projet de loi de finances pour 2002 - Tome V : Enseignement supérieur
DUPONT (Jean-Léonce)
AVIS 88 - TOME V (2001-2002) - commission des affaires culturelles
Rapport au format Acrobat ( 216 Ko )Table des matières
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EXPOSÉ GÉNÉRAL
-
I. UNE ÉVOLUTION GÉNÉRALE DES
CRÉDITS DÉCEVANTE
-
A. LA CRÉATION DE 3 500 EMPLOIS
- 1. Les emplois enseignants : un progrès par rapport à 2001
- 2. Les emplois non enseignants : un effort substantiel
- 3. L'amélioration de la situation des personnels
- 4. Une gestion des enseignants-chercheurs critiquée et un statut à aménager
- B. UNE HAUSSE ATTENDUE DES CRÉDITS DE FONCTIONNEMENT
- C. L'ÉVOLUTION DES CRÉDITS D'INVESTISSEMENT
-
A. LA CRÉATION DE 3 500 EMPLOIS
-
II. UNE DÉMOCRATISATION DE L'ENSEIGNEMENT
SUPÉRIEUR A RELATIVISER
- A. L'ÉVOLUTION DES EFFECTIFS ÉTUDIANTS : UNE DÉCROISSANCE DES FLUX D'ENTRÉE, UNE STABILISATION DU « STOCK »
- B. LES LIMITES DU SYSTÈME D'AIDES AUX ÉTUDIANTS
- C. DES UNIVERSITÉS OFFRANT DES CHANCES DE RÉUSITE TRÈS INÉGALES DANS LES PREMIERS CYCLES
-
D. UNE DÉMOCRATISATION DE L'ENSEIGNEMENT
SUPÉRIEUR À APPROFONDIR
- 1. Le constat : une démocratisation très inégale, y compris à l'université
- 2. Les inégalités sociales dans le recrutement des grandes écoles
- 3. Les mesures susceptibles d'améliorer la démocratisation de l'enseignement supérieur
- 4. Une mesure symbolique : l'ouverture de l'IEP de Paris à quelques bacheliers méritants des ZEP
-
III. UNE NÉCESSAIRE PROGRAMMATION DES
INVESTISSEMENTS DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
- A. LA MISE EN oeUVRE DU PLAN U3M
-
B. LES ORIENTATIONS DU SCHÉMA DES SERVICES
COLLECTIFS POUR L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
- 1. Une lisibilité insuffisante dans l'organisation territoriale de l'enseignement supérieur et de la recherche : deux logiques à concilier
- 2. De nouvelles contraintes
- 3. Une organisation de l'enseignement supérieur plus cohérente
- 4. Une recherche mieux répartie
- 5. Un système d'enseignement supérieur et de recherche davantage inséré dans le tissu local
- 6. Une cohérence territoriale fondée sur la mise en réseau
- 7. La prise en compte des observations de la délégation du Sénat
-
IV. UNE ADAPTATION INÉLUCTABLE DES
UNIVERSITÉS AU MONDE ACTUEL
-
A. L'OUVERTURE DU SYSTÈME UNIVERSITAIRE SUR
L'EXTÉRIEUR
- 1. Vers l'harmonisation européenne des cursus
- 2. La création d'un diplôme à points cumulables : la nécessité de garde-fous
- 3. L'université en ligne : l'expérimentation des campus numériques
- 4. Un nécessaire développement des échanges d'étudiants
- 5. Vers une amélioration de l'accueil des étudiants étrangers
- 6. Des programmes d'échanges européens à développer
- B. UNE NÉCESSAIRE MODERNISATION DES UNIVERSITÉS
-
A. L'OUVERTURE DU SYSTÈME UNIVERSITAIRE SUR
L'EXTÉRIEUR
-
I. UNE ÉVOLUTION GÉNÉRALE DES
CRÉDITS DÉCEVANTE
- EXAMEN EN COMMISSION
- CONCLUSION
N° 88
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2001-2002
Annexe au procès-verbal de la séance du 22 novembre 2001
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires culturelles (1) sur le projet de loi de finances pour 2002 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
TOME V
ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
Par M. Jean-Léonce DUPONT,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : M. Jacques Valade, président ; MM. Xavier Darcos, Ambroise Dupont, Pierre Laffitte, Mme Danièle Pourtaud, MM. Ivan Renar, Philippe Richert, vice-présidents ; MM. Alain Dufaut, Philippe Nachbar, Philippe Nogrix, Jean-François Picheral, secrétaires ; MM. Jean Arthuis, François Autain, Mme Marie-Christine Blandin, MM. Louis de Broissia, Jean-Claude Carle, Jean-Louis Carrère, Gérard Collomb, Yves Dauge, Mme Annie David, MM. Fernard Demilly, Christian Demuynck, Jacques Dominati, Jean-Léonce Dupont, Louis Duvernois, Daniel Eckenspieller, Mme Françoise Férat, MM. Bernard Fournier, Jean François-Poncet, Jean-Noël Guérini, Michel Guerry, Marcel Henry, Jean-François Humbert, André Labarrère, Serge Lagauche, Robert Laufoaulu, Jacques Legendre, Serge Lepeltier, Pierre Martin, Jean-Luc Miraux, Bernard Murat, Mme Monique Papon, MM. Jack Ralite, Victor Reux, René-Pierre Signé, Michel Thiollière, Jean-Marc Todeschini, Jean-Marie Vanlerenberghe, Marcel Vidal, Henri Weber.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème
législ.) :
3262
,
3320
à
3325
et T.A.
721
Sénat
:
86
et
87
(annexe n°
16
)
(2001-2002)
Lois de finances . |
EXPOSÉ GÉNÉRAL
Mesdames, Messieurs,
S'élevant à 57,31 milliards de francs (8,736 milliards
d'euros), le projet de budget de l'enseignement supérieur pour 2002 ne
progresse que de 2,22 % par rapport à 2001.
Dans le même temps, le projet de budget de l'éducation nationale,
entendue dans sa globalité, regroupant le scolaire et le
supérieur, enregistre une hausse de 3,84 %, près de
deux fois supérieure à celle du budget de l'Etat et
dépasse pour la première fois le cap des 400 milliards de
francs.
Le seul projet de budget de l'enseignement scolaire, qui atteindra
345,7 milliards de francs en 2002, progresse pour sa part de
4,11 %, soit une augmentation près de deux fois
supérieure à celle de l'enseignement supérieur.
Depuis plusieurs années, votre commission observe l'évolution
divergente entre ces deux budgets et demande un transfert de crédits du
scolaire vers le supérieur, en raison notamment de l'évolution
à la baisse ou à la stabilisation des effectifs dans le premier
et le second degrés, alors que l'université, qui a répondu
avec succès sur le plan quantitatif au défi de l'explosion
démographique connaît des besoins importants d'encadrement
pédagogique, notamment dans les premiers cycles.
Les comparaisons internationales témoignent du sort fait à notre
système universitaire, puisque le rapport 2001 de l'OCDE montre que
notre pays ne consacre que 1,13 % de son PIB à l'enseignement
supérieur
1(
*
)
contre 1,33 % en
moyenne pour les pays développés membres de l'Organisation.
Sans noircir le tableau très hétérogène de notre
système universitaire où le meilleur côtoie le pire,
où des initiatives originales coexistent avec trop de filières
laissées en déshérence, du fait notamment d'un doublement
des effectifs étudiants au cours des quinze dernières
années, force est de reconnaître que les moyens humains,
matériels et pédagogiques n'ont pas suivi pour accompagner ce
mouvement, en particulier pour l'accueil des nouveaux étudiants. A cet
égard, le projet de budget de l'enseignement supérieur
pour 2002 manque incontestablement d'ambition.
Le tassement actuel de la démographie étudiante devrait, au
contraire, être l'occasion de libérer des énergies,
notamment par une plus grande autonomie de nos universités, et faire en
sorte que notre système universitaire, bien en amont de la licence,
assume ses missions, notamment au regard de l'adaptation à l'emploi et
à la formation du citoyen. Si l'université souffre d'un certain
manque de moyens, elle pâtit aussi d'une organisation trop
centralisée et d'une vision trop conservatrice.
*
* *
Après avoir retracé l'évolution des grandes masses de crédits, il conviendra d'examiner quelques aspects de la démocratisation de l'enseignement supérieur, de rappeler la nécessité d'une programmation des moyens qui sont affectés à notre système universitaire et d'exposer la nécessité de l'ouverture des universités au monde d'aujourd'hui, tant au plan international qu'au regard de leur modernisation.
I. UNE ÉVOLUTION GÉNÉRALE DES CRÉDITS DÉCEVANTE
Alors
que le budget de l'enseignement supérieur a quasiment été
multiplié par deux entre 1990 et 2002 (+ 96 % à
prix courants), la progression du projet de budget pour 2002 n'est que de
2,22 %, soit l'une des plus faibles enregistrée depuis plus
de quinze ans.
Si les dépenses ordinaires sont en augmentation de 3,95 %,
pour les crédits d'investissement, les autorisations de programme
progresseront de 18,63 % tandis que les crédits de paiement
se réduiront de 13,65 %, cet ajustement technique
résultant d'une prise en compte du rythme effectif des paiements des
travaux de construction.
EVOLUTION DU BUDGET DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
(en milliards d'euros)
LFI |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Montant total |
6,02 |
6,14 |
6,43 |
6,79 |
7,17 |
7,39 |
7,79 |
8,00 |
8,54 |
8,74 |
Augmentation en % |
+ 9,6 |
+ 1,9 |
+ 4,8 |
+ 8,3 |
+ 5,5 |
+ 3,1 |
+ 5,5 |
+ 2,6 |
+ 6,8 |
+ 2,2 |
Part en % du budget de l'enseignement supérieur dans le budget de l'éducation nationale |
14,0 |
13,8 |
13,9 |
14,0 |
14,5 |
14,5 |
14,6 |
14,5 |
14,4 |
14,2 |
En dépit de cette évolution générale décevante, les créations d'emplois et les dépenses de fonctionnement restent relativement soutenues, même si leur poids dans le total du budget est modeste.
A. LA CRÉATION DE 3 500 EMPLOIS
Dans le cadre du plan pluriannuel de recrutement, le projet de budget permet la création de 3 500 emplois supplémentaires, dont 2 000 au titre des engagements dudit plan, et 1 500 au titre de la résorption de l'emploi précaire.
1. Les emplois enseignants : un progrès par rapport à 2001
Les
crédits prévus permettront de créer à la
rentrée 2002, 1 000 emplois dont :
- 600 emplois d'enseignants-chercheurs, soit 243 professeurs
d'université ou équivalents et 357 maîtres de
conférences ;
- 100 emplois de professeurs agrégés ;
- 261 postes d'attachés temporaires d'enseignement et de recherche
(ATER) ;
- 39 assistants des disciplines médicales.
Le coût de la création des 700 emplois enseignants et
enseignants-chercheurs est de 9,740 millions d'euros, soit
63,89 millions de francs, celui des 39 emplois d'assistants des
disciplines médicales de 287 040 euros, soit
1,882 million de francs et celui des 261 ATER de 2,730 millions
d'euros, soit 17,908 millions de francs.
Pour mémoire, on rappellera que le nombre total d'enseignants du
supérieur est de 81 300 et que la loi de finances pour 2001
autorisait la création de 300 emplois de maîtres de
conférence et de 256 postes d'ATER.
EVOLUTION DES EMPLOIS BUDGÉTAIRES DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
(en milliers)
Rentrée |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2001 |
Enseignants |
64,5 |
68,0 |
69,1 |
70,2 |
72,8 |
74,2 |
77,1 |
78,6 |
79,8 |
80,3 |
81,3 |
IATOS |
44,8 |
46,0 |
46,1 |
47,0 |
48,4 |
47,0 |
51,3 |
52,2 |
52,8 |
53,8 |
54,8 |
Total |
109,3 |
114,0 |
115,2 |
117,2 |
121,2 |
121,2 |
128,4 |
130,8 |
132,6 |
134,1 |
136,1 |
Source : ministère de l'éducation nationale
L'effort budgétaire en matière de créations d'emplois d'enseignants n'est donc pas négligeable, même si 1 200 emplois d'enseignants-chercheurs ont été créés en 2000 et 1 500 en 1999.
2. Les emplois non enseignants : un effort substantiel
Le
projet de loi de finances prévoit de créer, à la
rentrée 2002, 1 000 emplois non enseignants dont 150 pour les
bibliothèques.
Ces emplois nouveaux permettront d'accompagner la modernisation des
établissements, l'accroissement des surfaces universitaires, notamment
des bibliothèques qui sont encore trop souvent sinistrées, et
d'améliorer l'environnement dans lequel évoluent les
étudiants ainsi que la qualité du service qui leur est rendu en
matière sanitaire et sociale : à ce titre seront
créés 26 emplois d'infirmières dans les
universités et 42 emplois, dont 10 emplois d'assistantes
sociales, dans le réseau des oeuvres universitaires et scolaires.
En outre, au titre de la résorption de l'emploi précaire dans les
établissements d'enseignement supérieur, 1 500 emplois
nouveaux financés sur les ressources propres des établissements
seront créés pour permettre la titularisation d'ayants droit.
Les principales créations d'emplois de personnels non enseignants
peuvent être ainsi ventilées :
- 779 emplois de personnels IATOS : 6,2 millions d'euros
(40,7 millions de francs) ;
- 148 emplois de personnels de bibliothèques :
1,043 million d'euros (6,842 millions de francs) ;
- 45 emplois sur les chapitres de subventions, dont 42 pour les
CROUS : 519 millions d'euros (3,404 millions de francs) ;
- 1 500 emplois au titre du plan de mise en oeuvre de la
résorption de l'emploi précaire (loi du 3 janvier 2001),
dont 1 491 dans les établissements d'enseignement supérieur
et 9 dans les CROUS.
Afin d'apprécier cet effort budgétaire, il convient de rappeler
que l'enseignement supérieur compte quelque 53 000 personnels
IATOS, et que la loi de finances pour 2001 autorisait la création de
1 000 emplois de personnels non enseignants, contre 500 en 2000 et
800 en 1999.
*
* *
Au
total, l'effort entrepris en faveur des créations d'emplois peut donc
être salué et devrait permettre, dans un contexte de stagnation
démographique de retrouver des taux d'encadrement pour les
étudiants proches de la situation antérieure à l'explosion
de la démographie étudiante.
Votre commission tient toutefois à souligner que la résorption de
l'emploi précaire dans les universités se traduit par la
création d'emplois nouveaux financés sur les ressources propres
des établissements, c'est-à-dire d'emplois gagés.
Elle ne peut se satisfaire d'une formule qui consiste pour l'Etat, par la
titularisation des contractuels, à pérenniser une charge pour les
universités alors que celles-ci n'ont pas de certitude sur leurs
ressources propres futures, ce qui introduit une rigidité
supplémentaire pour les établissements, alors qu'ils aspirent
à davantage d'autonomie et de souplesse dans la gestion des
personnels.
3. L'amélioration de la situation des personnels
Dans le
cadre de la revalorisation des rémunérations, le projet de budget
traduit, à hauteur de 127,2 millions d'euros (834,5 millions
de francs), la revalorisation du point fonction publique.
S'agissant des mesures catégorielles, celles-ci
bénéficieront de 7,14 millions d'euros (46,81 millions
de francs). Les principales mesures sont les suivantes :
- la revalorisation de l'indice de fin de carrière des assistants
(passant de 801 à 821) et la transformation de 250 emplois
d'assistants en emplois de maîtres de conférences afin
d'accélérer leur intégration dans le corps des
maîtres de conférences ;
- l'amélioration du pyramidage des enseignants-chercheurs pour un
montant de 1,07 million d'euros (
7,02 millions
de francs) ;
- la création d'une indemnité pour les membres du conseil
national des universités variant d'un montant de 450 à
1 000 euros, pour un coût en année pleine de
0,9 million d'euros (5,9 millions de francs) ;
- le transfert au 1
er
septembre 2002 des crédits
dédiés à la prime de responsabilités
pédagogiques et à la prime pour charges administratives, ces
crédits devant être intégrés dans le budget des
établissements ;
- un effort en faveur des personnels de recherche et formation
(repyramidage des ingénieurs de recherche, ingénieurs
d'études et agents des services techniques) pour 1,21 million
d'euros (7,94 millions de francs) ;
- la poursuite de la réforme de la filière administrative de
recherche et de formation par transfert des emplois des corps administratifs de
recherche et de formation (750), soit vers les corps similaires de
l'administration scolaire et universitaire, soit vers les corps de la
filière technique de recherche et de formation pour un montant de
1,26 million d'euros (8,27 millions de francs) et l'achèvement
du plan d'intégration des corps de la filière ouvrière et
de service (y compris les personnels de laboratoire) des établissements
dans les corps de la filière technique de recherche et de formation.
Cette nouvelle tranche concerne 1 349 emplois ;
- la poursuite de l'effort en faveur de la filière des
bibliothèques engagé en 2000, avec la revalorisation de la
carrière des personnels de magasinage et la transformation de
130 emplois d'assistants de bibliothèque en emplois de
bibliothécaires adjoints spécialisés ;
- la revalorisation du régime indemnitaire des personnels ouvriers
des oeuvres universitaires et scolaires ainsi que diverses mesures en faveur de
l'encadrement administratif des établissements d'enseignement
supérieur et de la revalorisation des régimes indemnitaires.
Si la plupart de ces mesures catégorielles répondent aux souhaits
exprimés par les personnels, s'agissant du repyramidage des
enseignants-chercheurs, votre commission observera que la proportion entre
professeurs d'université et maîtres de conférence s'est
inversée en dix ans : le pourcentage des professeurs
d'université est ainsi tombé de 60 à 30 % entre la
fin des années 80 et aujourd'hui, tandis que celui des
maîtres de conférence passait de 40 à 70 %, ces
derniers n'assurant pas le même rôle que les premiers dans le
domaine de la recherche.
4. Une gestion des enseignants-chercheurs critiquée et un statut à aménager
a) Les critiques de la Cour des comptes
Dans son rapport 2001 sur la fonction publique, la Cour des comptes formule diverses observations sur la gestion des enseignants-chercheurs, après enquête menée auprès de l'administration centrale et contrôle des établissements universitaires. On en trouvera la synthèse ci-après :
(1) Une gestion partagée
La gestion des enseignants-chercheurs est, de fait, une gestion partagée : la gestion des emplois et la gestion « administrative » sont de la responsabilité de l'administration centrale, alors que le recrutement et la gestion des personnes reviennent à la communauté universitaire, notamment au sein des établissements.
(2) Une gestion lourde et complexe
Si la mise en oeuvre par l'administration centrale d'outils de connaissance des personnels et de répartition des emplois, de gestion prévisionnelle des effectifs et de gestion prévisionnelle des carrières a permis d'indéniables progrès, leur efficacité reste limitée autant par la lourdeur des outils et les incohérences des systèmes d'information que par le poids de la communauté universitaire dans les processus de décision. Les procédures de gestion des personnes, modifiées à plusieurs reprises, restent particulièrement complexes et lourdes, qu'il s'agisse du recrutement, de l'avancement ou de la mobilité.
