |
136,1 |
Source : ministère de l'éducation nationale
L'effort budgétaire en matière de créations d'emplois d'enseignants n'est donc pas négligeable, même si 1 200 emplois d'enseignants-chercheurs ont été créés en 2000 et 1 500 en 1999.
2. Les emplois non enseignants : un effort substantiel
Le
projet de loi de finances prévoit de créer, à la
rentrée 2002, 1 000 emplois non enseignants dont 150 pour les
bibliothèques.
Ces emplois nouveaux permettront d'accompagner la modernisation des
établissements, l'accroissement des surfaces universitaires, notamment
des bibliothèques qui sont encore trop souvent sinistrées, et
d'améliorer l'environnement dans lequel évoluent les
étudiants ainsi que la qualité du service qui leur est rendu en
matière sanitaire et sociale : à ce titre seront
créés 26 emplois d'infirmières dans les
universités et 42 emplois, dont 10 emplois d'assistantes
sociales, dans le réseau des oeuvres universitaires et scolaires.
En outre, au titre de la résorption de l'emploi précaire dans les
établissements d'enseignement supérieur, 1 500 emplois
nouveaux financés sur les ressources propres des établissements
seront créés pour permettre la titularisation d'ayants droit.
Les principales créations d'emplois de personnels non enseignants
peuvent être ainsi ventilées :
- 779 emplois de personnels IATOS : 6,2 millions d'euros
(40,7 millions de francs) ;
- 148 emplois de personnels de bibliothèques :
1,043 million d'euros (6,842 millions de francs) ;
- 45 emplois sur les chapitres de subventions, dont 42 pour les
CROUS : 519 millions d'euros (3,404 millions de francs) ;
- 1 500 emplois au titre du plan de mise en oeuvre de la
résorption de l'emploi précaire (loi du 3 janvier 2001),
dont 1 491 dans les établissements d'enseignement supérieur
et 9 dans les CROUS.
Afin d'apprécier cet effort budgétaire, il convient de rappeler
que l'enseignement supérieur compte quelque 53 000 personnels
IATOS, et que la loi de finances pour 2001 autorisait la création de
1 000 emplois de personnels non enseignants, contre 500 en 2000 et
800 en 1999.
*
* *
Au
total, l'effort entrepris en faveur des créations d'emplois peut donc
être salué et devrait permettre, dans un contexte de stagnation
démographique de retrouver des taux d'encadrement pour les
étudiants proches de la situation antérieure à l'explosion
de la démographie étudiante.
Votre commission tient toutefois à souligner que la résorption de
l'emploi précaire dans les universités se traduit par la
création d'emplois nouveaux financés sur les ressources propres
des établissements, c'est-à-dire d'emplois gagés.
Elle ne peut se satisfaire d'une formule qui consiste pour l'Etat, par la
titularisation des contractuels, à pérenniser une charge pour les
universités alors que celles-ci n'ont pas de certitude sur leurs
ressources propres futures, ce qui introduit une rigidité
supplémentaire pour les établissements, alors qu'ils aspirent
à davantage d'autonomie et de souplesse dans la gestion des
personnels.
3. L'amélioration de la situation des personnels
Dans le
cadre de la revalorisation des rémunérations, le projet de budget
traduit, à hauteur de 127,2 millions d'euros (834,5 millions
de francs), la revalorisation du point fonction publique.
