Situation économique et financière
Andriamparany RADAVIDSON
Ministre de l'Economie, des Finances et du Budget de Madagascar
Monsieur le Président du Sénat, Messieurs les Sénateurs, Monsieur le Vice-Premier Ministre, honorables invités, il m'échoit aujourd'hui de vous parler de la situation économique et financière de Madagascar. Mon intervention portera essentiellement sur la situation de notre pays en 2002. Je dirai également quelques mots des perspectives pour 2003.
I. Contexte économique et financier en 2002
La crise suscitée par les élections en 2001 a déclenché, en 2002, le blocage de l'économie et a fortement contribué à développer la pauvreté à Madagascar. La mise au chômage technique, l'arrêt des activités touristiques ou le recul de 21 % de l'indice des prix n'en sont que quelques exemples.
La crise a détérioré gravement la situation financière des entreprises publiques comme privées. En juin 2002, les recettes publiques accusaient un recul de 41 % par rapport à juillet 2001. Pendant les six mois qu'a duré la crise, les autorités n'ont pu mettre en oeuvre le budget 2002. Toutefois, les salaires des fonctionnaires ont pu être versés.
Au second semestre 2002, le Gouvernement a initié un vaste programme visant à corriger les effets de la crise, dans trois directions :
-
· les actions publiques ;
· les réformes à destination des entreprises privées ;
· la mise en oeuvre du principe de bonne gouvernance.
Le Gouvernement a pris une série de mesures à caractère fiscal : suspension de l'acompte sur l'IBS, l'apuration des mandats en instance au Trésor public, la suppression de la fiscalité douanière sur les engrais, les intrants du secteur textile ou le papier.
Pour aider les entreprises à reconstituer leurs fonds de roulement, un Fonds de garantie a été constitué, avec l'aide significative de l'AFD. Pour limiter l'impact social négatif de la crise, les frais de scolarité ont été supprimés pour une durée de six mois.
Au mois de septembre 2002, le budget a enfin pu être mis en oeuvre. Ainsi, malgré les effets de la crise, le Gouvernement a su juguler les dépenses courantes ou l'endettement.
Dans le cadre de sa politique de bonne gouvernance, le Gouvernement a nommé de nouveaux fonctionnaires, mis en place un conseil de lutte contre la corruption, multiplié les organes de contrôle au nombre desquels la CDE. Une action d'envergure a également été menée pour améliorer l'efficacité de l'administration douanière, notamment pour limiter les fraudes.
Concernant la balance des paiements et la dette extérieure, il convient de souligner une baisse de 46 % des exportations entre 2001 et 2002. La reprise des exportations s'est effectuée graduellement car la consommation restait faible. En 2002, le déficit courant s'établissait à 5,3 % du PIB, soit une légère augmentation par rapport à l'exercice précédent. Nous avons, toute l'année, déploré une inflation élevée. Pour y remédier, le Gouvernement a procédé à la réouverture du marché des devises et du marché des bons du Trésor. Malgré la crise, Madagascar a maintenu la politique de change flottant qui caractérise sa politique monétaire.
II. Les perspectives pour l'année 2003
En 2003, les autorités sont déterminées à relancer l'économie en collaboration avec ses partenaires bilatéraux et multilatéraux. Il s'agira notamment de reconstruire les infrastructures du pays, relancer l'économie, réduire la pauvreté.
La relance des activités des secteurs secondaire et tertiaire devrait permettre d'atteindre un taux de croissance de l'ordre de 6,8 %. Le secteur du BTP et celui du transport devraient notamment connaître une forte croissance.
Pour le secteur primaire, une réduction des taxes pour les intrants est d'ores et déjà envisagée. Néanmoins, la croissance de ce secteur devrait rester inférieure à celle des secteurs secondaire et tertiaire. J'attire en outre votre attention sur l'ambition que s'est fixée le Gouvernement en matière d'inflation : celle-ci ne devrait pas excéder 9 % en 2003.
Nous pensons, par ailleurs, que les échanges commerciaux avec nos divers partenaires devraient s'intensifier. Afin de préserver la compétitivité du pays, le Gouvernement -je viens de le souligner- maintiendra sa politique de taux de change flexibles.
Pour mettre en oeuvre son programme de relance économique, le Gouvernement s'appuiera largement sur la fiscalité. Seront ainsi prévus :
-
· un allègement fiscal ;
· l'élargissement de l'assiette fiscale ;
· le renforcement des capacités de l'administration fiscale ;
· l'allégement des taxes pour les entreprises et les coopératives ;
· l'exonération des indemnités de départ à la retraite des salariés.
Le programme d'investissement public 2003 favorisera la reconstruction à court terme et des actions de consolidation à moyen terme. Nos bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux contribueront largement à ce programme. En effet, il sera financé pour :
-
· 33 % sur les ressources propres de l'Etat ;
· 5 % sur les IPPTE ;
· 62 % par des ressources extérieures.
Son montant total sera toutefois en diminution de 31 %, en termes d'inscriptions, par rapport à 2002. Néanmoins, nous sommes convaincus que ce programme pourra être réalisé dans son intégralité. A ce stade, sachez qu'en vertu des dispositions appliquées aux membres du Club de Paris, le montant de notre dette extérieure devrait sensiblement diminuer. L'objectif de la politique monétaire en 2003 vise essentiellement à limiter l'inflation qui ne devra pas excéder 9 %. Au cours du premier trimestre 2003, des assouplissements ont été consentis dans notre politique monétaire. Ainsi, les taux directeurs sont passés de 9 à 7 %. Je terminerai mon propos en soulignant le fait que l'année 2003 sera placée sous le signe de la lutte contre la pauvreté. Cette ambition est clairement définie dans le DSRP. Comme vous pouvez le constater, notre pays a adopté une politique incitative à l'égard des investisseurs étrangers. Toutefois, je suis intimement convaincu que - s'ils le souhaitent - les acteurs français auront la primeur, du fait, notamment, de notre communauté linguistique et de nos liens historiques. Je vous remercie de votre attention.