(3) Une mauvaise répartition des moyens
L'augmentation substantielle du nombre d'emplois a permis une amélioration du taux d'encadrement des étudiants mais des écarts très marqués subsistent tant au niveau géographique que disciplinaire. En amont, l'utilisation par l'administration d'un système analytique de répartition des moyens n'a pas été accompagnée d'un redéploiement des emplois entre établissements ou disciplines. Au demeurant, la liberté des établissements en matière de recrutement ne permet pas de garantir dans la suite du processus qu'un poste ouvert soit pourvu.
(4) Un contrôle défaillant
Le système indemnitaire a été rénové et étendu et permet désormais la reconnaissance des responsabilités particulières prises par les enseignants-chercheurs, notamment dans le domaine pédagogique. Le contrôle par les instances des établissements des activités des enseignants-chercheurs reste cependant succinct, voire défaillant. Des irrégularités en matière d'octroi de rémunérations accessoires étaient encore constatées récemment. Enfin, le régime particulier d'exercice des activités privées ouvert aux enseignants-chercheurs accroît les difficultés d'application de la réglementation générale sur les cumuls d'emplois et de rémunérations, mal connue et mal mise en oeuvre par les établissements.
b) Les réponses du ministère aux observations de la Cour des comptes
(1) Le « surnombre » des professeurs d'université
Le surnombre de professeurs des universités gagés sur des emplois de maîtres de conférences, résultant de l'application de l'article 62 du statut des enseignants-chercheurs est, à l'origine, de 2 000 postes. Il est chaque année résorbé à hauteur de 200 postes. Entre 1992 et 2001, cette résorption a concerné 1 515 surnombres et il en reste 485 à résorber.
(2) La gestion prévisionnelle des effectifs de l'enseignement supérieur
Cette
gestion devrait être améliorée par la mise en place d'un
nouveau système d'information et de gestion appelé à
remplacer l'actuel système. Les travaux sont en cours, le nouveau
système devant être fondé sur une base de données
plus complète comportant trois niveaux (administration centrale,
établissements, enseignants du supérieur) et permettre à
l'administration centrale d'assurer ses missions de pilotage dans des
conditions plus satisfaisantes.
Un outil de gestion (GESTPREV), doit permettre d'analyser les besoins de
renouvellement des corps des enseignants-chercheurs à l'identique ou en
intégrant les hypothèses d'évolution. Cet outil a
intégré la programmation pluriannuelle de créations
d'emplois.
(3) La mobilité des enseignants-chercheurs et les disparités en matière de recrutement
Des
modifications récentes introduites par le décret du 16 mai
2001 ont pour objet de favoriser la mobilité des enseignants-chercheurs
et de pallier les éventuelles difficultés de recrutement que
connaîtraient certains établissements.
Ainsi la durée et les conditions d'exercice en délégation
ont été modifiées : la délégation
prononcée en application de l'article 25-1 de la loi du
15 juillet 1982 d'orientation et de programmation pour la recherche et le
développement technologique peut être renouvelée
jusqu'à 6 ans. Par ailleurs, les récents aménagements
ont prévu des possibilités d'effectuer la
délégation à temps incomplet dans certaines conditions.
Afin d'encourager la mobilité européenne, une bonification d'un
an est accordée aux enseignants-chercheurs après un an de
mobilité effectuée dans un organisme d'enseignement
supérieur ou de recherche d'un Etat de l'Union européenne. Les
services effectués dans ce cadre sont également pris en compte au
titre de l'ancienneté exigée des candidats pour se
présenter aux concours de professeurs des universités offerts
dans la limite du neuvième des emplois (article 46 -3° du
décret du 6 juin 1984 modifié).
En revanche, n'est pas considérée comme une mobilité toute
mutation vers un établissement situé dans l'académie de
Paris ou toute mutation à l'intérieur de cette académie.
Cette dernière disposition devrait réduire les difficultés
de recrutement que peuvent connaître les établissements
situés hors de cette académie.
(4) Une gestion nationale et locale en matière de recrutement et d'avancement
La
double procédure, nationale et locale, ralentit certes les
opérations de recrutement et d'avancement des enseignants-chercheurs,
mais elle constitue une garantie d'objectivité et en même temps de
prise en compte de l'ensemble de leurs fonctions, ainsi que le stipule
l'article L. 952-6 du code de l'éducation :
«
L'appréciation, concernant le recrutement ou la
carrière, portée sur l'activité de l'enseignant-chercheur
tient compte de l'ensemble de ses fonctions
».
En effet, le conseil national des universités est enclin à
s'appuyer sur des critères de recherche, qui peuvent être
appréciés, au niveau national, par le biais des publications.
L'intervention de l'instance locale (commission des spécialistes,
conseil d'administration, conseil scientifique...), en raison de sa
proximité, doit pouvoir compléter cette appréciation par
une meilleure reconnaissance de l'investissement local (particulièrement
en pédagogie).
c) Les propositions du rapport Espéret tendant à aménager le statut des enseignants-chercheurs
Dans un
rapport remis le 24 septembre dernier au ministre,
M. Eric Espéret, président de l'université de
Poitiers estime que le statut des enseignants-chercheurs n'est
«
plus adapté
» à la
réalité du métier et prône une transformation de
leur statut et la mise en place de contrats individuels.
D'après le rapport, ces enseignants sont de plus en plus soumis à
de nouvelles tâches (animation de cours à distance via internet,
coordination pédagogique...) qui ne sont pas pris en compte dans leur
rémunération, ce qui conduit les universités à
«
compenser partiellement ces charges par des artifices plus ou
moins réglementaires
».
Leur statut actuel prévoit une obligation de service d'un volume annuel
de 192 heures de cours en présence d'étudiants ou
384 heures de travaux dirigés ; le rapport estime que cette
définition «
n'apparaît malheureusement plus
adaptée au métier actuel des enseignants du
supérieur
» et s'appuie sur plusieurs exemples d'autres
pays européens.
Il est ainsi proposé d'intégrer certaines activités
nouvelles des enseignants dans leur statut (enseignement à distance,
suivi individualisé des étudiants, tutorat, stages,
responsabilité administrative ou de filière, valorisation de la
recherche...) au moyen d'un tableau d'équivalence établi par
l'établissement. Le rapport souligne qu'il «
devient de
plus en plus difficile de trouver des volontaires
» pour assurer
ces tâches «
qui sont souvent sans impact réel sur
les promotions et les rémunérations
» et estime que
les recrutements à venir, du fait des départs en retraite
«
exigent que le métier d'enseignant dans le
supérieur garde une attractivité suffisante
».
Tout en souhaitant le maintien d'une «
norme
nationale
» pour déterminer la charge de travail, le
rapport propose d'instituer un «
contrat individuel
pluriannuel
» entre chaque enseignant et son
établissement, qui ferait l'objet d'un bilan et d'une évaluation
et suggère également des décharges de service pour les
enseignants débutants.
Lors de son audition devant la commission, le ministre a souligné
l'intérêt du rapport Espéret en annonçant son
intention de faire étudier la réalisation de ses conclusions par
une commission comprenant des représentants de tous les
ministères concernés.
Il a indiqué que la mesure déjà retenue, consistant
à globaliser une partie des primes attribuées aux enseignants,
pour des activités autres que les cours magistraux, s'inspirait des
conclusions du rapport, et qu'il convenait de reconsidérer le statut des
enseignants-chercheurs dont l'activité ne se limite pas aux seuls cours
magistraux, mais comporte aussi des travaux de recherche et des tâches
multiples relatives à l'animation des premiers cycles, à
l'encadrement des campus numériques et à la formation continue.
Dans le même sens, la mission d'information
2(
*
)
constituée à l'initiative de votre
commission, sur l'information et l'orientation des étudiants dans les
premiers cycles universitaires préconisait également une prise en
compte de toutes les activités des enseignants-chercheurs, et pas
seulement celles d'enseignement et de recherche, pour l'évaluation et le
déroulement de leur carrière, aussi bien s'agissant de
l'encadrement pédagogique des premiers cycles, qui sont trop
laissés aux enseignants du secondaire, que de la formation continue ou
de la direction d'établissement, ces tâches n'étant pas
suffisamment prises en compte, dans le déroulement de la carrière
des universitaires.Elle notait également que la formation
pédagogique des enseignants-chercheurs était quasi inexistante.
Votre commission tient cependant à indiquer que le principal syndicat
d'enseignants du supérieur s'oppose résolument à
l'instauration de contrats individuels passés entre les
établissements et les enseignants et considère inadmissible qu'un
tel contrat puisse fixer des charges de service au-delà
éventuellement du service statutaire actuel sans proposer aucune
réduction du temps de travail : le contrat «
ne peut
être une réponse appropriée aux enseignants du
supérieur qui demandent la diminution de l'ensemble de leurs charges de
travail et en particulier un allègement des obligations d'enseignement,
pour un meilleur équilibre de leurs missions
».
d) Plus de 16 500 enseignants-chercheurs à recruter dans les dix ans à venir
(1) Du fait des perspectives de départ en retraite
Les deux
tableaux ci-après donnent la répartition, pour les dix prochaines
années, des effectifs prévisibles de départs à la
retraite des enseignants-chercheurs, par âge de départ
théorique (60 et 65 ans), par grande discipline et corps.
Les besoins de recrutement devront également tenir compte de
l'évolution des besoins d'encadrement des étudiants et de ceux de
la recherche universitaire.
LES
PERSPECTIVES DE DÉPART EN RETRAITE
DES PROFESSEURS DES
UNIVERSITÉS
Age théorique de départ |
Discipline |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
2009 |
2010 |
2011 |
2012 |
Total |
60 ans |
DROIT |
86 |
80 |
92 |
92 |
135 |
157 |
106 |
88 |
63 |
53 |
53 |
1 005 |
LETTRES |
200 |
245 |
228 |
209 |
245 |
280 |
219 |
188 |
157 |
132 |
112 |
2 215 |
|
SCIENCES |
398 |
423 |
449 |
440 |
500 |
489 |
381 |
299 |
221 |
165 |
153 |
3 918 |
|
PHARMACIE |
35 |
34 |
43 |
31 |
35 |
43 |
28 |
37 |
27 |
26 |
10 |
349 |
|
TOTAL |
719 |
782 |
812 |
772 |
915 |
969 |
734 |
612 |
468 |
376 |
328 |
7 487 |
|
65 ans |
DROIT |
42 |
57 |
56 |
72 |
62 |
86 |
80 |
92 |
92 |
135 |
157 |
931 |
LETTRES |
131 |
151 |
153 |
167 |
192 |
200 |
245 |
228 |
209 |
245 |
280 |
2 201 |
|
SCIENCES |
155 |
225 |
260 |
333 |
352 |
398 |
423 |
449 |
440 |
500 |
489 |
4 024 |
|
PHARMACIE |
25 |
19 |
28 |
28 |
29 |
35 |
34 |
43 |
31 |
35 |
43 |
350 |
|
TOTAL |
353 |
452 |
497 |
600 |
635 |
719 |
782 |
812 |
772 |
915 |
969 |
7 506 |
Source DPE
LES PERSPECTIVES DE DÉPART EN RETRAITE DES MAÎTRES DE CONFÉRENCE
Age théorique de départ |
Discipline |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
2009 |
2010 |
2011 |
2012 |
Total |
60 ans |
DROIT |
73 |
80 |
82 |
89 |
140 |
129 |
132 |
122 |
94 |
81 |
83 |
1 105 |
LETTRES |
240 |
256 |
246 |
275 |
345 |
358 |
321 |
292 |
309 |
277 |
249 |
3 168 |
|
SCIENCES |
437 |
500 |
555 |
467 |
546 |
542 |
392 |
332 |
253 |
195 |
197 |
4 416 |
|
PHARMACIE |
40 |
46 |
53 |
37 |
42 |
55 |
53 |
41 |
40 |
25 |
31 |
463 |
|
TOTAL |
790 |
882 |
936 |
868 |
1 073 |
1 084 |
898 |
787 |
696 |
578 |
560 |
9 152 |
|
65 ans |
DROIT |
20 |
18 |
34 |
39 |
52 |
73 |
80 |
82 |
89 |
140 |
129 |
756 |
LETTRES |
87 |
118 |
142 |
180 |
188 |
240 |
256 |
246 |
275 |
345 |
358 |
2 435 |
|
SCIENCES |
131 |
176 |
238 |
321 |
356 |
437 |
500 |
555 |
467 |
546 |
542 |
4 269 |
|
PHARMACIE |
8 |
10 |
20 |
22 |
28 |
40 |
46 |
53 |
37 |
42 |
55 |
361 |
|
TOTAL |
246 |
322 |
434 |
562 |
624 |
790 |
882 |
936 |
868 |
1 073 |
1 084 |
7 821 |
Source DPE
(2) Les incidences du plan pluriannuel de recrutement
Le plan
pluriannuel pour l'éducation nationale (2001-2003), annoncé en
novembre 2000, comporte un plan de programmation des recrutements et un plan de
programmation des créations d'emplois.
Pour l'enseignement supérieur, il prévoit la création
de 5 600 emplois :
- 2 600 emplois d'enseignants, l'effort inscrit en loi de
finances 2001 s'amplifiant au cours des années 2002 et 2003 ;
- 3 000 emplois d'IATOS.
CRÉATIONS D'EMPLOIS INSCRITES AU PLAN PLURIANNUEL (2001-2003)
|
2001 |
2002 |
2003 |
|
Total
des créations
|
Enseignants-chercheurs
|
300
|
700
|
700
|
|
1 700
|
TOTAL ENSEIGNEMENT SUPERIEUR |
1 600 |
2 000 |
2 000 |
|
5 600 |
S'agissant de la programmation du recrutement des
enseignants-chercheurs, près de 3 600 postes seront mis au
concours au cours de chacune des trois années du plan, contre 3 200
en 2000. Cette progression s'inscrit dans la logique de la programmation
de la gestion des emplois scientifiques menée en coordination avec le
ministère de la recherche, mais ne tient pas compte de la politique des
universités pour mettre au concours des emplois d'enseignants qui sont
utilisés aujourd'hui pour rémunérer des personnels non
permanents (enseignants invités, ATER).
La commission observe par ailleurs que la pyramide des âges des
enseignants de l'enseignement supérieur est sensiblement
différente de celle des enseignants des premier et second
degrés : l'augmentation des recrutements d'enseignants-chercheurs
entre 2001 et 2005 résulte moins directement de départs nombreux
à la retraite, qui ne se produiront qu'au cours des années
suivantes.
B. UNE HAUSSE ATTENDUE DES CRÉDITS DE FONCTIONNEMENT
1. Des moyens nouveaux
Les
moyens nouveaux prévus pour 2002 devraient permettre d'assurer le
rattrapage des crédits de fonctionnement pour les établissements
d'enseignement supérieur sous-dotés.
Dans ce cadre, les crédits inscrits au chapitre 36-11
« Enseignement supérieur et recherche. Subventions de
fonctionnement », augmentent de 83,89 millions d'euros
(550,3 millions de francs), soit une hausse de 7,8 % par rapport
à 2001.
Pour les établissements d'enseignement supérieur, les moyens
nouveaux augmentent 2,5 fois plus que ces trois dernières
années et représentent 71,2 millions d'euros, soit
467,04 millions de francs ; 6,03 millions d'euros, soit
39,54 millions de francs pour l'article 20 des bibliothèques
et des musées.
Une partie des crédits de fonctionnement des établissements,
2,13 millions d'euros, soit 14 millions de francs, est
réservée au financement de l'expérimentation de
dévolution du patrimoine à certains établissements.
Un effort a par ailleurs été réalisé pour les
relations internationales (2,46 millions d'euros, soit 16,12 millions
de francs), notamment pour le financement des universités
européennes d'été.
Enfin, 1,20 million d'euros, soit 7,87 millions de francs sont
prévus pour l'établissement public du musée du quai
Branly, 1,21 million d'euros, soit 7,95 millions de francs pour
l'institut national de recherche pédagogique, 0,07 million d'euros,
soit 0,44 million de francs pour l'établissement public du campus
de Jussieu et 1,16 million d'euros, soit 7,6 millions de francs pour
le conservatoire national des arts et métiers et la formation
professionnelle et continue.
2. Un rattrapage nécessaire pour les universités sous-dotées
Si ces
moyens nouveaux permettront d'améliorer les conditions de fonctionnement
des universités, ils autoriseront aussi un rattrapage en faveur des
établissements sous-dotés, notamment dans les filières
littéraires et de sciences humaines et sociales.
Ce rattrapage était préconisé par le rapport
Laugénie, remis au ministre en mai dernier, qui soulignait la
nécessité d'une adaptation du système dit San Remo de
répartition des moyens entre les établissements, dont l'objet est
de mesurer les besoins théoriques en personnels et en crédits de
fonctionnement des universités. Les critères de
répartition devraient ainsi être plus équitables et
adaptés, tandis qu'un renforcement des mécanismes de compensation
ou de péréquation est susceptible d'être mis en place.
Il serait par ailleurs souhaitable que les règles de répartition
des crédits prennent en compte une véritable évaluation
des établissements et des indicateurs d'objectifs.
Devant votre commission, le ministre a indiqué que les filières
littéraires devraient bénéficier, au titre du rattrapage,
d'une dotation supplémentaire de 500 millions de francs.
Elle ne peut que se féliciter d'une telle augmentation des subventions
de fonctionnement (7,8 %), alors que ces crédits n'avaient
progressé en moyenne que de 4,6 % pour chacune des cinq
années précédentes.
On rappellera que les subventions de fonctionnement représentent environ
44 % des ressources des universités et qu'un septième de
celles-ci est attribué au titre de la politique contractuelle entre
l'Etat et les établissements. A cet égard, la commission ne peut
que partager les observations de la Cour des comptes qui dénonce
l'insuffisance de l'évaluation de cette politique contractuelle,
celle-ci ne permettant pas d'apprécier de manière satisfaisante
l'emploi des moyens contractualisés au regard des objectifs et
priorités définis.
C. L'ÉVOLUTION DES CRÉDITS D'INVESTISSEMENT
Le
montant total des crédits prévus en 2002 pour les dépenses
en capital s'élève à 904,15 millions d'euros
(5,93 milliards de francs) en autorisations de programme et à
723,4 millions d'euros (4,74 milliards de francs) en crédits
de paiement.
Le projet de budget pour 2002 a pour objectif d'accélérer les
contrats de plan Etat-Régions, notamment en région parisienne et
privilégie la maintenance des bâtiments et la recherche
universitaire.
Afin d'accélérer la mise en oeuvre du plan de mise en
sécurité des établissements, la totalité des
autorisations de programme correspondantes sera ouverte en loi de finances
rectificative 2001.