S'agissant des mesures catégorielles, celles-ci
bénéficieront de 7,14 millions d'euros (46,81 millions
de francs). Les principales mesures sont les suivantes :
- la revalorisation de l'indice de fin de carrière des assistants
(passant de 801 à 821) et la transformation de 250 emplois
d'assistants en emplois de maîtres de conférences afin
d'accélérer leur intégration dans le corps des
maîtres de conférences ;
- l'amélioration du pyramidage des enseignants-chercheurs pour un
montant de 1,07 million d'euros (
7,02 millions
de francs) ;
- la création d'une indemnité pour les membres du conseil
national des universités variant d'un montant de 450 à
1 000 euros, pour un coût en année pleine de
0,9 million d'euros (5,9 millions de francs) ;
- le transfert au 1
er
septembre 2002 des crédits
dédiés à la prime de responsabilités
pédagogiques et à la prime pour charges administratives, ces
crédits devant être intégrés dans le budget des
établissements ;
- un effort en faveur des personnels de recherche et formation
(repyramidage des ingénieurs de recherche, ingénieurs
d'études et agents des services techniques) pour 1,21 million
d'euros (7,94 millions de francs) ;
- la poursuite de la réforme de la filière administrative de
recherche et de formation par transfert des emplois des corps administratifs de
recherche et de formation (750), soit vers les corps similaires de
l'administration scolaire et universitaire, soit vers les corps de la
filière technique de recherche et de formation pour un montant de
1,26 million d'euros (8,27 millions de francs) et l'achèvement
du plan d'intégration des corps de la filière ouvrière et
de service (y compris les personnels de laboratoire) des établissements
dans les corps de la filière technique de recherche et de formation.
Cette nouvelle tranche concerne 1 349 emplois ;
- la poursuite de l'effort en faveur de la filière des
bibliothèques engagé en 2000, avec la revalorisation de la
carrière des personnels de magasinage et la transformation de
130 emplois d'assistants de bibliothèque en emplois de
bibliothécaires adjoints spécialisés ;
- la revalorisation du régime indemnitaire des personnels ouvriers
des oeuvres universitaires et scolaires ainsi que diverses mesures en faveur de
l'encadrement administratif des établissements d'enseignement
supérieur et de la revalorisation des régimes indemnitaires.
Si la plupart de ces mesures catégorielles répondent aux souhaits
exprimés par les personnels, s'agissant du repyramidage des
enseignants-chercheurs, votre commission observera que la proportion entre
professeurs d'université et maîtres de conférence s'est
inversée en dix ans : le pourcentage des professeurs
d'université est ainsi tombé de 60 à 30 % entre la
fin des années 80 et aujourd'hui, tandis que celui des
maîtres de conférence passait de 40 à 70 %, ces
derniers n'assurant pas le même rôle que les premiers dans le
domaine de la recherche.
4. Une gestion des enseignants-chercheurs critiquée et un statut à aménager
a) Les critiques de la Cour des comptes
Dans son rapport 2001 sur la fonction publique, la Cour des comptes formule diverses observations sur la gestion des enseignants-chercheurs, après enquête menée auprès de l'administration centrale et contrôle des établissements universitaires. On en trouvera la synthèse ci-après :
(1) Une gestion partagée
La gestion des enseignants-chercheurs est, de fait, une gestion partagée : la gestion des emplois et la gestion « administrative » sont de la responsabilité de l'administration centrale, alors que le recrutement et la gestion des personnes reviennent à la communauté universitaire, notamment au sein des établissements.
(2) Une gestion lourde et complexe
Si la mise en oeuvre par l'administration centrale d'outils de connaissance des personnels et de répartition des emplois, de gestion prévisionnelle des effectifs et de gestion prévisionnelle des carrières a permis d'indéniables progrès, leur efficacité reste limitée autant par la lourdeur des outils et les incohérences des systèmes d'information que par le poids de la communauté universitaire dans les processus de décision. Les procédures de gestion des personnes, modifiées à plusieurs reprises, restent particulièrement complexes et lourdes, qu'il s'agisse du recrutement, de l'avancement ou de la mobilité.
(3) Une mauvaise répartition des moyens
L'augmentation substantielle du nombre d'emplois a permis une amélioration du taux d'encadrement des étudiants mais des écarts très marqués subsistent tant au niveau géographique que disciplinaire. En amont, l'utilisation par l'administration d'un système analytique de répartition des moyens n'a pas été accompagnée d'un redéploiement des emplois entre établissements ou disciplines. Au demeurant, la liberté des établissements en matière de recrutement ne permet pas de garantir dans la suite du processus qu'un poste ouvert soit pourvu.
