NOTE DE SYNTHESE
En
France, malgré l'ordonnance du 21 avril 1944 qui prévoit que
"
les femmes sont électrices et éligibles dans les
mêmes conditions que les hommes
", le nombre des femmes
élues au Parlement ou dans les assemblées territoriales reste
assez faible : le Parlement compte moins de 10 % de femmes, le
pourcentage de femmes membres de conseils municipaux s'élève
à 22 %, et les femmes constituent environ le quart de l'effectif
des conseils régionaux.
Afin de remédier à l'insuffisante représentation des
femmes dans la vie politique, la loi constitutionnelle du 8 juillet 1999
relative à l'égalité entre les femmes et les hommes a
modifié deux articles de la Constitution. Elle a ajouté :
- à l'article 3, un cinquième alinéa, selon
lequel : "
La loi favorise l'égal accès des femmes
et des hommes aux mandats électoraux et fonctions
électives
" ;
- à l'article 4, un second alinéa, qui prévoit que
les partis politiques auront la responsabilité de mettre en oeuvre,
"
dans les conditions déterminées par la loi
",
le principe posé par le nouvel alinéa de l'article 3.
Pour permettre l'application de ces dispositions constitutionnelles, le
gouvernement doit élaborer un projet de loi qui devrait être
adopté par le Parlement au cours du premier semestre de l'année
2000.
Le rapport préalable à l'élaboration de ce projet de loi,
demandé par le Premier ministre à Mme Dominique Gillot,
alors rapporteur général de l'Observatoire de la parité,
préconise plusieurs mesures, qui ne seraient toutefois applicables ni
aux élections municipales dans les communes de moins de
3 500 habitants, ni aux élections qui se déroulent au
scrutin uninominal (législatives, cantonales et sénatoriales dans
les départements où il y a moins de cinq sénateurs).
Les principales propositions sont les suivantes :
- fixer à 40 % le pourcentage de femmes pour les candidatures aux
élections municipales de 2001 ;
- imposer l'alternance (un homme, une femme) et porter ce pourcentage
à 50 % pour les élections municipales de 2007, ainsi que
pour les autres scrutins de liste, c'est-à-dire pour les
élections régionales, les élections européennes et
les élections sénatoriales dans les départements qui ont
droit à au moins cinq sièges de sénateurs ;
- créer un " fonds de la mixité ", dont pourraient
seuls bénéficier les partis politiques ayant fait les efforts
définis par la loi sur la parité.
Il semble cependant que le projet de loi, qui n'a pas encore été
présenté au conseil des ministres, ne contienne aucune
disposition sur l'alternance.
Pour apprécier la portée de ces propositions, il a semblé
nécessaire d'analyser les principales dispositions prises pour
accroître la place des femmes dans la vie politique dans quelques pays
européens. L'
Allemagne
, la
Belgique
, l'
Espagne
, la
Finlande
, l'
Italie
, le
Luxembourg
, le
Portugal
, le
Royaume-Uni
ont été retenus.
L'examen de la situation dans ces huit pays fait apparaître que :
- actuellement, seule la Belgique dispose d'une loi sur les quotas ;
- la place des femmes dans les institutions politiques dépend de
l'attitude des partis ;
- si elle a beaucoup augmenté au cours de ces dernières
années, la place des femmes dans la vie politique demeure très
variable d'un pays à l'autre.
1) La Belgique est le seul pays qui dispose actuellement d'une loi sur les
quotas
a) La loi belge garantit aux femmes au moins un tiers des candidatures aux
élections
La loi du 24 mai 1994 visant à promouvoir une répartition
équilibrée des hommes et des femmes sur les listes de
candidatures aux élections
, qui s'applique à toutes les
élections,
interdit
en effet
que plus des deux tiers des
candidats inscrits sur une liste donnée appartiennent au même
sexe.
Cependant, la loi ne comporte aucune obligation de placer les femmes en
position éligible.
b) L'Italie et le Portugal ont tenté d'introduire des dispositions
similaires
En Italie, la Cour constitutionnelle a invalidé, en 1995, les
dispositions que le Parlement avait adoptées en faveur des femmes en
1993. Ces mesures réservaient aux femmes au moins un tiers des
candidatures aux élections municipales et prévoyaient, pour les
députés élus à la représentation
proportionnelle, l'alternance d'un homme et d'une femme sur les listes de
candidats.