Le volume global des crédits de paiement a été
recalibré pour les CPER ou les grands travaux en fonction du rythme
effectif des paiements : le montant des crédits passe ainsi de 840
millions d'euros (5,495 milliards de francs) à 720 millions d'euros
(4,745 milliards de francs).
1. Les priorités pour 2002
a) Une augmentation des autorisations de programme construction et premier équipement
Le
montant des autorisations de programme prévu en 2002 au titre des
engagements pris par l'Etat dans le cadre du volet enseignement
supérieur des contrats de plan Etat Régions (CPER) 2000-2006 est
en progression par rapport à 2001. Ainsi, aux 313,59 millions
d'euros (2,057 milliards de francs) correspondant aux autorisations de
programme inscrites en 2001 se substitue une ouverture d'autorisations de
programme de 363,65 millions d'euros (2,385 milliards de francs),
soit une augmentation de 16 %.
Ces crédits permettront de prendre en compte
l'accélération de la mise en oeuvre des CPER, notamment en
Île-de-France (ZAC Paris Rive gauche, restructuration du centre Assas).
b) L'accélération du plan sécurité et maintenance
Afin
d'accélérer la mise en oeuvre du plan sécurité (410
millions d'euros soit 2,7 milliards de francs), l'ouverture de
l'intégralité des autorisations de programme, soit 260 millions
d'euros (1,728 milliard de francs) en loi de finances rectificative 2001,
permettra aux établissements de réaliser leur programmation et de
disposer des autorisations budgétaires pour pouvoir passer leurs
marchés. Par ailleurs, le montant des crédits de paiements
à ce titre s'élèvera en 2002 à près de 76,22
millions d'euros (500 millions de francs).
Dans le même temps, un effort est réalisé pour la
maintenance, le montant des crédits prévus passant de 126,53
millions d'euros (830 millions de francs) en 2001 à un peu plus
de 139,33 millions d'euros (914 millions de francs), auxquels il
convient d'ajouter les 2,13 millions d'euros (14 millions de francs) au
titre de l'expérimentation de la dévolution du patrimoine
à certains établissements.
c) Les grands travaux
Les grands travaux (établissement public du campus de Jussieu, Muséum national d'histoire naturelle, établissement public du musée du quai Branly) mobiliseront 71 millions d'euros, soit 466 millions de francs en autorisations de programme et 72,1 millions d'euros, soit 473 millions de francs, en crédits de paiement.
d) La recherche universitaire
Après l'augmentation de 2001 (10,2 %), la subvention d'équipement de la recherche universitaire est augmentée de 5,9 % passant de 312,1 millions d'euros d'autorisations de programme (2,04 milliards de francs) à 330,4 millions d'euros (2,16 milliards de francs).
2. Une gestion peu satisfaisante des crédits d'investissement
Dans son
rapport pour l'année 2000 sur l'exécution des lois de finances,
la Cour des comptes signale que les conditions d'utilisation des crédits
affectés aux constructions universitaires ne cessent de se
dégrader, le niveau des reports atteignant en 2000 un montant
égal à celui des dotations initiales.
De 1997 à 2000, les crédits de paiement disponibles sous l'effet
de reports croissants, augmentent de 23 % en dépit d'un ajustement
à la baisse des dotations initiales et le taux de consommation des
dépenses se réduit en quatre ans de 75 % à
50 % ; d'après la Cour, cette sous-utilisation des moyens
traduit aussi une maîtrise d'ouvrage défaillante et tend à
retarder la mise en oeuvre des travaux et la consommation des
crédits : il faut en moyenne deux ans et demi pour engager des
autorisations de programme du fait d'une insuffisante finalisation des projets
et d'un suivi approximatif par l'administration centrale de la gestion des
crédits en région.
En conséquence, les crédits de paiement demandés pour la
construction de bâtiment ont été recalibrés et
enregistreront une baisse de 45 % en 2002, alors qu'ils progressaient
encore de 7 % en 2001.
Compte tenu de la lourdeur du système de programmation des constructions
universitaires, qui se traduit par un retard excessif dans la consommation des
crédits de paiement, il apparaît indispensable d'engager une
réflexion sur le contrôle de la mise en oeuvre des CPER, notamment
au titre de la maîtrise d'ouvrage et de procéder à un
réexamen du dispositif financier et fiscal.
A l'initiative de son président, M. Jacques Valade, votre commission a
décidé de créer une mission d'information sur le
patrimoine immobilier universitaire, qui serait notamment chargée
d'établir un état des lieux, d'examiner les problèmes de
maintenance et de développement des constructions et d'étudier
les relations entre l'Etat, les collectivités territoriales et les
établissements universitaires au travers du mécanisme des
contrats de plan Etat-régions.
EVOLUTION DES CRÉDITS DE PAIEMENT DU CHAPITRE
56-10
CONSTRUCTIONS SOUS MAITRISE D'OUVRAGE ETAT
(en millions d'euros)
LFI |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Crédits de paiement |
197 |
141 |
132 |
70 |
92 |
74 |
Evolution |
|
- 27,9 % |
- 5,9 % |
- 47,6 % |
+ 31,5 % |
- 20,0 % |
II. UNE DÉMOCRATISATION DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR A RELATIVISER
S'il
convient de se féliciter que l'université ne soit pas
restée à l'écart de l'explosion démographique des
années 80, force est cependant de s'interroger sur les conditions
d'accueil des nouveaux étudiants, notamment dans les premiers cycles, et
au regard de la stagnation des effectifs qui devraient en théorie
permettre d'améliorer l'encadrement sur le plan qualitatif.
Il conviendra également de se demander si le système d'aides aux
étudiants, alors que le plan social étudiant est arrivé
à son terme, reste pertinent et comment les filières les plus
sélectives pourraient davantage s'ouvrir aux bacheliers et
étudiants méritants.
A. L'ÉVOLUTION DES EFFECTIFS ÉTUDIANTS : UNE DÉCROISSANCE DES FLUX D'ENTRÉE, UNE STABILISATION DU « STOCK »
ÉVOLUTION GÉNÉRALE DES EFFECTIFS DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
(en milliers)
Année universitaire |
1992-1993 |
1993-1994 |
1994-1995 |
1995-1996 |
1996-1997 |
1997-1998 |
1998-1999 |
1999-2000 |
2000-2001 |
2001-2002 |
2002-2003 |
Effectifs
dépendants du budget de l'enseignement supérieur
|
1 387
|
1 504
|
1 554
|
1 591
|
1 575
|
1 547
|
1 526
|
1 523
|
1 529
|
1 538
|
1 544
|
Nombre total d'étudiants |
1 957 |
2 080 |
2 134 |
2 169 |
2 155 |
2 132 |
2 119 |
2 128 |
2 143 |
2 160 |
nc |
Source : ministère de l'éducation nationale
(prévisions pour les années universitaires 2001-2002 et
2002-2003)
1. Une légère augmentation des effectifs en 2001 et 2002
En
raison d'une progression générale des effectifs de 0,4 %
dans les principales filières de l'enseignement supérieur
à la rentrée 2000, le nombre d'étudiants en
université (dont les IUT), IUFM, écoles d'ingénieurs, STS
et CPGE s'élevait à 1 885 100.
Le nombre global d'inscriptions devrait encore légèrement
augmenter (+ 10 000 en 2001 et + 8 000 en 2002). Le
fléchissement du nombre de bacheliers, lié à
l'évolution démographique, leur permettrait d'être mieux
accueillis dans les filières sélectives (IUT, STS et CPGE) et
leur taux de poursuite d'études progresserait. Grâce au
développement des licences professionnelles, le deuxième cycle
universitaire accueillerait plus d'étudiants et les effectifs du
troisième cycle se maintiendraient à court terme.
2. Des prévisions contrastées selon les filières
En 2001
et 2002, le nombre de bacheliers devrait baisser et, dans le même temps,
le nombre de places offertes en IUT, CPGE et STS devrait progresser. La
« concurrence » serait moins importante dans ces
filières sélectives et les bacheliers seraient relativement plus
nombreux à pouvoir s'y inscrire.
Les bacheliers généraux seraient ainsi relativement plus nombreux
à entrer en IUT (+ 0,5 point en 2001 après + 0,3 en
2000) et en CPGE (+ 0,5 point après une stabilité en
2000), tandis que les STS accueilleraient relativement plus de bacheliers
technologiques (+ 1,7 point en 2001 et + 0,7 point en 2002
après une baisse de 0,4 point en 2000).
A l'université, hors IUT, la baisse des taux de poursuite des bacheliers
généraux et technologiques se prolongerait en 2001 et 2002, mais
serait moins prononcée (- 1,2 puis - 0,4 point après
une baisse de 1,9 point en 2000). Pour les bacheliers
généraux, la baisse du taux de poursuite d'études
proviendrait du moindre attrait des sciences pour les bacheliers scientifiques
(- 1 point en 2001), et des disciplines littéraires pour les
bacheliers L (- 0,2 point en 2001). Les nouveaux bacheliers
technologiques seraient, eux aussi, moins attirés par les disciplines
littéraires.
Ces hypothèses d'orientation après le baccalauréat
conduisent, sur le court terme, à une diminution sensible du nombre
d'entrants dans les principales filières du supérieur en 2001 et
2002 (successivement - 8 600 puis - 2 000
étudiants), conséquence de la baisse importante du nombre de
bacheliers. Cependant, c'est essentiellement à l'université, hors
IUT, qu'ils seraient moins nombreux.
3. Une évolution diverse selon les cycles de formation
La
baisse globale du nombre d'inscrits en premier cycle des principales
filières du supérieur s'accentuerait en 2001 et 2002 (- 0,6
% puis - 0,8 %). Les tendances observées en 2000 se
retrouveraient : baisse en université hors IUT, stabilité en
CPGE et STS et progression en IUT.
Après trois années de baisse, le nombre d'étudiants en
deuxième cycle a légèrement progressé en 2000
(+ 0,7 %), particulièrement en Sciences économiques et
Administration Economique et Sociale -AES- (+ 5,9 %). Cette hausse
est la conséquence d'une croissance de 19,7 % des entrants directs
(première inscription à l'université en deuxième
cycle), soit + 4 800 étudiants, et des arrivées d'IUT
(+ 2 200 étudiants). Ces progressions s'expliquent
vraisemblablement par la mise en place des licences professionnelles
(4 400 étudiants s'y sont inscrits à la rentrée
2000). En revanche, le taux d'accès global en deuxième cycle
diminue de 1,7 point.
Quant aux effectifs de troisième cycle, ils progressent pour la
3ème année consécutive, et encore plus fortement qu'en
1999 (+ 3,9 %).
Ces tendances, sur les deuxième et troisième cycles, ont
été prolongées pour les deux rentrées à
venir. Grâce au développement des licences professionnelles, les
effectifs du deuxième cycle progresseraient successivement de 1,4 %
puis 1,9 %. La croissance du nombre d'étudiants en troisième
cycle devrait légèrement s'atténuer pour atteindre
2 % en 2002.
ÉVOLUTION DES EFFECTIFS PAR FILIÈRES ET PAR CYCLES DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
FILIERES DE FORMATION |
CONSTAT |
PRÉVISION |
||||||
1995-1996 |
1996-1997 |
1997-1998 |
1998-1999 |
1999-2000 |
2000-2001 |
2001-2002 |
2002-2003 |
|
IUT |
103 092 |
108 587 |
112 857 |
114 587 |
117 407 |
119 246 |
122 200 |
123 300 |
1er cycle |
686 353 |
656 052 |
631 282 |
616 493 |
606 320 |
600 223 |
590 700 |
581 700 |
2ème cycle |
490 090 |
496 029 |
494 423 |
487 621 |
484 243 |
487 583 |
494 500 |
504 000 |
3ème cycle |
206 049 |
208 755 |
205 477 |
205 694 |
211 665 |
219 881 |
225 300 |
229 700 |
Formations ing. universitaires |
24 186 |
24 839 |
25 979 |
27 282 |
29 378 |
30 795 |
32 000 |
33 200 |
UNIVERSITES* |
1 382 492 |
1 360 836 |
1 331 182 |
1 309 808 |
1 302 228 |
1 307 687 |
1 310 500 |
1 315 400 |
Instituts ou écoles d'ingénieurs indépendantes |
19 650 |
19 807 |
20 239 |
21 260 |
20 962 |
21 742 |
22 500 |
23 200 |
Sous-total Ens. Sup.** |
1 505 234 |
1 489 230 |
1 464 278 |
1 445 655 |
1 440 597 |
1 448 675 |
1 455 200 |
1 461 900 |
IUFM |
86 068 |
85 885 |
83 134 |
81 602 |
82 184 |
80 373 |
82 500 |
82 500 |
TOTAL Ens. Sup |
1 591 302 |
1 575 115 |
1 547 412 |
1 527 257 |
1 522 781 |
1 529 048 |
1 537 700 |
1 544 400 |
Autres formations d'ing. |
31 804 |
32 195 |
32 880 |
34 412 |
35 411 |
36 866 |
38 400 |
40 000 |
CPGE |
70 288 |
72 656 |
73 102 |
71 373 |
70 855 |
70 263 |
70 100 |
70 200 |
STS |
236 426 |
242 094 |
245 325 |
246 595 |
248 877 |
248 889 |
249 300 |
248 900 |
TOTAL GENERAL |
1 929 820 |
1 922 060 |
1 898 719 |
1 879 637 |
1 877 924 |
1 885 066 |
1 895 500 |
1 903 500 |
* hors
IUT y compris ingénieurs universitaires
**UNIVERSITES (y compris ingénieurs universitaires) + IUT+ Instituts ou
Ecoles d'ingénieur indépendantes
PRÉVISIONS D'EFFECTIFS D'ÉTUDIANTS DES UNIVERSITÉS, PAR DISCIPLINE
Disciplines |
Constat |
Prévisions |
|||||||
1995-96 |
1996-97 |
1997-98 |
1998-99 |
1999-2000 |
2000-2001 |
2001-2002 |
2002-2003 |
||
Droit |
197 664 |
191 940 |
186 356 |
183 839 |
184 586 |
182 542 |
181 600 |
180 600 |
|
Sciences Economiques, AES |
161 709 |
156 116 |
153 327 |
153 171 |
158 135 |
165 329 |
173 000 |
180 600 |
|
Lettres et Sciences Humaines |
529 412 |
522 887 |
512 449 |
502 498 |
493 797 |
489 850 |
486 200 |
482 200 |
|
Sciences exactes et naturelles (1) |
320 346 |
315 195 |
302 755 |
289 712 |
283 709 |
284 156 |
284 400 |
285 800 |
|
STAPS |
20 549 |
27 698 |
33 491 |
38 769 |
42 877 |
45 141 |
45 500 |
46 300 |
|
Santé (2) |
152 811 |
147 000 |
142 803 |
141 819 |
139 124 |
140 669 |
139 800 |
139 900 |
|
TOTAL GENERAL |
1 382 492 |
1 360 836 |
1 331 182 |
1 309 808 |
1 302 228 |
1 307 687 |
1 310 500 |
1 315 400 |
(1) Y
compris formations d'ingénieurs.
(2) Médecine, pharmacie, odontologie.
4. Les projections à dix ans des effectifs d'étudiants : une démocratisation universitaire achevée ?
Les
projections à dix ans élaborées par le ministère ne
portent que sur quatre principales filières du supérieur, les
effectifs d'IUFM et d'écoles d'ingénieurs étant exclus de
cet exercice à long terme.
L'évolution de la population étudiante dépend, pour une
grande part, du flux annuel d'arrivée de nouveaux bacheliers et des
orientations choisies. Le nombre de nouveaux bacheliers est estimé
à partir des effectifs des classes de terminales par série et
prend en compte les variations démographiques.
a) Le taux d'accueil des bacheliers généraux et technologiques
Après une baisse de 2,1 points en 2000, le taux
d'accueil des bacheliers généraux et technologiques dans les
principales filières du supérieur augmenterait de 0,5 point
pendant deux ans. En effet, la diminution du nombre de bacheliers et les
ouvertures prévues de classes en IUT, STS et CPGE devraient
réduire la «concurrence» à l'entrée de ces
filières sélectives. Jusqu'en 2005, la tendance à la
baisse des taux de poursuite en université ne serait plus
compensée par des entrées relativement plus nombreuses en
filières sélectives et le taux de poursuite global
fléchirait pour se stabiliser ensuite au niveau de celui de
l'année 2000.
Compte tenu de l'évolution du nombre de bacheliers et des taux d'accueil
sur 10 ans, il y aurait 10 600 jeunes de moins en 2010 qu'en
2000 qui entreraient dans les quatre principales filières du
supérieur. Cette baisse toucherait essentiellement les
universités hors IUT. Elle serait importante les deux premières
années, puis l'augmentation du nombre de bacheliers
généraux et technologiques se traduirait par une progression des
flux d'entrée en 2003 et 2004. Après une période de
stabilité, l'effectif des nouveaux entrants fléchirait à
nouveau à partir de 2008.
b) Les filières sélectives
En termes de nombre total d'étudiants, les filières sélectives, dans leur ensemble, verraient leurs effectifs augmenter de 5 700 étudiants sur 10 ans. C'est essentiellement en IUT et pendant les cinq premières années que les effectifs progresseraient.
c) L'évolution des effectifs universitaires selon les cycles et les disciplines
Le
nombre d'étudiants en université hors IUT progresserait à
peine, en moyenne sur la période de projection et cette filière
accueillerait 1 800 étudiants de plus en 2010 (+0,1%). Au
total, les effectifs universitaires, hors IUT, pourraient s'établir aux
environs de 1 310 000.
Cependant, les effectifs du premier cycle universitaire diminueraient les trois
premières années (- 6 800 étudiants par an, en
moyenne, sur 3 ans). Puis ce cycle connaîtrait 5 années
de stabilité avant de décroître à nouveau, en fin de
période. Au total, il y aurait 22 200 étudiants de
moins en 1er cycle, en 2010 par rapport à 2000.
Ce mouvement à la baisse ne se retrouverait pas dans les deux autres
cycles : en 2010, il y aurait 10 400 jeunes de plus qu'en 2000,
poursuivant des études en deuxième cycle universitaire et le
nombre d'étudiants inscrits en troisième cycle serait plus
élevé de 13 600.
Sous l'angle des disciplines, les effectifs devraient progresser fortement en
sciences économiques et AES (+ 14,6 % sur 10 ans) et,
dans une moindre mesure, en Sciences (+ 1,9 %) et en Staps
(+ 1,3 %). En revanche, les formations littéraires verront
sans doute leurs effectifs totaux diminuer (- 4,9 % sur
10 ans).
Dans l'ensemble, les quatre principales filières de l'enseignement
supérieur compteraient 7 500 étudiants de plus en 2010,
avec des progressions d'effectifs importantes en IUT, en 2ème et
3ème cycles universitaires.
