B. UNE BAISSE DU CHÔMAGE COMMUNE À TOUTE L'EUROPE

1. Une amélioration du chômage qui s'explique par une conjoncture particulièrement favorable

Le taux de chômage de l'Union européenne s'établissait à 8,3 % en août contre 9,1 % un an plus tôt (- 0,8 point). Dans le même temps, le taux de chômage français a baissé de 1,6 point pour s'établir à 9,6 %. Cette évolution -un taux de chômage français supérieur au taux européen malgré une baisse plus rapide- caractérise un phénomène de rattrapage.

La baisse du chômage français s'explique en effet, d'une part, par l'amélioration de la conjoncture qui doit beaucoup au cours de l'euro et, d'autre part, par un phénomène de rattrapage de la croissance dont la France n'a pu bénéficier avant la mise en oeuvre de l'euro du fait du mécanisme de change qui faisait peser une contrainte importante en termes de taux d'intérêt sur la croissance potentielle de notre économie.

Taux de chômage internationaux harmonisés

(en %)

Données CVS

Août 1999

Août 2000

Variation sur un an en point

Allemagne

8,8

8,3

- 0,5

Autriche

3,7

3,2

- 0,5

Belgique

9,1

8,6

- 0,5

Danemark

5,2

4,8

- 0,5

Espagne

15,7

14,5

- 1,2

Finlande

10,0

9,4

- 0,6

France

11,2

9,6

- 1,6

Irlande

5,6

4,4

- 1,2

Italie

11,3

10,5 a

- 0,8

Luxembourg

2,4

2,2 a

- 0,1

Pays-Bas

3,3

2,5 a

- 1,0

Portugal

4,4

3,8

- 0,6

Royaume-Uni

6,0

5,4 b

- 0,6

Suède

7,1

5,9

- 1,2

Ensemble Union Européenne

9,1

8,3

- 0,8

Etats-Unis

4,2

4,1

- 0,1

Japon

4,7

4,5

- 0,2

Source : Eurostat (Europe), OCDE (autres pays)

a) juillet 2000

b) juin 2000

2. Une baisse du chômage largement indépendante de la politique de l'emploi menée par le Gouvernement

Cette comparaison avec nos voisins européens est riche d'au moins deux enseignements.

Premièrement, elle " tord le cou " à l'idée selon laquelle les trente-cinq heures et les emplois-jeunes seraient à l'origine de la baisse du taux de chômage français. Si ces deux dispositifs ont créé des emplois -c'est en particulier le cas des emplois-jeunes-, ils ont aussi coûté très cher et tout laisse à penser que, compte tenu des performances de nos partenaires européens, ces crédits budgétaires énormes auraient eu un rendement en termes de créations d'emplois tout aussi fort s'ils avaient été employés à d'autres fins.

Deuxièmement, la politique de l'emploi du Gouvernement apparaît comme fortement décalée par rapport au cycle conjoncturel. Les principales dispositions (trente-cinq heures, emplois-jeunes) constituent des outils de gestion d'un déséquilibre défavorable à l'offre de travail (les chômeurs) alors que, de toute évidence, les tensions concernent aujourd'hui davantage la demande de travail (les entreprises) comme en témoigne un taux d'utilisation des capacités de production supérieur à 80 %.

L'urgence aurait dû résider depuis plusieurs mois dans une relance de la formation professionnelle, un assouplissement des heures supplémentaires et un véritable encouragement au développement et à la reprise d'entreprises.

L'inadaptation de notre politique de l'emploi renforce les risques d'aggravation des pénuries de main-d'oeuvre. Par ailleurs, compte tenu des tensions que l'on rencontre sur le marché du travail en ce qui concerne certaines professions (BTP, cafés-hôtels-restaurants, informatique), on ne peut exclure un retour des tensions inflationnistes ayant une origine salariale.

En effet, il apparaît que les salariés ne se satisfont pas de la hausse du salaire horaire consécutive à la réduction du temps de travail. Ils attendent une redistribution des " dividendes de la croissance ", ceci alors même que les entreprises sont confrontées à un problème de renchérissement du coût du travail.

Le taux de chômage des pays européens depuis 20 ans

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