C. RENFORCER L'ÉDUCATION ARTISTIQUE
1. L'effort financier
L'analyse des crédits consacrés à
l'éducation artistique en milieu scolaire s'avère très
délicate : les documents budgétaires ne tiennent compte que
des initiatives prises dans le cadre de dispositifs existants ; par
ailleurs, toutes les directions ne disposent pas, semble-t-il, d'indicateurs
leur permettant d'évaluer leur participation à des interventions
en milieu scolaire.
Le tableau ci-après récapitule, conformément à
l'article 16 de la loi du 16 janvier 1988 les crédits
consacrés pour l'année 2000 par le ministère de la culture
à des actions prenant place dans des dispositifs d'éducation
artistique.
ETAT
RÉCAPITULATIF PRÉVU PAR L'ARTICLE 16 DE LA LOI DU 6 JANVIER
1998
Année scolaire 2000-2001
(exercice 2000)
En
millions d'euros
(en millions de francs)
|
Nombre |
Nombre d'élèves touchés |
Crédits alloués par le ministère |
Ateliers et classes culturelles en primaire et au collège |
715 |
19 400 |
1,40
|
Ateliers de pratique artistique en collèges, lycées et lycées professionnels |
4 393 |
89 000 |
5,02
|
Ateliers d'expression artistique en lycée |
1 413 |
26 000 |
1,52
|
Enseignements optionnels en lycée, en théâtre et en cinéma |
600 |
17 000 |
3,99
|
Jumelages entre les établissements et des structures culturelles |
350 |
35 000 |
2,62
|
Ecole, collège, lycéens au cinéma |
4 700 |
750 000 |
1,37
|
Au-delà de ces crédits qui s'élevaient en
2000
à 15,92 millions d'euros (104,6 millions de francs), il
convient également de tenir compte des diverses actions pour lesquelles
la contribution du ministère représente environ 15 millions
d'euros (98,7 millions de francs). A ce titre, sont recensées des
interventions très diverses : action éducative des grands
établissements publics, formation des intervenants en milieu scolaire,
interventions artistiques dans les IUFM, soutien aux manifestations artistiques
et aux festivals proposant des actions scolaires... A l'évidence, cet
ensemble composite exige de prendre ces chiffres avec précaution.
En 2001, ces crédits avaient bénéficié de
2,52 millions d'euros (16,5 millions de francs) de mesures nouvelles
destinées au développement des ateliers d'expression artistique
(0,61 million d'euros soit 4 millions de francs), aux services
éducatifs des institutions culturelles et artistiques (0,84 million
d'euros soit 5,5 millions de francs) et aux actions spécifiques
engagées dans le cadre des protocoles de décentralisation.
En 2002, les mesures nouvelles, soit 4,11 millions d'euros
(27,5 millions de francs), bénéficieront :
- d'une part, pour 1,55 million d'euros (10,2 millions de
francs) à la formation des enseignants et acteurs de l'éducation
artistique ;
- d'autre part, aux actions de sensibilisation artistique à
l'école à hauteur de 1,98 million d'euros (13 millions
de francs) ;
- et enfin, au renforcement des services éducatifs et d'action
culturelle pour 0,65 million d'euros (4,3 millions de francs).
Ces mesures nouvelles traduisent un net infléchissement de l'effort
engagé lors des précédents exercices en faveur de
l'éducation artistique, avec un quasi doublement du montant des mesures
nouvelles. Cet infléchissement apparaît comme la traduction
budgétaire des engagements pris par le ministère de la culture
conjointement avec le ministère de l'éducation nationale dans le
cadre du plan quinquennal de « l'éducation artistique et
culturelle pour tous ».
Votre rapporteur soulignera que la volonté de développer
l'initiation et la pratique artistiques en milieu scolaire n'est pas nouvelle.
L'article 1
er
de la loi du 28 mars 1882 précisait
déjà que «
les éléments du dessin, du
modelage et de la musique
» étaient inclus dans le
programme de l'école primaire obligatoire.
