ALLEMAGNE
Aux termes de l'article 50 de la Loi fondamentale, « les Länder concourent à l'élaboration de la législation fédérale (...) par l'intermédiaire du Bundesrat. »
1) La Chambre haute a-t-elle le droit d'initiative ?
Le Bundesrat dans son ensemble partage le droit d'initiative législative avec le gouvernement et avec les membres du Bundestag : à la suite d'un vote à la majorité, il peut, par une résolution, décider de transmettre au gouvernement fédéral une proposition de loi.
2) La Chambre haute a-t-elle le droit d'amendement ?
Après avoir été adoptés par le Bundestag, tous les textes sont transmis au Bundesrat, qui peut s'y opposer, mais qui ne peut pas les amender.
3) La Chambre haute a-t-elle la possibilité de faire prévaloir sa position ?
L'accord
du Bundesrat est nécessaire pour l'adoption :
- des lois constitutionnelles ;
- des lois fédérales dites d'approbation. Il s'agit
essentiellement des lois fédérales qui touchent l'autonomie
administrative des
Länder
, ainsi que de celles qui mettent en cause
leurs recettes fiscales.
Pour les autres textes, le Bundestag peut surmonter l'opposition du Bundesrat.
LA PROCÉDURE LÉGISLATIVE ORDINAIRE
La procédure législative stricto sensu , qui commence après l'examen préalable, repose sur le principe selon lequel seuls les textes adoptés par le Bundestag sont transmis au Bundesrat, qui peut manifester son opposition, mais qui ne dispose pas du droit d'amendement . Dans chaque assemblée, les textes sont examinés en commission puis en séance publique.
L'examen préalable
• Les projets du gouvernement sont transmis au
Bundesrat,
qui dispose de six semaines pour rendre un avis préalable.
Ce
délai peut être réduit à trois semaines, lorsque le
gouvernement déclare l'urgence, ou porté à
neuf semaines si le Bundesrat le demande, compte tenu de l'importance du
texte.
L'avis préalable du Bundesrat n'influence pas le déroulement de
la procédure. Il permet de renseigner le gouvernement sur les
difficultés qu'il risque de rencontrer auprès des
Länder
, chargés de l'application de la plupart des lois.
L'avis préalable du Bundesrat donne lieu à une réponse du
gouvernement, qui ne peut toutefois pas modifier son projet initial. S'il le
fait, il doit à nouveau consulter le Bundesrat. Lorsqu'il transmet au
Bundestag un projet, le gouvernement adresse également l'avis
préalable du Bundesrat ainsi que la réponse qu'il a
suscitée.
Le gouvernement peut échapper à l'examen du Bundesrat en faisant
présenter par le Bundestag un texte préparé par ses
services, car
les propositions du Bundestag ne sont pas soumises à
l'examen préalable du Bundesrat
.
• Les propositions de loi du Bundesrat sont transmises au Bundestag par le
gouvernement dans les trois mois. Le gouvernement doit également
communiquer au Bundestag son propre avis sur ces propositions.
L'examen par le Bundestag
Quel
qu'en soit le promoteur,
tout texte est d'abord examiné par le
Bundestag
, où il fait l'objet de trois lectures :
- la première, qui constitue un débat d'orientation, est
suivie de la transmission du texte aux commissions compétentes ;
- la deuxième est consacrée à l'examen article par
article ;
- la troisième permet au Bundestag de se prononcer sur l'ensemble
du texte et a en général lieu immédiatement après
la deuxième.
L'examen par le Bundesrat et la suite de la procédure parlementaire
La
fonction essentielle du Bundesrat consiste à veiller à ce que les
lois fédérales ne portent pas atteinte aux intérêts
des
Länder
.
C'est pourquoi
le Bundesrat ne peut pas modifier les textes en discussion.
Il ne peut qu'amener le Bundestag à réexaminer un texte, en
utilisant son droit de veto ou en menaçant de le faire.
Selon que le texte requiert ou non l'approbation du Bundesrat, le droit de veto
est définitif ou suspensif.
a) Le droit de veto définitif
Le
Bundesrat ne peut s'opposer qu'aux lois pour lesquelles la
Loi fondamentale requiert son approbation et qui sont dites
d'approbation
.
La Loi fondamentale comporte en effet de nombreux articles qui précisent
que l'approbation du Bundesrat est nécessaire à l'adoption d'un
texte dans un domaine donné. Les lois d'approbation sont celles qui
concernent plus particulièrement les
Länder
,
c'est-à-dire essentiellement celles qui touchent leur autonomie
administrative et celles qui ont des répercussions sur leurs finances.
Comme la Loi fondamentale ne définit pas la notion de loi d'approbation
et qu'elle ne définit pas non plus de procédure permettant de
qualifier les textes, en cas de désaccord entre les deux
assemblées, le Bundestag pourrait ne pas tenir compte de la
décision du Bundesrat déclarant qu'un projet requiert son
approbation. Dans cette hypothèse, le principal recours du Bundesrat
consisterait à faire saisir le Tribunal constitutionnel par un
Land
.
