DANEMARK
La
loi n° 1054 du 23 décembre 1992 sur l'état
d'alerte
, entrée en vigueur le 1
er
janvier 1993, a
remplacé les anciennes lois sur l'état d'alerte, sur la
protection civile, et sur la lutte contre l'incendie. Cette loi a
regroupé toutes les compétences en matière de secours. La
prévention des risques, ainsi que les secours aux personnes et la
défense des biens et de l'environnement à la suite d'accidents ou
de catastrophes, sont assurés par une même unité, au niveau
municipal ou régional selon les cas. De plus, la loi s'applique en temps
de paix comme en temps de guerre.
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I. L'ORGANISATION DES SERVICES D'INCENDIE ET DE SECOURS
La lutte
contre l'incendie fait partie des missions de secours. En tant que telle, elle
relève de la
compétence des communes
,
qui ont
l'obligation de créer une commission des secours, chargée de
l'administration des services correspondants. Le conseil municipal
détermine l'effectif de cette commission, présidée par le
maire et composée du commissaire de police et de plusieurs membres du
conseil municipal.
L'arrêté de 1994 impose de nombreuses contraintes aux communes
pour l'organisation des services de secours.
En effet, cet arrêté précise le matériel minimum
dont chaque commune doit disposer. Il dépend de l'importance de la
population. Lorsque cette dernière dépasse
200 000 habitants, le ministre de l'Intérieur, en concertation
avec la commune intéressée, détermine
spécifiquement le matériel nécessaire.
L'arrêté indique aussi la durée qui doit séparer
l'alerte de l'arrivée sur place des premiers secours :
- dix minutes dans les secteurs densément peuplés ;
- quinze minutes dans les autres.
Il précise également la composition des équipes de premier
départ : un chef de groupe et au moins sept personnes, sauf
dans les casernes qui correspondent à moins de 8 000 habitants
et où le chef de groupe peut n'être accompagné que de cinq
personnes.
Pour satisfaire à toutes ces exigences, les communes peuvent disposer de
leurs propres services, passer des accords avec les communes voisines ou
sous-traiter
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))
à une
entreprise privée. En pratique,
les deux tiers des communes danoises
ont passé un contrat avec l'entreprise Falck
. Les communes ont
également la possibilité de sous-traiter à l'un des
services régionaux.
Il existe en effet
six services régionaux
qui prêtent
assistance aux services municipaux en cas de besoin, c'est-à-dire
lorsque la nature ou l'ampleur de la catastrophe dépasse les
possibilités de la commune concernée, voire des communes
voisines. Par ailleurs, sept services municipaux ont été
désignés par le ministère de l'Intérieur pour
fonctionner comme services d'appui aux autres communes en cas de besoin.
Lorsque les services régionaux ou les services municipaux d'appui
interviennent, ils doivent le faire dans le délai d'une heure.
L'ensemble du dispositif est placé sous l'autorité du
ministère de l'Intérieur
. Au sein du ministère, il
existe une entité
ad hoc
, l'
Agence de gestion des
situations d'urgence
, qui supervise l'ensemble, conseille les
différents intervenants et contrôle l'ensemble des services de
secours. Ainsi, l'Agence doit approuver les accords passés par une
commune pour transférer, à un prestataire privé par
exemple, l'exécution des missions que la loi de 1992 lui impose.
II. LES DIFFÉRENTES CATÉGORIES DE SAPEURS-POMPIERS
1. Les sapeurs-pompiers municipaux
Lorsque
la commune n'a pas conclu d'accord avec une société privée
et qu'elle dispose de son propre corps de sapeurs-pompiers, ce dernier comporte
en général uniquement des professionnels, employés
à temps plein ou à temps partiel.
Les sapeurs-pompiers professionnels à temps plein, au nombre de
1 700, sont surtout employés dans les villes de plus de
100 000 habitants
. En effet, celles-ci ont l'obligation
d'entretenir une présence continue, jour et nuit, dans leurs casernes.
Leurs pompiers doivent être prêts à quitter le centre de
secours dans la minute qui suit l'alerte. Seules les villes de Copenhague,
Frederiksberg et Gentofte n'emploient que des sapeurs-pompiers professionnels
à temps plein.
Les sapeurs-pompiers professionnels employés à temps partiel
sont environ 3 400 et constituent la majorité des sapeurs-pompiers
danois
. Ils ont une activité professionnelle principale et sont, en
outre, sapeurs-pompiers. Ils sont rémunérés pour cette
seconde activité. Ils ont l'obligation d'exercer leur activité
professionnelle principale à proximité du centre de secours dont
ils dépendent, car ils doivent être prêts à quitter
leur centre de secours dans les cinq minutes qui suivent l'alerte. Cette
contrainte explique les difficultés de recrutement.