PROJECTIONS D'EFFECTIFS DANS LES PRINCIPALES FILIÈRES DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
|
1990 |
1995 |
2000* |
2001 |
2002 |
2005 |
2010 |
Université (hors IUT et IUFM) |
1 108 456 |
1 382 492 |
1 307 687 |
1 310 500 |
1 315 400 |
1 315 600 |
1 309 500 |
- dont premier cycle |
549 334 |
686 353 |
600 223 |
590 700 |
581 700 |
582 100 |
578 000 |
- dont deuxième cycle |
376 011 |
490 090 |
487 583 |
494 500 |
504 000 |
497 400 |
498 000 |
- dont troisième cycle |
183 111 |
206 049 |
219 881 |
225 300 |
229 700 |
236 100 |
233 500 |
|
|
|
|
|
|
|
|
IUT |
74 328 |
103 092 |
119 246 |
122 200 |
123 300 |
125 100 |
124 500 |
- dont IUT secondaire |
35 504 |
47 256 |
51 917 |
53 200 |
53 800 |
54 600 |
54 300 |
- dont IUT tertiaire |
38 824 |
55 836 |
67 329 |
69 000 |
69 500 |
70 500 |
70 200 |
|
|
|
|
|
|
|
|
CPGE |
64 514 |
70 288 |
70 263 |
70 100 |
70 200 |
71 200 |
70 600 |
|
|
|
|
|
|
|
|
STS |
204 920 |
236 426 |
248 889 |
249 300 |
248 900 |
251 200 |
249 000 |
- dont STS production |
63 809 |
87 049 |
89 686 |
89 700 |
89 800 |
89 900 |
89 000 |
- dont STS services (**) |
141 111 |
149 377 |
159 203 |
159 600 |
159 100 |
161 300 |
160 000 |
Ensemble |
1 452 218 |
1 792 298 |
1 746 085 |
1 752 100 |
1 757 800 |
1 763 100 |
1 753 600 |
EFFECTIFS UNIVERSITAIRES PAR DISCIPLINE
|
1990 |
1995 |
2000* |
2001 |
2002 |
2005 |
2010 |
Droit |
161 004 |
197 664 |
182 542 |
181 600 |
180 600 |
179 400 |
178 600 |
Sc. Eco., AES |
126 907 |
161 709 |
165 329 |
173 000 |
180 600 |
189 600 |
189 500 |
Lettres, Sc. Humaines |
410 739 |
529 412 |
489 850 |
486 200 |
482 300 |
471 500 |
466 000 |
Sciences |
245 025 |
320 346 |
284 156 |
284 400 |
285 800 |
288 600 |
289 700 |
STAPS |
11 716 |
20 549 |
45 141 |
45 500 |
46 300 |
45 900 |
45 700 |
Santé |
153 065 |
152 811 |
140 669 |
139 800 |
139 800 |
140 600 |
140 000 |
Toutes disciplines |
1 108 456 |
1 382 492 |
1 307 687 |
1 310 500 |
1 315 400 |
1 315 600 |
1 309 500 |
B. LES LIMITES DU SYSTÈME D'AIDES AUX ÉTUDIANTS
Après avoir rappelé les derniers développements du plan social étudiant mis en oeuvre depuis 1998, il conviendra de s'interroger sur l'efficacité du système actuel d'aides aux étudiants.
1. Le bilan du plan social étudiant
Le plan social étudiant visait à créer les conditions d'une meilleure reconnaissance de la place des étudiants dans la société, à leur apporter les bases d'une plus grande indépendance matérielle et morale, tout en leur permettant d'être responsabilisés dans la conduite des politiques et des institutions de la vie étudiante. Sa vocation était d'améliorer significativement, de manière qualitative et quantitative, les conditions de vie étudiante avec l'objectif de parvenir, sur une période de quatre ans (des années universitaires 1998-1999 à 2001-2002), à une proportion de 30 % d'étudiants aidés tout en relevant le montant des bourses de 15 %.
a) Le bilan de la dernière année universitaire
Pour la
dernière année universitaire, le bilan du plan social
étudiant peut être ainsi résumé :
-
le nombre total de boursiers était de 475 502, soit
une augmentation de 16 235 bénéficiaires
(+ 3,41 % par rapport à 1999-2000) ;
- le nombre de boursiers à taux « zéro »
s'élevait à 29 984, soit une augmentation de 147 %. Par
ailleurs 8 347 « bourses de cycle », pour le
redoublement en deuxième cycle, ont été
attribuées ;
- 8 090 allocations d'études ont été
attribuées sur un contingent de 9 000 ;
- 200 bourses de mérite ont été attribuées ce
qui porte le nombre de boursiers de mérite depuis la
rentrée 1998 à 497.
Ces résultats répondent à l'objectif visé pour la
troisième année du plan social étudiant, puisque le
pourcentage d'étudiants aidés était de 28 % en
2000-2001.
b) Les mesures mises en place à la rentrée 2001
Les
mesures prises pour l'année universitaire en cours sont les
suivantes :
- relèvement uniforme de 3 % du plafond des ressources pour
les six échelons ;
- augmentation du taux des bourses de 8,1 % en moyenne (bourses sur
critères sociaux et sur critères universitaires) pour atteindre
l'objectif initial du plan social étudiant qui était de parvenir
à une augmentation de + 15 % du montant des bourses par
rapport à l'année universitaire 1997-1998 ;
- augmentation de 2 000 du nombre d'allocations d'études ;
- augmentation de 200 du nombre de bourses de mérite ;
- augmentation de 10 millions de francs de la participation du
ministère au complément Erasmus ;
- création d'une bourse de mobilité destinée aux
boursiers sur critères sociaux dans la limite d'un contingent annuel
(4 000 bourses), afin de permettre aux étudiants boursiers sur
critères sociaux de réaliser leurs projets de mobilité
européenne et internationale dans le cadre de leurs études. Le
montant mensuel de la bourse de mobilité est de 2 519 francs, ce
qui correspond en année complète à une bourse de
5
ème
échelon (22 670 francs). Ce
montant s'ajoute à celui de la bourse sur critères sociaux
initialement accordée, le dispositif pouvant également
bénéficier aux étudiants bénéficiaires d'une
allocation d'études ou d'une bourse à taux zéro.
En outre, on rappellera que les étudiants inscrits en troisième
cycle pouvaient jusqu'à maintenant bénéficier d'une bourse
de DESS, allouée en priorité aux étudiants les plus
méritants et boursiers sur critères sociaux l'année
précédente. Cependant, du fait du contingentement, tous les
étudiants précédemment boursiers ne pouvaient pas
prétendre à cette aide, alors que c'est à ce niveau
d'études que les étudiants ont plus besoin d'autonomie
financière.
Afin de remédier à cette situation, il a été
proposé pour l'année 2001-2002, à la fois de maintenir le
système actuel en conservant un contingent de bourses sur
critères universitaires pour le DESS réservé aux
étudiants les plus méritants, et en priorité à ceux
qui étaient boursiers l'année précédente, mais
également d'allouer une bourse sur critères sociaux aux
étudiants éligibles à cette aide qui auraient
été exclus du contingent.
c) L'évolution des crédits affectés aux bourses universitaires
Les
crédits relatifs aux bourses d'enseignement supérieur inscrits
sur le chapitre 43-71 article 10 de la section « enseignement
supérieur » du budget du ministère de
l'éducation nationale ont évolué comme suit :
- budget 1998 : 1 milliard d'euros (6,527 milliards de
francs) ;
- budget 1999 : 1,09 milliard d'euros (7,135 milliards de
francs) ;
- budget 2000 : 1,19 milliard d'euros (7,811 milliards de
francs) ;
- budget 2001 : 1,29 milliard d'euros (8,458 milliards de
francs), dont 38,31 millions d'euros (251,3 millions de francs) de mesures
nouvelles pour la rentrée universitaire 2001 ;
- projet de budget 2002 : 1,30 milliard d'euros
(8,54 milliards de francs), dont 23,17 millions d'euros (152 millions
de francs) de mesures nouvelles.
2. Une évolution nécessaire du système d'aides aux étudiants
a) Un ralentissement des dépenses d'action sociale en faveur des étudiants
Votre
commission constate que les dépenses d'action sociale enregistrent une
progression très ralentie (10,37 milliards de francs, soit
1,581 million d'euros) de 1,3 % en 2002, alors que les crédits
correspondants avaient augmenté de 8,2 % en 1999 et en 2000, puis
de 6,8 % en 2001, soit un accroissement total de 25 % au cours de la
période de mise en place du plan social étudiant.
Ce ralentissement vise surtout les aides directes qui ne progresseront que de
1,2 % en 2002, contre près de 30 % pour la période
1999-2001, alors que l'augmentation des aides indirectes (hébergement,
restauration, transport...) en 2002 (1,6 %) est du même ordre que
celle des trois années précédentes.
Le tableau ci-après récapitule les principales dépenses
d'action sociale en faveur des étudiants au titre du seul budget de
l'enseignement supérieur :
(en millions d'euros)
|
LFI 1998 |
LFI 1999 |
LFI 2000 |
LFI 2001 |
PLF 2002 |
Aides indirectes (fonctionnement du CNOUS et des CROUS) |
253 |
263 |
269 |
265 |
269 |
Evolution en % |
+ 0,2 |
+ 4,0 |
+ 2,1 |
- 1,2 |
+ 1,6 |
Nombre de lits subventionnés (en milliers) 1 |
100,1 |
99,5 |
99,8 |
99,4 |
99,4 |
Nombre de repas subventionnés (en millions) |
63,3 |
62,1 |
60,7 |
|
|
Aides directes (bourses, secours d'étude et contribution de l'Etat aux transports collectifs parisiens) |
1002 |
1094 |
1197 |
1299 |
1315 |
Evolution en % |
+ 0,7 |
+ 9,3 |
+ 9,4 |
+ 8,5 |
+ 1,2 |
Etudiants boursiers (en milliers) |
410 |
454 |
476 |
nc |
|
Taux d'étudiants boursiers |
24,1 % |
27,2 % |
28,2 % |
30,0 % |
|
Total pour l'action sociale |
1255 |
1367 |
1466 |
1564 |
1584 |
Source : ministère de l'éducation nationale
La réalisation des objectifs du plan social étudiants conduit à s'interroger sur une refonte plus profonde du système d'aides sociales.
b) La nécessité de repenser le système d'aides sociales aux étudiants
Comme
elle le signale depuis plusieurs années, votre commission regrette
qu'aucune initiative véritable n'ait été engagée
pour remédier au caractère anti-redistributif du système
d'aide sociale aux étudiants, dénoncé notamment depuis
1997 par le rapport Cieutat, et pour réduire la part trop importante des
aides attribuées sans conditions de ressources.
Elle constate par ailleurs que le système d'aides aux étudiants
(aides au logement majorées, prestations familiales et complément
familial versés aux familles, avantages fiscaux divers au titre du
quotient familial et de revenus perçus à l'occasion d'emplois
occasionnels...) est trop complexe et sans doute moins efficace, comme le
montrent les rapports de l'OCDE, que ceux mis en place chez certains de nos
voisins.
Elle tient par ailleurs à rappeler que si le tiers des étudiants
français bénéficient d'une aide directe, 30 %
d'entre-eux sont obligés de travailler pour financer leurs
études, et ce au détriment de leur réussite universitaire,
comme le note l'Observatoire de la vie étudiante.
Par ailleurs, elle tient à souligner le coût du logement pour les
étudiants, et notamment pour ceux qui ne peuvent se loger en
résidence universitaire : le montant des bourses ne couvre
guère que les dépenses de logement.
Devant votre commission, le ministre a indiqué que la création
d'une allocation d'autonomie pour les étudiants dépassait le seul
cadre universitaire et que sa mise en place éventuelle
entraînerait naturellement une refonte de tous les mécanismes
d'aides dont peuvent bénéficier les jeunes.
Même si elle s'interroge sur le principe d'accorder une aide
systématique à chaque étudiant, votre commission estime
que le dispositif actuel doit impérativement être simplifié
et clarifié. Elle attendra avec intérêt les conclusions de
la commission nationale pour l'autonomie des jeunes qui doit rendre ses
conclusions à la fin de cette année et qui devra se prononcer,
au-delà des seuls étudiants, sur le principe de la
création d'une allocation d'autonomie pour les jeunes de 18
à 25 ans accordée en contrepartie d'une formation ou d'une
activité professionnelle, telles que celle-ci avait été
préconisées notamment par le Commissariat général
du Plan et par le Conseil économique et social.
C. DES UNIVERSITÉS OFFRANT DES CHANCES DE RÉUSITE TRÈS INÉGALES DANS LES PREMIERS CYCLES
S'il convient de se féliciter de l'accès massif des lauréats au baccalauréat, premier grade universitaire dans les premiers cycles, force est de constater que la réussite de ces étudiants au DEUG est très inégale et varie du simple au triple selon les établissements universitaires et les filières.
1. Un taux de réussite au DEUG très variable selon les universités
a) Le constat
Alors
que le taux de réussite au DEUG est souvent décrié, il
faut rappeler que parmi les quelque 112 000 étudiants de DEUG,
45,5 % ont obtenu en 1999 leur diplôme en deux ans.
Si le taux de réussite national approche globalement les 80 %,
c'est en prenant en compte les 23,3 % d'étudiants qui obtiennent le
DEUG en trois ans, les 8,7 % l'obtenant en quatre ans et les 2,2 % en
cinq ans... L'enquête par université menée par la direction
de la programmation et du développement (DPD) du ministère de
l'éducation nationale montre que ce taux national varie de 41,8 %
à 100 % selon les établissements, en retenant une
période de cinq ans.
L'enquête comparative de la DPD, publiée le 17 octobre
dernier, et portant sur les chances de réussite des étudiants
à l'issue des deux premières années de DEUG, dessine un
tableau très contrasté de nos 81 universités
3(
*
)
quant à leur efficacité pour compenser
les handicaps sociaux ou scolaires des étudiants inscrits dans les
premiers cycles universitaires.
Les résultats de l'étude montrent d'abord que les bacheliers
scientifiques réussissent mieux que les autres dans toutes les
filières, que les étudiants en retard dans leurs études
échouent plus fréquemment au DEUG, que les bacheliers
généraux réussissent sensiblement mieux que les bacheliers
technologiques, alors que les bacheliers professionnels qui ont accès
comme les autres à l'université, et qui se recrutent davantage
dans les catégories moins favorisées, y connaissent massivement
l'échec.
En retenant les exemples extrêmes, l'université de Paris
X-Dauphine qui pratique une sélection de ses étudiants affiche un
taux de réussite au DEUG en deux ans de 80,7 %, alors que celle de
Paris VIII-Saint-Denis, qui accueille un tiers d'étrangers et un quart
d'étudiants salariés enregistre un taux de 22,9 %.
Pour les autres établissements, alors que le taux de réussite
moyen du DEUG en deux ans est de 45,5 %, la variation est de l'ordre de
5 % autour de ce taux moyen, celui-ci s'élevant à
68,8 % pour les DEUG réussis en trois ans.
Au regard des disciplines, le droit et les sciences sont plus sélectifs
que les sciences économiques, les langues, les sciences humaines, les
STAPS et les lettres. S'agissant des taux de réussite au DEUG
au-delà de deux ans, l'étude constate une réussite
élevée dans les universités à dominante
scientifique (82,4 % en cinq ans), alors que seuls 39,4 % des
étudiants réussissent en deux ans ; pour les études
de droit, la sélection est encore plus forte puisqu'elles enregistrent
35,4 % de réussite en deux ans et 68,8 % en cinq ans.
b) Des résultats prenant en compte la « valeur ajoutée » de chaque université
Si
l'étude de la DPD révèle que tous les premiers cycles
n'offrent pas les mêmes chances aux étudiants, elle s'efforce
aussi de mesurer leur « valeur ajoutée »
c'est-à-dire l'écart entre le taux de réussite réel
et un taux simulé à partir du profil des étudiants
(série du bac, retards scolaires...) afin d'évaluer la
mobilisation et l'efficacité des universités : Perpignan
(+ 23,6), Avignon (+ 22,8), Lyon-II (+ 18,4) arrivent ainsi en
tête alors que Paris VIII (- 28), Paris III (- 21,6), Bordeaux
IV (- 11,7) et Bordeaux III (- 10,3) ferment la marche.
Si les sciences présentent des résultats relativement
homogènes, en droit et en économie, l'écart entre un
bachelier de 19 ans et un bachelier plus âgé est de
26 %, alors qu'en lettres et sciences humaines, les résultats sont
les plus hétérogènes et les écarts négatifs
les plus importants.
2. Des premiers cycles qui restent inchangés pour l'essentiel
Placée par le ministre sous «
le signe de
la
souplesse et de la libération des initiatives
», la
dernière rentrée universitaire n'a comporté aucun
aménagement pédagogique d'importance des premiers cycles
universitaires, à l'exception de quelques mesures prises en application
du rapport Petit.
Certes, le nombre de DEUG expérimentaux bi ou pluridisciplinaires, qui
permettent aux nouveaux étudiants de s'orienter ou de se
réorienter vers des parcours plus diversifiés est passé de
trois à quinze depuis la rentrée 1999 et six nouveaux DEUG
littéraires pluridisciplinaires ont été
créés à ce titre.
En outre, trois filières doivent faire l'objet d'une
rénovation :
- les sciences économiques, où l'importance des
mathématiques serait réduite en s'inspirant des
préconisations du rapport Fitoussi ;
- la première année de médecine qui devrait
être commune dès 2002 à toutes les professions de
santé ;
- les DEUG scientifiques, dont la rénovation engagée dans
six universités (Bordeaux I, Grenoble I, Lille I,
Littoral, Montpellier II et Paris XI) afin d'endiguer la crise des
vocations, commence à porter ses fruits. La diminution des effectifs des
filières scientifiques s'est quelque peu ralentie (- 1,2 %
à la rentrée 2000 contre - 3,2 % à la
rentrée 1999) et grâce aux mesures engagées à titre
expérimental (cours en petits groupes, tronc commun en premier cycle,
place donnée à l'expérimentation...), le taux de
réussite en deux ans a progressé de près de 20 % dans
les établissements concernés.
Il convient par ailleurs de noter que, pour inciter les enseignants à
innover en DEUG, un label « équipe
pédagogique » bénéficiant de crédits
particuliers va être créé sur le modèle du label
« équipe d'accueil » existant en matière de
recherche. Les enseignants-chercheurs pourront faire évoluer leur
participation à cette équipe dans leur dossier de promotion,
comme le préconise le rapport Espéret.
Enfin, le développement du tutorat en premier cycle est à nouveau
présenté comme une innovation, alors que celui-ci constituait
l'un des éléments de la réforme pédagogique mise en
place par M. François Bayrou.
3. Les observations de la commission
Votre
commission constate que ces « mesurettes » ne
répondent pas à la gravité des problèmes
constatés dans les premiers cycles.
Elle regrette notamment que des formules plus ambitieuses, qui coexisteraient
avec les DEUG, de type collèges universitaires
décentralisés à forte composante de remédiation
scolaire, orientés vers des formations plus professionnalisées et
répondant aux besoins d'emploi locaux, n'aient pas été
davantage explorées.