Depuis, la loi n° 88-20 du 6 janvier 1988 relative aux enseignements
artistiques a précisé la place qui devait leur être
réservée, en rendant obligatoire dans l'enseignement primaire et
le premier cycle du secondaire l'enseignement d'au moins deux disciplines
artistiques.
Votre commission a, à maintes reprises, souligné les conditions
peu satisfaisantes de l'application de cette loi et regretté
l'information toujours insuffisante du Parlement en ce domaine.
Au cours des dernières années, à côté de ces
enseignements « obligatoires » qui se sont par ailleurs
développés avec la mise en place d'options artistiques faisant
l'objet d'une évaluation au baccalauréat, se sont
multipliés les dispositifs d'initiation à la pratique artistique,
certes élaborés conjointement avec le ministère de
l'éducation nationale mais reposant essentiellement sur la participation
d'intervenants artistiques. Les initiatives prises en ce domaine ont
été financées par l'Etat mais également, d'une
manière très importante, par les collectivités
territoriales.
Dans le souci de renouveler ces partenariats, la circulaire signée
conjointement par les ministres de l'éducation nationale, de
l'enseignement scolaire et de la culture a confirmé et actualisé
les priorités de l'éducation artistique.
La volonté exprimée alors de renforcer la cohérence de
l'action des deux ministères en ce domaine s'est traduite par l'annonce,
le 14 décembre 2000, d'un plan à cinq ans pour renforcer et
approfondir leur action.
Le ministère de la culture a annoncé cinq axes d'action : la
diversification des domaines artistiques, la mobilisation des institutions
culturelles, la formation des artistes et des professionnels de la culture
à l'intervention dans les établissements scolaires, une meilleure
information sur les dispositifs existants et la prise en compte de cette
priorité dans les relations entre l'Etat et les collectivités
territoriales.
Ces priorités ne devront guère modifier les dispositifs existants
et au mieux permettront de poursuivre leur généralisation.
A côté des
classes culturelles
, qui, en dépit de
leur succès auprès des élèves et des enseignants,
ne concernent encore qu'un nombre trop restreint d'établissements, le
plan a créé les «
classes à projet artistique
et culturel
». L'objectif est, à l'horizon de trois ans,
de faire passer tous les élèves de l'enseignement primaire dans
ces classes consacrées à des rencontres avec des artistes ou des
professionnels de la culture. Un budget de 1 220 euros
(8 000 francs) par classe est prévu ;
20 000 classes devaient être créées à la
rentrée 2001.
L'effort en faveur de la généralisation des
ateliers
artistiques
des collèges et lycées sera poursuivi. On
rappellera que l'objectif affiché était de
généraliser en 2002 ces ateliers, qui ont vocation à se
substituer dans le cadre de la réforme des lycées aux ateliers de
pratique artistique. Il semble qu'on soit encore assez loin du compte pour les
collèges : pour l'année scolaire 1999-2000, dernière
année pour laquelle des informations soient disponibles,
1 942 ateliers de pratique artistique ont concerné quelque
38 000 élèves, soit seulement 1,5 % de la
population des collèges. En revanche, la mise en place des ateliers
d'expression artistique dans les lycées qui s'est déroulée
pour certains rectorats dès la rentrée 1999, apparaît plus
avancée. Pour l'année scolaire 1999-2000, 1 371 ateliers ont
accueilli 26 000 élèves environ, soit un taux de couverture
des lycées de l'ordre de 46 % pour l'enseignement public et
11 % pour l'enseignement privé sous contrat. D'après les
estimations, à la fin de l'année scolaire 2000-2001, plus de
la moitié des 4 000 lycées disposait d'un atelier. A ce
rythme, l'objectif de généralisation d'un atelier par
lycée sera atteint à la rentrée 2003, comme
prévu. Ce résultat très encourageant atteste le
réel succès de ce dispositif et témoigne de la
collaboration renforcée entre les ministères de la culture et de
l'éducation nationale qui cofinancent ce dispositif. Les ateliers
d'expression artistique se répartissent entre le spectacle vivant
pour 55 % (théâtre, danse, musique, cirque), les arts de
l'image et les arts plastiques pour 32 % et l'écriture,
l'architecture et le patrimoine pour 13 %. Un effort a
été accompli à la rentrée 2000 pour
diversifier les domaines artistiques tout en favorisant
l'interdisciplinarité mais également pour privilégier les
zones défavorisées dans la mise en place des ateliers. Par souci
de simplification, les ateliers de pratique artistique (APA) en collèges
et les ateliers d'expression artistique (AEA) seront fondus sous le vocable
unique « ateliers mixtes ». En 2002, une mesure
nouvelle d'un montant de 1,47 million d'euros (9,7 millions de
francs) est prévue pour favoriser la généralisation de ce
dispositif.