Alors que l'on imaginait en 1949 que les lois d'approbation ne
représenteraient que 10 % des lois fédérales,
actuellement elles en constituent environ 60 %.
Cette situation
s'explique par le fait que la plupart des lois fédérales sont
appliquées par les
Länder
et qu'il suffit qu'une seule
disposition requière l'approbation du Bundesrat pour que la loi soit
qualifiée de loi d'approbation. En outre, les modifications de lois
comportant de telles dispositions requièrent à leur tour
l'approbation du Bundesrat lorsqu'elles portent sur ces dispositions ou
qu'elles introduisent de nouvelles règles qui ont des
conséquences importantes pour les
Länder
.
Après adoption d'une loi d'approbation par le Bundestag, le Bundesrat a
le choix entre trois possibilités :
- approuver, «
dans un délai
raisonnable
» d'après la Loi fondamentale, le texte
adopté par le Bundestag, ce qui équivaut à son adoption
définitive ;
- le rejeter, ce qui entraîne l'échec de la
procédure ;
- saisir la commission de conciliation dans les trois semaines qui suivent
la réception du texte adopté par le Bundestag.
Organe permanent, la commission de conciliation est paritaire. Chaque
Land
y est représenté. Elle rassemble donc seize
membres du Bundesrat et seize députés du Bundestag.
Chargée de trouver un texte de compromis, elle peut proposer de
maintenir le texte adopté par le Bundestag ou de le modifier. Dans cette
hypothèse, le Bundestag doit approuver la modification avant que le
texte ne soit à nouveau soumis au Bundesrat.
Celui-ci est donc saisi soit du texte initial soit du texte résultant
des travaux de la commission de conciliation puis adopté par le
Bundestag. L'approbation du texte par le Bundesrat équivaut à son
adoption définitive, tandis que l'opposition du Bundesrat
n'entraîne pas nécessairement l'échec définitif de
la procédure.
En effet, dans ce cas, la commission de conciliation peut être à
nouveau chargée de trouver un texte de compromis, puisque le Bundestag
et le gouvernement ont alors la faculté de la saisir. En théorie,
elle peut ainsi être conduite à s'occuper trois fois du même
texte. Le texte de la commission de conciliation est toujours soumis au
Bundestag puis au Bundesrat, chacune des deux assemblées devant
l'approuver pour qu'il soit adopté définitivement.
Depuis 1949, la commission de conciliation a été saisie dans
13 % des procédures, presque toujours par le Bundesrat.
b) Le droit de veto suspensif
Pour les
lois qui ne sont pas des lois d'approbation, le Bundesrat ne dispose que d'un
veto suspensif. S'il souhaite l'exercer, il doit, dans les trois semaines qui
suivent la réception du texte adopté par le Bundestag, demander
la réunion de la commission de conciliation.
Si la commission de conciliation ne propose aucune modification au texte
adopté par le Bundestag, le Bundesrat dispose de deux semaines pour
opposer son veto.
Ce veto n'est que suspensif, le Bundestag peut le surmonter. Il doit pour cela
réunir une majorité qualifiée, variable selon l'importance
de l'opposition manifestée au Bundesrat. Si le veto du Bundesrat a
été adopté à la majorité absolue, un vote de
la majorité des membres constituant le Bundestag suffit pour lever
l'opposition. Si le veto du Bundesrat a été adopté
à la majorité des deux tiers, la décision du Bundestag
doit recueillir les deux tiers des suffrages exprimés et l'approbation
de la moitié de ses membres.
Si le Bundesrat n'utilise pas son droit de veto ou s'il ne s'oppose pas
à la proposition de la commission de conciliation, le texte est
définitivement adopté.
La promulgation
La
procédure s'achève avec la promulgation par le président
fédéral. La formulation de l'article 82 de la Loi
fondamentale permet au président de vérifier la
régularité de la procédure législative. Cet article
dispose en effet que : «
Les lois définitivement
adoptées conformément aux dispositions de la présente Loi
fondamentale sont, après contreseing, signées par le
président fédéral et publiées au Journal officiel
fédéral.
»
Ainsi, le président fédéral peut refuser de promulguer une
loi s'il estime qu'il s'agissait d'une loi d'approbation, qui aurait donc
dû recueillir l'accord du Bundesrat, et que le Bundestag en a
décidé autrement.
LES PROCÉDURES LÉGISLATIVES SPÉCIALES
Les lois constitutionnelles
La
procédure législative ordinaire s'applique, mais avec deux
particularités :
- le Bundesrat dispose de neuf semaines pour rendre son avis
préalable au gouvernement avant l'examen du projet par le
Bundestag ;
- l'adoption de la révision constitutionnelle requiert une
majorité des deux tiers dans chacune des deux assemblées.
Les lois de finances
Les
projets de loi de finances sont déposés au Bundestag en
même temps qu'ils sont transmis au Bundesrat. Celui-ci dispose de
six semaines pour prendre position. Ce délai est réduit
à trois semaines pour les projets de loi de finances rectificative.
Le Bundesrat ne dispose que d'un droit de veto suspensif à
l'égard des lois de finances.