En l'absence de toute réforme d'envergure, les premiers cycles risquent
d'être de plus en plus délaissés par les
enseignants-chercheurs, la recherche universitaire n'y sera plus qu'un souvenir
et l'enseignement supérieur véritable ne commencera qu'à
la licence.
A cet égard, votre commission remarque que l'étude officielle de
la DPD ne fait que confirmer que les premiers cycles ne sont pas en mesure de
compenser les handicaps scolaires ou sociaux de leurs étudiants, ce qui
n'est d'ailleurs pas leur rôle, mais observe qu'elle ne prend en compte
que le profil des étudiants et non pas les caractéristiques de
chaque université en matière de locaux, d'équipements et
surtout d'encadrement. On peut ainsi faire un lien entre la sous-dotation des
universités de lettres, de langues, de sciences humaines et sociales,
notamment en équipements informatiques et leurs résultats
médiocres.
Lors de son audition, le ministre a estimé que les
inégalités constatées par la DPD dans les taux de
réussite au DEUG entre les universités devaient être
appréhendées avec prudence, même si la valeur
ajoutée des établissements permet de prendre en compte la
diversité des populations étudiantes accueillies et a
rappelé que la vocation des premiers cycles était d'offrir une
chance de réussite à tous les bacheliers, quelle que soit leur
origine.
Votre commission considère, pour sa part, dans le droit fil des
réflexions qu'elle a engagées en 1996 sur les premiers cycles
universitaires, qu'un minimum d'orientation et de réorientation des
étudiants est nécessaire, et fait trop souvent défaut et
que l'encadrement pédagogique en DEUG, qui est de moins en moins le fait
des enseignants-chercheurs, doit être renforcé et adapté
aux nouveaux étudiants, sauf à voir ceux-ci se fourvoyer dans des
études sans issue.
L'étude de la DPD a le mérite de souligner les imperfections d'un
système qui conduit trop d'étudiants à passer
jusqu'à cinq ans en DEUG dans des filières ne correspondant ni
à leurs goûts, ni à leurs aptitudes, ainsi que le
caractère hétéroclite de parcours universitaires qui
finissent par mettre en cause la notion même de diplôme national.
En conséquence, il convient de s'interroger sur le maintien d'un moule
unique qui ignore l'hétérogénéité de la
population des bacheliers et d'engager une nécessaire réflexion
sur l'avenir des premiers cycles universitaires afin de remédier aux
inégalités et au gâchis humain constatés.
D. UNE DÉMOCRATISATION DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR À APPROFONDIR
1. Le constat : une démocratisation très inégale, y compris à l'université
Si
l'évolution démographique de ces dernières
décennies s'est traduite par une plus grande démocratisation de
l'enseignement supérieur, force est de constater que de grandes
inégalités persistent entre les filières, alors que la
moitié de chaque classe d'âge accède désormais
à cet enseignement.
Comme on le sait, les enfants des catégories sociales moins
favorisées se retrouvent surtout dans les filières universitaires
courtes et techniques tandis que les étudiants plus favorisés sur
le plan culturel ou social ont davantage accès aux filières
longues et générales.
Sur un plan général, on rappellera que les enfants de familles
ouvrières, qui représentent encore 20 % de la population
française, ne constituent que 10 % de la population
étudiante, alors que les enfants d'enseignants, cadres et professions
libérales, qui représentent moins de 10 % de la population
globale constituent aujourd'hui 33 % de la population étudiante.
Dans le même sens, les enfants relevant de ces catégories
« privilégiées » représentent
32,81 % des étudiants des premiers cycles universitaires
et 52,26 % des effectifs des classes préparatoires aux grandes
écoles.
Le tableau ci-après indique l'origine socio-professionnelle des
étudiants dans les principales filières de l'enseignement
supérieur :
(en pourcentage)
|
Total |
Université |
CGPE |
STS |
IUT |
Agriculteurs |
1,87 |
2,14 |
1,97 |
2,81 |
3,27 |
Artisans, commerçants, chefs d'entreprise |
4,60 |
7,04 |
6,93 |
8,38 |
8,16 |
Professions libérales, cadres supérieurs, enseignants |
9,04 |
32,81 |
52,26 |
14,23 |
26,23 |
Professions intermédiaires |
14,35 |
16,53 |
15,69 |
17,31 |
20,20 |
Employés |
21,46 |
12,67 |
8,99 |
16,61 |
15,18 |
Ouvriers |
19,76 |
10,98 |
5,77 |
24,63 |
16,13 |
Retraités, inactifs |
28,93 |
9,77 |
7,03 |
12,63 |
7,33 |
Indéterminé |
- |
8,6 |
1,35 |
3,40 |
3,50 |
Ces
chiffres globaux ne doivent toutefois pas masquer la réalité de
la sélection sociale également opérée dans les
universités : la proportion d'étudiants issus de milieux
moins favorisés diminue au fur et à mesure que le degré
d'études s'élève, ce qui relativise l'écart
constaté entre les grandes écoles et la seule université.
En effet, alors que les enfants d'employés représentent
14,5 % des étudiants de premier cycle, ils ne sont plus que
7,1 % en troisième cycle. De même, les enfants de familles
ouvrières représentent 13,1 % des étudiants en DEUG
mais ne sont plus que 4,9 % après la maîtrise.
A l'inverse, près de 40 % des étudiants de médecine
et 49 % des étudiants de pharmacie sont des enfants de cadres,
alors que ces derniers ne sont que 20 % dans la filière AES.
Le second facteur tient à la réussite scolaire des
étudiants qui varie selon leur origine sociale : le taux de
réussite au DEUG en deux ans est ainsi de 40,7 % pour les
étudiants moins favorisés, de 45 % pour les
catégories moyennes et de plus de 50 % pour les étudiants
issus de milieux favorisés.
Force est donc de constater que la démocratisation de notre enseignement
supérieur, au demeurant relativement satisfaisante sur le plan
quantitatif, n'est qu'apparente au niveau de la réussite et que les
chiffres globaux dissimulent des inégalités persistantes du fait
notamment de la sélectivité des cycles supérieurs de
l'université.
2. Les inégalités sociales dans le recrutement des grandes écoles
L'étude menée par la DEP
4(
*
)
, auprès de l'Ecole polytechnique, l'ENS, l'ENA
et HEC publiée en 1995, montre que la proportion d'étudiants de
familles modestes (père agriculteur, ouvrier, employé, artisan,
commerçant) dans les quatre plus grandes écoles a diminué
de manière importante depuis 40 ans : alors que la proportion
de ces élèves était de 29 % au début des
années 50, elle n'était plus que 9 % au début
des années 90.
Ces chiffres doivent évidemment être appréciés au
regard de la diminution de la place de ces catégories sociales dans la
population française, qui s'est très fortement réduite
entre 1950 et 1990.
Il reste qu'un jeune étudiant issu de ces catégories avait
23 fois moins de chances qu'un autre d'intégrer une de ces quatre
grandes écoles en 1990, soit une situation comparable à celle
observée il y a 40 ans.
Il convient aussi de souligner que le recrutement des grandes écoles est
de plus en plus étroit et que le nombre de leurs élèves
par rapport à celui des étudiants est de plus en plus faible.
Selon le rapport Attali, les écoles d'ingénieurs ne
représentent plus que 3,7 % du total des étudiants contre
14 % il y a un siècle ; le nombre de polytechniciens par
promotion est aujourd'hui de l'ordre de 400 élèves,
contre 250 en 1900, alors que si leur proportion dans la population
étudiante était restée la même, il devrait
être de près de 50 000.
Le rapport entre le nombre de diplômes des grandes écoles,
distribués avec parcimonie et le nombre des diplômes
délivrés par les universités, s'est donc
considérablement réduit en un siècle et le problème
du recrutement social dans les grandes écoles, qui n'a pas
évolué depuis les années d'après-guerre, reste donc
d'actualité.
3. Les mesures susceptibles d'améliorer la démocratisation de l'enseignement supérieur
a) Un maillage universitaire du territoire plus serré
On sait
que les formations de proximité sont moins coûteuses pour les
familles que les formations offertes dans les grandes villes universitaires,
les transports et le logement étant les deux sources principales de
dépenses pour un étudiant. Offrir une formation dans un lieu
proche du domicile des parents favorise incontestablement la poursuite
d'études dans l'enseignement supérieur.
A titre d'exemple, la commission rappellera que les sections de techniciens
supérieurs (STS) sont très largement diffusées sur le
territoire : sur un peu plus de 1 800 établissements qui
comportent au moins une STS, près de 150 se situent dans des
communes de moins de 10 000 habitants et près de 400 dans
des communes entre 10 000 et 50 000 habitants. Au total, la
moitié des établissements dans lesquels un étudiant peut
préparer un BTS sont situés dans une commune de moins de
100 000 habitants.
De même, des départements d'IUT sont implantés dans la
quasi-totalité des départements français et
répartis sur plus de 170 sites différents, l'ouverture de
départements nouveaux se faisant en priorité dans des villes
moyennes.
Enfin, les antennes de DEUG, qui ont été très largement
délocalisées dans les villes moyennes au cours des
dernières années, participent du même souci d'offrir des
formations supérieures de proximité.
b) Une plus grande ouverture des grandes écoles
Afin de
faire accéder en classes préparatoires, mais également
dans les grandes écoles, davantage d'enfants de familles sous
représentées, ouvriers, employés, professions
intermédiaires, plusieurs mesures sont susceptibles d'être
proposées, d'une manière combinée :
- promouvoir les relations entre les lycées dits « prestigieux
» et les lycées moins favorisés en permettant aux
élèves de ces derniers qui ne comportent pas de CPGE d'y
être recrutés sans ségrégation ni allongement de la
durée des études. Cet objectif suppose une refonte des
procédures actuelles d'admission en classes préparatoires qui
éliminent du dispositif les élèves mal informés ;
- faciliter des échanges de professeurs, mener en commun des
activités pédagogiques et d'autres activités culturelles
et sportives lorsque ces lycées défavorisés disposent de
CPGE ;
- développer les cycles préparatoires intégrés
aux grandes écoles qui apportent des garanties de poursuite
d'études aux élèves. Une telle mesure suppose de s'assurer
que le recrutement de ces cycles privilégie les élèves de
milieux modestes et que des enseignements complémentaires leur sont
dispensés en tant que de besoin ;
- fournir une meilleure information sur les aides financières
(bourses de mérite et bourses sur critères sociaux) et faire
connaître l'internat comme solution pour l'hébergement. Comme il a
été vu, plus de 450 000 étudiants
bénéficiaient de bourses sur critères sociaux lors de la
dernière année universitaire et 9 000 étudiants
se trouvant dans une situation financière particulièrement
difficile percevaient une allocation d'études. En revanche, moins
de 700 étudiants ont bénéficié
depuis 1998 d'une bourse de mérite, ce qui apparaît
très insuffisant.
Afin de remédier au flou statistique existant concernant l'accès
aux filières sélectives, la Conférence des grandes
écoles a engagé une étude sur l'origine sociale de ses
étudiants.
4. Une mesure symbolique : l'ouverture de l'IEP de Paris à quelques bacheliers méritants des ZEP
Afin de
diversifier et de démocratiser le recrutement de ses étudiants,
l'Institut d'études politiques de Paris a mis en place, à la
rentrée 2002, une nouvelle procédure de sélection
« hors concours », en partenariat avec sept lycées
classés en zone ou réseau d'éducation prioritaire, ou
présentant des caractéristiques socio-culturelles analogues.
L'opération repose sur une collaboration avec un petit nombre
d'établissements volontaires, dont les modalités sont
définies dans le cadre de conventions, celles-ci ayant vocation dans un
second temps à être étendue à d'autres
établissements.
La procédure de sélection retenue suppose de la part des
candidats capacités intellectuelles, motivation et engagement. Elle
comporte une phase d'admissibilité dont la responsabilité est
déléguée aux établissements et une phase
d'admission sous la responsabilité de l'IEP de Paris.
a) La phase d'admissibilité
Les proviseurs et les équipes enseignantes des lycées sélectionnés doivent apprécier les qualités et capacités des candidats et établir collégialement une liste de candidats admissibles sur la base des critères suivants : potentiel personnel, progression observée entre la classe de seconde et la terminale, capacité de travail, maîtrise de l'écrit et d'une langue étrangère, curiosité intellectuelle, capacité d'adaptation, motivation et résultats au bac. Ces choix sont précédés par une épreuve se déroulant dans les lycées consistant en la réalisation d'une revue de presse sur un thème choisi par le candidat. Cette revue de presse est complétée par une note de synthèse et une réflexion personnelle, ce travail étant présenté à l'oral par le candidat devant des enseignants et le proviseur de l'établissement.
b) La phase d'admission et les mesures d'accompagnement
Au terme
de cette procédure d'admissibilité, les candidats
présentent à l'IEP de Paris une épreuve orale d'admission
devant un jury composé d'universitaires, de représentants
d'entreprises et de membres de la direction de l'Institut. Ce jury fonde sa
décision sur le parcours et les résultats scolaires du candidat,
son travail écrit (la revue de presse), les résultats au bac, la
motivation retenue par le jury d'admissibilité dans les lycées.
Des mesures d'accompagnement sont mises en place en amont sous la forme
d'actions d'information et de sensibilisation des lycéens (visites de
l'IEP de Paris, rencontres, diffusion d'informations actualisées et
personnalisées, modules méthodologiques...). Ce dispositif de
soutien spécifique se poursuivra pour les candidats reçus par
l'organisation d'un suivi particulier (tutorat notamment) et la mise en place
d'aides financières (bourse de mérite annuelle de
40 000 F et aide au logement de 20 000 F).
Sept établissements ont été choisis dans les
académies de Créteil, Nancy-Metz et Versailles pour amorcer
l'opération. Ils ont été sélectionnés sur
recommandation des rectorats dans les zones et les quartiers socialement en
difficulté (présence d'un grand nombre de boursiers et taux de
catégories socioprofessionnelles défavorisées
supérieur à la moyenne nationale).
Un autre critère déterminant a été la motivation
des équipes enseignantes et des proviseurs. Ces établissements
ont, en effet, mené des politiques d'innovation pédagogique,
telles que l'ouverture d'une classe préparatoire aux grandes
écoles ou de sections européennes.
c) Une mise au point laborieuse du dispositif
Sans
reprendre les observations qu'elle formulait lors de l'examen pour avis du
projet de loi portant diverses mesures d'ordre social, éducatif et
culturel, dont l'article 14 avait pour objet de conforter les pouvoirs du
conseil de direction de l'IEP en matière d'admission des
élèves, la commission rappellera brièvement les
étapes et les avatars juridiques de l'adoption du dispositif :
-
26 février 2000
: publication d'un projet de
convention entre sept lycées de ZEP et l'IEP de Paris afin de
pré-sélectionner des candidats ;
-
26 mars
: le projet de convention est adopté par le
conseil de direction à la quasi-unanimité ;
-
3 avril
: une requête en référé
visant à suspendre les conventions ZEP est déposée ;
-
20 avril
: la requête est rejetée par le
tribunal administratif de Paris, alors qu'une requête au fond est
également déposée ;
-
28 juin
: la loi portant DDOSEC est adoptée, et
notamment son article 14 qui conforte les pouvoirs du conseil de direction de
l'IEP en matière d'admission des élèves, compte tenu des
observations de la commission des affaires culturelles du Sénat, et de
son rapporteur pour avis, M. Jacques Valade, qui avait
souligné le caractère discriminatoire d'une telle
convention ;
-
2 juillet
: le Conseil constitutionnel est saisi par 60
sénateurs sur la conformité de plusieurs articles de la loi ;
-
11 juillet
: le Conseil constitutionnel valide l'article 14
de la loi en considérant qu'il est «
loisible au
législateur ... de permettre la diversification de l'accès des
élèves du second degré aux formations dispensées
par l'IEP
... » à condition que «
les
modalités particulières que fixera à cette fin, sous le
contrôle du juge de la légalité, le conseil de direction de
l'Institut, reposent sur des critères objectifs
».
-
3 septembre
: le conseil de direction de l'IEP approuve
à nouveau, à la quasi unanimité, les conventions avec les
lycées situés en ZEP ;
-
13 septembre
: 18 étudiants sont admis à
Science-Po selon la procédure dérogatoire prévue par les
conventions éducation prioritaire.
III. UNE NÉCESSAIRE PROGRAMMATION DES INVESTISSEMENTS DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
L'enseignement supérieur est sans doute le seul service
public national à bénéficier d'une double programmation
pluriannuelle, pour les emplois et les recrutements d'une part, pour les
investissements, d'autre part.
La politique d'investissement en faveur de l'enseignement supérieur
s'inscrit dans le cadre de la mise en oeuvre du plan U3M et des orientations du
schéma des services collectifs pour l'enseignement supérieur.
A. LA MISE EN oeUVRE DU PLAN U3M
Succédant au plan Université 2000 qui avait permis entre 1991 et 1999, grâce à un effort partagé entre l'Etat et les collectivités locales, à hauteur de 40 milliards de francs, de remédier aux capacités d'accueil insuffisantes des étudiants, le plan « Université du 3 e millénaire », appelé à couvrir la période 2000-2006 a une ambition plus vaste : outre la construction de locaux universitaires, il vise à restructurer des sites existants, notamment les universités parisiennes, mais aussi à améliorer le logement, la restauration et les bibliothèques universitaires et concerne également la recherche.
1. Le financement du plan U3M et les principales opérations prévues en 2002
Dans le
cadre des contrats de plan Etat-Régions établis pour la
période 2000-2006, 42,5 milliards de francs seront
mobilisés, dont 18,2 milliards provenant de l'Etat.
Le quart de ces crédits sera affecté au logement, à la vie
étudiante et aux bibliothèques universitaires.
Avec les CPER et le plan sécurité, le plan U3M absorbe
aujourd'hui la totalité des autorisations de programme du budget de
l'enseignement supérieur, à l'exception des opérations
courantes de maintenance et des subventions d'équipement aux
laboratoires universitaires.
En dégageant 358,47 millions d'euros, soit 2,351 milliards de
francs de crédits d'investissement pour les constructions universitaires
en 2002, c'est-à-dire plus des 3/7
e
des engagements
prévus pour la période 2000-2006, l'Etat respectera les
engagements fixés.
Alors que les deux premières années du plan U3M ont
privilégié le lancement des projets, l'année 2002 devrait
voir s'engager plusieurs opérations significatives :
- le démarrage des travaux de l'université de Paris VII
sur la ZAC rive gauche ;
- la réhabilitation du centre Pierre Mendès-France de
l'université de Paris I ;
- la construction de locaux pour l'accueil des étudiants en STAPS
de l'Université de Paris XII ;
- le lancement de la réhabilitation du centre d'Assas de
l'Université de Paris II ;
- l'extension et la restructuration du campus St-Jérôme
à Marseille ;
- la construction de locaux pour l'unité de formation et de
recherche STAPS de l'Université d'Aix-Marseille II ;
- la construction du centre inter-universitaire de production
multimédia de Strasbourg.
