CHAPITRE II -

TABLEAU DE L'INDUSTRIE FRANÇAISE

I. UN RÔLE ESSENTIEL DANS LA CROISSANCE, L'EMPLOI ET L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

A. L'INDUSTRIE AU COEUR DU DÉVELOPPEMENT ET DE L'EMPLOI

L'industrie est l'un des principaux moteurs de l'économie . En effet, c'est en grande partie grâce aux richesses qu'elle crée et à la valeur ajoutée qu'elle produit que le secteur tertiaire est capable de se développer. Dans aucun grand pays, il n'y a d'économie forte sans industrie forte.

En incluant le bâtiment et les travaux publics, l'industrie représente le quart du produit intérieur brut national .

L'industrie manufacturière est le premier vecteur de l'innovation : elle assure plus de la moitié de l'effort national de recherche et de développement . Elle est aussi la principale source de la croissance de nos échanges extérieurs .

Au plan international, l'industrie française se situe au quatrième rang mondial après les Etats-Unis, le Japon et l'Allemagne. De même, elle est le quatrième exportateur mondial avec une part de marché dans le commerce mondial de 7 %.

L'industrie manufacturière (y compris agroalimentaire) emploie fin 1999 plus de 4 millions de personnes , auxquelles correspondent environ autant d'emplois indirects (dans le secteur des services aux entreprises).

Si l'industrie a perdu environ 600.000 emplois depuis 1990, il convient de noter qu'un nombre comparable d'emplois a été créé sur la même période dans le secteur des services aux entreprises , le plus souvent par externalisation d'un certain nombre de fonctions (conception, design, ingénierie, logistique, R & D...) ou par recours à l'intérim (où l'industrie emploie l'équivalent de 265.000 personnes). L'industrie se recentre en effet sur ses activités de production et sur ses métiers ; elle sous-traite désormais au secteur des services des fonctions dont elle s'est dessaisie.

Au delà de ces chiffres, une analyse au niveau mondial montre le caractère moteur de l'évolution de la production industrielle. Les pays ayant connu une forte croissance sont ceux dont la production industrielle a été la plus dynamique depuis 1987. Ainsi, avec moins de 20 % de croissance de la production manufacturée, le Japon et le Royaume-Uni sont les deux grands pays les moins performants au cours de cette période, alors que l'Espagne et les Etats-Unis ont une croissance qui dépasse les 40 %. En situation intermédiaire, la France, l'Allemagne et l'Italie, augmentent à des rythmes très voisins, proches de 25 %. Les performances industrielles ramenées au nombre d'habitants sont cependant assez voisines d'un pays à l'autre.

Si le recul, sur une longue période, du poids de l'industrie dans le PIB est une réalité liée principalement à des gains de productivité plus élevés que dans les autres secteurs, le recul de l'emploi industriel et surtout de la production industrielle ne sont pas des données intangibles, comme le montre la croissance des dernières années .

L'industrie tend à augmenter le niveau de qualification de ses personnels : le nombre des ingénieurs et des cadres est en augmentation. La compétitivité d'une entreprise dépendant tout autant des qualifications de ses salariés que du niveau de ses technologies, la formation et l'amélioration des compétences du personnel constituent un enjeu majeur. L'industrie n'en reste pas moins une des sources principales d'emploi pour les bas niveaux de qualification, notamment dans les secteurs traditionnels.

En termes d'aménagement du territoire , l'industrie française a un rôle essentiel. Dans un grand nombre de bassins d'emplois, dans des zones rurales fragiles ou des bassins industriels en reconversion, les entreprises industrielles jouent le rôle de moteur de l'économie locale. Elles font vivre, grâce à leurs activités, le commerce et les services et sont souvent la condition du maintien d'une activité et d'une présence humaine sur ces territoires. La réindustrialisation des zones en déclin est d'ailleurs un enjeu majeur d'aménagement du territoire.

Les entreprises implantées sur le territoire sont souvent des PMI qui travaillent parfois sur des secteurs menacés (textile, habillement,...) en employant une main-d'oeuvre sans forte qualification. La pérennité de ces entreprises est importante pour la vitalité du tissu économique.

L'analyse de l'importance de l'industrie dans la société française montre que l'économie nationale n'est pas " post-industrielle ", comme certains la décrivent parfois. Moteur de l'économie, créatrice d'emplois, facteur d'intégration et de cohésion sociale, élément essentiel d'aménagement du territoire, l'industrie reste au carrefour des problématiques prioritaires de la société française.