S'agissant des actions expérimentales, les
jumelages
continuent
à se multiplier ; ont été
comptabilisés 350 jumelages, concernant 35 000
élèves de la maternelle à l'université. Les
partenaires culturels des jumelages sont majoritairement des institutions sur
lesquelles l'Etat exerce une tutelle et qui présentent une offre
artistique régulière. C'est dans les établissements
d'enseignement général, et notamment dans les collèges,
que ce dispositif est le plus courant.
Ces dispositifs devraient bénéficier de l'effort engagé
pour renforcer les moyens dont disposent les institutions culturelles pour
conduire des actions de diffusion culturelle. En 2002, une mesure nouvelle
de 650 000 euros (4,3 millions de francs) est destinée
à soutenir l'action de leurs services éducatifs et d'action
culturelle, notamment par une aide à la création d'emplois. Ces
services sont déjà largement développés,
grâce notamment à la mise à disposition de personnels de
l'éducation nationale. Ainsi, à titre d'exemple, sur les
1 200 musées soumis au contrôle de l'Etat, près
de 700 disposent déjà d'un tel service et le public scolaire
accueilli dans les musées représente près de la
moitié du jeune public bénéficiant de la gratuité.
Par ailleurs, en 2002, sera poursuivie la mise en oeuvre des programmes
spécifiques tels que les programmes de sensibilisation à l'image,
avec les dispositifs école, collège et lycée au
cinéma, ainsi que les actions à la fois culturelles et sociales,
« un été au cinéma » et
« cinéville ». Au-delà d'une mesure nouvelle
d'un montant au demeurant modeste (190 000 euros
- 1,3 million de francs) qui permettra le renforcement de ces
dispositifs, seront mis en place des « pôles régionaux
de ressources pour l'éducation à l'image ».
Le programme « musique à l'école » sera
également reconduit. En ce domaine, les retards sont
considérables : seul un million d'enfants sur 13 millions
d'élèves, soit 7 % seulement, bénéficient
d'une formation dans les écoles de musique. Afin de remédier
à cette inégalité d'accès à la musique et
aux pratiques musicales qui s'explique en partie par le nombre encore
limité mais également par l'inégale répartition
géographique des établissements d'enseignement, financés,
on le rappellera, par les collectivités territoriales, ce programme
visait à développer un enseignement musical dispensé dans
le cadre scolaire. Ce programme recouvre une grande variété
d'expérimentation. A la rentrée 2001, la mise en place de
chartes départementales de chant choral et le démarrage des
classes à projet artistique et culturel permettent d'augurer une
augmentation significative du nombre de projets musicaux dans les deux premiers
ordres d'enseignement.
Enfin, en 2002, comme en 2001, une attention particulière
devrait être accordée à la
formation des intervenants en
milieu scolaire et des enseignants
. Plus de la moitié des mesures
nouvelles dégagées en 2002 pour l'éducation
artistique y seront consacrée. A ce titre, les centres de formation de
musiciens intervenants bénéficient de 300 000 euros
(2 millions de francs) ; les pôles régionaux de
formation à la danse, à la musique et au théâtre
ainsi que ceux consacrés à l'image, de 880 000 euros
(5,8 millions de francs) et les formations à la médiation en
matière de lecture, d'architecture et de patrimoine, de
350 000 euros (2,3 millions de francs).