Groupe interparlementaire
France-Madagascar et pays de l'Océan indien
Un développement durable et rapide
est-il enfin possible ?
Actes du colloque
du 27 février 2003
Sous le haut patronage de :
Christian PONCELET
Président du Sénat
Guy RAJEMISON
Président du Sénat malgache
Jean-Pierre TROTIGNON
Directeur général du Centre français du commerce extérieur et d'UBIFrance
en présence de :
Zaza RAMANDIMBIARISON, Vice-Premier Ministre chargé des programmes économiques, Ministre des Transports, des Travaux publics et de l'Aménagement du territoire
Andriamparany RADAVIDSON , Ministre de l'Economie, des Finances et du Budget
S.Exc. Catherine BOIVINEAU, Ambassadeur de France à Madagascar
S.Exc. Jean-Pierre RAZAFY-ANDRIAMIHAINGO, Ambassadeur de Madagascar en France
sous l'égide de :
Jean FAURE
Questeur du Sénat, Président du groupe interparlementaire France-Madagascar
- SERVICE DES RELATIONS INTERNATIONALES -
Madagascar
Un développement durable et rapide est-il enfin possible ?
Ouverture
Christian PONCELET
Président du Sénat
Monsieur le Président du Sénat de Madagascar, Monsieur le Vice-Premier Ministre, Monsieur le Ministre, Madame et Monsieur les Ambassadeurs, Monsieur le Directeur général du CFCE, chers collègues, Mesdames et Messieurs,
Le Sénat est particulièrement heureux d'accueillir aujourd'hui ce colloque économique sur Madagascar, organisé sous l'égide du groupe interparlementaire France-Madagascar et pays de l'Océan Indien, en partenariat avec nos amis du Centre français du commerce extérieur et en collaboration étroite avec l'ambassade de Madagascar en France et l'ambassade de France à Madagascar.
Le mérite de cette rencontre revient, en très large part, au Président du groupe interparlementaire, notre collègue et ami, Jean Faure, excellent connaisseur de Madagascar, qui n'a pas ménagé ses efforts - comme moi d'ailleurs, je peux maintenant vous en faire la confidence - pour que la Grande Ile en finisse avec une longue crise politique, se relève et s'engage résolument et rapidement dans la voie d'un développement économique et social durable. Comme vous le savez, ces deux adjectifs sont étroitement liés.
Avec les autres membres de son groupe, il s'est fortement investi pour que cette journée soit un succès, tant pour nos entreprises que pour nos partenaires malgaches. Un accident bénin l'empêche de participer à cette journée, et il m'a demandé de vous dire à quel point il le regrettait et de vous présenter toutes ses amitiés et ses voeux de succès pour cette journée. Je sais qu'en cet instant, il est de tout coeur avec nous. Il était d'ailleurs il y a encore quelques jours avec le Ministre délégué à la Coopération, Pierre-André Wiltzer, à Madagascar pour oeuvrer, comme toujours, à l'approfondissement des relations franco-malgaches.
Je voudrais également saluer Monsieur Jean-Pierre Trotignon, nouveau directeur général du CFCE et d'UBIFrance, qui participe es qualité pour la première fois à un colloque organisé conjointement entre le Sénat et le CFCE. Je lui souhaite la bienvenue parmi nous.
Sachez, Monsieur le Directeur général, que ces colloques sont déjà devenus une pratique ancienne pour nos deux maisons. Les participants s'en sont toujours félicités. Pour ma part, je souhaite vivement que nous puissions poursuivre cette collaboration fructueuse, amorcée en 1997, et qui, aux dires de nombreux participants, a une réelle utilité et produit d'indéniables résultats.
Aujourd'hui, je voudrais surtout souligner qu'il s'agit de la première manifestation que nous consacrons à Madagascar, la « Grande Ile » de l'Océan Indien, la « perle de l'Afrique », avec laquelle nous sommes plus que jamais heureux de renforcer les liens profonds d'amitié qui nous unissent depuis déjà longtemps. Lamartine écrivait « Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s'attache à notre âme, et la force à aimer ? ». De même, il existe entre la France et Madagascar des liens qui nous poussent irrésistiblement les uns vers les autres.
La qualité de ces relations se mesure notamment à l'importance des personnalités malgaches présentes avec nous ce matin. Je voudrais d'abord saluer mon collègue, Guy Rajemison, président du Sénat de Madagascar. Votre Sénat, Monsieur le Président, est une toute jeune institution. Sachez qu'il a un grand frère à Paris, prêt à établir avec vous des relations étroites et amicales, de travail et de coopération.
Nous sommes en effet très attachés au bicamérisme, facteur d'amélioration de la législation et d'équilibre des institutions. Un Sénat est en effet indubitablement un garant de démocratie. Nous souhaitons que le Sénat malgache puisse pleinement jouer ce rôle, tout en représentant les différents territoires de votre grand et magnifique pays.