Le plan U3M vise aussi à améliorer la situation des
bibliothèques universitaires. Outre une augmentation de la subvention de
fonctionnement (39,36 millions de francs) et la création de
150 emplois en 2002, les contrats de plan couvrant la période
2000-2006 prévoient 0,58 milliard d'euros, c'est-à-dire
3,8 milliards de francs pour les bibliothèques, dont près du
tiers pour l'Ile-de-France, soit la construction et l'équipement
d'environ 300 000 m
2
. Il convient de rappeler que les
crédits d'investissement construction et premier équipement en
faveur des bibliothèques sont passés de 23,61
à 39,23 millions d'euros entre 2000 et 2001.
2. La répartition des crédits d'investissement du plan U3M selon les régions
Le tableau ci-après retrace par région les investissements du plan U3M inscrits dans les contrats de plan Etat-Régions, tous financeurs confondus, rapportés à la population étudiante régionale et à la population régionale totale :
|
Population étudiante |
Population totale en milliers |
CPER-U3M en millions de francs |
CPER-U3M par étudiant en francs |
CPER-U3M par habitant en francs |
Alsace |
48 399 |
1 729,8 |
1 241 |
25 641 |
717 |
Aquitaine |
70 866 |
2 902,4 |
1 900 |
26 811 |
654 |
Auvergne |
29 598 |
1 307,4 |
665 |
22 468 |
508 |
Bourgogne |
28 128 |
1 609,5 |
722 |
25 668 |
449 |
Bretagne |
74 913 |
2 902,6 |
1 998 |
26 671 |
688 |
Centre |
42 646 |
2 437,4 |
1 267 |
29 710 |
520 |
Champagne Ardennes |
25 442 |
1 341,4 |
844 |
33 173 |
629 |
Corse |
3 764 |
256 |
215 |
57 120 |
840 |
Franche Comté |
24 130 |
1 115,6 |
720 |
29 838 |
645 |
Ile de France |
400 515 |
10 925,6 |
9 300 |
23 220 |
851 |
Languedoc Roussillon |
64 871 |
2 293,4 |
1 530 |
23 585 |
667 |
Limousin |
15 173 |
710 |
593 |
39 082 |
835 |
Lorraine |
58 540 |
2 308,1 |
1 450 |
24 769 |
628 |
Midi Pyrénées |
82 689 |
2 548,6 |
2 150 |
25 998 |
843 |
Nord Pas de Calais |
106 499 |
3 990,2 |
2 600 |
24 413 |
651 |
Basse Normandie |
27 284 |
1 420,6 |
823 |
30 164 |
579 |
Haute Normandie |
35 825 |
1 777,4 |
1 190 |
33 217 |
670 |
Pays de la Loire |
64 286 |
3 218,5 |
1 900 |
29 555 |
590 |
Picardie |
25 968 |
1 855,9 |
845 |
32 540 |
455 |
Poitou-Charentes |
32 992 |
1 637,2 |
1 270 |
38 494 |
775 |
PACA |
113 788 |
4 494,2 |
3 250 |
28 562 |
723 |
Rhône-Alpes |
158 719 |
5 634,3 |
3 570 |
22 493 |
634 |
Total métropole |
1 535 044 |
58 416,3 |
40 043 |
26 086 |
685 |
Le tableau ci-après relatif à la programmation des investissements indique les pourcentages de réalisation des contrats de plan Etat-Région, par région, en 2000 et en 2001.
Régions |
% de
réalisation
|
%
exécution
|
Alsace (dont triennal) |
16,47 |
35,05 |
Aquitaine |
16,03 |
32,24 |
Auvergne |
13,76 |
25,47 |
Bourgogne |
16,50 |
31,27 |
Bretagne |
13,66 |
25,84 |
Centre |
16,66 |
33,10 |
Champagne-Ardennes |
14,96 |
28,20 |
Corse |
3,70 |
17,42 |
Franche-Comté |
11,47 |
25,93 |
Languedoc Roussillon |
17,68 |
40,17 |
Limousin |
11,77 |
24,87 |
Lorraine |
9,45 |
24,57 |
Midi-Pyrénées |
16,25 |
31,77 |
Nord-Pas-de-Calais |
10,26 |
25,02 |
Basse-Normandie |
13,79 |
26,50 |
Haute Normandie |
15,35 |
28,76 |
Pays-de-Loire |
13,09 |
27,32 |
Picardie |
23,04 |
30,32 |
Poitou-Charentes |
16,54 |
29,06 |
PACA |
15,23 |
31,05 |
Rhône-Alpes |
12,31 |
25,46 |
Ile-de-France |
13,99 |
27,82 |
On remarquera que le taux d'exécution des PER de 2001 se situe entre 28 et 40 % selon les régions, à l'exception de la Corse qui se situe très en-dessous du taux moyen.
B. LES ORIENTATIONS DU SCHÉMA DES SERVICES COLLECTIFS POUR L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
Conformément à la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire, les services collectifs d'enseignement supérieur et de recherche font partie intégrante de la politique d'aménagement du territoire. Un schéma de développement organise les modalités de leur répartition sur le territoire national, dans une perspective de long terme et arrête notamment les orientations pour renforcer les grands ensembles régionaux et les grands axes d'une gestion prévisionnelle des effectifs. Son contenu peut être résumé comme suit :
1. Une lisibilité insuffisante dans l'organisation territoriale de l'enseignement supérieur et de la recherche : deux logiques à concilier
L'absence de politique globale résulte d'abord du poids de l'histoire et de la distinction institutionnelle entre les établissements d'enseignement supérieur et les établissements de recherche. Elle résulte également des différences d'approche dans l'organisation territoriale de l'enseignement supérieur et de la recherche : un système d'enseignement supérieur traditionnellement piloté par une logique de formation, et naturellement enclin à s'implanter sur l'ensemble du territoire pour répondre à la demande sociale, au risque parfois d'une certaine dispersion et d'un manque de taille critique, et un système de recherche fondé sur l'excellence et la nécessité d'une compétitivité reconnue au niveau international, au risque d'une excessive concentration.
2. De nouvelles contraintes
L'ouverture des frontières et la mobilité
croissante
des étudiants, des enseignants et des chercheurs vont imposer à
nos universités d'être reconnues en Europe et dans le monde et
soumettre les laboratoires de recherche à une concurrence sur le plan
international.
La stabilisation, voire la décroissance des effectifs étudiants,
avec le déséquilibre qu'elles induisent entre les filières
peut aboutir à une compétition excessive entre les
établissements d'enseignement supérieur. Les départs
à la retraite de chercheurs, d'enseignants-chercheurs et de personnels
techniques et administratifs, qui seront particulièrement importants
dans certaines disciplines (la physique, la chimie, les sciences humaines et
sociales) et dans certaines zones géographiques (Île-de-France,
Provence-Alpes-Côte d'Azur...) risquent également
d'entraîner le dépérissement de certains centres
scientifiques et des fractures nouvelles entre les territoires.
Dans le même temps, le développement des nouvelles technologies
permet de mettre en place un certain nombre de ressources partagées
à différentes échelles et accroît les
possibilités de mise en réseau de différents sites
universitaires autour de centres plus importants.
L'objectif du schéma de services collectifs est ainsi d'éviter
l'apparition et le développement de nouveaux
déséquilibres, en organisant l'offre d'enseignement
supérieur et de recherche sur l'ensemble du territoire et en
définissant pour chaque échelle territoriale la forme de service
et d'équipement adaptée.
3. Une organisation de l'enseignement supérieur plus cohérente
Cette
organisation doit se faire par un développement des réseaux qui
ont vocation à mieux articuler les différents niveaux du
système d'enseignement supérieur :
Les grands centres universitaires pluridisciplinaires doivent regrouper souvent
plusieurs établissements, qui offrent sur l'ensemble des champs
disciplinaires des formations supérieures de haut niveau et des
laboratoires de recherche dotés des infrastructures nécessaires
et répondant aux standards internationaux ; ces centres doivent
être compétitifs avec les grandes villes universitaires (Munich,
Oxford ou Barcelone) et contribuer au développement des
métropoles régionales.
Les autres pôles universitaires sièges d'universités
doivent proposer un éventail large de formation, offrir des formations
de troisième cycle plus spécialisées et disposer de
capacités de recherche sur quelques créneaux d'excellence.
Les implantations universitaires, IUT et antennes universitaires des villes
moyennes devront être renforcées en coordination avec la carte des
STS : il s'agit moins de créer de nouveaux sites que de structurer
les implantations existantes pour renforcer le développement
économique local, en s'appuyant sur les formations professionnalisantes,
sur l'insertion de ces formations dans le tissu économique local et sur
la création de plate-formes technologiques en lien avec les PME-PMI.
4. Une recherche mieux répartie
Le
développement des métropoles régionales impose de
rééquilibrer le potentiel de recherche sur le territoire,
notamment en direction des régions à dynamique universitaire
forte où les organismes de recherche restent encore peu implantés
: le Nord-Pas-de-Calais ou la Bretagne par exemple. Cette stratégie
d'aménagement du territoire repose sur un soutien accru aux
équipes scientifiques locales, dès lors qu'elles sont
évaluées positivement et qu'elles s'insèrent dans un
réseau de centres d'excellence.
Elle s'appuie également sur la mise en place d'une gestion
prévisionnelle des effectifs, permettant d'optimiser la
répartition disciplinaire et géographique des compétences,
sur un rapprochement accru entre les organismes de recherche et les
universités et sur l'implantation d'équipements structurants.
5. Un système d'enseignement supérieur et de recherche davantage inséré dans le tissu local
Depuis
le plan U2000, l'université est devenue une composante essentielle du
développement urbain. Si l'augmentation des capacités d'accueil
peut être considérée comme achevée, à
l'exception de la région parisienne et de Paris, cette politique de
construction doit cependant dans les années à venir, laisser la
place au renouvellement, à la rénovation et à la mise en
sécurité du patrimoine universitaire. Elle devra contribuer
à améliorer la qualité de vie et de travail des
étudiants et des personnels (logements étudiants,
bibliothèques, équipements culturels, équipements
sportifs, vie associative...). Cet objectif constitue, comme il a
été vu, un volet important des contrats de Plan
Etat-région conclus pour les années 2000-2006.
En outre, il est souhaitable que l'enseignement supérieur et la
recherche jouent un rôle croissant dans le développement
économique local : la création d'
« incubateurs » en lien avec les établissements
d'enseignement supérieur et de recherche, la constitution de centres
nationaux de recherche technologique associant laboratoires publics et
privés, l'instauration de plates-formes technologiques entre les
établissements d'enseignement professionnel, les départements
d'IUT et les entreprises devraient y contribuer.
6. Une cohérence territoriale fondée sur la mise en réseau
La mise
en réseau des différents centres d'enseignement supérieur
et de recherche constitue une priorité pour l'organisation territoriale
de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Cette mise en réseau suppose une identification des principaux
pôles de compétence sur l'ensemble du territoire, quel que soit le
domaine considéré (réseau des génopôles, des
maisons des sciences de l'homme, des centres de recherche technologique...).
Elle passe également par la multiplication des échanges entre les
différents centres, au moyen notamment de l'infrastructure de
télécommunication à très haut débit que
constituera Renater III, qui permettra à tous les sites
d'être interconnectés aux réseaux européens du
même type.
7. La prise en compte des observations de la délégation du Sénat
Ce
schéma a été soumis à une concertation, tant au
plan national que régional, notamment avec la délégation
du Sénat à l'aménagement et au développement
durable du territoire. Des modifications importantes ont été
apportées notamment sur l'ouverture internationale, le
développement des nouvelles technologies et la formation tout au long de
la vie, les regroupements interrégionaux...
Certaines observations faites par la délégation du Sénat
ont été prises en compte en particulier celles relatives aux
nouvelles technologies et à la culture scientifique et technique, au
rôle du CNAM en matière d'accueil de nouveaux publics et à
la nécessité de mener des études à caractère
prospectif en vue de la révision du schéma. En revanche, les
annexes ont été maintenues même si elles ne comportent pas
toutes un aspect prospectif ou normatif.
Au total, le schéma n'étant pas un document de programmation mais
d'orientation, il ne participe pas directement au processus d'allocation des
crédits. Cependant, le projet de loi de finances pour 2002 permet de
respecter les engagements des contrats de plan qui couvrent la première
période du schéma, maintient une priorité pour
l'enseignement supérieur et comporte des mesures qui vont dans le sens
d'une programmation des recrutements ou de l'ouverture internationale.
IV. UNE ADAPTATION INÉLUCTABLE DES UNIVERSITÉS AU MONDE ACTUEL
Trop longtemps repliée sur elle-même, l'université doit aujourd'hui impérativement s'ouvrir sur l'extérieur, développer ses potentialités en usant de davantage d'autonomie et accepter une évaluation de ses formations.
A. L'OUVERTURE DU SYSTÈME UNIVERSITAIRE SUR L'EXTÉRIEUR
Cet objectif passe par la construction d'un espace européen de l'enseignement supérieur, c'est-à-dire une harmonisation des cursus universitaires et un développement des échanges étudiants, qui implique notamment de mieux accueillir les étudiants étrangers dans nos universités.
1. Vers l'harmonisation européenne des cursus
a) Le système 3-5-8 : une fragilisation des diplômes intermédiaires ?
Le
processus d'harmonisation européenne des cursus d'enseignement
supérieur sur le modèle anglo-saxon, engagé à
l'initiative de M. Claude Allègre à la Sorbonne et
prolongé à Bologne et à Prague s'est progressivement
élargi à 29 puis à 32 pays. Il déborde
aujourd'hui les limites de l'Union Européenne et se traduit par
l'adoption, au niveau des ministres de l'éducation d'orientations qui
doivent présider à la mise en place d'un espace européen
de l'enseignement supérieur. Dans le même temps, les
conférences nationales des présidents d'universités ont
constitué, à l'échelle européenne, une association
commune, l'Association de l'Université Européenne (AUE),
présidée par M. Eric Froment, professeur à
l'Université de Lyon.
La principale orientation retenue porte sur la recherche des niveaux de
diplômes qui permettent d'organiser de manière plus satisfaisante
la mobilité des étudiants en cours et en fin de cursus. Pour les
différents pays, ces niveaux de référence ont
été définis à bac + 3 (licence ou
bachelor), à bac + 5 (mastaire ou master) et à
bac + 8 (doctorat).
Des réformes ont été engagées, dans plusieurs pays
européens, pour situer les diplômes majeurs par
référence à ces trois niveaux.
b) Les incidences pour les diplômes nationaux
Pour la
France, ce processus européen d'harmonisation des diplômes a
conduit :
- à bac + 3, à réactiver la licence
notamment à la faveur d'une campagne d'habilitation qui a permis
d'introduire plusieurs centaines de licences professionnelles dans les
établissements ;
- à créer le grade de mastaire qui constitue le cadre de
référence permettant de « positionner »
à bac + 5 divers types de diplômes et notamment les DEA,
les DESS et des diplômes d'ingénieur ou les écoles de
commerce.
En accédant à la fois aux diplômes concernés et au
grade de mastaire, les titulaires de ces titres auront plus de facilité
pour faire reconnaître leur niveau soit par des établissements
universitaires étrangers, soit par des entreprises
étrangères lorsqu'ils sont à la recherche d'un emploi.
Au cours de son intervention devant la conférence des présidents
d'université, le 5 juillet 2000, le ministre a proposé aux
établissements l'ouverture d'une concertation en vue de simplifier la
gamme des diplômes délivrés et de réduire le nombre
de ces derniers en privilégiant des intitulés plus lisibles au
plan international. En lieu et place du DEA, du DESS et du magistère, il
a proposé de créer un mastaire recherche et un mastaire
professionnel, voire un mastaire appliqué.
On rappellera que le mastaire créé en juin 1999 par
M. Claude Allègre pour harmoniser les diplômes
supérieurs européens correspond à cinq années
d'études après le baccalauréat. Comme le mastaire est le
seul grade qui ne soit pas un diplôme, à la différence du
baccalauréat, de la licence ou du doctorat, le ministre a
suggéré de rassembler les diplômes universitaires de
troisième cycle, DEA et DESS sous l'appellation unique de mastaire,
celui devenant dans le même temps un véritable diplôme
universitaire. Il a en outre suggéré de simplifier les
dénominations des licences en les limitant à une dizaine
d'intitulés.
Alors que l'harmonisation européenne des cursus avait pour objectif
selon M. Claude Allègre, outre la création du mastaire,
de « surligner » les diplômes existants, votre
commission constate que ce système risque aussi de fragiliser les
diplômes intermédiaires comme le DEUG et la maîtrise.
Elle souligne le manque de clarté, voire la confusion du discours
officiel quant aux conséquences de l'harmonisation européenne des
cursus sur les diplômes français et exprime la crainte que
celle-ci ne mette en cause les diplômes post-baccalauréat (DEUG,
DUT et BTS) en deux ans, ainsi que la maîtrise, effectuée en
quatre ans.
Elle note en particulier qu'un allongement éventuel d'un an de la
durée de la scolarité modifierait radicalement la nature des
diplômes des filières sélectives courtes et
professionnalisées, dont la vocation première reste l'insertion
professionnelle immédiate, même si des diplômés d'IUT
et de BTS, de plus en plus nombreux, poursuivent des études
supérieures ultérieures.
S'agissant des premiers cycles, un allongement d'un an de la scolarité
du DEUG se pose sans doute en d'autres termes, dans la mesure où moins
de 50 % des étudiants l'obtiennent en deux ans.
Sans être opposé au principe même de l'harmonisation des
cursus, votre commission souhaiterait obtenir des explications claires du
ministre quant à l'avenir des diplômes nationaux qui n'entrent pas
dans le moule européen.
2. La création d'un diplôme à points cumulables : la nécessité de garde-fous
Les
établissements universitaires ont été incités
à s'engager à titre expérimental dans un processus
d'harmonisation qui suppose la traduction des programmes en unités, sur
la base du découpage en crédits ECTS (European credit transfer
system). Une circulaire a défini les règles d'accumulation des
unités validées permettant aux étudiants de conserver le
bénéfice des unités de formation acquises et a
formulé des règles de conservation et de compensation.
Une telle formule est destinée à améliorer la
fluidité des échanges universitaires internationaux, puisqu'elle
devrait permettre de faciliter la reconnaissance des périodes de
formations suivies à l'étranger. En outre, elle devrait faciliter
une plus grande mobilité entre les périodes de formation
effectuées dans des établissements de plusieurs pays mais aussi
des alternances entre des périodes d'activité professionnelle et
des périodes de formation. Cette pratique du retour périodique
dans des cursus d'enseignement s'inscrit par ailleurs dans un projet de
formation tout au long de la vie.
