B. UNE ÉCONOMIE CARACTÉRISÉE PAR DES DÉSÉQUILIBRES
La Hongrie peut se réjouir de faire état d'une croissance forte, d'un net ralentissement de l'inflation et d'un faible taux de chômage, ce qui est très encourageant. Cependant, elle montre aussi des faiblesses, liées en partie à la gestion du secteur public. La dégradation des finances publiques risque de compromettre le calendrier fixé pour le passage à l'euro. Le pays souffre, en outre, de déséquilibres structurels importants.
1. Faiblesse de certains indicateurs
a) Une tendance accrue au déficit de la balance courante
De 4,9 milliards d'euros en 2002 (7,1 % du PIB), le déficit de la balance courante s'est brusquement accru, en 2003, passant à 6,6 milliards d'euros (9 % du PIB), pour rester quasiment inchangé en 2004, à hauteur de 7,1 milliards d'euros (8,9 % du PIB).
La persistance du déficit de la balance courante est liée au maintien d'un déficit commercial élevé, même s'il affiche un mieux (moins 2,4 milliards d'euros en 2004, contre moins 2,9 milliards d'euros en 2003). Son aggravation découle d'une dégradation du solde des revenus et des services (moins 4,9 milliards d'euros en 2004, contre moins 3,7 milliards d'euros en 2003), sous l'effet notamment de la hausse du service de la dette, mais aussi de la baisse régulière de l'excédent du tourisme lié aux dépenses croissantes des Hongrois à l'étranger et de la progression des paiements des dividendes des filiales hongroises à leurs maisons mères étrangères.
b) Une épargne proche de zéro, des taux d'intérêt défavorables et des taux de change élevés
Le taux de l'épargne étant très faible - proche de zéro en 2004 -, les pouvoirs publics ont été contraints, pour financer la dette, de faire appel au marché des capitaux et de maintenir des taux d'intérêt élevés pour attirer notamment les capitaux étrangers - 9,8 % à fin 2004. Malgré les baisses successives intervenues en 2005 dans le taux directeur, les taux d'intérêt figurent encore parmi les plus élevés de l'Union européenne et du monde.
Dans le même temps, les émissions obligataires de l'Etat sont sursouscrites en raison de leurs rendements élevés et de l'existence d'un excès de liquidités sur les marchés d'Europe centrale, ce qui contribue à maintenir un taux de change du forint élevé par rapport à l'euro. Alors qu'il était descendu à 243 forints pour 1 euro en 2002, le taux de change moyen est remonté à 251,68 en 2004. Les analystes prévoient son maintien à ce niveau en 2005, ce qui risque d'affecter les échanges du pays. Au mois de mai 2005, il a dépassé la barre des 250, à 255,05 forints pour 1 euro.