Vous êtes accompagné de deux membres du Gouvernement présidé par Monsieur Jacques Sylla, Premier ministre, que j'ai eu le plaisir d'accueillir au Sénat au mois de juillet dernier - nos échanges furent d'ailleurs particulièrement fructueux :
-
- Monsieur Ramandimbiarison, Vice-Premier Ministre chargé des Programmes économiques et Ministre des Transports, des Travaux publics et de l'Aménagement du Territoire ;
- Monsieur Radavidson, Ministre de l'Economie, des Finances et du Budget - et l'on sait quelle importance revêt ce ministère dans nos deux pays !.
Je vous souhaite la bienvenue, Messieurs les Ministres. Je sais combien les nombreux participants à ce colloque sont impatients d'entendre vos propos et les réponses que vous pourrez apporter aux questions qu'ils se posent. Sont présents notamment des représentants du monde économique qui attendent, aujourd'hui, que vous les rassuriez quant à la stabilité politique, sociale et fiscale de votre beau pays. Ils ne manqueront pas de vous interpeller sur ce sujet.
Le Président de la République de Madagascar, Monsieur Marc Ravalomanana, qui a honoré le Sénat de sa visite la semaine dernière, nous a dit à quel point il accordait de l'importance à ce colloque. Je connais votre Président depuis trois ans et je n'oublie pas les nombreuses conversations téléphoniques que nous avons eues pendant les semaines difficiles et incertaines qui ont précédé son élection.
Décidé à ouvrir Madagascar sur l'extérieur et à faire appel à de nouveaux partenaires économiques, le Président Ravalomanana entend bien faire du développement rapide et durable de Madagascar une priorité. Sachons lui faire confiance et, avec lui, à l'ensemble des acteurs économiques et du peuple malgache.
Sans aborder le fond du dossier - je laisse ce soin aux spécialistes qui vont succéder à la tribune -, je veux néanmoins d'ores et déjà souligner l'intensité des échanges économiques et commerciaux entre Madagascar et la France.
La France est le premier partenaire commercial de Madagascar, avec une part de marché de près de 40 %. A l'inverse, Madagascar est le 7
ème
fournisseur de la France en Afrique subsaharienne, ce qui en fait un partenaire commercial de premier plan pour notre pays, les échanges étant en progression continue depuis une dizaine d'années. Ils doivent aujourd'hui s'intensifier et se diversifier.
Les entreprises françaises implantées à Madagascar jouent un rôle majeur dans l'économie du pays. Elles sont plus de 500, emploient près de 100 000 salariés, et représentent les deux tiers des investissements directs étrangers. Restées présentes lors de la crise politique, ces entreprises attendent désormais essentiellement deux choses : le développement des infrastructures pour accompagner la croissance économique - il conviendra notamment d'insister sur les structures de formation et de communication - et un fonctionnement plus efficace et transparent de l'administration dans un cadre juridique stabilisé.
Je sais qu'il s'agit là aussi de priorités pour le Gouvernement malgache. Aussi voudrais-je l'assurer - vous assurer, Monsieur le Président du Sénat, Messieurs les Ministres - de l'appui de la France, tant auprès de l'Union Européenne, dont nous sommes un membre fondateur actif, que des autres bailleurs de fonds, pour faire évoluer cette situation.
Madagascar est aujourd'hui à un tournant historique de son histoire. La croissance, redécouverte en 1996, après 25 ans d'appauvrissement continu, s'est certes trouvée interrompue en 2002 par la crise politique. Mais d'ores et déjà, tous les éléments nécessaires à un redémarrage rapide sont réunis.
Les perspectives offertes par ce pays sont réelles. Je suis convaincu qu'avec les conseils éclairés du CFCE, le savoir-faire de nos entreprises - grandes ou petites - pourra facilement trouver à s'employer dans la Grande Ile. Il s'agit de créer entre vous et nous une coopération sincère, fructueuse et loyale.
A tous, je souhaite d'excellents travaux, en espérant que vous garderez de votre passage au Sénat un excellent souvenir.
Guy RAJEMISON
Président du Sénat malgache
Monsieur le Président du Sénat, Mesdames et Messieurs les Sénateurs de France et de Madagascar, Mesdames et Messieurs les Députés, vos Excellences les Ambassadeurs, Mesdames et Messieurs, au nom de la délégation de Madagascar que j'ai l'honneur de diriger, je voudrais, Monsieur le Président du Sénat, vous remercier pour avoir pris l'initiative d'organiser cette « Journée de Madagascar » Sénat-CFCE. Permettez-moi avant toute chose de vous transmettre toutes les amitiés de notre Président, Marc Ravalomanana. Nous vous adressons également nos sincères remerciements pour l'accueil chaleureux que vous avez bien voulu lui réserver lors de son récent passage à Paris.
