Le résumé
Que représente l'Europe pour les Britanniques ? Un continent dont ils font partie mais dont ils ne veulent pas dépendre. En effet, les Britanniques se définissent par l'idée de liberté et par son corollaire, une certaine idée de l'indépendance nationale.
C'est pourquoi à leurs yeux, la construction européenne ne doit pas être autre chose qu'un projet économique. Le Marché unique, tout le marché unique, rien que le marché unique. Le scepticisme naît dès qu'on fait de l'Europe un projet politique.
Si l'on en croit nos amis britanniques, nous qualifions cette attitude d'euroscepticisme simplement parce nous ne la partageons pas, mais ils rappellent qu'il est illusoire de vouloir travailler avec eux sans garder en mémoire cette méfiance naturelle qui est la leur face à toute entreprise humaine où entre plus d'exaltation que de bon sens.
À partir de ce constat de la singularité britannique, le rapport s'attache à examiner les scénarios possibles sur la place du Royaume-Uni dans l'Union européenne.
Aujourd'hui le Royaume-Uni appelle de ses voeux une réforme de l'Union européenne ou à défaut un statut spécial pour ceux qui le souhaitent. Il n'y a là rien de nouveau et on discerne au contraire une belle continuité entre le Discours de Bruges en 1988 et le Discours de Bloomberg en 2013.
Les Britanniques veulent que l'Europe soit une famille de nations qui doivent se comprendre mieux, certes, s'apprécier davantage, entreprendre beaucoup plus ensemble, mais qui doivent surtout porter le même intérêt passionné à leur identité nationale qu'à cette entreprise commune qu'on appelle l'Union européenne.
Une telle philosophie peut-elle conduire à une sortie de l'Union ? Rien n'est moins sûr. Tout au plus à une renégociation, sauf si le Royaume-Uni, après les prochaines élections législatives du 7 mai, devait entrer dans une zone de turbulences politiques, faute d'un gouvernement stable jouissant d'une majorité solide au Parlement.