(4) Un contrôle défaillant
Le système indemnitaire a été rénové et étendu et permet désormais la reconnaissance des responsabilités particulières prises par les enseignants-chercheurs, notamment dans le domaine pédagogique. Le contrôle par les instances des établissements des activités des enseignants-chercheurs reste cependant succinct, voire défaillant. Des irrégularités en matière d'octroi de rémunérations accessoires étaient encore constatées récemment. Enfin, le régime particulier d'exercice des activités privées ouvert aux enseignants-chercheurs accroît les difficultés d'application de la réglementation générale sur les cumuls d'emplois et de rémunérations, mal connue et mal mise en oeuvre par les établissements.
b) Les réponses du ministère aux observations de la Cour des comptes
(1) Le « surnombre » des professeurs d'université
Le surnombre de professeurs des universités gagés sur des emplois de maîtres de conférences, résultant de l'application de l'article 62 du statut des enseignants-chercheurs est, à l'origine, de 2 000 postes. Il est chaque année résorbé à hauteur de 200 postes. Entre 1992 et 2001, cette résorption a concerné 1 515 surnombres et il en reste 485 à résorber.
(2) La gestion prévisionnelle des effectifs de l'enseignement supérieur
Cette
gestion devrait être améliorée par la mise en place d'un
nouveau système d'information et de gestion appelé à
remplacer l'actuel système. Les travaux sont en cours, le nouveau
système devant être fondé sur une base de données
plus complète comportant trois niveaux (administration centrale,
établissements, enseignants du supérieur) et permettre à
l'administration centrale d'assurer ses missions de pilotage dans des
conditions plus satisfaisantes.
Un outil de gestion (GESTPREV), doit permettre d'analyser les besoins de
renouvellement des corps des enseignants-chercheurs à l'identique ou en
intégrant les hypothèses d'évolution. Cet outil a
intégré la programmation pluriannuelle de créations
d'emplois.
(3) La mobilité des enseignants-chercheurs et les disparités en matière de recrutement
Des
modifications récentes introduites par le décret du 16 mai
2001 ont pour objet de favoriser la mobilité des enseignants-chercheurs
et de pallier les éventuelles difficultés de recrutement que
connaîtraient certains établissements.
Ainsi la durée et les conditions d'exercice en délégation
ont été modifiées : la délégation
prononcée en application de l'article 25-1 de la loi du
15 juillet 1982 d'orientation et de programmation pour la recherche et le
développement technologique peut être renouvelée
jusqu'à 6 ans. Par ailleurs, les récents aménagements
ont prévu des possibilités d'effectuer la
délégation à temps incomplet dans certaines conditions.
Afin d'encourager la mobilité européenne, une bonification d'un
an est accordée aux enseignants-chercheurs après un an de
mobilité effectuée dans un organisme d'enseignement
supérieur ou de recherche d'un Etat de l'Union européenne. Les
services effectués dans ce cadre sont également pris en compte au
titre de l'ancienneté exigée des candidats pour se
présenter aux concours de professeurs des universités offerts
dans la limite du neuvième des emplois (article 46 -3° du
décret du 6 juin 1984 modifié).
En revanche, n'est pas considérée comme une mobilité toute
mutation vers un établissement situé dans l'académie de
Paris ou toute mutation à l'intérieur de cette académie.
Cette dernière disposition devrait réduire les difficultés
de recrutement que peuvent connaître les établissements
situés hors de cette académie.
(4) Une gestion nationale et locale en matière de recrutement et d'avancement
La
double procédure, nationale et locale, ralentit certes les
opérations de recrutement et d'avancement des enseignants-chercheurs,
mais elle constitue une garantie d'objectivité et en même temps de
prise en compte de l'ensemble de leurs fonctions, ainsi que le stipule
l'article L. 952-6 du code de l'éducation :
«
L'appréciation, concernant le recrutement ou la
carrière, portée sur l'activité de l'enseignant-chercheur
tient compte de l'ensemble de ses fonctions
».