Les sapeurs-pompiers volontaires
sont surtout présents dans le
Jutland méridional, c'est-à-dire dans la région
frontalière avec l'Allemagne. Les volontaires sont au nombre de
1 700.
2. Les sapeurs-pompiers des services régionaux
Dans
leur grande majorité, il s'agit de conscrits
. En effet, la loi de
1992 permet au ministre de l'Intérieur de déterminer le nombre de
conscrits appelés à effectuer leur service militaire comme
sapeurs-pompiers. Chaque année, environ 1 400 conscrits
reçoivent une formation de sapeurs-pompiers. Cinq cents d'entre
eux reçoivent une formation de six mois avant d'être
affectés à un service régional. Les autres
reçoivent une formation de trois mois, puis ils sont affectés
à l'une des communes que le ministère de l'Intérieur
charge de compétences spécifiques en matière de protection
civile.
Leur service militaire achevé, ils sont versés dans la
réserve, où ils demeurent jusqu'à l'âge de
cinquante ans. Ils forment un vivier de recrutement pour les
sapeurs-pompiers municipaux.
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En outre, la loi de 1992 prévoit que, si les circonstances le justifient, le ministre de l'Intérieur peut fixer des règles relatives à la participation forcée des résidents âgés de seize à soixante-cinq ans à la lutte contre l'incendie.
III. LES MISSIONS DES CORPS DE SAPEURS-POMPIERS
Le
règlement du 10 août 1994 sur l'organisation,
l'activité, le matériel et la taille des services de secours
municipaux précise que ces derniers sont chargés d'intervenir en
cas d'incendie, déclaré ou menaçant, d'éboulement
de terrain, d'accident de la circulation routière ou ferroviaire,
d'accident de navigation survenu à quai, de catastrophe aérienne,
de calamité naturelle ou d'accident important causé par des
matières dangereuses.
En outre, ils doivent pouvoir prendre en charge l'accueil et
l'hébergement des personnes qui ont été
évacuées ou qui se trouvent dans le besoin.
C'est pourquoi les pompiers peuvent aussi bien être appelés
à combattre le feu qu'à assurer le transport des
blessés.
IV. LE STATUT DES SAPEURS-POMPIERS
1. Les sapeurs-pompiers professionnels
a) La
formation
La formation de sapeur-pompier, réservée aux personnes qui
détiennent le diplôme de secouriste depuis moins de trois ans,
s'effectue en plusieurs étapes :
- au cours de la première année, la formation de base, d'une
durée de trente-sept heures, se termine par une épreuve dont le
succès permet à l'intéressé de participer aux
opérations de lutte contre l'incendie, à l'exception des
opérations de désenfumage ;
- avant la fin de la quatrième année, la formation
avancée, d'une durée de cent onze heures, se termine par une
épreuve pratique et par un examen écrit, et permet à celui
qui l'a achevée d'agir de façon autonome.
Cette formation doit être complétée, avant la fin de la
cinquième année, par une formation spécialisée,
d'une durée de trente-sept heures et consacrée au sauvetage des
victimes d'incendie et aux premiers soins en cas de catastrophe.
b) La durée de l'engagement
Elle n'est pas limitée. En revanche, les employeurs (c'est-à-dire
les communes les plus importantes et la société Falck) fixent
à environ quarante ans la limite d'âge au-delà de
laquelle il n'est pas possible de demander à intégrer un corps de
sapeurs-pompiers professionnels.
c) L'organisation du temps de travail
Les sapeurs-pompiers professionnels employés à temps plein
travaillent généralement vingt-quatre heures de suite avant de
disposer de soixante-douze heures de repos.
d) L'âge de la retraite
Il n'existe aucune disposition particulière relative aux
sapeurs-pompiers. Ils peuvent donc exercer leur profession jusqu'à
soixante-sept ans, âge normal de la retraite.
2. Les sapeurs-pompiers volontaires
Ils sont actuellement très peu nombreux, mais le ministère de l'Intérieur souhaite augmenter leur participation. C'est pourquoi il envisage un cycle de formation plus léger pour les sapeurs-pompiers volontaires. En effet, actuellement les sapeurs-pompiers volontaires ont l'obligation de suivre la même formation que les sapeurs-pompiers professionnels . Or, cette formation, assez lourde, coûte cher aux communes.