Depuis lors, le Parlement a approuvé, en mars 1999, à l'occasion
de la discussion du texte sur le financement public des partis politiques, un
amendement d'origine parlementaire selon lequel chaque parti doit affecter au
moins 5 % des sommes reçues au titre du remboursement des frais de
campagne à des actions destinées à augmenter la
participation des femmes à la vie politique. Par ailleurs, le projet de
loi constitutionnelle sur le fédéralisme, dont l'adoption devrait
avoir lieu avant la fin de la législature, prévoit d'introduire
une disposition aux termes de laquelle les lois, nationales et
régionales, favorisent l'équilibre de la représentation
entre les sexes. Une telle prescription, inscrite dans la Constitution,
empêcherait alors la Cour constitutionnelle d'annuler une
éventuelle loi sur les quotas.
Au Portugal, le projet du gouvernement qui prévoyait de
réserver aux femmes 25 % des candidatures pour les élections
européennes de juin 1999 ainsi que pour les élections
législatives d'octobre 1999, et 33,33 % pour les élections
européennes et législatives suivantes a été
rejeté par l'Assemblée de la République en mars 1999
.
Ce projet avait été déposé en application de
l'article 109 de la Constitution, lui-même adopté en
septembre 1997, et qui énonce : "
La participation directe
et active des hommes et des femmes à la vie politique constitue la
condition et l'instrument fondamental de la consolidation du système
démocratique, la loi devant promouvoir l'égalité dans
l'exercice des droits civiques et politiques et la non-discrimination pour
l'accès aux fonctions politiques
".
2)
Dans tous les pays, la place des femmes dans les institutions
politiques dépend de l'attitude des partis
La loi belge sur les quotas est telle que, tout comme dans les autres pays, les
partis conservent l'initiative de placer ou non les femmes en position
éligible. A cet égard, ils ont adopté des positions
très différentes : pour les élections à la
Chambre des représentants, seuls les sociaux-chrétiens flamands
ont placé environ un tiers de femmes en position éligible. En
revanche, pour les élections sénatoriales, presque tous l'ont
fait.
Malgré l'absence de dispositions contraignantes,
les principaux
partis allemands ont modifié leurs statuts au cours des dernières
années pour réserver aux femmes un certain pourcentage des
candidatures aux mandats électifs
. Au SPD, l'introduction des quotas
a été progressive à partir de l'année 1988.
Actuellement, 40 % des candidatures aux élections sont
réservés aux femmes. A la CDU/CSU, la modification statutaire est
plus récente, puisqu'elle remonte à 1996, et 30 % des
candidatures doivent revenir aux femmes. Quant aux Verts, sur les listes de
candidats, ils attribuent les places impaires aux femmes et les places paires
aux hommes.
Sans nécessairement les inscrire dans leurs statuts, de nombreux partis
ont pris des décisions similaires à celles des partis allemands.
Après le rejet du projet sur les quotas au Portugal, le parti socialiste
a par exemple décidé de réserver 25 % des
candidatures aux élections législatives à des femmes et
d'augmenter ce pourcentage à 33 % pour les prochaines
élections.
3) La place des femmes dans les institutions politiques a augmenté au
cours des dernières années, mais varie encore beaucoup d'un pays
à l'autre
Dans tous les pays étudiés, le pourcentage des femmes qui
siègent dans des assemblées élues (Parlement
européen, parlement national, conseils municipaux, etc.) ou qui sont
membres d'un gouvernement a nettement augmenté au cours des
dernières années.
De tous les pays étudiés, celui où la place des femmes est
la plus importante est la Finlande, où elles représentent
44 % de l'effectif du gouvernement, 37 % de celui du Parlement
national et 43 % des députés européens. Dans ce pays,
un amendement à la loi sur l'égalité entre femmes et
hommes a introduit en 1995 un pourcentage de femmes dans les organes de
préparation et de prise de décision des administrations
publiques. Cependant, cette disposition ne s'applique ni au Parlement ni aux
conseils municipaux.
Dans les autres pays, la proportion de femmes varie généralement
entre 10 % et 40 % selon le pays et l'organe
considérés. Il apparaît que la place des femmes est moins
grande dans les pays méditerranéens que dans les autres, les
pourcentages y étant rarement supérieurs à 20, tandis
qu'ils oscillent autour de 30 en Allemagne.