En effet, le conseil national des universités est enclin à
s'appuyer sur des critères de recherche, qui peuvent être
appréciés, au niveau national, par le biais des publications.
L'intervention de l'instance locale (commission des spécialistes,
conseil d'administration, conseil scientifique...), en raison de sa
proximité, doit pouvoir compléter cette appréciation par
une meilleure reconnaissance de l'investissement local (particulièrement
en pédagogie).
c) Les propositions du rapport Espéret tendant à aménager le statut des enseignants-chercheurs
Dans un
rapport remis le 24 septembre dernier au ministre,
M. Eric Espéret, président de l'université de
Poitiers estime que le statut des enseignants-chercheurs n'est
«
plus adapté
» à la
réalité du métier et prône une transformation de
leur statut et la mise en place de contrats individuels.
D'après le rapport, ces enseignants sont de plus en plus soumis à
de nouvelles tâches (animation de cours à distance via internet,
coordination pédagogique...) qui ne sont pas pris en compte dans leur
rémunération, ce qui conduit les universités à
«
compenser partiellement ces charges par des artifices plus ou
moins réglementaires
».
Leur statut actuel prévoit une obligation de service d'un volume annuel
de 192 heures de cours en présence d'étudiants ou
384 heures de travaux dirigés ; le rapport estime que cette
définition «
n'apparaît malheureusement plus
adaptée au métier actuel des enseignants du
supérieur
» et s'appuie sur plusieurs exemples d'autres
pays européens.
Il est ainsi proposé d'intégrer certaines activités
nouvelles des enseignants dans leur statut (enseignement à distance,
suivi individualisé des étudiants, tutorat, stages,
responsabilité administrative ou de filière, valorisation de la
recherche...) au moyen d'un tableau d'équivalence établi par
l'établissement. Le rapport souligne qu'il «
devient de
plus en plus difficile de trouver des volontaires
» pour assurer
ces tâches «
qui sont souvent sans impact réel sur
les promotions et les rémunérations
» et estime que
les recrutements à venir, du fait des départs en retraite
«
exigent que le métier d'enseignant dans le
supérieur garde une attractivité suffisante
».
Tout en souhaitant le maintien d'une «
norme
nationale
» pour déterminer la charge de travail, le
rapport propose d'instituer un «
contrat individuel
pluriannuel
» entre chaque enseignant et son
établissement, qui ferait l'objet d'un bilan et d'une évaluation
et suggère également des décharges de service pour les
enseignants débutants.
Lors de son audition devant la commission, le ministre a souligné
l'intérêt du rapport Espéret en annonçant son
intention de faire étudier la réalisation de ses conclusions par
une commission comprenant des représentants de tous les
ministères concernés.
Il a indiqué que la mesure déjà retenue, consistant
à globaliser une partie des primes attribuées aux enseignants,
pour des activités autres que les cours magistraux, s'inspirait des
conclusions du rapport, et qu'il convenait de reconsidérer le statut des
enseignants-chercheurs dont l'activité ne se limite pas aux seuls cours
magistraux, mais comporte aussi des travaux de recherche et des tâches
multiples relatives à l'animation des premiers cycles, à
l'encadrement des campus numériques et à la formation continue.
Dans le même sens, la mission d'information
2(
*
)
constituée à
l'initiative de votre commission, sur l'information et l'orientation des
étudiants dans les premiers cycles universitaires préconisait
également une prise en compte de toutes les activités des
enseignants-chercheurs, et pas seulement celles d'enseignement et de recherche,
pour l'évaluation et le déroulement de leur carrière,
aussi bien s'agissant de l'encadrement pédagogique des premiers cycles,
qui sont trop laissés aux enseignants du secondaire, que de la formation
continue ou de la direction d'établissement, ces tâches
n'étant pas suffisamment prises en compte, dans le déroulement de
la carrière des universitaires.Elle notait également que la
formation pédagogique des enseignants-chercheurs était quasi
inexistante.
