Le rôle des bailleurs de fonds et les opportunités
pour les entreprises
Hafez GHANEM
Représentant de la Banque Mondiale à Madagascar
Mesdames et Messieurs, c'est un grand plaisir pour la Banque Mondiale d'intervenir devant vous aujourd'hui. Pour vous expliquer au mieux le rôle des bailleurs de fonds à Madagascar, je souhaite avant toute chose vous faire part de notre lecture du pays. Notre mission première est la lutte contre la pauvreté.
I. Situation de Madagascar
Le PIB par tête à Madagascar s'établit à 250 dollars par an, ce qui témoigne de la pauvreté du pays. Entre 1997 et 2001, le PIB malgache a augmenté de 6 % avant de décroître de près de 12 % en 2002. Cette croissance est avant tout le fait du secteur secondaire, lequel a été le plus spectaculairement touché par la crise de 2002.
Malgré le dynamisme du pays avant la crise, le niveau de pauvreté est resté très alarmant. En d'autres termes, la croissance n'a eu aucun impact sur l'indigence des populations, en particulier en milieu rural. Pour mieux comprendre le phénomène, la Banque Mondiale a réalisé différentes études, reposant notamment sur des entretiens avec des populations pauvres ( focus groups ). Il en ressort que la pauvreté est également répartie sur le territoire malgache mais concerne avant tout les zones rurales. Plus les populations sont éloignées des infrastructures de transport, plus grande est leur indigence. Enfin, il existe un lien de corrélation fort entre pauvreté et scolarisation : à l'aune des statistiques que nous avons établies, nous avons pu constater que les populations ayant suivies une scolarité primaire voient leur niveau de pauvreté reculer de 6 %.
II. Secteurs d'intervention de la Banque Mondiale
De mes précédentes explications, vous aurez compris qu'une large part de notre aide porte sur le développement rural et les infrastructures. Mais l'appui aux secteurs sociaux et l'aide au développement de la bonne gouvernance comptent également au nombre de nos priorités.
1. Bonne gouvernance
Soutenir la bonne gouvernance nous paraît d'autant plus essentiel que les pratiques anciennes portaient atteinte à l'efficacité de nos programmes. De plus, il ne fait, à nos yeux, aucun doute qu'en mettant l'accent sur ces bonnes pratiques, Madagascar sera plus attractive pour les investisseurs.
Les efforts, en matière de bonne gouvernance, doivent porter sur :
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· les systèmes de passation de marchés ;
· le contrôle financier et budgétaire ;
· les douanes ;
· la justice ;
· la lutte contre la corruption ;
· la gestion des ressources naturelles.
2. Soutien au développement rural
Le secteur rural étant très important à Madagascar, il nous a paru essentiel de soutenir le développement rural. Nous y consacrons quelque 89 millions de dollars. Cet appui est essentiellement destiné aux investissements productifs.
3. Programme environnemental
La Banque Mondiale est convaincue, à l'instar du Gouvernement malgache, qu'il ne saurait y avoir de développement durable sans volet environnemental. Il existe en effet un lien très fort entre l'environnement et la pauvreté. Cela s'explique notamment par l'épuisement des sols ou les pratiques de déforestation non contrôlée.
Nous avons également mis en place un programme de protection des parcs nationaux, en partenariat avec les partenaires privés, afin de contribuer au développement de l'éco-tourisme.
4. Programme routier
En collaboration avec le Gouvernement malgache, nous nous sommes fixés pour objectif de réhabiliter, via un programme quinquennal, l'ensemble du réseau routier. Au total, près d'un milliard de dollars, alloués par le Gouvernement, la Banque Mondiale et la Commission Européenne notamment, seront consacrés à ce programme.
L'élaboration du programme est achevée, reste la question de sa mise en oeuvre. Je crains fort que les rares entreprises de travaux publics présentes sur le territoire malgache ne soient pas en mesure de le réaliser seules. J'en appelle donc aux investisseurs intéressés !
5. Action sur les transports aériens et ferroviaires
La Banque Mondiale a, dans ce domaine, conclu des partenariats avec le secteur privé.
6. Energie et eau
Notre action dans le domaine de l'énergie et de l'eau est largement soutenue par l'AFD. Nous souhaitons, en ligne avec le programme gouvernemental, encourager la production privée d'électricité, afin de répondre mieux aux besoins du pays. Les grands bailleurs de fonds financent le volet public de ce projet, notamment via la création d'une agence de l'Electricité.
7. Education et santé
La Banque Mondiale, fidèle à ses traditions et en collaboration avec la Banque africaine de Développement, souhaite contribuer à la rénovation du système scolaire. Il importe notamment que tous les enfants puissent arriver au terme du cycle primaire.
8. Réduction de la dette
Madagascar - comme vous le savez - a bénéficié d'une réduction annuelle du service de la dette de 55 millions de dollars.
III. Conclusion
Les richesses naturelles et humaines de Madagascar nous laissent espérer que ce pays retrouvera des taux de croissance élevée à court et moyen termes. Le programme de relance présenté par le Gouvernement et soutenu par les grands bailleurs de fonds offre des opportunités intéressantes aux entreprises et aux investisseurs étrangers. En définitive, l'avenir de Madagascar nous semble se profiler sous un jour favorable.