Devant la commission, le ministre a présenté ce diplôme
à points, qui devrait être généralisé dans
les trois ans à venir, comme une mesure phare pour l'enseignement
supérieur et a indiqué que cette nouvelle organisation des
diplômes, qui ne porte pas atteinte à leur caractère
national était destinée à faciliter la mobilité des
étudiants, notamment entre universités françaises et
européennes, celle-ci étant d'ailleurs encouragée par la
création de 12 000 bourses spécifiques, y compris dans
le cadre de la formation continue.
Il a par ailleurs rassuré son rapporteur, qui s'inquiétait de la
compatibilité de ce système à points avec la
réforme pédagogique intervenue en 1997.
On peut cependant craindre qu'à l'occasion de la mise en place
expérimentale du système européen de transfert de
crédits (ECTS), qui découpe les cursus non plus en années
universitaires, mais en unités de compte, les universités en
profitent pour remettre en question le droit à la compensation des notes
prévu par l'arrêté de 1997 (un étudiant peut en
effet compenser une note inférieure à la moyenne par une note
supérieure à dix dans une autre discipline) et que le droit
à une seconde session d'examen soit remis en cause.
Consciente de la nécessité de développer la
mobilité des étudiants entre les universités, qu'elles
soient françaises ou étrangères, votre commission exprime
également la crainte que la mise en place du système ECTS
sans garde-fous porte atteinte à la cohérence des parcours
universitaires, en créant une sorte de libre-service des formations
universitaires.
A cet égard, elle rappellera le caractère parfois
« exotique » du choix par certains étudiants de
valeurs libres lors de la mise en place déjà ancienne des DEUG et
s'interroge sur les recommandations qui seront données par le ministre
pour résoudre le délicat problème de la
« conversion » des évaluations, qui sont souvent
très dépendantes des approches culturelles nationales.
Alors que le système actuel, tout en laissant aux étudiants une
place aux options de leur choix, garantit la cohérence de la formation
et l'homogénéité des niveaux sanctionnés par des
diplômes nationaux, une organisation en modules, avec un système
de points ou de crédits capitalisables, risque de porter atteinte
à cette cohérence et de menacer la nécessaire
homogénéité des niveaux atteints dans nos
universités, voire de mettre en cause le caractère national des
diplômes.
Elle souhaiterait obtenir des explications du ministre quant aux
modalités de mise en oeuvre de ce diplôme à points, qui
semblent susciter de nombreuses interrogations dans nos universités et
qui devront rapidement être précisées compte tenu de la
généralisation annoncée à court terme du nouveau
système.
3. L'université en ligne : l'expérimentation des campus numériques
Les
campus numériques doivent permettre de favoriser l'ouverture
internationale, la pluridisciplinarité, la formation tout au long de la
vie, mais aussi la coopération entre les universités afin
notamment de permettre au système universitaire de répondre au
défi de l'internationalisation des formations. Dix premiers campus
numériques ont ouvert leurs portes à titre expérimental
à la dernière rentrée universitaire.
Ces structures nouvelles ne sont pas des établissements autonomes mais
des consortiums regroupant des centres de formation professionnelle ou à
distance et des universités françaises ou
étrangères.
a) Les appels à projets
Constitués à la suite d'un appel à projets
lancé par le ministère de l'éducation nationale en 2000 et
2001, ces campus numériques résultent de regroupements entre
universités, françaises et/ou étrangers, le CNED, des
entreprises privées, éditeurs ou sociétés de
service et doivent être en mesure de développer une offre de
«
formation ouverte et à distance
» et de lui
donner des prolongements commerciaux, notamment au plan international.
Au total, l'appel à projets a suscité plus de
200 réponses de la part des universités et fait l'objet de
plus de 480 conventions de partenariat entre établissements
français ou avec des universités étrangères et
de 178 partenariats avec des associations et des entreprises
privées.
Sur les 117 projets présentés en 2001, 66 ont
été retenus dont 27 feront l'objet d'une étude
de faisabilité, 39 étant en phase de réalisation.
b) Les formations proposées
Si les
ambitions affichées pour cette première rentrée
universitaire restent encore modestes, des modules d'économie, de
gestion, de sciences, de droit, de médecine ou de sciences de
l'éducation seront proposées aux étudiants sous forme de
cours en ligne ou en vidéo, en formation initiale et continue avec un
système de tutorat.
Ces enseignements en ligne pourront être suivis en complément de
cours traditionnels, ou de façon intensive, pour l'obtention de
diplômes et ces modèles devraient s'intégrer dans la
nouvelle organisation européenne de diplôme à points dite
ECTS (European credits transfer system).
Des enseignants de Grenoble, Nice, Paris et Nancy ont ainsi participé
à la conception des modules du campus d'économie et de gestion
Canege, ouvert à la dernière rentrée universitaire.
c) Une formule encore coûteuse
En 2000,
27 projets avaient déjà été financés
à hauteur de 18 millions de francs. L'appel à projet 2001 a
été doté de 50 millions de francs, dont
30 millions de francs accordés au titre du budget de l'enseignement
supérieur et 20 millions apportés par le Fonds de recherche
technologique.
Le ministère de l'emploi et de la solidarité, la DATAR et
l'agence universitaire de la francophonie se sont également
associés à l'opération des campus numériques en
apportant des subventions par projet.
Dans un certain nombre de projets, les universités s'associeront au CNED
pour développer le service de télé-accueil des
étudiants qui suivront ces formations en ligne.
Au total, l'éducation nationale aura débloqué
11,13 millions d'euros (73 millions de francs) en deux ans pour
financer 77 projets.
Votre commission tient à souligner le coût de la formule pour
l'éducation nationale, puisqu'elle implique le recrutement de nombreux
enseignants pour animer les formations, mais aussi pour les étudiants en
ligne : le coût d'une année d'étude au Canege
s'élève au moins à 2 000 euros, soit
13 119 francs, sans compter les frais d'équipement et de
connexion à internet, c'est-à-dire dix fois plus que le
coût moyen d'une année universitaire dans un établissement
traditionnel.
4. Un nécessaire développement des échanges d'étudiants
a) Le bilan de l'agence Edufrance : des résultats encore modestes et des moyens trop limités
La création de l'agence Edufrance, en 1998, avait pour objet de faciliter l'accueil des étudiants étrangers dans nos universités en leur proposant des formations et des services d'accueil spécifiques. Ses activités peuvent être ainsi résumées :
(1) Les actions de communication et de promotion
L'agence a participé en 2000 à des manifestations au salon de l'éducation et dans une dizaine de pays d'Amérique du Nord, d'Amérique Latine, d'Asie, en particulier en Inde. Ces actions sont relayées localement par le réseau des 71 « espaces Edufrance » installés dans les ambassades ou les alliances françaises, affectés à l'accueil et à l'information des étudiants étrangers. L'agence a également développé son site internet, une plate-forme d'information et d'orientation et un catalogue général des formations.
(2) L'accueil direct des étudiants étrangers
En 2000,
l'agence a pris en charge directement l'accueil en France de
359 étudiants étrangers auxquels elle a proposé un
"produit complet" incluant une formation supérieure et les prestations
d'accueil proposées par ses partenaires (EGIDE, CNOUS...). Les
« produits » vendus ont concerné pour 75 %
des formations longues : la moitié de ces formations longues
portait sur l'étude du français langue étrangère,
pour 20 % sur les universités d'été, et sur le
programme regroupant des écoles d'ingénieurs de plusieurs pays
européens.
La répartition géographique des actions de l'agence montre
l'importance des étudiants d'origine asiatique
(226 étudiants, dont 201 chinois, soit 63 % de l'effectif
accueilli). Viennent ensuite les étudiants d'Amérique latine
(28 %, surtout du Mexique et du Brésil), puis ceux originaires de
pays européens (8 %).
(3) L'ingénierie pédagogique
L'agence
Edufrance a mis en place en 1999 un département d'ingénierie
pédagogique. En 2000, les activités de ce département ont
consisté notamment :
- à mener des études de faisabilité concernant des
projets bilatéraux avec l'Égypte (Université
française d'Égypte), la Côte d'Ivoire (utilisation du
télé-enseignement dans les universités) et le Mexique
(création d'un centre de formation aux métiers de la
plasturgie) ;
- à participer à la semaine du développement humain
de la Banque Mondiale en vue de promouvoir l'expertise française
auprès des bailleurs de fonds internationaux, de manière à
mieux répondre aux appels d'offres en 2001.
Edufrance a également participé à la promotion de
l'expertise française, notamment en matière d'enseignement
à distance, en proposant un catalogue de produits pédagogiques
spécifiques.
Enfin, l'agence a répondu à l'appel d'offre EUMEDIS, lancé
par la Commission Européenne en vue de créer un campus
électronique réunissant les pays européens et ceux de la
rive sud de la méditerranée. A la tête d'un consortium
comprenant divers opérateurs européens, dont le CNED, Edufrance
joue un rôle logistique d'« ensemblier » afin d'aider
ce consortium à gagner l'appel d'offres qui s'élève
à 3,5 millions d'euros.
(4) Des perspectives de développement entravées par des moyens trop limités
L'agence
Edufrance est confrontée depuis deux ans et demi à la
nécessité de se placer sur le marché mondial de
l'éducation et d'y réaliser des bénéfices, tout en
exerçant une mission de service public de promotion à
l'étranger du système éducatif français.
Dans ce contexte, elle a su acquérir une certaine
crédibilité, comme en témoigne la progression de ses
adhérents : Edufrance est en effet passée
de 61 adhérents en 1999 à 132 en 2000, dont 65
universités françaises. L'agence a également
contribué à faire venir en France un nombre accru
d'étudiants étrangers (128 000 en 1999-2000) alors que ce
nombre connaissait une baisse continue depuis plusieurs années (de
136 000 en 1990-1991 à 121 500 en 1998-1999).
En 2001, les missions d'Edufrance ont évolué : l'agence centre
plus particulièrement son activité sur la promotion
internationale des formations supérieures françaises et sur le
recrutement personnalisé d'étudiants étrangers. Le GIP
développe également davantage, auprès des
établissements, des actions de lancement et d'harmonisation de leurs
politiques internationales.
S'agissant de son fonctionnement, l'agence a renforcé son équipe
gestionnaire, s'est dotée d'un système budgétaire
comptable plus efficace et met actuellement en place un contrôle de
gestion.
Pour 2001, le budget primitif de l'agence était de 78,39 millions
de francs en recettes, dont 56,55 millions de francs de ressources
propres, 19,15 millions de francs de subventions (10 millions de
francs du ministère des affaires étrangères,
8,8 millions de francs du ministère de l'éducation nationale
et 0,35 million de francs de l'ENSAM), 1,794 million de francs de
cotisations des adhérents et 0,9 million de francs de recettes en
capital.
En dépenses, la prévision s'élève à
77,43 millions de francs : 48,27 millions de francs de frais
issus de l'activité commerciale, 28,37 millions de francs de
dépenses de fonctionnement (6,44 millions de francs de
dépenses de personnels et 21,93 millions de francs de
fonctionnement dont 2,58 millions de francs de frais de
déplacement) et 0,79 million de francs de dépenses
d'investissement.
En 2002, la dotation budgétaire sera reconduite et
s'élèvera à 8,8 millions de francs.
Le personnel de l'agence est constitué de contractuels
rémunérés sur fonds propres et d'agents mis à
disposition par différents organismes ou administrations. Fin 2000,
l'effectif de l'agence était de 27 agents ainsi
répartis :
- 11 agents rémunérés sur son budget ;
- 16 agents mis à disposition, dont 3 par le ministère de
l'éducation nationale, 2 par le ministère des affaires
étrangères , 6 par le CIEP qui dispose de 9 emplois pour
Edufrance dont 3 n'ont pas été pourvus en 2000, 5 par d'autres
adhérents du GIP (CNAM, ENSAM, Université Paris VI, CCIP,
Association Institut Vatel).
L'agence a disposé également d'une enveloppe annuelle de
30 mois de contrats saisonniers et de 400 demi-journées de
vacations de collaborateurs extérieurs.
b) Le bilan des universités européennes d'été
Créés en 2000, les universités
européennes d'été réunissent, à la suite
d'un appel à projet adressé aux établissements
d'enseignement supérieur, les étudiants avancés dans leur
cursus, ainsi que des enseignants-chercheurs de plusieurs pays
européens, pour des activités de formation, auxquelles s'ajoutent
des animations culturelles et des activités de découverte du
patrimoine. Organisées par les universités ou d'autres
établissements, ces universités d'été mettent en
oeuvre de nombreux partenariats, dont celui de collectivités
territoriales.
Elles sont destinées à promouvoir la mobilité des
enseignants et des étudiants à l'échelle européenne.
Dès les sessions 2000, le programme regroupait sur 12 sites, plus
de 850 étudiants, dont 53 % provenaient de pays
européens, et mobilisait plus de 165 enseignants (dont 30 %
provenant de pays européens).
Sur le fondement de l'expérience acquise, et compte tenu du processus
d'évaluation relatif aux sessions 2000, le programme des sessions 2001
de ces universités d'été a été élargi
à une quarantaine de sites répartis sur le territoire
français et a permis de regrouper entre 1 500 et 2 000
étudiants, provenant de France, des autres états européens
ou d'autres pays étrangers.
Les sessions 2001 abordent des thèmes mêlant les champs
d'enseignement et de recherche, tels que les sciences de la vie, le droit, les
lettres et les sciences humaines, les sciences politiques, les technologies de
l'information et de la communication, l'histoire, la sociologie,
l'anthropologie et la psychologie.
5. Vers une amélioration de l'accueil des étudiants étrangers
Au cours
des dernières années, de nombreuses mesures ont été
introduites en vue d'améliorer les conditions d'accueil des
étudiants étrangers en France. Ces mesures ont notamment
porté :
- sur l'amélioration des conditions d'attribution des visas et des
titres de séjour pour les étudiants étrangers, ainsi que
sur l'élargissement de leurs possibilités d'accès à
des emplois à temps partiel en cours de cursus ;
- sur la mise en place de nouveaux dispositifs de bourses de haut niveau
dans le cadre du programme Eiffel (300 nouvelles bourses par an, 900 en
nombre cumulé pour un budget de l'ordre de 15 millions
d'euros) ;
- sur la création de l'Agence Edufrance qui se consacre, comme il a
été vu, à la promotion de l'offre française
d'enseignement supérieur à l'étranger et qui assure des
prestations d'accueil spécifiques pour certains étudiants
étrangers.
a) Les propositions du rapport Cohen
A la
suite de la mission qui lui a été confiée, le professeur
Elie Cohen, ancien président de l'université de Dauphine, a
proposé cinquante mesures destinées à améliorer
l'accueil des étudiants étrangers. Les propositions s'articulent
autour de quatre priorités :
- la première vise à inciter les établissements
à formuler une politique de développement de leurs actions
internationales et à adopter des mesures d'amélioration des
conditions d'accueil des étudiants étrangers. Ces mesures portent
à la fois sur la définition d'un plan d'action à
l'international, la structuration des services chargés de l'accueil des
étudiants étrangers et la généralisation des
guichets uniques ou des dépôts groupés de demandes de
titres de séjour. Le rapport recommande que la déclaration
internationale puisse servir de support à la négociation du
contrat quadriennal, non seulement entre les établissements et le
ministère de l'éducation nationale, mais également avec le
ministère des affaires étrangères. Enfin, le rapport
souligne la nécessité de la mise en place d'un système
d'information interne aux établissements permettant le suivi des
réalisations en matière de mobilité ;
- la deuxième priorité vise à mettre en place, ou
à renforcer, les instruments d'information, de coordination,
d'orientation et d'évaluation concernant les politiques d'accueil des
étudiants étrangers ;
- la troisième priorité porte sur l'amélioration de
la chaîne de l'accueil. En amont du cursus, elle propose de porter une
attention particulière aux procédures de préinscription,
notamment dans le cas des élèves des lycées
français de l'étranger, dont les candidatures devraient
être traitées de façon plus rapide. A cet égard, le
ministre a indiqué à la commission que ces élèves
pourront désormais bénéficier d'une préinscription
en temps utile, c'est-à-dire dès le mois de février dans
les établissements universitaires français. En cours de cursus,
les préconisations concernent tant les aspects pédagogiques
(généralisation des systèmes de crédits,
semestrialisation véritable, effort de lisibilité sur la gamme
des diplômes, tutorat) que des aspects administratifs (accès plus
facile à un emploi à temps partiel). En aval du cursus, les
mesures proposées visent à aider les étudiants
étrangers à préparer leur retour dans le pays d'origine
grâce à une aide à l'élaboration de projets
d'activité ;
- la dernière priorité porte sur l'amélioration de
l'hébergement des étudiants étrangers. Le rapport
recommande notamment qu'un bilan soit réalisé sur les projets
inscrits dans le cadre du plan U3M et que des inflexions soient
apportées à ce dernier pour traduire dans les faits le
caractère prioritaire reconnu à l'amélioration des
conditions d'accueil des étudiants étrangers.
b) Des progrès à accomplir
A la
rentrée 1999, 159 000 étudiants étrangers
s'étaient inscrits dans un établissement d'enseignement
supérieur français. Le nombre d'étudiants étrangers
inscrits à l'université a progressé de 6 % lors de
l'année 1999-2000.
Comparés à leurs homologues français, les étudiants
étrangers optent davantage pour les disciplines littéraires,
économiques et de santé, au détriment des sciences et des
IUT et suivent plus fréquemment des formations de
3
e
cycle, alors qu'ils s'orientaient davantage vers les
études scientifiques et médicales, et plus encore vers le
troisième cycle il y a une quinzaine d'années.
Entre 1985 et 1999, la part des étudiants africains (49 % en 1999
contre 58 % en 1985) et en particulier maghrébins (28 % contre
33 %) s'est réduite au profit des étudiants européens
(30 % contre 17 %) ; par ailleurs, la présence des
étudiantes étrangères s'est accrue au cours des quinze
dernières années, passant de 34 % en 1985 à 51 %
en 1999
5(
*
)
.
En dépit des progrès enregistrés, notre pays reste
néanmoins loin derrière les Etats-Unis (560 000), le
Royaume-Uni (350 000), l'Allemagne (200 000) même s'il
précède encore l'Australie qui a réussi à attirer
110 000 étudiants étrangers en cinq ans.
L'objectif annoncé par le directeur de l'agence Edufrance est de doubler
le nombre de ces étudiants en cinq ans. Outre les conséquences en
résultant pour le rayonnement de notre université et la
présence française dans le monde, un tel objectif
représente également un marché évalué
à quelque 18 milliards de francs.
6. Des programmes d'échanges européens à développer
On
rappellera pour mémoire que plusieurs programmes européens
d'échanges concernent l'enseignement supérieur, notamment le
volet Erasmus du programme Socrates, qui a pour objet de développer la
mobilité des étudiants et la coopération entre les
universités européennes.
Par ailleurs, le programme Tempus apporte un soutien au développement
de l'enseignement supérieur des pays d'Europe centrale, tandis que le
programme Leonardo Da Vinci porte sur les échanges en matière de
formation professionnelle.