Votre commission tient cependant à indiquer que le principal syndicat
d'enseignants du supérieur s'oppose résolument à
l'instauration de contrats individuels passés entre les
établissements et les enseignants et considère inadmissible qu'un
tel contrat puisse fixer des charges de service au-delà
éventuellement du service statutaire actuel sans proposer aucune
réduction du temps de travail : le contrat «
ne peut
être une réponse appropriée aux enseignants du
supérieur qui demandent la diminution de l'ensemble de leurs charges de
travail et en particulier un allègement des obligations d'enseignement,
pour un meilleur équilibre de leurs missions
».
d) Plus de 16 500 enseignants-chercheurs à recruter dans les dix ans à venir
(1) Du fait des perspectives de départ en retraite
Les deux
tableaux ci-après donnent la répartition, pour les dix prochaines
années, des effectifs prévisibles de départs à la
retraite des enseignants-chercheurs, par âge de départ
théorique (60 et 65 ans), par grande discipline et corps.
Les besoins de recrutement devront également tenir compte de
l'évolution des besoins d'encadrement des étudiants et de ceux de
la recherche universitaire.
LES
PERSPECTIVES DE DÉPART EN RETRAITE
DES PROFESSEURS DES
UNIVERSITÉS
Age théorique de départ |
Discipline |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
2009 |
2010 |
2011 |
2012 |
Total |
60 ans |
DROIT |
86 |
80 |
92 |
92 |
135 |
157 |
106 |
88 |
63 |
53 |
53 |
1 005 |
LETTRES |
200 |
245 |
228 |
209 |
245 |
280 |
219 |
188 |
157 |
132 |
112 |
2 215 |
|
SCIENCES |
398 |
423 |
449 |
440 |
500 |
489 |
381 |
299 |
221 |
165 |
153 |
3 918 |
|
PHARMACIE |
35 |
34 |
43 |
31 |
35 |
43 |
28 |
37 |
27 |
26 |
10 |
349 |
|
TOTAL |
719 |
782 |
812 |
772 |
915 |
969 |
734 |
612 |
468 |
376 |
328 |
7 487 |
|
65 ans |
DROIT |
42 |
57 |
56 |
72 |
62 |
86 |
80 |
92 |
92 |
135 |
157 |
931 |
LETTRES |
131 |
151 |
153 |
167 |
192 |
200 |
245 |
228 |
209 |
245 |
280 |
2 201 |
|
SCIENCES |
155 |
225 |
260 |
333 |
352 |
398 |
423 |
449 |
440 |
500 |
489 |
4 024 |
|
PHARMACIE |
25 |
19 |
28 |
28 |
29 |
35 |
34 |
43 |
31 |
35 |
43 |
350 |
|
TOTAL |
353 |
452 |
497 |
600 |
635 |
719 |
782 |
812 |
772 |
915 |
969 |
7 506 |
Source DPE
LES PERSPECTIVES DE DÉPART EN RETRAITE DES MAÎTRES DE CONFÉRENCE
Age théorique de départ |
Discipline |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
2009 |
2010 |
2011 |
2012 |
Total |
60 ans |
DROIT |
73 |
80 |
82 |
89 |
140 |
129 |
132 |
122 |
94 |
81 |
83 |
1 105 |
LETTRES |
240 |
256 |
246 |
275 |
345 |
358 |
321 |
292 |
309 |
277 |
249 |
3 168 |
|
SCIENCES |
437 |
500 |
555 |
467 |
546 |
542 |
392 |
332 |
253 |
195 |
197 |
4 416 |
|
PHARMACIE |
40 |
46 |
53 |
37 |
42 |
55 |
53 |
41 |
40 |
25 |
31 |
463 |
|
TOTAL |
790 |
882 |
936 |
868 |
1 073 |
1 084 |
898 |
787 |
696 |
578 |
560 |
9 152 |
|
65 ans |
DROIT |
20 |
18 |
34 |
39 |
52 |
73 |
80 |
82 |
89 |
140 |
129 |
756 |
LETTRES |
87 |
118 |
142 |
180 |
188 |
240 |
256 |
246 |
275 |
345 |
358 |
2 435 |
|
SCIENCES |
131 |
176 |
238 |
321 |
356 |
437 |
500 |
555 |
467 |
546 |
542 |
4 269 |
|
PHARMACIE |
8 |
10 |
20 |
22 |
28 |
40 |
46 |
53 |
37 |
42 |
55 |
361 |
|
TOTAL |
246 |
322 |
434 |
562 |
624 |
790 |
882 |
936 |
868 |
1 073 |
1 084 |
7 821 |
Source DPE
(2) Les incidences du plan pluriannuel de recrutement
Le plan
pluriannuel pour l'éducation nationale (2001-2003), annoncé en
novembre 2000, comporte un plan de programmation des recrutements et un plan de
programmation des créations d'emplois.
