CHAPITRE III -

QUATRE ENJEUX POUR L'INDUSTRIE FRANÇAISE

Après avoir décrit l'action de l'Etat en matière industrielle, et brossé un rapide portrait de l'industrie française, votre rapporteur pour avis souhaite s'arrêter sur quatre thèmes d'actualité à son sens importants pour ce secteur de l'économie.

I. L'ATTRACTIVITÉ DE LA FRANCE POUR LES IMPLANTATIONS D'ENTREPRISES ÉTRANGÈRES

Votre commission se félicitait, l'an dernier, de la décision de Toyota -dont elle avait auditionné le représentant- d'implanter à Valenciennes son usine de production de la Yaris , tout en relevant qu'une décision aussi symbolique ne devait pas occulter les handicaps que constitueraient, à terme, les 35 heures et le maintien durable de prélèvements obligatoires élevés pour attirer d'autres investissements étrangers.

Un récent sondage , effectué par la société Ernst & Young auprès d'un échantillon de 350 dirigeants de filiales françaises de groupes internationaux, et dont les résultats ont été rendus publics fin octobre, ne fait que confirmer cette analyse. Il met en effet en lumière une certaine dégradation de l'attractivité du territoire français.

L'échantillon choisi pour ce sondage était composé de telle sorte que soient représentés tous les types d'entreprise, suivant leur taille, leur date d'implantation en France, leurs effectifs et le pays d'origine de ces sociétés.

A. DES ATOUTS QUI TIENNENT SURTOUT AUX CARACTÉRISTIQUES DU MARCHÉ FRANÇAIS

Les principaux atouts de la France identifiés par ces entreprises étrangères sont la position géographique , la taille du marché et la présence d' infrastructures de transport et de communication.

La France dispose également d'atouts en termes de qualité et de technicité de son économie (60 % des entreprises reconnaissent l'excellence scientifique et technique de la France).

D'autres critères, traditionnellement considérés comme les principaux points forts français, sont plus mitigés, mais néanmoins positifs : 40 % seulement des entreprises interrogées reconnaissent que la productivité de la main-d'oeuvre française est un atout.

Source : Ernst & Young

B. DES HANDICAPS QUI PÈSENT DE PLUS EN PLUS LOURD : LA FISCALITÉ ET LES RIGIDITES SOCIALES

Le sondage met en lumière la mauvaise image de la France, au sein de l'ensemble européen, auprès des dirigeants d'entreprises étrangères :

Source : Ernst & Young

En termes d'image, la France récolte ainsi un solde d'opinions négatives plus important que les opinions positives, contrairement à ses voisins européens.

Les principaux handicaps identifiés par ce sondage sont le poids des prélèvements obligatoires , les rigidités sociales et les 35 heures , cités par plus de 85 % des personnes interrogées :

Source : Ernst & Young

Ces handicaps ont en effet été récemment alourdis. Compte tenu de l'inertie inhérente à des prises de décisions d'implantation qui ne se concrétisent que 3 à 5 ans plus tard, on peut redouter une baisse de l'attractivité de la France dans les années à venir . Ainsi :

- deux tiers des personnes interrogées ne choisiraient pas la France si leur entreprise avait à faire aujourd'hui le choix d'une implantation en Europe ;

- 44 % des personnes interrogées indiquent envisager de délocaliser une partie des activités françaises de leur groupe (vers le Royaume-Uni, l'Allemagne ou les Pays-Bas, principalement).

Si l'attractivité de nos voisins européens compte pour une bonne part dans cette tentation de délocalisation, ce sont aussi trois défauts français qui jouent comme un repoussoir : la pression fiscale et sociale, les rigidités administratives et l'application des 35 heures.

Votre rapporteur pour avis considère que les indications fournies par cette étude sont préoccupantes, même si ces résultats très négatifs interviennent, il est vrai, dans un contexte traditionnellement positif pour les investissements directs étrangers en France.

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