Les tableaux suivants récapitulent les principales données chiffrées sur la place de l'industrie dans l'économie française :

VALEUR AJOUTÉE PAR BRANCHE EN VOLUME

1995

1996

1997

1998

1999

1995

1996

1997

1998

1999

en milliards de francs 1995

en part dans le PIB (en %)

Agriculture

233

245

249

255

259

3,4

3,5

3,5

3,5

3,4

Ind. agroalimentaire

194

191

189

189

190

2,8

2,7

2,6

2,6

2,5

Ind. manufac. nc IAA

Biens de consommation

Industrie automobile

Biens d'équipement

Biens intermédiaires

1 114

252

90

261

510

1 114

245

95

255

519

1 180

254

112

271

544

1 202

248

127

279

548

1 235

251

137

292

555

16,1

3,6

1,3

3,8

7,4

15,9

3,5

1,4

3,6

7,4

16,5

3,5

1,6

3,8

7,6

16,3

3,4

1,7

3,8

7,5

16,3

3,3

1,8

3,9

7,3

Energie

204

213

198

201

205

2,9

3,0

2,8

2,7

2,7

Construction

376

359

322

317

330

5,4

5,1

4,5

4,3

4,4

Services marchands

3 603

3 646

3 725

3 871

3 994

52,0

52,1

52,2

52,6

52,8

Services administrés

1 459

1 489

1 510

1 543

1 568

21,1

21,3

21,1

21,0

20,7

Total France (PIB)

6 925

7 001

7 13

7 360

7 565

100

100

100

100

100

Source : INSEE-Comptes Nationaux, 1999 (prix de l'année précédente chaînés, base 1995)

La diminution des effectifs ne doit pas occulter la croissance de la production en volume . Ainsi, la demande de produits industriels a augmenté de 57 % depuis 1980.

En termes d'emplois, les statistiques ci dessous méritent d'être commentées car il faut, au minimum, réaffecter aux industries manufacturières le travail -déjà évoqué- des intérimaires de l'industrie, soit l'équivalent d'environ 265.000 emplois, comptabilisés dans les services marchands. On constate alors que la part de l'emploi manufacturier dans l'emploi total est à peu près stable depuis 1995.

EMPLOI INTÉRIEUR SALARIÉ PAR BRANCHE

1995

1996

1997

1998

1999

1995

1996

1997

1998

1999

milliers d'emplois

part dans l'emploi total (en %)

Agriculture

347

350

358

362

362

1,7

1,7

1,7

1,8

1,7

Ind. agroalimentaire

506

526

513

518

523

2,5

2,6

2,5

2,5

2,5

Ind. manufac. nc IAA

Biens de consommation

Industrie automobile

Biens d'équipement

Biens intermédiaires

3 151

758

260

743

1 390

3 101

732

259

740

1 369

3 039

715

247

725

1 353

3 043

706

244

729

1 363

3 044

700

244

736

1 365

15,7

3,8

3,7

3,8

6,9

15,4

3,6

3,7

3,6

6,8

15,0

3,5

3,6

3,8

6,7

14,8

3,4

3,5

3,8

6,6

14,5

3,3

3,5

3,9

6,5

Energie

241

239

234

225

222

1,2

1,2

1,2

1,1

1,1

Construction

1 210

1 174

1 143

1 142

1 158

6,0

5,8

5,6

5,5

5,5

Services marchands

8 401

8 538

8 740

9 018

9 321

41,9

42,3

43,0

43,7

44,2

Services administrés

6 209

6 244

6 285

6 318

6 435

30,9

31,0

30,9

30,6

30,5

Total emploi salarié

20065

20173

20312

20625

21068

100

100

100

100

100

Source : INSEE-Comptes Nationaux, 1999

Si l'on s'intéresse à la répartition de la valeur ajourée et de l'emploi industriel par branches, on peut noter la percée de la branche automobile , qui a contribué depuis l'automne 1996 à un tiers de la croissance industrielle et, d'autre part, une certaine régression de la branche biens de consommation, due pour l'essentiel au déclin de l'habillement et du cuir . Quant à la branche des biens d'équipement , elle a été une des plus actives en 1998 et 1999. Elle a profité de la forte demande en biens d'investissement et en nouveaux produits ou nouveaux équipements, comme les équipements électroniques et les appareils de téléphonie.

VALEUR AJOUTÉE MANUFACTURIÈRE EN VOLUME PAR BRANCHE
(en  %)

1995

1996

1997

1998

1999

Biens de consommation

Automobile

Biens d'équipement

Biens intermédiaires

Ind. manufacturières (hors IAA)

22,7

8,1

23,5

45,8

100

22,0

8,5

22,9

46,6

100

21,5

9,5

23,0

46,1

100

20,6

10,5

23,2

45,6

100

20,3

11,1

23,7

44,9

100

Source : INSEE-Comptes de la Nation, 1999

La répartition des emplois par branche est donnée dans le tableau ci-dessous :

EMPLOI INTÉRIEUR SALARIÉ MANUFACTURIER PAR BRANCHE
(en  %)

1995

1996

1997

1998

1999

Biens de consommation

Automobile

Biens d'équipement

Biens intermédiaires

Ind. manufacturières (hors IAA)

24,1

8,3

23,6

44,1

100

23,6

8,4

23,9

44,2

100

23,5

8,1

23,9

44,5

100

23,2

8,0

24,0

44,8

100

23,0

8,0

24,2

44,8

100

Source : INSEE-Comptes de la Nation, 1999

NB : Les emplois intérimaires qui travaillent dans l'industrie sont comptabilisés en services marchands.

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