Pour l'enseignement supérieur, il prévoit la création
de 5 600 emplois :
- 2 600 emplois d'enseignants, l'effort inscrit en loi de
finances 2001 s'amplifiant au cours des années 2002 et 2003 ;
- 3 000 emplois d'IATOS.
CRÉATIONS D'EMPLOIS INSCRITES AU PLAN PLURIANNUEL (2001-2003)
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2001 |
2002 |
2003 |
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Total
des créations
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Enseignants-chercheurs
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300
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700
|
700
|
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1 700
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TOTAL ENSEIGNEMENT SUPERIEUR |
1 600 |
2 000 |
2 000 |
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5 600 |
S'agissant de la programmation du recrutement des
enseignants-chercheurs, près de 3 600 postes seront mis au
concours au cours de chacune des trois années du plan, contre 3 200
en 2000. Cette progression s'inscrit dans la logique de la programmation
de la gestion des emplois scientifiques menée en coordination avec le
ministère de la recherche, mais ne tient pas compte de la politique des
universités pour mettre au concours des emplois d'enseignants qui sont
utilisés aujourd'hui pour rémunérer des personnels non
permanents (enseignants invités, ATER).
La commission observe par ailleurs que la pyramide des âges des
enseignants de l'enseignement supérieur est sensiblement
différente de celle des enseignants des premier et second
degrés : l'augmentation des recrutements d'enseignants-chercheurs
entre 2001 et 2005 résulte moins directement de départs nombreux
à la retraite, qui ne se produiront qu'au cours des années
suivantes.
B. UNE HAUSSE ATTENDUE DES CRÉDITS DE FONCTIONNEMENT
1. Des moyens nouveaux
Les
moyens nouveaux prévus pour 2002 devraient permettre d'assurer le
rattrapage des crédits de fonctionnement pour les établissements
d'enseignement supérieur sous-dotés.
Dans ce cadre, les crédits inscrits au chapitre 36-11
« Enseignement supérieur et recherche. Subventions de
fonctionnement », augmentent de 83,89 millions d'euros
(550,3 millions de francs), soit une hausse de 7,8 % par rapport
à 2001.
Pour les établissements d'enseignement supérieur, les moyens
nouveaux augmentent 2,5 fois plus que ces trois dernières
années et représentent 71,2 millions d'euros, soit
467,04 millions de francs ; 6,03 millions d'euros, soit
39,54 millions de francs pour l'article 20 des bibliothèques
et des musées.
Une partie des crédits de fonctionnement des établissements,
2,13 millions d'euros, soit 14 millions de francs, est
réservée au financement de l'expérimentation de
dévolution du patrimoine à certains établissements.
Un effort a par ailleurs été réalisé pour les
relations internationales (2,46 millions d'euros, soit 16,12 millions
de francs), notamment pour le financement des universités
européennes d'été.
