B. ENTRETIEN AVEC M. MEIR SHEETRIT, MEMBRE DU GOUVERNEMENT DE M. EHOUD OLMERT, MINISTRE DE LA CONSTRUCTION ET DU LOGEMENT
Meir Sheetrit est né au Maroc en 1948 ; sa famille s'est installée en Israël en 1958. Élu député à la Knesset depuis 1981, il a été membre du Likoud avant de rejoindre, aux dernières élections, le parti Kadima créé par Ariel Sharon. Il a occupé, depuis 1999, plusieurs portefeuilles ministériels, puisqu'il fut successivement ministre des finances, ministre de la justice, ministre des transports et enfin ministre de l'éducation, de la culture et des sports, avant d'être nommé, en 2006, à ses fonctions actuelles. |
M. Meir Sheetrit a insisté, tout d'abord, sur les liens forts et profonds unissant Israël et la France.
Les deux pays ont entretenu des relations très proches et intimes jusqu'en 1967 : la France a apporté un grand soutien à la construction d'une force militaire israélienne. Si ces relations ont ensuite connu une phase de « rafraîchissement », elles se sont renforcées ces trois dernières années et sont devenues plus chaleureuse, en raison des contacts directs qu'il y a eu entre les hommes, notamment entre MM. Jacques Chirac et Ariel Sharon lors de leur rencontre à Paris en juillet 2005.
Il a estimé, ensuite, que le processus de paix était actuellement dans une impasse . En effet, même si son Président est membre du Fatah, l'Autorité palestinienne est contrôlée, depuis les dernières élections législatives, par le Hamas, qui prône la destruction d'Israël et rejette les trois principes fondamentaux définis par la communauté internationale : la reconnaissance d'Israël, le respect des accords passés, le renoncement à la violence.
De fait, M. Meir Sheetrit a indiqué qu'il n'était pas possible pour Israël de négocier avec le Hamas. Seul le dialogue avec le Président Abou Mazen est possible, mais celui-ci n'a qu'un faible poids politique. Ainsi, les rencontres entre Ehoud Olmert et Mahmoud Abbas qui sont intervenues ces dernières semaines n'ont abouti à aucune avancée concrète.
M. Meir Sheetrit a suggéré de prendre pour base de négociation l'initiative saoudienne, sans pour autant accepter celle-ci en l'état . En effet, il a considéré qu'il n'était pas envisageable, notamment, de reconnaître, comme cette initiative le prône, un véritable « droit au retour » des réfugiés palestiniens dans les frontières de 1967, c'est-à-dire en territoire israélien.
Il a estimé qu'Israël avait tout intérêt à s'appuyer ainsi sur l'intermédiaire d'un État arabe, pour tenter de créer un vrai contact avec l'autre partie, et s'est donc réjoui qu'Ehoud Olmert commence à porter une plus grande attention à cette proposition de paix.
Dans le même temps, il a reconnu qu'Israël devra accepter, de toutes les manières, de faire des concessions : « Si on veut la paix, il faudra en payer le prix... ».
Quant aux pays modérés arabes qui ne sont pas en conflit avec Israël, il a fait observer qu'ils avaient un intérêt commun à ce que soit trouvé un accord de paix au Proche-Orient. Comme Israël, ces pays craignent que l'Iran accède à l'arme nucléaire. Par ailleurs, il leur faut lutter contre le Jihad islamique, qui n'est pas une bande organisée mais un réseau mondial, extrêmement riche et complexe, instrumentant les démocraties. Son objectif est de transformer le monde entier en un monde islamiste, en commençant par les pays arabes modérés, où sont implantés des noyaux forts des Frères musulmans ou d'Al Qaïda. Ainsi, la Syrie commence à agir contre Al Qaïda car elle comprend que c'est un danger pour le régime.
M. Meir Sheetrit a insisté sur le fait que la paix était un intérêt de premier plan pour Israël . Il sera ensuite possible de consacrer davantage de moyens aux problèmes internes , qui constituent les problèmes de fond et les véritables dangers pour Israël : l'éducation, la lutte contre la violence et contre la pauvreté, l'élaboration d'une constitution...
Il a indiqué, en outre, que la guerre du Liban avait ébranlé les bases gouvernementales . La commission d'enquête Winograd, qui remettra un rapport intermédiaire en avril, a déjà annoncé que celui-ci mettra en cause la responsabilité personnelle du Premier ministre Ehoud Olmert et du ministre de la défense, Amir Peretz. Il a considéré de telles déclarations « en avant première » inopportunes, regrettant que cette commission devienne ainsi, sous la pression des médias, une sorte de tribunal. Le Gouvernement a décidé d'attendre la parution du rapport définitif pour éventuellement réagir.
En réponse à M. Philippe Richert, qui se demandait si les Palestiniens accepteraient l'intermédiaire d'un pays arabe dans les négociations, M. Meir Sheetrit a indiqué que les Palestiniens dépendaient en grande partie du soutien arabe et qu'ils rejoindraient donc les négociations dès lors qu'elles aboutiraient à des avancées.
Il a ajouté que le retrait israélien de Gaza avaient représenté une opportunité pour les Palestiniens de montrer au monde leur responsabilité et leur capacité à gérer un territoire. Or, Gaza est tombé entre les mains du Hamas, qui y accumule des quantités énormes d'armes et d'explosifs.
Enfin, M. Meir Sheetrit a demandé l'aide de la France, compte tenu de son influence auprès du Gouvernement libanais, au sujet des jeunes soldats israéliens détenus prisonniers par le Hezbollah, dont les familles sont sans aucune nouvelle depuis leur enlèvement en juillet dernier.