En dépit du développement de ces programmes, seuls quelque
17 000 étudiants français font le choix
d'étudier chaque année, pendant un semestre ou deux, dans une
université européenne.
On notera que le bénéfice d'une allocation Erasmus conduit
à reconnaître par l'université d'origine la période
d'étude effectuée dans un établissement d'un autre pays de
l'Union et que les étudiants bénéficiaires sont
dispensés des frais de scolarité dans leur établissement
d'accueil : le montant moyen de l'allocation mensuelle est de l'ordre de
820 francs et le ministère de l'éducation nationale
complète l'aide communautaire par des crédits qui ne
représentaient que 20 millions de francs dans la loi de finances
pour 2001, ce qui reste dérisoire.
Les principaux pays de destination pour des étudiants français
sont le Royaume-Uni (37 %), l'Espagne (18 %) et l'Allemagne
(16 %).
Votre commission ne peut que souhaiter que la mise en place de bourses
européennes de mobilité et la mise en oeuvre des futurs
diplômes à modules capitalisables contribuent à renforcer
ces échanges européens au bénéfice de nos
étudiants.
B. UNE NÉCESSAIRE MODERNISATION DES UNIVERSITÉS
L'adaptation de notre système universitaire aux réalités d'aujourd'hui passe nécessairement par une modernisation de leur gestion, le développement de leur autonomie et l'évaluation des établissements.
1. Des responsabilités à développer
a) Une gestion en cours de modernisation
On
rappellera que la loi du 26 janvier 1984 sur l'enseignement
supérieur confère aux universités la personnalité
morale de droit public et une autonomie pédagogique et scientifique,
administrative et financière.
Dix ans après, le décret du 14 janvier 1994 a permis de
mettre en place une nouvelle réglementation budgétaire,
financière et comptable tendant notamment à réaffirmer le
rôle du président de l'université, ordonnateur principal et
du conseil d'administration dans la gestion des établissements, dont le
budget est par ailleurs complété par un budget de gestion.
Dans le même sens, la refonte des instructions relative à la
comptabilité des établissements avait pour objectif de rendre
plus lisibles les comptes des universités, notamment en matière
d'engagement et d'amortissement et de permettre de créer des services
d'activités industrielles et commerciales, en application de la loi du
12 juillet 1999 sur l'innovation et la recherche.
b) Une autonomie qui reste limitée
La politique menée depuis 1997 vise à renforcer l'autonomie et la responsabilité des universités et de leurs présidents dans le respect des diplômes nationaux, à développer une instance compétente pour la carrière des enseignants-chercheurs et à mieux évaluer les diplômes et la recherche. L'accroissement de l'autonomie des établissements rejoint d'ailleurs la demande formulée par la conférence des présidents d'université (C.P.U.) à son colloque de Lille en mars 2001, dont les suggestions ont recueilli un accord de principe du ministre dans plusieurs domaines.
(1) La gestion des personnels
Une des
premières mesures mise en oeuvre dès décembre 1997 a
consisté à modifier la procédure de recrutement des
enseignants chercheurs, en redonnant le dernier mot aux établissements.
Cette mesure s'ajoute à la détermination au niveau de
l'établissement de la moitié des contingents de promotion et
à la déconcentration vers les établissements d'actes de
gestion (ATER, assistants, enseignants associés). En matière
indemnitaire, le nouveau régime des primes pédagogiques instaure
la détermination des bénéficiaires au niveau de
l'établissement et la possibilité de substitution entre primes et
décharges, comme c'est déjà le cas concernant les primes
pour charges administratives.
Cette déconcentration a également touché les personnels
non enseignants avec la création de la commission paritaire
d'établissement en 1999.
(2) Le développement des liens avec le monde économique
La loi du 12 juillet 1999 sur la recherche et l'innovation a facilité les conditions de création de structures favorisant les liens avec le monde économique : assouplissement des créations de GIP-filiales et possibilité de créer les services d'activités industrielles et commerciales. Par ailleurs, le décret du 1er août 2000 fixant les conditions dans lesquelles les établissements publics d'enseignement supérieur peuvent transiger et recourir à l'arbitrage, pris en application de l'article 7 de ladite loi, autorise les établissements à transiger afin de mettre fin aux litiges de toute nature les opposant à d'autres personnes publiques privées. L'instauration de ces procédures permet de prévenir certains litiges et de régler le contentieux de manière plus rapide.
(3) Le rôle du contrat d'établissement
Le contrat d'établissement constitue l'instrument essentiel de cohérence entre les projets des établissements et les objectifs nationaux. Depuis 1997, sont incluses dans le contrat d'établissement, les formations doctorales, les relations avec la totalité des organismes de recherche (et non plus seulement celles avec le CNRS) et l'ensemble de la gestion patrimoniale. Une importance particulière est accordée à l'offre de formation, à la gestion prévisionnelle des emplois et des personnels et au développement de l'évaluation des contrats.
(4) Une autonomie domaniale
La
responsabilisation des universités touche également le secteur
domanial, tant dans les domaines de la maintenance et la sécurité
que dans celui des constructions :
- les crédits de maintenance sont alloués aux
établissements dans le cadre de leur contrat quadriennal avec l'Etat, ce
qui favorise une approche globale des besoins et des travaux à
réaliser. Le ministère incite les établissements, lors de
la préparation du contrat, à élaborer un schéma
directeur de maintenance ;
- la répartition des crédits de mise en
sécurité (plan sécurité 2000-2006) s'est
effectuée sur la base de schémas directeurs de mise en
sécurité que les établissements ont dû
élaborer en définissant leurs besoins et un
échéancier prévisionnel de travaux. Le montant de
l'enveloppe allouée à chaque établissement résulte
d'une négociation qui a été conduite par les recteurs avec
les présidents d'université et qui a également permis de
déterminer la participation propre des établissements ;
- les établissements sont invités à adopter une
gestion informatisée de leur patrimoine et peuvent à ce titre
recevoir un soutien financier du ministère dans le cadre des
négociations contractuelles ;
- en matière de construction, les établissements, depuis
1990, peuvent s'ils le souhaitent exercer la maîtrise d'ouvrage de leurs
opérations.
c) Un développement souhaitable des relations avec les collectivités territoriales et de la décentralisation
La
procédure des CPER, particulièrement depuis le plan
Université 2000, a permis d'instituer un partenariat avec les
collectivités territoriales, notamment les régions. Le dernier
contrat de plan 2000-2006 dans le cadre du schéma U3M en
témoigne par l'importance de son montant, par la nature des
activités soutenues et par l'implication des collectivités
territoriales, notamment la Ville de Paris et la Région
Île-de-France qui ont consenti un effort important.
D'une manière générale ce partenariat illustre, comme il a
été vu plus haut, le rôle de l'enseignement
supérieur et de la recherche, dans le développement
économique et urbain du territoire.
S'agissant en revanche du transfert du patrimoine universitaire aux
régions, qui a été proposé par le rapport de la
commission pour l'avenir de la décentralisation, remis par
M. Pierre Mauroy au Premier ministre le 17 octobre 2000, cette option
n'a pas été retenue par le ministère.
Votre commission rappellera que le rapport Mauroy, outre la mise à
disposition des personnels IATOS aux collectivités territoriales et une
représentation des régions aux conseils d'administration des
universités, préconisait de transférer aux régions
la construction et l'entretien des établissements d'enseignement
supérieur, l'Etat conservant la maîtrise de l'implantation des
universités, du contenu des enseignements, de la responsabilité
des personnels enseignants, des programmes et des diplômes nationaux.
Pour leur part, les présidents d'université ont souhaité
que s'instaure progressivement la dévolution du patrimoine aux
établissements, afin de donner aux établissements les droits et
obligations du propriétaire.
Tout en prenant acte des évolutions et des progrès
enregistrés pour adapter l'université aux réalités
du moment et pour accroître les responsabilités des
établissements, votre commission considère que ces efforts trop
timides doivent être poursuivis, et que la véritable garantie de
l'efficacité de notre enseignement supérieur passe d'abord par le
renforcement de l'autonomie des universités, c'est-à-dire la
maîtrise de leurs moyens, y compris des ressources humaines. Cet objectif
suppose, en contrepartie, une véritable évaluation des
établissements d'enseignement supérieur et de leurs formations.
2. La nécessité d'une véritable évaluation des universités
L'autonomie des universités doit s'accompagner d'une
véritable évaluation des résultats des
établissements, notamment dans la perspective de l'élaboration
des contrats quadriennaux passés entre ces derniers et le
ministère.
Force est de constater que cette évaluation est aujourd'hui embryonnaire
et que les moyens consacrés à cette action sont
dérisoires, notamment par le biais du comité national
d'évaluation (CNE) et de l'IGAEN, qui est pourtant chargée,
depuis la loi de 1984 sur l'enseignement supérieur, d'une mission
générale d'évaluation, et notamment des formations.
Un nouvel élan devrait être donné à
l'évaluation à titre expérimental pour les contrats
quadriennaux couvrant la période 2003-2006, qui devraient être
évalués par le CNE et l'inspection générale avant
leur renégociation ; par ailleurs, l'évaluation des
formations, qui a été étendue aux écoles
d'ingénieurs en 1998, devrait être étendue aux IUT.
Devant la commission, le ministre a indiqué que le CNE serait
profondément rénové, en s'ouvrant notamment à des
personnalités étrangères, et que l'autonomie des
universités supposait en retour une véritable évaluation
dans le cadre d'une politique nationale, la conférence des
présidents d'université souhaitant par ailleurs que
l'évaluation soit partagée sur la base d'indicateurs fournis par
les établissements.
Votre commission considère que ces efforts doivent être
poursuivis, non pour établir un classement nécessairement
controversé des universités, comme en témoignent les
réactions qui ont suivi la publication de l'étude de la DPD sur
les chances de réussite des étudiants des premiers cycles dans
chacune des universités françaises, mais pour apprécier la
véritable « valeur ajoutée » de chaque
établissement, en termes de formations dispensées, un tel
contrôle étant la contrepartie naturelle des crédits
publics qui sont octroyés à chaque université.
*
* *
EXAMEN EN COMMISSION
Au cours
d'une séance tenu
le mercredi 14 novembre 2001
, sous la
présidence de M. Jacques Valade, la commission a
procédé à l'examen du rapport pour avis de
M. Jean-Léonce Dupont
sur les
crédits
pour 2002 de l'enseignement supérieur
.
Un débat a suivi l'exposé du rapport.
M. Michel Thiollière
s'est inquiété des
conséquences financières pour les collectivités
territoriales des retards enregistrés du fait de l'administration
centrale dans le démarrage des travaux universitaires sous
maîtrise d'ouvrage d'Etat dans le cadre du CPER, dont l'exécution
à une date donnée conditionne l'attribution de crédits
européens.
Il a également souligné le dérapage des budgets de
construction universitaire par rapport aux prévisions initiales, qui
conduit les régions à accroître leur part de financement en
raison d'un plafonnement de la participation de l'Etat.
S'appuyant sur l'exemple d'étudiants chinois qui ont été
conduits à abandonner rapidement leurs études à
l'université de Saint-Etienne, en raison d'une préparation
insuffisante, il a estimé que l'accueil des étudiants
étrangers dans nos établissements universitaires devrait
comporter un dispositif d'accompagnement adapté.
M. Jacques Legendre
s'est enquis des aides éventuellement
prévues en faveur des écoles d'ingénieurs privées
pour alléger la participation financière des élèves
et de leur famille.
Rappelant les objectifs assignés à l'agence Edufrance par
l'ancien ministre de l'éducation nationale et par l'actuel ministre des
affaires étrangères, qui prévoyaient l'accueil dans nos
universités de 400 000 à 500 000 étudiants
étrangers en quelques années, il a regretté que les moyens
trop faibles accordés à l'agence n'aient pas permis de
réaliser ces objectifs sans doute trop ambitieux.
Il a par ailleurs fait observer que les conditions d'accueil de nos
universités étaient moins attractives qu'au Royaume-Uni, alors
que des capacités existent du fait de la stagnation des effectifs
étudiants, la France se privant ainsi des retombées, notamment
économiques, de l'accueil d'un nombre plus important d'étudiants
étrangers.
M. Louis Duvernois
a estimé que le système universitaire
français pâtissait d'un déficit d'image à
l'étranger et qu'il convenait d'harmoniser les cursus universitaires
européens.
Soulignant, lui aussi, l'importance de la mission de l'agence Edufrance et les
mauvaises conditions d'accueil des étudiants étrangers, il a
noté que plusieurs milliers de bacheliers étrangers formés
dans le réseau des 500 établissements français à
l'étranger seraient susceptibles de poursuivre des études
supérieures en France, et que l'agence aurait vocation à assurer
l'accompagnement de ces étudiants, en développant un accueil
inspiré de celui des universités anglo-saxonnes.
Mme Danièle Pourtaud
a estimé que la conclusion du
rapporteur pour avis était contradictoire avec la présentation,
à bien des égards, positive du projet de budget. Elle a
rappelé que l'accélération des dépenses
d'investissement à Paris et dans la région Ile-de-France
résultait d'un refus initial de participer au financement du plan
université 2000, cette attitude étant à l'origine de
l'état actuel de délabrement de certaines des universités
parisiennes ; elle a estimé que la collaboration aujourd'hui
heureusement engagée entre la ville de Paris et la région dans le
cadre du plan U3M devrait permettre de remédier à cette situation.
Elle a souhaité obtenir des précisions sur les dysfonctionnements
évoqués en matière de maîtrise d'ouvrage et a fait
observer que la sous-consommation des crédits d'investissement
résultait aussi d'appels d'offres infructueux ou de défaillances
d'entreprises.
Elle a par ailleurs noté que l'action de l'agence Edufrance avait permis
d'accueillir 3.000 étudiants étrangers supplémentaires au
cours des deux dernières années universitaires, ce qui est certes
loin des objectifs annoncés, et que son efficacité devait
également être appréciée, au-delà des seuls
moyens budgétaires, en tenant compte de la politique contractuelle
engagée avec les universités françaises, qui doivent en
effet se tourner davantage vers l'extérieur et améliorer la
qualité de leur accueil, avec l'aide sans doute des collectivités
territoriales.
M. Michel Guerry
a rappelé que les lycées français
à l'étranger scolarisaient 40 % d'élèves
étrangers et que certains établissements bilingues accueillaient
de nombreux étudiants susceptibles de poursuivre des études
supérieures en France à la condition de bénéficier
de conditions d'accueil satisfaisantes. Il est convenu que le message de nos
universités passait difficilement à l'étranger et a
estimé que la seule comparaison significative en termes d'accueil
d'étudiants étrangers devait être faite avec l'Allemagne.
S'appuyant sur des informations recueillies lors d'un récent colloque
sur la coopération franco-marocaine,
M. Jacques Valade,
président
, a regretté que le processus de sélection
des étudiants étrangers susceptibles d'être accueillis en
France reste fondé sur la maîtrise de la langue française,
au détriment de la volonté exprimée par de nombreux
étudiants de suivre des études supérieures dans nos
universités, ceux-ci étant susceptibles d'acquérir
rapidement une maîtrise suffisante de notre langue avant d'entamer un
cursus universitaire. Il a estimé qu'une réflexion devait
être engagée sur ce sujet.
Il a par ailleurs souhaité que la commission mette rapidement en place
une mission d'information sur le patrimoine immobilier universitaire, qui
serait notamment chargée d'établir un état des lieux,
d'examiner les problèmes de maintenance et de développement des
constructions et d'étudier les relations entre l'Etat, les
collectivités territoriales et les établissements universitaires
au travers du mécanisme des contrats de Plan Etat-régions.
Répondant à ces interventions,
M. Jean-Léonce Dupont,
rapporteur
pour avis,
a indiqué que la conclusion de son
rapport résultait logiquement de l'analyse des insuffisances du projet
de budget, celles-ci ayant d'ailleurs été soulignées par
la principale organisation représentative des enseignants-chercheurs qui
lui a fait part de ses inquiétudes concernant notamment le
renouvellement des personnels appelés à partir en retraite dans
les années à venir. Il a ensuite apporté les
précisions suivantes :
- les défaillances constatées en matière de
maîtrise d'ouvrage conduisent à des retards dans la
réalisation des travaux et à un dépassement des
coûts d'objectifs fixés par l'Etat ; la création d'une
mission d'information sur le patrimoine immobilier universitaire apparaît
en conséquence particulièrement opportune ;
- les chiffres fournis relatifs à l'accueil des étudiants
étrangers visent les inscriptions universitaires et non les effectifs
« en stock » ;
- nos universités souffrent en effet d'un déficit d'image
à l'étranger, du fait d'une promotion insuffisante de notre
système universitaire ;
- le refus de la région Île-de-France et de la Ville de Paris
de participer au financement du plan Universités 2000 doit
être replacé dans le débat de l'époque sur la
répartition des compétences, ce refus s'expliquant aussi par la
densité des équipements universitaires parisiens et franciliens,
très supérieure à celle constatée en
régions ;
- la situation de la France au regard des étudiants
étrangers doit en effet plutôt être comparée à
celle de l'Allemagne qu'à celle des pays anglo-saxons où les
conditions d'accueil « linguistique » ne se posent pas dans
les mêmes termes ; il serait envisageable de mettre en place dans nos
universités des formations accélérées de
français précédant la rentrée universitaire, voire
de dispenser certains enseignements en langue étrangère ;
- alors que l'enseignement supérieur conditionne l'avenir et le
développement de notre pays, on peut regretter qu'il ne constitue pas
une priorité budgétaire du Gouvernement.
M. Jacques Valade, président,
a confirmé que la mise en
place du plan Universités 2000 avait suscité un large
débat sur le problème de la répartition des
compétences, et que de nombreuses régions, comme l'Aquitaine,
avaient accepté, contraintes et forcées du fait de leur
sous-équipement universitaire, de déroger à cette
répartition fixée par les lois de décentralisation et de
participer au financement de ce programme, comme d'ailleurs elles sont
conduites à le faire de manière récurrente, dans d'autres
domaines, par exemple ceux des infrastructures routières et des
transports.
Au terme de ce débat, suivant les propositions de son rapporteur pour
avis, la commission a décidé de donner
un avis
défavorable à l'adoption des crédits de l'enseignement
supérieur pour 2002
.
CONCLUSION
1
0,57 % pour les seuls
crédits relevant du ministère de l'éducation nationale
La dépense par an et par étudiant en France est de
7 000 dollars contre 9 000 dollars en moyenne dans les
grands pays industriels d'Europe
2
S'orienter pour mieux réussir - Sénat
n° 81-1996-1997
3
Note d'information - n°1-4-7 - octobre 2001
4
le recrutement social de l'élite scolaire en France -
Évolution des inégalités de 1950 à 1990 - DEP -
Revue française de sociologie 1995.
La DEP (direction de l'évaluation et de la prospective) est
l'ancêtre de l'actuelle DPD (direction de la prévision et du
développement) du ministère de l'éducation nationale.
5
Source : DPD - Note d'information 01 - 22 mai
2001