Un fameux proverbe malgache dit que « Ceux qui nous rendent visite souvent aiment la famille ». En effet, son Excellence le Président Marc Ravalomanana vient de séjourner en France, une visite consacrée en grande partie aux relations franco-malgaches. C'est maintenant à mon tour. Cela montre à quel point les deux parties tiennent au renforcement de la coopération entre les deux pays et ce, en particulier sur le plan économique.
Cette journée de concertation entre les acteurs et les différents responsables du développement économique revêt un caractère exceptionnel, dans la mesure où elle va nous permettre de répondre aux aspirations du peuple malgache qui a fait son choix en décembre dernier pour un changement profond. En effet, Madagascar a décidé de tourner une page de son histoire qui a été marquée par un long marasme économique avec son corollaire, la pauvreté, alors que le pays regorge de ressources naturelles immenses que les autres nations envient. Pour lever ce paradoxe, il importe d'exploiter ces potentialités exceptionnelles d'une manière rationnelle avec le concours de tous dans un cadre nouveau dont nous parlerons au cours de nos discussions.
Le Président Marc Ravalomanana n'a de cesse, et à maintes reprises a fait appel à la communauté internationale, pour aider Madagascar dans sa politique de développement rapide et durable et ce, dans un système de partenariat qui tient compte de l'intérêt des uns et celui des autres.
Cette stratégie de développement veut que notre pays s'ouvre à toutes les nations dans ce contexte de mondialisation et de globalisation dans lequel aucun pays ne saurait s'isoler. Madagascar se félicite de cette heureuse concertation avec ses partenaires français, d'autant que la France, par ses liens historiques avec la Grande Ile, accentués par un passé commun, tient une place importante dans la coopération bilatérale et, de ce fait, se trouve être notre partenaire privilégié dans cette grande oeuvre de développement et de redressement économique, appuyée notamment par la Banque Mondiale.
Notre Premier Ministre, après les dernières élections législatives, a présenté le programme de mise en oeuvre de la politique générale devant la nouvelle Assemblée Nationale, le 24 janvier 2003. Certes, pour réaliser cette politique générale, un grand effort est à fournir tant de la part des décideurs que du côté des acteurs intéressés, ne serait-ce que pour rénover ou améliorer le cadre d'action du nouveau partenariat. Et pour ma part, je puis affirmer que les deux partenaires vont passer aux actes avec la venue prochaine à Madagascar d'une délégation du MEDEF, qui va concrétiser ce que nous aurons retenu du présent colloque. Bref, des opérateurs français sont déjà présents et à l'oeuvre dans les travaux de réhabilitation des infrastructures routières, le secteur bancaire, la pêche et dans d'autres domaines.
Ceux qui vont venir n'ont rien à appréhender de notre volonté d'aller de l'avant. Ils sont les bienvenus pour investir dans ce pays, dans des conditions mutuellement avantageuses.
D'avance, Mesdames et Messieurs, soyez assurés que nous serons attentifs à vos suggestions et aux idées qui nous permettraient d'aller vite et loin dans la réalisation de notre stratégie en matière de développement. Ensemble, je vous invite à relever ce défi pour le développement durable et rapide de Madagascar.
Mesdames et messieurs, je vous remercie de votre aimable attention.
Christian PONCELET
Merci, cher ami, pour votre intervention qui a remporté un vif succès auprès de notre auditeur. Dès à présent, je cède la parole à Jean-Pierre Trotignon.
Jean-Pierre TROTIGNON
Directeur général du Centre Français du Commerce Extérieur et d'UBIFrance
Messieurs les Ministres, vos Excellences, Mesdames et Messieurs, c'est un grand plaisir pour le CFCE d'être présent à cette tribune.
Le partenariat entre le Sénat et le CFCE permet - l'expérience l'a montré - de renforcer les relations entre les acteurs économiques et les représentants des différents pays que nous avons eu l'occasion d'accueillir.
Je tiens à remercier tous les membres de la délégation malgache ainsi que M. Jean-François Bijon qui a grandement contribué à la préparation de ce colloque.
Dans un contexte politique désormais apaisé, le Gouvernement de la Grande Ile devra s'attacher à redresser le pays, notamment au travers de la mise en oeuvre d'un programme de reconstruction. D'ores et déjà, le Gouvernement est assuré de l'aide des organismes internationaux, qui ont débloqué quelque 2,3 milliards de dollars auxquels il convient d'ajouter les 70 millions d'euros que la Commission Européenne allouera à Madagascar.
Les liens unissant nos deux pays sont historiques. Notre ministre des Affaires étrangères, M. de Villepin, a confirmé l'attachement de la France à Madagascar par une récente visite dans votre pays. Les relations franco-malgaches bénéficient donc d'un contexte favorable.
Dans ce contexte positif, le Gouvernement malgache s'est donné pour ambition de réaliser un développement rapide et durable. Est-ce possible ? C'est tout l'objet de ce colloque et il nous appartiendra de répondre à cette question.