3. Les relations de la Gambie avec l'Union européenne
L'Union européenne (UE) est le premier bailleur de la Gambie. Les réalisations de la coopération européenne sont visibles, notamment en ce qui concerne le développement du réseau routier. Dans le cadre de son 10 e FED (Fonds européen de développement), la délégation européenne en Gambie dispose d'une enveloppe de 76 millions d'euros en vue de mettre en oeuvre des projets dans les domaines suivants :
- le développement des infrastructures afin d'assurer la connectivité régionale ;
- l'amélioration de la gouvernance démocratique ;
- l'appui budgétaire ;
- l'appui aux secteurs hors concentration (institutionnel, élections, etc.).
Dans le cadre du FED précédent, la délégation de l'Union européenne à Banjul a réalisé un très important volet routier, avec la construction de grandes routes reliant le Nord et le Sud. Elle envisage également la mise en oeuvre d'un projet d'adduction d'eau en zone rurale, afin d'apporter de l'eau à près de 115 000 Gambiens.
Toutefois, la délégation de l'Union européenne en Gambie est confrontée à un certain nombre de difficultés :
- les effectifs de son siège sont insuffisants ;
- la mise en oeuvre des projets du FED précédent a accusé des retards importants ;
- le climat politique gambien est, d'une façon générale, particulièrement tendu, notamment à l'approche de l'ouverture du cycle électoral en 2011. La rotation excessive des hauts fonctionnaires gambiens, opérée par le pouvoir exécutif, ne facilite pas le suivi et l'évaluation des projets.
En raison d'un certain nombre de restrictions imposées à l'exercice des libertés publiques et de certains dérapages des forces de sécurité gambiennes à l'encontre des rallies politiques de l'opposition, l'Union européenne a freiné le versement de son aide budgétaire.
Le dialogue politique entre l'Union européenne et la Gambie, au titre de l'article 8 de l'accord de Cotonou régissant la coopération entre l'UE et les pays ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique), intègre des exigences en matière de renforcement du respect des droits fondamentaux. Les autorités gambiennes ont consenti à des ouvertures en ce sens, telles que l'autorisation des rassemblements politiques ou encore une présence internationale en vue de la préparation des élections. Toutefois, des progrès importants restent à faire, et l'Union européenne et ses États membres doivent s'employer à suivre étroitement cet exercice et à faire passer des messages au plus haut niveau politique de l'État gambien. À ce titre, une nouvelle session de dialogue politique est programmée pour le mois de septembre 2011. En l'absence de progrès significatifs, l'Union européenne pourrait envisager le recours à l'article 96 de l'accord de Cotonou, relatif à al suspension de la coopération.
L'enveloppe de coopération destinée à la Gambie a subi, en 2011, une diminution de 20 %. Pour autant, la délégation de l'Union européenne en Gambie estime nécessaire de compléter les axes de coopération par deux volets majeurs :
- la gestion des conséquences du changement climatique et le développement rural, en particulier afin de répondre aux problèmes d'érosion côtière, de développement des zones d'eau saumâtre, et d'autonomie des populations en matière alimentaire ;
- la coordination de la lutte contre le narcotrafic et la criminalité organisée, notamment vis-à-vis de la plaque tournante que constitue la Guinée-Bissau voisine.
Ces deux volets mériteraient de faire l'objet d'une coordination régionale au niveau de la CEDEAO.