Enfin, 1,20 million d'euros, soit 7,87 millions de francs sont
prévus pour l'établissement public du musée du quai
Branly, 1,21 million d'euros, soit 7,95 millions de francs pour
l'institut national de recherche pédagogique, 0,07 million d'euros,
soit 0,44 million de francs pour l'établissement public du campus
de Jussieu et 1,16 million d'euros, soit 7,6 millions de francs pour
le conservatoire national des arts et métiers et la formation
professionnelle et continue.
2. Un rattrapage nécessaire pour les universités sous-dotées
Si ces
moyens nouveaux permettront d'améliorer les conditions de fonctionnement
des universités, ils autoriseront aussi un rattrapage en faveur des
établissements sous-dotés, notamment dans les filières
littéraires et de sciences humaines et sociales.
Ce rattrapage était préconisé par le rapport
Laugénie, remis au ministre en mai dernier, qui soulignait la
nécessité d'une adaptation du système dit San Remo de
répartition des moyens entre les établissements, dont l'objet est
de mesurer les besoins théoriques en personnels et en crédits de
fonctionnement des universités. Les critères de
répartition devraient ainsi être plus équitables et
adaptés, tandis qu'un renforcement des mécanismes de compensation
ou de péréquation est susceptible d'être mis en place.
Il serait par ailleurs souhaitable que les règles de répartition
des crédits prennent en compte une véritable évaluation
des établissements et des indicateurs d'objectifs.
Devant votre commission, le ministre a indiqué que les filières
littéraires devraient bénéficier, au titre du rattrapage,
d'une dotation supplémentaire de 500 millions de francs.
Elle ne peut que se féliciter d'une telle augmentation des subventions
de fonctionnement (7,8 %), alors que ces crédits n'avaient
progressé en moyenne que de 4,6 % pour chacune des cinq
années précédentes.
On rappellera que les subventions de fonctionnement représentent environ
44 % des ressources des universités et qu'un septième de
celles-ci est attribué au titre de la politique contractuelle entre
l'Etat et les établissements. A cet égard, la commission ne peut
que partager les observations de la Cour des comptes qui dénonce
l'insuffisance de l'évaluation de cette politique contractuelle,
celle-ci ne permettant pas d'apprécier de manière satisfaisante
l'emploi des moyens contractualisés au regard des objectifs et
priorités définis.
C. L'ÉVOLUTION DES CRÉDITS D'INVESTISSEMENT
Le
montant total des crédits prévus en 2002 pour les dépenses
en capital s'élève à 904,15 millions d'euros
(5,93 milliards de francs) en autorisations de programme et à
723,4 millions d'euros (4,74 milliards de francs) en crédits
de paiement.
Le projet de budget pour 2002 a pour objectif d'accélérer les
contrats de plan Etat-Régions, notamment en région parisienne et
privilégie la maintenance des bâtiments et la recherche
universitaire.
Afin d'accélérer la mise en oeuvre du plan de mise en
sécurité des établissements, la totalité des
autorisations de programme correspondantes sera ouverte en loi de finances
rectificative 2001.
Le volume global des crédits de paiement a été
recalibré pour les CPER ou les grands travaux en fonction du rythme
effectif des paiements : le montant des crédits passe ainsi de 840
millions d'euros (5,495 milliards de francs) à 720 millions d'euros
(4,745 milliards de francs).
1. Les priorités pour 2002
a) Une augmentation des autorisations de programme construction et premier équipement
Le
montant des autorisations de programme prévu en 2002 au titre des
engagements pris par l'Etat dans le cadre du volet enseignement
supérieur des contrats de plan Etat Régions (CPER) 2000-2006 est
en progression par rapport à 2001. Ainsi, aux 313,59 millions
d'euros (2,057 milliards de francs) correspondant aux autorisations de
programme inscrites en 2001 se substitue une ouverture d'autorisations de
programme de 363,65 millions d'euros (2,385 milliards de francs),
soit une augmentation de 16 %.
