2. UN GOUVERNEMENT MINORITAIRE
Les élections législatives du 28 décembre 2003 sont marquées par la victoire du Parti Radical (SRS) dirigé par M. Tomislav NIKOLIC, lieutenant de M. SESELJ, qui remporte 82 sièges de députés sur 250. Le DS n'en remporte que 37, les libéraux du G 17+ 34 et le DSS 53, le Mouvement Serbe pour le Renouveau (SPO - allié pour l'occasion à Nouvelle Serbie - N.S) de M. Vuk DRASKOVIC, Ministre des Affaires Etrangères de l'Etat Commun, parti de centre droit prônant la transformation du régime en une monarchie constitutionnelle est représenté par 22 députés (ce parti n'était pas intégré à la DOS). Le parti socialiste de M. Ivica DACIC (SPS) conserve 22 sièges au sein de la nouvelle assemblée et se pose, en l'absence d'accord DSS-DS, en arbitre de toute coalition gouvernementale.
Le gouvernement minoritaire, formé le 2 mars 2004 et placé sous la direction de M. KOSTUNICA (DSS), tient compte de cet état de fait. Il réunit le G 17+, le SPO-NS et le DSS et s'appuie sur le soutien sans participation du SPS. La réunion de ces sensibilités diverses s'est effectuée autour de plusieurs points :
• Le renforcement de l'Union serbo-monténégrine ;
• La question du statut de la Serbie et le refus affiché d'une régionalisation du pays ;
• L'hostilité à l'indépendance du Kosovo ;
• Une collaboration plus étroite avec le TPIY prévoyant une aide juridique gouvernementale aux inculpés et le cas échéant une incarcération en Serbie-Monténégro, qui se matérialise par le vote le 30 mars 2004 d'une Loi d'aide aux inculpés (on notera à ce titre que les frais de justice de Slobodan MILOSEVIC étaient pris en charge par le SPS) ;
• La dénonciation des irrégularités observées dans la procédure de privatisation des entreprises publiques.
Ce gouvernement, minoritaire en sièges au Parlement, reste à l'image d'une vie politique serbe extrêmement fragmentée, encadrée de chaque côté par les thuriféraires de l'ancien régime. La coalition gouvernementale semble par ailleurs fondée sur des bases plus qu'instables au regard des ambitions des partis la constituant.
Certains membres du G 17 + de M. Miroljub LABUS, Vice-Premier ministre de Serbie, parti libéral considère le Monténégro comme un frein à l'accession de la Serbie au sein de l'Union européenne et n'apparaît pas hostile à une scission de la Communauté d'Etats. M. LABUS fut en outre opposé à M. KOSTUNICA lors de l'élection présidentielle serbe de novembre 2002.
Le SPO de M. DRASKOVIC prône l'avènement d'une monarchie constitutionnelle. Il a été en outre appelé au gouvernement de M. MILOSEVIC en 1999 tout en considérant ses fidèles comme un parti d'assassins, alors que le SPS soutient aujourd'hui la coalition gouvernementale. De plus, le SPO n'a pas intégré la DOS en 2000. Comme le G 17 +, le SPO s'est abstenu sur la loi sur l'aide aux personnes inculpées par le TPIY du 30 mars 2004.
Le DSS élément moteur de la coalition semble de facto à rebours de certaines thèses développées par ses partenaires gouvernementaux. L'élection de M. Boris TADIC (DS) à la Présidence de la République le 27 juin 2004 apparaît également délicate quant à l'unité institutionnelle de la Serbie. L'opposition entre le nouveau Président et son Premier ministre est franche, malgré la position conciliante de M. TADIC à l'égard du DSS. Le Président n'a pour autant aucun moyen constitutionnel de renvoyer le Premier ministre et son gouvernement.