Ces crédits permettront de prendre en compte
l'accélération de la mise en oeuvre des CPER, notamment en
Île-de-France (ZAC Paris Rive gauche, restructuration du centre Assas).
b) L'accélération du plan sécurité et maintenance
Afin
d'accélérer la mise en oeuvre du plan sécurité (410
millions d'euros soit 2,7 milliards de francs), l'ouverture de
l'intégralité des autorisations de programme, soit 260 millions
d'euros (1,728 milliard de francs) en loi de finances rectificative 2001,
permettra aux établissements de réaliser leur programmation et de
disposer des autorisations budgétaires pour pouvoir passer leurs
marchés. Par ailleurs, le montant des crédits de paiements
à ce titre s'élèvera en 2002 à près de 76,22
millions d'euros (500 millions de francs).
Dans le même temps, un effort est réalisé pour la
maintenance, le montant des crédits prévus passant de 126,53
millions d'euros (830 millions de francs) en 2001 à un peu plus
de 139,33 millions d'euros (914 millions de francs), auxquels il
convient d'ajouter les 2,13 millions d'euros (14 millions de francs) au
titre de l'expérimentation de la dévolution du patrimoine
à certains établissements.
c) Les grands travaux
Les grands travaux (établissement public du campus de Jussieu, Muséum national d'histoire naturelle, établissement public du musée du quai Branly) mobiliseront 71 millions d'euros, soit 466 millions de francs en autorisations de programme et 72,1 millions d'euros, soit 473 millions de francs, en crédits de paiement.
d) La recherche universitaire
Après l'augmentation de 2001 (10,2 %), la subvention d'équipement de la recherche universitaire est augmentée de 5,9 % passant de 312,1 millions d'euros d'autorisations de programme (2,04 milliards de francs) à 330,4 millions d'euros (2,16 milliards de francs).
2. Une gestion peu satisfaisante des crédits d'investissement
Dans son
rapport pour l'année 2000 sur l'exécution des lois de finances,
la Cour des comptes signale que les conditions d'utilisation des crédits
affectés aux constructions universitaires ne cessent de se
dégrader, le niveau des reports atteignant en 2000 un montant
égal à celui des dotations initiales.
De 1997 à 2000, les crédits de paiement disponibles sous l'effet
de reports croissants, augmentent de 23 % en dépit d'un ajustement
à la baisse des dotations initiales et le taux de consommation des
dépenses se réduit en quatre ans de 75 % à
50 % ; d'après la Cour, cette sous-utilisation des moyens
traduit aussi une maîtrise d'ouvrage défaillante et tend à
retarder la mise en oeuvre des travaux et la consommation des
crédits : il faut en moyenne deux ans et demi pour engager des
autorisations de programme du fait d'une insuffisante finalisation des projets
et d'un suivi approximatif par l'administration centrale de la gestion des
crédits en région.
En conséquence, les crédits de paiement demandés pour la
construction de bâtiment ont été recalibrés et
enregistreront une baisse de 45 % en 2002, alors qu'ils progressaient
encore de 7 % en 2001.
Compte tenu de la lourdeur du système de programmation des constructions
universitaires, qui se traduit par un retard excessif dans la consommation des
crédits de paiement, il apparaît indispensable d'engager une
réflexion sur le contrôle de la mise en oeuvre des CPER, notamment
au titre de la maîtrise d'ouvrage et de procéder à un
réexamen du dispositif financier et fiscal.
A l'initiative de son président, M. Jacques Valade, votre commission a
décidé de créer une mission d'information sur le
patrimoine immobilier universitaire, qui serait notamment chargée
d'établir un état des lieux, d'examiner les problèmes de
maintenance et de développement des constructions et d'étudier
les relations entre l'Etat, les collectivités territoriales et les
établissements universitaires au travers du mécanisme des
contrats de plan Etat-régions.
EVOLUTION DES CRÉDITS DE PAIEMENT DU CHAPITRE
56-10
CONSTRUCTIONS SOUS MAITRISE D'OUVRAGE ETAT
(en millions d'euros)